Auteur: Katoru87

Rating: M

Couple: moi je sais et pour l'instant c'est suffisant.

Résumé: En rangeant le grenier, Remus retrouve son vieux journal, un vieil ami à lui qui va le replonger dans son passé, à l'époque de son arrivée à Poudlard. Extraits du journal et des souvenirs d'un Maraudeur.

Carpe diem

Vivre la vie au jour le jour

Remus était seul à Grimmaurd place. Sirius était en voyage d'affaire aux Etats-Unis et ne rentrerait pas avant une bonne semaine. Il avait décidé de profiter de cette solitude pour mettre de l'ordre dans ses vieilles affaires remisées au grenier et, au détour d'une caisse et d'un carton éventré, il avait retrouvé un carnet relié de cuir bordeau. Son vieux journal, cadeau de sa grand-mère, qu'il avait commencé en arrivant à Poudlard, l'année de ses quatorze ans, soit presque trente ans plus tôt. Il avait caressé quelques minutes le cuir sec et un peu craquelé de la couverture avant de mettre le vieux carnet de côté, précieusement.

Le soir venu, dans son fauteuil prés de la cheminée où crépitait un bon feu, un verre de vin rouge à portée de main, il ouvrit son vieux journal et laissa son adolescence lui sauter à la gorge.

o0O0o

Poudlard (Écosse) 1978, 18 février:

18h

Il y a six mois, quand maman est morte, je m'étais juré de ne plus écrire dans un journal – je ne voulais plus revivre ces moments de douleur et de peur qui ont suivi la découverte de sa maladie, ces mois d'agonie rongés par le cancer à la regarder souffrir sans rien pouvoir faire d'autre que de lui tenir la main. Et pourtant, je constate en commençant ce nouveau carnet – j'ai enterré les autres dans le jardin le lendemain de l'enterrement – que ça me manquait. Sans doute ai-je besoin de cette sorte de thérapie, pour prendre du recul, pour enfin comprendre que le passé ne peut être changé.

Beaucoup de choses ont changé ces derniers mois et en premier, papa. Ses yeux ne brillent plus, il ne sourit plus. Il est mort en même temps que maman. Dire ça comme ça fait mauvais roman Harlequin mais si les stéréotypes ont la peau si dures c'est peut-être parce-qu'ils ont toujours un certain fond de vérité. Il s'oublie dans le travail encore plus qu'avant et n'a plus une minute à me consacrer – déjà qu'avant c'était pas terrible... Avant, quand maman était à la maison pour s'occuper de moi, je ne m'en rendais pas compte mais maintenant, quand je rentre de l'école, c'est un grand appartement vide que je retrouve et c'est le silence qui m'accueille. Pour que je ne reste pas seul à ronger mon frein dans mon coin, à ressasser mes souvenirs, il m'a inscrit dans un internat privé – un excellent établissement avec une très bonne réputation – en Écosse. Le collège-lycée Poudlard.

Aprés un long voyage en train, je suis arrivé à la gare de Pré-au-Lard, un petit village à quelques kilomètres de ma nouvelle école, où m'attendait Rubeus Hagrid, un colosse qui fait office de garde-chasse dans la forêt de Poudlard. Le directeur, le professeur Dumbledore, m'attendait dans son bureau en souriant. À côté de lui se tenait le délégué des élèves, Lucius Malfoy, un élève superbe, blond platine avec des yeux gris et une peau très pâle – on croirait l'incarnation de l'hiver – en première année de lycée. Il a donc un an de plus que moi.

C'est lui qui m'a guidé jusqu'à mon dortoir. Parlons-en de mon dortoir, c'est un affreux bâtiment carré en béton situé à la limite de la forêt qui entoure l'établissement, à côté duquel s'aligne trois autres bâtiments identiques: les dortoirs Serpentard, Serdaigle et Poufsouffle. Moi, je suis à Gryffondor. Pourquoi ne sommes-nous pas logé dans le château? Car oui, Poudlard est un château. Les « HLM » dans lesquels sont logés les élèves font vraiment minables et déplacés à côté, mais bon, on fera avec. Je partage une chambre avec trois autres garçons que je n'ai pas encore rencontré et j'avoue que j'appréhende un peu leur réaction. Ils se connaissent sans doute depuis la sixième et moi, en plein milieu de la troisième, je m'incruste dans leur chambre. J'espère qu'ils seront aussi sympathiques que l'a été Lucius – il m'a porté mes valises, ce que je ne pouvais pas faire par moi-même à cause de mes béquilles (je me suis cassé la jambe au ski il y a deux semaines) et aidé à ranger mes affaires.

Lucius m'a expliqué le fonctionnement de l'école – notamment ce qui concerne la cantine, le couvre-feu et le système des « préfets » (des élèves-surveillants) – en me guidant jusqu'à ma classe. C'était un cours de math, ma matière pas adorée du tout. Bref, je me suis retrouvé devant vingt-huit paires d'yeux curieux qui se demandaient qui j'étais et ce que je faisais là. Et là, le prof (c'était quoi son nom déjà?) a eu une phrase qui m'a mis profondément à l'aise:

« Les cinquièmes ont cours juste en face, monsieur Malfoy »

Les « cinquièmes »! Merci monsieur, sympa. Je sais que je suis petit pour mon âge mais là je savais plus du tout où me mettre. Je n'allais quand même pas expliquer qu'enfant, j'avais des carences en fer et en calcium chroniques qui ont perturbé ma croissance quand même. Lucius a expliqué qu'il ne s'était pas du tout trompé mais il l'a fait avec un sourire qui ne m'a pas plu. Ce con était au bord du fou-rire. Je me suis rapidement présenté et suis allé m'installer à un pupitre libre prés de la fenêtre. Les autres élèves ont passé la fin du cours à me dévisager, moi qui essayait désespérément de me fondre dans ma chaise. Le délégué de la classe, Théodore Nott, m'a servi de guide et de porteur presque toute la journée mais je sentais bien que ça le gonflait, que ça lui bouffait du temps de lecture. Un certain James Potter à côté duquel j'ai été placé en cours de littérature anglaise m'a appris que c'était un vrai rat de bibliothèque. S'il n'a pas un livre sous le bras, c'est que quelque chose cloche. Pour le coup je m'en suis presque voulu de l'empêcher de lire.

En résumé, j'ai passé une journée assez embarassante mais jamais je n'ai été complètement seul parce-qu'un élève avec des béquilles ça attire la solidarité des autres. Il y avait toujours une bonne âme pour m'aider les rares fois ou Théodore n'était pas avec moi. Finalement, ce n'est pas une si mauvaise chose que je me sois cassé la gueule au ski.

Je pense que je vais quand même me plaire ici, malgré les centaines de kilomètres qui me séparent de l'univers que j'ai toujous connu.

Enfin j'espère.

23h

J'ai enfin rencontré les garçons avec qui je partage mon dortoir et j'ai été étonné par leur réaction: ils étaient ravis de voir que j'avais été placé dans leur chambre – ils sont tous dans ma classe et je les avais remarqué pendant les cours où, ben justement, ils se faisaient remarquer. Apparemment, ce sont des habitués des retenus et des punitions. Surtout deux d'entre eux.

James Potter – il a déjà quinze ans depuis trois mois. Il a une tignasse brune joyeusement bordélique (c'est son peigne qui doit être content!) et des yeux bleu piscine brillants et rieurs. C'est le capitaine de l'équipe de base-ball du lycée et un apprenti violoniste passionné. Au moins, grâce à la musique, nous aurons un sujet de conversation tout trouvé pour apprendre à nous connaître. J'espère qu'un jour on pourra jouer ensemble, un petit duo violon et basse.

Peter Pettigrew – probablement le seul garçon de mon âge qui fasse ma taille dans cet établissement. Il est donc petit, trop mince et d'une pâleur maladive. Ses fins cheveux blonds sont coupés court et s'accordent joliment à ses yeux vert d'eau. Il est tout en teintes pastels. Pendant qu'il prenait sa douche, James m'a expliqué qu'il souffrait d'une grave maladie cardiaque et que c'était un miracle qu'il soit toujours vivant. Il devrait être à l'hôpital mais son groupe sanguin est très rare et sa maladie étant mortelle à plus ou moins courte échéance, il sait qu'il a très peu de chance de recevoir un coeur et ce, même si son nom est en haut de la liste des demandeurs d'organes. Il a choisi de « vivre » normalement autant qu'il le pouvait. Ses parents n'ont pas réussi à l'en dissuader et comme ils sont toujours en déplacement, ils l'ont inscrit ici – au moins, en cas de problème, ils sont sûrs que toutes les dispositions seront prises pour leur fils. Peter Pettigrew, un étrange et courageux garçon. Il avale ses médicaments en souriant, heureux d'être encore en vie pour les ingurgiter. Il est la seule personne que j'ai jamais rencontré capable d'énoncer avec le sourire la plus terrible des vérités, celle auquelle personne n'échappe et qui nous rattrape tous un jour: « je suis né pour mourir ». Son sourire n'atteint pas ses yeux. Comment le pourrait-il quand on sait que l'amertume se cache derrière l'enthousiasme? Le plus terrible, c'est de penser qu'il peut s'effondrer à tout moment et ne jamais se relever. Dans les yeux de James et de son meilleur ami, j'ai vu une tristesse sans nom. Commes s'ils anticipaient. Mais je sais d'expérience qu'on a beau savoir qu'un proche va mourir, on est jamais assez préparé à supporter son décès.

Sirius Black – le meilleur ami de James. C'est le dernier à être entré dans la chambre et je jure que mon coeur s'est effondré dans mes godasses en le voyant. J'ai toujours su que j'aimais les hommes, c'est quelque chose de naturel, qui fait totalement parti de moi, même si ça ne fait que quelques années que je mets un nom sur ce phénomène et lui, ce type qui a le nom d'une étoile est mon idéal masculin. Je n'ose croire qu'il partage mes goûts en matière de relation amoureuse mais je vais prier tous les soirs à partir de maintenant. Il a des yeux du même brun chaud que mon chocolat au lait préféré, un visage encore un peu enfantin dans le tracé de la mâchoire et la rondeur des joues mais ses traits adultes ne sont plus très loin. Ses cheveux noirs et raides lui arrivent dans le bas du dos et sont attachés en catogan. Et il a un de ces cul! Un cul de compétition, pas moins, et, niveau olympique la compétition! De nous quatre c'est lui le plus grand.

En ce moment, ils dorment. Mon lit est à côté de celui de Sirius et je meurs d'envie d'écarter les lourds rideaux de mon lit à baldaquin pour aller le regarder.

Serais-je la victime d'un coup de foudre?

Poudlard (Écosse) 1978, 18 mars:

15h

Un mois que je suis arrivé et je me sens vraiment comme chez moi. C'est drôle, peut-être un peu rapide, mais c'est la pure vérité. Je suis devenu ami avec mes camarades de dortoir qui m'aident fidèlement à porter mes affaires en attendant qu'on m'enlève mon plâtre. Je me suis très vite entendu avec eux car nous avons de nombreux points communs en dépit de nos caractères opposés. Selon Sirius, mon calme est apaisant et contrebalance leur exubérance spontanée. Bref, ils m'aiment bien parce-que je les modère un peu et leur évite régulièrement de prendre des heures de colle, soit en faisant du charme à la prof de bio, (le cours où ils se déchaînent le plus!) Madame Chourave, qui semble avoir un faible pour moi, soit en leur flanquant au bon moment un coup de coude bien placé, soit en les couvrant. À eux trois, Sirius, James et Peter forment ce qu'ils appellent Les Maraudeurs. Les meilleurs amis du monde.

Et hier, ils m'ont officiellement intégré dans ce petit groupe très VIP. Je n'en suis pas peu fier si on considère qu'ils sont un peu les « célébrités » de l'école, admirés par de nombreux élèves et connus de tous les professeurs. Faire parti des Maraudeurs, je l'ai compris en à peine quelques heures, c'est faire parti d'une famille où tout le monde protège tout le monde. On est tous solidaires.

Mon surnom de Maraudeur est désormais Moony. Pourquoi Moony? Parce-que le loup est mon animal préféré. Pour cette même raison, Sirius s'est auto-surnommé Padfoot (ou Paddy) en hommage au chien qu'il avait quand il était enfant et dont les pattes étaient « les plus douces au monde », Peter est Wormtail parce-qu'il adore les rats (quand je disais qu'il était étrange!) et James, c'est Prongs en référence aux cerfs qui arpentent les forêts et notamment la Forêt Interdite – celle qui entoure Poudlard.

Plus je le connais, plus j'apprécie Sirius et sa joie de vivre, ses gamineries qui cachent très bien une intelligence vive et un grand sens de l'humour. Lui tout simplement. Il est premier dans de nombreuses matières sans avoir besoin de trop en faire. Et c'est fou ce que ça l'arrange, c'te feignasse!

C'est affreux mais je crois que je suis en train de tomber amoureux. C'est bon ou c'est pas bon?

18h

Pas bon. Définitivement, c'est pas bon de tomber amoureux de lui parce-qu'il a une petite amie. Ça ne fait que deux heures mais le fait est là, sa petite amie est une FILLE. Je n'ai pas le bon équipement pour lui plaire. Merde.

Peter a fait un malaise en cours de math tout à l'heure. On a vraiment cru qu'on allait le perdre mais finalement, il s'en remettra – jusqu'à la prochaine crise.

Je vais aller le voir à l'infirmerie.

Poudlard (Écosse) 1978, 27 mars:

15h30

Je suis à la bibliothèque, seul derrière les rayonnages les plus éloignés de la porte. C'est un coin tranquille où personne ne va jamais, où je suis sûr de pouvoir écrire ce que j'ai à dire sans qu'un oeil ne glisse par-dessus mon épaule. Les autres sont dehors, en train de profiter des premiers rayons de soleil du printemps. Je n'ai pas voulu les accompagner parce-que je ne supporte pas de voir Sirius embrasser et peloter sa copine. La jalousie n'a pas d'âge.

Je suis amoureux – un amour à sens unique – et jaloux. C'est tellement banal, tellement cliché que j'ai presque envie de pleurer. Je me sens tellement con.

Et pourtant, quoi de plus normal à quatorze ans?

22h

J'ai passé une soirée assez étrange et pourtant, je suis certain que je souris béatement. Pas besoin de miroir, je sens les muscles de mon visage me tirailler de façon suspecte. Ce soir, j'ai embrassé un garçon pour la première fois. Et j'ai adoré ça, même si ce n'était pas Sirius – ça aurait été trop beau!

Comme tous les soirs, je suis allé faire mes devoirs à la bibliothèque avec Sirius, James et Peter et comme tous les soirs, ils sont partis aprés une petite heure de travail. Moi je reste toujours plus longtemps parce-que j'aime le calme qui règne dans cet endroit en soirée et il arrive fréquemment que Lucius Malfoy vienne se joindre à moi. Comme il l'a fait ce soir.

Il s'est laissé tomber sur une chaise à côté de moi, l'air parfaitement effondré. Je lui ai demandé ce qui lui arrivait et il m'a tendu une lettre froissée. Une lettre de ses parents. Lucius est noble, un vrai de vrai, comme l'est Sirius et ses parents ont décidé de le fiancer à Narcissa Black – une élève de terminale et la cousine de Padfoot. Il se fera passer la corde au cou dés sa sortie de Poudlard et ne peut rien faire pour l'en empêcher. Ceci dit, Narcissa est une très belle jeune femme et il paraît qu'elle est très gentille et intelligente. Quand je l'ai dit à mon camarade, il m'a dit que c'était vrai mais qu'il ne serait jamais intéréssé.

Flash-back

Pourquoi? Tu pourrais tomber amoureux d'elle si tu apprenais à la connaître. Dit Remus en se mordant la lèvre, lui-même peu convaincu par ce qu'il venait de dire. Il avait senti un sous-entendu dans les paroles de Lucius. Un sous-entendu qui suffisait à expliquer à lui seul la réaction et la certitude du jeune Lord.

Lucius observa les dents blanches s'enfoncer légèrement dans la pulpe des lèvres du collégien, les laissant plus rouges que jamais et un peu gonflées. Ses yeux glacés descendirent vers le cou fin, la clavicule proéminente mise en valeur par un sweet-shirt trop grand et les petites épaules qui suffisaient à indiquer la minceur du garçon. Il se leva rapidement et saisit le poignet de l'adolescent pour l'entraîner dans les profondeurs de la bibliothèque.

Lucius? Qu'est-ce que...

Une fois à l'abri des regards derrière les lourdes étagères en bois, Remus prisonnier entre un mur et ses bras, le blond embrassa doucement les lèvres meurtries, les léchant avec application.

Remus resta complètement passif quelques secondes, le temps de comprendre ce qu'il se passait et ce que cela signifiait par rapport au futur mariage de son « agresseur ». Lucius était donc gay, comme lui. Et il l'embrassait doucement.

Son premier baiser.

C'était étrange d'avoir dans la bouche une autre langue que la sienne mais pas du tout désagréable. En fait, au bout de quelques minutes, il en redemanda, passant ses bras autour du cou du blond pour le rapprocher de lui. Ils ne se séparèrent qu'à bout de souffle, les yeux brillants, les lèvres impatientes de recommencer.

Fin flash-back

J'aurais aimé continuer encore un peu mais nous avons été surpris par la bibliothécaire, Madame Pince. La pauvre ne savait plus où se mettre mais elle a juré de garder le secret. Lucius m'a raccompagné à mon dortoir en me tenant la main et m'a quitté sur un dernier baiser.

Il était à quelques mètres de moi quand il m'a demandé si je voulais devenir son petit-ami et j'ai dit oui. Nous savons tous les deux que cette relation ne durera pas. Lui veut sans doute oublier que ses parents l'ont fiancé sans son accord, moi je veux essayer d'oublier Sirius.

Je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire, que c'est même utopique, mais je n'ai pas envie de passer ma vie à soupirer aprés un homme que je n'aurais jamais. Et puis, je n'ai que quatorze ans et les béguins d'ado durent rarement toute une vie (c'est pourquoi j'ai bon espoir de voir Sirius larguer sa copine avant longtemps!).

J'ai quatorze ans et je veux profiter de la vie.

C'est mal?

Poudlard (Écosse) 1978, 26 décembre:

3h

Papa n'a pas voulu que je rentre à Londres pour les vacances, il a trop de travail et ne veut pas que je passe les fêtes complètement seul dans un appartement qui ne serait même pas décoré. Je le soupçonne surtout de vouloir la maison pour lui tout seul afin de pouvoir y amener sa secrétaire en toute tranquilité. C'est une femme que je déteste, toujours à tourner autour de mon père sans égard pour ma mère – elle a même eu le culot de se pointer un jour à l'hôpital en conquérante. Elle s'imagine qu'elle sera la future madame Lupin mais je ferai ce qui est en mon pouvoir pour l'empêcher. Cette garce ne sera PAS ma belle-mère. Jamais.

Le plus dur sera de convaincre mon andouille de géniteur qu'elle n'en a qu'après son porte-feuille mais j'en fais mon affaire. Et je suis sûr que Les Maraudeurs seront prêts à m'aider à la moucher.

Il ne reste presque personne à Poudlard, une toute petite dizaine d'élève – dont Lucius à mon grand soulagement – plus les professeurs et le directeur. C'est peu surtout que je ne connais presque personne dans ceux qui restent mais, avant-hier soir, j'ai quand même passé un magnifique réveillon. Le repas était délicieux mais c'est ce qui a suivi que j'ai le plus aimé.

Au moment de tous aller nous coucher, Lucius m'a agrippé par le bras et guidé jusqu'à sa chambre, vidée de tous ses autres occupants, dans le dortoir Serpentard. Dans la main qui ne me tenait pas, il avait une bouteille de chianti.

À la lumière de quelques bougies piquées au concierge, allongés sur son lit aux draps froissés, nous avons bu jusqu'à l'ivresse, parfois à même la bouche de l'autre. Je me souviens qu'il faisait délicieusement chaud. Peu à peu, nos mains se sont glissées sous les vêtements, les ont enlevés jusqu'à ne plus laisser que la peau.

Lucius et moi avons fait l'amour cette nuit-là.

Lucius m'a fait l'amour cette nuit-là.

C'est drôle, j'ai du mal à penser ces mots sans rougir mais je n'ai aucun mal à les écrire. Il m'a caressé et je me suis entendu gémir plusieurs fois. Nous sommes allés jusqu'au bout mais ça n'a pas été sans mal. Il m'a préparé soigneusement, attentivement, il s'est copieusement enduit de lubrifiant mais au moment de passer à l'acte, je me suis rendu compte de la sacrée différence de diamètre entre des doigts et un pénis. C'est même pas comparable. J'ai cru qu'il allait me déchirer mais il a pris son temps, sans jamais cessé de me caresser, de m'encourager et au bout d'un long et douloureux moment, il est entré en moi complètement. Il a fallut du temps avant que je ne sente ce « plaisir » dont on parle dans la littérature mais quand il est arrivé, il a balayé toutes mes croyances et tout ce que j'avais pu éprouver lors de mes masturbations clandestines.

J'ai tout oublié, y compris Sirius.

Mais maintenant, alors que Lucius dort à côté de moi pour se remettre de notre deuxième fois – moins douloureuse pour moi que la première, ce qui est appréciable – je me demande ce que ça ferait si Padfoot était un jour à la place de Lucius. Ce n'est pas facile de vouloir arrêter d'aimer monsieur Black. Je n'ai toujours pas réussi d'ailleurs et le pire, c'est qu'au fil des jours, ça devient de moins en moins possible.

Ce qui me rassure – moi et ma jalousie qui devient légendaire – c'est que toutes les petites amies successives de Sirius n'ont duré, au maximum, que deux mois.

17h

Je hais notre époque qui déteste et condamne « l'amour qui n'ose pas dire son nom ». Aujourd'hui, dans le journal, un fait-divers annonçait le décès d'un homme d'une trentaine d'année, battu à mort par deux garçons de mon âge lui reprochant son homosexualité. Juste à côté, il y avait un article sur l'homosexualité en Angleterre.

Jusque-là, je ne m'étais jamais posé de question mais je viens d'ouvrir les yeux: j'ai beaucoup de chance de profiter de cette « révolution sexuelle » dont parle la presse. Contrairement aux anciennes générations, je ne serai pas forcé de vivre caché – même si je me doute qu'une certaine discrétion sera nécéssaire. Cet article était très intéréssant. Je l'ignorais jusque-là mais en Angleterre, l'homosexualité a longtemps été passible de prison et cette loi, dont Oscar Wilde a été la triste victime, n'a été annulé qu'en 1967. Il y a, à peine, onze ans et je suis sûr que certaines personnes l'ont utilisé jusqu'au bout pour se débarasser des « gêneurs » et des « pervers » qui habitaient leur immeuble ou leur pâté de maison. Les mentalités mettront du temps à changer mais je pense que le mécanisme est en marche. Il y aura toujours des cons pour me juger mais je pense qu'il y en aura de moins en moins. Le temps me le dira.

Il paraît que les gens sont plus tolérants en Amérique – où alors ce sont les gays qui se montrent plus? – et qu'à New-York, depuis quelques années il existe une fête qui s'appelle la Gay Pride. Je devrais peut-être emménager à New-York, moi qui ai toujours voulu vivre aux États-Unis.

Je me demande si un jour, étant donné l'évolution rapide des moeurs, je pourrai m'afficher au bras d'un autre homme, l'embrasser dans la rue, ou me promener en lui tenant la main.

J'espère.

Tout comme j'espère que l'autre homme en question aura de longs cheveux noirs et des yeux brun chocolat.

À suivre...

Demain je pars en vacance pour une semaine. Mais comme promis, je ne vous laisse pas sans rien à vous mettre sous la dent. Cette fic est complète et comporte trois chapitres.

La suite la semaine prochaine. Bisous à tous.