Auteur : Epayss

Titre : Les loups se cachent pour mourir

Date : 2004-07-06

Avertissement : G

Une lumière dans l'obscurite

Harry s'était remis à marcher. Il boitait de plus en plus à cause de sa cheville, elle le brûlait et le grattait, comme irritée par quelque poison urticant. La nuit était calme, il marchait dans l'obscurité sans but, espérant sortir un jour de cette pénible forêt. De temps à autre, il stoppait sa marche pour écouter le silence. Le loup était parti, et ne semblait plus avoir l'intention de revenir. Harry grimpa en haut d'une butte de terre dans la forêt et examina les alentours. Les buissons et troncs empêchaient de voir plus loin qu'une centaine de mètres devant lui, et au loin, les végétaux se confondaient dans un tableau noir toujours identique.

Harry s'assit au sommet de la butte. Il ne sortirait jamais d'ici, il était perdu dans une forêt aussi touffue que la Forêt Interdite, aussi effrayante et aussi sombre. Cette comparaison avec la Forêt Interdite le fit réfléchir un instant. Pourquoi ne serait-il pas justement dans la Forêt Interdite ? Bien qu'il n'ait reconnu aucun lieu de la forêt, il se pourrait très bien qu'il ait atterri en plein milieu du bois en pensant aller à Poudlard ou Pré-au-Lard. Harry scruta l'obscurité, les arbres, il en reconnaissait le type, de grands arbres munis de nombreuses branches épineuses ou feuillues.

Mais toutes les forêts se ressemblaient dans la région.

En attendant de prendre une quelconque décision, Harry retira ses chaussettes et les noua autour de sa cheville blessée d'où le sang coulait contre son pied. C'était déjà mieux. Remettant sa chaussure le Sorcier regarda distraitement vers le lointain. Une touffe d'herbe tressaillit, une branche d'arbre tomba sur le sol, une chauve-souris volait au-dessus de lui, seule visible par la lumière des étoiles qui perçaient le feuillage. Une lumière capta alors son attention. Un minuscule point lumineux, en bas près du sol qui apparaissait à travers le feuillage. Harry plissa les yeux pour en découvrir la nature mais à cet instant le point lumineux disparut, englouti sous les feuilles des buissons. Le Sorcier se mit sur pied immédiatement, et grimaça en s'appuyant sur sa cheville. Il tâcha alors de l'oublier un peu et courut vers l'endroit où il avait aperçu la lumière. Il parvint en bas de la colline, traversa plusieurs buissons sans rien rencontrer. Un vent frais venait alors jusqu'à lui, et le murmure discret d'une source d'eau. Harry continua d'avancer à travers les fougères, puis quelques dizaines de mètres plus loin, soudainement, la forêt s'arrêta. Harry en sortit et se surprit à marcher sur du sable mouillé. Juste devant lui, il y avait une étendue d'eau sombre, sur laquelle brillait un disque froid à peine troublé par l'onde. La pleine lune se reflétait sur un lac et éclairait les environs d'une lumière douce et hypnotisante.

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Le lac de Poudlard brillait dans la noirceur de la nuit comme un miroir sombre. Harry s'assit sur la plage de sable et trempa sa cheville blessée dans l'eau froide. Il resta près du lac pendant plusieurs minutes, à l'affût du moindre bruit ou mouvement qui puisse l'alerter d'une présence. Le château était invisible de là où il était, et quand ce n'était pas de la forêt le paysage montrait une chaîne de montagnes aussi sombre que le ciel qui se découpait dans le ciel. La lune allait passer derrière elles, c'est pourquoi leur silhouette était visible. Sur la gauche, vers un point ou le lac se rétrécissait et semblait se refermer, il y avait un terrain découvert, comme une grande plaine. Harry espérait que ce soit le parc de Poudlard, alors il se leva, remit sa chaussure et marcha le long de la forêt. Vue de l'extérieur elle paraissait plus hospitalière. Le bruit des vagues le rassurait, la lumière du ciel aussi.

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Le Sorcier ne rejoignit le parc qu'une demi-heure plus tard. En levant la tête, il pouvait à présent apercevoir le château qui dominait tout le lac au sommet de sa falaise. Dans la prairie, il y avait la cabane de Hagrid, sombre, sans vie. Elle était certainement vide. Le château lui aussi était silencieux. Toutefois il était normal qu'il n'y ait aucune lumière allumée à cette heure de la nuit. Il y avait donc toujours un espoir qu'il y ait quelqu'un à l'intérieur.

Harry se dirigea donc vers l'imposant château. Il gravit la pente le plus rapidement possible en dépit de sa jambe souffrante, il n'aimait pas trop être à découvert maintenant qu'il avait déjà été chassé par un loup-garou cette nuit.

Le jeune Sorcier monta les marches menant à la double-porte de chêne. Conscient du ridicule de son acte, il frappa quelques coups à la porte, mais bien évidemment personne ne vint. Alors il tira sur les poignées, mais elle ne bougea pas plus. Harry sortit sa baguette sans grand espoir :

« Alohomora ! » La porte ne trembla même pas.

Tant pis, il y avait toujours d'autres moyens d'entrer à Poudlard. Harry contourna les murs, marcha quelques pas le long du mur externe de la Grande Salle puis regarda vers le haut. Il y avait des ouvertures dans la Grande Salle destinées aux hiboux et chouettes porteurs de courriers. Mais il fallait grimper tout là-haut.

Harry regretta de ne pas avoir son balai sous la main à ce moment-là. Il sortit sa baguette, appliqua sur ses mains un sortilège d'araignée puis les colla contre la paroi de roche. Il avait trente mètres à grimper. Il s'attela à la tâche, après avoir ensorcelé aussi les pointes de ses chaussures.

L'ascension était pénible et longue, Harry était fatiguée, il dérapa plusieurs fois contre le mur, manquant de faire une chute douloureuse. Il s'efforçait de penser à autre chose qu'à ses muscles qui criaient un peu de repos, et en vint même à se demander pourquoi il cherchait si désespérément à entrer dans Poudlard. Il aurait très bien pu aller à Pré-au-Lard, mais il fallait alors traverser le parc, franchir le mur d'enceinte et passer aussi le reste de la nuit dehors. Il aurait pu occuper la cabane de Hagrid pour la nuit, mais il ne s'y serait pas senti en sécurité. Et même si le château était vide, Harry était au moins certains d'y trouver de bons lits et peut-être même un peu de nourriture. Au bout d'une demi-heure, Harry atteint le rebord d'une ouverture. Il se hissa dessus et contempla la Grande Salle obscure. La fatigue lui donna le vertige et il dut se maintenir à un arc de pierre qui traversait la pièce pour ne pas tomber à la renverse.

En bas les 5 grandes tables avaient été poussées contre les murs, peut-être pour faciliter le nettoyage, ce qui rendait la salle encore plus grande qu'à l'ordinaire.

Harry descendit de l'autre côté du mur de la même façon que lors de la montée. Il atterrit sur une des tables, puis après avoir reposé un peu ses jambes il sortit de la Grande Salle.

Le Hall était vide et sombre. Que faire à présent ? S'il y avait quelqu'un dans le château à ce jour et à cette heure, ce n'était certainement pas un professeur… peut-être y aurait-il des elfes de maison pour l'aider. Non, les elfes étaient trop timides et se cachaient à la vue de Sorciers, et Dobby était peut-être déjà en vacances. Harry décida d'aller quand même faire un tour dans le château. Après son balai, sa précieuse carte des Maraudeurs lui manquait. Cela lui aurait été très utile pour trouver quelqu'un dans le dédale de couloirs du château. Machinalement, Harry se dirigea vers le bureau de Dumbledore, mais la gargouille n'était plus là, elle avait quitté son socle de pierre. Harry s'aventura du côté des quartiers des professeurs, mais il était idiot de penser que quelqu'un y dormirait. L'élève rebroussa chemin. Par les fenêtres l'obscurité se faisait déjà moins oppressante, le parc était plongé dans la nuit grisâtre qui précédait l'aube. Harry bailla longuement. Cela faisait très longtemps qu'il n'avait pas dormi, d'autant plus que la nuit précédente il s'était réveillé subitement alors que le ciel était encore noir et il n'avait pu se rendormir. Harry se mit en route vers la tour des Gryffondors. Au moins là-bas il pourrait se trouver un peu de chaleur et de sécurité. Mais en arrivant devant le tableau de la Grosse Dame, il s'aperçut que celui-ci était vide.

« Mince ! » s'énerva Harry. Il frappa du pied dans le mur, ce qui n'eut pour effet qu'une douleur fulgurante ajoutée à celle de sa cheville. Harry tourna en rond quelques instants, il fallait absolument qu'il se trouve un coin où dormir. Quel était le second endroit où Harry avait passé le plus de nuit pendant ses années scolaires ? L'infirmerie évidemment. Le Sorcier y alla en traînant les pieds.

La porte n'était pas fermée par un sortilège, Harry entra dans l'infirmerie avec un grand soulagement. Il pensa en même temps à soigner ses blessures mais il fut de suite décourager par le nombre de bouteilles, de potions, de fioles, de médicaments qui étaient restés dans les armoires et placard à pharmacie, tous aussi inconnus les uns que les autres pour Harry. Tout ce qu'il trouva de facilement utilisable fut un rouleau de bandes blanches et fraîches, dans lesquelles il enroula sa cheville blessée et sa jambe qui était toute engourdie et courbatue pour une raison inconnue.

Ensuite, Harry verrouilla la porte de l'infirmerie, se trouva une couverture bien chaude dans une armoire et se coucha sur un lit. Il s'était à peine mis à penser à ce qu'il allait faire le lendemain quand ses yeux se fermèrent et qu'il s'endormit, pelotonné dans la couverture.

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Mais tout là-haut, accroché au mur au-dessus de la porte principale de l'infirmerie, il y avait un tableau. Son personnage, une ancienne guérisseuse, s'était réveillée dès l'arrivée de Harry, et après avoir vu toute la scène, elle s'apprêta à quitter son cadre…

Fin du chapitre 3
Note: les jours prochains je vais partir en vacances, je ne sais pas encore exactement quand. Donc ne vous inquiétez pas s'il n'y a pas de nouveaux chapitres avant début août. Mais vous pouvez toujours mettre des reviews! -