Auteur : Epayss

Titre : Les loups se cachent pour mourir

Date : 2004-08-29

l

l

Retour chez les Weasley

l

l

Ron était allongé sur son lit et regardait le ciel rougir par la fenêtre. Molly venait de rentrer et devait être en train de préparer le dîner, à en croire les odeurs appétissantes qui se faufilaient sous la porte de sa chambre. Ron se demanda si Harry avait reçu sa lettre. En tout cas Coq n'était pas encore revenu, et d'ailleurs c'était étonnant qu'il ne se soit pas dépêché de porter son message pour ne pas rater l'heure de son dîner à lui. D'un autre côté, il avait peut-être trouvé meilleur à l'hôpital. Le « miamhibou » n'est pas de la grande qualité, et en tant que chasseur son hibou préférait certainement de la viande fraîche. Ron sourit à la pensée d'un Coquecigrue redoutable, la terreur des forêts, le hibou sanguinaire du Terrier.

D'ailleurs, quel était ce minuscule point noir là-haut dans le ciel ? Il se rapprochait sensiblement de la maison, et petit à petit, on pouvait distinguer des ailes sombres qui s'étalaient de part et d'autres d'un corps tout aussi sombre. Alors que Ron s'était redressé pour ouvrir la fenêtre à son petit hibou, il s'arrêta dans son élan en voyant l'oiseau grossir encore à mesure qu'il arrivait toujours plus proche. Non, ce n'était pas Coquecigrue, à moins qu'il ait dévoré un loup entre temps.

Le grand oiseau descendit légèrement dans le ciel et planant. Ron ouvrit la fenêtre pour le voir arriver du dessus, car il se dirigeait vers une fenêtre de la cuisine. Ron se pencha, l'oiseau se cambra un peu pour ralentir sa course, il passa sous les yeux de Ron sans changer de direction, et se posa majestueusement sur le bord de la fenêtre du dessous. Ron n'en croyait pas ses yeux, il n'avait jamais vu de pareil coursier. Ce n'était pas un hibou, mais un aigle royal, et maintenant qu'il le voyait de plus près, il pouvait admirer les rayons du soleil qui paraient d'or les plumes de ses ailes. L'oiseau portait attaché à son cou une lettre cachetée par un sceau rouge et or en forme de phénix.

La suite, il l'entendit plus qu'il ne la vit. L'aigle émit un cri doux, et Mme Weasley s'exclama peu après :

« Bonjour Fenrir, quelle nouvelle de Dumbledore ? »

Nouveau cri. Bruit de battement d'ailes.

« Merci. »

Une minute passa. L'aigle en attendant se lissait les plumes de son bec effilé. Finalement, la mère de Ron se remit à parler.

« Tu attends une réponse, je suppose ? Reste là, je vais chercher une plume. »

Une porte s'ouvrit, Molly marcha dans le couloir du rez-de-chaussée, revint vers la cuisine, écrivit quelques instant sur le parchemin. Puis Ron vit l'aigle se retourner et s'apprêter à s'envoler.

« Bon vol Fenrir ! » termina Mme Weasley.

L'aigle sauta par la fenêtre et déploya ses ailes de deux mètres d'envergure. Bientôt il ne fut plus qu'un petit point noir à l'horizon.

l

« Les enfants ! Venez, j'ai quelque chose à vous dire ! »

Ron sursauta en entendant la voix de sa mère et se précipita dans le couloir où il se cogna contre Ginny qui sortait elle aussi.

Les jumeaux étaient déjà en bas, dans un coin de la cuisine à parler affaires.

« Le coursier de Dumbledore est venu m'apporter un message il y a quelques minutes. Dumbledore est d'accord pour que Harry puisse passer ses vacances ici ! »

« Ouaais ! » s'écria Ginny.

« Mais attendez, Dumbledore a aussi écrit que pour ce faire, il fallait impérativement placer les meilleurs mesures de sécurité pour éviter une nouvelle catastrophe. Donc dès demain, un groupe d'Aurors viendra inspecter la maison, absolument toutes les pièces de la maison. Vous serez donc gentils de leur ouvrir les portes de vos chambres, et un minimum de rangement leur facilitera la tâche, n'est-ce pas ? » insista-t-elle en regardant les jumeaux Weasley. Elle continua :

« Les Aurors vont donc inspecter la maison pour s'assurer qu'il n'y a pas d'espions quelconques à l'intérieur. Il y en aura un ou deux en permanence autour du Terrier, comme lorsque Harry était chez les Dursley l'année dernière. Et comme dernière mesure, - et celle-ci est une idée de Dumbledore – les Aurors vont créer des portoloins dans divers endroits de la maison et du jardin. Evidemment tout le monde dans la famille sera au courant de ces portoloins et il ne faudra les toucher qu'en cas d'extrême urgence, pendant une attaque de Mangemorts par exemple. »

« Ils mèneront où ces portoloins ? »

« Je suppose qu'ils nous le diront demain, je suppose que cela nous amènerait au Ministère. A propos de Harry, il faudra aller chercher ses affaires pour l'accueillir demain soir. Ron, tu viendras avec moi ? J'aurai besoin de toi pour porter toutes ses affaires. »

« Harry arrive demain ? » demanda Ron en ouvrant des yeux ronds.

« Oui, c'est pourquoi il ne sera autorisé aucune visite à l'hôpital jusqu'à ce qu'il arrive, il faut encore qu'il se repose pour pouvoir venir. C'est compris ? »

l

l

Le lendemain...

l

« On aurait pu y aller en poudre de cheminette quand même. » maugréa Ron.

« Devrais-je te rappeler, Ronald Weasley, ce qu'il s'est passé la dernière fois qu'on y est allé ? » répondit sa mère en lui lançant un regard noir.

Les deux sorciers étaient assis sur la banquette arrière d'une voiture du Ministère spécialement empruntée pour l'occasion. La voiture, conduite sans chauffeur, roulaient sur une voie au beau milieu de la campagne.

Ron tourna la tête pour regarder le paysage au lieu de continuer à discuter avec sa mère.

Quand ils arrivèrent chez les Dursley, ils remarquèrent combien la ville était vide en été, les maisons avaient les volets tirés pour faire de l'ombre dans les pièces, la chaleur asséchaient l'herbe, il y avait peu de vent qui circulait, et l'air n'en était que plus lourd. Les deux sorciers suivirent l'allée qui menait à la porte d'entrée. Ron frappa à la porte, sans faire attention au petit bouton situé sur le côté gauche de la porte avec écrit dessus : sonnez.

C'est sans doute pour cette raison que personne ne vint ouvrir tout de suite. Ron frappa à nouveau à la porte.

Quelqu'un descendit et vint ouvrir. Vernon lui-même, reconnaissant ses visiteurs, recula précipitamment.

« Que voulez-vous ? » demanda-t-il sur un ton sec.

Mme Weasley s'avança et dit :

« Nous venons chercher les affaires de votre neveu. Vous avez reçu le message de M. Dumbledore, n'est-ce pas ? »

« Heu... oui. » répondit-il après une rapide réflexion.

« Bien, » fit Mme Weasley en entrant dans la maison – elle n'avait pas l'intention de traîner apparemment – « si vous voulez bien nous indiquer sa chambre, nous n'en avons pas pour longtemps. »

Vernon Dursley monta rapidement l'escalier, leur pointa la porte de la chambre de Harry puis se recula contre le mur lorsque Molly et Ron passèrent devant lui. Il devait avoir trop peur d'être ensorcelé en touchant ne serait-ce qu'un pan de leurs robes.

Ron vit cependant dans le couloir une autre porte, entrouverte, avec un seul œil les observant. Mais lorsqu'il posa le regard sur cet œil, la porte se ferma immédiatement.

« Sûrement son imbécile de cousin. » pensa Ron.

La chambre de Harry était, contrairement à Ron, particulièrement bien rangée. D'ailleurs la malle était encore pleine des affaires de Harry, seuls quelques vêtement traînaient au bord du lit, que Mme Weasley s'empressa de remettre à leur place. Ron inspecta la chambre de fond en comble pour trouver d'autres affaires, c'est ainsi qu'il dénicha une feuille de parchemin sur le petit bureau, un encrier et une plume dans un tiroir et un livre de Quidditch sous l'oreiller.

Hedwige les attendait calmement sur le bord de la fenêtre, et hulula gentiment quand Mme Weasley lui demanda de les rejoindre au Terrier tandis qu'elle posait sa cage sur la malle.

Quand tout fut prêt, Mme Weasley pointa sa baguette vers la malle :

« Locomotor barda ! »

Les affaires s'élevèrent à quelques centimètres au-dessus du sol et, guidées par la baguette de Molly, descendirent les escaliers. Ron, se sentant parfaitement inutile, tenta de revoir l'œil de la porte entrouverte, mais celle-ci s'était définitivement fermée.

Puis les sorciers passèrent la porte, et sans même un « au revoir », l'oncle Vernon la ferma derrière eux.

Le coffre de la voiture s'ouvrit. Ron aida sa mère à porter la malle puis il la calèrent dans le coffre avec la cage.

l

l

Ils rentrèrent pour le déjeuner. Les Aurors étaient en plein travail, mais ils ne dédaignèrent pas un bon repas en compagnie de la famille, qui dura au moins deux heures. La plupart d'entre eux, Ron ne les connaissait pas. Cette année, il y avait eu une embauche massive d'Aurors, et il y avait donc quelques nouveaux dans le groupe. Toutefois, Maugrey Fol-Œil était venu superviser l'inspection. Et lorsqu'ils quittèrent la maison, on eut l'impression d'avoir coupé le son tant elle était devenue calme.

Dans chaque pièce avait été placé un portoloin, ici une bougie fondue, là un vase fendu, que des objets auxquels ils ne toucheraient pas habituellement. Mais la tentation était quand même là.

Quand Ron revint dans sa chambre, Coquecigrue était rentré. Mais Errol était toujours absent. Il se demanda s'il avait bien fait de confier la lettre pour Hermione à leur vieux hibou. Puis le sorcier entreprit de ranger un minimum sa chambre – en poussant les affaires contre les murs – afin d'avoir la place pour un lit supplémentaire. Mais ses efforts furent vains lorsque Molly arriva, et regardant le lit avec circonspection, décida qu'il serait préférable que Harry dorme dans l'ancienne chambre de Percy pour avoir plus de calme. Ron fut bien obligé d'obéir et déplaça le matelas jusqu'à la chambre de son frère aîné qu'il n'avait pas ouverte depuis un an.

« Elle est sinistre cette chambre » pensa Ron. « Il n'y a aucun mobilier, tout a été déménagé, en plus, ça sent franchement le renfermé. »

Ron passa alors le reste de l'après-midi à aérer la chambre, y mettre la malle de Harry, installer le matelas, tout ça sans une seule once de magie, c'est-à-dire qu'il n'avait pas les mêmes autorisations que Harry. Le soir tomba avec une agréable fraîcheur et Hedwige revint au Terrier, un mulot dans le bec. Enfin, alors que le dîner attendait son dernier invité et que les effluves de nourriture s'échappaient par les fenêtres, on frappa à la porte d'entrée.

l

l

Fin du chapitre 7