Auteur : Epayss

Titre : Les loups se cachent pour mourir

Date : 2004-10-15

Note : C'est un grand jour aujourd'hui puisque je recommence un nouveau chapitre, après plus d'un mois d'arrêt. De toute façon il va falloir quelques temps avant que ce nouveau chapitre soit terminé, et il me sera dorénavant définitivement impossible de maintenir des délais réguliers et inférieurs à 2 ou 3 semaines. Mais pour compenser, je tâcherais de rallonger un peu leur taille. Au fait, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais je donne des nouvelles de la fic dans ma bio, allez la consultez de temps en temps si vous trouvez le temps long. Allez, bonne lecture !

Nuit d'été

Harry était allongé sur le muret qui borde le jardin. Il était seul, et c'était la première fois qu'il avait un moment à lui depuis ces trois semaines passées en compagnie de la famille Weasley. Un peu de calme lui ferait beaucoup de bien. Les bras croisés derrière sa tête, il revoyait dans ses pensées tout ce qu'il s'était passé depuis qu'il avait quitté Poudlard. Sa fuite dans la forêt, son séjour à Sainte-Mangouste, son retour chez les Weasley. Il ferma les yeux quelques instants... Depuis sa venue au Terrier, tout s'était bien passé, pas le moindre incident, pas la moindre attaque de Mangemorts, ils savaient tous que des Aurors les surveillaient mais ne les voyaient jamais, si bien que rien ne perturbait ces chaudes vacances d'été.

Dès le soir de son arrivée, Harry avait eut l'impression de rentrer chez lui, c'était une étrange sensation, il lui semblait que cette maison serait toujours pour lui un lieu où il serait en sécurité, un abri sûr, un réconfort, où il pouvait trouver des gens de confiance. Cela faisait du bien de se sentir entouré comme ça. Au soir donc, un énorme festin l'attendait. Enorme, c'était le cas de le dire, en comparaison aux repas à l'hôpital où la quantité de nourriture était assez limitée, même si elle n'était pas mauvaise. Après avoir rempli son estomac comme s'il n'avait pas mangé depuis trois jours, Molly demanda :

« Ron, tu veux bien montrer à Harry les portoloins ? »

« Oui maman, je comptais le faire de toute façon. » Il se leva et invita Harry à le suivre.

« C'est quoi ces portoloins ? » demanda ce dernier quand ils eurent quitter la pièce.

« Des mesures de sécurité, au cas où. Il faut les prendre si jamais on a une attaque de Mangemorts. Il y en a plusieurs dans la maison, il faudra bien retenir où ils sont pour ne pas les toucher inintentionnellement. Regarde, en général on les voit un peu scintiller, comme s'ils étaient couverts de paillettes. »

Harry tendit le cou vers une petite statuette représentant une manticore qui effectivement scintillait légèrement. Ron lui montra tous les portoloins, enfin tous ceux dont il se souvenait l'emplacement, puis ils montèrent dans sa chambre.

Assis sur le lit de Ron, le rouquin lui raconta les dernières nouvelles du Ministère, du point de vue de son père. Il n'y avait pas eu beaucoup de changements depuis la dernière bataille. Puis il parlèrent de Fred et Georges. D'ailleurs, en plein milieu d'une phrase, Ron se leva d'un bond et farfouilla sous son lit pour en sortir une boîte en bois toute simple.

« Regarde ce que mes frères m'ont apporté en rentrant. Une boîte entière de leurs produits de farces et attrapes. Avec ça on va faire exploser tout Poudlard l'année prochaine ! »

Et voyant que Harry le regardait bizarrement, il ajouta :

« Heu oui en fait, on pourra faire quelques feux d'artifice, c'est tout. »

Puis ils éclatèrent de rire tous les deux en imaginant la tête que Rusard allait faire quand il testerait l'effet des nouvelles inventions des jumeaux.

« Il faudra faire attention à se qu'on ne remonte pas jusqu'à nous quand même, tu es leur frère après tout. » fit Harry entre deux éclats de rire.

« Oh, je ne pense pas qu'on nous découvrira, d'après les jumeaux, nous serons loin d'être les seuls à posséder ces inventions, le magasin marche déjà plutôt bien. »

Quand enfin ils purent respirer, Ron changea de sujet pour parler d'Hermione.

« Je lui ai envoyé une lettre hier matin, en général elle ne met pas autant de temps à revenir... »

« Ca ne fait que deux jours, ne t'inquiète pas pour ça, deux jours c'est pas long... Attends, elle nous avait pas dit qu'elle partait dans un pays étranger cet été ? »

« Quoi ? » s'exclama Ron en ouvrant des yeux ronds.

« Si si, elle nous a dit qu'elle partait en vacances très tôt. Je crois que c'était au Canada. »

« Oh non, pas le Canada, c'est beaucoup trop loin. »

« De toute façon quand le voyage est trop long les hiboux s'arrêtent à la maison du destinataire et s'arrangent pour déposer le courrier, je ne vois pas où est le problème. »

« Le problème c'est que c'est Errol qui est chargé du courrier. Il ne fait plus d'aller-retour sans manger ou boire quelque chose entre maintenant. »

« Il arrivera toujours à revenir de toute façon, tant qu'il amène le courrier au bon endroit c'est le principal. »

« Oui. Enfin j'espère qu'il ne va pas se tromper de maison au moins. Et elle est censée rentrer quand Hermione ? »

« Je ne sais pas, dans au moins deux semaines. »

Des pas se firent soudain entendre dans le couloir. Les deux garçons se turent et tendirent l'oreille. Les pas s'étaient arrêtés tout proche.

« Oups », murmura Ron, « ça doit être Maman. Je lui avais promis qu'on ne discuterait pas trop ce soir, et à mon avis, il doit être trop tard pour sa bonne conscience, si tu vois ce que je veux dire. »

La porte s'ouvrit à ce moment.

« Pas encore couchés ? » fit d'entrée Mme Weasley. « Harry revient de l'hôpital, il a encore besoin de beaucoup de repos ! »

« Mais je vais bien... » réfuta Harry.

« Il faut suivre l'avis des médecins, il n'y a pas à contester. Allez, au lit tout le monde ! »

« Hé ! » s'exclama Ron, « je ne reviens pas de Sainte-Mangouste moi ! »

« Peut-être mais si tu ne te mets pas au lit, tu vas chercher à communiquer avec Harry et il ne pourra pas dormir, je te connais quand même ! »

Ron roula des yeux en soupirant et abandonna le combat. Alors Harry se leva et se rendit dans la chambre de Percy que lui indiquait Molly. Sa malle y était déjà, et il retrouva aussi Hedwige qui poussa un petit cri en le voyant de retour. Harry, heureux de la voir en forme et surtout au Terrier, lui donna une friandise et lui lissa longuement les plumes de sa tête blanche. Puis il ouvrit la fenêtre et la laissa partir pour sa chasse nocturne.

La nuit était très claire, il n'y avait pas un nuage à l'horizon, et les étoiles se reflétaient sur la surface plane de la mare situé un peu plus loin, de l'autre côté du chemin. Certainement il devait y avoir quelqu'un qui a l'instant même, camouflé pour ressembler à une ombre, surveillait la maison et les alentours pour veiller à leur sécurité. Et peut-être même que cette personne l'observait. A cette pensée Harry recula la tête, tira les rideaux et se laissa tomber sur le lit.

Le lendemain, c'est un chaud rayon de soleil sur sa joue qui réveilla Harry. Celui-ci, pensant s'être réveillé trop tardivement, se redressa rapidement.

« Aïe ! » Et il retomba dans le lit. Toujours ces courbatures. Néanmoins la douleur avait aussitôt disparu. Hier soir il se souvint qu'il ne les sentait plus, le fait de ne plus bouger pendant la nuit les ravivait certainement, même si elles avaient déjà bien diminué depuis sa première journée à l'hôpital.

Harry tourna la tête sur le côté juste pour regarder l'heure, en réalité il était encore très tôt, et il n'y avait que quelques bruits de couverts qui passaient à travers la porte. Puis la voix de Arthur Weasley. Quelques minutes plus tard, un coup sec retentit en sourdine puis il n'y eut plus un bruit. Harry resta encore quelques minutes dans son lit.

Une image surgit dans sa tête comme sortie de nulle part. C'était une vision de forêt. Comme vue d'en bas, le regard tourné vers le ciel, que l'on voyait par morceaux entre les branches feuillues. Dans cette forêt il faisait nuit, le ciel était bleu marine et les arbres paraissaient alors noirs. Rien de bien original en fin de compte. Mais Harry se souvenait de cette image comme s'il l'avait vu pendant toute la nuit, il ne se rappelait d'aucun autre rêve que cette simple image, et bien qu'au moins ça n'avait pas été un cauchemar, il éprouvait une légère sensation de malaise en y repensant. Mais ce fut vite oublié, et quand Harry se leva pour de bon sa seule préoccupation de la journée était de pouvoir s'amuser avec son ami.

Quand il descendit dans la cuisine, Mme Weasley, occupée à faire un peu de ménage matinal, arrêta de suite ses occupations et se tourna vers Harry :

« Harry, tu as bien dormi ? Qu'est-ce que tu veux manger ? Des tartines, du bacon, il y a du chocolat chaud dans la casserole... »

Elle semblait ne vouloir jamais s'arrêter de parler et Harry avait du mal à placer ne serait-ce que le moindre mot dans le monologue. Quand enfin Molly fit une pause, Harry s'empressa de répondre :

« Merci, je vais attendre que Ron se lève. »

« Comme tu voudras. » Mme Weasley lui sourit pour retourna à son ménage.

Ron ne tarda pas à descendre, ses cheveux roux en broussaille et baillant à s'en décrocher la mâchoire.

« 'lut Harry, bien dormi ? »

« Oui et toi ? »

« On ne peut mieux. Mais sur le matin il commençait à faire vraiment très chaud. »

Ginny les rejoint rapidement elle aussi, et s'assit à côté d'eux pour le petit-déjeuner.

Harry revint à la réalité, allongé sur le muret de pierres grises. Depuis combien de temps était-il là, à regarder les étoiles ? Il ne savait pas, il était plongé dans ses pensées et les laissait suivre leurs cours, au fur et à mesure de ce qu'il avait vécu. La lune n'était pas encore levée, et les étoiles n'en étaient que plus brillantes. Parfois, une étoile filante captait son attention l'espace d'un instant fugitif.

Ginny... elle avait bien changé depuis sa deuxième année à Poudlard où elle le fuyait pour ne pas se sentir gênée. Désormais elle était devenue normale, elle pouvait s'asseoir à ses côtés sans rougir ni sans rester muette. Ce premier jour en compagnie de la famille Weasley était passé aussi vite que l'éclair. La matinée, il l'avait passé avec les jumeaux qui lui montrèrent leurs nouvelles inventions et les projets à venir. Entre les sucreries, les feux d'artifices en tout genre, les boissons magiques et objets de farce et attrapes plus classiques mais tout aussi drôle, il y avait de quoi faire. De plus, ils avaient déjà une certaine notoriété devant leurs clients car beaucoup avaient vu ou entendu parler de leur fameux tours à Poudlard il y a quelques semaines. Ils s'étaient même installé un service de vente à domicile. Après l'achat de plusieurs hiboux postaux, ils s'étaient inscrits dans les agences de publicité et offraient la possibilité de livrer des produits à l'adresse de l'acheteur. Evidemment, leur but était de permettre aux élèves de Poudlard d'en acheter eux-même sans avoir à se déplacer, mais ça, il ne fallait pas le dire aux parents.

S'était ensuivi ensuite une après-midi brûlante où, à l'ombre d'un grand cerisier, Harry et Ron passèrent le temps à enchaîner des parties d'échec, bataille explosive voir plus si affinité. Ron aurait bien aimé aller se rafraîchir au petit lac à quelques kilomètres ou de faire un peu de Quidditch dans la clairière habituelle ( les enfants avaient l'autorisation d'aller se balader plus loin sans risques, apparemment tout avait déjà été prévu pour ne pas gâcher leurs vacances avec des mesures de sécurité ). Mais Molly Weasley étant toujours aux aguets et surtout une vraie mère-poule, elle ne voulait pas que Harry sorte faire elle-ne-savait-quelles-bêtises dans son état. Mais cela n'empêcha pas les deux sorciers de s'amuser.

La nuit suivante, c'est un rêve semblable au précédent qui surgit dans les pensées de Harry. Mais cette fois, il eut droit à un léger mouvement de l'image auparavant fixe. Comme la nuit d'avant, le rêve commença par la vue sur les cimes des arbres de la forêt, en pleine nuit. Rien n'avait bougé, d'ailleurs il n'y avait pas un souffle de vent qui ait pu faire se mouvoir quelque branche ou feuille. Au bout d'un temps indéterminé, soudain la vision bascula et glissa doucement vers le bas tout en se tournant vers la droite. Mais il n'y avait rien de plus original, si ce n'est qu'il semblait faire encore plus sombre ; il n'eut bientôt plus en face de lui que des troncs d'arbres noirs, un sol jonché de feuilles mortes, couvert de buissons sombres et aucun bruit audible. Puis ce fut tout. Peu après le rêve Harry se réveilla, et ne remarqua que bien plus tard dans la journée que ses courbatures avaient presque totalement disparues.

Les jours suivants, Harry eut, non sans mal, l'autorisation de se rendre dans la forêt, et de faire quelques parties de Quidditch avec Ron et les jumeaux Weasley juste avant que ceux-ci ne reprennent leur travail à la boutique. Et c'est le balai sous le bras qu'ils partirent en grande discussion sur la prochaine équipe de Gryffondor qu'ils allaient devoir se constituer. Car Angelina et Alicia étant parties, il fallait deux nouveaux poursuiveurs, sans compter les deux postes de batteurs qui étaient à présent vacants. Les deux anciens batteurs n'avaient pas été très contents de s'être faits virer sur le coup, mais Katie leur avait expliqué que comme leur poste avait été donné en cours d'année et en urgence, il fallait en refaire de nouveaux au début de l'année, ect. La vraie raison, en avait convenu Harry et Ron, c'était que Katie voulait refaire passer d'autres élèves aux essais pour trouver de meilleurs batteurs, il devait forcément en exister dans l'école.

« Ginny va continuer à jouer n'est-ce pas ? » demanda Harry.

« Heu, oui je crois, elle a dit l'année dernière qu'elle aimerait bien être poursuiveuse. »

« De toute façon il faudra lui faire passer les essais comme pour tous les autres... »

« Ne t'inquiète pas, elle l'aura ce poste, déjà qu'elle n'était pas mauvaise avant, mais cet été elle a décidé de s'entraîner. Moi aussi d'ailleurs, je veux gagner en assurance. »

Arrivés à la clairière, les jumeaux se chargèrent d'ensorceller un Vif d'Or, sortirent un vieux Souaffle rafistolé, et commencèrent à jouer. Chacun jouèrent des rôles différents, gardien, attrapeur, poursuiveur, pour varier les équipes, et surtout pour que tout le monde puisse s'amuser, puisque être attrapeur tout seul, sans Cognard ni adversaire, et dans un périmètre aussi limité, ce n'est pas toujours très marrant.

Cette journée-là avait été épuisante, Harry s'en souvenait comme si c'était hier. Le soleil tapait dur tout en haut dans le ciel, et le manque de vent les faisait dégouliner de sueur. Aussi quand les jumeaux leur proposèrent une nouvelle boisson fraîche de leur composition, Ron et Harry n'eurent pas le courage de refuser au risque de se retrouver avec des cornes sur la tête.

La nuit suivante Harry s'était retrouvé dans la même forêt que les dernières fois, mais depuis quelques nuits déjà il s'était mis à marcher droit devant lui, tournant la tête de tous les côtés. Les arbres défilaient, il entendait ses pieds frapper le sol sourdement. Il ne savait pas où il allait, mais il y allait. Droit devant lui il n'y avait que la noirceur de la forêt, d'où pas un bruit ne venait, il n'y avait pas un souffle de vent, c'était exactement... un rêve.

« Harry ! »

« Hgn ? »

« Harry, vite réveille-toi, Errol vient d'arriver ! »

« Humph... »

« Ouh ouh, tu ne veux pas des nouvelles d'Hermione ? »

« Hermione ? » s'exclama Harry en se relevant subitement.

« Ah enfin tu reviens sur Terre, tu dormais comme un loir. »

Harry s'assit dans le lit et mit ses lunettes pour voir un peu plus clair. Ron tenait dans sa main une lettre dont il reconnut de suite l'écriture de leur meilleure amie. Déjà deux semaines ½ que la lettre avait été envoyée, Ron semblait soulager de la voir revenir, ainsi que le hibou qui était penché sur son bol d'eau et n'en décollait pas. D'ailleurs quand Harry fit remarquer qu'il allait bientôt se noyer à être penché dessus, Ron regarda Errol et s'aperçut avec horreur qu'il s'était endormi, le bec trempant dans l'eau. Il l'en extirpa rapidement et le remit debout sur son perchoir.

Ensuite les deux garçons déplièrent le parchemin et la parcoururent des yeux en silence :

« Bonjour Ron !

Je viens tout juste de rentrer de voyage comme tu peux le constater par la réponse tardive à ta lettre. En revenant la maison j'ai été très surprise de voir que ton hibou m'attendait devant la porte, je n'avais jamais vu ça. Je n'ose même pas me demander depuis combien il peut être là à m'attendre, on aurait dit que tout ce qu'il voulait c'était que je réponde, parce qu'il est parti immédiatement après que je lui ai donné la lettre. Bizarre ton hibou... ( Ron tourna la tête vers Errol qui dormait dans sa cage, la tête rentrée dans les plumes, et haussa les épaules )

Mais bon, passons à l'essentiel : en lisant ta lettre, enfin celle de Ginny à proprement parler, j'ai appris brièvement ce qu'il s'était passé pendant mon absence. Tu ne peux pas savoir à quel point j'ai eu peur qu'il arrive quelque chose à l'un de vous pendant l'été. Au Canada je n'avais pas la gazette du Sorcier, alors je n'étais au courant de rien. Enfin, c'est à moitié faux puisque les journaux locaux parlaient bien de l'Angleterre, mais j'ai été trop occupée pour les regarder. J'espère que Harry va bien et qu'il est en sécurité maintenant, peut-être même que vous êtes ensembles en ce moment.

Pour ma part je ne sais pas si je pourrai te ( vous ?) rejoindre avant la rentrée, car je vais bientôt repartir avec des amis de mes parents mais un peu plus proche cette fois, si bien que l'on pourra continuer à s'échanger des lettres.

Prenez bien soin de vous ( j'opte définitivement pour le vous, tu me confirmeras mes pensées Ron ?) et à bientôt.

« Elle n'a rien dit sur son voyage. » s'étonna Harry.

« Elle devait avoir d'autres priorités si tu veux mon avis, comme prendre de tes nouvelles. »

Harry resta silencieux.

Et revint à la réalité. Le ciel d'un noir d'encre étincelait de milliers d'étoiles au-dessus de sa tête. Depuis la réponse d'Hermione, ils avaient pu s'échanger de nombreuses lettres pendant les semaines suivantes, malgré les consignes de sécurité qu'il fallait respecter à chaque écriture d'une nouvelle lettre. Mais cela n'était pas si terrible puisque n'étant quasiment jamais en contact avec des membres de l'Ordre au Terrier, ils n'avaient rien à cacher. Et si au début Harry avait tenté d'extirper à Mme Weasley des informations, il abandonna vite et se résigna à attendre la rentrée pour en apprendre plus. En réalité même s'il lui tardait d'en savoir plus sur les agissements des Mangemorts et de Voldemort, il savait très bien que le Terrier n'était pas un endroit si sûr pour en discuter. Mais il gardait l'espoir qu'on l'informerait de tout ce qu'il s'était passé pendant les vacances, si tant est qu'il se soit passé quelque chose.

Ce qu'il apprenait généralement lui venait de Mr Weasley, quand il arrivait à le voir à son retour du Ministère. Il savait que l'Ordre avait été réhabilité officiellement, que les gardes de nuit au Ministère, toujours présentes, étaient maintenant effectuées par d'autres Aurors et en plus grand nombre. A cette pensée Harry se souvint de la nuit où Arthur Weasley avait été attaqué pendant sa garde, juste avant Noël. Et cela lui rappela ce qu'il s'était passé par la suite... les cours d'Occlumencie... un mauvais, très mauvais souvenir. D'autant plus mauvais qu'il savait que c'était important, et que sa plus que mauvaise relation avec Rogue l'avait condamné à ne plus pouvoir prendre de cours. Après tout, peut-être qu'il pourrait prendre ces cours avec Dumbledore. Il ne savait pas si ce serait si bien que ça. Certes sa relation avec cet homme était bien meilleur même si tout ne s'était pas toujours très bien passé dans son bureau, mais d'un autre côté il n'avait pas vraiment envie que le directeur de Poudlard, chef de l'Ordre du Phénix, apprenne ses déboires avec Molaire le chien de la tante Marge, ou ses aventures avec Cho Chang, ou encore d'autres choses tout aussi gênantes, comme ses nombreuses ballades nocturnes dans le château où il avait appris bien plus qu'il n'aurait du. Mais en prenant un peu de recul, il savait que celui qui utilisait le legilimens ne voyait que très peu d'images parmi celles qui traversaient l'esprit de Harry, et qu'il en comprenait encore moins. Des cours avec Dumbledore, alors pourquoi pas ? Ce sera mieux qu'avec Rogue, ça c'était certain.

Et puis ses pensées quittèrent le domaine de l'Occlumencie pour se diriger vers ses étranges rêves qu'il faisait depuis le début du mois. Chaque nuit son périple dans la forêt l'emmenait plus profondément dans l'obscurité. Si bien que quand il avait quitté la forêt pour entrer dans une caverne creusée à flanc de montagne, il avait mis plusieurs nuits à s'en apercevoir. La caverne était aussi sombre que la forêt, elle était aussi haute que lui et formait un boyau rond qui serpentait dans la montagne. Et cette nuit, qu'avait-il vu de plus ? Il ne se souvenait pas bien, il revoyait le même couloir, mais rien de plus. Au moins, même s'il ne comprenait pas ce que cela pouvait signifier, il ne se mettait plus à espionner Voldemort, c'était déjà un fait. Remarque, vu qu'il ne voyait plus Voldemort dans ses rêves, il n'aurait peut-être plus besoin de cours d'Occlumencie ? Qui sait, tout peut arriver, même de bonnes nouvelles...

C'est justement ce à quoi il pensait ce matin. De bonnes nouvelles, ça faisait longtemps qu'il n'en avait pas eu. Enfin il pensait surtout à une nouvelle qu'il attendait lui et les cinquième année depuis un mois : les résultats des BUSES. Malgré les quelques matières où il savait avoir buté, il pensait vraiment avoir obtenu la majorité de ses BUSES. D'ailleurs, alors qu'il n'en avait jamais vraiment discuté avec Ron, ils abordèrent le sujet en même temps :

« Quand est-ce que vont arriver ses foutus résultats ? » se demandèrent-ils l'un à l'autre.

« Ca fait plus d'un mois qu'on les a passé. » ajouta Ron. « Je vais finir par penser qu'ils ont perdu les copies. »

« Ou alors qu'on a des notes tellement basses qu'ils ont honte de nous les donner. » proposa Harry.

« Je préfère croire qu'on a des notes tellement bonnes qu'ils ne savent pas dans quelle année nous mettre, 6ème ou 7ème ? » continua Ron avec une tête de vainqueur et le sourire au lèvres.

Harry pouffa de rire.

« Ne te dis pas sinon tu vas finir par le croire, et c'est le meilleur moyen d'être déçu. Je préfère ma méthode. »

« Tu n'es qu'un défaitiste Harry. » fit Ron avec un air supérieur. « Nous les Weasley ne croyons pas à l'échec. » Sur ce Ron se reçut un coussin en pleine face ce qui le fit éclater de rire. Et Harry fit de même tout en renvoyant un second coussin. Et c'est comme ça que la discussion se transforma en bataille d'oreiller, qui dura un bon moment, en fait jusqu'à ce que les plumes sortant des oreillers aient envahi l'atmosphère de la chambre.

Un peu plus tard, quand ils se furent calmé...

« Hé Ron, il sort quand le nouveau balai ? »

« Nouveau balai ? »

« Ben oui, après l'éclair de feu, il devrait bientôt y avoir une nouvelle série, non ? »

« Heu, j'en sais rien, ça fait longtemps que j'ai pas acheté de magazine, et dans la gazette du Sorcier, tu parles, ils ont d'autres Kneazles à fouetter. »

« J'aimerai bien aller faire un tour au Chemin de Traverse, mais je suppose que ça ne va pas être possible. »

« Tu supposes bien à mon avis. Quoique on peut toujours demander, on nous laisse bien aller en forêt, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas faire nos courses nous-mêmes. »

« On ne les avait pas faites l'année dernière déjà. »

« Vrai. »

Blanc.

« Tu entends ? » demanda soudainement Harry en se redressant.

« Quoi ? »

« Il y a quelque chose qui gémit là-bas. » murmura Harry en pointant le doigt vers la forêt. « Là, tu ne vois pas, il y a quelqu'un ! »

« Je n'entends ni ne vois rien, tu es sûr que ce n'est pas une ombre ? »

« Tu as déjà entendu une ombre pleurer toi ? » se moqua légèrement Harry. « Je veux aller voir. »

Harry avait déjà passé la porte de la chambre quand Ron lui cria de l'attendre.

Harry sortit en trombe de la maison et marcha d'un pas vif vers la forêt. Il entendait les pleurs de plus en plus proches et quelques mètres après avoir contourner les premiers arbres, il la réaperçut. Ron le rejoignit au moment où Harry se dirigeait vers elle. C'était une jeune fille, très maigre, elle était assise contre le tronc d'un arbre, les genoux repliés jusqu'au menton, les bras autour des genoux et les maintenant serrés de toutes ses forces. La jeune fille, qui semblait néanmoins adulte, avait le visage enfoui dans ses bras, et elle tremblait de tout son corps, bien que la chaleur ambiante fut tout à fait confortable. Le corps secoué de sanglots, elle pleurait doucement, et ses larmes glissaient sur ses cuisses à moitié découvertes. Elle n'avait presque rien sur elle. Elle avait du porter auparavant une robe de sorcière, démodée d'ailleurs, mais il n'en restait quasiment rien de même que le pantalon qu'elle portait en dessous était déchiré en plusieurs endroit, voir même en lambeaux. Accroché à son cou, et pendant lourdement au bout d'une chaîne noire, Harry vit un énorme pendentif, gros comme son poing. Il s'accroupit d'abord à côté d'elle et lui demanda doucement :

« Vous avez besoin d'aide ? » Il se sentait d'ailleurs parfaitement ridicule à demander ça, mais c'était la première chose qui lui était monté au cerveau.

La jeune fille s'arrêta immédiatement de pleurer et releva lentement la tête vers lui. Ses yeux rougies par les larmes était couleur d'ambre, et elle le fixa plusieurs secondes avant d'esquisser un faible sourire. Sans un mot ni sans le quitter des yeux, la jeune fille tendit une main froide et tremblante vers le cou de Harry. Celui-ci ne recula pas et resta immobile. Quand sa main rencontra le cou de Harry, les deux ressentirent une étrange sensation dans leur poitrine, vraiment très étrange, comme s'ils se connaissaient déjà mais sans jamais s'être avoir vu, un peu la même sensation que de retrouver un membre de sa famille. Et cette fille qui le regardait si tristement ! Il prit sa main qui était restée sur son cou et la serra.

La fille accepta ce bref échange de chaleur puis retira sa main. A la place elle enleva la chaîne et son pendentif qui étaient accrochés à son cou et déposa le tout dans la main encore tendue de Harry. De son regard le plus suppliant, elle lui murmura :

« C'est ton tour maintenant, il est à toi. »

Harry se rappelait parfaitement cette scène, elle ne s'était passé qu'il y a quelques heures, et il n'avait cessé d'y penser le reste de l'après-midi. Ces yeux ambrés, si perçant, il s'en souviendrait toujours. Et c'est à ce moment qu'il se rappela son rêve de la nuit précédente, oui maintenant il s'en souvenait. A la suite du long couloir dans la grotte, il avait fini par arriver dans une grande salle. Au centre, éclairée par une faible lueur grisâtre, il avait aperçu une forme allongée sur le sol. La forme le regardait, et ses deux yeux jaunes luisaient dans le noir.

Harry mit le pendentif de sa poche et demanda à la jeune fille d'attendre là. Visiblement, elle n'avait de toute façon pas l'intention de partir, et son état ne semblait pas le lui permettre. Harry se remit debout et dit à Ron :

« Il faut trouver de l'aide, la personne qui nous surveille d'habitude serait le mieux, cette fille a besoin de soins. »

« Allons voir ma mère, elle doit savoir où les trouver. »

Les deux garçons coururent vers la cuisine d'où s'échappaient d'appétissantes odeurs de nourriture. Molly était en train de touiller une sauce sur le feu, et en même temps elle discutait avec une personne assise près de la table à manger. Quand Harry déboula dans la pièce, il sursauta en découvrant cette personne, exactement celle qu'il cherchait, bien qu'il y eut mieux, c'était Mondigus Fletcher. C'était plutôt surprenant de le trouver là, non pas que Harry ait cru qu'il avait été viré de son boulot de « garde du corps », mais plutôt qu'il aurait dû les avoir suivi lui et Ron quand ils allaient vers la forêt. Mais cela ne semblait pas l'avoir inquiété, il ne s'était clairement même pas rendu compte de leur sortie.

Harry s'exclama :

« Monsieur Fletcher, venez vite ! Quelqu'un a besoin d'être emmené à l'hôpital ! »

« L'hôpital ? Je ne vois personne en état d'aller à Sainte-Mangouste. »

« Nous si ! » répondirent en chœur Harry et Ron.

« Bon bon, j'arrive. » Et il se leva en saluant Molly qui les regardait avec inquiétude. Elle voulut les suivre mais Mondigus lui signifia d'un signe de la main que cela était inutile.

Le petit groupe retourna alors vers la forêt où ils retrouvèrent la fille, allongée contre l'arbre.

Elle paraissait à nouveau apeurée et s'était remise à trembler comme une feuille. Mondigus fit apparaître une couverture et en couvrit la jeune fille. Apparemment, même s'il n'était pas très bon en surveillance, il savait y faire avec les blessés. Il murmura de son ton le plus doux :

« Comment vous appelez-vous ? »

Elle ne répondit pas et se contenta de le regarder.

« Pouvez-vous vous lever ? »

Elle hocha la tête négativement.

« Très bien, je vais l'emmener à Sainte-Mangouste moi-même. » dit-il en s'adressant aux garçons. « Vous, vous retournez à la maison et vous y restez jusqu'à ce que je revienne, compris ? »

Harry aurait voulu rester auprès d'elle mais il n'avait réellement aucun argument plausible pour demander ça. Alors il recula puis retourna lentement vers le Terrier.

En sortant de la forêt, il jeta un dernier coup d'œil vers la forêt, et il vit Mondigus Fletcher, installer la fille sur une civière, puis il sortit quelque chose de sa poche, toucha la civière d'une main, puis tous les deux disparurent.

En rentrant, Harry et Ron examinèrent plus précisément le mystérieux pendentif. Totalement asymétrique, cela ne ressemblait à rien de connu, plus à un caillou récupéré par terre qu'à une pierre taillée. Et pourtant ce caillou avait une forme assez intriguante. A première vue, il ressemblait à une pierre gris clair et ronde sur a peu près une moitié. La partie ronde était parsemée de minuscule creux et bosses, comme de petits cratères. En sa moitié la pierre était comme cassée en deux, et de son centre se dirigeaient vers le ciel de gros cristaux gris, légèrement plus long que le rayon de la boule. Evidemment ces cristaux ne peuvent se diriger vers le ciel que si l'on pose la partie ronde face contre terre. En gros, ce n'était pas particulièrement beau, et la chaîne noire qui y était attachée avait plus une fonction solide qu'esthétique. Ne voyant pas qu'en faire, Harry la plaça dans une des chaussettes que lui avait offert Dobby et la rangea dans sa malle en attendant.

Et voilà, c'était tout ce qu'il s'était passé pendant ces trois semaines de vacances. Mondigus n'était pas revenu ce soir, et apparemment personne ne l'avait remplacé non plus, ce qui était bien étrange, mais ne dérangeait aucunement Harry, un peu de liberté ne faisait pas de mal. C'est pour cela qu'au soir, dès que Ron et lui s'étaient quitté pour dormir chacun de leur côté, Harry était sorti par la fenêtre peu après pour prendre l'air, seul.

C'est toujours allongé sur le petit muret qui borde la maison, les mains croisées derrière la tête, qu'il vit la lune apparaître derrière les collines. La pleine lune... Et une vague de nausée l'envahit au même instant.

Fin du chapitre 8

Note : ouf, terminé. J'ai définitivement repris l'écriture, et j'ai même trouvé de nouveaux éléments pour renforcer le scénario, ça a commencé dès ce chapitre. J'espère que ça vous a plu, j'ai mis du temps à l'écrire, mais je pense qu'il est pas mal du tout. N'oubliez pas de me dire ce que vous en avez pensé !

Note2 ( deux jours après la note 1) : désolé qu'il paraisse si tard ce soir, mais j'ai eu quelques soucis ces deux derniers jours, et ça m'a bloqué dans ma relecture. Enfin le principal c'est qu'il soit finalement publié.