Auteur : Epayss
Titre : Les loups se cachent pour mourir
Date : 2004-11-18
Note : merci aux reviewveurs pour les messages, ça fait vraiment plaisir !
Cauchemar, ou… réalité ?
La pleine lune s'était levée dans le ciel et au même instant Harry était tombé de son support, les mains tordant son ventre et une effroyable envie de vomir le submergeant. Il pouvait sentir sur lui les rayons brûlants de la lune qui frappaient sa nuque dénudée. Et un picotement intense parcourait tous ses membres, comme si des fourmis avaient envahi tout son corps. Il se retint de crier à grand mal et se contenta d'essayer de se relever. En tentant cet effort surhumain, et ayant agrippé le bord du muret pour s'aider, il sentit son visage se réchauffer comme atteint d'une fièvre soudaine, et très vite des gouttes de sueur perlèrent sur son front.
Harry parvint à se redresser, tâchant d'oublier le fourmillement incessant qui le démangeait. Il leva instinctivement les yeux vers la lune. Il en eut les yeux comme brûlés par cette lumière si blanche et aveuglante. Il baissa immédiatement son regard vers le sol, mais peu à peu il sentit sa vision s'assombrir malgré l'éclat grandissant de la sphère dans le ciel. Il vit le sol s'éloigner, puis les couleurs s'estompèrent, les formes devinrent floues, et puis ce fut le noir total. Mais Harry était parfaitement conscient de ce qu'il ressentait, il ne s'était pas évanoui, il pouvait d'ailleurs très bien entendre les bruits qui venaient de la forêt, il pouvait sentir sous ses doigts la pierre froide du muret, seul élément qui arrivait à lui montrer qu'il était encore debout. Et il se tenait fermement à ce muret, sans quoi il serait tombé par terre depuis longtemps. Tout équilibre avait disparu en lui. Mais la situation empira quand le son s'éteignit de lui-même. Les bruits de la nuit, le souffle du vent, tout s'atténua et fut remplacé par un son uniforme, plutôt aigu, une note soutenue qui seule faisait vibrer ses tympans. Harry sentit des gouttes de sueur couler le long de ses joues comme des larmes, il sentit sa main se crisper sur les pierres comme s'il cherchait à les réduire en poussière.
Il se sentit se refroidir alors que le vent lui caressait le visage de sa fraîcheur nocturne.
Harry plia les genoux, doucement, et s'assit par terre, tremblant de tous ses membres. Un certain temps qui lui semblait être des heures passa, et petit à petit Harry retrouva la vue et l'ouïe. Et c'est quand il les eut récupérés qu'il s'aperçut que ces deux sens avaient changé. Il voyait beaucoup mieux, la pleine lune éclairait les alentours comme un pâle soleil, et si les arbres lui paraissaient plongés dans l'ombre il y a quelques minutes, à présent il pouvait distinguer chacun d'eux. Seules les couleurs étaient devenues bien fades. Et c'était sans compter les sons que Harry percevait à la puissance 10.
Il n'eut pas beaucoup le temps de profiter de ces nouveaux sens car aussitôt après leur recouvrement il sentit son ventre se contracter et ses os se casser en mille morceaux. La douleur monta jusqu'à son cerveau où il eut l'impression qu'on le brûlait avec un tison de feu.
Il serra les dents du mieux qu'il put pour s'empêcher de crier. Il ne voulait surtout pas qu'on le remarque dans cet état. A quatre pattes sur le sol, Harry sentit des larmes de douleur couler de ses yeux et tomber sur l'herbe fraîche.
Harry gardait les yeux ouverts tâchant d'oublier la douleur en occupant son attention ailleurs. Malheureusement regarder ses mains se transformer ne pouvaient détourner son attention de ce qu'il se passait en lui. Ses doigts rapetissaient à vue d'œil et il vit pointer sur ses phalanges des esquisses de griffes. Des poils recouvrèrent sa peau nue et Harry vit sa tête se surélever par rapport au sol tandis que ses jambes s'allongeaient douloureusement pour devenir des pattes longues et frêles. Harry n'y tint plus, il ouvrit la bouche qui s'était démesurément allongée et voulut pousser un cri. Mais tout ce qu'il obtint fut un gargouillis à peine audible. Il voulut parler mais tout ce qu'il pouvait reproduire étaient des sons gutturaux, grognements sans aucun sens. Sa gueule se garnit de crocs et il sentit des oreilles mobiles se dresser sur sa tête. Très vite, dans un dernier éclair de conscience humaine, Harry pensa à ces vêtements qu'il portait. Il se transformait à l'intérieur d'eux, ce qui voulait dire qu'il fallait qu'il s'en débarrasse tant qu'il en était encore temps. Alors que Harry possédait encore une morphologie à moitié humaine, il put se déshabiller, non sans mal, car sa colonne vertébrale modifiée l'empêchait de se tenir à la verticale. Mais avant que la folie prenne le dessus sur lui, il parvint à se féliciter mentalement d'avoir penser à retirer ses vêtements, et ce fut le dernier souvenir de sa pensée humaine. La queue touffue du loup lui poussa bientôt, et dès lors son corps de loup parvint à trouver son équilibre et il put se déplacer sans difficulté sur ses quatre nouvelles pattes.
Le loup leva la tête vers le ciel, le museau pointé sur la Lune. Il voulait la rejoindre. Alors il se mit à courir, sans penser à l'endroit vers lequel il pouvait bien se diriger, il mit son corps en mouvement et habité d'une folie encore douce il courut et s'enfonça dans la forêt la plus proche. Toujours gardant en face de lui l'éclat lumineux de la Lune, il se dirigea avec rapidité vers un monticule qui pourrait l'en rapprocher, quitte à traverser la moitié de l'Angleterre pour se faire. La douleur avait cessé, et son esprit de lycanthrope prit même un certain plaisir à courir ainsi dans l'obscurité, à filer comme le vent entre les arbres, ses quatre pattes se coordonnant parfaitement pour augmenter toujours plus sa vitesse. Enfin il vit devant lui une clairière surélevée – le terrain de Quidditch des Weasley – et il s'arrêta. Depuis si longtemps qu'il avait envie de faire ça… Assis tout en haut de la butte, le regard braquer sur la Lune, il rejeta la tête en arrière et hurla. Ses cordes vocales de loup vibrèrent avec une telle intensité que le hurlement fit tressaillir tous les êtres vivants se trouvant dans un rayon de 10 kilomètres…
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« ZZzzzzZZZ »
« Aaaahhhh ! »
« Hein ? »
« Mais qu'est-ce que c'est que ce foutoir ! »
Harry se réveilla en sursaut par un cri d'une origine inconnue. Il tendit l'oreille pour en apprendre plus mais n'eut pas à attendre longtemps avant que ne resurgisse la voix de Mme Weasley.
« Mais qui a mis le salon dans un état pareil ? Si j'apprends que c'est notre saleté de goule elle va passer un mauvais quart d'heure ! »
L'esprit totalement embrumé et un mal de tête incroyable eut raison de Harry qui ne chercha pas à comprendre ce qui avait bien pu se passer et reposa la tête sur l'oreiller. Tout ce qu'il souhaitait était de dormir à nouveau, malgré les rayons de soleil qui filtraient à travers les rideaux. Et ce n'était pas ses nombreuses courbatures qui allaient l'en empêcher. D'ailleurs avant de se rendormir il n'avait même pas remarquer qu'il était tout habillé dans son lit…
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Trois heures plus tard…toc toc toc…
Silence.
toc toc toc...
…
TOC TOC TOC !
« Quoi ? » répondit la voix largement ensommeillée de notre sorcier aux cheveux noirs.
« Harry, lève-toi, il est tard ! »
« Non je suis fatigué… »
« Mais il est presque 11h ! »
« Il est pas très tard, laisse-moi dormir… » fit Harry en rabattant les couvertures sur sa tête.
« Bon je repasserai plus tard. »
Oui, c'est ça. C'est ce qu'aurait voulu dire Harry s'il ne s'était pas déjà endormi.
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Deux heures plus tard…Harry ouvrit les yeux ( enfin ! ) et se mit debout. Il se sentait complètement dans les vapes, son mal de crâne le lançait comme s'il avait passé la nuit à se bousiller les tympans à une de ces fêtes de Moldus. Il mit ses pantoufles et traîna ses pieds jusqu'à la porte. Au moment où il l'ouvrit, une furie rousse se jeta sur lui.
« Oups, Harry, j' t'avais pas vu. Je venais te réveiller, on va bientôt manger ! … Ouh là, tu n'as pas l'air en forme, passé une mauvaise nuit ? »
« J'en sais rien, je devais être fatigué. » articula-t-il du mieux qu'il put avec ses muscles tout engourdis par le sommeil.
« Descend vite, Maman a préparé de la soupe froide, c'est délicieux ! »
Et Ginny redescendit comme elle était venue, en courant. Harry, lui, aurait préféré plutôt une douche froide, mais bon, tant qu'il pouvait trouver quelque chose pour lui rafraîchir les idées, c'était déjà ça. Il descendit les escaliers et arrivé en bas, ne remarqua le meuble en plein milieu du passage que lorsqu'il fut rentré dedans. BAM ! Et voilà pour le genou, il allait avoir un nouveau bleu.
En relevant les yeux il s'aperçut que tout était dérangé, du moins le salon, comme si on y faisait un grand ménage de printemps, en plein été cependant.
« Ah, enfin debout ! » s'exclama une voix dans son dos. Immédiatement après il reçut une grande tape amicale. Harry se retourna pour faire face à Ron.
« Comment tu as fait pour dormir aussi longtemps cette nuit ? Tu voulais essayer de rattraper toutes les nuits que tu avais de retard par rapport à l'année dernière ? »
« Non non » baragouina Harry. « Simplement fatigué, j'ai mal à la tête d'ailleurs, tu n'as pas de l'aspirine ? »
« De l'aspi quoi ? »
« Oh, un truc contre les maux de tête, c'est ce que les Moldus prennent. J'ai l'impression d'avoir une enclume à la place du cerveau. »
« Hum, attend, oui je crois qu'on a un truc dans le même genre, c'est une potion faite pour tous les petits maux divers, ça doit aller pour la tête aussi. Viens ! »
Harry suivit Ron à travers le salon vers la salle de bain. En marchant, ou plutôt zigzagant entre les meubles, Harry demanda :
« Qu'est-ce qu'il s'est passé ici, pourquoi tout est déplacé ? »
« Ah, on sait pas trop, Maman a retrouvé le salon dans un sale état, il y avait des objets brisés sur le sol, la table était par terre avec un pied en moins, la vitre d'une fenêtre cassée, bref, c'était un vrai capharnaüm. »
« Un cambriolage ? »
« Rien ne manque et c'est seulement arrivé dans le salon. Maman a pensé que c'était peut-être notre vieille goule qui avait fait des siennes, mais je crois que non. »
Harry regarda la pièce sous toutes ses coutures, comme s'il la voyait pour la première fois. Il se souvenait du désordre comme d'un fond de mémoire enfoui pendant la nuit. Il se souvenait de cette pièce, au beau milieu de la nuit, dans laquelle il avait pénétré de force en bondissant. En bondissant ? Comment aurait-il pu « bondir » ? Qu'avait-il fait cette nuit ? Son mal de tête s'accrut alors qu'il se mettait à réfléchir sur ses activités nocturnes.
Il se souvenait… de s'être assis derrière le vieux canapé et d'avoir attendu… Il ne pouvait plus tenir sur ses pattes, ses muscles le brûlaient pour avoir trop couru. Il avait pris sa tête entre ses pattes griffues et était resté là, tandis que la transformation revenait en sens inverse. Dès qu'il avait sentit qu'il pouvait se dresser debout, il l'avait fait, et marchant sur des pattes encore arquées, il s'était approché d'un miroir qu'il n'avait semblait-il jamais remarqué. Il s'était regardé… et avait vu deux yeux jaunes entourés d'un masque noir. Il avait alors pris peur et avait voulu tout casser, avant de repartir au-dehors. Plus tard, quand il était redevenu entièrement maître de lui, il avait récupéré ses vêtements et était remonté dans sa chambre par la fenêtre. Personne n'avait rien remarqué. Et Harry était tombé d'épuisement sur son lit.
« Harry ? »
L'intéressé releva la tête.
« Ca va ? » demanda Ron. « Tu n'as pas l'air bien réveillé. »
« Oui oui ça va, je pensais à des trucs. »
« Tu es sur la bonne voie alors, si tu te mets à penser c'est déjà bien. » Et son ami éclata de rire.
Mais Harry n'avait pas beaucoup le cœur à rire. Il était exténué sans vraiment s'en rendre compte, il avait mal partout, chaque mouvement qu'il faisait rendait ses muscles douloureux, mais le pire, c'était qu'il était en train de se rendre compte qu'il était devenu un loup-garou pendant la nuit. Et désormais, le doute n'était plus possible, il avait bien été mordu par le loup-garou l'autre nuit, et désormais il était un danger pour tout le monde. Tiens, étrange que la situation s'inverse comme cela. Avant on le protégeait des autres, maintenant ce sont les autres qui vont devoir se protéger de lui. Mais comment se fait-il qu'à l'hôpital personne ne l'ait su ? Harry fronça à nouveau les sourcils alors qu'il suivait toujours Ron vers la pharmacie de la maison ( hé oui le chemin est long ). Les résultats étaient pourtant négatifs, et les guérisseurs ne se trompent jamais, soit on est un loup soit on n'en est pas. A moins que… non ce n'était pas possible, les résultats pourraient avoir été falsifiés ? Enfin pour l'instant le principal c'était qu'il était devenu un loup-garou et que quel que soit le résultat donné par ce bout de papier il connaissait maintenant la vérité. Et il allait falloir faire avec, et le plus discrètement possible, car pour l'instant, il était absolument hors de question que Harry dise quoi que ce soit à quiconque, pas même à Ron ou Dumbledore. Harry se souvint des années pendant lesquels Lupin étudiait à Poudlard, et ce qu'il faisait les nuits de pleine Lune, il pourrait peut-être faire la même chose, se rendre dans la Cabane Hurlante pendant les nuits, sans que personne ne le sache, et revenir le matin. C'était possible, et après tout, une seule nuit par mois, même aussi terrible et éreintante, cela devrait être faisable. Harry tentait de se rassurer en se disant ça, mais il ne savait pas que la nuit qu'il venait de passer était peut-être la moins douloureuse de toutes celles qu'il allait passer à l'avenir. Il ne savait pas qu'étant un loup-garou très récent, sa soif de morsure et sa folie ne l'habitait pas encore tout à fait.
« Tiens, prends ça. » dit Ron en lui tendant un flacon d'une potion mauve et épaisse. « Une cuillerée, et ça ira mieux. »
« Merci. » murmura Harry.
Fallait-il le dire à Ron ? Fallait-il le dire à quelqu'un ? Non, il ne voulait pas, c'était déjà bien trop difficile à admettre, il ne voulait absolument pas que quelqu'un s'occupe de cette histoire ou le prenne plus en pitié qu'on ne le prenait déjà maintenant. Une fois par mois, il allait devoir se démener pour que sa maladie ne soit pas découverte, juste une fois par mois, ce n'était pas énorme. Mais Harry ne pensait pas, ne se doutait pas des effets secondaires de la transformation, outre la fatigue. En réalité, Harry ne savait pas grand-chose des loups-garous, enfin surtout il ne se rappelait pas du devoir qu'il avait du faire à ce sujet en troisième année. Pendant un instant il se vit en train de questionner Rémus Lupin sur ses transformations, sur ce qu'un loup était susceptible de faire à l'approche de la pleine lune, il se vit s'adresser à lui comme à un frère, lui demandant des conseils pour mieux arriver à maîtriser sa lycanthropie… Mais il raya de suite cette idée de sa tête. Il ne pourrait jamais en parler à quelqu'un, c'était impossible.
Fin du chapitre 9
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Note : alors, vous l'attendiez celui-là hein ? Hé oui je me suis décidée à vous dire la vérité, et à Harry aussi. Enfin il reste encore de nombreuses aventures et découvertes à venir.
