Auteur : Epayss
Titre : Les loups se cachent pour mourir
Date : 2005-05-16
Réponses aux reviews :
Vert : Hmm, le prof de DCFM donnant les cours d'Occlumancie, ce n'est pas très original je sais, mais j'en avais besoin pour un peu plus tard. Sinon cela aurait du passer à la trappe, l'idée de Dumbledore donnant les cours ne me plaisait pas trop.
Note du 1er juin 2005 : j'ai fini d'écrire le chapitre et les réponses aux reviews, et je suis toujours sans titre pour ce chapitre, c'est malin. -- Deux minutes plus tard… Ca y est, trouvé ! Ca a été rapide ;;
Un loup-garou à Poudlard« Concentre-toi Harry. » murmura le professeur Werewail.
Harry était assis en tailleur à même le sol, dans la salle de Défense contre les Forces du Mal, les yeux fermés, s'efforçant de rester calme. C'était sa troisième séance d'Occlumancie, et pour l'instant cela se passait plutôt bien. Son professeur, la semaine d'avant, lui avait jeté quelques sorts de Légilimens de faible puissance, et avec la relaxation que le jeune sorcier avait eue juste avant, presque aucun de ses souvenirs n'étaient apparus dans sa tête. Confiant, il voulait également réussir cette fois-ci, sachant que le professeur augmenterait la puissance du sort lancé à chaque séance. La méthode de Werewail, puisqu'elle fonctionnait, était apparemment bien meilleure que celle de Rogue.
« Légilimens ! » souffla le professeur, assis juste en face de Harry.
Harry ne sentit pas le sort le toucher, mais il eut simplement l'impression d'avoir été coupé du monde extérieur. Pendant quelques secondes, ce fut le noir absolu dans son esprit. Aucun souvenir ne passait à travers le Légilimens pour parvenir à son adversaire. Comme la dernière fois. Harry se surprit même à sourire devant l'inefficacité du sort, et il sentait un peu de fierté réchauffer son corps, preuve qu'avec un bon professeur, il était capable de réaliser n'importe quelle prouesse magique. Cependant cette sensation de bien-être ne dura pas longtemps ; il sentit un léger fourmillement au fond de son crâne, fourmillement qui devint bientôt un mélange de couleurs dissoutes. Harry observa soucieusement ce phénomène, ce qui lui fit perdre un peu de sa concentration. Les couleurs se séparèrent et emplirent tout l'espace de son esprit, se formant bientôt en une image, d'abord floue, puis de plus en plus nette. Une image que Harry ne connaissait que trop bien, et qu'il redoutait de rencontrer dans ses souvenirs, surtout en ce moment précis : une forêt plongée dans la nuit, éclairée seulement par l'éclat de la Pleine Lune. Cette simple image suffisait à faire surgir de ses souvenirs ses pires cauchemars des derniers mois, les transformations, les courses dans la forêt, la morsure. Harry lutta contre cette image immobile qui s'attardait dans son esprit et tenta de la faire disparaître. Mais ce fut peine perdue, car si elle s'effaça rapidement elle laissa sa place aux pensées de peur et d'angoisse qui accompagnaient cette image de lycanthrope. Harry lutta de toutes ses forces pour les faire fuir, pour que son professeur ne les voie pas, mais au contraire elles revenaient toujours plus nombreuses. Harry sentit son cœur s'accélérer, il l'entendait battre si fort qu'il avait l'impression qu'un son de tambour lui martelait la tête. Jusqu'à ce que tout s'arrête, soudainement.
Harry ouvrit les yeux, et attendit quelques secondes que les vertiges qui faisaient tourner sa tête se dissipent. Il se sentait trembler des pieds à la tête, et respira de grands coups pour que cela passe. Le professeur le regardait avec inquiétude :
« Ca va aller ? »
« Oui. » souffla Harry. Il passa une main sur son visage pour enlever les gouttes de sueur qui perlaient à sa surface.
Werewail se leva et partit vers son bureau chercher quelque chose.
Quand il revint, il tendit à Harry un morceau de chocolat.
« Tiens, mange, ça va te remettre sur pied. »
Harry le prit volontiers et croqua dedans. Il laissa la délicieuse sensation du chocolat envahir tout son corps, détendant ses muscles et apaisant son esprit. Il se demandait cependant ce que le professeur avait pu voir, pour qu'il prenne la décision de lui offrir un remontant.
Pendant que Harry reprenait des forces, le professeur resta debout, le regard tourné vers la fenêtre. Il faisait déjà très sombre.
« On va s'arrêter là. » déclara le professeur.
« Mais on a à peine commencé, je peux continuer. »
« Non non, on arrête là. On reprendra la semaine prochaine. »
Werewail avait l'air troublé par la réaction d'Harry au Légilimens. Il ne fit aucun commentaire sur ce qu'il avait pu voir, mais Harry ne doutait pas qu'il en avait vu beaucoup plus que ce qu'il aurait dû. Cependant il n'osa pas parler de ce sujet, redoutant surtout de savoir ce que le professeur avait pu deviner, et se leva pour sortir de la pièce.
Après un 'au revoir' il quitta la salle et se retrouva dans le couloir. Il alluma l'extrémité de sa baguette et revint vers un large couloir, éclairé par quelques torches. Il savait qu'il risquait d'y rencontrer du monde, mais ayant une autorisation, il ne craignait rien. Il passa devant une fenêtre et jeta un coup d'œil à travers la vitre. Le paysage n'était pas très intéressant, constitué de diverses variantes de la couleur noire sur un fond de ciel noir piqueté d'étoiles brillantes. Sur les plus hautes montagnes, du gris apparaissaient, dévoilant des neiges éternelles. La Lune n'était pas levée, mais il valait mieux ne pas trop traîner. Car c'était pour ce soir. Sa première transformation à Poudlard. Cela le tracassait depuis plusieurs jours déjà. Il avait prévu plusieurs plans pour s'échapper du château sans encombre, aller à la Cabane Hurlante, puis revenir au château au matin, ou en tout cas dès que possible. La cape d'invisibilité était bien entendue indispensable.
Harry se mit à frissonner, il y avait un courant d'air froid qui passait sous le bord de la fenêtre.
Cela lui rappela qu'il n'avait pas sa cape d'hiver sur lui. Il l'avait oublié dans la salle. Vérifiant encore une fois qu'il avait encore du temps avant le levée de la Lune, il fit demi-tour et se dépêcha de retourner dans la salle de Défense contre les Forces du Mal.
La porte était encore entrouverte, la lanterne allumée. Le professeur était à son bureau, penché sur un livre. Harry frappa de petits coups et ouvrit un peu plus la porte. Le professeur leva la tête, passa rapidement quelques pages du volume et demanda :
« Qu'y a-t-il ? »
« J'ai oublié ma cape. »
« Prends-la, je l'ai mise à ta gauche en voyant que tu ne l'avais pas prise. » répondit-il distraitement.
Harry le récupéra, adressa un dernier 'au revoir' puis retourna vers sa salle commune.
Il y retrouva Ron, penché au-dessus d'un parchemin. Hermione, enfoncée dans un fauteuil, un livre sur les genoux, se leva de suite quand Harry entra dans la pièce. Il restait encore quelques élèves à l'intérieur, mais plus pour longtemps.
« Alors c'est pour ce soir ? » murmura Hermione en s'installant à côté de Ron et Harry.
Les deux acquiescèrent, la mine plutôt sombre. Cette ballade nocturne n'enchantait pas particulièrement Harry mais il y était bien forcé.
« Tu y vas quand ? » chuchota Ron.
« Maintenant, il ne faut pas trop tarder, surtout si j'ai des problèmes pour y aller. »
« Tu es sûr que tu ne veux pas que je t'accompagne ? »
« Non ça ira, c'est loin d'être le plus difficile. »
Hermione désapprouva son comportement en secouant imperceptiblement la tête, s'il avait pris la potion il n'aurait pas eu à souffrir.
Harry se leva et alla dans sa chambre. Quelques minutes plus tard, il redescendit, uniquement vêtu de sa cape d'invisibilité, comme la dernière fois. Cependant il avait emporté un sac contenant des vêtements.
La salle commune était vide. Tout se présentait bien. Pour signaler sa présence, Harry découvrit sa tête, flottant dans l'air au-dessus d'un corps invisible.
« Bon, je n'ai plus qu'à te souhaiter bon courage. » fit Ron.
« Bonne chance. » ajouta Hermione, mais restant quand même en retrait.
Harry rabattit la cape sur sa tête et quitta la tour des Gryffondors.
Il descendit jusqu'au rez-de-chaussée aussi vite que le lui permettait des pas silencieux. En haut de l'escalier de marbre du Hall, il parvint à une fenêtre. Il l'ouvrit par un simple sort d'Alohomora et monta sur le rebord. Il était au moins à 10 mètres au-dessus du sol. Un léger sourire aux lèvres, Harry tendit sa baguette vers le sol et jeta un sort. Une colonne translucide surgit alors de terre et monta jusqu'à s'arrêter à son niveau, avec le bruit d'une vague sur le rivage. Large comme un homme, elle semblait constituée de gelée, sa couleur diaphane semblant trembler au souffle du vent. Harry n'avait qu'à sauter dedans en oubliant ses appréhensions quant à faire une chute de 10m. Il savait ce qu'il faisait, il l'avait déjà fait. Le Sorcier se mit debout sur le rebord de la fenêtre, le corps penché en avant. Il prit une grande inspiration et fit un petit bond pour s'infiltrer à l'intérieur même de la colonne. Un grand froid lui coupa alors le souffle alors qu'il se sentait tomber à une vitesse vertigineuse. Sous ses pieds il sentit alors peu à peu une résistance de plus en plus grande, comme si la gelée qui l'entourait devenait de plus en plus solide au fur et à mesure qu'il tombait. Enfin ses pieds touchèrent le sol, avec une grande douceur. Harry s'extirpa de la colonne. Le froid disparut, laissant place au vent plus doux. Heureusement qu'il avait pris soin de se revêtir d'un sortilège de chaleur, sinon il serait déjà gelé.
Sans perdre plus de temps, il fit disparaître son sortilège et courut droit vers le Saule Cogneur. Bien recouvert de sa cape, il passa sans encombre devant lui et se laissa glisser dans le passage secret. Plusieurs minutes plus tard à courir dans le long passage obscur, le chemin du tunnel remonta, suivit une courbe puis rejoignit une ouverture. Harry l'atteignit, hors d'haleine. Il allait certainement se prendre un bon rhume après ça, il se sentait glacé et en sueur, et pourtant rien n'avait encore commencé. Tout était sombre au-dehors, il lui restait encore un peu de temps avant la transformation.
Harry monta à l'étage supérieur, sur ses gardes. Il n'y avait personne, mais le silence oppressant ne le tenait pas tranquille. Il ouvrit la porte de la chambre. La porte balaya des années de poussières accumulées sur le plancher, faisant éternuer Harry à plusieurs reprises.
La chambre n'avait pas changé depuis la dernière fois qu'il était venu. La table avait un pied en moins, une des chaises était renversée au sol. Harry se dirigea vers le lit à baldaquin et se laissa tomber dessus, soulevant des nuages de poussière à son contact.
Sur le mur, pour seule décoration, il y avait un miroir. Terni, fendu et sale, il ne reflétait peut-être plus grand chose maintenant.
Harry resta plusieurs minutes, couché sur lit, attendant son heure. Il regardait vers le plafond, les yeux dans le vague, attentif à tout bruit inhabituel qui pourrait se faire entendre. Il ne saurait pas quand la Lune arriverait, les fenêtres étaient obstruées par des planches, et Harry ne se sentait pas d'attaque pour les retirer.
Ce qu'il essaya de faire néanmoins, se révéla on ne peut plus utile. Pendant le temps qu'il lui restait, il s'assit en tailleur sur le plancher, ferma les yeux, baissa la tête, et se plongea dans un de ses exercices de relaxation qu'il effectuait en cours d'Occlumancie. Attentif à sa respiration, aux battements de son cœur, aux pensées qui traversaient son cerveau, il s'efforça de rester le plus calme possible.
Il ne relâcha pas même sa concentration quand les premières douleurs annonciatrices de la transformation se firent sentir. Sa protection ne dura pas longtemps. Malgré lui ses muscles se tendirent, sa respiration s'accéléra. Il fut bientôt obliger de décroiser ses jambes pour leur permettre de se modifier. Harry essaya en vain de penser à autre chose, il s'imaginait dans le parc de Poudlard, sous un chaud soleil de printemps, couché dans l'herbe, mais ses émotions présentes le rattrapaient aussitôt. Et quelques secondes plus tard, il ne parvint même plus à se contrôler. Tout ce qui comptait pour lui à présent, c'était de se débarrasser de cette douleur lancinante qui lui parcourait tout le corps, il se griffa les jambes, rendu fou par les fourmillements qui les parcouraient. La cape d'invisibilité qui l'avait recouvert quelques instants auparavant glissa sur le sol et fut maintes fois piétinées par les pattes du loup-garou. La transformation cependant sembla durer moins longtemps. Le puissant loup-garou qui prenait la place de son corps d'humain se tint vite sur ses pattes.
La tête débordant de fureur, se sentant oppressé entre les quatre murs de la chambre, le loup fonça dans la porte la tête la première, la faisant battre violemment sur ses gonds. Il dévala l'escalier, mais il ne trouva pas plus d'issue. La porte était condamnée pour éviter toute fuite, et sa folie l'empêchait de retrouver ses souvenirs et de pouvoir s'échapper par le passage secret. Alors, comme sa soif de mordre commençait à le torturer de l'intérieur, il fit comme tout loup-garou solitaire, il abîma son propre corps et se mordit l'avant-bras à plusieurs reprises, hurlant de douleur après chaque morsure.
Le loup remonta l'escalier et s'engouffra dans une seconde salle, contenant un bureau et une vieille armoire. Le là, une petite lucarne au plafond donnait sur le ciel noir de la nuit. La Lune illuminait ce ciel, auréolée par la brume. Il regarda la Lune, comme hypnotisé par cette lueur diabolique qui emprisonnait son esprit. Il hurla longuement, criant toute la douleur qui irradiait de son corps. Puis il s'enfuit, sortit de la pièce, dévala à nouveau l'escalier, fit le tour de chaque pièce, remonta l'escalier, revint dans la chambre qu'il avait occupé au début de la nuit, regarda tout autour de lui, aperçut de petits coins de ciel à travers les planches de la fenêtre. Il crut à un morceau de liberté qui s'offrait à lui. Alors sans plus réfléchir, il sauta vers la fenêtre. Sa tête rencontra les planches de plein fouet, et il s'écroula sur le sol, inanimé. Il fut agité de spasmes quelques instants, puis ne bougea plus du tout.
A quelques centaines de mètres de là, le professeur Werewail se tenait à la fenêtre de sa chambre, les mains croisées dans le dos. Il regardait la lune depuis plusieurs minutes, son cœur battait plus fort à la vue de cette sphère si brillante.
Fin du chapitre 17