Auteur : Epayss
Titre : Les loups se cachent pour mourir
Date : 2005-06-15
Avertissement : PG-13 ( oui c'est la première fois que j'en met un dans cette fic, mais ça vaut le coup )
Note : Pour ceux qui se sont inquiétés de mon absence prolongée, j'ai tout écrit dans ma bio. Encore désolé pour le retard.
Thealie : Harry n'a pas vraiment envie que sa maladie soit connue par trop de monde, même Rémus.
Ona Balbuzard : Le dico ne t'apprendra pas grand-chose à mon avis, même si je m'en suis servi pour fabriquer ce nom .
Amarante : merci pour toutes tes reviewsSurimigirl : c'est corrigé, quand la fic sera terminé je rééditerai chaque chapitre avec les fautes en moins, j'en retrouve régulièrement quand je les relis --.
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Pardonnez-moi
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« Tu es sûr qu'elle n'est pas hantée ? » demanda le plus petit.
« Mais non t'inquiète pas, il n'y a jamais eu personne dans cette baraque. »
« Mais il y a bien une raison pour laquelle on l'appelle la Cabane Hurlante, non ? »
« Tout ça c'est des légendes, allez viens, on ne risque pas de trouver quelqu'un là-bas. »
Celui qui avait prononcé cette phrase marchait dans le long tunnel menant à la Cabane Hurlante. Il était suivi de deux de ses copains, tous étaient en 4ème année. Ils parcouraient le tunnel en file indienne, baguette éclairée en main. Le premier était le plus grand, c'était lui qui avait poussé les autres à l'accompagner le temps d'une nuit dans la Cabane Hurlante. Le second était le plus petit et le compagnon de table du premier, alors il le suivait partout où il allait. Enfin, le troisième, plus râblé que les autres avait toujours eu envie de visiter cette vieille maison interdite d'accès. Ils progressèrent dans le tunnel jusqu'à atteindre le bout. Il soulevèrent la trappe et s'introduirent dans la Cabane. Le silence y était complet et il n'y avait visiblement personne.
« Vous voyez bien qu'elle n'est pas hantée. Allez venez, on va bien s'amuser ici, on est tranquille, personne ne nous dérangera. »
Les deux autres entrèrent en faisant le moins de bruit possible, essayant de ne pas faire craquer le vieux plancher.
« On monte ? Je suis sûr qu'il y a des choses intéressantes là haut. » déclara le plus grand.
Les trois Sorciers montèrent prudemment l'escalier. Le petit, les yeux baissés, gardaient son regard braqué sur des marques sur le sol. Celles-ci montaient et descendaient l'escalier, imprégnées dans la poussière, formant des taches sombres sur le plancher.
« Il y a un chien… » murmura-t-il.
« Quoi ? » demanda le plus costaud en s'arrêtant.
« Il y a des traces de pattes sur le sol, partout. »
« Et alors ? Ca date sûrement de longtemps ces traces. S'il y avait un chien ici on l'aurait déjà vu non ? » expliqua le grand.
« Mais comment peut-il y avoir ces traces s'il n'y a pas d'autres issues que la trappe ? »
« Peut-être que ce chien en a trouvé une, de sortie. Allez, arrête de te poser des questions. »
Ils parvinrent en haut de l'escalier et entrèrent dans la chambre principale. C'était là que les traces étaient les plus nombreuses. La poussière avait été remuée dans tous les sens, et dans cette pièce se trouvaient également d'autres traces, rondes et sombres dans l'obscurité, comme d'un liquide qui aurait été renversé.
« Elle est sympa cette Cabane ! » se réjouit le plus grand. « Je ne comprends pas pourquoi personne n'y va. Bon elle est un peu abîmée mais elle est bien située. S'il n'y avait pas ces planches sur les fenêtres on verrait tout le parc de Poudlard. »
Il s'assit sur le lit, faisant s'envoler un nuage de poussière.
« Bon on fait quoi, maintenant qu'on est là ? » demanda le petit.
« Pourquoi pas une partie de cartes ? » proposa le plus costaud. « On peut déboucher les bouteilles de Bièraubeurre maintenant si vous voulez. »
« D'abord, il nous faudrait un peu plus de lumière quand même, mais sans allumer nos baguettes, c'est trop voyant. Si on pouvait retirer ces planches de la fenêtre ça serait pas mal. » fit le grand. Il descendit du lit et s'approcha de la fenêtre, la baguette en main.
Il réfléchit quelques secondes, puis prononça une formule à voix basse. Un à un, les clous fixant les planches sautèrent de leur emplacement, laissant tomber les bouts de bois sur le plancher avec un bruit sourd.
Avec un second sortilège, il nettoya les carreaux de la fenêtre, laissant passer ainsi un peu plus la lumière des étoiles.
Les trois garçons se placèrent alors sous la fenêtre, dans le carré de lumière offert par les étoiles, et s'y installèrent pour jouer aux cartes. Ils décapsulèrent les bouteilles et se félicitèrent d'avoir investi ce lieu désolé pour pouvoir s'amuser en paix, loin des professeurs et des fantômes trop curieux.
Une demi-heure plus tard, le jeu les avait détendus et plus aucune crainte ne les empêchait de rire aux éclats. Trois bouteilles vides de Bièraubeurre faisaient une pyramide à côté du cercle d'élève. Puis à un moment, la lumière qui illuminait leur plancher de jeu s'intensifia progressivement. Le grand leva les yeux vers la fenêtre et remarqua sans étonnement :
« Tiens, c'est la Pleine Lune. »
Le plus petit leva lui aussi les yeux, mais la vue de la Pleine Lune ne le rassura pas.
« On ferait mieux de partir. » proposa-t-il.
« Quoi, tu as peur de la Lune maintenant ? » se moqua le grand.
« Non, mais il se fait tard. » se reprit le petit.
« Ne me dis pas que tu crois toutes ces histoires de vieilles Sorcières. La Cabane Hurlante n'a jamais été hantée, Pleine Lune ou pas. Allez, continuons la partie. C'est à ton tour d'ailleurs. »
Soudain, un craquement inquiétant venant du rez-de-chaussée se fit entendre. Tous les trois sursautèrent brusquement puis arrêtèrent toute activité, l'oreille aux aguets. Le petit osait à peine respirer de peur d'émettre le moindre bruit. Prudemment, ce dernier prit en main sa baguette magique. Même s'il ne voulait pas montrer qu'il était mort de trouille, la sécurité passait avant tout.
Harry entendit du bruit à l'étage. Il s'avança prudemment dans l'escalier, marchant sur ses quatre pattes, la gueule frôlant le sol, captant chaque odeur à travers son museau effilé. Il y avait du monde dans la Cabane ce soir. Son cœur se mit à battre plus fort, excité par une présence humaine dans son entourage. C'était la première fois qu'il ressentait cette sensation. Il se mettait presque à saliver d'avance. Enfin il pourrait assouvir sa soif de morsure.
Harry avait commencé à se transformer dès la sortie du tunnel, dans la Cabane Hurlante. Il avait mal calculé son coup cette nuit-là et n'avait pas même eu le temps de regagner la chambre. Enfin cela aurait peut-être été pire si les élèves occupant la pièce l'avaient vu se transformer. Toujours est-il que quelque soit le moment où il aurait dû se transformer, il y en a qui allait passer un mauvais quart d'heure, et plus rien d'humain n'empêcherait Harry de se jeter sur le premier venu.
Le loup gravit les marches une à une, lentement, pour ne pas faire craquer le bois. Il n'entendait plus aucun bruit dans la chambre. Il s'avança vers la porte entrouverte, et la poussa d'un coup de museau. La porte tourna sur ses gonds en grinçant. Par l'ouverture, le loup vit trois proies, trois hommes qui fixaient des regards étonnés vers lui.
« Le voilà ton chien. » affirma le plus grand. Il s'avança vers le loup, la main tendu vers lui, comme pour lui caresser la tête, tentant de l'attirer avec des paroles affectueuses.
« Attend, ce n'est pas un chien. » murmura le petit. Au contraire le petit se mit à reculer lentement vers un coin de la chambre, la baguette fermement serrée. « Recule. » conseilla-t-il à son ami.
« Quoi ? Mais ce n'est qu'un gros chien, n'ayez pas peur les gars. »
« N'avance pas ! » s'écria le troisième garçon qui venait de comprendre. « Rappelle-toi le cours de l'année dernière ! Ce n'est pas un chien ! »
Le plus grand s'arrêta alors net. Il regarda craintivement le loup-garou qui se tenait devant lui et n'avait pas bougé qu'il les avait vi. Soudain, ce dernier découvrit ses crocs et grogna sourdement. Le plus grand se dépêcha de reculer vers la fenêtre.
Soudain, en un bond, le loup-garou se rua sur ses proies. Les trois garçons l'évitèrent et se dispersèrent dans la chambre. Le loup se retourna vers eux, les scrutant avec avidité.
« Aoouuuuuuuhh ! » hurla-t-il. Son cri se répercuta dans tous les murs de la Cabane, glaçant le sang de leurs occupants. Le loup bondit à nouveau vers le plus grand des trois. Ce dernier l'évita de justesse, mais cela l'éloigna encore de la porte de sortie. Le loup dans sa course se cogna contre une armoire, ouvrant ses portes d'un coup sec. Puis il fit immédiatement volte-face et réattaqua le même élève, gueule ouverte. Il attrapa le bas de sa robe et la déchira de ses crocs acérés. Le garçon s'enfuit à toutes jambes et se précipita hors de la pièce. Ses amis, qui venaient également de sortir s'empressèrent de refermer la porte et la verrouillèrent. Puis il dévalèrent l'escalier. En arrivant dans le hall d'entrée, ils entendirent un bruit sourd venant de la chambre.
« Ne traînons pas, il est en train de défoncer la porte ! » s'écria le plus grand.
Le loup dans la chambre, rendu fou furieux par la fuite des jeunes Sorciers, se précipita violemment à plusieurs reprises contre la porte. Elle pliait à chacun de ses coups, et ne tarderait pas à céder. Une des attaches au cadre de la porte se brisa. Puis deux. Le loup prit un dernier élan et se jeta encore une fois sur le battant, ce qui eut pour effet de l'abattre, enfin. A peine étourdi par les coups répétés, le loup-garou courut vers l'escalier et parvint en bas au moment où les élèves finissaient de pénétrer dans le passage. Mais la trappe se rabattit devant son nez et un des Sorciers s'empressa de la verrouiller avec un sortilège. Le loup s'arrêta à son niveau et gratta pour dégager l'ouverture, mais rien n'y fit, il ne parvenait pas à agripper la trappe. Il était à nouveau prisonnier et ses victimes lui avaient échappé. Il hurla à nouveau pour exprimer son mécontentement.
Puis il retourna vers la chambre. La porte défoncée gisait dans le couloir, à moitié brisée en deux. Le loup passa par-dessus et regarda vers la fenêtre : elle n'était plus condamnée. Le loup ramassa une planche dans sa gueule, se dressa sur ses pattes de derrière, et assena de puissants coups contre la fenêtre. Les carreaux se brisèrent un à un. Et quelques secondes plus tard, la vieille armature soutenant les carreaux céda également. Harry sentit un souffle de vent glacé passer par l'ouverture. Il envahit la pièce, balayant la poussière et s'infiltrant dans chaque recoin. Le loup entendit un frottement derrière lui. Il se retourna au moment où un paquet de feuilles scintillantes glissait de l'armoire jusqu'au sol, délogées par le courant d'air. Il n'y prêta pas plus attention et sauta sur le rebord de la fenêtre. L'air glacé le revigora tandis qu'il sautait hors de sa prison. La chute fut rude et il roula plusieurs fois sur le sol en pente avant de pouvoir s'arrêter. Maintenant il était libre.
Il se remit sur pied puis repartit. Il se mit à courir sous les rayons brûlants de la Lune, traversa le parc et rejoignit le lac. Il était absolument seul dans la nuit, il n'y avait que lui et le bruit des vaguelettes caressant le rivage. Le loup trempa ses pattes dans l'eau, puis mouilla également son épaisse fourrure. C'était rafraîchissant au début, mais très vite cela devint glacé. Il sortit de l'eau et s'ébroua. Il se sentit trembler de la tête à la queue, frigorifié par son bain nocturne. Mais il n'eut pas l'occasion d'avoir froid très longtemps. Il entendit des voix venant du Saule Cogneur, à une centaine de mètre de lui. Trois formes s'extirpèrent de la base de l'arbre, et se mirent à marcher d'un pas rapide vers le château.
Le loup-garou se mit à marcher silencieusement vers eux, les pattes légèrement pliée pour être moins visible. Quand il arriva à moins de 50 mètres des élèves, il se redressa et annonça sa présence par un puissant grognement. Les Sorciers se retournèrent et sur chacun de leurs visages se dessina une même expression : la peur. Il coururent à toutes jambes vers le château, ce qui attisa l'excitation du loup. Ce dernier bondit en avant et se rua vers ses victimes.
Mais alors qu'il allait presque rattraper les élèves, le loup sentit une étrange présence quelque part derrière lui. Il tourna la tête sur le côté juste au moment où un éclair de lumière rouge l'éblouissait et il se sentit immédiatement projeté sur le côté. Il tomba inconscient alors qu'il glissait dans l'herbe humide sous les rayons de la Lune.
Harry se réveilla sur le grand lit de la Cabane Hurlante. Il faisait nuit noire et tout était absolument silencieux. Il se redressa et prit sa tête entre ses mains. Mais pourquoi avait-il encore l'impression d'être rentré dans un mur ? Il eut la réponse très vite. En regardant autour de lui, tous les évènements de la nuit se rappelèrent à lui, encore flous mais bien présents. L'armoire grande ouverte, avec un paquet de feuilles étalées au sol, la porte fracassée gisant au sol, la fenêtre brisée. Il y avait des morceaux de verres et de bois un peu partout.
Quelle heure est-il ? pensa Harry. Le soleil n'était pas encore levé, mais il y avait ce petit quelque chose dans l'air qui semblait annoncer la fin de la nuit. Peut-être ce manque absolu de bruit et de vent. Une très fine pluie s'était mise à tomber, comme une bruine inaudible. Précautionneusement, Harry sortit de la chambre à tâtons, évitant tout débris, et alla chercher son sac qu'il avait laissé dans l'entrée. Il s'habilla et se réchauffa un peu. Puis il prit sa baguette et remonta à l'étage.
« Bon, ça serait bien que je fasse un peu de ménage avant de partir, ça fait quand même pas très propre ce qu'il s'est passé ici. » se murmura-t-il à lui-même. Les évènements de la nuit lui revenaient très bien en tête maintenant. « Qu'est-ce qu'il va arriver ensuite ? Ceux que j'ai attaqués vont sûrement me dénoncer. Ca ne doit pas recommencer… Mais qu'est-ce qu'ils faisaient là aussi ? »
Au fur et à mesure que son esprit se réveillait venaient à lui un nombre impressionnant de questions. La colère, la tristesse, la peur se mélangeait dans sa tête pour le perdre totalement. Il pensa aux conseils d'Hermione, il pensait à la déception que pourrait éprouver Dumbledore envers lui, il pensait des tas de choses contradictoires, et pourtant il savait qu'il était grand temps de faire un choix…
« Bon, je ne vais pas rester ici de toute façon. Je range un peu, puis je retourne me coucher dans mon lit. Si le dicton est bien vrai, la nuit porte conseil, même chez les Sorciers. »
Il pointa sa baguette vers la fenêtre :
« Fenestre reparo ! »
Un à un les morceaux de verre brisé fusionnèrent entre eux, même ceux qui étaient tombés au-dehors revinrent vers le premier étage, jusqu'à ce que plusieurs carreaux distincts se soient reconstitués. L'armature en fer revint se fixer à sa place, puis les carreaux se réajustèrent à leurs emplacements.
Même chose pour la porte. C'était un sort plus fatiguant, car le bois était un élément plus complexe que le verre, mais il parvint à remettre sur ses gonds la vieille porte. Il s'autorisa une minute de repos puis se pencha sur les feuilles qui traînaient par terre. Elles étaient toutes vierges, uniquement numérotées et marquées de deux initiales : C.P.
Harry n'avait ni le temps ni l'envie de s'y intéresser, alors il les rempila grossièrement puis les remit à leur place dans l'armoire.
Enfin la chambre avait repris une apparence correcte. Il ne restait plus sur le sol que les planches de bois qui avaient servi à obstruer la fenêtre. A contrecœur, Harry les réajusta sur la fenêtre, se plongeant cette fois dans une obscurité totale.
Il récupéra son sac et emprunta le tunnel.
Harry revint sans encombre dans son dortoir. Il se coucha immédiatement et rejoignit le sommeil de ses camarades de classe. La fin de sa nuit ne fut pas non plus de tout repos. Il fit un rêve, le premier dont il se souvenait clairement depuis ses cours d'Occlumancie. Il était dans le parc, marchant seul sous le regard de la Pleine Lune. Sur sa droite, il y avait le Saule Cogneur. De sous son tronc émergèrent trois silhouettes humaines. Un peu plus loin, près du lac, il y avait un loup. Celui-ci courut vers les trois silhouettes et se jeta sur elles. Immédiatement, Harry détourna le regard et se dirigea vers le château. Ses tours étaient aussi sombres que la nuit. Tout se passait dans un grand silence.
Il poussa les portes du château et pénétra dans un hall brillamment éclairé. Là, formant un demi-cercle autour de la porte, remplissant l'escalier de marbre et les paliers supérieurs, se tenaient d'autres élèves. Sans visages reconnaissables, ils étaient des centaines à le regarder entrer. Harry avança et tous les doigts se pointèrent sur lui pour l'accuser. Harry tourna sur lui-même, cherchant une personne connue, mais il était seul au milieu de la foule. Un instant il crut apercevoir Hermione parmi eux, mais ce n'était qu'une illusion.
Harry regarda au sol pour échapper à ces élèves qui tourmentaient son rêve. Il vit du sang par terre. Il regarda ses mains, elles étaient recouvertes de ce même sang. Il souleva les manches de sa robe de Sorcier et vit avec horreur de multiples et profondes entailles dans sa chair. Son cou était également lacéré. Harry chercha du secours. Mais il n'y avait plus personne nulle part. Les élèves de tout Poudlard avaient déserté la place, le laissant réellement seul dans le vaste Hall. Seule la porte de la Grande Salle était ouverte. Harry marcha vers cette pièce, laissant derrière lui une large traînée de sang. Tout au bout de la Grande Salle, il y avait un vieil homme. Harry se rapprocha, il n'arrivait pas à savoir qui c'était. Au fur et à mesure qu'il avançait, il eut l'impression que tout devenait flou autour de lui, comme pour l'empêcher de reconnaître l'homme qui se tenait devant lui. Harry tomba sur les genoux, épuisé. Il perdait trop de sang, et n'arrivait même plus à tenir sur ses jambes. Il regarda vers l'homme, situé à encore une dizaine de mètres. Le flou quitta le visage de l'homme et Harry put le reconnaître, c'était Dumbledore. Il tendit une main désespérée vers lui, mais le grand Sorcier lui tourna le dos. Une phrase s'immisça dans sa tête :
« Il est trop tard… ».
« Non ! » cria Harry.
C'est ce qui le réveilla en sursaut. Harry se redressa dans son lit, en sueur, son cauchemar en tête. Par réflexe, il regarda ses bras, et toucha son cou. Le sang avait disparu, et il n'avait pas de plaies, juste de profondes cicatrices et quelques bleus. Le jeune Sorcier soupira. Il jeta un œil à travers les rideaux de son baldaquin et constata qu'il faisait plein jour. Tous les autres étaient partis en cours.
« J'ai encore beaucoup dormi… » se dit-il. Il étira ses membres fatigués et bailla longuement. Son ventre gargouilla bruyamment.
« Non, ce n'est pas encore le moment de manger. » le réprimanda-t-il.
Il se leva difficilement, puis alla se passer un coup d'eau sur la figure. Les idées un peu plus claires, il revint marcher un peu dans la chambre.
« C'était quoi ce cauchemar ? » pensa-t-il tout haut. Ce n'était pas une prémonition car ce qu'il avait vu était bien trop irréel dans la façon dont cela s'était passé. Mais Harry prit conscience que tout ce dont il avait rêvé pouvait se produire dans le futur et faisait d'ailleurs partie de ses pires craintes. La dernière image, celle de Dumbledore, le marquait particulièrement. Si ce n'était déjà fait, il était fort probable que les trois garçons allaient avertir Dumbledore. Et forcément, on découvrirait que c'était lui le coupable. Peut-être que la meilleure solution, pour amoindrir sa peine, était de se dénoncer soi-même. C'était ce qu'Hermione avait voulu qu'il fasse dès le début, prévenir le directeur avant que n'arrive la faute. A croire qu'elle était capable de Divination…
Il se mit à imaginer Hermione en train de comploter contre lui, cherchant à inciter les trois élèves à se rendre à la Cabane Hurlante une nuit de Pleine Lune pour forcer Harry à se mettre en faute.
« Non c'est absurde ! » pensa-t-il. « Mais… Il faut quand même que j'aille voir Dumbledore. Bon sang, je me suis bien mis dans le pétrin ! Qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui dire ? Bonjour monsieur, je ne vous l'ai pas dit la dernière fois mais je suis un loup-garou ? Non, c'est impossible qu'il le prenne bien. »
Harry continuait de faire les cent pas dans la chambre, réfléchissant à toute vitesse sur la façon dont il allait s'en sortir.
« En plus il n'y a pas que les élèves à savoir ! Cette personne qui m'a… stupéfixé. Elle était dans le parc, mais je ne l'ai pas bien vue. Et elle m'a ramené à la Cabane Hurlante, c'est absolument incompréhensible. J'ai l'impression qu'il y a des choses qui se trament dans mon dos et dont je ne suis pas au courant. » se murmura-t-il avec colère.
Au bout de plusieurs minutes, Harry se résolut à bouger et se dirigea vers la porte. Il n'avait pas décidé de l'endroit où il voulait aller, mais il n'avait pas envie de rester dans cette chambre à se lamenter sur son sort. Au moment où il tirait sur la poignée de la porte, une autre personne située de l'autre côté se mit à la pousser. Surpris, Harry cogna sa tête contre le battant de la porte et poussa un cri de douleur.
« Oups Harry, je suis désolé ça va bien ? » demanda Ron, son sac de cours sur les épaules.
Harry tituba un peu, étourdi par le choc puis reconnut son 'agresseur'.
« Ah c'est toi Ron. »
« Oui. Je suis venu te réveiller, mais je vois que c'est déjà le cas. Je ne t'ai pas fait mal en entrant ? »
« Si, tu m'as défoncé le crâne mais à part ça tout va bien. »
Ron parut bien embêté devant son ami, qui n'avait vraiment pas besoin de blessures supplémentaires.
« Mais ne fais pas cette tête ! » s'exclama soudain Harry. « Je rigolais, la porte m'a à peine touchée ! »
Cela ne rassura pas vraiment le rouquin. Harry perçut une grande inquiétude dans sa façon de se comporter.
« Qu'est-ce qui ne va pas Ron ? »
« Je pense avoir fait une bêtise. Tu sais, les gars de notre classe, ils ont remarqué que tu étais parti toute la nuit la dernière fois et que tu en étais revenu épuisé Ils n'ont pas posé de questions avant hier soir. Quand ils ont vu que tu n'étais pas rentré te coucher cette nuit, ils m'ont demandé où tu étais parti, et bon… tu vois, j'arrive pas trop à mentir et ils se doutaient déjà de pleins de choses à ton sujet, alors… »
« C'est bon j'ai compris. Tu leur as dit que j'étais un loup-garou ? » murmura-t-il.
« Oui. » avoua Ron en baissant la tête. « Enfin ils en étaient déjà presque sûr. » s'empressa-t-il d'ajouter. « Je leur ai fait promettre de ne rien dire à personne bien sûr, mais ça fait trois personnes de plus à le savoir maintenant. »
« T'inquiète pas, ça ne fait rien. »
« Quoi ? » demanda Ron soudainement.
« Non ça ne fait rien, j'ai décidé d'en parler à Dumbledore bientôt. »
« Mais pourquoi ? »
Cette fois ce fut au tour de Harry de baisser la tête.
« Hier soir, il y avait trois élèves dans la Cabane Hurlante. Ils jouaient aux cartes. » expliqua-t-il en baissant la voix, de peur d'être entendu au-delà de la chambre. « J'étais déjà… transformé quand je les ai vus… »
Ron le regardait, les yeux écarquillés, pressentant ce que son ami allait dire.
« Je les ai attaqués. » avoua Harry.
« Tu les as mordus ? » demanda Ron.
« Non je ne crois pas. Je les ai poursuivis même dans le parc, en passant par la fenêtre. Mais… ils ont réussi à s'enfuir. » Harry préféra ne parler à personne du sortilège qu'il avait reçu dans le parc. « Alors voilà, ça serait mieux que j'en parle à quelqu'un avant d'être découvert. Les trois gars que j'ai rencontré vont certainement prévenir un professeur de la présence d'un loup dans le parc. »
« Tu les connaissais ? »
« Non. Absolument pas. »
« C'est pas sûr qu'ils te dénoncent, après tout ils n'avaient pas le droit de se trouver dehors à cette heure-là. »
« Je ne sais pas trop, mais je ne miserai pas là-dessus. Je deviens trop dangereux. »
« … »
Les deux Gryffondors restèrent silencieux quelques secondes, jusqu'à ce que Harry aille ouvrir sa malle et fouiller dedans.
« Tu fais quoi ? » demanda Ron.
« Je cherche mon dossier médical. Je vais en parler à Dumbledore maintenant. »
« Maintenant ? Mais c'est l'heure du déjeuner ! »
« Tant mieux, il n'y aura personne dans les couloirs pour me poser des questions sur mon absence de ce matin. »
« Mais le directeur n'est peut-être pas dans son bureau. »
« Alors j'attendrais devant. Je dois le faire maintenant tant que je suis encore décidé, sinon je crois bien que je n'en aurai plus le courage plus tard. »
Il dénicha son dossier et la copie du test de Lycanthropie et les glissa dans son sac de cours.
« Les profs n'ont rien remarqué ce matin ? » demanda-t-il en se tournant vers son ami.
« Si mais ils n'ont rien dit. Je ne sais pas trop ce qu'ils pensent de tes absences. »
« Ils ne vont pas tarder à le savoir de toute façon. Tous les profs le sauront quand je l'aurai dit à Dumbledore. J'espère au moins que Rogue me fichera la paix. Il est bien capable de faire des allusions devant toute la classe. »
« Il a pas intérêt, sinon… » Et Ron fit mine de lui lancer un sortilège avec une baguette invisible.
« Bon, on se retrouvera tout à l'heure. Je ne sais pas si j'aurai le temps de venir au premier cours, en tout cas je te retrouverai pour le cours d'Astro. » Harry prit son sac et quitta la chambre d'un pas décidé.
Les couloirs étaient bien vides. Pendant tout le trajet Harry ne rencontra que deux élèves qui couraient se rendre à la Grande Salle pour le déjeuner. Lui n'avait plus très faim. Il était trop occupé à réfléchir à ce qu'il allait dire au directeur pour penser à manger.
Il se trouva devant la gargouille, et instinctivement prononça le dernier mot de passe qu'il avait utilisé pour pénétrer dans son bureau, au début de l'année. La gargouille se déplaça immédiatement sur le côté, dévoilant l'escalier en colimaçon. Harry monta jusqu'à la porte, sentant son estomac se nouer plus il s'approchait du bureau.
Enfin, il se trouva devant la porte. Il inspira un grand coup et donna quelques coups sur la porte de bois. Un instant il crut qu'il n'y avait personne dans le bureau et voulut redescendre, mais au bout de quelques secondes la porte s'ouvrit silencieusement.
Harry entra dans la pièce vide. Le directeur arriva bientôt par une autre porte. Dumbledore sembla surpris de le voir ici, surtout à cette heure.
« Bonjour Harry. Si tu étais arrivé quelques secondes plus tard tu m'aurais loupé. » déclara-t-il sur un ton amusé. « Tu ne vas pas déjeuner ? »
« Non, pas tout de suite. Je voudrai vous parler… maintenant. » répondit Harry, la mine sinistre.
Dumbledore regarda son précieux élève d'un air interrogateur. Il remarqua nettement la fatigue qui avait pris place sur son visage, même sa voix avait perdu un peu de couleur. Il devina que Harry n'était pas venu pour parler du beau temps ou de la pluie. Il l'invita alors à s'asseoir tandis que lui-même contournait son bureau pour s'installer dans son fauteuil.
Il se passa un moment avant que quelqu'un ne prenne la parole.
« Tes cours d'Occlumancie ne se passent pas bien ? » demanda Dumbledore, voyant que Harry ne parvenait pas à commencer.
Harry fut un peu surpris par la question.
« Heu, si très bien. Ce n'est pas de çadont je voulais parler. »
Il se passa encore un temps de silence.
« Hum… voilà… C'est à propos de ce qu'il s'est passé cet été… Il y a eu un problème… »
Harry cherchait ses mots sans parvenir à expliquer ses pensées. Dumbledore fronça les sourcils, tentant de comprendre quelque chose.
« Ils se sont trompés à l'hôpital, et heu… je n'ai voulu le dire à personne. »
Sentant qu'il s'embourbait dans des explications sans queue ni tête, Harry ouvrit son sac et en sortit l'original et la copie du test médical, qu'il tendit au directeur.
Celui-ci les parcourut des yeux.
« La bonne feuille est… celle de gauche. » expliqua Harry en remuant sur sa chaise, attendant la réaction de Dumbledore.
« Où l'as-tu obtenue ? » demanda ce dernier en agitant la feuille du test original.
« Je suis retournée à Sainte-Mangouste pour… savoir ce qu'il s'était passé. Je sais que j'aurai du vous le dire plus tôt, mais je… je n'ai pas pu. » s'excusa Harry.
Dumbledore resta un moment silencieux.
« Ce n'est pas à toi de t'excuser. » dit-il enfin. « Nous aurions du mieux te protéger pendant l'été, c'est une erreur de la part de l'Ordre. Tu as réussi à le cacher à tout le monde depuis tout ce temps ? »
« Non, j'ai du le dire à Ron et Hermione pour les protéger, et il y a quelques autres personnes… » expliqua-t-il en restant évasif.
« Est-ce que tu as appris pourquoi les deux tests sont différents ? »
« Non je n'ai pas eu le temps de chercher. »
« Nous pouvons nous en occuper. Si ça ne te dérange pas j'aimerai garder cette copie, elle peut servir. »
« D'accord, de toute façon je n'en ai plus besoin. Et je pourrai… »
« Le professeur Rogue te fournira la potion Tue-Loup, rassures-toi. Plus besoin d'aller dans la Cabane Hurlante. » répondit-il.
« Comment savez-v… »
« Je le devine. » le coupa Dumbledore. J'imagine que c'est le premier endroit auquel tu as pensé aller. »
Harry fut surpris de sa réponse. Il n'avait absolument pas l'air au courant de la chasse qu'il avait fait subir aux trois élèves la nuit d'avant. Et ce n'était certainement pas lui qui allait l'en informer.
Fin du chapitre 19Note de l'auteur : Ouf, enfin terminé. J'ai bien cru que je n'arriverai pas à écrire le discours Harry/Dumbledore. Je pensais qu'il serait beaucoup plus long, mais finalement je n'ai rien trouvé à leur faire dire de plus. Et puis j'ai envie d'avancer un peu.
