Auteur : Epayss
Titre : Les loups se cachent pour mourir
Date : 2005-07-14
Note: allez, un chapitre encore dans la foulée. N'hésitez pas à mettre une petite review en passant .
La potion Tue-Loup
Dans les jours qui suivirent Harry n'entendit pas parler de l'attaque d'un loup-garou. Aucune rumeur parcourant les élèves ne se fit entendre, comme si les trois victimes de l'incident n'avaient absolument rien dit. Et aucun professeur ne lui demanda quoi que ce soit à propos de ces précédentes transformations. Harry sentait bien qu'ils essayaient de faire comme si de rien n'était, alors qu'ils étaient tous au courant. Toutefois il eut droit à un petit traitement de faveur pendant quelques jours, notamment quand le professeur Mac Gonagall le laissa une fois dormir pendant son cours, le lendemain de sa discussion avec Dumbledore. Vu son état de fatigue de toute façon il n'aurait pas pu rester éveillé. Cette indifférence générale n'était d'ailleurs pas désagréable pour Harry. Il n'avait pas vraiment envie qu'on le prenne en pitié. Même Rogue n'avait pas encore fait d'allusion douteuse, ou en tout cas pas encore. Mais Harry redoutait la semaine précédant la prochaine Pleine Lune, pendant laquelle il devrait boire la potion Tue-Loup. Il craignait presque autant de boire cette potion que de devoir se transformer. Il n'avait aucune confiance en Rogue, et cette potion était le prétexte idéal pour ajouter des ingrédients de sa composition – et pourquoi pas du Véritasérum ? Harry frissonna à cette idée et la chassa de sa tête. Ce n'était pas le moment de se remplir la tête de soucis, son cours d'Occlumancie commençait dans une demi-heure, et il lui fallait être le plus calme possible.
Il s'était d'ailleurs nettement amélioré en Occlumancie. Le fait de ne pas détester ce cours y était déjà pour beaucoup, et cela le motivait pour progresser. Il avait déjà l'impression que le Légilimens que lui lançait Werewail était aussi puissant que celui que lui faisait subir Rogue auparavant, et il arrivait à y résister de mieux en mieux.
Malheureusement l'Occlumancie ne parvenait pas à empêcher l'apparition de véritables cauchemars, comme ceux qui commençaient à apparaître depuis quelques jours. Il s'en souvint d'un particulièrement, alors qu'il était en train de marcher dans les froids couloirs de Poudlard : il se revit dans une pièce sombre, le bureau de Rogue. Il y avait un chaudron fumant au-dessus d'un feu, bouillonnant d'un liquide poisseux. Rogue plongea un gobelet dedans pour le remplir de cette potion et le tendit vers Harry, assis sur une chaise. Ensuite le professeur de Potions quitta la pièce et la ferma à clé, le laissant seul. Harry but le liquide brûlant. Il savait que c'était la potion Tue-Loup, alors il n'hésita pas à boire. Il y avait une horloge dans la salle et Harry fixa son regard dessus un certain temps, pendant lequel il vit tourner les aiguilles à grande vitesse. A un moment il leva les yeux et s'aperçut qu'il n'y avait pas de plafond. Il avait une vue directe sur les étoiles, et sur la Pleine Lune qui se levait tout juste face à lui. Mais au lieu de se transformer en un loup inoffensif, Harry resta tel qu'il était, humain. Soudain, il voulut se lever de sa chaise et s'aperçut qu'il y était attaché par des cordes. A cet instant Rogue entra, une feuille à la main et vint s'asseoir juste en face de lui. Bien que Harry ne sut jamais ce qu'il y avait sur cette feuille, dans son rêve il savait pertinemment qu'il allait être soumis à un interrogatoire et la peur de devoir y répondre l'avait alors réveillé.
Harry s'arrêta un instant. A la simple pensée de ce cauchemar son cœur s'était remis à battre plus fort.
« Allez, courage. » se dit-il. « Ce n'est pas encore le moment de la boire de toute façon. Avant ça, j'ai un cours d'Occlumancie. »
Il reprit sa marche et arriva quelques couloirs plus loin devant la porte de la salle de Défense contre les Forces du Mal.
« Bonsoir Harry. » s'exclama Mr Werewail quand il le vit arriver.
« Bonsoir professeur. » répondit-il.
« En forme aujourd'hui ? Ca n'allait pas fort la semaine dernière. »
« Je n'étais pas très concentré. » s'excusa Harry.
« Ce n'est rien. Je comprends… ton état. »
Harry regarda son professeur. Une question lui vint alors à l'esprit.
« Professeur, depuis quand savez-vous ? »
« Pour le loup-garou ? Un petit bout de temps… » répondit-il sans rien ajouter.
« Mais vous n'avez rien dit à personne. »
« Tes affaires sont les tiennes et je n'ai pas à interférer dedans. Si tu n'avais rien dit à personne c'est qu'il y avait une raison. Je n'ai pas pour habitude de dénoncer les gens. »
Harry acquiesça silencieusement. Mais une idée lui trottait dans la tête.
« Si tu n'as plus de questions nous allons commencer le cours. »
Harry s'assit en tailleur sur le sol et vida son esprit.
Werewail leva sa baguette :
« Legilimens ! »
Harry sentit une vague de froid l'envahir au moment où le sort pénétrait dans son esprit. Pendant plusieurs minutes interminables le sortilège tenta de forcer ses barrières mentales que Harry garda bien fermées. Même ses cauchemars ne vinrent pas jouer les trouble-fête et échappèrent à la vigilance de l'adversaire. La peur de dévoiler ses souvenirs les plus profonds l'avait entièrement quitté. Vers la fin quelques souvenirs sans intérêt trouvèrent un passage, mais Harry les chassa avec indifférence. Quand la sensation légèrement oppressante le quitta il ouvrit les yeux. Il se sentait serein. Son professeur souriait.
« Je crois que je n'ai plus grand-chose à t'apprendre. Je suis loin d'être le meilleur Légilimens qui existe mais je pense t'avoir enseigner tout ce que je connaissais en matière d'Occlumancie. »
« Les cours sont terminés ? » demanda Harry avec étonnement.
« Hé bien. Dumbledore t'a confié à moi pour que tu apprennes à maîtriser les bases de l'Occlumancie. C'est chose faite. Libre à toi désormais de renforcer ce que tu as appris avec les exercices que nous avons déjà effectués tant de fois. Et puis je pense que tu ne te plaindras pas d'avoir une soirée libre supplémentaire. »
« Non c'est vrai. » avoua Harry.
« Bien, puisqu'il n'est pas encore trop tard, je vais faire un tour à la bibliothèque pour préparer vos prochains cours. »
« Vous allez à la bibliothèque pour ça ? »
« Evidemment. Je ne connais pas tous les programmes par cœur. Allez, bonne soirée Harry. »
« Bonne soirée monsieur. »
Werewail quitta la salle de Défense contre les Forces du Mal, laissant seul son élève.
Harry jeta un œil vers le haut et regarda machinalement le petit soleil illuminant faiblement les planètes qui l'entouraient. Chaque semaine il voyait maintenant clairement que les positions de chacune d'elles étaient différentes, surtout pour la Lune. Puis il se tourna vers le crâne qui regardait toute la salle avec ses orbites vides. Il regarda plus précisément la forme allongée du museau, la taille des canines, et soudainement, une idée le frappa. Il connaissait la nature de ce crâne. Non ce n'était pas celui d'un loup, car il avait déjà vu des crânes de loup, plus petits, plus fins. Non, celui-ci, avait appartenu à un loup-garou.
La faible lumière émanant de la lanterne tremblota. Harry tourna précipitamment la tête vers la porte laissée ouverte, s'attendant presque à voir son professeur surgir d'un instant à l'autre.
Et si… Werewail avait été un chasseur de loup-garou ? Et si c'était lui qui l'avait stupéfixé la dernière fois ?
Un chasseur de loup-garou…
l
« Ca s'est bien passé ? » demanda Hermione machinalement, plongée dans un devoir de Métamorphose, tandis qu'Harry s'asseyait à côté d'elle et Ron.
« Oui, très bien. C'était mon dernier cours. » leur dit-il.
« Dernier ? » s'étonna Ron.
« Oui, il a dit qu'il n'avait plus rien à m'apprendre. D'ailleurs je crois avoir trouvé ce que ce prof faisait avant de venir à Poudlard. »
Hermione releva la tête, l'air interrogateur.
« A mon avis il ne doit pas y avoir beaucoup de gens qui se plaisent à accrocher des crânes de loup-garou dans leur salle de cours. » expliqua Harry. « M'est avis qu'il a été chasseur de loup-garou. »
Hermione leva les sourcils puis répondit :
« Hmm, ce n'est pas idiot comme idée. Tu as eu de la chance de ne pas t'être fait prendre alors. »
« Hé bien, c'est que, en fait, je me suis fait prendre. » avoua Harry.
« Quoi ? » s'exclama Ron.
« Quand j'ai poursuivi les trois élèves dans le parc, quelqu'un est apparu et m'a stupéfixé. Je me suis réveillé dans la Cabane Hurlante. Je ne sais pas qui c'était mais, c'était peut-être lui. En tout cas il n'a rien laissé paraître quand je l'ai revu ce soir. Mais je me suis dit que, comme il sait certainement que je suis un loup depuis la première Pleine Lune – à cause du cours d'Occlumancie – il a peut-être utilisé ses habilités de chasseur pour m'empêcher de nuire et d'attaquer les élèves. »
« C'est une possibilité. » reconnut Hermione. « Tu peux toujours lui demander… »
« Lui demander ? Si je me trompe j'aurai l'air bien bête devant lui. »
« C'est comme tu veux. » dit-elle en se remettant au travail. « Tiens, au fait, je suis en train de lire un des livres de Werewail en ce moment. C'est sur les pierres magiques utilisées ou non en Potions. Il y a des chances que la tienne se trouve dans ce livre. Je te préviendrai si je l'y trouve. »
« Je te remercie. » souffla Harry.
« Pourquoi ? » demanda Hermione.
« De penser à cette pierre. Je devrai me mettre aux recherches moi aussi mais avec les cours, le Quidditch… »
« C'est rien, ça ne me dérange pas. Mais je n'ai pas vraiment cherché ce livre, on me l'a juste prêté. Si tu veux, aux vacances de Noël je ferai de vraies recherches, si on n'a rien trouvé d'ici là. T'inquiète pas pour ça. Après tout, il est fort probable qu'elle ne serve à rien… tu sais, ça peut être un symbole, une relique appartenant à une riche famille, une pierre décorative… Bon, j'arrête là, je vais me coucher. » termina-t-elle en regardant l'ensemble de son rouleau de parchemin.
Elle rangea ses affaires, leur souhaita une bonne nuit puis monta l'escalier menant au dortoir des filles.
Une autre semaine passa. Les jours devenaient de plus en plus sombres et pluvieux au fur et à mesure que l'hiver approchait. Harry ne vint pas parler à Werewail, il était bien trop occupé par les entraînements de Quidditch qui s'intensifiaient. Un soir, alors que Harry et Ron travaillaient sur un devoir de Potions concernant les filtres d'amour, Ginny entra dans la salle commune et se pencha sur leur table.
« Ca avance ? » demanda-t-elle. « Les filtres d'amour… » lut-elle par-dessus l'épaule de Harry. « Ca marche vraiment ces trucs là ? »
« Il faut croire. » répondit Harry en feuilletant un des énormes volumes qu'ils avaient rapportés de la bibliothèque. « Mais bon ça ne dure pas très longtemps, il faut en boire régulièrement, un peu comme le Polynectar, si j'ai bien compris. »
« Hmm. Harry, j'ai rencontré Rogue dans le couloir. Il voudrait te voir… maintenant. »
« Maintenant ? » Harry regarda son devoir seulement à moitié fini, qu'il devait rendre le lendemain. « Ok, j'y vais. »
Il n'avait pas le choix. Il savait pourquoi Rogue lui demandait de venir. Il savait quel jour on était : 5 jours avant la Pleine Lune de Novembre.
Harry descendit jusqu'aux cachots et s'arrêta devant la porte du bureau de Rogue. Il prit une grande inspiration et frappa.
« Entrez ! »
Harry poussa la porte et pénétra dans le bureau, dont l'atmosphère réchauffée et emplie d'effluves âcres provenait des chaudrons bouillonnant dans la pièce.
« Ah, Potter. Votre camarade vous a transmis le message à ce que je vois. »
« Oui. » répondit Harry froidement.
« Comme le professeur Dumbledore me l'a demandé je vous ai préparé votre potion, il y en a un verre sur la table devant vous. Buvez-la maintenant, elle est plus efficace quand elle est chaude. Vous pourrez venir en reprendre dans la semaine, il m'en reste un plein chaudron. Il est préférable d'en prendre 2 à 3 fois avant la Pleine Lune. » récita-t-il d'une voix monotone, le nez plongé dans des corrections de copies.
« Merci professeur. » répondit Harry. Il prit le verre fumant et le regarda avec un léger dégoût. Ca sentait un peu la terre mouillée et ça avait une couleur sombre peu appétissante. Harry hésita. Rogue releva la tête quand il s'aperçut qu'il était toujours là.
« Potter, si j'avais voulu vous empoisonner sachez que je n'aurai pas attendu de vous donner cette potion pour le faire. »
Ca ne rassura pas vraiment Harry mais il se lança et porta le gobelet à ses lèvres. Il ferma les yeux et le vida d'un trait, tentant d'oublier le goût âcre et amer du liquide. Puis sans mot dire, il quitta le bureau et remonta dans la salle commune pour finir son devoir.
Cinq jours plus tard…Un vent puissant agitait les tribunes du terrain de Quidditch. L'équipe de Gryffondor s'entraînait avec acharnement en prévision du match qui allait se dérouler le lendemain. Il avait été légèrement retardé par les Serpentards qui avaient refusé de jouer par ce temps – en réalité c'était surtout parce qu'un de leurs poursuiveurs était malade. Mais cette fois, quel que soit le temps ils allaient devoir être confrontés à l'équipe des Serpentards.
L'entraînement ne fut pas simple. Katie Bell, leur capitaine pour sa dernière année, avait du mal à se faire entendre au milieu des bourrasques de vent et il y eut plusieurs collisions malencontreuses entre les joueurs. L'Eclair de Feu de Harry était constamment dévié et il peinait à repérer le Vif d'Or, trop concentré à essayer de rester assis sur son balai. De plus, il avait également d'autres choses en tête : il se demandait s'il serait capable de jouer le lendemain. Cette nuit se lèverait la Pleine Lune, et si la potion Tue-Loup ne lui permettait pas de dormir, il savait qu'il ne serait pas au meilleur de sa forme le lendemain. Il sortit de ses pensées quand il entendit Katie lui crier :
« Harry, qu'est-ce que tu fiches ! Attrapes ce Vif d'Or ! »
Harry acquiesça et se remit en chasse de la petite balle dorée. L'équipe dans l'ensemble se débrouillait bien cette année. Ginny avait été admise en tant que Poursuiveuse avec une autre fille de troisième année. Les deux batteurs étaient tous deux des élèves de quatrième année. Aucun d'eux n'avaient autant de maîtrise du Quidditch que leurs prédécesseurs, mais Harry pensait qu'avec encore de l'entraînement ils pourraient devenir de très bons joueurs.
Il aperçut le Vif d'Or juste derrière Ginny et fila à sa rencontre. La balle fut balayée par un coup de vent et se rapprocha des buts. Harry accéléra, sentant le manche de son balai vibrer sous les assauts du vent. Le Vif d'Or ne bougea plus pendant plusieurs secondes. Harry supposa qu'il tentait de se déplacer dans le sens contraire au courant, ce qui le maintenait immobile. L'Attrapeur n'eut alors plus qu'à contourner les buts et le saisit entre ses doigts. Cela signa l'arrêt de l'entraînement. Les joueurs étaient fatigués de devoir lutter contre le mauvais temps et Katie préféra qu'ils prennent du repos pour le match. Ils ne furent pas mécontents de rentrer aux vestiaires.
« Tu vas pouvoir jouer demain ? » demanda Ron à Harry alors qu'ils rentraient tranquillement vers la tour de Gryffondor.
« Je vais faire mon possible. Je vais essayer de dormir cette nuit, et je resterai dans la chambre, ça ne devrait pas vous déranger normalement. Comme les autres garçons le savent, ça ne sert à rien que je me cache. »
« Oui c'est vrai. »
« Mais il faudra que tu me réveilles au matin d'accord ? J'arriverai bien à tenir debout quelques heures le temps que passe le match. Je ne veux pas handicaper l'équipe à cause de ça. »
Au soir, Harry partit se coucher tôt, en raison du lever précoce de la Lune. En l'attendant, il resta couché sur son lit, rideaux fermés, les bras croisés derrière la tête. Ron le rejoint assez vite, suivi peu après par Neville.
« Tu ne sors pas ce soir Harry ? » demanda ce dernier.
« Non pas cette fois, je reste ici. J'ai demandé à prendre la potion Tue-Loup. » répondit Harry.
« Sérieusement, tu vas passer la nuit ici ? »
« Oui. Je dormirai mieux ici que dehors, surtout qu'il y fait un froid glacial. »
« Pas de problème. Tant que tu ne nous mords pas tu peux dormir où tu veux. La Lune se lève quand ? »
« Bientôt. »
Harry ne sentit pas immédiatement quand il commença à se transformer. La douleur était bien plus ténue, bien que la sensation que ses muscles semblaient s'écarteler était toujours désagréable. Il ferma les yeux et attendit que tout soit terminé. Cela ne dura que quelques minutes. Quand il ouvrit les yeux, il possédait un corps de loup-garou. Pour la première fois il était parfaitement conscient de chacune de ses nouvelles capacités, comme le fait de pouvoir remuer sa queue touffue ou de pouvoir se lécher le museau d'un simple coup de langue. Il se demanda si la sensation qu'éprouvait un Animagus était similaire. En dehors du fait que la transformation semblait l'avoir vidé de son énergie, il se sentait tout à fait lucide et il se redressa pour s'asseoir sur le lit. Il tenta d'appeler Ron, ce qui se traduisit par une sorte de jappement maladroit. Mais en l'entendant son ami écarta les rideaux et resta immobile devant sa silhouette de loup.
« Ouahou, Harry. » souffla-t-il. Neville s'approcha et le dévisagea également avec stupeur.
« Si ma grand-mère savait que je passe la nuit avec un loup-garou, elle ne voudrait plus que je revienne. » constata Neville avec un certain amusement.
Soudain il sembla se dessiner un sourire sur le visage du loup.
« Tu nous comprends Harry ? » demanda Ron.
Harry hocha la tête. Les sons étaient déformés, mais comme il gardait un cerveau humain il était à même de comprendre ce qu'on lui disait, sans pouvoir parler lui-même. Le loup sauta par terre et s'étira. Au même moment Seamus et Dean rentrèrent. Ils s'arrêtèrent net devant le loup qui leur faisait face, jusqu'à ce que Seamus jettent un œil par la fenêtre pour voir un petit bout de lune ronde apparaître par l'ouverture.
« C'est toi Harry ? » demanda Dean, légèrement inquiet.
« Oui c'est bien lui. » confirma Ron.
« Trop fort, tu as pris la potion c'est ça ? »
Harry acquiesça de la tête à nouveau. Ron devait le leur avoir dit plus tôt, car il n'avait pas l'air si surpris de voir un loup-garou dans leur dortoir.
« C'est marrant je les voyais plus grand. » constata Seamus. « Ils ressemblent beaucoup plus à des loups que ce que j'imaginais. »
Quand ses amis eurent finis de l'observer, Harry retourna sur son lit. Il était temps de dormir, il s'était promis d'essayer. Il se coucha sur son lit, Ron tira ses rideaux à sa place puis quelques minutes plus tard, il vit la lumière s'éteindre.
Il s'endormit rapidement mais pas pour longtemps. Un hululement de chouette le fit sursauter et le réveilla. Son ouïe bien plus affûtée percevait les bruits à travers la fenêtre comme si la vitre était ouverte. Quand il se fut rassuré que tout allait bien il replongea dans le sommeil, pour être à nouveau réveillé quelques minutes plus tard par le craquement d'un lit. Toute la nuit il oscilla entre sommeil et réveil brusque, ne parvenant pas à se reposer. A un moment, fatigué d'être constamment réveillé, il se leva et vint à la fenêtre. Il se dressa sur ses pattes arrière et observa la pâle lueur de la Lune, camouflée derrière d'épais nuages. Elle n'était pas encore prête à se coucher. Il grogna de mécontentement et regagna son lit. C'est seulement vers 5h du matin que la Lune disparut derrière les collines. Harry venait tout juste de se rendormir, et son corps redevint celui d'un homme sans qu'il ne s'en aperçoive. Mais là encore il n'eut pas droit à un repos bien mérité. Il se réveilla sur son lit, grelottant de froid. A cette heure de la nuit, le château n'était plus chauffé et surtout, Harry était entièrement nu au-dessus de ses couvertures. Il prit tout juste conscience qu'il était gelé et il s'engouffra sous les couvertures, pour retomber immédiatement après dans le sommeil.
Ron dut le secouer un peu pour qu'il émerge enfin du sommeil. Harry trouva ses lunettes et les mit sur son nez pour y voir plus clair.
« Bien dormi ? » demanda le rouquin.
« Non mais ça aurait pu être pire. » bougonna Harry en réprimant un bâillement. « Prêt pour le match ? »
Harry crut le voir blanchir encore plus qu'il ne l'était déjà. Ron ne répondit rien mais n'en pensais pas moins. Il avait certainement l'estomac noué par le trac.
« Allez, t'inquiètes pas, tout va bien aller. Souviens-toi du dernier match, ça te redonneras confiance. » l'encouragea Harry.
Ils se levèrent et descendirent dans la salle commune où une petite foule les attendait pour quelques encouragements et acclamations supplémentaires. Toute cette excitation acheva de réveiller Harry et lui redonna un peu d'énergie. Il espérait que sa mauvaise nuit et la fatigue éprouvée après les deux métamorphoses le quitteraient pendant le match, remplacés par l'adrénaline due au vol sur un balai.
Tous les joueurs de l'équipe se réunirent dans la salle commune et descendirent ensemble dans la Grande Salle, entourés par une masse de Gryffondors jouant le rôle de gardes du corps. Katie n'attendit pas même d'être aux vestiaires pour leur prodiguer moult conseil. Elle était très inquiète du résultat qu'allait donner leur nouvelle équipe, surtout quand elle aperçut Harry fermer les yeux quelques secondes au-dessus de son bol de chocolat, ne semblant pas bien écouter son capitaine. Il reçut en réprimande un coup de coude dans les côtes de la part de Ron et un regard interrogateur de Katie.
« Ca va Harry ? » demanda-t-elle. « Tu n'as pas l'air dans ton assiette. »
« Je suis fatigué, c'est rien. » répondit-il. « Ca va passer quand je serai sur le terrain. »
« Tu as intérêt parce que je compte sur toi. » l'informa Katie pour la 101ème fois.
Lorsque leur groupe se leva pour se rendre aux vestiaires, ils sortirent sous les huées des Serpentards et les acclamations des Gryffondors. Tout ce vacarme se mélangeait pour ne former qu'un bruit informe et assourdissant dans le cerveau épuisé de Harry. Il avait hâte de se retrouver à l'air libre, malgré le vent glacé qui soufflait au-dehors. Au moins il faisait beau, et la brume ne tarderait pas à disparaître.
Au moment de passer le pas de la porte, Harry fut arrêté par l'apparition de Mac Gonagall à ses côtés. Elle l'entraîna un peu à l'écart et lui demanda :
« Ca va aller, Potter ? Il est vraiment malchanceux que vous ayez dû subir une métamorphose la nuit précédant le match… »
« Tout va bien, je m'en sortirai. » assura-t-il.
« Le directeur m'a informé que vous aviez pris la potion, n'est-ce pas ? »
« Oui. Je n'aurai pas pu me lever ce matin si je ne l'avais pas prise. »
« Alors je vous souhaite bon courage. »
« Merci. » répondit Harry d'un ton signifiant qu'il allait en avoir bien besoin.
Toute cette confiance qu'on plaçait en lui sur ce match lui faisait un peu peur. Il n'était pas certain qu'il récupérerait suffisamment de réflexe pour attraper le Vif d'Or, et il ne voulait pas décevoir sa maison à qui il avait habitué la victoire – du moins quand il parvenait à finir le match.
Il rejoint son équipe dans les vestiaires, alors que tous étaient en train de s'équiper. Au-dessus d'eux ils commencèrent à entendre des bruits sourds manifestant l'arrivée des élèves dans les tribunes. Katie avait écoulé son flot de paroles, et se contentait de regarder anxieusement la porte menant au stade, attendant qu'elle s'ouvre, sa main crispée sur son balai. Il apparaissait comme si Harry était le seul à ne pas être stressé du groupe. Il était assis sur un banc, la tête baissée, son front appuyé contre le manche de son balai, comme s'il était en train de… dormir ! Ron le réveilla d'une grande tape dans le dos et Harry se redressa immédiatement, tournant la tête sur les côtés pour découvrir qui l'avait frappé.
Les portes s'ouvrirent juste à ce moment. Katie Bell s'avança en tête, suivit de ses co-équipiers. Au-dessus d'eux et tout autour, une masse d'un côté rouge et or et de l'autre côté verte et argentée criait et sifflait, applaudissait et huait. Mme Bibine les attendait au centre du terrain, sifflet en main.
Les deux capitaines s'échangèrent une poignée de main douloureuse – surtout pour Katie – puis le coup de sifflet partit. Tous les joueurs s'élancèrent dans les airs. Harry monta en flèche, suivi par Malefoy. L'air vivifiant le ranima un peu et l'encouragea à chercher le Vif d'Or. D'un certain point de vue, plus vite il attraperait la petite balle, plus vite il pourrait retourner se coucher. Cette pensée lui redonna plus de vigueur et il se mit à faire des tours autour du stade, jetant parfois un coup d'œil à la situation de l'équipe. Ron ratait à peu près un Souafle sur deux, pareillement au gardien adverse, ce qui fait que leurs scores étaient à peu près à égalité. En une vingtaine de minutes, Gryffondor menait à 40 contre 30. Harry ne vit pas un seul scintillement du Vif d'Or, alors il essaya de repérer Malefoy. Ce n'était pas bien difficile, il était encore derrière lui. Exaspéré, Harry lui lança :
« Pourquoi tu me suis ? Tu espères que je te lancerai le Vif d'Or une fois attrapé ? »
« Arrête de faire le malin où tu risques malencontreusement de faire connaissance avec un Cognard. » se moqua Malefoy.
Harry détourna la tête juste à temps pour voir en effet un Cognard arriver droit sur lui. Il l'évita en effectuant une brusque embardée qui manqua de le faire glisser de son balai. Il se maudit de sa maladresse et reporta son attention sur le match. En bas, il entendit des applaudissements de la part des Serpentards dont l'équipe venait d'égaliser les scores.
Harry descendit un peu vers les buts gardés par Ron. Celui-ci profita d'un petit moment de répit pour lui demander si tout allait bien. Harry répondit en levant le pouce puis contourna les cercles dorés.
Soudain il la vit. En plein milieu du stade, la petite balle zigzaguait entre les joueurs. Harry se précipita vers elle. Malefoy le vit accélérer et fit de même, mais il avait un peu de retard. Harry esquiva de justesse un second Cognard, évita un Poursuiveur de Serpentard venant en sens inverse, remonta de quelques mètres, replongea soudainement, suivant le trajet de la balle dorée à la trace. Il contourna Ginny qui se lançait à l'assaut du Souafle, mais perdit du même coup la trace du Vif d'Or. Avec la concentration de joueurs, il n'était pas évident de le suivre. Il jeta un coup d'œil à Malefoy qui avait sensiblement ralenti et fouillait le stade du regard. Harry remonta de quelques mètres pour avoir une meilleure vue.
Quelques minutes plus tard, la balle dorée réapparut, quasiment au même endroit que la dernière fois. Harry plongea vers elle. Malefoy le rattrapa par la gauche. Mais au lieu de se mettre au niveau de son adversaire, il préféra opter pour une autre technique. Il donna un bon coup de poing à l'Eclair de Feu par-dessous, ce qui eut pour effet de faire chuter Harry de plusieurs mètres avant qu'il ne rattrape la manœuvre. Malefoy put ainsi prendre sa place et se rapprocha du Vif d'Or. Harry surgit de dessous et lui coupa alors brutalement la route. Leurs balais faillirent entrer en collision, mais Malefoy parvint à contourner l'obstacle. Celui-ci s'attendait à trouver le Vif d'Or juste derrière Harry mais à son horreur il avait à nouveau disparu. Tout de suite après il vit Harry le brandir fièrement dans sa main droite, annonçant la fin du match.
Le score s'arrêta à 220 contre 80.
En à peine deux minutes, une foule aux couleurs rouge et or envahit le terrain et portèrent les joueurs en triomphe sur leurs épaules. Harry les laissa les emporter jusqu'au château, soudain pris d'une grande lassitude. Après l'excitation du match, il avait l'impression que ses muscles étaient en train de se relâcher un à un. Et malgré la fête qui les attendait dans la salle commune des Gryffondors, Harry se prit une place dans un fauteuil des plus confortables et s'enfonça dans un sommeil que même le vacarme ambiant ne parvint pas à perturber.
Fin du chapitre 20