Chapitre 3

Enfin prêts, ils se joignirent aux bédouins pour leur repas. Un feu était allumé autour duquel tous les hommes étaient assis.

Mustang prit place à côté du chef de la caravane.

Havoc, Breda, Falman et Fuery s'installèrent à leur tour.

Riza fit le tour du regard du groupe. Aucune femme. Elle les aperçut un peu plus loin, elles aussi autour d'un feu.

Riza se tourna vers son Colonel, ils échangèrent un regard, puis elle dirigea ses pas vers elles.

Mustang la regarda s'éloigner jusqu'à ce qu'elle soit assise parmi les femmes de la caravane. Il n'était pas le seul à le faire. Le chef du clan avait fait de même.

Il se tourna vers Mustang.

« Cette femme est emplie de sagesse.

« Oui.

« Elle est très belle aussi.

« Oui.

« Combien me la vendriez-vous ?

« Elle n'est pas à vendre. »

Mustang n'avait pas perdu son calme ni son ton posé. Il comprenait que le chef ne cherchait pas à l'insulter ni vraiment à « acheter » Riza. En soit, le chef des bédouins venait de faire le plus beau compliment qu'il pouvait faire à Riza.

Le chef en proposant de l'acheter et Roy en lui disant qu'elle n'était pas à vendre, venaient en quelque sorte de dire qu'elle était inestimable.

Le chef sourit.

« Bien mangeons mon ami. »

Riza s'était assise en silence parmi le groupe de femmes. Tout d'abord, elles ne lui adressèrent que des regards curieux.

Puis l'une d'elles lui avait tendu une assiette.

« Merci. »

Riza goutta le plat et sourit. « C'est très bon. »

Les femmes se détendirent et l'une d'elle tendit sa main pour lui toucher ses cheveux.

Riza se dit que ce devait être la première fois qu'elles voyaient des cheveux blonds.

Elle retira sa barrette et laissa tomber ses cheveux dans son dos. Les femmes poussèrent une exclamation de ravissement. Et plusieurs vinrent lui toucher ses cheveux.

Elles éclatèrent de rire. La glace était brisée.

Le repas terminé, malgré ses protestations, elles entraînèrent Riza dans leur tente.

Les hommes venaient de finir de dîner, des narguilés furent sortis et tous prenaient leurs aises autour du feu.

Falman fumait au narguilé en s'entretenant avec deux bédouins, Havoc refusa la pipe qu'on lui tendait mais sortit son propre paquet de cigarettes et en offrit autour de lui. Fuery discutait avec un jeune garçon qui tenait un petit chien dans ses bras. Breda s'était allongé en imitant les hommes autour de lui.

Mustang s'inquiéta de ne plus voir le groupe de femmes. Le chef posa sa main sur son bras en signe d'apaisement.

« Ne t'inquiète pas. Elles vont nous rejoindre d'ici peu. Détends toi. »

Roy s'installa donc confortablement, tout en restant en alerte.

Des hommes allèrent chercher leurs instruments de musique et ce fut le signal pour que les femmes se joignent à eux.

Mustang chercha parmi elles sa subordonnée mais il ne la trouvait pas. Il commença à s'inquiéter et se redressa.

Le chef riait. Mustang le regarda d'un air interrogateur, le chef lui désigna du menton une femme.

Roy suivit la direction indiquée pour découvrir Riza, les pieds nus, habillée d'un pantalon de tissu fin dont la ceinture brodée lui arrivait sous le nombril. La brassière, dont le décolleté était rond et les manches courtes,faite du même tissu lui arrivait juste sous sa poitrine, laissant son ventre découvert. Un voile transparent assorti lui recouvrait la tête et cachait le bas de son visage, ne laissant visibles que le haut de son nez et ses yeux. Ses cheveux étaient détachés et tombaient dans son dos. Des bracelets ornaient ses poignets et ses chevilles faisant de petits tintements à chacun de ses gestes.

Pas étonnant qu'il ne l'ait pas reconnu aux premiers abords.

D'après ce qu'il pouvait voir, elle était plutôt mal à l'aise et ses joues arboraient une vive couleur rouge. A moins que ce ne soit sous l'effet du feu ?

« Je crois que nous allons avoir un beau spectacle ce soir mon ami. Les femmes vont nous divertir. »

Roy se recala confortablement sans quitter des yeux Riza, mais chose étrange pour elle qui était habituée à parler à son Colonel par simple échange de regards, elle semblait vouloir éviter le sien à tout prix ce soir.

Les musiciens avaient pris place et jouaient de leurs instruments. Des femmes se levèrent et se mirent à danser en chantant autour du feu.

Des hommes frappaient dans leurs mains, Havoc, Breda et les autres se joignirent à eux.

Deux danseuses s'approchèrent de Riza et lui prirent les bras pour la faire se lever. Riza protesta.

« Non, je ne veux pas.

« Si viens.

« Je ne sais pas danser.

« Ce n'est pas difficile. Tu dois faire comme nous. »

Elles la tirèrent au centre du cercle et lui montrèrent ce qu'elle devait faire.

D'autres femmes l'encouragèrent.

Morte de honte, elle regarda vers l'endroit où se tenait Mustang, mais il semblait être en conversation avec le chef, il ne lui prêtait aucune attention. Elle jeta un regard vers ses compagnons, mais ils ne faisaient que regarder en souriant, sans se moquer.

« Allez Hawkeye, montrez leur ce que vous savez faire ! »

Riza se sentait prise au piège, il était évident que les danseuses ne la laisseraient pas tranquille tant qu'elle ne se serait pas jointe à elles et elle ne pouvait pas refuser sous peine de les vexer et de créer un climat tendu.

Elle esquissa quelques gestes comme on lui montrait. Finalement, après quelques essais infructueux, elle se débrouillait plutôt bien, elle arrivait à imiter le mouvement de bassin des danseuses et leur déhanché. Gagnée par le rythme de la musique et l'ambiance festive, elle se détendit et prit du plaisir à danser là au milieu de toutes ces femmes, autour de ce feu flamboyant, sous un ciel parfaitement étoilé.

La fête touchait à sa fin, le chef se pencha vers le Colonel.

« Mon ami, tu es mon invité ce soir, et nous avons une coutume. Si tel est ton désir, tu peux choisir une femme pour cette nuit. »

Roy ne quittait pas des yeux Riza, la regardant rire et danser et le spectacle lui rappela les récits qu'il avait lus enfant à propos de fêtes païennes où les divinités de la nature venaient une fois par an se mélanger aux hommes.

« Je vous en remercie, c'est très généreux de votre part. Mais je n'en ai pas le désir. »

Le chef suivit son regard.

« Je comprends. »

Roy le regarda puis reporta son attention sur Riza.


Il était tard lorsqu'ils regagnèrent leurs tentes. Riza s'écroula littéralement dans la sienne.


La nuit était calme.

Roy se réveilla en sursaut. Il lui semblait avoir perçu un bruit.

Il resta allongé un moment attentif au moindre son.

Puis il l'entendit de nouveau, un froissement de tissu léger accompagné de bruits de pas étouffés par le sable.

Peut-être l'un d'eux avait-il une envie à soulager. Il devait s'en assurer, il ne pourrait pas se rendormir sans en avoir la certitude.

Il se redressa et écarta les pans de l'entrée de sa tente, il regarda à droite puis à gauche. Il n'aperçut personne.

Il sortit complètement de sa tente et observa les alentours.

Un mouvement à une dizaine de mètres attira son regard, il vit une forme se déplacer vers le point d'eau.

Si c'était Riza qui était sortie pour aller aux toilettes et qu'elle s'apercevait qu'il la suivait, elle lui ferait passer un sale quart d'heure. D'un autre côté, ce ne serait pas prudent de la laisser s'éloigner ainsi seule.

Il prit la décision de la suivre. Les cheveux blonds défaits et la silhouette à ne pas douter féminine lui confirmèrent qu'il s'agissait bien de Riza.

« Lieutenant. »

Pas de réponse. Elle avançait toujours.

« Lieutenant Hawkeye ! »

Toujours le silence.

Il pressa le pas. Quelque chose clochait. Elle n'avait aucune réaction et continuait d'avancer.

Elle se stoppa juste au bord de l'eau et ne bougea plus. Roy s'approcha prudemment.

« Riza. »

La jeune femme tourna son visage vers lui. Il était complètement inexpressif, ses yeux pourtant ouverts ne semblaient pas le voir.

Roy passa sa main devant son visage. Ses pupilles étaient complètement fixes.

Une crise de somnambulisme. Manquait plus que ça.

« Lieutenant, il faut revenir à votre tente, vous allez attraper froid juste en chemise comme ça. »

Riza se retourna vers l'eau et lentement commença à y entrer.

« Eh merde. »

Roy se précipita pour l'empêcher d'aller plus loin. Il la saisit par la taille et l'attira vers lui.

La jeune femme eut un hoquet et se réveilla dans les bras de son Colonel.

Un brin désorientée, elle regarda autour d'elle.

« Qu'est-ce que je fais là ? »

Puis réalisant que c'était Roy qui l'entourait de ses bras, elle demanda affolée :

« Qu'est-ce qui se passe ? »

Roy la relâcha en restant toutefois près d'elle.

« C'est à moi de vous le demander. Je me suis réveillé et je vous ai vu venir ici. Je vous ai appelée mais vous ne me répondiez pas. »

« Je ne comprends pas. »

Le vent souffla déclenchant chez Riza des frissons et lui faisant prendre conscience de sa tenue. Elle resserra ses bras autour d'elle.

« Venez, remontons. »

Roy lui prit sa main et la guida vers les tentes.

« Etes vous sujette au somnambulisme ?

« Non, pas que je sache.

« Alors quoi ?

« Je ne sais pas. Je faisais un rêve étrange, je crois qu'on m'appelait, la voix était agréable.

« Qu'est-ce qu'elle vous disait ?

« Je ne sais pas, je n'arrive pas à me souvenir. Mais je ne pouvais pas faire autrement que de la suivre. Et puis je me suis réveillée dans vos bras.

« Encore heureux que je me sois réveillé et que je vous ai suivie, sinon vous auriez pu vous noyer. »

Roy la regarda un instant pour s'assurer qu'elle avait recouvert tous ses esprits.

« Bon, je crois que nous pouvons retourner dormir. Je vais faire le guet devant votre tente au cas où.

« Non pas la peine, merci. Je vous ai causé assez d'ennui pour cette nuit. »

Riza se retourna pour rentrer dans sa tente. Roy la rappela.

« Lieutenant…

« Hm.

« Ce soir, cet habit vous allait à ravir. »

Riza rougit et détourna les yeux.

« Merci Colonel. »

Ils se séparèrent ainsi, chacun retournant dormir.