Chapitre 5

Le lendemain matin, d'un commun accord, personne ne fit mention des évènements survenus durant la nuit et ils reprirent leur route.

Mustang s'approcha de Tourim :

« Dis moi, combien de jour nous reste-t-il à voyager ainsi encore jusqu'à Minoen.

« Plus beaucoup, je pense trois ou quatre jours si nous n'avons pas de problème.

« Que veux-tu dire par problème ? »

Tourim regarda Mustang.

« Le désert est capricieux. Il peut être calme comme l'enfant qui dort puis soudain se mettre en colère comme une femme trompée. »

La comparaison fit sourire Mustang. Que pouvait savoir un jeune garçon de seize ans du comportement des femmes ?

« Tu as déjà vécu une colère du désert ?

« Oui, une fois. J'ai cru que j'allais mourir, mais je suis là aujourd'hui. Il n'y a rien à faire dans ce cas là, que laisser la colère du désert se déverser et attendre qu'il se calme. »


Cette nuit là, les rêves de Riza furent encore habités, mais cette fois, au lieu d'être effrayants, elle rêvait de scènes érotiques, manquant lui arracher des gémissements de plaisir tant ils lui paraissaient réels.

Elle se réveilla en sueur et haletante, une main coincée entre ses cuisses.

Ce n'est pas possible, mais qu'est-ce qu'il m'arrive ?

Elle enfila un pantalon, passa ses mains dans ses cheveux et sortit pour prendre l'air frais.

Elle s'arrêta net à la sortie de sa tente. Oh non !

Mustang, l'homme qui avait hanté ses rêves se tenait près du feu. Faites que je n'ai pas parlé ni gémit dans mon sommeil !

Riza hésita puis décida de s'approcher.

Elle s'assit en face de Mustang de l'autre côté du feu.

« Ce n'est pas votre tour de garde Lieutenant.

« J'avais besoin de prendre l'air.

« Encore un cauchemar ? »

Riza réfléchit à sa réponse.

« Non, pas vraiment. Juste le besoin de me rafraîchir un peu. Je vous relève si vous voulez aller dormir. Je me sens tout à fait réveillée.

« Ca va. Je n'ai pas envie de dormir pour le moment. »

Ils restèrent silencieux un moment, les yeux plongés dans le feu. Riza revoyait les images de son rêve, les mains de Mustang sur son corps, les baisers fiévreux, le désir brûlant… Elle secoua la tête. C'était vraiment inconvenant.

Il fallait qu'elle pense à autre chose.

« Que pensez-vous que nous trouverons à Minoen ?

« Je ne sais pas. D'après les rapports que m'a remis Bradley, ils font état de témoignages de personnes qui auraient entendu et vu des choses étranges, les évènements les plus marquants étant des disparitions inexpliquées. D'après les rapports toujours, la population a l'impression que Central se désintéresse du problème en raison de leur relatif isolement. Mais bien que je conçoive qu'il faille découvrir ce qui se passe vraiment là bas, il n'y a presque pas de population dans ce coin du pays, alors je vois assez mal ce qu'un soulèvement aussi mineur pourrait causer comme dégât au pouvoir en place.

« Et les sources sont sûres ? Les disparitions peuvent être dues à quelques fugues ou désertions si le coin est aussi paumé que Falman nous le disait dans le train. Quant aux visions, elles peuvent être le résultat de soirées un peu trop arrosées... On doit s'ennuyer ferme là bas et tout doit être bon pour passer le temps.

« Je suis bien d'accord avec vous. Pourtant, le chef de la caravane ce premier soir à l'oasis m'a parlé de Minoen et m'a dit que l'endroit était hanté. Mais je ne crois pas aux fantômes et pour vous dire la vérité, je me demande si tout cela ne serait pas juste un prétexte pour m'éloigner de Central quelque temps.

« Il est vrai que vous n'êtes pas très discret sur vos ambitions. Vous devriez faire plus attention. Avoir été promu Colonel à votre âge a fait des vagues parmi les autres gradés qui voient la concurrence que vous leur faites d'un mauvais œil.

« Vous savez très bien pourquoi je veux devenir Führer, Lieutenant.

« Ne me faites pas croire que votre seul but est de faire porter des minijupes à tout le personnel militaire féminin. Je n'y crois pas un seul instant. Sinon, je serai dans l'obligation de vous loger une balle en pleine tête moi-même ! »

Mustang sourit.

« Je suis sûr que cette mesure serait pourtant très appréciée par tout le reste du personnel.

« C'est certain. »

De nouveau le silence plana entre eux. Il fut interrompu par l'arrivée de Breda qui venait relever Mustang.

Il s'assit avec eux en baillant et s'étirant.

« Tout va bien ?

« Oui, c'est calme. »

Riza se releva :

« Bon, je retourne me coucher. A demain.

« Bonne nuit Lieutenant. » Lui répondirent les deux hommes.


Le lendemain et le surlendemain ressemblèrent aux autres jours passés dans le désert, les dunes faisaient place à d'autres dunes, les points d'eau à d'autres points d'eau, seules les ruines se faisaient plus fréquentes, signe qu'ils se rapprochaient à présent de leur destination.

Un moment, ils avaient craint d'être pris dans une tempête de sable, mais celle-ci les avait évités à leur grand soulagement.

L'état de Riza semblait empirer, ce qui ne manquait pas d'inquiéter ses collègues qui ne la quittaient plus des yeux.

Ses yeux étaient soulignés de noir, sa peau, malgré le soleil, devenait de plus en plus livide.

Elle s'enfermait dans le silence ne répondant que par monosyllabes aux questions qu'on lui posait. Mustang chevauchait fréquemment à sa hauteur, essayant de la tirer de sa rêverie, mais bien souvent en vain.

Il avait l'impression que la jeune femme devait faire d'incroyables efforts pour prêter attention à ce qu'il lui disait et lui répondre.

La propre inquiétude qu'affichait le Colonel, d'ordinaire si inexpressif quant à ses sentiments, ajoutait encore plus au malaise collectif.

D'après Tourim, ils n'étaient plus qu'à deux jours de Minoen. Ils attendaient tous l'arrivée à destination avec impatience.

De nouveau, ils montèrent leur camp et organisèrent les tours de garde, à l'exception de Riza que Mustang expédia directement se coucher après un maigre dîner.

Ils la regardèrent se diriger vers sa tente. Une fois hors de vue, Breda se tourna vers le Colonel :

« Le lieutenant est de plus en plus mal en point. Elle n'a presque rien mangé.

« Je sais, j'ai hâte que nous arrivions pour la faire examiner par un médecin.

« Que pensez-vous qu'elle ait ? » Demanda Falman. « Ca ne peut pas être un empoisonnement, nous mangeons et buvons la même chose qu'elle, et je n'ai remarqué aucun signe visible d'infection.

« Oui, c'est plutôt étrange. Nous avons tout intérêt à terminer cette mission très rapidement et à rentrer au plus tôt à Central.

« De toute façon, ça risque d'être rapidement expédié, nous n'avons entendu aucune rumeur de soulèvement nulle part. Je ne vois pas d'où pourrait venir les risques de rébellion. » Intervint Havoc.

« Nous verrons bien, mais je pense comme vous, plus vite nous en aurons fini et mieux ce sera pour nous tous. »

Sur ce, ils se séparèrent pour aller se coucher, hormis Havoc qui débutait la garde.

Il fut remplacé par Falman puis se fut le tour de Mustang.


A part quelques hurlements de bêtes sauvages au loin, tout était calme.

Alors qu'il réfléchissait à leur mission, ou plutôt l'absence de mission, puisque comme l'avait souligné Havoc, tout semblait calme dans les populations locales qu'ils avaient rencontrées, les paroles du vieux lui revinrent en mémoire.

Il n'arrivait toujours pas à deviner ce qu'il n'aurait pas du emmener.

Puis il pensa à Riza, à ses cauchemars et à son état qui se dégradait de jour en jour. Le soir où elle avait dansé avec les bédouins lui semblait incroyablement loin.

Son état avait-il à voir avec cet avertissement ? Est-ce que Riza transportait quelque chose sans le savoir ?...

Non, tout cela n'avait aucun sens et ne menait à rien.

Et pourtant il pressentait que la solution à cette énigme était là, à portée de sa main.

Soudain, il perçut des râles en provenance de la tente de Riza, comme si elle étouffait et cherchait à trouver de l'air.

Il s'y précipita et la trouva prise de convulsions et gémissante. Il la prit dans ses bras pour essayer de la calmer.

« Lieutenant. Calmez-vous bon sang ! »

Roy sentit le corps de Riza se détendre et elle ouvrit les yeux.

Deux secondes après, sans trop comprendre ce qui arrivait, il sentait les bras de Riza autour de son cou et ses lèvres forcer les siennes en un baiser fiévreux.

« Lieutenant !... Riza, mais que vous arrive-t-il ? » Arriva-t-il à articuler en la repoussant.

Quelque chose lui sembla étrange dans les yeux de Riza, comme s'ils n'avaient plus de pupille. Il cligna des yeux et lorsqu'il les rouvrit, la sensation avait disparut, il ne lisait plus que la luxure et le désir dans ceux de la jeune femme.

Il fut prit par surprise lorsque Riza lui passa ses jambes autour de sa taille et s'arqua contre lui. De nouveau, elle l'embrassa.

Roy sentait le corps brûlant de Riza à travers le tissu de sa chemise, ses seins qu'elle frottait contre son torse et ses mouvements du bassin firent monter sa propre température.

Jamais il n'aurait pensé que Riza pouvait agir ainsi. Comme un animal en manque de sexe !

Riza relâcha un court instant son étreinte pour défaire les boutons de sa chemise et dévoiler sa poitrine blanche.

« Je n'en peux plus de t'attendre Roy. Prends moi. »

C'est à ce moment précis, lorsqu'elle prononça son prénom pour la première fois, que la raison de Roy le quitta. Il abandonna toute velléité de lutter contre son propre désir.

Il passa sa main dans la chevelure de Riza l'attirant encore plus près contre lui et lui prit ses lèvres, lui arrachant des gémissements de plaisir.

Elle commença de lui défaire ses boutons de chemise, mais impatient Roy la fit passer par-dessus sa tête. Il était à présent torse nu contre Riza.

Elle l'embrassait dans son cou jusqu'au creux de son épaule. Elle continuait de lui demander de la prendre tout de suite.

Il la renversa sur sa couchette et tout en l'embrassant défit la fermeture de son pantalon. Riza l'aida à lui descendre suffisamment pour qu'elle le sente enfin prêt à la pénétrer.

Roy gagné par le désir et la fièvre de Riza n'attendit pas plus longtemps. Il la pénétra d'un seul coup et commença de bouger en elle, donnant de grands coups de bassin.

Riza secouait la tête de plaisir.

Dans un dernier reste de lucidité, il lui mit sa main sur sa bouche pour étouffer ses cris, lui-même se mordait les lèvres pour ne pas se faire entendre des autres.

L'orgasme vint comme un cheval fou et il se laissa retomber sur Riza, en cherchant à reprendre sa respiration.

Puis il se laissa glisser à côté d'elle. La première pensée qui lui vint lorsqu'il recouvra ses esprits fut :

Je n'ai même pas retiré mon pantalon !

Jamais il n'avait agi comme ça avec aucune femme. Et là, il s'était conduit comme un animal avec nulle autre que Riza ! Pourtant il devait se l'avouer, il venait de jouir comme jamais auparavant.

La réalité de ce qui venait de se produire le frappa comme une balle en plein estomac. Il porta une main à son front.

Mon Dieu, qu'elle folie vient-on de faire ?

Il se tourna vers Riza pour en parler avec elle. Mais à son grand étonnement, elle s'était endormie.

Roy hésita sur la conduite à tenir, devait-il rester avec elle ou regagner sa tente. Si les autres le découvraient avec elle demain matin, il allait droit aux ennuis, surtout s'ils avaient entendu leurs ébats.

Il se rhabilla et après un dernier regard à Riza qui dormait paisiblement, il sortit pour retourner dans sa tente.

Il avait imaginé bien des fois cette scène, mais à aucun moment il n'avait pensé que cela aurait été aussi soudain, court et violent. C'était comme s'ils avaient été tous les deux possédés… Non, pas tous les deux… comme si Riza était possédée, moi je n'ai fait que céder à mon désir refoulé.

Il regagna sa tente et s'écroula sur sa couche. Il serait bien temps demain d'aborder le sujet et ses conséquences avec elle.