Chapitre 9

Riza pouvait entendre comme des chuchotements dans sa tête, elle sentait aussi une brise légère lui caresser le visage. Elle ouvrit les yeux pour découvrir qu'elle se tenait au milieu d'une cité en ruine. A son grand étonnement, elle était pieds nus et portait le costume offert par les bédouines et ses cheveux lui tombaient libres dans le dos. Elle fit le tour sur elle même pour regarder où elle se trouvait.

Quel est cet endroit ?

Elle mit un pied devant l'autre et déambula au milieu des murs éboulés, découvrant ici et là des inscriptions presque illisibles sur les pierres, passant sa main sur chacune, essayant de déchiffrer ce langage inconnu.

Ses pas l'emmenèrent vers une construction plus importante que les autres. Les chuchotements se faisaient de plus en plus assourdissants au fur et à mesure qu'elle s'en approchait. Elle réussit à se glisser à travers l'épaisse porte en bois qui pendait sur ses gonds.

L'intérieur était frais et Riza frissonna. Elle s'avança dans l'allée centrale du monument qui semblait être un ancien temple. Une lumière diffuse pénétrait à l'intérieur à travers des vitraux, créant des reflets de toutes les couleurs sur les murs.

A quel culte est dédié ce temple ?

Elle chercha des inscriptions ou des statues, mais rien n'indiquait à quelle divinité ce temple était consacré. Riza continuait d'avancer à pas prudent. Des froissements se firent entendre, légers, doux, accompagnés d'imperceptibles sifflements.

Riza se retourna et baissa les yeux. Le sol était recouvert de reptiles en tout genre. Tous convergeaient vers un unique point, elle.

Sa respiration se bloqua à la vue des animaux qui rampaient vers elle. Elle voulait se sauver, mais ses jambes ne voulaient pas lui obéir et elle restait figée sur place, totalement impuissante.

Alors que les premiers serpents lui atteignaient les pieds, elle ferma les yeux dans l'attente de leur morsure mortelle.

Mais rien ne vint. Elle sentait juste la caresse de leur peau froide contre sa propre peau. Les serpents ne faisaient que la frôler et poursuivre leur chemin vers le fond de l'allée et disparaissaient derrière l'autel.

Riza retrouva l'usage de ses jambes et avec des gestes lents suivit les reptiles jusqu'à un escalier. En faisant bien attention de ne pas les écraser, elle emprunta les marches qui la conduisirent jusqu'à une crypte sombre. Une torche brûlait accrochée sur le mur le plus proche de l'entrée. Riza s'en saisit et s'enfonça un peu plus dans les ténèbres.

Elle avait l'impression d'avoir marché pendant plus d'une demi-heure lorsqu'elle atteignit une pièce ronde de petite dimension au milieu de laquelle reposait un sarcophage en pierre. Tout son esprit lui disait de fuir, mais mue par une force invisible, Riza s'approcha du tombeau et se pencha au-dessus du couvercle.

Celui-ci représentait le corps d'une gorgone sculpté à même la pierre, la même que celle de son rêve de cet après-midi. A la différence notable que celle-ci avait des serpents à la place des cheveux. Son visage était figé dans une grimace éternelle. Riza posa sa torche au sol et entreprit d'ouvrir le sarcophage. Elle poussa de toutes ses forces sur le lourd couvercle qui pivota avec un effroyable grincement. Dans un dernier effort, elle l'envoya s'écrouler au sol.

Récupérant sa torche, elle se pencha pour regarder à l'intérieur du cercueil. Il était vide. Riza relâcha sa respiration, soulagée de ne pas se retrouver nez à nez avec le monstre. Mais il ne restait rien à l'intérieur du sarcophage que des vestiges de serpents fossilisés et des peaux mortes. Tout le fond était recouvert d'écailles nacrées.

Riza se redressa et s'apprêta à gagner la sortie. C'est alors que se retournant, elle découvrit à moins de cinq centimètres d'elle le visage immatériel de la gorgone qu'elle avait aperçu dans son miroir de salle de bain.

Elles restèrent figées toutes les deux, Riza ne pouvant plus émettre un seul son de terreur et le spectre de la gorgone semblant l'étudier. Puis soudain, celle-ci eut un mouvement de recul puis se jeta sur Riza, se fondant dans le corps de la jeune femme blonde.

Riza eut la sensation d'avoir plongé dans une eau glacée et sa respiration se bloqua dans sa gorge. Lorsque la sensation disparut, elle se retrouva assise dans son lit, les draps enroulés autour de ses jambes.

Encore un cauchemar ! Mais ne vont-ils jamais cesser ?

Elle mourait de soif et sa chemise était trempée de sueur. Riza se leva pour prendre un verre d'eau dans la salle de bain et changer de vêtement. Après avoir bu deux grands verres d'eau, elle retira sa chemise et se passa un gant humide pour se rafraîchir, puis elle se retourna pour regagner sa chambre, c'est alors que le miroir de la salle de bain réfléchit son dos nu qui était maintenant tatoué d'un immense serpent aux écailles irisées.

Inconsciente de ce fait, Riza passa une nouvelle chemise et se recoucha. Elle sombra de nouveau dans un profond sommeil.