Chapitre 12
Ils sortirent tous et se dirigèrent vers l'auberge du Filon d'Or où un bon repas les attendait.
Fuery se tourna vers Havoc :
« Vous ne pouviez pas rester tranquilles tous les deux !
« Ben quoi ?
« Moi j'ai aucune envie d'aller crapahuter dans des ruines en pleine nuit !
« Parce que tu crois que ça me fait plus plaisir que toi ? C'est la faute à Hawkeye, t'as qu'à aller te plaindre auprès d'elle si t'es pas content. »
Fuery regarda Riza qui avançait devant lui et lui tournait le dos.
« Finalement non. »
Havoc lui donna une tape dans le dos.
« T'inquiètes pas, tu seras pas tout seul. On sera tous là. »
Après dîner et avoir troqué leur uniforme contre des vêtements moins voyants et plus pratiques, ils prirent la direction de Minoen. Mustang avait répartit les équipes : Fuery et Falman, Havoc et Hawkeye et lui-même avec Breda.
Ils avançaient en petits groupes dans le sable, éclairés par des lanternes qu'ils avaient empruntées à Joe, l'aubergiste. Riza se rapprocha de Roy, son comportement envers elle l'intriguait et elle voulait avoir des réponses.
« Colonel ?
« Oui Lieutenant. »
« Ai-je fait quelque chose qui vous a contrarié ? »
Roy regardait droit devant lui où il mettait les pieds. Que puis-je lui répondre ? Ce n'est vraiment pas le moment de tout lui déballer.
« Non Lieutenant. Pourquoi me posez-vous cette question ?
« C'est que j'ai vraiment l'impression que vous m'en voulez. On dirait que vous voulez vous débarrasser de moi à la moindre occasion.
« Vous vous trompez, je vous assure. Je ne cherche pas à me débarrasser de vous comme vous dites. »
Menteur !
« Alors pourquoi avoir emmené Havoc chez le Maire hier soir et me mettre en équipe avec lui ce soir et pas avec vous ? »
Roy se sentait au pied du mur. Il ne voyait pas d'autre moyen de se sortir de là autrement qu'en se montrant dur avec elle :
« Lieutenant, contesteriez-vous les ordres de votre officier supérieur ? J'ai mes raisons pour agir ainsi et c'est tout. J'attends de vous que vous suiviez mes ordres au doigt et à l'oeil. Si cela vous déplait, je ne vous retiens pas. » Ouch ! Roy, tu vas trop loin.
Le coeur de Riza se serra ainsi que sa gorge. Elle avait toujours cru qu'elle partageait une relation privilégiée avec Mustang, mais aujourd'hui il lui démontrait qu'elle se trompait et la remettait à sa place. Il lui rappelait qu'il était le Colonel et elle un simple premier lieutenant. On ne mélange pas les torchons et les serviettes.
« Bien Colonel. Veuillez excuser mon impertinence. » Lui répondit-elle et s'éloigna de lui deux pas en arrière, là où était sa place.
Elle ferma son coeur à double tour et jeta la clé.
Roy serra ses poings et ses mâchoires, il voulait se retourner et la prendre dans ses bras, s'excuser auprès d'elle de n'être qu'un imbécile, mais il se retint. Ce n'était pas le moment. Plus tard, il se promit d'arranger tout ça. Il espérait seulement qu'il ne serait pas trop tard alors.
Ils arrivaient en vue de Minoen et conformément au plan de Mustang se séparèrent par groupes de deux.
« A la moindre alarme, vous tirez en l'air, est-ce bien compris ?
« Oui Colonel. »
Riza et Havoc s'engagèrent à travers les ruines, perdant rapidement les autres de vue.
« Cet endroit me fout la chair de poule.
« Ce ne sont que des ruines Havoc.
« Oui, mais tout le monde s'accorde à dire qu'elles sont hantées. Que faites vous de la goule ?
« Les goules n'existent pas, et puis rappelez-vous votre chair est trop fraîche pour elles, elles ne s'attaquent qu'aux cadavres. »
Riza dégaina son arme et se tourna vers lui :
« Mais je peux rapidement changer cela, si vous voulez.
« Hé, ça va pas ! » Il s'écarta vivement d'elle.
« Je plaisante Havoc ! Je plaisante.
« Ouais, alors rengainez votre arme. »
Riza rangea son pistolet et continua d'avancer dans ce qui semblait avoir été une rue. Une construction paraissait encore plus ou moins debout, Havoc s'en approcha et se pencha par un trou dans le mur.
Riza s'intéressa à la construction opposée. Soudain, elle entendit des sons étouffés, qui commençaient à lui être familiers, ceux produits par les sifflements des langues de serpents lorsqu'elles sortent de leur gueule. Riza regarda le sol autour d'elle et soudain, le paysage sembla se confondre, devenir flou et enfin tourbillonner comme l'eau qui s'échappe à travers le siphon d'un évier. Riza se sentit étourdie et se retint au mur proche. Elle ferma les yeux pour reprendre son équilibre. Lorsqu'elle les rouvrit, elle se trouvait au milieu d'une rue animée, les ruines avaient fait place à de belles maisons aux murs blancs, aux volets colorés, elle aperçut au loin le temple de son rêve qui se dressait fièrement dans le ciel bleu. Les gens passaient près d'elle sans y faire attention, comme si elle était invisible. Elle voulut s'approcher d'un groupe de femmes qui discutaient en riant, elle les appela mais elles ne lui répondirent pas, elle essaya avec d'autres passants obtenant le même résultat. Personne ne semblait la voir. Faisant le tour sur elle-même, elle aperçut Havoc le dos contre un mur. Elle était là. La Gorgone de ses cauchemars, elle avançait vers Havoc. Il semblait complètement hypnotisé par la créature. Riza hurla pour lui dire de fuir, mais il ne l'entendait pas. Elle chercha son pistolet, mais avec horreur elle découvrit qu'elle ne portait plus son holster. Elle voulut se jeter sur la créature, mais un regard de la Gorgone suffit à la clouer sur place. Impuissante, elle ne put que regarder le monstre s'avancer lentement avec des mouvements chaloupés vers Havoc. Riza sentait les larmes couler sur ses joues. Havoc allait mourir sous ses yeux et elle ne pouvait rien faire...
Havoc s'était penché à travers le trou du mur pour regarder dans ce qui avait été une grande maison.
« Je me demande ce qui a bien pu se passer pour qu'une cité prospère comme Minoen s'effondre comme ça du jour au lendemain. »
N'obtenant pas de réponse, il se retourna vers Riza et la vit qui s'avançait vers lui d'une démarche chaloupée qu'il ne lui avait jamais vu. De même, elle avait libéré ses cheveux.
« Lieutenant ? » Mais qu'est-ce qui lui arrive, qu'est-ce qu'elle fait ?
Surpris par le comportement inhabituelle de sa collègue, il resta là à la regarder s'approcher. Puis il entendit dans sa tête une voix sifflante lui murmurer, « n'aie pas peur, tu vas voir tu vas aimer... » Ses jambes l'abandonnèrent et il glissa le long du mur.
« Lieutenant Hawkeye... » Il pouvait à peine parler et sa voix sortit en filet. Il ne pouvait détacher ses yeux de ceux de Riza qui le tenaient prisonnier et l'empêchaient de réagir. La sueur commença à couler le long de ses tempes.
Riza était près, vraiment très près, trop près... Ce n'était pas normal, pas normal du tout...
La jeune femme s'approcha encore plus près de lui et s'assit sur ses cuisses, entourant sa taille de ses jambes.
L'esprit de Havoc hurlait qu'il était en danger et qu'il devait faire quelque chose, n'importe quoi.
Riza se pencha sur lui et posa sa bouche contre la sienne, l'entraînant dans un long baiser. Havoc luttait de toutes ses forces contre sa paralysie, tout son esprit était tourné sur l'arme qu'il portait à sa ceinture et qu'il tentait d'atteindre, forçant son bras et ses doigts à lui obéir.
Riza s'écarta enfin de lui et renversa sa tête en arrière, exposant la peau blanche de son cou. Un rire s'échappa de ses lèvres glaçant le sang dans les veines de Havoc, mais moins que ce qui vint après, Riza ramena son visage vers le sien, portant son nez à moins de cinq centimètres du sien, les yeux rivés sur les siens elle lui dit : « Tu vas mourir. ». Tout ce que son esprit pouvait enregistrer au moment présent, c'était que ses yeux semblaient ne plus avoir de pupille. Elle ouvrit sa bouche et Havoc y découvrit avec horreur quatre crocs.
Ses doigts se refermèrent sur la crosse de son pistolet et dans un geste de désespoir, il le tendit en l'air et tira jusqu'à ce que son chargeur se vide.
Riza poussa un hurlement et s'écarta de lui vivement. Havoc retrouvant ses forces se releva. Riza lui faisait toujours face, la haine brillait dans ses yeux sans pupille. Puis soudain, elle tourna son visage vers la gauche comme pour observer quelque chose ou quelqu'un et s'écroula sur le sol sablonneux avec un bruit mat.
Riza vit la Gorgone attaquer Havoc alors qu'il semblait ne pas pouvoir réagir. Elle avait entendu le monstre lui dire qu'il allait mourir et vu les crocs prêts à déchiqueter sa gorge. Elle hurlait à se briser la voix à Havoc de lutter et enfin, elle avait vu Havoc se saisir de son pistolet et vider le chargeur. Les détonations retentirent dans son crâne, elle se boucha ses oreilles de ses mains, hurlant de douleur et ferma ses yeux de toutes ses forces priant pour que la douleur s'arrête. Lorsque se fut le cas, elle rouvrit les paupières et vit que la créature avait tourné son visage vers elle. Sauf que ce n'était plus le monstre qui la regardait. Tel dans un miroir, Riza plongeait ses yeux dans son propre regard et puis ce fut la nuit. Elle s'était évanouie.
