Chapitre 14
Le lendemain matin, on frappa doucement à sa porte.
« Lieutenant Hawkeye ? Vous êtes réveillée ?
« Oui Fuery.
« Tout va bien ? »
Riza réfléchit à la question innocente de son jeune collègue. Non tout n'allait pas bien. Quelque chose a pris possession de moi, j'ai embrassé Havoc (qui sait qui d'autre encore ?) et j'ai failli le tuer. Je suis recluse dans cette chambre et on me considère comme un danger pour tous ceux qui croiseront mon chemin lorsque je ne serai pas moi même. Alors non, tout ne va pas bien.
« Oui, Fuery, tout va bien.
« Vous voulez que je vous monte un petit déjeuner ?
« Non, je n'ai pas très faim. Merci.
« Plus tard sans doute. »
Mais Riza ne lui répondit pas, elle se retourna dans son lit et s'enroula dans ses draps. Jamais, elle ne s'était sentie aussi misérable. Et elle ne pouvait même pas trouver le réconfort dans le sommeil, il fallait à tout prix qu'elle lutte pour ne pas s'endormir.
Mustang et Havoc poursuivirent leurs investigations sur les disparitions continuant à rencontrer les témoins, les proches des victimes, allant inspecter les lieux... Mais ils ne trouvèrent rien. Falman et Breda s'étaient rendus à la bibliothèque pour mener leurs recherches. Ils y étaient enfermés depuis suffisamment longtemps pour sentir leur dos craquer chaque fois qu'ils levaient la tête de leur bouquin.
« Vous savez Falman, chez moi, dans ma ville natale, lorsqu'on veut connaître des légendes, on va voir l'ancêtre du village. Il connaît toujours un tas d'histoires palpitantes. Peut-être y a-t-il un ancêtre aussi ici qui pourrait nous renseigner.
« Ca me semble être une excellente idée. Je vais me renseigner auprès de la bibliothécaire. »
Falman revint cinq minutes plus tard.
« Venez, elle m'a donné un nom et une adresse. »
Fuery jouait aux dés avec Tourim pour passer le temps. Ils n'avaient plus entendu Hawkeye depuis qu'elle s'était levée pour prendre une douche dans le courant de la matinée (ils avaient entendu l'eau couler). Cela faisait des heures maintenant, l'après-midi touchait à sa fin.
Soudain, ils entendirent des mouvements dans la chambre et virent la poignée de la porte tourner.
D'une petite voix ténue, Fuery demanda :
« Lieutenant ? »
Pas de réponse.
« Lieutenant Hawkeye ? »
Silence. Puis soudain ils sentirent de grands coups violents contre la porte et des grattements d'ongles sur le bois, suivis de cris de rage.
Fuery catastrophé se tourna vers Tourim.
« Va chercher le Colonel. Dépêches toi ! »
Tourim blafard partit en courant à la recherche de Mustang.
Tremblant de peur, suant à grosses gouttes, Fuery se tenait contre le mur face à la porte de la chambre de Riza, arme à la main. Les bruits avaient cessé lorsque Mustang et Havoc arrivèrent suivis de Tourim.
« Sergent Fuery, que s'est-il passé ?
« Tout était calme, jusqu'à ce que nous entendions de grands coups contre la porte et des grattements. Et puis elle criait de rage... Je pense que ça a recommencé. Mais je n'entends plus rien depuis plusieurs minutes. Je n'ai pas osé entrer, j'ai préféré vous attendre. »
Mustang mit ses gants et s'apprêta à entrer dans la chambre.
« Vous restez là. Vous n'intervenez que si je vous appelle. C'est compris ? »
Fuery et Havoc firent un signe de tête et prirent leurs armes, prêts à intervenir en cas de besoin.
Mustang fit tourner la clé, entra dans la chambre et referma la porte derrière lui. La première chose qu'il vit, fut le désordre : les draps avaient été retirés du lit et déchirés, la chaise était renversée et des vêtements recouvraient le sol un peu partout. Au milieu, se tenait Riza étendue par terre, la respiration haletante.
« Lieutenant ? »
Elle fit un mouvement de la main.
« Colonel. Il ne faut pas que vous restiez là. »
Mais Roy s'approcha d'elle et la retourna dans ses bras.
« Hawkeye, vous allez bien ?
« Partez Colonel. Elle peut revenir. Je ne veux pas vous faire mal. »
Roy l'aida à se relever et à s'asseoir sur le lit. Elle portait un débardeur et un pantalon. Ses cheveux étaient en désordre et lui tombaient dans le visage. Roy lui dégagea et repoussa les mèches dans son dos. Ce faisant il remarqua des tâches colorées sur la peau de Riza. Il se pencha un peu plus.
« Lieutenant, vous vous êtes fait tatouer ?
« Tatouer ? Non. Pourquoi ?
« J'ai l'impression que vous avez un tatouage dans le dos.
« Quoi !
« Permettez ? »
Roy se plaça à côté d'elle et lui souleva doucement son débardeur dénudant son dos. Il resta à le regarder un petit moment avant de rabaisser le tissu.
« C'est un serpent. Il couvre tout votre dos, jusque sur votre épaule gauche. »
Riza se leva pour aller dans la salle de bain pour se rendre compte par elle-même de ce que lui disait Mustang.
Elle vint se rasseoir ensuite sur le lit, en état de choc, plus blanche que jamais.
« C'est un sacré bazar que vous avez mis là. Que s'est-il passé ?
« Que croyez-vous qu'il se soit passé ? Je me suis assoupie et elle est venue. »
Roy posa sa main sur son épaule pour la réconforter. Elle lui demanda d'une voix blanche :
« Avez-vous appris quelque chose de plus aujourd'hui ?
« Non. Pas grand chose. Falman et Breda font des recherches sur les croyances du coin, je leur ai demandé de chercher plus particulièrement celles où il est question de serpents et de sacrifices. Ils ne devraient plus tarder à me faire leur rapport. »
« En attendant, non seulement je ne vous sers à rien, mais en plus je suis un danger pour vous tous.
« Ne dites pas ça Lieutenant.
« Vous savez que c'est la vérité et je le sais. »
Il y eut un silence.
« Colonel. Vous devez m'attacher. Qui sait ce que je suis capable de faire lorsque je ne suis plus moi-même.
« Non, je refuse de faire ça.
« Je crains que nous n'ayons pas le choix. »
Mustang se leva.
« Il y a de la corde par là. »
La voix de Riza était déterminée. A pas lents, Mustang se dirigea vers l'endroit qu'elle lui indiquait et prit la corde. Riza s'allongea sur le lit et passa ses mains par-dessus sa tête pour les approcher des barreaux du lit.
Roy lui passa la corde autour de l'un de ses poignets sans la regarder. Son visage n'arborait aucune expression. Il passa la corde ensuite par les barreaux et commença à la nouer à son autre poignet.
« Serrez bien. »
Il terminait de l'attacher. Il baissa les yeux vers elle. Des larmes coulaient au coin de ses yeux.
Son propre regard s'adoucit et il passa une main tremblante sur les joues de la jeune femme pour en essuyer les larmes.
« Colonel, je ne veux pas que les autres me voient comme ça.
« Je vous le promets Riza. »
Elle tourna son visage de l'autre coté pour ne plus le voir. Comme si ce simple geste pouvait la faire disparaître à son regard.
« Je suis désolé, Lieutenant.
« C'est mieux comme ça. Pour tout le monde. »
Roy se releva et sortit de la chambre en lançant un dernier regard vers Riza qu'il avait attachée de ses propres mains à son lit.
Quel outrage allait-il encore devoir lui faire subir avant que tout cela ne s'arrête ? La liste commençait à être drôlement longue : il avait couché avec elle alors qu'elle était possédée, bien qu'il ai prétendu le contraire il avait effectivement cherché à l'éviter, il lui avait balancé à la figure qu'il était son officier supérieur, qu'elle n'était rien de plus qu'une subordonnée et qu'il ne la retiendrait pas si elle voulait partir, il l'avait enfermée dans sa chambre toute une nuit et une journée, et maintenant, il l'avait attachée aux barreaux de son lit.
Il se tourna vers Havoc et Fuery ainsi que Breda et Falman qui les avaient rejoints :
« Personne, je dis bien personne, ne doit franchir cette porte. Sous aucun prétexte. Je réduis en cendres sur le champ le premier qui osera aller contre mon ordre. »
Je lui dois bien ça.
Aucun des quatre autres n'osa lui répondre.
Il s'éloigna à grands pas.
« Falman et Breda, au rapport. Tout de suite. »
Falman, Breda, Fuery et Havoc se regardèrent, qu'est-ce qui avait bien pu se passer dans cette chambre pour que le Colonel soit aussi en colère ?
Ils regagnèrent tous le QG à l'exception de Tourim qu'on chargea de garder la chambre de Riza.
