Chapitre 15

Ils prirent tous place dans le QG.

« J'espère que vous avez quelque chose à m'apprendre, sinon, je vous le dis tout de suite, personne ne prendra de repos tant qu'on n'aura pas avancé d'un pouce. »

Falman prit la parole en premier :

« Je crois que nous tenons quelque chose Colonel. La bibliothécaire nous a orientés vers un vieux sage connu de toute la région pour savoir un tas d'histoires et de légendes. Nous l'avons interrogé à propos d'un culte qui se baserait sur les serpents et des sacrifices. Il a tout de suite réagi. Il semble qu'à l'époque où l'ancienne cité de Minoen prospérait, les minoiens vénéraient un culte à la déesse Kâa dont l'animal fétiche était le serpent. D'après le vieil homme, ce culte était plutôt sanglant. La déesse leur assurait prospérité et richesse contre des sacrifices humains. Au début, Kâa ne demandait un sacrifice qu'une fois par an, mais ensuite, ses exigences en matière de vie humaine augmentèrent et les minoiens devaient fournir des vies humaines tous les six mois. Mais l'appétit de Kâa ne cessait d'augmenter et il était assez fréquent que la déesse ne se contente pas de ses offrandes humaines et elle venait alors à la nuit tombée hanter les rues de la cité à la recherche de proies. Il semble qu'elle séduisait les hommes et après s'être accouplée avec eux, elle les tuait en leur déchirant le cou de ses crocs. »

Havoc se passa une main dans son cou :

« Ca me rappelle étrangement quelque chose. »

Mustang le darda de son regard noir.

« Continuez Falman. »

« La population minoienne ne cessait de diminuer et s'affaiblir. Devant l'augmentation du nombre de sacrifices, la colère commença à monter parmi les habitants. Une réunion fut organisée avec les notables de la ville pour savoir quoi faire. La ville se trouvait devant un choix cornélien : poursuivre les sacrifices et prospérer ou bien arrêter d'abreuver Kâa en vie humaine et courir à la perte de la cité. Il semble qu'il fut décidé de mettre fin aux sacrifices et de se débarrasser de la déesse. On ne sait pas très bien comment s'y sont pris les minoiens, mais d'après le vieil homme, après bien des essais qui coûtèrent la vie à de nombreux guerriers, ils ont réussi à circonvenir la déesse. Mais quelques jours plus tard, la cité disparaissait et il ne restait que des ruines de la merveilleuse cité de Minoen. »

« Sait-on à quoi elle ressemblait ?

« Il semble qu'elle avait la peau très pâle, des yeux dorés sans pupille, des serpents à la place de sa chevelure, des crocs effilés qui tranchaient les chairs sans aucun effort. »

Mustang resta pensif, la description correspondait à celle que lui avait faite Riza. Sans compter que les yeux sans pupille lui étaient familiers. Cette fameuse nuit dans la tente, il n'avait pas rêvé. Riza présentait déjà les premiers symptômes de la possession : les yeux sans pupille et un appétit sexuel accru. Encore heureux que ce n'était que le début, elle aurait pu me tuer cette nuit là !

« Colonel. Le vieil homme nous a dit une chose étrange.

« Quoi ?

« Il dit que quelqu'un ou quelque chose a réveillé et libéré Kâa et qu'elle veut se venger. Il dit que c'est elle qui serait responsable des disparitions.

« Et comment peut-il le savoir ?

« C'est là que ça devient vraiment étrange. »

Cette fois c'est Breda qui prit la parole à la place de Falman.

« Il dit que ce sont ses songes qui lui ont dit.

« Ses songes ?

« Oui, c'est ce qu'il nous a dit... Colonel, cet homme a une particularité, il est aveugle de naissance et ses yeux sont complètement blancs. Il dit que vous avez déjà rencontré son frère, mais que vous ne l'avez pas écouté. »

L'image du vieil homme à l'auberge qui lui avait donné l'avertissement lui revint.

« Emmenez moi auprès de lui.

« Quoi maintenant ? Mais il est déjà tard.

« J'ai dit tout de suite. La vie de Hawkeye est en danger, nous n'avons plus de temps à perdre. »


Tourim tuait le temps en jouant avec ses dés. Il espérait que les militaires reviendraient bientôt parce qu'il ne se sentait pas du tout rassuré de rester devant cette porte. Heureusement les cris n'avaient plus recommencé depuis tout à l'heure.

Il lançait pour la énième fois ses dés sans y prêter plus attention lorsque soudain, une paire de bottes entra dans son champ de vision. Lentement il releva la tête pour voir penchée vers lui, une belle femme brune qui lui souriait d'un sourire carnassier. Les yeux de l'adolescent furent attirés immédiatement par le décolleté plongeant et s'agrandirent.

« Hé bien jeune homme, tu n'as jamais vu de fille avant ? »

Tourim déglutit difficilement. Une autre voix lui parvint à côté de lui le faisant sursauter.

« Tu portes vraiment bien ton nom Lust. Cesse d'agiter tes seins sous son nez ou ses yeux vont tomber. »

« Si on ne peut même plus rire. Alors. »

Ladite Lust se tourna vers Tourim.

« Je suis désolée, mais comme on dit, tu te trouves au mauvais endroit au mauvais moment. »

Les yeux de Tourim s'arrondirent de surprise lorsque quatre lances effilées entrèrent dans son ventre. Il s'affala sur le sol sans un bruit. Du sang coula par sa bouche et son regard se voila. Lust rétracta ses ongles.

« Ca c'est fait. Maintenant allons trouver notre amie. »

La femme s'écarta de la porte et la désigna de sa main à son acolyte :

« Je t'en prie Envy, à toi l'honneur. »

Envy s'approcha de la porte et donna un grand coup de pied dedans l'envoyant voler contre le mur.

Sarcastique Lust lui dit :

« Bonjour la discrétion.

« Si t'es pas contente, fallait le faire toi même. Petite sœur. »

Riza avait relevé sa tête et regardait avec des yeux inquiets Envy entrer dans sa chambre. Elle essaya de tirer sur ses liens, mais elle était fermement attachée aux barreaux.

Calme toi Riza, quelqu'un aura sûrement entendu le bruit et va venir ou prévenir les autres. Gagne du temps.

« Qui êtes-vous ? »

Le garçon s'approcha d'elle.

«Eh bien qu'est-ce que je vois ! On nous a facilité la tâche en t'attachant ! J'imagine que c'est le joli travail de ton Colonel ! Vous avez vraiment de drôles de jeux tous les deux. »

Il bondit sur le lit et s'assit à califourchon sur son ventre. Il se pencha sur Riza.

« Je peux m'amuser moi aussi ? »

Riza entendit une voix féminine sans pouvoir voir celle qui venait de parler et qui restait hors de vue.

« Envy, ce n'est pas le moment. »

La voix sembla familière à Riza, mais elle n'arrivait pas à se remémorer où elle l'avait déjà entendue.

« Juste un peu Lust, soit gentille pour une fois. »

Lust poussa un soupir résigné.

« Fais comme tu veux. Mais dépêche toi. »

Riza essayait désespérément de se défaire de ses liens mais Mustang les avaient bien serré à sa demande. Elle n'en crut pas ses yeux lorsqu'elle vit la langue de celui qui se faisait appeler Envy s'étirer de plusieurs centimètres pour venir lui lécher le visage. Elle ne put retenir une grimace de dégoût.

« Tu n'apprécies pas ? Tu préférerais peut-être les caresses de ce type là ? »

Sous les yeux effarés de Riza, Envy prit l'apparence de Havoc. Elle se démena de plus belle.

« Tu ne faisais pas la difficile avec lui cette nuit ! Non ? Il ne te plaît pas ? Attends, je sais ce qu'il te faut. »

De nouveau ses traits se modifièrent et ce fut Mustang qui se retrouva perché sur son ventre. Riza s'arrêta de gesticuler. Envy se pencha de nouveau vers elle.

« J'ai touché juste, n'est-ce pas ?

« Qui êtes-vous ? »

« Ca suffit Envy. Finissons-en. » Lust commençait à perdre patience.

« Cette fois, c'est toi qui n'est pas drôle Lust. Enfin, je suppose que tu as raison. »

D'un geste rapide, Envy sortit un mouchoir et l'appliqua sur le nez et la bouche de Riza. L'odeur d'éther se répandit et Riza sombra dans l'inconscience.