Chapitre 19
« Purée, ce qu'il fait chaud. J'en peux plus. Je tuerai père et mère pour de l'eau… Désolé Al, je voulais pas dire ça.
« C'est pas grave, je sais bien. Ed, tu crois que les renseignements qu'on nous a donnés sont valables et que nous trouverons la pierre philosophale à Minoen ?
« Je ne sais pas, mais de toute façon, cela ne nous coûte rien d'aller vérifier. Et puis, tant qu'on est là, je n'ai pas à aller faire mon rapport à Mustang. Je n'ai aucune envie de l'entendre me dire que je gâche l'argent de l'armée et que nos recherches sont vaines, que la pierre n'existe pas, et blablabla…
« Tu as raison. Je me disais aussi que ce serait bien d'appeler Winry, il y a longtemps qu'on ne l'a pas fait. Elle doit s'inquiéter.
« Tu parles. Tout ce qui l'intéresse c'est l'argent qu'elle se fait à chaque fois qu'elle répare mes automails.
« Et vu le nombre de fois où tu les casses, elle doit être riche maintenant.
« Ca va Al, tu vas pas t'y mettre toi aussi ! J'y peux rien si ce sont les ennuis qui me trouvent à chaque fois.
« Wouai, ben faut dire que tu les cherches un peu aussi. »
Edward se contenta de grommeler dans son coin, de toute façon, Al n'avait pas complètement tort, mais ça lui arrachait le cœur de devoir l'admettre.
« Hé, regarde Ed, je crois qu'on arrive. »
Ed tendit son cou pour pouvoir apercevoir au loin les ruines de Minoen.
« Je crois que tu as raison Al. Dépêchons nous. »
Ils s'avancèrent dans les ruines, regardant à droite et à gauche.
« Ca a un air de déjà vu, tu ne trouves pas Al ?
« Oui, on dirait Ishbal. Tout a disparu. »
Edward s'abaissa pour observer un éboulement de pierre.
« Eeeeddddd ! Regarde là bas ! Une chèvre. »
Edward se redressa immédiatement :
« Une chèvre ?
« Qu'est-ce qu'elle fait là toute seule ? »
Les yeux d'Edward étaient devenus complètement ronds, et la bave coulait au coin de sa bouche.
« J'en sais fichtre rien, mais qu'est-ce que tu dirais d'une grillade de côtelettes ce soir ?
« Ed, je te rappelle que je peux pas manger. » Il avait les yeux plats au-dessus, ronds en dessous.
« C'est pas grave, moi je peux manger pour deux. »
Déjà Edward transmutait son bras en épée et s'approchait de la pauvre bête attachée qui bêlait à tue-tête.
Al le suivait à distance respectueuse.
« Parfois Ed, tu me fais peur tu sais. Tu ne vas tout de même pas tuer cette pauvre bête ? »
« La faim justifie les moyens ! »
Edward n'était plus qu'à un mètre de la chèvre, lorsque tout à coup, il se sentit projeté dans les airs, pris dans un immense filet.
« MAIS QU'EST-CE QUE C'EST QUE CE BORDEL ! AL FAIT QUELQUE CHOSE ! »
« Mais qu'est-ce que tu veux que je fasse !
« Arrête de tourner en rond comme une pie qui a mal au cul et vient me détacher ! »
Une voix les fit tous les deux taire :
« Edward Elric ? Qu'est-ce que vous faites là ? »
Falman sortit de derrière sa cachette.
« Et vous Falman ? Vous êtes drôlement loin de Central. Mais je suppose que si vous êtes là, alors… »
« Hé bien, n'est-ce pas FullMetal que je vois là ?
« Grrr, Mustang. J'aurai dû m'en douter.
« C'est Colonel Mustang. Je te rappelle que tu me dois respect et obéissance. C'est quoi cette tête, on dirait que tu n'es pas heureux de me voir.
« Disons que pour une surprise, c'est une mauvaise surprise. Ca vous embêterait de me libérer ? Parce que là, j'ai la tête qui bourdonne. »
« A ton service FullMetal. »
D'un coup de canif, Mustang trancha la corde et Ed tomba tête la première au sol dans une envolée lyrique de jurons qui avaient pour thème général l'arbre généalogique de Mustang et sa descendance, ou plutôt future absence de descendance une fois qu'il se serrait occupé de son cas.
Quelques minutes (et pansements) plus tard, Edward, Alphonse, Fuery, Falman et Mustang tenaient un concile assis sur des pierres.
« Qu'est-ce que vous faites là Colonel ? Et qu'est-ce que c'est que ce piège avec la chèvre ? »
« Je ne m'attendais pas non plus à vous voir par ici. Qu'est-ce que vous êtes venus faire là, toujours à la recherche de la pierre philosophale ?
« Ouaip. Toujours. Et quelqu'un nous a dit qu'elle aurait peut-être été créée ici à Minoen. On est venu jeter un coup d'œil.
Al s'avança vers Mustang.
« Colonel, je ne vois pas le Lieutenant Hawkeye, elle n'est pas avec vous ? J'aurai voulu la saluer. »
Le visage de Mustang se referma immédiatement.
« Venez, il faut qu'on parle. Mais pas ici. En plus, Edward, tu sens le chacal. Cette chèvre a meilleure haleine que toi. Un bain ne sera pas de trop. »
Edward retrouva Mustang assis dans la salle principale de l'auberge. Fuery et Falman étaient partis s'enquérir de la santé de leurs camarades et profiter de l'occasion pour rassembler du matériel, cordes, pelles, lanternes, etc.
« Ben dis donc, vous avez fait se sauver tous les clients ? C'est drôlement désert par ici pour une auberge.
« Joe, l'aubergiste est blessé. Alors l'auberge est fermée, sauf pour nous qui étions déjà installés.
« Où sont Havoc, Breda et Hawkeye ? Vous les avez laissés à Central City ? Ca ne vous ressemble pas de vous déplacer avec moins de cinq hommes pour escorte.
« Breda a été mordu par un serpent et Havoc a eu le cou arraché. Ils sont tous les deux à la clinique pour le moment… », Mustang se passa une main dans ses cheveux, « Pour le Lieutenant Hawkeye, c'est un peu plus compliqué. »
Devant l'air sombre de Mustang, Edward perdit toute envie de l'asticoter. Quelque chose de sérieux était vraisemblablement arrivée à la jeune femme. Bien que n'étant pas très proche d'elle, Edward éprouvait un profond respect pour elle, et il savait à quel point Mustang y était attaché.
« Je vous écoute Colonel. Racontez moi tout depuis le début. »
Mustang se lança dans le récit de leurs aventures jusqu'aux évènements de la veille au soir.
Il rapporta sa discussion avec Zarate et l'attaque qu'ils avaient subie ici à l'auberge par deux individus, un garçon et une femme, qui s'était soldée par la mort de Tourim et l'enlèvement de Riza, puis pour finir leur face-à-face avec Riza, complètement sous l'emprise de Kâa.
« Colonel. Avez-vous déjà entendu parler des Homoculi ?
« Oui, ce sont des êtres qui seraient le résultat d'une transmutation humaine ratée. Mais ce ne sont que des légendes.
« Tout comme l'est celle de votre déesse Kâa, et pourtant, vous avez sous les yeux la preuve de son existence. »
Ce fut à Al de prendre la parole.
« Nous avons croisé plus d'une fois le chemin de ces homoculi lors de nos recherches. Notamment lorsque nous étions dans le cinquième laboratoire. Un garçon qui se fait appeler Envy et qui a le pouvoir de prendre n'importe quelle forme humaine ou animale, et Lust, une femme dont les ongles s'allongent pour devenir des armes mortelles.
« Je suis sûr Colonel, que si nous devions comparer les blessures de l'aubergiste et de votre guide, elles ressembleraient à celles que nous avons déjà vu chez les victimes de cette Lust. »
« Alors tout serait lié. Mais comment ? Quel rapport avec le Lieutenant Hawkeye ?
« Je ne sais pas Colonel. A nous de le découvrir.
« Nous avons intérêt à faire très vite. Bradley envoie de nouveaux bataillons en renfort et j'ai peur que cela n'envenime la situation.
« Vous avez un plan ? »
Mustang haussa les épaules :
« Retourner dans les ruines et essayer de capturer Hawkeye. Trouver ce temple. Toutes les réponses doivent s'y trouver, c'est là qu'avait été enfermée Kâa.
« Voila un programme comme je les aime : mettre la main sur la réincarnation d'une déesse assoiffée de sang et furieuse d'avoir été enfermée et trouver un temple disparu. Et tout ça à l'aide d'une simple chèvre ! »
« Si tu as d'autres idées, je suis preneur. »
Ils se levèrent pour se rendre de nouveau dans les ruines et mettre en place leur piège.
Alors qu'ils allaient franchir la porte, Ed interpella Mustang.
« Colonel. Nous ferons tout pour sauver le Lieutenant, mais il faut aussi considérer la possibilité qu'il soit trop tard pour elle.
« Edward, as-tu déjà seulement envisagé une seule fois qu'il soit trop tard pour ramener le corps de ton frère ?
« Non Colonel.
« Alors nous nous sommes compris. »
Fuery arriva en courant dans leur direction.
« Colonel, venez vite.
« Quoi encore ? »
Fuery essayait de reprendre son souffle, courbé en deux d'avoir couru aussi vite, les mains posées sur ses genoux.
« C'est Coward, il harangue la foule.
« Quel imbécile !
« C'est qui ce Coward ? » Demanda Edward.
« Le Maire de cette ville. C'est un crétin fini. Allons voir. »
Ils suivirent Fuery jusqu'à une place bondée de monde, au milieu de laquelle Coward s'égosillait.
« Je vous le demande, à vous chers concitoyens, que fait l'armée et l'Etat pour nous ? Rien, l'état major se contente de nous envoyer une équipe de soldats menée par un Colonel d'opérette. Et voilà le résultat, un jeune garçon de seize ans est mort cette nuit et Joe, l'aubergiste, notre ami à tous, est entre la vie et la mort. »
Des cris émergèrent de la foule excitée : « Ouai, Coward a raison ! »
« Nous voulons des explications. Tout de suite ! »
Mustang éleva la voix pour faire taire la foule.
« Des explications, nous n'en avons pas encore à vous fournir, mais nous mettons tout en œuvre pour trouver qui se cache derrière tout ça. Ne croyez pas que la mort de Tourim nous laisse indifférents. Je le connaissais sans doute mieux que la plupart d'entre vous. Alors soyez assurés que je ne laisserai pas ces crimes impunis. »
Edward et Alphonse se tenaient en retrait, observant le Colonel qui faisait seul face à la foule et tentait de ramener le calme.
« Vous vous demandez ce que fait l'armée pour vous. Deux de mes hommes ont été blessés hier soir alors que nous tentions d'appréhender les deux personnes qui ont agressé Tourim et Joe. J'en fais à présent une affaire personnelle. »
Mustang se tourna vers Coward :
« Et vous Monsieur le Maire, que comptez-vous faire pour vos citoyens ? »
Coward était à court de mots, sa peau vira au pourpre et il se mit à bégayer :
« J'ai déjà fait tout mon possible, Colonel.
« Et nous voyons où ça a mené, Coward. »
Mustang se tourna vers la foule qui s'était calmée,
« Rentrez chez vous. Vous avez mieux à faire que d'écouter cet homme. »
La foule s'éparpilla, Coward se retrouva seul face à Mustang.
« Je vous casserai Mustang. Vous me le paierez.
« J'avais déjà cru le comprendre en effet. Maintenant partez. »
Une fois Coward parti, Edward s'approcha de Mustang en frappant dans ses mains.
« Bravo. Encore un de vos amis. Je vois que vous êtes toujours aussi populaire Colonel. Votre charme naturel sans doute. »
« Tais-toi, je me sens suffisamment énervé pour avoir envie de faire une friture de crevette.
« Hé, je suis pas une crevette !
« Ah oui ? Tiens, je croyais, tu es tellement… comment dit-on déjà ? Ah oui, verticalement déficient. »
Ed était prêt à sauter à la gorge de Mustang, Al s'interposa avec l'aide de Fuery.
« Arrêtez tous les deux. Nous avons plus urgent à faire que de se battre entre nous. Il faut trouver ce temple dont vous nous parliez Colonel et sauver le Lieutenant Hawkeye. Et plus tôt sera le mieux. »
Ed se calma,
« Tu as raison Al, allez vient. On y va. »
