Chapitre 22
Falman, Fuery et Al attendaient patiemment derrière un rocher le retour du Colonel et d'Edward. Des cris détournèrent leur attention un instant. Ils virent arriver au triple galop Breda et Havoc.
« Qu'est-ce que vous faites là tous les deux ?
« C'est Coward, il s'est fait attaquer chez lui. On l'a transporté à la clinique alors que nous y étions toujours. Ses bras et son cou présentent des traces de morsures et son torse est lacéré. »
« Il est formel, il dit que c'est Hawkeye qui l'a agressé. Le bruit court déjà dans la ville que ce sont les militaires qui sont responsables de tout ce qui arrive et que c'est un coup monté pour que l'armée prenne le contrôle de la ville. »
Breda renchérit :
« Les soulèvements que craignaient Bradley sont en train de se produire. Des groupes se sont déjà formés. Ils sont à la recherche de Hawkeye. Il faut prévenir le Colonel. Où est-il ?
« Avec Edward, en train d'explorer le temple où aurait été retenue la déesse Kâa. »
Havoc regarda l'entrée que lui indiquait Falman. Il ne put retenir un frisson.
« Ils sont là dedans ?
« Oui depuis environs trois quarts d'heure maintenant. Il nous a demandé de faire le guet et de le prévenir en cas de besoin. Si tu veux y aller, te gênes pas pour nous. »
Havoc s'approcha prudemment de l'ouverture.
« Ca a l'air lugubre. »
Il déglutit.
« Y'a pas quelqu'un qui veut venir avec moi ?
« Non »
Al s'avança vers l'escalier.
« Bon, j'y vais. Il faut bien que quelqu'un y aille… »
Il s'engagea sur les premières marches,
« De toute façon, il y a certainement plus de risque de tomber sur Hawkeye dehors, que dedans. »
Tous les autres se regardèrent :
« En même temps le petit n'a pas tort. Si Hawkeye a attaqué Coward pendant que nous étions tous ici, c'est qu'elle n'est pas là-dedans. »
« Heu, Al, attends-nous ! »
La tête d'Alphonse émergea.
« Non, pas tous, il faut qu'il en reste ici pour donner l'alerte en cas de problème. »
« Mais… »
« J'ai dit 'non'. Havoc vous venez avec moi, les autres vous restez là. »
Fuery, Falman et Breda se rassirent en bougonnant.
« Quelqu'un peut me dire pourquoi c'est un gosse de 14 ans en armure qui nous dit quoi faire ?
« Tais-toi et guette ! »
« Bon d'accord. »
« J'y crois pas, c'est encore loin ? J'ai l'impression que nous descendons ces foutues marches depuis dix siècles !
« Comment veux-tu que je sache si c'est encore loin Ed, je ne suis jamais venu ici. Lorsqu'elle m'a raconté ses cauchemars, Riza m'a dit qu'elle avait eu l'impression de marcher plus d'une demi-heure avant d'arriver à la salle où reposait le sarcophage.
« Petite question, Monsieur le Colonel Je Sais Tout, on fait quoi lorsqu'on y arrive ?
« Je ne sais pas encore. Je vois deux cas, un Riza est là, et alors nous sommes en danger, deux Riza n'est pas là, et là je sais pas, c'est là qu'on improvise.
« Super, ça c'est du plan ou je ne m'y connais pas. »
Mustang s'arrêta en plein dans sa descente, Ed lui rentra dedans.
« Bon Dieu, qu'est-ce qui vous prend ?
« Chut. J'ai entendu quelque chose. »
Ed devint livide. Soudain, Mustang pointa du doigt vers les marches plus bas :
« Là ! »
Edward cria : « Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! » et s'accrocha aux bras du Colonel.
Une couleuvre se tortillait sur une marche. Mustang claqua des doigts et transforma le serpent en tas de cendres fumantes.
« Voila. Tu peux me lâcher maintenant. »
Ed se redressa et se recomposa une contenance :
« Heu, et si nous faisions comme si de rien n'était.
« Petit trouillard
« Hé, je suis pas petit ! »
Ed toussa dans sa main.
« Je vous propose un marché, vous ne dites rien de cet épisode et je ne dis rien pour votre Riza. »
Roy topa dans sa main.
« D'accord. Marché conclu. Maintenant, on peut reprendre notre route ?
« Après vous Colonel. »
Quelques minutes plus tard, ils atteignaient enfin la salle qu'avait décrite Riza. Ronde, sombre, un sarcophage en son milieu, le couvercle sculpté d'une gorgone reposait à côté, mais son contenu leur restait caché par la pénombre.
Roy et Ed se regardèrent un court instant :
« Bon, c'est le moment d'improviser Colonel. »
Roy acquiesça. Il ajusta ses gants et Ed transmuta son bras en lame.
Ils s'approchèrent à pas lents du cercueil en pierre, retenant leur respiration. Mais il était vide.
Ils poussèrent simultanément un soupir de soulagement, qui malheureusement ne dura pas.
« Si elle n'est pas là, où peut-elle être ?
« Bonne question. Au moins, on peut profiter de cette absence pour faire le tour de cette salle. Le vieux Zarate n'a pas pu m'apprendre comment la déesse avait été piégée dans ce temple. J'imagine qu'elle devait reposer dans ce sarcophage. Alors comment s'y sont-ils pris ? »
Roy observa le sarcophage de l'intérieur puis de l'extérieur.
« Je ne comprends rien à ce qui est inscrit dessus. Tu connais ?
« Non. Et puis, on n'y voit rien ici. Vous ne pourriez pas vous débrouiller pour faire plus de lumière ?
« Hé, tu me prends pour quoi ? Je suis pas un lampion !
« On peut pas dire que vous vous soyez montré très utile jusqu'à présent, alors c'est le moment ou jamais !
« Pas utile ? Et qui c'est qui m'a sauté dans les bras devant un minuscule serpent ?
« Il était pas minuscule !
« C'est sur que comparé à toi, il était énorme !
« Je suis pas PETIT ! CHIEN GALEUX !
« MICROBE !
« BOULET ! »
« JE SUIS PAS INUTILE !
« ALORS ALLUMEZ-NOUS CES PUTAINS DE BOUTS DE BOIS QUI TRAINENT !
« D'ACCORD ! »
D'un claquement de doigts furieux, Mustang embrasa les branchages qui traînaient un peu partout au sol.
La pièce se trouva complètement illuminée.
« Ben voilà ! C'était pourtant pas compliqué.
« Tais-toi Ed, où le prochain que j'allume, c'est toi. »
Mais déjà Ed se trouvait complètement absorbé dans l'examen de traces au sol.
« Colonel, regardez.
« Quoi ? Mais c'est…
« Un cercle de transmutation. Et d'après ce que je vois, il est incomplet, comme si… on l'avait volontairement effacé. »
Ils étaient tous les deux penchés sur le dessin compliqué, lorsqu'une voix se fit entendre et les fit tous les deux sursauter.
« Vous avez trouvé quelque chose ? »
« Al ! Qu'est-ce que tu viens faire là ? Et comment es-tu arrivé jusqu'ici ?
« J'ai eu qu'à suivre vos cris… Je pense que même les autres dehors doivent les avoir entendus. »
Havoc passa une tête par derrière Al.
« Ca c'est sûr.
« Havoc, qu'est-ce que vous faites là ? Le docteur vous a laissé sortir ?
« Il y a eu du nouveau. Coward s'est fait attaquer, il est salement amoché. Il dit que c'est Hawkeye. Du coup, les habitants s'en prennent aux militaires et ils sont à la recherche du Lieutenant. »
Un long silence suivit la déclaration d'Havoc.
« Edward, nous n'avons plus de temps à perdre. Peux-tu comprendre comment fonctionne ce cercle ? »
Ed se pencha de nouveau sur les inscriptions.
« Je dirais que c'est grâce à ce cercle que la déesse a été retenue prisonnière ici et que le fait de l'avoir effacé en partie a brisé le sortilège. Il faudrait que je l'étudie un peu plus pour en comprendre le mécanisme et reconstituer la partie manquante. »
« D'accord, alors fait vite. Il faut le reconstituer coûte que coûte.
« Le reconstituer ne suffira pas Colonel. Il suffirait à quelqu'un de le briser une nouvelle fois pour que tout soit à refaire.
« Que proposes-tu alors ?
« Il faut le graver dans la pierre.
« On n'aura jamais le temps. Entre les habitants en furie et Hawkeye toujours en liberté qui peut nous tomber dessus d'un moment à l'autre, nous n'avons que quelques heures devant nous, peut-être même que quelques minutes. Il faut trouver un autre moyen. »
« Colonel, je suis peut-être doué, mais je ne sais pas encore faire de miracle. »
Mustang posa sa main sur son épaule.
« J'ai confiance en toi Ed. »
Puis il ressortit de la pièce,
« Al tu viens avec moi, Havoc, vous restez avec Ed. »
« Hé vous allez où ? »
« Attirer Hawkeye pour la piéger. »
