Chapitre 26


« Est-ce que ça va suffire ? »

Demanda Fuery à Edward qui se tenait accroupi au bord de cercle, le tas de bronzes au centre.

« Je pense. Vous êtes prêts ? »

Les deux militaires acquiescèrent.


Mustang s'approcha de la cage en bandant son bras blessé.

« Falman, Breda, allez voir où en est Edward. »

Riza tournait en rond, hurlant de rage et crachant à l'intention de ses geôliers.

« Riza. Calmez-vous. »

Elle éclata de rire. Elle fixa ses yeux sur ceux de Roy.

« Riza. Est-ce le nom de la femme à qui appartient ce corps ? Je dois dire qu'il est agréable à regarder. Ils auraient pu choisir pire ! Coward en bavait rien que de regarder et lorsqu'il a touché, j'ai cru qu'il allait tourner de l'œil ! Mais je l'ai saigné comme un porc. Il ne méritait pas que je lui accorde mes faveurs. »

Mustang essaya de chasser de son esprit l'image de Riza dans les mains de Coward.

« Qui sont ces « ils » ? Ceux qui vous ont libérée ? »

Mais Riza resta silencieuse, les yeux rivés sur le Colonel, ondulant imperceptiblement son corps de gauche à droite.

Soudain celui-ci entendit une voix dans son esprit.

« Coward ne méritait pas mes faveurs, mais toi oui. Elle te plaît n'est-ce pas. Je le sais. D'ailleurs je n'ai pas oublié cette nuit dans la tente. Tu as aimé. »

Roy se prit la tête entre ses mains. « Tais-toi. »

« Approche, tu peux l'avoir encore si tu veux. Tu en meurs d'envie. Il te suffit de venir la chercher. Viens, elle est prête, elle t'attend. Elle a besoin de toi. »

Alphonse regarda sans comprendre ce qui arrivait au Colonel.

« Colonel, que vous arrive-t-il ? »

Roy avança d'un pas vers la cage. Puis d'un autre. Il ne pouvait faire autrement que de répondre à l'invitation de la voix dans sa tête.

Al s'approcha de lui.

« Colonel, qu'est-ce que vous faites ?

« Laisse moi Al. Je dois y aller. Elle m'appelle. »

« Quoi ! Oh mon Dieu, non. »

Al se jeta sur Mustang pour le retenir.

« Colonel, arrêtez. Elle va vous tuer si vous l'approchez.

« Lâche moi, Riza a besoin de moi. »

« Non, jamais. Il faut vous ressaisir Colonel. Ce n'est pas Riza. »

Alphonse se tourna vers la cage, tout en tenant Mustang.

« Lieutenant Hawkeye, si vous m'entendez, laissez le Colonel. Vous êtes incapable de lui faire du mal. Vous m'entendez Riza ! Vous ne pouvez pas laisser faire ça. »

« Riza, vous ne pouvez paslaisser mourir Mustang. »


Edward claqua ses mains et les posa ensuite sur le cercle de transmutation. Une lumière rose envahit la crypte et lentement, le bronze fondit et coula en suivant les lignes tracées au sol.

Lorsque Falman et Breda les rejoignirent, il ne s'aperçut même pas de leur présence.


Riza, les yeux fermés, flottait dans le noir. Elle s'entendit appeler : Vous m'entendez Riza, vous ne pouvez pas laisser faire ça.

« Alphonse ? Est-ce toi ? Qu'est-ce que je ne dois pas laisser faire ? »

De nouveau la voix d'Alphonse lui parvint : Vous ne pouvez pas laisser mourir Mustang.

« Laisser mourir Mustang ? »

Riza papillonna des paupières, laisser mourir Mustang, mourir Mustang, mourir Mustang, les mots résonnaient en écho dans son esprit.

Puis soudain, Riza ouvrit ses yeux. Laisser mourir Mustang. Jamais.

Elle tourna sur elle-même et découvrit la gorgone qu'elle avait tant vue dans ses cauchemars. Elle était en pleine incantation. Riza observa la scène : le monstre en cage, qui hypnotisait Mustang pour l'attirer à elle et Al qui essayait de toutes ses forces de le retenir.

Riza, vous ne pouvez pas laisser faire ça.

Non. C'était impossible. Elle avait consacré sa vie à cet homme, à le sauver, à le garder dans le droit chemin et à le pousser toujours plus haut, toujours plus loin. Il était sa raison de se lever chaque matin, sa raison de rester dans l'armée, sa raison de continuer d'appuyer sur la gâchette, sa raison de vivre.

Il était hors de question qu'il meurt de ses mains à elle. Plutôt mourir que de tuer le seul homme qui ait jamais compté pour elle.

Elle ferma les yeux et concentra toute sa colère, toute sa rage et sa volonté. Il fallait qu'elle réussisse à prendre le dessus sur ce démon.

Elle ouvrit ses yeux,

« Hé toi là bas. Laisse le. Tu entends. Je t'interdis de toucher à un seul de ses cheveux. »

De surprise, la gorgone cessa son incantation et tourna son visage horrible vers elle.

Riza réussit au prix d'un gros effort de volonté à faire un pas vers elle.

« Oui, c'est à toi que je parle, espèce de garce. »

La gorgone lui cracha dans sa direction.

« Tu croyais la partie gagnée ? Eh bien tu as eu tort. »

Riza fit un deuxième pas, suivi d'un autre et encore d'un autre pour enfin atteindre le monstre.

Sa colère oblitérant toute chose, elle lui attrapa les serpents qui lui servaient de cheveux et lui envoya un coup de poing suivi d'un coup de tête. Elle la rattrapa et lui écrasa son visage contre la cage.


Al sentit Roy cesser de se débattre dans ses bras et le vit secouer sa tête comme pour s'éclaircir les idées.

« Al, qu'est-ce qui se passe ? »

Alphonse relâcha enfin son étreinte, soulagé.

« Elle vous a hypnotisé je crois, vous disiez que Riza vous appelait et qu'elle avait besoin de vous. J'ai du vous retenir pour que vous ne vous approchiez pas de la cage, elle vous aurai tué sinon. »

Ils se tournèrent tous les deux vers la cage. Le spectacle qu'ils virent les cloua sur place.

Riza crachait dans le vide, ils la virent partir en arrière comme sous l'effet d'un coup, puis soudain, s'éclater le visage contre les barreaux de la cage.

« Mais qu'est-ce qui lui arrive ? Qu'est-ce qui se passe ? »

« Je crois que le Lieutenant essaye de reprendre le dessus… Je l'ai appelée, je lui ai dit qu'elle ne pouvait pas vous laisser mourir… »

« Mon Dieu, mais elle va se tuer si elle continue. Il faut faire quelque chose. »


Riza regardait Kâa qui se tenait à genoux devant elle. Elle essayait de reprendre son souffle.

La douleur se répercutait en elle à chaque coup qu'elle assénait. En frappant la gorgone, c'était son propre corps qu'elle blessait. Son nez et son arcade sourcilière saignaient et sa tempe avait éclaté. Le sang lui coulait le long de son visage.

S'il fallait qu'elle meure pour que tout cela cesse, alors…

Elle s'approcha une dernière fois du corps recroquevillé au sol.