Chapitre 27

L'esprit d'Edward était entièrement concentré sur le tracé du cercle, guidant les coulures de bronze selon les courbes.

Encore quelques centimètres… et il serait enfin complet… Plus que quelques millimètres…

Enfin, les coulures de bronze se rejoignirent et le cercle s'illumina violemment.


Roy et Al s'étaient élancés vers la cage. Tout à coup, il virent le corps de Riza se soulever dans les airs et une forme vaporeuse s'en détacher lentement, prenant plus ou moins forme humaine.

Ils reconnurent aux serpents qui s'agitaient sur son crâne, la gorgone qui était sculptée sur le couvercle du sarcophage. Elle hurlait et tentait désespérément de se retenir par ses bras au corps meurtri de Riza.

Mais, la force qui l'attirait était bien plus puissante et elle fut entraînée et disparut dans les ruines du temple.


Fuery, Breda, Falman, Havoc et Edward virent apparaître dans un tourbillon, le corps vaporeux de la gorgone hurlante.

Il était aspiré par le sarcophage. En quelques secondes, la gorgone se retrouva allongée dans son cercueil et le couvercle de remit en place de lui-même et se scella.

Le cercle de transmutation s'éteignit et Edward tomba à la renverse.

« Ca y est, c'est fini. »

Falman l'aida à se relever.

« Ca va Edward ? »

Le jeune garçon hocha de la tête.

« Oui. Ca va. Remontons. »

Ils débouchèrent dans la pièce principale du temple.

« Il me reste une dernière chose à faire, alors sortez tous, je vous rejoins. »


Les militaires émergèrent avec soulagement à l'air libre et se lancèrent à la recherche de leur Colonel et d'Alphonse.

Ils les trouvèrent accroupis à côté du corps de Riza. Le tatouage qui ornait son dos avait complètement disparu.

Avec des gestes précautionneux, Mustang la retourna dans ses bras et tâta son cou à la recherche d'un pouls.

Lorsqu'il sentit l'imperceptible pulsation contre ses doigts, il soupira de soulagement.

Elle était vivante.

Il écarta les cheveux de son visage, et essuya doucement le sang qui le recouvrait avec son mouchoir.

« Hawkeye, vous m'entendez ? »

Ses paupières papillonnèrent puis s'ouvrirent lentement.

« Colonel…

« Tout est fini. Vous êtes en sécurité. »

Riza hocha la tête et sombra de nouveau dans une bienheureuse inconscience.


Une fois seul Edward s'approcha de chaque pilier et transmuta leur base. Alors qu'il atteignait ceux du fond, il découvrit sur le mur une immense fresque, composée d'un dragon à deux têtes au centre d'un cercle formé de cinq soleils, et d'une écriture inconnue. Le même dessin que celui dans le cinquième laboratoire. Et malheureusement pour lui, tout aussi incomplet !

Un grondement sourd se fit entendre derrière lui et il vit les piliers se fissurer.

« Malédiction ! »

Il jeta un dernier regard au dessin et s'élança vers la sortie.

Il émergea complètement essoufflé dehors et courut aussi vite qu'il put le plus loin possible de l'emplacement du temple qui implosait.

Une voix derrière lui le fit sursauter :

« Qu'est-ce que t'as encore fait ? »

Edward fit volte-face. Mustang tenant Hawkeye dans ses bras, entouré de toute son équipe et de son frère, le regardait.

« J'ai pensé que ce serait plus prudent de faire complètement disparaître ce maudit temple une bonne fois pour toute. Une double précaution en quelque sorte. »

Edward se tut et regarda Riza dans les bras de son Colonel.

« Comment va-t-elle ?

« Elle est vivante. »

Edward lui sourit.

« Cool. »

« Ouais. C'était un joli travail d'équipe. Mais tu aurais pu faire plus vite tout de même ! »

« C'est pas grave, vous me direz merci plus tard. »

Edward lui tourna le dos, il entendit la voix de Mustang le rappeler :

« Eh, tête d'ampoule ! »

Edward se retourna, Mustang lui souriait,

« Merci. »

Edward lui sourit en retour.

« De rien, c'était avec plaisir. »


Ils reprirent tous le chemin de la ville. Mustang prit Riza avec lui sur son cheval, un bras retenant les rennes l'autre la serrant tout contre lui.

Il sentait sa chaleur contre son torse et il voulait lui communiquer la sienne.

Enfin, ils arrivèrent tous les huit à Néomin où ils furent accueillis par une foule hostile. Ils mirent les chevaux au pas. Mustang resserra son étreinte sur Riza.

Un homme armé d'un bâton, le regard déterminé, s'approcha d'eux.

« Colonel. Nous voulons faire justice. Donnez nous la femme. »

Mustang fit avancer lentement son cheval.

« C'est hors de question. Le Lieutenant Riza Hawkeye n'est pas responsable des crimes dont vous l'accusez. Elle est victime autant que Coward l'est. »

« C'est pourtant elle qui a attaqué Argus Coward et l'a laissé pour mort, baignant dans son sang. »

« Personne n'a été témoin de ce qui s'est passé réellement. Vous n'avez que la parole de Coward pour vous affirmer que mon lieutenant l'a attaqué. Ce même Coward qui a juré d'avoir ma peau parce qu'il est plus facile de s'en prendre à moi et mon équipe plutôt que de faire face à sa propre inaptitude. Réfléchissez-y. »

Roy put lire le doute passer dans le regard de l'homme et de ses compagnons.

« Regardez-la. Vous pensez vraiment qu'une femme comme elle aurait pu causer pareils dégâts sur un homme robuste comme Coward ? »

Roy releva un peu Riza dans ses bras.

« Regardez-la bien. Voyez dans quel état elle se trouve. Mon lieutenant est elle-même la victime de celui qui a fait cela, qui a semé la terreur dans votre ville, enlevé vos amis et vos femmes, et qui a attaqué Coward. »

Mustang laissa planer le silence. L'auditoire lui était acquis.

« Nous l'avons combattu dans les ruines de Minoen, le Lieutenant Hawkeye a risqué sa propre vie, c'est grâce à elle que nous avons pu vaincre et détruire le monstre responsable de tout ce gâchis. »

Roy tendit en l'air sa main gantée.

« Alors non, je ne vous livrerai pas Riza Hawkeye. Et je brûlerai sur place le premier qui voudra s'en prendre à elle. »

Si son discours n'avait pas encore convaincu la foule, la dernière phrase suffit à disperser la foule.

Mustang se tourna vers son équipe.

« Assez perdu de temps, j'emmène Hawkeye à l'auberge. Fuery allez avec Breda chercher le médecin. »

Des applaudissements se firent entendre. Mustang chercha des yeux d'où ils venaient.

Il vit venir à eux nul autre que le Führer, Bradley, entouré d'une garde rapprochée, qui frappait dans ses mains.

« Bien parlé Colonel Mustang. »

Mustang se mit au garde à vous comme il pouvait, en tenant toujours Riza dans ses bras.

« Généralissime ? Mais comment…

« J'étais en visite au QG de la région. Et j'ai décidé de venir en personne pour assurer la population que nous prenions leurs problèmes très au sérieux. Mais je vois que finalement vous avez la situation bien en main. »

Bradley regardait Riza toujours lovée dans les bras de son Colonel. Mustang resserra instinctivement son étreinte.

Bradley murmura pour lui-même : « Oui, bien en main. »

Puis à voix haute à l'attention de Mustang :

« Emmenez cette femme se faire soigner. Elle semble en avoir grand besoin. Vous me ferez votre rapport ensuite. »

Mustang acquiesça et remit son cheval en route pour l'auberge.


Il déposa Riza sur le lit de l'une des chambres encore libres, préférant ne pas la remettre dans la chambre qui avait été le théâtre de ses crises et de son enlèvement.

Le médecin ne tarda pas à arriver et il prit en charge immédiatement la jeune femme, faisant sortir tout le monde de la pièce.

Ils attendirent tous dans le couloir le diagnostic.

Le médecin ressortit une vingtaine de minutes plus tard.

« Comment va-t-elle docteur ?

« Elle est toujours inconsciente, mais son état n'est pas aussi grave qu'on pourrait le croire à première vue. L'abondance de sang est due à son arcade et à sa pommette ouvertes, ce sont des régions qui saignent toujours beaucoup. Son nez n'est pas cassé. Bien sûr elle va porter les contusions encore quelques temps, mais ça passera. Vous pourrez la rassurer lorsqu'elle se réveillera, elle sera aussi jolie qu'avant une fois que les bleus se seront estompés. » Dit-il avec un sourire.

« En tout cas, celui qui a fait ça n'y est pas allé de main morte. On dirait qu'elle a combattu un match de boxe. »

Le docteur poussa un soupir.

« Enfin… Il faut qu'elle se repose. Montez la garde à côté d'elle si vous voulez, mais surtout laissez là au calme. Et prévenez moi lorsqu'elle se réveillera.

« Bien Docteur. »

« Maintenant, Colonel, il me semble que votre bras aurait bien besoin que j'y jette un œil. »

Quelques minutes plus tard, le bras correctement bandé, Mustang raccompagna le praticien jusqu'à la sortie de l'auberge. Il lui tendit sa main.

« Merci pour tout. »

Le médecin lui prit sa main et la maintint dans la sienne.

« Colonel. C'est bien fini n'est-ce pas ? »

« Oui Docteur.

« Et… les disparus ?

« Il n'aurait pas été judicieux de les ramener. Il est préférable que certaines choses ne soient jamais sues. Je suis désolé.

« Mon Dieu. »

Le médecin remit son chapeau et s'éloigna dans la rue, le dos courbé.

Roy remonta les marches jusqu'à l'étage. Il était mort de fatigue, mais trop énervé pour pouvoir dormir. Et puis il voulait veiller sur Riza.

Il renvoya tout le monde se reposer et prit place sur un fauteuil près du lit de la convalescente. Il resta là un moment à la regarder dormir, puis doucement, lentement, ses yeux se fermèrent et il sombra dans les bras de Morphée.