Merci Mouton noir ! Je suis ravie de lire que tu aimes mon histoire. Et j'aime encore plus lire ta review. Merci et bonne lecture pour ce chapitre. A bientôt !

J'ai fait quelques modifications sur le chapitre 30. Rien de bien important, mais ça ne me plaisait pas tel qu'il était.
Je ne suis pas sûre que vous trouviez de quoi je parle, mais j'en ai pourtant fait.

allez, bonne lecture !

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Chapitre 31

Thorín devait aller se laver avant de rejoindre Bilbo et il s'empressa de grimper les escaliers qui menaient à ses appartements. Il sourit en pensant qu'avant de rencontrer son compagnon, il pouvait passer des heures à s'entrainer avec Dwalín et aller ensuite à la taverne pour vider quelques chopes de bière bien méritées.

Maintenant, ce n'était pas que ça ne l'intéressait plus, mais il trouvait plus agréable de passer du temps avec son One. Ses boucles douces d'une incroyable couleur dorée, ses adorables petites oreilles pointues et ses immenses yeux verts étaient autant de choses dont il savait qu'il ne pourrait plus se passer.

Arrivé dans sa chambre, il ouvrit directement la porte de la salle de bain, remplit le bassin puis il se déshabilla, plongea dans l'eau et se savonna vigoureusement avant de laver ses cheveux qui étaient tout collants par la transpiration. Vingt minutes plus tard, c'est un fringuant nain royal, pourtant habillé de vêtements simples, qui sortit de ses quartiers pour se diriger vers la bibliothèque.

Il parcourut assez rapidement la distance et les gardes se dépêchèrent d'ouvrir la porte qu'il passa sans attendre.
Et il fronça les sourcils en remarquant qu'il n'y avait personne autour de la grande table. Mais où étaient donc Balín et son compagnon ?

-Bilbo ? S'inquiéta-t-il alors.

-Son altesse est là-bas, votre majesté... Lui répondit Kolya à voix basse.

Thorín sursauta presque en entendant le garde qui s'était approché sans bruit et regarda dans la direction qu'il lui indiquait.

-Où est Balín ? Gronda-t-il, mécontent qu'il ait laissé Bilbo seul.

-Les leçons étaient finies, mais son altesse désirait lire encore, alors il l'a laissé. Je me suis permis de le couvrir, même s'il fait plutôt bon ici. En général, quand on dort, on a tendance à avoir plus froid... L'informa encore Kolya avant de s'incliner puis de s'adosser à la porte.

Thorín le regarda un bref instant avant de s'approcher doucement de son compagnon. Il allait pour le réveiller quand il se retint. Il était tard, il avait faim et il supposa que ça devait être la même chose pour Bilbo et qu'il n'avait sans doute pas eu autre chose à manger que le goûter, dont il ne voyait que les miettes sur le plateau posé sur la table.

Mais s'il dormait, c'est qu'il était fatigué alors il décida de lui laisser les quelques minutes qu'il faudrait pour faire monter un repas.

-Faites préparer un plateau pour deux et précisez bien qu'un des repas sera pour Bilbo. Ordonna-t-il à Kolya après s'être approché de lui, pour ne pas réveiller son hobbit.

-Bien votre majesté, je m'en occupe tout de suite...

En attendant que les cuisines leur préparent de quoi se restaurer, Thorín retourna près de Bilbo et s'accroupit près du fauteuil. Il sourit en le voyant endormi, la tête penchée en avant et le nez touchant presque le livre qui était ouvert sur sa poitrine.

Il n'avait pas du tout l'air royal à cet instant, mais c'était le dernier de ses soucis. En fait, il se dit qu'il pourrait rester des heures ainsi, à regarder son hobbit dormir. Il était si beau...

Thorín se mordit la lèvre inférieure alors qu'il regardait le bout de l'oreille pointue qu'il était très tenté de lécher, mais il préférait garder ce genre de petites attentions pour quand ils seraient seuls chez eux.

Puis il entendit un bruit léger et se releva, juste à temps pour voir Kolya qui ouvrait la porte à un serviteur.

-Bonsoir votre majesté.

-Posez le plateau et refermez la porte derrière vous...

Connaissant le caractère plutôt ombrageux de son roi, le serviteur s'inclina en silence avant de quitter la bibliothèque.

-Laissez-nous ! Rajouta-t-il à l'intention de Kolya.

-Votre majesté...

-Ne discutez pas mes ordres ! Gronda Thorín. Allez voir Dwalín, il vous expliquera, en attendant, laissez-nous !

-Tu peux sortir, j'suis là. Lança une voix grave depuis la porte.

Kolya se tourna et se redressa en voyant son capitaine.

-Viens m'voir demain matin aux arènes, faut qu'on discute. Rajouta-t-il.

Le soldat sortit de la pièce en se disant que son service en tant que garde du corps n'avait finalement pas duré longtemps et il le regrettait. Le petit hobbit, devenu altesse royale, était une personne qu'il avait appris à aimer. Maintenant, il se demandait juste si sa vie n'allait pas lui paraitre fade...

-Alors c'est là qu'tu t'caches ?

-Qu'est-ce que tu fais là ?

-Balín m'a dit qu'Bilbo était resté ici après ses cours. Et j'me doutais qu'tu y s'rais aussi !

-Parle moins fort, il dort...

Dwalín s'approcha de son ami et regarda le hobbit qui était recroquevillé dans le fauteuil et qui dormait toujours, le nez sur son livre.

-Faudrait qu'tu l'réveilles si tu veux qu'il mange...

Thorín ne répondit pas, tiraillé entre son envie de le regarder dormir et de le nourrir de ses propres mains. Qu'est-ce que ça lui ferait de lui donner à manger avec ses doigts ?

De les voir disparaitre dans la petite bouche, de sentir la langue lécher la sauce qui y serait collé...

-Aye mon gars ! J'sais pas à quoi tu penses, mais tu devrais t'secouer la tête, parce que là, t'as l'air complètement barré ! Ricana Dwalín en lui donnant une tape sur l'épaule.

Grognant contre son vieil ami qui l'avait sorti d'un rêve éveillé plutôt plaisant, Thorín se retourna et le toisa.

-Tu n'as pas autre chose à faire que m'ennuyer ?

-Vous pouvez pas aller discuter ailleurs... Ronchonna Bilbo.

-Tu es réveillé ? Demanda bêtement Thorín en s'accroupissant à côté de lui.

-Ouais... à cause de vous...

-Je suis désolé givâshel...

-Oh la... il est temps pour moi d'partir... Marmonna Dwalín, j'te vois d'main ?

Thorín se contenta de secouer la tête mais ne quitta pas Bilbo des yeux, comme s'il risquait de disparaitre si jamais il détournait le regard ne serait-ce qu'une seconde.

-Ouais... ou pas... Ricana le guerrier avant de se tourner.

La lourde porte ne fit pratiquement pas de bruit quand il l'a ferma, laissant le roi et son compagnon seul.

-J'ai fait monter un plateau, tu as faim ?

-J'crève la dalle ! S'exclama Bilbo en se redressant. Ouaille !

-Qu'est-ce que tu as ? S'inquiéta aussitôt Thorín en grimaçant.

Les expressions qu'utilisaient Bilbo ne lui plaisait pas du tout et il allait vraiment devoir parler avec Balín afin qu'il lui apprenne à s'exprimer de façon correcte.

-J'ai mal partout ! Geignit le hobbit, ce fauteuil est bien pour lire, mais pas pour dormir !

-En même temps, une bibliothèque n'est pas le meilleur endroit pour ça...

-Mais j'voulais finir le livre !

-Ton assiduité t'honore, mais ne doit pas te dispenser de te nourrir, tu dois encore prendre des forces !

-Faut absolument que j'vois Ori... Marmonna Bilbo.

-Pourquoi parles-tu de lui ? S'étonna Thorín.

-Parce que mon professeur m'a dit qu'il y avait peut-être un livre qui expliquerait tous les mots que j'connais pas ! Je dois avoir ce livre ! J'en ai plus qu'assez de pas comprendre tout ce qu'on m'dit !

Thorín inspira fortement en pinçant les lèvres. Il devrait faire plus attention à employer des mots simples. Il le savait pourtant, mais à sa décharge, jusqu'à présent il avait surtout été obligé à faire le contraire justement. Le fait d'être un prince qui devait monter sur le trône lui avait imposé d'utiliser un langage châtié, chose qu'il devait absolument oublier quand il était en présence de Bilbo.

-D'accord, mais pas ce soir. Il est tard et je suppose qu'il est avec sa famille à cette heure-ci. Et puis tu dois d'abord manger...

Thorín s'arrêta de parler en voyant Bilbo froncer son nez et renifler, la tête légèrement relevée.

-Mais qu'est-ce que...

-J'ai l'impression qu'il y a une des sublimes tartes aux légumes d'votre cuisto dans l'coin...

-Mais comment tu...

-... j'dois être encore endormi... c'est pas possible autrement... Marmonna Bilbo en prenant sa canne.

-Non... tu as raison... Bombur a appris que tu les aimais et il t'en a fait.

-C'est vrai ? Elle est où ?

-Sur la table. Tu veux manger ici où dans notre chambre ?

-Si j'fais attention, j'peux manger ici ? Parce que l'temps qu'on y aille, ça va être froid... Grimaça Bilbo.

-Personne ne peut m'interdire de manger ici si je le désire. Rétorqua Thorín.

-Même pas Ori ?

Ce fut au tour de Thorín de grimacer. Bilbo avait raison. Il avait donné tout pouvoir au jeune nain qu'il avait nommé scribe royal et même lui n'avait plus aucun droit quand il entrait dans la bibliothèque. Il était au même niveau que n'importe quel habitant de la montagne et Ori avait beau être encore mineur, il pouvait être redoutable quand il s'agissait de la protection de ce lieu.

C'était lui qui avait suggéré, la mort dans l'âme, l'installation du système anti-feu. Il aurait préféré que les cheminées soient bouchées, mais après un hiver très rude, il avait apprécié la chaleur dégagée par les bûches qui flamboyaient dans l'âtre. Maintenant, mis à part qu'il pestait et râlait à chaque fois que le personnel de l'entretien devait ramoner les conduits d'évacuation, il ne trouvait rien à redire sur leur utilisation.

La seule chose sur laquelle le scribe avait été inflexible, était qu'autour des deux foyers, un périmètre de sécurité d'au moins quatre mètres soit instauré. Rien ne devait être mis dans cette zone qui était marqué par des incrustations de pierres de couleur qui formaient une gigantesque mosaïque.

-Pas la peine de répondre, vu la tête que tu fais, j'sais c'que tu vas dire ! S'esclaffa Bilbo.

Thorín grogna et s'approcha de la table. Mais il se mit à sourire quand il entendit le petit rire de Bilbo qui le suivait. Ça lui faisait chaud au cœur de voir que son hobbit était de plus en plus à l'aise avec lui.

-Veux-tu que je t'aide à t'installer ?

-Ça va l'faire... mon professeur a installé un marchepied à côté d'la chaise. Comme ça, j'peux m'débrouiller tout seul.

-Tu sais que ça ne me dérange pas ?

-J'ai pas l'habitude qu'on m'aide alors... il faudra du temps avant que j'm'y fasse... Rajouta-t-il en voyant la moue contrarié de son roi.

Ils mangèrent en silence mais Thorín ne pouvait s'empêcher de regarder Bilbo. Son régime alimentaire était toujours léger par rapport à ce qu'un nain pouvait manger et surtout, il se demandait s'il n'allait pas être obligé de faire modifier la quantité de réserve de légumes, vu qu'apparemment, les hobbits étaient plus que friands de ce genre de nourriture. Ce qui lui amena un petit rictus aux lèvres.

Comment pouvait-il manger ce qu'il qualifiait comme étant de l'herbe à lapin ?

-Au fait, ça devient quoi les travaux d'la chambre ?

-Ori s'est chargé de trouver les architectes et les décorateurs et je lui ai dit qu'il pouvait faire commencer les aménagements. Je vais demander qu'on transfert nos affaires dans une autre chambre...

-Quand est-ce que ça commencera ?

-On dirait que ce projet t'intéresse ?

-C'est trop sombre dans c'te montagne... j'ai l'impression d'être enfermé dans une cave... Marmonna Bilbo en frissonnant.

-Je suis étonné de t'entendre dire ça, je pensais que tu te sentais bien ici !

Ennuyé parce qu'il ne voulait pas faire croire qu'il n'aimait pas vivre à la montagne, Bilbo nettoya son bol de soupe avec un bout de pain et s'adossa contre la chaise en se frottant le ventre, les yeux fermés, avant de parler.

-Mais j'me sens bien ! C'est juste qu'un peu plus de lumière, ça m'plairait bien.

Et même s'il avait fait une sieste, il se sentit soudainement très fatigué et bailla.

-Je crois qu'il est temps d'aller au lit... Rigola doucement Thorín.

Bilbo rougit en se rappelant qu'il lui avait demandé de revenir dans la chambre. Leur chambre...

-Je peux aller dans celle de... Commença le nain.

-Non ! J'veux... j'aimerais qu'tu reviennes dans ta chambre... avec moi... Murmura Bilbo en se triturant les mains.

-Je ne sais pas si c'est une si bonne idée que ça... regarde-toi ! Tu donnes l'impression d'être comme un condamné qui attend la sentence de mort...

-C'est juste que...

-Je sais que tu as besoin de temps et je te promets de ne pas te toucher sans que tu le veuilles. Mais je ne veux pas que tu n'arrives pas à te reposer parce que tu aurais peur de mon contact pendant la nuit.

-Je sais que j'peux t'faire confiance, j'le sais, mais j'peux pas m'empêcher d'avoir peur quand même...

Thorín serra très fort les poings en imaginant tenir le cou de l'agresseur de Bilbo entre ses doigts. Comme il avait hâte d'avoir des nouvelles de Nori !

Mais avec l'hiver qui commençait à s'installer, il savait qu'il faudrait attendre le retour du printemps avant de savoir si oui ou non il avait réussi à l'attraper. Il ferma les yeux un bref instant afin de se calmer puis baissa la tête pour remarquer que Bilbo commençait sérieusement à piquer du nez et il décida qu'il était grand temps pour eux de se retirer dans leurs appartements.

-J'ai dormi et pourtant j'suis fatigué...

-Tu as bougé plus que d'habitude aujourd'hui, c'est peut-être à cause de ça ? Allez, on y va ! Tu veux que je t'aide ?

-Si je marche lentement, j'pense que j'y arriverais.

Thorín lui tendit sa canne et ensemble, ils quittèrent la bibliothèque.

-Kolya n'est pas là ? S'inquiéta Bilbo.

-J'ai discuté avec Dwalín à son propos. Tu n'as plus besoin d'être constamment protégé, surtout de moi maintenant...

-Alors il sera plus là ?

-On dirait que ça t'ennui...

-J'l'aime bien, il est gentil...

-Ça ne t'ennuie pas qu'il soit toujours à tes côtés ? S'étonna Thorín.

-En fait, ça m'rassure plutôt...

-A cause de moi, je suppose...

-Pas du tout ! C'est pas du tout ça ! J'connais pas la montagne et t'es pas toujours là pour m'accompagner si j'veux aller quelque part. Au moins, avec lui, je risque pas d'me perdre...

Rassuré par les paroles de son compagnon, Thorín retrouva le sourire et le chemin lui parut tout de suite plus agréable...

oOoOo

Ruppert avait beau se recroqueviller sur lui-même, le froid le glaçait jusqu'aux os.

-Arrête de claquer des dents, j'peux pas dormir ! Râla Nori.

-Parce que vous croyez que j'peux ? J'suis g'lé ! Rétorqua l'homme.

-Rapproche-toi du feu alors !

-J'tiens pas à m'cramer les miches !

-Alors tu la fermes ! Je sais pas comment j'pourrais réagir demain si j'suis fatigué parce que j'aurais mal dormi !

La menace fonctionna et Ruppert rongea son frein tout en se rapprochant un peu du foyer. La chaleur le saisit aussitôt et il tomba bien vite dans une douce torpeur.

-Combien de temps avant d'arriver ? Demanda alors Legolas.

-Si on s'lève de bonne heure et qu'on s'arrête pas plus que nécessaire pour les chevaux, on pourra peut-être y être demain soir, voir après-demain.

-Tant mieux ! Je commence à en avoir sérieusement assez de ce type...

-J'vous aurais pas cru capable d'apprécier autant de vivre chez des nains pendant des mois !

-Croyez-le ou non, mais je commence à vous apprécier.

-Si je savais pas qu'les elfes ne craignaient pas l'froid, j'pourrais penser qu'votre cerveau a gelé ! S'esclaffa Nori.

-Vous devriez dormir, j'aimerais assister au procès de ce type, pas à son meurtre...

Nori ricana et se camoufla dans sa couverture avant de fermer les yeux. C'était plutôt incroyable, mais il avait confiance en l'elfe...

oOoOo

Thorín attendit sagement que Bilbo ait fini ses ablutions avant d'entrer à son tour dans la salle de bain. Tout en peignant ses cheveux, juste avant de refaire ses tresses, il ne pouvait s'empêcher de sourire.

Avant, il n'aurait pas autant pris soin de lui, même si la chevelure d'un nain était quelque chose d'important dans leur culture. Mais maintenant il avait vraiment envie de paraitre à son avantage.

Juste avant de la fixer, il regarda la perle entre ses doigts. C'était un cadeau de son frère et un sentiment de tristesse l'envahit. Lui et Víli étaient partit bien trop tôt...

Mais il secoua la tête et se reprit. Un hobbit tout ce qu'il y avait de plus attrayant l'attendait...

oOoOo

Après avoir fait une rapide toilette, Bilbo s'était déshabillé comme un automate et maintenant qu'il était bien au chaud sous la couette rembourrée à la laine de mouton, elle-même sous la peau du loup blanc, il sentait qu'il ne pourrait pas garder les yeux ouverts bien longtemps.

-Tu es bien installé ? Lui demanda doucement Thorín en s'allongeant à son tour.

-Mumm...

-Bonne nuit alors...

Dépité, Thorín s'allongea sur le dos et regarda un instant le plafond avant de se pencher pour souffler la lanterne. Il n'avait pas osé espérer que son compagnon se rapproche de lui, mais il s'attendait au moins à un baiser de bonne nuit...

Soupirant silencieusement, il remonta la couette et allait se tourner quand il sentit le matelas bouger. Presque aussitôt, un corps incroyablement doux et chaud se colla contre lui.

-'nuit... Marmonna Bilbo avant de poser ses lèvres sur le membre musclé qu'il avait devant lui.

Thorín frissonna de plaisir quand il ressentit le baiser sur son bras et se mit à sourire dans le noir.

-Bonne nuit givâshel...

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La nuit était calme. Legolas avait réveillé Nori pour qu'il prenne la relève et le nain remit correctement sa couverture sur lui avant de rejoindre le rocher sur lequel l'elfe avait pris position pour sa garde.

-Quatre heures, ça vous ira ? Lui demanda-t-il avant que l'elfe se couche à son tour.

-J'ai pas besoin de beaucoup plus...

-Bonne nuit.

-Merci...

Les aveux communs qu'ils s'étaient fait la veille avait adoucit un peu leur rapport et finalement, ils s'étaient mis à apprécier la compagnie de l'autre...

oOoOo

Comme à son habitude, Thorín s'était levé aux aurores pour travailler. Mais au lieu d'aller dans son bureau, il était allé chercher les documents qu'il devait lire et s'était remis au lit, souriant quand Bilbo s'était recollé contre lui après avoir ronchonné quand sa source de chaleur supplémentaire l'avait quitté.

Le soleil venait juste de montrer le bout de son nez quand Bilbo se réveilla en sursaut.

-J'suis en r'tard ! S'exclama-t-il en s'asseyant.

-En retard pour quoi ? S'étonna Thorín.

-J'dois aller en cours et j'suis en r'tard !

Il descendit du lit tellement rapidement qu'il aurait atterri sur les genoux s'il ne s'était pas agrippé in-extremis à la couverture. Seulement elle glissa et lui retomba sur la tête, laissant le roi ébahit.

-Ça va ?

-J'vais vraiment être en r'tard ! Couina Bilbo en se dépêtrant comme il pouvait.

Prenant pitié de lui, Thorín se leva en riant et fit le tour du lit afin de l'aider. Il saisit un bras fin qui se débattait et le tira doucement vers lui. Il n'avait pas oublié qu'il était bien plus fort et que Bilbo était fragile à cause du manque de nourriture.

Il pourrait lui casser le bras rien qu'en le serrant un peu trop et il n'était pas question qu'il lui inflige plus de blessures que celles qu'il avait déjà.

-Je vais te faire couler un bain, choisit les vêtements que tu veux mettre, d'accord ? Et ne t'inquiète pas, tu as le temps.

-T'es sûr ?

-Oui. Il ne fait pas tout à fait jour, ce qui veut dire qu'il est très tôt. Balín a dû te dire d'être à l'étude pour huit heure, non ?

Bilbo hocha juste la tête alors qu'il se nettoyait les dents avec un bout de linge mouillé.

-Alors tu as le temps. Nous avons des brosses pour la bouche, tu sais ? Lui dit alors Thorín.

-Pour quoi faire ?

-Pour te nettoyer les dents... c'est très efficace.

-Ça existe vraiment ce truc ?

Thorín esquissa un sourire et s'approcha d'une étagère sur laquelle il prit une boite. Il la posa sur un petit meuble à hauteur de Bilbo et l'ouvrit.

-La mienne a un manche en onyx, c'est une pierre noire et la brosse est en poil de chèvre. Dès demain, je t'en commande une, tu veux ?

-Je peux ?

-Bien sûr !

Bilbo regarda Thorín quelques secondes avant de filer le plus vite qu'il pouvait dans la chambre et le nain se mit à sourire en l'entendant fouiller dans l'armoire, marmonnant qu'il ne savait pas ce qu'il devait mettre.

Puis il fixa sa propre brosse et sut tout de suite en quoi serait fait le manche de celle de Bilbo. Les yeux incroyablement verts du hobbit lui faisaient penser à l'émeraude et c'est donc avec cette pierre aussi précieuse que l'était son compagnon qu'il lui ferait faire un ensemble d'article de toilette.

-Faut que j'me dépêêêêche ! S'exclama tout à coup Bilbo en revenant.

Le roi avait l'impression qu'il ne faisait que sourire depuis que le hobbit était entré dans la montagne, mais il ne pouvait s'en empêcher. Il regarda Bilbo jusqu'à ce qu'il le voie commencer à se déshabiller.

-Je vais dans la chambre. Appelle-moi si tu as besoin d'aide !

Il ne ferma pas la porte au cas où, mais la poussa suffisamment pour lui laisser une certaine intimité. Même s'il avait déjà eu le plaisir d'admirer son corps qu'il trouvait parfait...

Il avait l'impression qu'il venait juste de se réinstaller sur le lit qu'il vit la porte être poussée et Bilbo sortit.

-Tu as fait vite ! S'étonna-t-il.

-J'veux pas être en r'tard !

Il sautilla plus qu'il ne marcha jusqu'au lit, s'appuya sur sa canne et se dressa sur la pointe des pieds avant de tirer doucement mais fermement sur une tresse du nain royal.

-Baisse-toi...

Obéissant, Thorín se pencha et sa bouche fut recouverte par une paire de lèvres chaudes et humides.

-J'y vais !

Etonné mais ravi, le nain posa ses doigts sur sa bouche et regarda Bilbo passer la porte de la chambre, puis il entendit celle du salon. Un rire éclata dans le silence matinal et puis plus rien. Il était à nouveau seul...

Etudier des documents rébarbatifs en étant assis à côté de son compagnon était agréable, mais maintenant qu'il était seul, ça n'avait plus aucun attrait. Reniflant, il fit une pile et prit la direction de la salle de réunion. Le plaisir c'était bien, mais il avait aussi une montagne à gérer...

oOoOo

Le soleil n'était même pas encore levé que Nori alla réveiller Legolas avant de faire la même chose avec Ruppert. Sauf que l'homme eut droit à un traitement spécial "coup de pied dans le derrière".

-Debout ! Plie tes affaires, on s'en va dans dix minutes !

Ruppert grogna mais se leva, n'ayant pas du tout envie de se prendre un autre coup et s'approcha de son cheval. Mais il avait oublié que sa monture lui en voulait toujours pour la course folle qu'il lui avait fait faire la veille et le mordit fortement au bras. Il cria et recula vivement en se frottant et en regardant la bête méchamment.

-Le pauvre... enfin, il a plus qu'une journée à t'supporter ! Ricana Nori.

-On devrait y aller, j'ai l'impression qu'il va neiger... Dit Legolas en regardant le ciel.

-Comment vous pouvez l'savoir ? Il fait encore nuit !

-Vous voyez les étoiles ?

-Non...

-C'est parce que le ciel est couvert, le vent va se lever et je crains fort qu'il neige...

-J'pourrais avoir mes bottes alors ? Lança Ruppert.

-Non !

-Mais j'vais mourir de froid !

-Si seulement... Marmonna Legolas.

-Donnez-lui ses bottes... Grogna Nori.

Legolas le regarda en fronçant les sourcils, ne s'attendant pas à cette réaction.

-Faut pas qu'il soit malade. J'le veux en bonne santé pour faire la route. Après, on verra... Lui expliqua le nain.

Comprenant la raison, Legolas s'approcha de sa selle et décrocha les bottes qu'il lança par terre.

-Dépêche-toi ! Si t'es pas prêt quand je serais monté sur mon cheval, je t'attache à la selle et tu courras, comme ça, tu n'auras pas froid !

Ruppert ne se le fit pas dire deux fois et les enfila aussi vite qu'il put puis grimpa sur son cheval qui hennit fortement. Nori jeta un dernier coup d'œil sur le campement afin de ne rien oublier, puis il s'approcha de Black-Pearl qui s'agenouilla.

-Bientôt ma belle, tu pourras t'reposer et manger à ta faim, j'te l'promet... Lui dit-il en lui caressant doucement la joue.

Legolas prit la tête, suivit par Ruppert et enfin Nori. Et comme l'avait prédit l'elfe, le vent se mit à souffler, pas trop fort, mais suffisamment pour passer à travers la couverture que Ruppert avait posé sur ses épaules. Sa pauvre chemise qui avait vécu des jours meilleurs n'était pas en état de le protéger et il grelottait.

Et pour la première fois depuis qu'ils avaient quitté Bree, il était bien content de se rapprocher de la montagne des nains. Tout pour éviter ce froid glacial serait le bienvenu...

oOoOo

La première vraie journée d'école de Bilbo se passa le mieux du monde. Il lisait toujours en suivant les phrases avec son doigt et il y avait toujours quelques mots sur lesquels il butait. Mais il n'hésitait pas à demander des explications à Balín qui se faisait un réel plaisir de répondre à toutes ses questions.

Et le nain à la belle barbe blanche était presque obligé de le rappeler à l'ordre afin qu'il fasse une pause pour manger tous les petits encas que Bombur lui préparait.

Ori avait été mis à contribution et avait déniché le dictionnaire que le hobbit avait ouvert avec impatience, lui demandant même l'autorisation de l'emmener avec lui dans ses appartements, afin de pouvoir le consulter et se familiariser avec des mots plutôt complexes.

-Votre altesse n'a pas besoin de me le demander ! S'indigna presque le scribe. Il va de soi que vous pouvez le prendre avec vous, d'ailleurs, vous pouvez prendre tous ce que vous voulez, cette bibliothèque est à vous !

-Ah bon ? S'étonna Bilbo en regardant Balín qui avait l'air également surpris.

-Bien sûr ! Affirma Ori.

-C'est pourtant pas c'que j'avais cru comprendre...

Devant les sourcils froncés et la moue dubitative du jeune nain, Bilbo continua.

-Il m'semblait que même Thorín ne pouvait plus faire c'qu'il voulait quand il entrait ici...

-Sa majesté n'a pas votre délicatesse ni votre doigté, votre altesse. Mis à part quelques rares habitants dans cette montagne, les nains n'ont aucune affinité avec le savoir contenu dans tous ses livres. Il n'est donc pas question que je les laisse entre leurs mains profanes ! Mais vous, j'ai très vite remarqué que vous aviez le respect et la douceur qu'il faut pour les manier.

-Vous savez qu'j'ai pas compris la moitié de c'que vous v'nez d'dire ? Lui dit doucement Bilbo.

Ori se mit à rougir violemment. Il connaissait la raison pour laquelle le conseiller Balín lui avait demandé le fameux dictionnaire et lui, il venait tout simplement d'embarrasser un membre de la famille royale !

-Je suis désolé votre altesse... je ne voulais pas...

-C'est rien. Vous savez pourquoi j'ai besoin d'un livre qui m'expliquera tous les mots que j'connais pas et j'suppose qu'il faudra que j'me fasse à l'idée qu'en habitant dans une montagne qui est gouverné par un roi, la façon d'parler n'est pas la même que celle des gens avec qui j'ai vécu...

-Tu y arriveras mon gars. Tu es très doué et je suis sûr que dans pas longtemps, on pourra faire autre chose que des lignes et de la lecture. Maintenant, Ori, si tu veux bien rejoindre le roi, je pense que tu pourras me remplacer auprès de lui tant que Bilbo aura besoin de moi, n'est-ce pas ? Dit alors Balín.

-Mais bien sûr ! Affirma Ori en s'inclinant devant Bilbo avant de sortir de la pièce.

-J'espère que j'l'ai pas vexé... S'inquiéta Bilbo en se pinçant la lèvre inférieure.

-Je ne pense pas non... par contre, lui, il va certainement s'en vouloir de t'avoir mis dans l'embarras en employant des mots que tu n'as pas compris.

-Mais c'est pas d'sa faute !

-Tout ce qui touche de près ou de loin à la famille royale est quelque chose qu'Ori prend très au sérieux. Tu ne trouveras pas un nain plus dévoué que lui envers la couronne, surtout vu son jeune âge.

-J'lui parlerais la prochaine fois que j'le verrais.

-Et je suis sûr qu'il en sera ravi ! Et si on travaillait un peu maintenant ?

Bilbo se redressa aussitôt sur sa chaise et posa ses mains bien sagement sur les cuisses, attendant de savoir ce qu'il allait faire.

-Je vais te donner un autre livre et pour t'entrainer à manier une plume, tu vas écrire un résumé de cette petite histoire, de façon à ce que je sache tout ce qu'il se passe, mais sans trop entrer dans les détails. Tu as compris ce que je veux dire ?

Bilbo hocha vigoureusement la tête et commença à lire. Il aimait vraiment faire tout ce que Balín lui demandait de faire et espérait que bientôt, il pourrait commencer d'autres cours...

oOoOo

Thorín était dans son bureau quand Ori frappa à la porte. Aussitôt qu'il eut l'autorisation, le scribe entra et s'inclina.

-Mes respects votre majesté.

Thorín se retint de soupirer et ferma les yeux de dépit. Le jeune nain était définitivement trop à cheval sur l'étiquette et ne l'appellerait jamais autrement que par son titre, même s'il lui avait dit plusieurs fois qu'il pouvait s'en passer.

-J'ai vu les plans des travaux pour mes appartements et Balín m'a dit que tu devais trouver les artisans. L'as-tu fait ?

-Oui votre majesté. Maitre Balín et moi avons même eu rendez-vous avec eux afin de discuter de ça.

-Et ?

-Les plans qu'a fournis Bifur étaient extrêmement détaillés et tout a été pensé dans les moindres détails. Les architectes ont même dit qu'ils n'auraient pas fait mieux...

-Pourquoi ai-je l'impression que tu ne me dis pas tout ?

-Votre majesté... je ne sais pas si...

-Ori... Gronda Thorín.

-Ils ont été très déçu de ne pas avoir été consulté et se demandent si ça vaut le coup pour eux de rester ici si vous faites appel à quelqu'un qui n'est pas du métier pour faire leur travail... Dit alors Ori à toute vitesse.

-Je vois...

-Puis-je prévenir les artisans qu'ils peuvent commencer les travaux ou...

-Ils peuvent. Et que ça soit fait au plus vite, je tiens à récupérer mes appartements le plus tôt possible. En attendant, fait préparer une autre chambre pour Bilbo et moi. Et fait en sorte que tout lui soit accessible !

-Je m'en occupe tout de suite, votre majesté.

Une fois Ori sortit, Thorín reprit la lecture des documents qui faisaient une pile non négligeable sur le coin de son bureau. La pensée que son petit hobbit était en sécurité et faisait une chose qu'il voulait vraiment le rassura et c'est l'esprit tranquille qu'il se concentra sur son travail de dirigeant...

oOoOo

Plus ils s'approchaient des Montagnes Bleues et plus la route était en bon état, malgré la légère couche de neige qui la recouvrait. Nori estimait qu'ils passeraient les grandes portes vers le milieu de l'après-midi et il était impatient de revoir les amis qu'il avait laissé derrière lui quand il avait décidé de partir et d'accompagner le prince Thorín Oakenshield vers son destin.

-On va s'arrêter pour laisser les chevaux s'reposer un peu.

-Le port des Havres Gris n'est pas très loin. On y trouvera de quoi se restaurer et faire panser nos chevaux.

-Les Havres Gris... c'est pas d'là qu'vous partez quand vous en avez marre d'la vie à côté de pauvres mortels comme nous ?

-Si... mais rassurez-vous, Valinor n'est pas un endroit pour les nains. Vous ne risquez pas d'être embarqué, même par erreur. Ironisa Legolas.

Nori ricana en pensant qu'il préférait mourir que d'aller là où il n'y aurait que des elfes. Même si en y réfléchissant bien, il devrait être mort ou sur le point de l'être s'il devait aller dans un tel endroit !

Ruppert avait abandonné l'idée de s'évader depuis qu'il ne sentait plus ni ses pieds ni ses mains. Il n'espérait plus qu'une chose, c'était d'être dans un endroit où il y aurait de la chaleur, même si c'était dans un cachot. Au moins, il n'y aurait pas de neige ni de vent qui passeraient à travers ses vêtements.

Il était à ce point désespéré qu'il n'avait pas ouvert la bouche sauf pour manger les lamelles de viandes séchées que Nori lui avait donné ce matin. Et même la perspective d'avoir un vrai repas, ou du moins ce qui s'en rapprocherait le plus, ne lui redonna pas le sourire.

Ils continuèrent pendant une heure avant d'apercevoir les premières habitations et Legolas, qui avait entendu parler du coin par son père, les dirigea vers ce qui lui semblait être une auberge. Nori le laissa s'occuper de leur trouver une table pendant qu'il menait les chevaux chez le maréchal ferrant qui n'était pas loin.

Ruppert était resté avec l'elfe, ses pieds ne lui permettant pas de faire plus de pas qu'il n'était vraiment nécessaire et il se détesta de gémir en sentant la douce chaleur de l'âtre le réchauffer. Sans même craindre de quelconques représailles, il s'avança vers la cheminée en mettant ses mains devant lui et Legolas le laissa faire, décidant que ça valait mieux que de le laisser tomber malade, ce que n'aimerait pas le nain.

Il commanda de quoi manger pour eux trois et attrapa l'homme par le col de sa chemise avant de s'asseoir à une table, un peu à l'écart. Ils n'eurent pas à attendre longtemps avant que Nori n'entre à son tour et les trouve facilement, la salle étant loin d'être bondée. Ils mangèrent en silence et profitèrent de la chaleur qui régnait pour digérer tranquillement. Ruppert n'était pas croyant, d'ailleurs il ne croyait en rien d'autre qu'en lui-même, mais là, il était prêt à prier n'importe qui pour rester assit là et dormir.

-On y va... Grogna Nori en se levant.

-La montagne est visible, mais il nous faudra combien de temps pour y arriver ?

-Deux heures... peut-être trois... ça dépendra du temps...

Legolas se leva également, regardant l'homme d'un air qui le fit aussitôt les rejoindre.

-Les chevaux s'ront nourris et brossés mais faudra pas les pousser de trop, ils n'ont pas eu suffisamment d'repos.

-Vous vous y connaissez en chevaux ? S'étonna Legolas.

-Simple logique. Ils nous portent sur leur dos et si nous sommes fatigués, eux doivent l'être encore plus.

-Les chevaux elfiques sont performants et résistants ! Se vanta l'elfe.

-Mais pas celui qu'on a acheté en route. Il tiendra pas l'coup si on fait pas gaffe.

Legolas savait qu'il avait raison et hocha la tête avant d'aller payer l'aubergiste, puis ils sortirent tous les trois. Avec le vent qui avait soufflé une bonne partie de la matinée, les nuages avaient fini par disparaitre et le soleil brillait de mille feux. Mais il ne les réchauffait pas beaucoup et ils se hâtèrent d'aller chercher leurs chevaux.

Le patron de l'écurie s'était bien occupé des trois bêtes et Black-Pearl rechigna à quitter la stalle douillette où elle était en train de mâchouiller de la paille fraîche.

-Allez ma belle, plus que deux heures de route et tu te reposeras...

Legolas pu presque entendre la jument soupirer et sourit en la voyant se baisser pour laisser monter son cavalier. Il avait fini par se faire à l'idée qu'elle puisse apprécier d'avoir sur son dos un petit être qui n'avait pas la réputation d'aimer les chevaux...

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A suivre...

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Et merci de me lire.

Ticoeur