Source : Gravitation
Chapitre deux : Déjeuner entre amis.
Auteur(e) : Lysanea
Genre : yaoi.
Disclamer : aucun des personnages ne m'appartient
Pairing : Shuichi/Yuki.
Personnages : Shindo Shuichi (chanteur des Bad Luck), Hiroshi Nakano (Hiro, guitariste des Bad Luck), Yuki Eiri (écrivain et amant de Shuichi) Ayaka-chan (ancienne fiancée de Yuki).
CHAPITRE 2 : Déjeuner entre amis.
Hiro fut tiré de son sommeil par une agréable odeur de café et de gâteau, non par la sonnerie du réveil, comme il s'y attendait. Il ouvrit les yeux, se souvenant d'où il était, et se leva. D'un pas traînant, il se dirigea vers la cuisine, se guidant à l'odeur, et y retrouva Shuichi qui terminait de dresser la table du déjeuner. Celui-ci l'accueillit avec un grand sourire.
- Konnichi Wa, Hiro-chan ! As-tu bien dormi ?
- Haï… répondit-il faiblement. Matte ! Je rêve ou t'es vraiment réveillé, debout et actif ?
- Tu devrais aller te passer un coup d'eau sur le visage, le temps que je finisse ça. Après, tu reviens et tu vois si c'est dans ta tête ou si c'est bien dans la cuisine de Yuki que tout se passe ! Mais dépêche-toi, je meurs de faim !
Hiro fit demi-tour et alla faire une rapide toilette, puis revint dans la cuisine. Tout était pareil sauf que Shuichi était assis et l'attendait. Alors il s'installa en face de lui. Il n'en revenait pas.
- C'est quoi, cette tête, Hiro-chan ? La dernière fois que t'étais aussi moche, c'est quand tu revenais d'un karaoké avec Ayaka-chan…
- Kami-sama, souffla le guitariste, alors que son ami lui servait du café. Arigato. Comprends-moi, tu étais épuisé hier après le concert, ce qui est tout à fait normal, après ta journée de fou, je devrai dire ta semaine de fou ! J'ai même rêvé des moyens que j'allais peut-être devoir employer pour te réveiller ! Comment se fait-il que tu sois debout, il est juste onze heure…
Shuichi but une gorgée de thé, le regard sombre. Hiro n'aimait pas voir ses yeux si foncés, c'était comme si quelqu'un avait éteint la lumière. Lorsqu'il était sur scène, lorsqu'il chantait, lorsqu'il était heureux, ils brillaient comme deux améthystes en plein soleil, leur éclat violet était irrésistible. Hier, enfin ce matin, à la fin du concert, il n'y avait pas eu que les lumières de la salle et les projecteurs qui s'étaient éteint…
- Appelons ça… l'absence, répondit le chanteur, le tirant de ses pensées.
- Nani ?
- J'ai dormi parce que j'ai été épuisé par le voyage à New York, j'ai été délivré d'un grand poids aussi, et à cela s'est rajouté le concert, où j'ai donné tout ce qu'il me restait d'énergie. J'ai même puisé dans mes réserves, je savais qu'elles me serviraient un jour ! Ca m'a assommé. Mais une fois que mon corps a récupéré, je me suis réveillé. C'est simple, Hiro-chan, si je n'ai pas besoin de dormir, je ne peux pas dormir, quand Yuki n'est pas là.
- Je vois, fit le musicien, mi-amusé, mi-impressionné, en mordant dans son gâteau avec gourmandise. C'est super bon, Shui-chan, j'avais oublié comme tu savais bien faire les gâteaux.
- Je me suis amélioré à force de cuisiner pour Yuki. J'adore lui faire plaisir et je sais que, même s'il n'est pas gourmand, il apprécie de faire une pause pour les manger, avec son café.
- T'a-t-il seulement remercier un jour ? Pas que pour les gâteaux, mais pour tout ce que tu as fait pour lui ?
- Il l'a fait, en me permettant de vivre à ses côtés si longtemps, de m'installer avec lui quand il a changé d'appartement, en confirmant notre relation à la presse, en intervenant auprès d'Aizawa, en dépassant sa peur pour me parler de son passé…
- Comparé à tout ce que tu as fait et subit pour lui, c'est peu, mais je suppose que venant de quelqu'un comme Yuki Eiri, c'est énorme.
- Ce n'est pas une course pour savoir qui fait le plus ou le moins, on fait ce qu'on peut chacun de notre côté. Je me suis investi le plus dans cette relation, c'est vrai. Vu de l'extérieur, il y a peut-être un déséquilibre. Mais je suis heureux de ce que j'ai vécu avec Yuki, même quand j'ai eu des moments difficiles, parce ce qu'il m'a donné, même si ça vous paraît peu, pour moi c'est énorme, car il ne l'a jamais donné à personne avant.
- Tu parles de son amour ?
Shuichi sourit et commença à peler et éplucher quelques fruits dans une assiette.
- On en est pas encore là, Hiro-chan. Sa confiance, je parle de sa confiance.
- Ton amour incommensurable contre sa confiance. Oui, si tu me dis que ce n'est pas déséquilibré, je ne peux que te croire.
Il attrapa l'assiette de fruits et se mit à les couper en petits morceaux.
- Tu n'as pas vraiment eu le temps de m'expliquer ce qui s'est passé à New York, reprit-il, comme son ami gardait le silence. Tu m'as dit l'y avoir retrouvé et que je ne devais pas m'inquiéter. Tu veux qu'on en parle ou tu préfères pas ?
- Ca ne me dérange pas, en fait… j'attendais que tu me demandes !
- Tu te fous de moi !
- Gomen nasaï, Hiro-chan…
- C'est bon, raconte avant que je change d'avis.
Le visage de Shuichi reprit une expression sérieuse et attristée. Hiroshi regretta presque de ne pouvoir retrouvé son Shui-chan, insouciant et désespérément puéril parfois.
- Je l'ai retrouvé, oui, et à temps. Il ruminait de sombres pensées autodestructrices dans cet appartement lugubre où s'est joué le drame de sa vie, six ans plus tôt, et il avait une arme à le main.
- Merde… souffla Hiroshi, suspendant le massacre des fruits.
- Sur le coup, j'étais en colère et soulagé de l'avoir retrouvé à temps. Sur la route du retour, je me forçais à ne penser qu'au concert. Mais depuis que je me suis réveillé ce matin, cette scène hante mon esprit. Je le revois, adossé au mur, par terre, le visage défait, l'arme au poing. Kami-sama, Hiro-chan, si j'étais arrive trop tard, je l'aurais peut-être trouvé…
Le reste de sa phrase se coinça dans sa gorge, seul un sanglot étouffé en sortit. Hiroshi rapprocha sa chaise et posa la main sur son épaule, exerçant une pression réconfortante. Shuichi pleurait, mais pas comme d'habitude. Ces pleurs-là étaient rares, profonds et douloureux.
- Ca va aller, Shui-chan. Tu es arrivé à temps, et il ne risque plus rien, à présent. Sinon, tu ne serais pas rentré, non ? le rassura-t-il en lui présentant un morceau de pomme du bout de la fourchette.
Le chanteur essuya ses yeux et croqua le morceau de pomme en souriant.
- Non, bien sûr, répondit-il en avalant le fruit. Je sais qu'il va mieux, je l'ai laissé là-bas avec l'assurance qu'il remontait la pente. Il est en train de faire la paix avec lui-même et son passé. Avant que je ne parte, il m'a dit qu'il irait se recueillir sur la tombe du Yuki auquel il a emprunté son nom de plume.
- Je ne comprends pas ton mec, tu sais, lui dit Hiroshi en reprenant sa place face à lui. J'en connais pas mal qui n'auraient eu aucun remords à abattre le responsable d'un tel traumatisme.
- Mais Yuki est Yuki, répondit-il simplement en partageant les fruits. Il me dit souvent que je suis comme lui l'était, insouciant, plein de vie et d'énergie, plein de rêves, toujours souriant. Moi, je ne sais pas comment j'aurai réagi si j'avais vécu une telle chose…
- Mais tu l'as vécu, kuso !
- Non, Hiro, je suis loin d'avoir vécu ça. Oui, j'ai été violé et battu. Mais je n'ai pas été trahi comme l'a été Yuki. Je n'avais pas une confiance aveugle en Aizawa, mais l'imprudence d'un ivrogne, et la naïveté d'un enfant qui ne veut pas croire en la méchanceté des gens. Yuki avait tout donné à cet homme qui l'acceptait alors que tant d'autres l'avaient si longtemps rejeté, pour une raison aussi stupide que la couleur de ses cheveux et de ses yeux. Toute sa confiance, tout son amour, ses rêves, ses espoirs…
- C'est pour ça que son geste est compréhensible. Je ne vois pas pourquoi il se prend la tête encore aujourd'hui et s'en veut à ce point. C'est une vie, mais pour ce qu'elle valait… Il a sûrement sauvé d'autres gosses de ce pervers.
- Ca va plus loin, Hiro-chan. Ce n'est pas facile pour nous d'imaginer combien la vengeance a aggravé un traumatisme déjà assez violent. Un jeune ado si pur, plein de rêves et d'innocence, un ange blessé dans son corps et son âme. Il a tué dans un état second, et s'est retrouvé conscient face à la réalité de son acte, matérialisé par un corps gisant sans vie à ses pieds. Il n'avait plus Yuki le traître baignant dans son sang devant lui, mais un homme, un jeune homme qu'il avait aimé profondément et à qui il venait d'ôter la vie sans hésiter. Il a dû, à seize ans, apprendre à vivre avec ça.
- C'est pour cela qu'il a tant de fois voulu en finir, c'était trop lourd à porter ?
- « c'est moi qui aurait dû mourir », voilà ce qu'il a dit. Je peux comprendre, quand on a été sali dans sa chair et dans son âme, on veut disparaître. On croit que plus personne ne voudra nous aimer, nous toucher, que tous ceux qu'on aime vont nous rejeter, et qu'on ne mérite pas de vivre.
- Ce sont les salops qui font ça qui ne méritent pas de vivre ! s'emporta Hiroshi.
- Peut-être, sûrement, mais ce n'est pas à nous de faire justice, conclut le chanteur en se levant pour débarrasser.
Hiro ramassa la vaisselle et se dirigea vers l'évier pour la laver.
- Dis, tu as parlé de tout ça avec Yuki ou ce sont juste tes réflexions perso ?
- J'en ai parlé avec lui. On a eu un peu de temps avant qu'on me ramène ici.
- Avec les mêmes mots, de la même façon ?
- Haï, pourquoi ?
- Ca a dû l'impressionner d'avoir une conversation d'adulte avec toi, le taquina-t-il. Tu ressembles vraiment à Ryuichi, mais en plus léger. Un mode chanteur, un demi-dieu sur scène, capable de véhiculer les émotions les plus diverses, de faire front aux situations les plus douloureuses et de raisonner, d'analyser en adulte, et un mode ado attardé, complètement insouciant et parfois si puéril…
- Je me demande si je dois prendre ça comme un compliment…
- Moi, ça me troue le cul ! Mais je suis bien content de t'avoir dans ma vie, aussi étrange que tu puisses la rendre ! Et je comprends d'où te viens l'assurance que Yuki va remonter la pente et qu'il va déjà mieux.
Shuichi sourit.
- J'ai réussi à le faire parler, à extérioriser ses démons, enfin. Ca a été dur et douloureux, mais l'important, c'est que j'ai pu être là pour lui et qu'il ne m'en veut pas. Enfin, hier il ne m'en voulait pas…
- Il n'a pas de raison de t'en vouloir, Shui-chan.
- Tu oublies que je suis le plus souvent en mode ado écervelé. Je suis arrivé comme une tornade dans sa vie, je me suis imposé, j'ai tout chamboulé, je l'ai obligé à faire face à son passé. Comment voit-il la suite ? Il peut être si imprévisible. Mais je vais te dire une chose, Hiro-chan, je ne regrette rien. Même s'il ne revient pas, même s'il ne me revient pas, je suis quand même content, parce que j'aurai au moins fait une chose de bien pour lui.
- Baka… fit-on soudain derrière eux.
¤
A suivre...
(Alors, qui est-ce ? Tout le monde peut deviner… confirmation au prochain chapitre… merci d'avoir lu jusque là, espérant que vous continuerez)
Lexique
Arigatô : merci
Baka : imbécile, idiot
Chan/kun/san : sorte de suffixe ajouté au nom ou au prénom ; -chan marque l'affection, -kun le respect envers un camarade (Fusijako envers Shuichi par expl) et –san marque une certaine hiérarchie avec des personnes que l'on connaît peu ou plus âgées.
Gomen/ Gomen nasaï : pardon, désolé.
Haï : oui
Kami-sama : Mon Dieu !
Matte : attends et Matte kudasaï : attends s'il te plaît
Ohâvo : bonjour ou konishiwa (après 11h)
Onegaï / onegaï shimasu : s'il te plaît
Wakarimasu : je comprends
