Toutes les tentatives de Harry pour approcher Ginny dans les jours qui suivirent lui valurent de nouvelles bosses. Elle n'hésitait pas à se servir de sa baguette. Il ne savait plus comment s'y prendre.

-Je vais lui parler… dit Hermione qui se sentait un peu responsable.

-Je sais pas si ça servira à grand-chose… tu connais Ginny… elle est aussi butée que Ron…

-Mais… qu'est ce qu'elle a entendu au juste ? Demanda Hermione.

-J'en sais rien… tout je suppose… répondit Harry désemparé.

-Mais alors elle sait que ça n'était pas volontaire !

-Je pense pas qu'elle en ai grand-chose à faire…

-Pourquoi ? Elle peut pas te plaquer comme ça parce que tu as fais une bêtise… bon c'est vrai que c'était très stupide mais quand même…

-Le problème c'est que…

-Oui ? L'incita Hermione.

-En fait elle m'a déjà fait la gueule une fois à cause de… cette soirée… tu sais quand toi et moi on…

-Ha. Heu… elle t'en voulait ? Demanda Hermione un peu gênée.

-Disons qu'elle m'a fait comprendre que… que si je lui « refaisait un coup pareil » elle me quitterai… Ironisa Harry, tu crois que ça veut dire qu'elle m'en voulait !

-Harry, j'essaie de t'aider moi !

-Oui, je sais… pardon.

-Bon… je vais essayer de la raisonner mais…

-Tu ne me promet rien… termina Harry à sa place en sentant le désespoir l'envahir.

-Hé bah t'es pas non plus tout innocent là dedans !

Hermione ne tarda pas à revenir.

-Alors ? Demanda Harry avec espoir.

-Heu… Hermione paraissait secouée. Elle… elle m'a dit que je ferais mieux de lui ficher la paix si je ne voulais pas qu'elle raconte tout à Ron…

Harry prit son visage dans ses mains.

-Parfait ! Je suis mort ! Ironisa il.

-Arrête un peu ! Ginny ne dira rien… et tu ne penses qu'à toi hein ? Tu ne t'es pas dit que Ron pourrais m'en vouloir aussi ! Et que Ginny me fait la tête à moi aussi ! C'est ma meilleure amie ! S'indigna Hermione.

-Bon… ok… t'as raison… excuse moi… ne t'occupe plus de ça, je trouverais un moyen pour lui parler.

-Harry… je veux pas te démoraliser mais… j'ai expliqué à Ginny ce qui s'était passé… en sautant les détails bien sur… bien qu'elle ai tout entendu… et je ne sais pas si tu arriveras à la convaincre… Finit elle l'air désolé.

-Je… je trouverais un moyen… dit Harry résolu et sur en son fort intérieur que Ginny allait lui pardonner.

Il était décidé à la forcer à l'écouter, peu importe ce qu'il lui faudrait faire. Il décida donc de jeter une embuscade à Ginny et se positionna dans une classe vide prêt du couloir qu'elle devait emprunter en sortant de son cours de sortilèges.

Lorsqu'il l'aperçu, il glissa sous sa cape d'invisibilité et la laissa approcher. Lorsqu'elle fut à sa portée, il lui sauta dessus, plaqua sa main contre sa bouche pour l'empêcher de crier de surprise. Il l'emmena dans la classe de force et ferma la porte avant de la relâcher. Il saisit alors sa baguette avant qu'elle ait eu le temps de réaliser ce qui lui arrivait. Il fut très rapide et la désarma avec un expeliarmus et condamna la porte avec un collaporta.

-HARRY ! Hurla elle.

-Ginny je suis désolé mais tu ne m'as pas laissé le choix. Annonça il.

-Laisse moi sortir tout de suite.

-Non. Tu vas m'écouter. Ensuite tu iras ou tu voudras.

-Je m'en fiche de ce que tu veux dire.

Harry l'ignora.

-Je t'aime. Et je sais que tu m'aimes alors tu vas m'écouter. Il se montrait très autoritaire.

Elle avait le visage tordu par la fureur.

-Ecoute, commença il, je voulais te faire une surprise ce soir là, te rejoindre dans la salle de bains. Mais quand je suis arrivé, il y avait quelqu'un d'autre dans la douche. Je n'y suis pour rien ! Il avait gardé une voix très calme.

-Tu me prends pour une idiote ? Je sais tout ça, Hermione était dans la douche et tu es resté à la regarder se tripoter et ça t'as excité, ensuite tu as foncé dans quelque chose et tu t'es barré et quelques jours après, tu es venu me voir et me faire l'amour comme si de rien n'était. J'ai oublié quelque chose ? Finit elle furieuse.

Harry se sentait très mal. Elle n'avait vraiment rien oublié.

-Ecoute, commença il doucement après un moment de silence. Je t'aime, tu le sais, c'était très stupide, j'ai fait une erreur, j'ai merdé, mais je t'aime… tu ne peux pas faire comme si ça n'était pas important !

Des larmes menaçaient de couler le long des joues de Ginny mais elle l'écoutait enfin.

-Je ne ressens rien pour Hermione, tu le sais, reprit-il calmement en s'approchant d'elle et saisissant ses poignets. Dis moi que tu le sais !

Elle le laissait parler.

-Jamais je n'y serais allé si j'avais su que ça n'était pas toi ! Tu sais que je ne veux personne d'autre !

Les larmes coulaient à présent.

-Je t'aime, je ne t'ai jamais trompée, même pas en pensée (chut la conscience !), je n'ai pas touché Hermione et je ne l'aurais jamais fait ! C'est toi que j'aime !

Ginny ne bougeait pas, son visage était trempés et ses yeux baissés sur le sol.

-Ginny, reprit il tout bas en lui soulevant le menton, regarde moi… dit moi que tu sais que je t'aime.

Son visage était couvert de larmes mais sa voix était stable.

-Je t'aime… je sais que tu t'en fiches d'Hermione mais c'est finit entre nous. Annonça elle d'un ton décidé.

Harry sentit son cœur s'arrêter de battre. Ca n'était pas possible, elle devait lui pardonner normalement.

-Ginny… commença il la voix tremblante, tu n'es pas sérieuse ?

-Je suis sérieuse Harry. Je sais que tu m'aimes mais je ne veux plus être avec toi. J'ai besoin de prendre du recul. Elle avait l'air tellement sûre d'elle.

-Mais… Harry sentait ses yeux s'humidifier.

-Je vais m'en aller maintenant. Acheva elle en dégageant ses poignets.

Harry était incapable de bouger un muscle. Ginny venait de le quitter. Le sol s'effondrait sous ses pieds.

Il l'entendit sortir de la pièce et refermer la porte. Il n'avait plus la force de bouger et se laissa tomber sur le sol, sentant une larme brûlante couler le long de sa joue.

Comment avait-il pu se mettre dans une situation pareille ? Il passa les jours suivants à errer dans les couloirs du château sans destination précise. Marcher était le seul moyen qu'il avait trouvé pour ne pas passer son temps à se cogner la tête contre les murs.

Il avait essayé de parler à Ginny le lendemain mais elle s'était montrée très distante, elle lui avait expliqué que peu importe ce qu'il avait fait, elle trouvait qu'il avait changé et avait besoin d'être seule un moment. Harry n'en revenait pas, il était tellement sur qu'elle l'aimait. Elle le lui disait tout le temps avant… il se sentait vide, inutile, comme si un détraqueur avait aspiré son âme. Chaque repas était insipide, chaque heure durait une éternité et chaque son qui sortait de sa bouche était monocorde et dénué de tout intérêt. Il ne supportait plus rien et ne savait plus à quoi se raccrocher. Il commença alors à fréquenter la bibliothèque plus souvent que nécessaire et tentait de travailler pour ne plus penser à Ginny.

Il était passé de la tristesse à la l'indignation en quelques jours, tout cela était stupide, il en avait assez de ces gamineries. Le désespoir avait fait place à de la colère, tout ce qu'il souhaitait était de retrouver Ginny, qu'elle se rende compte que cette histoire était idiote et qu'elle accepte ses excuses. Il savait qu'il avait été malhonnête en mentant à Hermione et en ne racontant rien à Ginny tout de suite mais tout cela n'avait plus d'importance. Il assumait son erreur, s'était excusé mais Ginny ne voulait rien entendre. Il était fâché contre elle car elle agissait de façon très détachée. De plus, Dean était en permanence près d'elle, il lui tournait autour tout le temps. Harry sentit sa haine pour Dean décupler un jour qu'il révisait à la bibliothèque et surprit une conversation entre Dean et Seamus.

-Elle me manque… confia Dean à Seamus, tu sais, quand elle est sortie avec Harry l'année dernière je pensais que je n'aurais plus jamais ma chance mais là… depuis l'anniversaire de Ron je me dis que peut être…

Dean esquissa un sourire qui en disait long sur ses intentions.

Cette fois c'en fut trop pour Harry. En plus de voir Dean tourner autour de Ginny sans arrêt, profitant de chaque occasion pour la toucher, il entendait clairement qu'il ne comptait pas abandonner. De plus, Ginny s'était montrée très réceptive aux allusions répétées de Dean, elle souriait à ses blagues et le laissait volontiers graviter autour d'elle quand Harry était dans les parages. Il savait qu'elle essayait de le rendre jaloux et tentait de ne pas lui montrer sa colère mais il se sentait très mal. Il en voulait à Ginny de l'avoir rejeté, il lui en voulait car il était convaincu que tout comme lui elle savait qu'ils étaient faits pour être ensemble.

A présent, elle utilisait Dean pour rendre Harry fou de jalousie. Elle est si puérile, pensait Harry, elle sait qu'elle et moi c'est LA vrai histoire, pourquoi perdre autant de temps à se faire du mal ?

Harry se rappelait très bien de l'attitude d'Hermione avec Mac Laggen l'année précédente, elle en voulait à Ron et était prête à tout pour le rendre jaloux… Ginny utilisait la même tactique, mais avec son ex… ce qui était beaucoup plus inquiétant en soi puisque Harry savait que Dean avait plu à Ginny à une époque… ce qui n'était pas le cas de Hermione et Mac Laggen…

Harry luttait en son fort intérieur. Il était déchiré entre deux attitudes, il avait très envie de foncer sur Dean et de lui asséner un coup de pied bien placé… en même temps, il avait envie que Ginny revienne et savait que pour cela il lui faudrait être très patient. Il aurait voulu lui parler, lui expliquer que son petit jeu le rendait fou mais il comprenait à présent que c'était cette même attitude qu'il avait eue avec Hermione qui l'avait mené jusqu'ici…

Ron, quant à lui, ignorait toujours la raison qui avait mené Harry et Ginny à la rupture. Il faut dire qu'Hermione se débrouillait assez bien pour le faire penser à autre chose…

Ron et Hermione étaient en permanence collés ensembles, ils semblaient couler un amour parfait. Harry était bien sur très heureux pour eux mais une petite voix en lui ne pouvait s'empêcher de hurler à chaque fois qu'il les voyait s'embrasser.

Il travaillait d'arrache pied, pensant qu'au moins quelque chose aurait réussi pour lui si il obtenait beaucoup d'aspics. Il se sentait seul, un rat de bibliothèque même si il y croisait souvent Hermione qui semblait approuver son geste désespéré.

-Harry… laisse lui du temps. Répétait inlassablement Hermione.

Il soupira.

-Elle t'aime toujours !

-… au début, je pensais aussi qu'elle allait revenir mais maintenant ça fait un mois et… sa voix se resserra, nan mais enfin, tu l'as vue avec Dean ? Demanda-il hors de lui.

-Harry… reprit Hermione visiblement touchée par son émotion, sois patient, Ginny s'en fiche de Dean…

Sois patient… il n'y croyait plus. Il n'avait plus envie de rien, chaque jour était un jour de plus le séparant d'elle. En fait, il ne regardait pas en avant, il se contentait de se lever le matin, d'aller en cours, de manger de temps en temps, de remplir ses devoirs de capitaine de Quidditch et de foncer à la bibliothèque dès qu'il sentait ses yeux s'humidifier un peu trop.

De plus, Harry devait constamment supporter les baisers langoureux de Ron et Hermione et il lui arriva plus d'une fois d'entrer dans le dortoir des garçons à de mauvais moments. Il est vrai que ses deux amis n'avaient pas besoin de se cacher comme lui et Ginny et trouvaient chaque intercours et chaque moment de liberté (ou Hermione n'était pas à la bibliothèque) comme l'occasion parfaite pour démontrer à tout le monde à quel point ils aimaient s'embrasser. Et c'était sans compter les innombrables heures ou ils disparaissaient mystérieusement et ou seule la carte du maraudeur permettait de confirmer via deux petits points noirs qu'ils se trouvaient ensembles dans une classe vide, un couloir désert ou encore disparaissaient totalement de la carte ce qui signifiait qu'ils étaient dans la salle sur demande (ce qui avait le don de provoquer chez Harry un intense besoin de se cogner la tête contre un mur).