Chapitre six: Effets Secondaires

Le Passé

Quand la porte s'ouvrit, Severus leva les yeux du livre qu'il lisait. Apparemment, au cours des deux mois pendant lesquels il ne l'avait pas vu, Harry avait déjà repris sa mauvaise habitude. Il se fit une note rapide, pour penser à lui parler du bruit qu'il faisait, semblable à celui d'un troupeau d'Hippogriffes puis, posa son livre. Mais le jeune homme passa rapidement devant lui, fit un geste de la main, claquant la porte.

Sans un mot, Severus se leva et le suivit vers le salon, s'arrêtant à la porte de la chambre.

Harry arrachait les boutons de sa robe et enlevait sa chemise tout en grommelant quelque chose si bas que Severus ne comprit pas.

Il n'avait pas vu Harry aussi en colère depuis qu'il avait travaillé au Ministère et qu'il maudissait Fudge tous les soirs.

Quelque chose devait aller très mal.

D'après lui, il n'y avait pas de meilleur moment pour faire un peu d'humour.

« Professeur Tyler? »

Harry se raidit. « M. Snape, je crois vous avoir demandé de quitter ma classe, pas de me suivre dans mes appartements 'privés'. Sortez ou j'en informerai votre Directeur de Maison. »

Les yeux plissés, Severus s'arrêta essayant de comprendre quand il s'était montré. Il ne put parvenir qu'à la conclusion que son jeune lui venait d'avoir une retenue avec le professeur Tyler. Il devait sûrement s'agir de celle avec la craie rose, s'il s'en référait à l'embarras de Harry.

Severus avait toujours détesté cette craie.

Enlevant ses chaussures, Severus avança et vint se placer derrière Harry. Il posa une main sur sa hanche et retraça le serpent de l'autre puis le regarda se calmer.

Il pencha la tête pour se rapprocher de l'oreille de Harry et souffla, « Mais, Professeur Tyler -»

« Je vous ai dit de partir- » Harry se retourna rapidement. « Severus, espèce de con ! » Il se massa le front, le regarda avec des yeux noirs et se recula.

Severus lui laissa prendre de l'espace. « Quoi, pas de baiser de bienvenue ? » Il fit un sourire en coin et Harry plissa davantage les yeux.

« Je ne suis pas d'humeur à supporter ton sadique sens de l'humour. »

Il fit courir son pouce sur le bout de ses doigts et Severus se leva doucement et regarda Harry. Une part de lui était contente d'avoir eu cet effet sur son professeur pendant qu'il était à l'école. Une autre part de lui était énervée par ce même fait. Harry ne devrait pas être aussi agité à cause du béguin d'un élève.

Mais lui non plus n'aurait pas dû réagir ainsi quand Harry l'avait approché se rappela Severus. Il prit une décision, tourna les talons et retourna s'asseoir. Il sentit Harry le suivre, l'air crépitait presque tant les émotions de Harry étaient confuses : il se demandait ce que Severus faisait.

Le regard choqué qu'il reçut quand il se retourna et vit une main tendue lui proposant un verre de brandy, s'adoucit et fut remplacé par un regard compréhensif alors qu'Harry buvait une gorgée.

« Tu essayes d'apaiser ma colère, Severus? Je pensais que tu savais depuis longtemps que l'alcool a sur moi l'effet inverse. »

Severus haussa une épaule et but à son tour une gorgée. « Tu mérites de boire quelque chose d'appréciable quand tu dois t'occuper de complets imbéciles jour après jour. »

Harry haussa un sourcil. « Toi y compris? »

« Je t'assure qu'en cette soirée, à seize ans, j'étais un imbécile. Cependant, tu ne dois répéter cela à personne, que ce soit à cette époque ou à la nôtre, sinon… » Les épaules de Harry tremblaient, il essayait de contrôler son hilarité. « M. Potter. »

Harry siffla et retourna rapidement dans la chambre, enlevant le reste de ses vêtements.

« Gamin impertinent. Ne pars pas pendant que -»

« Tu me grondes? » Harry jeta les mots par dessus son épaule alors qu'il fouillait un tiroir.

Croisant les bras sur sa poitrine, Severus refusa de lui donner son accord. Il grimaça et regarda Harry fouiller ses tiroirs. Le gamin n'avait aucune idée de ce qu'ils contenaient et ne le saurait probablement que peu de temps avant de partir. Il n'était pas étonnant qu'Harry détestât déménager, même s'il l'avait souvent fait dans le passé.

Severus laissa ses yeux se balader sur le corps de son amant, s'arrêtant pour admirer la courbe de sa colonne vertébrale et de son dos, l'innocente inclination de la tête (même si innocent était un terme qu'il n'appliquait plus en parlant d'Harry. En fait, il n'avait jamais utilisé ce mot en parlant de lui), et même la masse désordonnée de cheveux sur sa tête. « Sais-tu au moins ce que tu cherches ? » Severus s'avança pour se poster derrière Harry, caressant son dos d'une main avant de la poser sur une hanche sur laquelle ses doigts se refermèrent. Il était à lui.

« Non. » Harry ferma brutalement le tiroir et tira la main de Severus jusqu'à ce qu'elle soit à plat sur son estomac puis pencha la tête sur son épaule.

Posant son menton sur la tête de Harry, Severus inspira profondément. Dernièrement ses quartiers commençaient à sentir plus les ingrédients de potions et moins Harry. Heureusement, le temps était moins long pour lui que pour Harry, mais pour une personne qui comptait sur son odorat, le changement avait été perturbant.

« Tu es de mauvaise humeur. Peut-être devrais-je partir ? » Une menace totalement inutile et Severus était certain que Harry le savait.

« Tu pourrais. » Mais alors que les mots franchissaient ses lèvres, Harry enlaça leurs doigts. « Ou tu pourrais rester. » Il soupira, se recula et se rapprocha. La main que Severus n'avait pas prise se posa sur son épaule, ses doigts frôlant son cou. « Je préférerai que tu restes, Sev. »

« Hum. » Severus leva sa main pour éloigner les doigts qui s'étaient emmêlés dans des mèches de cheveux le long de son cou. Gardant une prise sur le poignet de Harry, il vint se placer devant lui. « Je ne pense pas que tu apprécies les conversations intelligentes. »

« Je peux. A l'occasion. Si j'essaie vraiment. » Il inclina sa tête en arrière, Harry le regarda, un sourire en coin sur le visage. Severus avait toujours aimé l'avantage que lui procurait sa taille sur le jeune homme. Il fit courir son pouce sur la lèvre supérieure de Harry et le regarda fermer les yeux. Sien.

« Je suppose que je peux te prendre en pitié et trouver quelque chose pour occuper notre temps. »

« Mmm. Ca ne me dérangerait pas. » Harry hésita et recula la tête, attirant l'attention de Severus loin de ses lèvres vers les muscles tendus de son cou et de ses épaules.

Severus fit un pas en avant, obligeant Harry à faire un pas en arrière. Il continua à le pousser jusqu'à ce que l'arrière des genoux de Harry touche le lit et qu'il tombe dessus, assis.

« Première chose. Tourne-toi. »

Harry siffla. « On dirait un ordre. »

« Ne sois pas impertinent. »

« Oui, Sev. J'essaie de ne pas être impertinent. Parfois. » Mais Harry roula sur le ventre sans faire d'autres commentaires. Severus sortit de petites fioles d'une poche et les posa à côté puis remonta ses manches et s'installa sur le lit à côté de lui. Harry, de son côté, avait tourné la tête pour regarder Severus à travers ses paupières tombantes et l'observait enlever ses bottes et les poser contre le bois du lit. « Toujours aussi soigneux, Severus. Comment fais-tu pour vivre avec moi ? »

« Avec beaucoup de difficultés, je te l'assure. » A genoux sur le lit, il se tint jambes écartées sur les hanches de Harry. Il versa l'une des fioles sur ses mains, les frotta vivement pour les réchauffer avant de les poser sur les épaules de Harry. Il pencha la tête pour murmurer à son oreille. « Non pas à cause de tes habitudes négligées, tu peux être assez ordonné quand tu essaies de l'être, Harry. »

Harry répondit par un grognement sourd alors que les doigts de Severus s'enfonçaient dans les muscles tendus, les incitant à se dénouer grâce à une pression ferme et à de douces caresses. « Mmm. Un tout petit peu plus à droite, s'il te—ah ! »

Severus pouvait entendre la grimace dans la voix de Harry alors qu'il atteignait le nœud de tension et appuyait dessus, mais il continua la tache qu'il s'était assignée et sentit finalement les muscles se détendre sous ses soins. Ses mains descendirent, appliquant l'huile sur le milieu et en bas du dos, travaillant les muscles moins tendus que ceux du haut. Un doux ronflement attira son attention et il se pencha. Les yeux de Harry étaient fermés et son souffle s'était ralenti.

D'un rapide coup sur les fesses, Severus parvint à réveiller Harry de son sommeil léger. Le jeune homme se souleva sous lui et grommela qu'il n'était pas endormi et que Severus n'avait aucune raison de faire ça.

« Il y a toujours de raison pour te punir. Je n'ai pas toujours besoin d'en trouver une avant de t'administrer la punition. » Severus eut un sourire en coin et traça de ses doigts, la fente des fesses d'Harry, de haut en bas. Le moment où Harry retint son souffle fut difficile à manquer et il se poussa contre le doigt.

L'estomac de Severus se serra et il se mit à côté de Harry. Il n'avait pas reçu un accueil convenable et n'avait aucunement l'intention d'aller plus loin sans en recevoir un.

Harry roula sur le côté et regarda Severus, la question dans ses yeux était évidente, mais elle obtint rapidement réponse lorsque Severus baissa la tête pour réclamer les lèvres de son partenaire. Elles étaient siennes comme le reste de son corps, se rappela-t-il avec plaisir. Il aimait tous les goûts de Harry, de la saveur intoxicante du brandy qu'ils partageaient au chocolat qu'Harry devait avoir mangé en cachette quelque part, à la trace de baies qui était couverte par le reste. Et en dessous, le goût d'Harry. Il n'avait jamais réussi à en être rassasié depuis qu'il y avait goûté pour la première fois tant d'années auparavant. La langue de Severus joua avec celle de Harry, l'attirant dans sa bouche et le baiser s'approfondit. Il attrapa le soupir du jeune homme et le retint dans l'espace intemporel dans lequel se déroulait leur baiser.

Severus le pressa contre le matelas sans jamais rompre le baiser. Les mains de Harry étaient serrées contre le tissu de sa chemise, menaçant de la déchirer, mais Severus l'ignora et retint son visage entre ses mains, des mèches de cheveux volages taquinant ses doigts comme des caresses fantômes alors que sa bouche bougeait sur celles de Harry.

Brisant le baiser dans un grognement, Severus posa son front contre celui de Harry le temps de retrouver le calme qu'il avait perdu et il était certain de ne pas en avoir beaucoup perdu.

« C'est ainsi que tu salues correctement un amant que tu n'as pas vu depuis un certain temps, Harry. »

« Ah. Je suppose que je devrais noter cette information quelque part pour ne pas l'oublier. »

« Ces leçons ne sont pas pour ma propre édification. »

« Bien sûr que non, » Harry ricana.

NC17 passage supprimé

Hpsshpss

Harry se pelotonna contre le corps chaud à côté de lui et inspira profondément. Severus. Maison. Se réveillant doucement, il ouvrit un oeil pour être sûr qu'il ne rêvait pas. Il détestait que son subconscient lui joue des tours et lui fasse croire qu'il était chez lui avec Severus alors qu'il n'y était pas.

Mais Severus était là, assis sur le lit à lire un livre. Son livre préféré de potions, en fait. Celui que Harry avait emprunté à la bibliothèque un jour où il avait le mal du pays et qu'il avait caché sur l'étagère parmi ses livres quand il s'était rendu compte quel idiot il était de faire une chose pareille. Il se dit que Severus avait dû le trouver.

« B'jour. Bon livre? » Lui demanda Harry en baillant.

Severus le regarda, une expression douloureuse sur le visage, mais il n'y fit pas attention. Severus pouvait traduire ses marmonnements matinaux sans son aide. Il le faisait depuis des années et continuerait à le faire dans les années à venir.

Severus était collé à lui.

« Tu demandes seulement pour être poli. Tu sais parfaitement bien ce que je pense de ce livre. »

« Tu préfères que je sois impoli? Je peux l'être aussi ? » Harry sourit et bougea pour s'asseoir et poser sa tête sur l'épaule de Severus. Et l'embêter en lisant par-dessus son épaule. Du moins, c'est ainsi que ça paraissait.

Severus claqua le livre. « Arrête. »

« Oui, Sev. »

« Morveux. »

Le sourire de Harry s'agrandit mais il ne bougea pas et ne répondit pas.

« J'ai apporté des réserves de potions pour la tête. Ta petite expérience n'a pas marché on dirait. »

Harry secoua la tête. « Je pense que ce que Pompom concocte est encore plus faible que ce qu'elle a maintenant. » Il s'arrêta. « C'est compréhensible. Je veux dire… » Harry grogna. « Seigneur, je n'arrive pas à être cohérent aussi tôt le matin. »

« Tu es rarement cohérent. Ce n'est pas nouveau ; cependant, je comprends ce que tu veux dire. Ce n'est pas surprenant parce que tu prends cette potion depuis longtemps. Il te faudrait un certain temps pour être capable de ressentir un effet avec une dose réduite. Je n'avais pas pensé que ton expérience fonctionnerait alors que tu dois enseigner. » Une pause. « Je suppose qu'élèves, nous étions horribles. Autant que toi tu l'étais. »

Harry ferma les yeux alors que la retenue de la nuit dernière lui revenait en mémoire. Severus avait fait s'envoler toute pensée sur cette horrible expérience la nuit dernière, mais maintenant, elles revenaient de toutes leurs forces. « Seigneur, horrible. » Non qu'il ait su affronter la situation puisqu'il s'était enfui.

« Harry? »

« Hmm? » Il se secoua et pencha la tête pour regarder Severus. « Oh. Je pensais à la retenue de la nuit dernière. »

« Est-ce qu'elle implique une quantité ridicule de craies roses? »

« Malheureusement. » Harry posa son menton sur l'épaule de Severus. « Severus… » Il ne savait pas comment lui poser la question. Il savait que même s'il avait su quoi lui demander, Severus aurait probablement refusé de lui répondre. Et il aurait raison de le faire pour de nombreuses raisons.

« J'étais un idiot plein d'hormones à seize ans. Plutôt incapable de contrôler mes émotions. J'ai presque piqué une crise quand tu es parti furieux contre moi cette nuit-là. » Severus cligna des yeux et un rire surpris lui échappa. « Un sacré petit idiot. »

« Severus—»

« Je suppose que tu vas me dire de ne pas être aussi dur avec mon jeune moi ? »

« J'allais te dire que tu es trop dur avec toi, mais je suppose… Mais alors—»

Severus mit un doigt sur les lèvres de Harry. « Ca suffit. Je ne souhaite pas en parler. Nous devrions prendre du thé et des toasts, parler et ensuite je devrais faire mon rapport à Albus. Satisfait ? »

« Ton programme me satisfait toujours, mais ne t'attends pas à ce que je te suive. » Harry rit et bougea pour arracher un baiser à son amant. Il poussa Severus contre la tête du lit et attendit les protestations. Quand Severus ouvrit la bouche pour le faire, Harry le réduisit au silence.