Chapitre sept: Le passage du temps
Les vacances de Noël passèrent à la fois trop vite et trop lentement. Harry aurait préféré que ce soit l'année scolaire qui se termine. Fini le rouleau et fini les élèves. Mais il n'avait terminé avec aucun des deux.
Au moins Snape et son béguin étaient partis pendant les vacances.
Il n'y avait eu qu'Harry, le directeur, certains membres du personnel et une poignée d'élèves. Et le rouleau. C'était avec lui qu'Harry avait passé le plus de temps. Sans les corvées liées à ses cours ou les copies à corriger et - seigneur aidez-le - les retenues, Harry avait pu avancer sa traduction.
La présence de son père et de ses amis lui avaient presque manquée. Plus il y pensait et plus il trouvait ça normal qu'ils ne restent pas à l'école pendant les vacances ; après tout, contrairement à lui, ils avaient une famille dans laquelle retourner. Il était étrange de voir à quel point les choses avaient aussi drastiquement changé en une seule génération.
Harry avait essayé de ne pas ruminer tout cela.
Ce fut plus facile lorsque les élèves réapparurent et que tous les cours reprirent. Bien entendu, puisque les cours avaient repris, Harry eut moins de temps à consacrer au rouleau et le sentiment qu'il n'aurait jamais dû le faire l'envahit. S'il avait le moindre retard, tout risquait de changer. Et il continuait à ressasser cela encore et encore même s'il savait que cette pensée l'inquiétait et le stressait encore plus.
Mais Severus n'était pas là pour lui dire d'arrêter.
Le jeune M. Snape, lui, était là, au grand damne de Harry. Au milieu du premier cours, Harry s'arrêta et informa les élèves qu'il les modifiait la disposition de la classe. Snape et Black étaient désormais au dernier rang. Il était possible que ce nouvel arrangement conduise Black à lui causer des problèmes, mais au moins, ses nerfs étaient moins à vif puisqu'il n'avait plus à regarder l'expression sur le visage du jeune Snape de seize ans.
Snape était beaucoup plus calme depuis qu'il était revenu de vacances et Harry ne savait qu'en penser. Bien sûr, il était soulagé, mais après avoir passé tant d'années avec la version adulte, il savait que l'adolescent n'abandonnait jamais aussi facilement. C'était un trait de caractère profondément ancré en Severus et ce Severus-là n'était probablement pas différent.
Ce qui signifiait que le jeune homme réfléchissait. Les pensées de Severus pouvaient lui causer des ennuis. Ennuis auxquels Harry ne voulait pas penser, alors il les laissait de côté au profit de choses plus amusantes. Comme parler avec son père, son parrain, Remus, et même Peter.
Ca avait commencé avec les histoires qu'il leur racontait en cours. Il n'y avait rien de spectaculaire et elles étaient même vagues, mais il était un de ces rares professeurs qui avaient vraiment 'fait' autre chose que de l'enseignement. En y repensant, il se rendit compte qu'avoir des professeurs ayant une connaissance pratique du terrain était assez rare, même pour lui et c'était ces professeurs et ces histoires qu'il préférait le plus. Ce qui était probablement la raison pour laquelle il enseignait ainsi.
Il n'était pas vraiment surpris que James, Sirius et Peter veuillent devenir Aurors, en revanche, le fait qu'ils viennent le voir pour lui demander son opinion sur les livres sur lesquels ils travaillaient pour préparer l'examen et pour lui poser des questions sur le programme d'entrée le surprit.
Les aider ne le dérangeait pas du tout, et se réunir à la fin des cours était devenu une habitude. Même sa mère s'était jointe à eux une fois, au plus grand plaisir de son père. Ce fut la seule fois qu'il ne vit pas ses parents se disputer et Harry put voir qu'il y avait quelque chose entre eux. Même si Remus et Sirius continuaient à dire que James n'avait aucune chance.
Une fois que Lily eut rejoint le petit groupe, Remus (qui était toujours là, mais participait rarement) vint moins souvent. Au début Harry ne savait pas pourquoi, mais lorsqu'il vit le jeune homme se promener seul un soir, il aborda le sujet.
Remus était un jeune homme assez différent de l'homme que Harry connaissait. Ce Remus n'était pas aussi agile que celui qu'il connaissait dans le futur. Il allait encore beaucoup grandir, Harry le savait, mais il fut surpris de découvrir que ce Remus n'avait aucune idée de ce qu'il ferait une fois qu'il quitterait la sécurité de Poudlard.
« Je ne peux rien faire. Je finirai ma scolarité et je devrais tout aussi bien… » Remus soupira. « ne rien faire. »
Harry secoua la tête et posa une main sur l'épaule du jeune homme. « Tu les laisses te battre. Ne les laisse jamais gagner. »
Hpsshpss
« …Et puis parce que tu es de si bonne humeur quand tous tes élèves reviennent, tout le monde pense que tu as passé tes vacances dans un bordel de l'Allée des Embrumes. La moitié des Serpentards insistent sur le fait qu'ils t'ont vu là-bas. »
Harry secoua la tête et s'appuya contre sa chaise. « Ouais, c'est exactement ce que ce professeur a fait de ses vacances. »
Sirius ricana. « Eh bien, c'était normal à cette époque. »
« Bien sûr, les jeunes de seize ans ne pensent à rien d'autre qu'au sexe. Ils rêvent de ce genre de chose : tout le monde couche avec quelqu'un. »
« Et toi? »
Harry le regarda avec des yeux noirs. « Ce ne sont pas tes affaires. De plus, je ne me souviens pas. Il y a bien longtemps que j'ai eu seize ans. »
Les visites mensuelles de Sirius, Severus ou Drago illuminaient la vie de Harry. Plus il était loin de chez lui, plus ça lui manquait et, qu'importe combien ça lui manquait, il n'avait pas la possibilité d'y retourner avant la fin de l'année et avant que ses obligations pour l'Ordre ne soient terminées. Les petits cancans de ceux qui venaient le voir étaient un rayon de soleil et il en était reconnaissant jusqu'à la prochaine visite.
Il avait besoin de cette ligne de vie qui le reliait à son temps et à sa vie parce qu'à chaque jour qui passait, il se sentait de plus en plus lié aux vies de ceux de son passé. C'était comme si le Filet du Diable s'était enroulé autour de ses jambes et qu'il le poussait étroitement contre quelque chose. Le temps. C'était une chose tangible pour Harry. Quelque chose dont il souhaitait pouvoir s'échapper.
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Harry laissa tomber sa plume et mit le parchemin dans sa manche puis se dirigea vers le bureau du directeur. Il n'était pas allé très loin qu'il fut reconduit dans la petite pièce qu'il utilisait pour travailler sur le rouleau.
« Vous semblez agité, Octavian. Avez-vous découvert quelque chose ? »
Harry déglutit pour essayer de faire passer la boule qui s'était formée dans sa gorge. Bien entendu, il ne pouvait pas expliquer au directeur pourquoi il était aussi ennuyé qu'il l'était, mais il avait besoin de divulguer l'information. « Harold Potter. Il va y avoir une attaque, monsieur. Elle n'est pas comme les autres. Il a l'intention de 'faire un exemple. »