Attention, rien ne m'appartient. Les personnages appartiennent à J.K Rowlings et l'histoire à DragonLight
Résumé: En mission dans le passé pour Dumbledore, Harry voit son amant sous un nouveau jour, celui de professeur.
Ratings : R
Correctrice : AnthaRosa, Griselle et Ishtar. N'oubliez pas de les remercier pour leur travail. Sans elles, la fic ne serait pas aussi bien écrite.
Attention, c'est un slash: SS/HP
Chapitre neuf: la discussion
Harry ne retourna pas le baiser, même si une petite partie de lui en avait envi. S'accrochant aux épaules de Severus, il détacha sa bouche de la sienne et le repoussa. Le jeune homme trébucha et tomba sur une chaise.
Le souffle rapide et irrégulier, Harry le regardait avec des yeux noirs. Il n'était pas en colère contre Severus, pas du tout. Il était en colère contre lui-même, contre la situation et la perte de contrôle qui lui était si familière. C'était cela qu'il détestait.
Severus Snape retournerait dans son dortoir. Et Harry se maudirait d'avoir répondu aux questions du jeune Snape lorsqu'il serait enfermé dans ses quartiers, en sécurité.
Harry le regarda cacher son visage dans ses mains. C'était juste un jeune homme. Un garçon qui se croyait amoureux d'un professeur. La situation était mauvaise.
« J'ai tout gâché. J'ai tout gâché. » La voix de Severus était calme et déchirée.
« Il n'y avait rien à gâcher. »
« Les chances que j'avais se sont envolées. »
« Vous n'en aviez aucune. »
Le corps tout entier de Harry était tendu. Dans quelques minutes, il ressentirait la douleur au niveau de ses épaules et de ses mollets. Même de ses doigts. Severus devait partir. Mais il venait de montrer à quel point il était mauvais. Pourquoi Severus Snape, n'importe quel Severus Snape ne pouvait-il pas être docile ?
Harry supposait que ça faisait partie de son charme.
« Comment pouvez-vous dire cela? Comment pouvez-vous penser qu'il n'y a rien entre nous ? »
« Parce qu'il n'y a rien et qu'il n'y aura jamais rien. » Il se sentait un peu coupable de ce dernier mensonge. « Vous êtes mon élève, je suis votre professeur. C'est la seule relation que nous pouvons avoir et qui existera jamais entre nous. »
Aux oreilles de Harry, ce discours était bien trop familier. Et bien que les résultats aient été bénéfiques pour lui la dernière fois qu'il avait eu une telle conversation, il voulait que cette fois-ci la fin soit différente. Tout ce dont il avait besoin était d'un peu de chance. Et de mensonges.
« Vous pouvez être avec moi si vous le voulez. Il n'y a aucune règle qui l'interdise. »
« Cependant, vous partez du principe que je veux être avec vous, M. Snape. D'après ce que vous en savez, une femme pourrait m'attendre quelque part. » Peu de chance qu'il avale cela, mais ça valait le coup d'essayer.
Severus le dévisagea sans émotion. C'était comme si l'idée ne lui était jamais venue à l'esprit. « Vous… Non. Vous n'aimez pas les femmes. J'en suis certain. »
« Vraiment? »
Severus acquiesça. « Si vous aviez eu cette tendance… » Il s'arrêta et l'espace d'un instant, Harry pensa qu'il avait gagné.
« Vous êtes parti. Après ma retenue, vous êtes parti. Vous n'avez pas ri et dit que vous aimiez les femmes. Vous êtes parti. Vous n'êtes pas plus hétéro que moi. »
Serrant les poings, Harry jura. Il ne lui était jamais venu à l'esprit de se comporter ainsi, de cacher son homosexualité, et comme son Severus l'avait toujours fait, celui-ci avait deviné les motifs cachés derrière ses actes.
« Vous marquez un point. Cependant vous n'avez pas prouvé votre point principal. Je n'ai pas envie d'être avec un enfant. »
« Je ne suis pas un enfant ! Vous ne savez rien de moi. Rien de ma vie ! » Severus le regarda avec des yeux noirs. « Je ne suis pas un enfant. »
Les lèvres de Harry se tordirent en un sourire froid. « Et vous, M. Snape, ne savez, 'rien' de moi. Vouloir poursuivre une relation avec moi vous rend suffisamment téméraire pour vous placer à Gryffondor. »
Severus se recula sur sa chaise et, les yeux écarquillés et sans cligner, il regarda Harry.
« Je ne suis pas gentil. Je ne suis pas compréhensif. Je ne suis pas patient. Et en certaines occasions, on a pu me traiter de connard sans cœur. » Il s'arrêta. Il ne mentait pas vraiment, mais il exagérait un peu la vérité. Qu'importe. Ce Severus Snape n'avait pas besoin de savoir qui il était. Ca n'avait pas d'importance. Ce serait mieux s'il ne savait jamais qui il était.
« Vous avez tord, vous jouez la comédie. » Harry le vit déglutir rapidement et mouiller sa lèvre supérieure avec sa langue. Le jeune homme n'était plus aussi sûr de lui. « Vous êtes simplement en colère. L'Octavian Tyler que j'ai vu n'est rien de cela. » Severus se leva. « Vous dites que je ne vous connais pas et que si je vous connaissais je ne voudrais pas poursuivre une telle relation avec vous. Alors laissez-moi vous connaître. L'Octavian Tyler que j'ai vu est la plus juste et la plus impartiale des personnes que j'ai rencontrées. Si je me trompe et que vous avez raison alors je ne voudrais pas d'une telle relation. Quel mal cela peut-il faire ? »
« Non. » Un mot qui mettait fin à la conversation la pire de sa vie.
Mais Severus ne s'avoua pas vaincu. « Pourquoi pas ? Je ne partirai pas tant que vous ne serez pas d'accord. » Severus haussa les épaules. « Ce sera très difficile d'expliquer pourquoi je suis ici aussi tard dans la nuit, voire pourquoi je suis resté toute la nuit. Ca pourrait ruiner votre réputation auprès des professeurs comme des élèves. »
Harry fléchit les doigts en imaginant ce qu'il ressentirait s'il étranglait ce petit connard. Severus Snape ne devrait pas lui faire du chantage à cet âge. Qu'il le veuille ou non, c'était quelque chose que 'son' Severus faisait.
« Une fois par semaine, vous pourrez venir dans mon bureau pendant une heure pour une leçon particulière. Tant qu'un autre élève ou professeur ne réclame pas mon attention, vous pourrez vous asseoir et terminer vos devoirs. » Harry mordit chaque mot entre ses dents serrées. « Ou, si vous insistez, nous pourrons discuter. Maintenant, sortez . »
Severus sourit avant de se retourner et de sortir de son bureau.
Un petit presse-papier de verre, en forme de prisme éclata contre la porte quelques secondes après. Glissant sur sa chaise, Harry fit un geste de la main pour rassembler les débris et les faire venir à lui pour les regarder.
Severus lui avait donné ce prisme quand il avait commencé à enseigner. C'était un cadeau pratique. La plupart des cadeaux de Severus étaient pratiques. Il les regarda et jeta un mince rayon de lumière pure pour voir la lumière se briser en de nombreuses couleurs.
Le Severus de cette époque… Harry ne savait pas quoi en faire.
Hpsshpss
Futur: Début de la 7eme année de Harry
Serrant le verre froid étroitement dans ses mains, Harry attendait. La pièce était silencieuse, on n'entendait que le crépitement du feu. L'atmosphère était parfaite pour réfléchir et c'est ce qu'il essayait de faire, mais il était trop nerveux.
Venir en douce dans les quartiers de Severus n'avait pas été sa meilleure idée, surtout qu'il aurait pu être grièvement blessé s'il avait donné le mauvais mot de passe quand il avait violé les barrières magiques de Severus. Mais sa chance avait tenu bon et le mot de passe était le même que celui que le maître des potions utilisait à la fin de l'été.
Il était maintenant assis et attendait l'explosion de colère qui se produirait dès qu'il serait découvert. Mais il ne pouvait pas laisser les choses rester en l'état. Severus ne pouvait pas continuer à l'ignorer. Il ne pouvait pas prétendre que rien ne s'était passé cet été. Il y avait eu quelque chose et c'était encore là. Harry savait qu'il avait besoin de savoir ce que ça signifiait.
Pour Severus.
Il était sûr de ce que ça signifiait pour lui. Peu importe que Severus pense qu'il est trop jeune, idiot ou autre chose. Il savait ce qu'il ressentait et s'il devait obliger Severus à le croire, il le ferait. Il n'abandonnerait pas sans se battre.
Le claquement de la porte qui se refermait surpris Harry et le sortit de sa rêverie. Il se redressa et resserra légèrement sa prise sur le brandy qu'il avait volé. Et ne regarda pas la porte.
Même sans cela, il sentit la seconde où Severus l'aperçut, assis dans la chaise à côté de la sienne ; un picotement entre ses omoplates lui donna envie de gigoter et de se gratter. Il se massa le cou sans oser se retourner pour voir si Severus le regardait effectivement. Harry ne savait pas ce qu'il ferait si Severus l'ignorait.
« Alors c'est ici que le Célèbre Harry Potter se cache du monde. »
Harry tressaillit au manque d'inflexion dans le ton de Severus—ou peut-être était-ce Snape. Le ton froid et monocorde le mit plus mal à l'aise que s'il avait crié comme il le faisait d'habitude. Severus. Les cris de Severus.
« Je ne me cache pas. »
« Vraiment? Le sale clébard qui ose prétendre qu'il est un homme vient de passer les quinze dernières minutes à me menacer parce qu'il croit que je vous ai tué au cours de l'été. »
Severus se rapprocha. Harry entendit le froissement de sa robe tandis qu'il traversait la salle, mais il garda les yeux fixés sur le feu.
« Il fouille le château afin de trouver votre corps sans vie pendant que nous parlons. Il ne voulait pas prendre pour argent comptant les paroles de vos 'amis', » Severus lui jeta le mot à la tête, « Qui lui ont pourtant dit que vous êtes vivant et qu'ils ont passé la semaine entière en votre compagnie. »
Harry éclata de rire, mais le son sonna faux à ses propres oreilles. Essayant de sourire, il se tourna finalement pour regarder Severus qui s'était assis à côté de lui et le regardait. Passivement.
Harry déglutit. « Nous avons… Je pense que nous devrions discuter. Alors je suis venu ici. Je ne me cache pas. Mais il est vrai que je n'ai dit à personne où j'allais. »
Severus acquiesça brièvement. « Vous ne devriez pas boire. »
« Vous n'auriez pas dû me laisser essayer cet été. J'ai découvert que j'aimais le brandy. »
Severus ne dit rien pendant un temps et Harry se demanda s'il avait fait une erreur. Il n'aurait peut-être pas dû faire cette blague. Il se demanda si tout ce qu'il faisait n'était pas une erreur. Il secoua la tête et se remit à contempler le feu tout en essayant de savoir ce qu'il était censé dire et faire maintenant.
« N'êtes-vous pas un peu inquiet pour votre parrain qui erre dans le château à votre recherche ? Toutes sortes de démons peuvent lui tomber dessus. Vous devriez y aller. »
Harry haussa les épaules et but une gorgée de brandy. « Il sait que je vais bien. Il essaye juste d'être difficile. Je lui ai dit que j'avais passé un été 'tolérable'. J'aurais dû lui dire que passer du temps avec vous ne m'avait pas dérangé sauf que j'apprécie assez d'avoir un parrain et je ne voulais pas le tuer. »
« Dommage. Le monde aurait été bien meilleur. »
Harry lui fit un demi-sourire. Severus et Sirius ne s'apprécieraient jamais. Pas avant la fin du monde. Mais Harry ne voulait pas vraiment qu'il en soit autrement. Ce ne serait pas eux, sinon, et il les aimait vraiment tels qu'ils étaient.
« C'est vrai vous savez. Ce que j'ai dit. »
Severus ne le regardait pas. « Vous avez dit beaucoup de choses, M. Potter et je suis certain que vous ne les pensiez pas toutes. »
Harry se mordit la lèvre quand il entendit 'M. Potter', et continua à la mordiller en essayant de savoir ce qu'il allait faire ensuite. Severus était impossible.
Harry n'avait pas trente-six solutions pour continuer cette conservation.
« Je le pensais quand j'ai dit que je vous aimais. C'est vrai. »
Les doigts de Severus s'enfoncèrent dans le rembourrage de la chaise et Harry regarda ses phalanges pâles devenir rouges. Il ne savait pas si c'était bon ou mauvais signe.
« Ne dites pas de telles choses, Potter. »
Mauvais signe, alors. « C'était 'Harry' cet été. »
« Nous ne sommes plus en été. Vous avez repris les cours et je suis un enseignant. Peu importe les idioties qui se sont passées cet été, elles ne doivent pas se poursuivre. »
Harry n'avait plus d'arguments face à un refus absolu de Severus de continuer leur relation. Surtout qu'il ne s'agissait pas vraiment d'une relation, juste d'un espoir entretenu par le jeune homme. Mais il ne partirait pas sans savoir au moins une chose.
« Pourquoi? »
« C'est relativement simple. Vous êtes redevenu mon élève. »
« J'ai toujours été votre élève. Rien n'a changé. »
« Cet été, Potter, vous agissiez en tant que membre de l'Ordre du Phœnix et Albus Dumbledore vous avez donné pour mission de travailler avec moi. »
« Harry. Si vous voulez que j'écoute ce que vous avez à dire alors vous devez m'appeler Harry. S'il vous plaît, Severus. »
« La situation était différente cet été. J'étais votre mentor, 'Harry', pas votre professeur. Maintenant que nous sommes revenus à l'école, je suis une fois de plus votre professeur et vous êtes redevenu Potter, celui qui m'empoisonne la vie. »
Harry s'appuya contre le dos de la chaise et soupira. Une victoire et une défaite. Il ne gagnait pas de terrain. « Ce n'est pas une excuse. Vous vous cachez derrière des prétextes. J'aimerais que vous arrêtiez. »
Severus plissa les yeux. « Je ne fais rien de tel. Maintenant j'insiste pour que vous quittiez mes quartiers immédiatement. Et ne vous donnez pas la peine de revenir. Le mot de passe sera changé dès que la porte se sera refermée derrière vous. »
Harry ferma les yeux une minute. Le verre n'était plus froid. Il avait l'impression qu'il allait glisser de ses mains tant ses paumes étaient moites. Il le posa sur une petite table et descendit de sa chaise pour se mettre à genoux.
« Ne me mettez pas dehors. »
« Je n'ai pas prévu de m'embarrasser de vous. Vous allez sortir. Même si je dois pour cela utiliser la magie. »
« Pas vos appartements. Non… » Harry serra les dents et inspira difficilement. « Nous avons partagé beaucoup cet été, Severus. »
« Et qu'avons-nous partagé? »
« Des secrets. Des émotions. Nos âmes. »
Severus renifla. « Nos âmes ? Vous devez plaisanter. Où avez-vous trouvé cette idée? »
Harry ne dit rien; il n'en avait pas besoin. Il regarda simplement Severus qui, apparemment, sans y penser, leva le verre de brandy et en but une gorgée.
« Nous nous sommes mutuellement sauvés la vie. Vous avez craqué et vous avez décidé de vous confier à moi. Je suis certain que si quelqu'un d'autre avait été là, c'est à cette personne que vous auriez parlé. Il en a été de même pour moi. Vous parler à vous était juste pratique. »
La poitrine de Harry se serra en entendant ce déni. « Menteur. »
Harry regarda Severus se raidir et plisser les yeux. Il devait être allé trop loin, mais il s'en foutait. Il devait le dire. Si ça devait le conduire à être jeté à la porte, qu'il en soit ainsi.
Il avait le sentiment que ça ne se terminerait pas ainsi.
« Vous ne vous confiez pas simplement aux gens parce qu'ils pratiques. Vous préféreriez mourir d'abord. »
Il prit le verre des doigts de Severus et le vida. Il le vit se retenir pour ne pas lui faire méchamment remarquer qu'il ne savait pas boire correctement un bon brandy. 'On doit le savourer,' lui avait-il dit auparavant.
« Juste… comme… vous. » Harry sourit quand il vit Severus hausser un sourcil. Heureusement qu'il ne savait pas ce qu'il venait de murmurer. Il le rejetterait en disant que c'était son côté sentimental, sans aucun doute.
« J'ai passé tout l'été à briser vos murs pour mieux vous connaître » Harry agrippa un bras du fauteuil, faisant en sorte de ne pas toucher Severus. Il n'avait pas l'intention de le rendre plus capricieux. Il aimait être là où il était. « Vous n'allez pas reconstruire ces murs. Je ne me suis pas confié à vous parce que vous étiez là et ce malgré tout ce que vous pouvez penser. Je savais que vous me comprendriez d'une manière dont les autres sont incapables. Et c'est aussi la raison pour laquelle vous vous êtes confié à moi. Nous avons partagé nos âmes. »
Severus remua pour ne plus avoir à regarder Harry et se plaça pour voir la cheminée par-dessus de l'épaule du jeune homme. « Borné comme toujours. J'imagine qu'il ne vous est pas venu à l'esprit qu'il existe des règles contre une relation aussi scandaleuse ? » Le regard de Severus se posa sur le visage de Harry puis s'en détourna à nouveau. « Des règles que nous devons respecter ? »
Harry haussa les épaules. « Je suppose que cela fera simplement une entorse de plus au règlement pour le Survivant. Vous dites toujours que je pense que les règles ne s'appliquent pas à moi de toute façon. »
Les doigts de Severus frôlèrent le bras de Harry quand il serra le poing. « Gamin insupportable. Il y a des raisons -»
Harry prit une profonde inspiration. « Sans aucun doute. Mais ce n'est pas comme si vous alliez changer votre façon de me noter. J'ai toujours été nul en Potions et je le serai toujours. Je serais contrarié si vous commenciez à me mettre des bonnes notes dans votre matière. Ou à être gentil avec moi. Vous ne seriez pas Severus alors. »
Severus allait dire quelque chose, mais Harry ne lui laissa pas dire un mot: il couvrit ses lèvres de deux de ses doigts.
« Vous vous souciez aussi peu des règles que moi. C'est juste une autre excuse que vous utilisez. Je vous connais maintenant. Ne jouez pas à ce genre de jeu. Je ne suis pas suffisamment stupide pour tomber dedans. » Harry laissa tomber ses doigts et se rassit sur ses talons.
« Je n'ai jamais pensé que vous étiez stupide. » Severus parlait à voix basse et il ne le regardait pas ; sa tête était complètement tournée. « Mais, je ne pense pas que vous vous appliquiez autant que vous le devriez. »
L'admission était suffisante pour immobiliser Harry qui enfonça le bout de ses doigts dans ses hanches pour s'empêcher de faire une bêtise. Severus ne le détestait pas. Il ne l'aimait peut-être pas, il était probablement à la limite de l'aimer, mais il ne le détestait pas.
« Vous avez raison. Mais pourquoi devrais-je m'en inquiéter? Ma vie est prédéterminée depuis que je suis bébé. Laissons les choses se faire. Après tout, je ne contrôle pas ma vie. »
Severus redressa la tête et ses yeux rencontrèrent ceux de Harry. D'une main, il inclina la tête de Harry. « Vous pouvez contrôler votre vie, Harry. Vous faites vos propres choix, pour le meilleur ou pour le pire. Si vous choisissiez de partir du château avant d'avoir terminé vos études sans regarder en arrière, je ne vous le reprocherais pas. Ne dites jamais que vous ne contrôlez pas votre vie. Ne donnez à personne un tel pouvoir sur vous. » Le visage de Severus se durcit et sa voix prit une intonation amère. « Le monde sorcier vous a trop demandé et n'a pas su assumer ses responsabilités envers vous. Moi y compris. »
« Quoi ? »
« Vous m'avez très bien compris. Je n'ai pas su prendre mes responsabilités. En tant que professeur. En tant que mentor. En tant qu'adulte. J'aurais dû m'éloigner de vous. » Il baissa sa voix. « Même si c'est difficile de vouloir faire ça. »
Harry se redressa et secoua la tête. « Non. Je ne vous laisserai pas faire. Je ne veux pas que cela arrive. Ce n'est pas vrai. »
Severus posa une main sur l'épaule de Harry. « Vous ne pouvez pas m'en empêcher. »
« Regardez-moi. »
Ils se regardèrent jusqu'à ce que Harry brise le contact en se levant. Redressant les épaules, il se tourna vers la porte et se dirigea vers elle.
« Où allez-vous ? »
Harry sourit. Il l'avait. « Je croyais que vous m'aviez jeté dehors. »
« Vous prenez la fuite? Vous abandonnez au beau milieu de la partie? Ce n'est pas la réaction d'un Potter. »
« Préfèreriez-vous que je reste, Severus ? »
Harry compta les inspirations et expirations entre le moment où il posa sa question et le moment où Severus répondit. Il y en eut presque trop. Il fit pratiquement un autre pas vers la porte.
« Si vous voulez. »
Harry se mordit la lèvre, se tourna et se rapprocha de Severus. « Vous n'allez pas changer le mot de passe pour m'empêcher de revenir ? »
Severus fit un geste de la main pour écarter la question et Harry sourit. Severus n'avait jamais été aussi prêt d'admettre que sa compagnie ne le dérangeait pas.
Harry se rapprocha et captura les lèvres de Severus. Il se rendit compte du moment exact où Severus s'abandonna au baiser. Il sentit sa raideur disparaître alors que ses doigts rencontraient ceux d'Harry. Il sentit l'autre main de Severus remonter le long de son bras et ses doigts se refermer autour de son cou. Et même sans ces petits signes physiques, il savait, comme il savait tant d'autres choses. Il en était sûr, d'instinct. Et il avait raison.
Il se rapprocha et posa un genou sur la chaise entre les jambes de Severus. Ses doigts se refermèrent sur le tissu de la robe du maître des potions, au niveau de sa taille et Harry approfondit le baiser, mais Severus le brisa.
Severus sursauta, Harry le regarda. Il était si sûr de lui. Il savait.
Les lignes autour des yeux de Severus se creusèrent et il fronça les sourcils, creusant un sillon sur son front. Harry l'avait peut-être su, mais Severus, lui, n'en était toujours pas certain.
Harry lâcha la robe et posa sa main sur sa joue. Il remua un peu pour pouvoir le regarder et essayer de savoir ce qu'il devrait dire. « Je le veux Severus. J'y ai déjà réfléchi et j'en suis sûr. Tu devrais le savoir. »
« Je n'y ai pas réfléchi, pas quand ma tête est embrumée par d'autres pensées. » Harry sourit d'un air satisfait. « Des pensées beaucoup moins convenables. Qu'importe ce qui se passe, qu'importe les décisions que nous prendrons dans le futur, je veux que tu comprennes que c'est ce que je veux. Pas seulement du sexe. Quelque chose de plus consistant. Maintenant, je pourrais te donner tout ce que j'ai et être heureux que tu le prennes. »
S'arrêtant, il pressa légèrement ses lèvres contre celles de Severus puis se recula avant d'approfondir le baiser. Il avait encore d'autres choses à dire. « Ce n'est pas gratuit. Parce que je veux la même chose de ta part. »
Ils se regardèrent longuement. Severus ne bougeait pas, ne clignait pas des yeux et on aurait dit qu'il avait arrêté de respirer. Trop. Harry était allé trop loin. Il ne pourrait pas accepter la plus petite victoire; il avait continué à le pousser jusqu'à ce qu'il ait ce qu'il voulait.
Harry savait qu'un jour ça provoquerait sa chute, mais pourquoi aujourd'hui?
Un battement de cœur, puis un autre et encore un autre. La main de Harry glissa de la joue à son épaule, ses doigts se relâchèrent et sa poitrine se serra.
Mais Severus enveloppa sa main autour du cou de Harry, le rapprochant pour un baiser et Harry sut qu'il n'avait peut-être pas gagné la bataille, mais il ne l'avait pas perdu non plus. Peut-être était-ce un tirage.
