Attention, rien ne m'appartient. Les personnages appartiennent à J.K Rowlings et l'histoire à DragonLight

Résumé: En mission dans le passé pour Dumbledore, Harry voit son amant sous un nouveau jour, celui de professeur.

Ratings : R ou NC 17 selon l'endroit où vous le lisez

Correctrice : AnthaRosa, Griselle et Ishtar. N'oubliez pas de les remercier pour leur travail. Sans elles, la fic ne serait pas aussi bien écrite.

Attention, c'est un slash: SS/Hp

J'ai enlevé le NC17 de ce chapitre. Je le poste sur le site de HPfanfiction. L'adresse est dans ma bio.

Chapitre onze : Apprendre à connaître l'autre toi

Le passé

Harry entra dans son bureau et s'arrêta lorsqu'il vit un jeune homme assis sur une chaise. Comme il était dans l'ombre, il ne put pas l'identifier immédiatement, mais plus il le regardait et plus il avait une impression de déjà-vu.

La silhouette lui semblait à la fois familière et inconnue.

Il se souvint alors. C'était il y a des années – il avait l'impression qu'une éternité s'était écoulée, ce qui n'était pas le cas – Harry avait l'habitude de se recroqueviller devant la cheminée de la salle Commune des Gryffondors quand il voulait rester seul. Et comme ce jeune homme sur la chaise, il enlevait ses chaussures et remontait ses genoux contre sa poitrine.

Sa tête était appuyée contre ses genoux et des touffes de cheveux s'en allaient dans toutes les directions. Harry ne parvenait pas à réconcilier l'image de ce garçon avec celle de son père. Aucun autre enfant à Poudlard ne pouvait lui faire davantage penser à lui-même.

« Puis-je vous aider M. Potter ? »

James releva la tête, ses yeux marrons cherchant ceux de son professeur. « Pense pas. »

Harry le regarda fixement et s'assit. En attendant que son père continue, il essayait de le comprendre un peu mieux. James, à cet instant, n'était pas le jeune homme turbulent et le fauteur de troubles qu'il était habituellement. Il paraissait ennuyé.

« Eh bien, » Dit Harry quand il devint évident que le jeune homme ne continuerait pas, « si vous pensez que je ne peux pas vous aider, alors pourquoi êtes-vous là ? »

« Mon père. »

Harry s'arrêta. Le père de James. Son grand-père. Le concept était si abstrait qu'il s'interrompit, mais il devait dire quelque chose.

« Vos notes se sont nettement améliorées dans mon cours. Il est certainement trop tard pour qu'il vous réprimande. »

James essaya de sourire, mais ne parvint qu'à en esquisser un, au mieux. « Non, » dit-il en étirant le mot bien plus qu'il n'aurait du le faire. « Ce n'est pas la raison de ma présence ici, Professeur Tyler. »

« Il semble que je sois donc condamné à jouer aux devinettes. »

« Je voulais simplement parler à quelqu'un. »

Il ne pouvait pas s'occuper de son père. Il ne pouvait même pas concevoir de s'occuper de lui. Pourtant, en mettant de côté cet aspect des choses, il devrait y arriver. Parler à un élève en colère n'était pas difficile et il le faisait régulièrement.

« Pourquoi moi ? Ne devriez-vous pas plutôt en discuter avec votre Directrice de maison ? »

« Pourquoi pas ? » James haussa les épaules et détourna le regard. « Le professeur MacGonagall me dorloterait simplement. Je sais qu'elle a l'air sévère, mais avec ses Gryffondors elle est comme une deuxième mère. »

Harry sourit en se rappelant le nombre de fois où il s'était tourné vers Minerva précisément pour cette raison. Même après ses études. On pouvait toujours trouver chez elle des gâteaux sablés et une oreille attentive. Ses conseils étaient souvent acérés et francs, mais Harry savait qu'ils étaient toujours bons.

« Et je ne pouvais pas parler à mes amis. Remus doit gérer beaucoup trop de choses, quant à Sirius… » James s'arrêta et regarda Harry avant de poursuivre. « Sirius a ses propres problèmes familiaux. Il n'a pas besoin des miens. Ma famille est censée être son refuge. » James soupira. « J'ai pensé à en parler à Peter, mais je ne peux pas. Quelque chose ne va pas avec lui et je ne… peux pas. Ca semble stupide, non ? »

Harry secoua la tête. « Pas du tout. Suivre ses instincts est très important, M.Potter. » Oh, dire cela maintenant était encore plus étrange que de le dire en cours.

« Enfin, j'ai pensé que je pouvais vous en parler. Vous êtes une espèce de médiateur impartial. »

« Impartial ? Suis-je impliqué dans une situation dont je ne sais rien ? »

« Vous connaissez la situation, mais ce n'est pas ce dont je désire parler. » James libéra ses genoux et se redressa. « J'ai vu le directeur aujourd'hui. Mon père et ma mère étaient également présents. »

Harry acquiesça.

« Mon père veut me retirer de Poudlard. »

Harry écarquilla les yeux. « Pourquoi ? »

« Je ne sais pas tout – mais j'en sais beaucoup. Mon père a parlé d'une attaque prévue par Vous-Savez-Qui que vous auriez découverte. »

Ce qui était assez vrai. Harry avait donné cette traduction à Albus deux mois plus tôt.

« Mon père ne fait que de répéter qu'on ne peut pas vous faire confiance et que vous êtes très certainement un espion à la solde de Vous-Savez-Qui. » En répétant 'mon père', James avait retrouvé un peu d'arrogance, mais elle retomba aux mots suivants, « Vous ne l'êtes pas, hein ? »

« Ce n'est pas une question à poser, M. Potter. Vous vous rendez compte que je pourrais vous mentir. »

James écarquilla les yeux et serra les lèvres. Son regard se fixa sur Harry.

« Mais pour répondre à votre question, non, je ne le suis pas. »

L'espace d'un instant, Harry crut que James allait s'enfuir, convaincu que son professeur de Défense Contre les Forces du Mal était bel et bien un espion. Mais James haussa les épaules comme si ça n'avait pas vraiment d'importance.

« Et bien mon père pense que les informations que vous donnez à Dumbledore sont un piège pour empêcher les gens importants de combattre Vous-Savez-Qui. »

Entendre ce nom – ou plutôt ne pas vraiment l'entendre – était en train de lui taper sur les nerfs, mais il ne pouvait rien faire contre ça. Dire à son père de l'appeler Voldemort n'était pas une bonne idée.

« Il veut nous envoyer, ma mère et moi, dans une maison protégée par le sortilège de Fidelitas, mais moi, je veux rester à l'école. Je ne peux pas laisser Sirius avec sa famille. J'ai dit que je ne partirai pas, mais ma mère s'en va. » James regarda ses mains. « Je ne sais pas pour combien de temps ou même si elle reviendra. »

« Et votre père ? »

« Il dit qu'il n'y a pas de complot contre lui. Que c'est un piège pour éloigner tous ceux qui occupent un poste de pouvoir et qui sont trop proches de Dumbledore. Il va rester où il est et continuer ce qu'il fait. » James leva les yeux et rencontra le regard de Harry. « Professeur, veut-on vraiment tuer mon père ? »

Si leur position était inversée, Harry savait qu'il voudrait les informations que James désirait. Mais leur position n'était pas inversée et il était l'adulte et son père l'élève. Un jour, il grandirait, mais il ne le verrait pas, il ne verrait jamais que le jeune homme, pas l'homme qu'il allait devenir.

« Je suis désolé James. Je ne peux pas vous divulguer cette information. Espérez que seul le meilleur arrive et priez qu'il soit en sécurité. »

James détourna le regard, déçu, mais même si Harry voulait le réconforter, il ne le pouvait pas. Il posa une main sur son épaule. Il lui avait offert tout ce qu'il avait pu, mais il savait que ce ne serait jamais suffisant.

Une voix calme mais qui tremblait légèrement brisa le silence. « Vous êtes donc là, M. Potter. Vos parents étaient assez fâchés que vous ayez quitté mon bureau au milieu de notre réunion. » Dumbledore posa une main sur le dos de la chaise de James et agit exactement comme le vieil homme qu'il était et n'était pas à la fois, Harry le savait.

« Tout a été arrangé et vos parents vont quitter Pré-au-Lard demain. Nous avons demandé à M. Lupin et à ses parents si vous pouviez passer l'été chez eux. Ils ont accepté du moment que vous restez prudent. »

Harry regarda Dumbledore se diriger vers le bureau. « Je suis certain que vous apprécierez de passer quelque temps avec vos parents ce soir. Venez, M. Potter. »

Avec un signe affirmatif de la tête, James se leva et se dirigea vers la porte. Il s'arrêta à mi-chemin. « Merci Professeur. »

Harry lui sourit alors qu'il sortait puis se tourna vers Albus qui se tenait toujours près de son bureau.

« Octavian, j'ai prévenu M. Snape qu'à cause d'un imprévu sa leçon particulière était annulée et qu'elle était reportée à demain soir après le dîner. »

Curieux, Harry inclina la tête et plissa les yeux. « Comment saviez-vous que M. Potter viendrait me parler, Monsieur ? »

« Les personnes qui se ressemblent recherchent souvent la compagnie les uns des autres. »

C'était typiquement une réponse à la Albus. Il ne répondait jamais à la question posée mais semblait toujours en savoir plus qu'il ne devrait. Certaines choses ne changeraient jamais.

Hpsshpss

Severus jeta un coup d'œil sur son devoir de Potions. Il était parvenu à ajouter trois mots depuis qu'il était entré dans le bureau. Il avait passé la dernière heure à observer le professeur Tyler au lieu de travailler, et comme son professeur ne faisait pas du tout attention à lui parce qu'il lisait – Severus émit un grondement de mécontentement –, il pouvait le regarder tranquillement, sans s'inquiéter ni de son devoir, ni du temps perdu. Au moins, sa soirée n'était pas absolument mauvaise.

« Professeur ? »

« Hm ? »

« Pouvez-vous m'aider à faire mon devoir ? »

Tyler tourna la page de son livre sans lever la tête « Il porte sur quel sujet ? »

« Potions. »

Tyler toussota. « Je sais parfaitement que vous êtes très doué en potions, M. Snape. Faites-moi confiance quand je vous dis que je suis si peu doué dans ce domaine que vous en perdriez tout le respect que vous éprouvez à mon égard. »

Severus en doutait. « Vous n'êtes pas doué en Potions ? »

« Non. »

Severus était certain qu'il ne s'en était pas rendu compte, mais Tyler venait de lui donner une des choses qu'il désirait le plus. Une information le concernant. Qu'il apprenne beaucoup de choses ou non n'avait pas d'importance. Il rassemblait les morceaux de sa vie. Plus il en apprenait et plus il devenait intéressant.

Si seulement les matières scolaires pouvaient être aussi intéressantes.

Severus barra mentalement les Potions de la liste des matières que Tyler avait pu enseigner avant de devenir professeur de Défense Contre les Forces du Mal.

Le calme retomba le temps qu'il griffonne quelques lignes de plus et que Tyler avance dans sa lecture. Fatigué par son devoir, Severus posa sa plume.

« Qu'enseigniez-vous avant de venir ici ? »

« La Défense. »

« Vous avez dit avoir enseigné autre chose. »

« C'est exact. »

« Allez-vous me dire de quoi il s'agissait ? »

Au lieu de répondre, Tyler tourna une page et reprit sa lecture.

« Sortilèges ? »

Un rire. « Non. Merlin non. Ce n'était pas un cours obligatoire. »

La Botanique, la Métamorphose et l'Astronomie rejoignirent les Sortilèges, les Potions et les autres matières que Severus avait pu éliminer de sa liste.

« Oh. Je parie que c'était Soin aux Créatures Magiques. »

Tyler ferma son livre mais marqua la page de son doigt. « Qu'est-ce qui vous fait penser cela ? »

« La manière dont vous vous êtes battu contre le dragon. »

Tyler acquiesça.

« Alors c'est cela ! »

« Ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai simplement reconnu que vous aviez de bonnes raisons de le penser. »

« Oh. » Severus reporta son attention vers sa feuille.

« L'Etude des Moldus. Maintenant laissez-moi lire. »

« L'Etude des Moldus ? »

Inspirant profondément, le professeur Tyler referma le livre et se cala contre sa chaise. « Qu'avez-vous à reprocher à L'Etude des Moldus ? »

« Tout le monde sait que les moldus sont des créatures inutiles. »

« J'ai été élevé par des moldus. Et avant que vous ne le demandiez, non, mes parents n'étaient pas moldus ; j'ai été élevé par des moldus qui agissaient comme des moldus. » Tyler regarda la pendule sur le mur et se leva. « Votre leçon est terminée. Rangez vos affaires et partez. »

Severus resta assis secouant la tête une minute de plus avant de ranger son devoir et son livre de Potions dans son sac à dos. L'Etude des Moldus…

« Passez une douce nuit, Octavian. » Severus se mordit la lèvre et se dirigea vers la porte, espérant que les choses se terminent différemment.

Mais non.

« Vous de même, M. Snape. »

Hpsshpss

Harry soupira et inclina la tête pour que l'eau coule sur son cou et le haut de son dos. Ce n'était pas aussi efficace pour évacuer la tension de ses muscles que d'autres méthodes comme par exemple les massages de Severus, mais ça fonctionnerait suffisamment bien. Et c'était une bonne excuse pour rater le dîner et échapper à la cacophonie d'une école pleine d'enfants en train de manger.

Peut-être devenait-il bégueule en vieillissant. Quand il était élève, le bruit ne le dérangeait pas.

Il haussa les épaules et remua sous le ruissellement de l'eau chaude. Levant la tête, il laissa l'eau couler sur son visage. Il pouvait finalement se détendre sous l'eau qui cascadait sur lui. Il ne se détendait pas souvent, même ici, dans cette époque où il savait qu'il n'avait pas à être autant sur ses gardes que chez lui. Même ici la tension et le stress continuaient à s'accumuler comme lorsqu'il était plus jeune et qu'il n'avait personne à qui parler.

Il ne pouvait parler à personne ici. Pas de Sirius, de Drago ou de Remus. Ni même de Ron ou d'Hermione. Ni de Severus.

C'était presque comme s'il pouvait sentir la chaleur et la fermeté du corps de Severus derrière lui. Il se pencha en arrière, ronronnant de satisfaction. Généralement ses rêves éveillés ne paraissaient pas aussi réels, mais Harry mit cela sur le compte de sa fatigue, de son stress et de sa solitude et l'apprécia autant qu'il le put.

Des bras l'enlacèrent et le tinrent fermement serré contre une poitrine musclée qui n'était pas un produit de son imagination. La main qui caressait son abdomen et ses côtes, la bouche contre son cou et la cuisse appuyée contre la sienne étaient bien réelles. Harry soupira et s'abandonna aux bras de Severus.

« Il était temps que tu viennes. Depuis quand me regardes-tu ? »

« Suffisamment longtemps. » La voix de Severus était chaude, basse et son souffle contre son oreille le fit frissonner. L'homme prit le lobe de son oreille entre ses dents pour le pincer, le lécher, le sucer jusqu'à ce qu'il grogne et exige qu'il s'arrête sans vraiment le vouloir et que Severus comprenne parfaitement bien ce qu'il veuille alors que ses paroles n'avaient plus le moindre sens.

Un petit rire et le maître des potions s'écarta. Il prit le savon et entreprit de les laver. Harry ne put s'empêcher de rire. Severus était si sérieux, il faisait toujours les choses de manière organisée lorsqu'il s'agissait de la vie de tous les jours alors que lui-même était si brouillon…

Severus pinça les lèvres de Harry puis balaya de sa langue les courbes dodues. « Comporte-toi bien, morveux, ou ce sera terminé. Nous serons obligés de passer le reste de la nuit à parler. »

Il enveloppa l'autre homme de ses bras et se laissa aller : les doigts frottaient ses épaules, son dos, ses fesses, ses cuisses et ses bras. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas fait quelque chose de si quotidien avec Severus qu'il aimait chaque minute de cette normalité.

« Sais pas si parler est une menace, Sev. » Marmonna Harry alors que son amant se mettait à genoux pour lui laver les jambes. Les mains du Gryffondor étaient sur ses épaules pour qu'il arrive à conserver son équilibre alors que Severus faisait courir le savon sur sa plante de pied. Il était difficile pour Harry de ne pas donner un coup de pied car sa plante de pied était une zone sensible. Severus était certainement la seule personne à le savoir, pensa Harry alors qu'il baissait la tête pour frotter sa joue contre le haut de la tête de Severus.

Severus sourit et prit le poignet droit de Harry pour y déposer un baiser. « Mien. »

Harry frissonna et lui lança un regard interrogatif mais laissa tomber pour se pencher et réclamer un baiser qui avait un goût amer, salé et pourtant doux, propre sans l'être vraiment. Il souffla contre ses lèvres, approfondissant lentement le baiser comme il l'entendait. Severus avait peut-être l'avantage d'être un Serpentard sournois, mais il n'allait pas laisser l'homme se moquer de lui et l'empêcher de s'amuser. Comme la dernière fois.

Ses doigts s'emmêlèrent dans les cheveux de Severus qu'il poussa contre le mur. Des langues s'emmêlaient et ils se collaient, s'égratignaient et se griffaient l'un l'autre voluptueusement jusqu'à ce que Severus ferme l'eau d'une main tâtonnante et pousse Harry vers la chambre.

Alors peut-être que Harry ne contrôlait pas tout, mais Severus non plus et c'était la seule chose qui comptait. Il trouvait qu'il était juste que le masque froid de Severus se brise autant que le sien. Ils s'effondrèrent contre le lit, doigts et lèvres touchant tout ce qu'ils pouvaient, tandis que la peau duveteuse glissait et que l'un comme l'autre laissaient échapper grognements et halètements. Harry ne s'arrêta qu'un instant pour regarder Severus.

Il aimait le regarder lorsqu'il était ainsi, abandonné, ouvert et accessible. Harry passait tant de temps à se cacher qu'il en était fatigué et les yeux, si expressifs en cet instant, de Severus lui disaient bien plus de choses que les mots, rarement – non, pas rarement, jamais – prononcés, ne le pourraient jamais.

Il s'arrêta, les mains appuyées contre la poitrine de Severus et le regarda. Les yeux noirs le suivirent et bientôt, l'homme détourna le regard, se baissant pour attraper un mamelon entre ses dents et tirer dessus.

Harry grogna et essaya de capturer à nouveau son regard, sachant qu'il le devait. Il y avait quelque chose de bizarre dans le comportement insistant et exigeant de Severus.

« Tu es d'une humeur étrange aujourd'hui. »

Severus ne répondit pas. Il caressa le bras de Harry et encercla de ses doigts son poignet. « Cela te rend mien. » La voix de Severus était emplie d'un profond respect mêlé de crainte et d'une centaine d'autres choses qu'Harry n'entendait que de temps à autre, mais qui étaient d'autant plus précieuses qu'elles étaient rares.

Il prit le poignet de Severus dans ses mains et suivit de ses doigts la petite marque à l'intérieur de son poignet droit. « Je sais. Et cela, » Il l'égratigna légèrement, « fait que tu m'appartiens. » Harry plissa les yeux. « Je continue à dire que j'aimerai changer cela un jour si je parviens à découvrir comment faire. »

Severus tira sur son bras. Harry perdit l'équilibre et tomba sur lui. « Non. Je ne veux pas que cela change. Je t'appartiens et cela ne me dérange pas. » Sa voix était bourrue.

Se retournant, Harry se glissa à côté de son amant. « Je sais. Je ne parlais pas de cela. Juste de la marque qui scelle notre union. » Sans lâcher le poignet de Severus, il l'approcha de ses lèvres et embrassa la marque, reproduisant ce qu'il avait fait sous la douche. « Alors dis-moi, Severus. » Ses lèvres se déplaçaient sur la peau de Severus. « Est-ce qu'aujourd'hui est un de ces étranges jours où tu as besoin de te débarrasser d'un excès d'émotions ou est-ce que tu as juste trop bu ? »

« C'est un de ses jours, » Psalmodia Severus, les yeux fermés. « Mon Serpentard. Tu l'es. Je t'ai marqué comme tel quand j'ai marqué ton poignet de l'emblème de ma famille. »

« Est-ce que ça fait de toi mon Gryffondor, alors ? » Harry secoua la tête. « Toi seul peux apprécier l'ironie des symboles qui nous marquent. »

Les coins des lèvres de Severus se relevèrent. « Peux-tu me le reprocher ? »

« Je peux essayer. » Harry posa ses lèvres contre le sternum de Severus, articulant silencieusement contre sa peau à quel point il lui avait manqué. Ses lèvres bougèrent lentement contre la peau, adorant même les lignes les plus pâles qui traversaient le corps de Severus. Il avait vu certaines de ces cicatrices alors qu'elles étaient encore fraîches, rouges et gonflées ; d'autres avaient toujours été là. Il y en aurait plus et il en suivrait le contour avec le même soin que celles-ci.

Les doigts de Severus passèrent dans les cheveux de Harry appuyant contre son crâne et le long des muscles de son cou. « Nombreux sont ceux à qui tu as manqué, Harry. »

« Et à toi ? » Harry appuya ses doigts contre les hanches de Severus et pinça le muscle anguleux.

Severus inspira par à coups. « A moi comme à d'autres, je pense. »

Harry sourit et posa son menton contre l'estomac de l'autre homme et le regarda. « Suis content de savoir que tu as remarqué mon absence, Sev. »

« Bien sûr que je l'ai remarqué. Il n'y a plus de corps anguleux pour s'enfoncer dans les parties les plus tendres de mon anatomie. Je dors beaucoup mieux. »

« Espèce de pourriture, »

« Exécrable gamin. » Souffla-t-il.

« Tu sais que tu m'aimes quand je suis exécrable. »

« Je ne sais rien de tel. » Severus le regarda avec des yeux noirs, mais il n'y avait pas de venin dans ce regard. C'était simplement quelque chose que Severus avait l'habitude de faire à cause de Harry, un geste familier qui lui rappelait la maison.

Un sourire traversa son visage et Harry détourna le regard, presque honteux qu'un regard noir puisse avoir un tel effet sur lui.

Passage NC17 coupé

Severus retomba dans le silence, faisant courir ses doigts le long du bras de Harry, de ses côtes, suivant le contour des cicatrices. Harry aurait tressailli s'il n'avait pas été aussi à l'aise avec Severus. Il aurait ressenti comme une envie de se reculer.

« D'où vient celle-ci ? Je ne le sais pas. » Changement de sujet.

« Elle est vieille. »

La main s'immobilisa. « Oui, d'avant. » Severus ne l'obligea pas à continuer et sa main fourragea dans ses cheveux.

« Fin de ma sixième année. Un hippogriffe déchaîné. » Harry remua. Il était fatigué et sentait ses paupières s'alourdir. Il ne voulait pas dormir. Il voulait continuer à parler. Même si c'était au sujet de ses maudites cicatrices.

« Le cours sur les hippogriffes a eu lieu au cours de ta troisième année, si ma mémoire est bonne. » La voix de Severus lui faisait comprendre qu'il s'en souvenait parfaitement. « Et ce n'est pas toi qui as été blessé, mais Drago. »

Harry sourit au souvenir. C'était méchant et cruel, mais à l'époque, leur relation était ainsi. « Non, c'était un autre hippogriffe. Un humain auquel je n'ai pas montré le respect approprié. Du moins à son avis. Nous avons arrêté le carrosse dans lequel nous étions et nous nous sommes battus. » Il haussa les épaules. « C'était il y a longtemps, mais nous avons décidé de nous en souvenir. Il a lui aussi une cicatrice. »

« Je devrais demander un jour à Drago de me la montrer. »

« Il ne le fera pas. Il est trop fier. » Un baiser. « Je l'ai amoché plus que moi, mais il m'a touché le premier. C'était drôle. » Harry bailla. Il était léthargique et il mangeait ses mots. « Tu ressstes ? »

« Un peu, peut-être. Le veux-tu ? »

Harry se pelotonna contre lui. « Question stupide. »

Presque endormi, il l'entendit dire « Peut-être. » Secouant la tête, il sombra dans l'inconscience, rassasié, enfin pour le moment.

Hpsshpss

Lorsque Severus se réveilla– il n'avait pourtant pas l'intention de dormir, ou même de somnoler – il s'aperçut que pendant la nuit Harry s'était pelotonné contre sa poitrine et se servait de son épaule comme oreiller. Gamin collant. Cette pensée était teintée de tendresse et du désir de voir Harry revenir chez eux, à leur époque.

Sans faire attention à ne pas réveiller Harry comme il le faisait d'ordinaire, Severus se dégagea du jeune homme et regarda la petite horloge qu'Harry gardait toujours près de son lit. Elle n'était pas là.

« Ne fais pas ça. » Harry s'assit et se frotta les yeux. « Tu m'as surpris. J'aurais pu t'assommer. »

Mettant de côté les souvenirs des temps où Harry l'avait presque fait, Severus chercha sa baguette du regard. « Je n'avais pas l'intention de dormir. » Il aurait juré l'avoir prise avec lui dans le lit.

« Bien, quelle heure est-il ? »

« C'est ce que j'essaie de déterminer, mais ton réveil semble avoir disparu. »

Harry sourit. « C'est parce que je ne l'ai pas emmené. » Se retournant, Harry prit la baguette qu'il avait posée sur sa table de nuit et jeta un rapide sort. Une horloge scintillante apparut contre son oreiller, indiquant qu'il était tout juste une heure du matin. Harry se laissa retomber contre son oreiller, en grognant et en se plaignant des amants insensés qui réveille les gens tout à fait normaux à n'importe quelle heure de la nuit.

« As-tu déjà été normal ? » Severus ponctua la question d'un rapide baiser sur la tempe.

« J'ai toujours été normal. Merci beaucoup. C'est le reste du monde qui ne l'est pas. » Harry se mit sur le dos et mit un bras sur ses yeux pour se protéger de la lumière qui irradiait de la baguette que Severus avait retrouvée. « Pourquoi dois-tu savoir l'heure qu'il est, et pourquoi as-tu allumé la lumière ? »

« Je dois partir. »

« Si tu voulais me réveiller, il y avait des moyens plus agréables. » Ronchonna Harry.

« Bien que te regarder te réveiller quand tu n'en as aucune envie soit amusant, Harry, je dois partir. »

« Tu es venu ici grâce à un Retourneur de Temps, non ? » Harry enlaça les épaules de Severus et posa sa tête contre son dos. « Alors pourquoi ne pas nous rendormir ? Tu repartiras demain matin. Quand le soleil sera levé. »

« Le Retourneur de Temps est entré en ma possession de manière peu honnête --»

« Tu l'as volé. »

« Et, » Poursuivit Severus en ignorant Harry, « comme je suis parti sans prévenir Albus --»

« Moins Albus en sait, mieux ça vaut, c'est ça. »

« — au milieu de la nuit --»

« Je me doutais bien que tu avais dû agir sournoisement. »

« — je crois qu'il est nécessaire que je reparte au milieu de la nuit. »

« Hum hum. Je suis certain qu'Albus le sait déjà, Sev. »

« Bien que ce soit probable, ce n'est pas la seule raison qui m'oblige à partir maintenant. » Severus remua pour pouvoir sortir du lit. Les bras de Harry le lâchèrent. « Il n'est pas très convenable que je reste ici toute la nuit alors qu'il y a des élèves dans l'école. »

« Vraiment ? »

Severus se leva, s'étira et s'éloigna du lit pour ramasser ses vêtements. « Un professeur ne devrait jamais laisser son amant rester toute la nuit. Un professeur ne devrait pas --»

« Tu te rends compte que tu as l'air plutôt ridicule. A chaque fois que je suis resté dans tes quartiers, j'y ai passé la nuit et personne ne l'a su parce qu'ils ne voulaient pas le voir. A quelques exceptions près. Techniquement mes quartiers sont un peu plus bas que les tiens. » Harry fit une pause. « Cependant je crois que je n'y ai jamais vécu. »

Severus ne dit rien.

« Les gens croient ce qu'ils veulent croire et dans notre cas, la plupart veulent croire que tout ce que j'aime, c'est t'ennuyer. »

« Exactement. »

« Je n'aurais pas pu prouver ton point de vue, j'essayais de te prouver le mien. »

Severus sourit d'un air satisfait. « La plupart des gens croient que tu as une liaison avec Drago parce que c'est ce qu'ils veulent croire. Il t'a publiquement sauvé la vie, vous êtes de proches amis et il a montré qu'il était du côté de la 'Lumière' contre son père. Les gens veulent te voir avec beau garçon, Harry -»

Harry leva les yeux au ciel.

« Et c'est ce qu'est Drago. Et le public n'aime rien de mieux qu'un ancien pêcheur. Drago est aussi cela. »

« Severus --»

« Personne – même ceux qui connaissent notre relation – ne veulent te voir avec moi. Il y a beaucoup trop de doutes concernant ma loyauté, ce qui est parfaitement logique. Je suis assez vieux pour être ton père. Je ne suis pas considéré comme séduisant. Ces vérités… » Severus leva un doigt pour empêcher Harry de discuter. « Et le fait que nous soyons sans cesse en train de nous chamailler nous donne un alibi commode que nous avons choisi d'utiliser. »

Harry le regardait avec des yeux noirs et Severus était certain que s'il lui en laissait l'occasion, ça pourrait se transformer en dispute. Mais il n'avait pas l'intention de laisser cette discussion aller aussi loin.

« Cependant, ici, tu es dans une position précaire. Le Albus de cette époque et les membres de l'Ordre ont des doutes concernant ta loyauté. On ne te fait pas confiance. »

« Je sais. »

« Qu'un homme étrange vienne te voir au milieu de la nuit sans en avoir informé le directeur, surtout lorsque l'homme étrange en question a la Marque Noire sur son bras gauche, est une très bonne manière de se débrouiller pour que tu n'aies plus accès au rouleau que tu dois traduire. Tu le sais, je le sais et Albus le sait. Trop de choses pourraient changer si tu ne le fais pas. »

Harry ne dit rien. Il repoussa les couvertures et mit rapidement son pantalon de pyjama puis se tourna vers Severus, les bras croisés sur la poitrine.

Severus regarda le tatouage de Harry. Son serpent sifflait et remuait. Il sut que ce qu'il avait dit avait été entendu et accepté. Il prit sa chemise et attacha les boutons. Severus le regarda et attendit patiemment qu'Harry fasse ou dise quelque chose.

« Je sais que tu as raison, Severus. C'est juste que… Merde. » Harry soupira. « Je pense que tu avais raison toutes ces années. Je suis bête."

Severus sourit. Certaines choses ne changeraient jamais. « Tu n'es pas un idiot. Par contre, tu as la mauvaise habitude d'agir d'abord et de réfléchir ensuite. » Severus redevint sérieux et perdit son sourire. Harry avait un autre fardeau à porter cette année en plus de tous ceux qu'il portait constamment. Et il devait le porter seul.

Pas seulement le rouleau, bien que ce soit évidemment le fardeau le plus important. Non, Harry en avaient d'autres dont Severus savait qu'ils pourraient le briser. Et bien qu'il veuille le sauver, il savait qu'il ne le pouvait pas. C'est la raison pour laquelle il était là, à cette heure précise, après tout.

Harry se tourna vers lui, un sourire incroyable sur son visage alors qu'il essayait d'alléger l'ambiance. « Rien à me demander ? »

Severus secoua la tête. « Tu n'auras pas besoin de subir un débriefing. J'ai cru comprendre que tu étais stressé. »

Son sourire se transforma en grimace. « Tu peux le dire. Et je ne veux pas en parler. »

Severus prit la première chose qui entra en contact avec ses doigts et le lança à Harry. « Allez viens. On va faire un tour. »

Harry haussa un sourcil. « Pourquoi ? »

« Je dois partir. »

« Peu importe ce que tu crois, Sev, cette déclaration n'explique pas tout. »

« Si tu dois le savoir et je suis sûr que c'est le cas, je préfère me promener dans le château avec quelqu'un que tout seul. Tu m'accompagnes jusqu'aux cachots. »

hpsshpss

Severus Snape était paralysé par la vue qui s'offrait à lui. Tournant un coin en revenant de la bibliothèque, il s'arrêta net en entendant des pas. Il parvint à se cacher dans l'ombre avant que le professeur Tyler et son compagnon ne s'arrêtent devant une fenêtre qui s'ouvrait sur le couloir.

Il espérait qu'ils poursuivent leur chemin sans le voir. Surtout après sa dernière punition. Severus haussa les épaules. Mais l'autre homme – Severus ne le reconnaissait pas – attrapa Tyler par le bras et se pencha pour l'embrasser.

L'homme aux cheveux noirs était beaucoup plus grand que Tyler et était habillé bizarrement, mais Severus ne s'arrêta pas vraiment aux détails. Les doigts de l'homme étaient appuyés contre le visage de Tyler et Severus observait avec fascination sa bouche bouger d'une telle façon contre celle de son professeur qu'il était évident qu'il l'avait déjà fait un million, deux millions, peut-être trois millions de fois avant.

Le cœur de Severus s'affola alors qu'il regardait les mains de Tyler – Octavian se déplacer le long du dos de l'homme et remonter jusqu'à ses cheveux noirs.

Des mèches noires contre ses joues, Octavian soupira en interrompant le baiser. Mais ses lèvres n'étaient éloignées que de l'espace d'un murmure de celles de son partenaire. L'homme le plus grand enlaça les épaules d'Octavian et le rapprocha de son corps, s'agrippant d'une main sa hanche. Il murmura quelque chose et les yeux d'Octavian s'agrandirent au moment où l'autre homme reprenait leur baiser interrompu.

Severus entendait leurs grognements sourds et il détourna le regard, tournant presque immédiatement le dos. C'était si intime qu'il savait qu'il ne devait pas regarder, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Son cœur se serra encore plus quand ils se séparèrent finalement et que l'amant d'Ocatvian — il ne pouvait être que cela – frotta délicatement son pouce le long des joues d'Octavian en faisant de lents cercles.

Octavian avait l'air si… Severus ne trouvait pas les mots pour le décrire. Tout ce qu'il savait était qu'il voulait qu'il le regarde ainsi et que ça n'arriverait jamais.

Severus ne remarqua même pas la disparition de l'amant d'Octavian ou le départ d'Octavian lui-même. Il avait la tête baissée sur le livre qu'il serrait dans ses mains, observant les gouttes qui tombaient sur la couverture en cuivre jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'il s'agissait de larmes et que s'étaient les siennes.

Il s'essuya les yeux avec colère. Laissant tomber son livre, il se dirigea vers les cachots des Serpentards, ses pas lourds frappant la pierre. Sans se soucier que quelqu'un l'entende.

Sans se soucier que quelqu'un le voie.

Hpsshpss

Le Severus le plus âgé ramassa le livre tombé. Il passa son pouce sur les gouttes et les étala en secouant la tête.

Harry le tuerait s'il savait ce qu'il venait de faire.

Il mit le livre dans sa veste et prit le Retourneur de Temps, se glissant dans les mêmes ombres que celles dans lesquelles s'était caché le jeune Severus quelques instants auparavant.

Il était temps qu'il rende son livre à Mme Pince.

Hpsshpss

Severus ignora Lucius lorsqu'il entra brusquement dans la salle commune. Il monta directement les escaliers pour se cacher derrière les rideaux de son lit, mais Lucius l'arrêta avec un seul mot.

« Severus. »

Lucius Malfoy obtenait toujours ce qu'il désirait. Il valait mieux ne pas discuter avec lui.

« Qu'est ce qui ne va pas ? Est-ce que tu t'es fait attraper par Tyler et qu'il t'a donné une horrible punition ? »

Severus ne se retourna pas. Il secoua la tête et s'adossa contre le mur. « Non, mais j'aimerais qu'il aille en enfer. Va-t-en, Lucius. »

« Non. Raconte. Tu n'as pas d'ennuis avec le directeur, n'est-ce pas ? Ou pire, avec Simeon ? »

Sachant que Lucius ne le laisserait pas tranquille, Severus se retourna et s'assit sur une marche. « Non. Ni le directeur ni notre directeur de maison ne se sont rendus compte que je voulais essayer d'attirer notre professeur de Défense Contre les Forces du Mal dans une histoire d'amour scandaleuse. »

« Alors que s'est-il passé ? »

« J'ai découvert quelque chose en revenant de la bibliothèque que j'aurais préféré ne pas savoir. Octavian Tyler a un amant. »

« Vraiment ? »

« Ils s'embrassaient dans un des couloirs que j'empruntais pour éviter d'être vu. »

« Tyler bécotant son amant dans les couloirs. Oh, ça c'est bien. »

Severus le regarda avec des yeux noirs. « Non, Lucius. Ce que j'ai vu n'était ni du bécotage ni du tripotage. Rien de ce que les autres font lorsqu'ils vont en douce à la Tour d'Astronomie. C'était différent. » Severus appuya la paume de sa main contre son front. « C'était deux amants se connaissant très bien qui se disaient au revoir. Ils n'avaient pas besoin de mots. C'était incroyable. » Laissant ses cheveux tomber sur son visage, Severus se frotta les yeux d'une main. « Je le déteste. »

« Incroyable ? »

Lucius fit un geste de la main. « Que veux-tu dire par incroyable ? J'ai vu de nombreux baisers et je ne qualifierais aucun d'eux d'incroyable. Et qu'est-ce qui te fait croire qu'ils se disaient au revoir ? »

Severus suça une mèche de cheveux qu'il avait pris entre ses dents. « Tyler venait apparemment de se réveiller. Il était à moitié habillé. Son amant, » Severus cracha le mot, « était complètement habillé. Pouvons-nous laisser tomber cette discussion idiote ? »

Severus se leva et monta quelques marches avant que Lucius n'agrippe son bras pour le retenir.

« Comment sais-tu que c'était incroyable ? »

Lucius refusait de laisser tomber et plus il posait de questions plus Severus revoyait le baiser dans sa tête. Les têtes inclinées, leurs soupirs, leurs caresses. C'était trop. Il les détestait tous. Octavian, le bâtard qui l'embrassait, Lucius.

« Je ne sais pas. C'est ainsi que je le ressens. Il y avait tant de passion dans leur étreinte. C'était le genre de baiser dont tu rêves quand tu te réveilles inassouvi et que tu voudrais savoir ce qui vient après. »

« Le professeur Tyler en a de la chance. »

Severus le regarda avec des yeux noirs et le repoussa. « Tu peux le rejoindre en enfer ! »

« Arrête d'exagérer, Severus. La situation ne peut pas être aussi mauvaise. »

« Le professeur Tyler a un amant, Lucius. Je n'ai plus aucune chance maintenant. Je devrais tout simplement abandonner. »

Lucius resta silencieux, perdu dans ses réflexions. « Peut-être que tu dois simplement obtenir son attention. »

« Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, j'ai essayé. Il ne s'intéresse pas à ses élèves de cette façon. »

« Pas un élève. Un sorcier puissant. »

Severus fit une pause. « Je suis tout ouïe. »

Lucius lança un regard circulaire sur la salle, même s'il n'y avait personne dans la salle commune à cette heure avancée de la nuit. « Tu sais que mon père est partisan du Seigneur des Ténèbres. » Murmura-t-il.

« Tout le monde le sait. Le mien aussi. La moitié des parents des Serpentards le sont. »

Lucius s'éclaircit la gorge et tira le bras de Severus pour qu'ils s'assoient dans l'ombre des escaliers. « Le Seigneur des Ténèbres cherche des individus talentueux, des sorciers qui ont le désir de réussir. Il nous promet le pouvoir, Severus. Avec cela tu peux impressionner même le professeur Tyler. »

« C'est une raison plutôt puérile pour se prosterner devant le Seigneur Noir. » Severus secoua la tête. « Comment le sais-tu de toute façon ? »

Lucius déglutit, regarda rapidement Severus avant de tourner la tête. Il remonta sa manche.

Sur son bras était visible la Marque Noire.

« Je l'ai rejoint pendant les vacances de Noël. C'est douloureux et ça brûle pendant des jours, mais ça vaut le coup, Severus. Il pourrait t'aider et pas seulement avec Tyler. Il pourrait aussi t'aider à devenir le plus remarquable expert en potions de toute l'Angleterre. Les gens te respecteront pour tes propres mérites et pour ta force magique. Personne ne te méprisera parce que tu es un bâtard. »

Severus le regarda avec des yeux noirs. Lucius tressaillit mais poursuivit. « Tu serais reconnu comme son héritier, comme son seul enfant. Même s'il avait des enfants légitimes, ça ne changerait rien. Ton grand-père t'adorerait. Ton grand-père est un contemporain du Seigneur Noir. Je l'ai vu. Pense à quel point il serait fier de toi, Severus. »

Son grand-père ne lui avait jamais rien dit qui lui fasse penser qu'il voulait qu'il s'allie au Seigneur Noir auquel il était fidèle. Mais peut-être Lucius avait-il raison. Si le Seigneur Noir pouvait lui donner tout ça. Respect et pouvoir… peut-être pourrait-il obtenir l'attention d'Octavian.

« Il y a une réunion la semaine prochaine. » La voix de Lucius interrompit les pensées de Severus. « Mon père a donné une excuse pour mon absence. Je dois assister à un dîner familial. Je suis certain de pouvoir te faire inviter. Donne-moi ta réponse en milieu de semaine. »

Lucius se leva, rabaissa sa manche, monta les marches mais s'arrêta quelques marches seulement au-dessus de Severus. « Penses-y, Severus. »