Attention, rien ne m'appartient. Les personnages appartiennent à J.K Rowlings et l'histoire à DragonLight
Résumé: En mission dans le passé pour Dumbledore, Harry voit son amant sous un nouveau jour, celui de professeur.
Ratings : R
Correctrice : AnthaRosa et Ishtar.
Attention, c'est un slash: SS/HP
Chapitre treize : Ne me repousse pas quand j'essaie de me soucier de toi
Le Futur
On frappa à la porte de Severus. Le bruit le sortit de sa contemplation du feu. Il resta un instant de plus à regarder les flammes crépitantes tout en se demandant s'il devait ou non répondre. Mais seulement pour claquer la porte au nez de la dite personne. Il n'était pas d'humeur à avoir de la compagnie. Mais il finit par se lever. Il posa son verre de vin et se dirigea vers la porte qu'il ouvrit bruyamment.
« Lupin. »
« Severus. Justement l'homme que je voulais voir. Puis-je entrer ? »
Ouvrant largement la porte, Severus tourna les talons, reprit son verre, sa chaise et sa contemplation du feu. « Je ne vois pas comment je pourrais t'arrêter. »
« Ah, moi, je verrais plusieurs moyens. J'aurais compris un 'non' par exemple. Ou si tu m'avais refermé la porte au nez. » Remus s'approcha des chaises et fit un geste de la main, demandant silencieusement la permission de s'asseoir dans celle en face de Severus.
La chaise de Harry.
Il secoua la tête d'un mouvement plus brusque qu'il ne l'avait voulu et se leva pour prendre la chaise désignée par Remus. Il lui offrit la sienne à la place.
Remus acquiesça curieusement et s'assit. « Je suis certain que tu veux connaître la raison de ma présence ici. »
« Non, pas vraiment. »
« Et bien, tu avais l'air bizarre… au dîner ce soir. » Poursuivit Remus. « J'ai pensé te rendre une courte visite pour savoir ce qui n'allait pas. »
Severus fit venir à lui une deuxième bouteille avec un grognement et remplit un verre de vin à son hôte. « Puisque tu as perturbé ma solitude, tu devrais aussi boire un peu de vin. Je suis certain que tu apprécies le vin. »
Remus fit tourner le liquide dans le verre et le regarda sans l'approcher de ses lèvres.
« Je t'assure qu'il n'est ni drogué ni empoisonné. »
Remus acquiesça rapidement et but une gorgée. « Il est très bon. C'est un vin que Harry achète pour boire avec moi, en fait. Je le reconnais. Tu es censé penser que c'est de la piquette et refuser de le boire en affirmant préférer le brandy aux vins italiens ou français. »
Severus haussa les épaules. « Harry n'est pas là. » C'était vraiment une explication parfaite.
Remus ne dit rien au grand embarras de Severus. Si l'homme avait envahi son espace vital, il pouvait au moins discuter sans fin comme il le faisait d'habitude. S'il avait su ce qu'il resterait assis sans parler, il lui aurait fermé la porte au nez et ça aurait été terminé. Peut-être.
« Je comprends que tu n'aies pas envie de penser à Harry. »
« J'ai surtout très envie de savoir si je suis ou non un bâtard égoïste. Harry n'occupe qu'une toute petite partie de mes pensées. » Ca c'était un mensonge flagrant. Il ravala une soudaine nausée. Si Harry n'occupait qu'une toute petite partie de ses pensées, il boirait du brandy et corrigerait des copies au lieu de boire du vin et de regarder le feu.
« Très bien. Je peux te suivre dans cette voie. Comment… Pourquoi essayes-tu de savoir si tu n'es qu'un bâtard égoïste ? »
« Je suis allé voir Harry il y a trois nuits. »
« Ah. Bien. » Il s'arrêta. Severus observa Remus prendre une nouvelle gorgée pour cacher le fait qu'il fronçait les sourcils et qu'une question brillait dans son regard. « Attends. Attends. Tu n'étais pas censé aller voir Harry il y a trois nuits. Sirius devait y aller aujourd'hui. »
« Le Retourneur de Temps… est arrivé entre mes mains et je n'ai vu aucune raison pour ne pas l'utiliser pendant qu'il était en ma possession. »
« Bien sûr. » Remus se mordit la lèvre. « Et comment cela t'amène-t-il à te demander si tu es ou non un bâtard égoïste ? »
Severus haussa les épaules et regarda le feu en attendant que Remus dise quelque chose d'autre ou change de sujet. Mais rien ne fut dit et personne ne changea de sujet.
« J'aurais pu changer les choses. » Déclara Severus. « Peut-être pour le mieux, peut-être pour le pire. Je ne sais pas. Tout ce que je sais est que j'ai fait en sorte que tout se passe comme dans mon souvenir parce que je ne veux pas perdre Harry. »
Severus vit les yeux de Remus faire le tour de la pièce à la recherche de quelque chose et se poser sur la petite fiole que Severus avait laissée sur le manteau de la cheminée un peu plus tôt lorsqu'il avait commencé sa quête insensée sur ses motivations profondes.
« Qu'y avait-il dans cette fiole, Severus ? »
« Un sérum de vérité allégé. »
Remus secoua la tête, ouvrit et referma la bouche plusieurs fois avant de se décider à dire quelque chose. « Pourquoi en prendrais-tu ? »
« Pour une raison plutôt pathétique. Pour ne pas pouvoir me mentir. »
« Tu n'en es pas arrivé là tout seul. Non, pas toi. »
« Tu as raison, je ne l'ai pas fait. Au début c'était une idée lumineuse de Harry. Je ne sais pas ce qui m'a pris de l'écouter la première fois, mais je l'ai fait. Et ça semble fonctionner. Je finis par m'avouer la vérité, même si je ne le veux pas. »
« Sois content que je sois là et non Sirius. »
« Black n'aurait jamais franchi le seuil de la porte. »
Un hochement de tête. « Je n'en doute pas. » Remus but une nouvelle gorgée de vin avant de poser son verre sur la table. « Qu'a dit Albus quand tu lui as rendu le Retourneur de Temps ? »
Un sourire amer étira le coin des lèvres de Severus. « Il était assis ici et a tendu la main quand je suis revenu dans mes quartiers. Il m'a simplement regardé et m'a demandé comment allait mon mari. »
Remus se frappa la poitrine pour ne pas s'étouffer. « Albus a appelé Harry ton mari ? »
« Il nous appelle comme ça tous les deux, et assez souvent. Je l'étranglerais volontiers à chaque fois. »
« Et je ne t'en voudrais pas. » Remus se mordit la lèvre. « Alors… Que s'est-il passé avec Harry ? »
Severus se frotta les yeux et respira bruyamment. « Je l'ai conduit au milieu du château afin de lui dire au revoir en lui donnant un baiser mémorable devant quelqu'un. »
« La vérité, Severus. »
« Si je te mentais maintenant, je devrais ravaler une nausée soudaine. » Severus lui montra la fiole. « Tu te souviens ? »
« Pourquoi aurais-tu fait ça ? »
« Je devais embrasser notre professeur de Défense là où mon moi de seize ans puisse sans problème me voir faire, afin que mon jeune moi fasse quelque chose de complètement stupide. Et pour que moi, le moi de cette époque-ci, je puisse égoïstement garder ce que je veux. »
Remus se renfonça dans sa chaise et joignit les bouts de ses doigts. « Egoïste ? Peut-être. Mais pas plus que moi ou que Harry, je pense. »
« Ce qui signifie, Lupin ? »
« Ce qui veut dire qu'Octavian Tyler a influencé ta vie comme la mienne, celle de Sirius, de James et de bien d'autres, j'en suis sûr. Je ne veux pas que cela change et si ça veut dire aller rendre une visite surprise à Harry dans le passé et faire quelque chose qui aura de terribles conséquences, je l'aurais probablement fait. Si les choses changeaient, beaucoup des choses que j'ai faites auraient été vaines. » Remus se lécha les lèvres, et regarda fixement le feu, comme Severus l'avait fait un peu plus tôt. « Si les choses changeaient, je n'aurais pas fait tout ce que j'ai fait. Etre seul, le seul Maraudeur restant, à me focaliser sur ma vie. Ca paraît égoïste et ça l'est peut-être. » Il secoua la tête et s'arrêta. « J'ai pensé à ce qui serait arrivé si James et Lily étaient toujours en vie, si Sirius n'avait jamais été incarcéré. Après y avoir réfléchi, je me suis rendu compte que même s'ils avaient été là, ma vie n'aurait pas été plus facile. Elle aurait peut-être même été plus difficile, en fait, parce que je n'aurais jamais quitté l'Angleterre. »
« Qu'as-tu fait pendant toutes ces années ? On n'a plus entendu parler de toi avant que tu ne reviennes enseigner ici. »
Il haussa les épaules. « J'ai suivi le conseil du professeur Tyler. »
Severus avala son vin. « Son conseil ? Il n'a pas pu être aussi bon, c'est de Harry dont nous parlons. »
« Tu ne crois pas ce que tu dis. Ne te rends pas malade parce que tu veux me montrer ton côté irascible, Severus. Harry n'est pas un idiot et il a su quoi me dire quand il m'a vu pleurer près du lac en jetant des cailloux au calamar. »
« Je suppose qu'il t'a conseillé d'avoir 'un but dans la vie'? Seul Black aurait trouvé que cette conversation avait pu changer une vie. »
Remus renifla. « Un peu plus. Il m'a dit de suivre mes passions et que si c'était la Défense alors je devrais me jeter dedans et la maîtriser que les autres pensent que ce soit bien ou non. Que je trouverais un moyen de faire mon chemin dans la vie si je le faisais. Et c'est ce que j'ai fait. »
« Ca n'explique pas comment tu as suivi son conseil. »
« J'ai voyagé et appris tout ce que je pouvais sur la Défense Contre les Forces du Mal dans les pays que j'ai visités et quand j'ai au terminé, j'ai écrit des livres. Un grand nombre en fait. »
« Dommage qu'ils n'aient pas été publiés. Je suis certain qu'ils auraient été divertissants, Lupin. »
Remus haussa un sourcil et se dirigea vers les étagères qui abritaient ses livres. Pas ceux de Harry, pas ses chers manuels mais la collection personnelle de Severus. Certains faisaient partie de ses possessions les plus précieuses. Il regarda les doigts de Remus glisser sur les tranches jusqu'à ce qu'il trouve le livre qu'il cherchait. Il le tira et le tendit à Severus.
« Techniques Renforcés de Défense, par Rupert Knight. Tu penses que je vais croire que tu es Rupert Knight ? »
« L'un des écrivains contemporains les plus mystérieux. » Un sourire. « Et oui, je le crois. Je ne suis pas suffisamment idiot pour écrire sans pseudonyme. Personne ne publierait le livre d'un loup-garou. Je le sais bien. »
Severus parcourut les pages déjà pas mal usées. C'était un livre qu'il utilisait souvent comme livre de référence, l'une des meilleures publications récentes, l'un des livres qu'il utilisait pour enseigner à Harry. Il baissa la tête en signe de respect. « Je suis impressionné, Lupin. »
« Nous sommes tous égoïstes Severus, de temps en temps. Regarde les choses de cette façon. Je ne sais pas de quelle manière le professeur Tyler a affecté ta vie et je ne m'attends pas à ce que tu me le dises. Je ferais une simple hypothèse si ça ne te dérange pas. Aucune confirmation n'est nécessaire. » Remus plissa les yeux et regarda Severus qui s'empêcha de tressaillir. « Si tu n'avais pas rejoint les mangemorts, notre côté n'aurait pas eu l'un de ses meilleurs espions. Harry n'aurait pas eu le confident dont il avait tant besoin. Et je n'aurais pas eu un bon ami. »
« Tu deviens sentimental, Remus. »
Il sourit et ouvrit la bouche pour répondre, mais on frappa violemment à la porte et il fut coupé.
« Je me fiche de la manière dont tu t'y prends, Drago. Arrache ces saletés de barrières si tu le dois ! Fais-moi simplement entrer ! » La voix de Sirius traversa l'épaisseur de la porte en bois.
Severus se leva et ouvrit la porte plus rapidement que d'habitude. Drago vacilla quand les barrières s'effacèrent et Black entra en trombe, le contourna et le poussa contre le mur.
« Puis-je t'aider ? » Gronda Severus.
« Comment oses-tu ! »
« Comment j'ose quoi ? » Severus avait sa baguette en main et la leva contre la poitrine de Black, le défiant de lui donner une raison de lui envoyer un sort si violent qu'il en traverserait la salle.
Sirius referma sa main autour de la gorge de Severus. « Tu as transformé mon filleul en un putain de puits ! »
« Merde. » Souffla Drago en s'effondrant sur le canapé.
Black se précipita vers le jeune blond. « Tu savais ? » Ses dents étaient découvertes et l'espace d'un instant il eut l'air d'un sinistros sous sa forme humaine. Drago se recula parmi les coussins et leva sa main devant lui.
« Tu savais ce qu'ils ont fait et tu ne me l'as pas dit ! »
« Sirius -- »
« Harry est ton ami et tu n'as rien dit ! »
Remus posa une main sur le bras de Black et le poussa sur le côté. Severus avait quitté le mur mais il tenait toujours sa baguette serrée fermement dans sa main. Il jeta un coup d'œil vers Drago et le vit acquiescer rapidement et hausser de sourcil. Severus secoua la tête et détourna les yeux. Il reporta son attention sur Black qui bouillonnait toujours de colère.
« Je pense que vous pourriez m'expliquer ce qui se passe. » Remus regarda tour à tour Severus et Drago. Ce fut Drago qui répondit.
« Il parle de leur lien. »
Un rire amer et rauque échappa à Black.
« Il y a plus, non ? » S'avança Remus.
Drago regarda Severus qui acquiesça légèrement. Il poursuivit. « Le lien entre Severus et Harry… N'est pas celui que tu penses. Ils ont fait un lien de sang, à la vie à la mort. »
Severus regarda les deux Gryffondors, les yeux plissés. Black semblait prêt à sauter sur Severus et Remus était si choqué que pour une fois ça se voyait. Les yeux noirs, Black repoussa le bras de Remus mais n'attaqua pas. Severus n'était cependant pas assez bête pour baisser sa garde.
« Nous n'avons pas le temps d'en discuter. Harry a besoin de potions. Il est malade et tout est de la faute de ce bâtard ! »
Debout au milieu de la salle, Severus respirait à peine. Il vit Drago du coin de l'œil se lever et faire ce qu'il faisait toujours lorsque Harry était malade à cause du lien et que Severus souffrait trop à cause des sévices de Voldemort pour pouvoir l'aider. Il rassembla les potions dont Harry avait besoin.
« Tu ne -» Severus toussa pour s'éclaircir la voix. « Tu ne les trouveras pas Drago. Elles ont été déplacées. » Il passa une main dans ses cheveux et se dirigea vers un petit placard fermé. « Rends-toi utile, va dans mon bureau et prends une boîte à potions à compartiments. » dit Severus d'un ton sec.
Drago ne tressaillit pas en recevant l'ordre. Il jeta un dernier coup d'œil par-dessus son épaule vers Remus, silencieux et Black, blanc comme un linge.
Une fois Drago parti, ce fut comme si un brouillard épais enveloppait Severus. Il entendait les murmures de Remus et de Black, mais ils étaient lointains et incompréhensibles. La seule chose qui parvenait à traverser le brouillard était le cliquetis des bouteilles qu'il sortait du placard fermé. Il savait de quelles fioles il aurait besoin et où elles se trouvaient. Ses doigts se fermaient rythmiquement autour des bouteilles et des fioles, les déposant par terre en rangs serrés. Tant d'effets secondaires et aucun moyen de savoir lesquels Harry ressentait. Black ne serait pas capable de le savoir et si Harry était effectivement malade, il n'avait certainement pas donné à Black une liste de ce dont il avait besoin. Si le clébard était resté assis suffisamment longtemps pour l'écouter, ce dont il doutait.
Severus se maudit entre les dents. Il était effectivement un sale bâtard égoïste.
Une légère pression sur son coude et il se retourna. Drago avait posé la boîte à côté des bouteilles et des fioles qu'il rangeait silencieusement dans chaque compartiment. Severus croisa des yeux d'une teinte semblable à celle de Lucius mais sans la méchanceté. Il acquiesça et se recula, laissant le jeune Malfoy terminer.
« Nous devons en parler à Albus, Severus. »
« Non. Tu le fais et j'empoisonne ta prochaine dose de potion Tue-loup malgré le fait que je te considère comme un ami. »
Black gronda, mais Remus posa une main sur sa poitrine. « Je ne suis pas d'accord. »
« Je m'en fous. Ce ne sont pas tes affaires. »
« Laisse tomber, Remus. Sirius, arrête de gronder. » Drago avait placé la boîte sous son bras et pointait sa baguette sur sa tempe. « Tu ne pars pas non plus, Severus. Je suis ce qui ressemble le plus à un vrai médicomage dans cette pièce, c'est moi qui vais y aller. » Il marmonna un sort et ses cheveux devinrent noirs et retombèrent sur ses yeux. « Où est le Retourneur de Temps ? »
hpsshpsshpsshpsshpss
Le passé
Passant par une porte à peine entrouverte, Severus se glissa dans l'infirmerie et chercha Mme Pomfresh. Il se dirigea lentement vers le bureau de l'infirmière, espérant qu'elle soit là, mais non. A trois heures du matin, ce n'était pas étonnant ; il y avait des charmes placés sur la porte qui l'informait si on avait besoin d'elle.
Au moins, elle ne posait pas de questions quand elle lui donnait une potion pour dormir. Généralement Severus n'avait pas de problème à aller voir son directeur de Maison, mais depuis peu, il ne parvenait plus à lui parler de ce qui le dérangeait. Il frotta son bras et marcha le long des lits. Il n'était pas vraiment dans cette pièce ou même aux environs, non, ses pensées étaient entièrement tournées vers sa Marque et son nouveau maître. La Marque le brûlait sans arrêt, en un rappel constant du choix qu'il avait fait. Et pourtant, Severus ne savait toujours pas si c'était le bon.
Bien sûr que c'était le bon. Il n'y avait pas de meilleur choix. Voldemort était fort et puissant. Personne ne pouvait discuter ce point. Même Dumbledore s'inquiétait du destin du monde sorcier. Personne d'autre n'avait réussi cela du moins à cette époque.
« Snape ? Que fais-tu ici à cette heure de la nuit ? »
Severus retint son souffle avant qu'il ne lui échappe et rétorqua. « Je pourrais te poser la même question, mais nous connaissons déjà la réponse, non ? »
Lupin acquiesça. Un court instant il plissa ses yeux en une question silencieuse, mais ensuite son expression disparut.
« Etait-ce une transformation douloureuse ? » Severus ne savait pas ce qui l'avait poussé à poser la question à part le fait qu'une part de lui était curieuse. Il n'avait jamais détesté Lupin même s'il avait très mauvais goût en matière d'amis. L'incident avec le Saule Cogneur n'avait rien changé sauf qu'il était plus prudent et qu'il craignait davantage Lupin. Qu'il garde ses distances avec le loup-garou du château était compréhensible.
« Un peu plus que d'habitude, mais je m'en suis bien remis. Merci de poser la question. Je suis toujours curieux de savoir ce qui t'amène dans le royaume de la torture, autrement connu sous le nom d'infirmerie de Poudlard ? »
« Madame Pomfresh n'est pas si méchante. »
Remus acquiesça. « Je suppose. Elle est gentille avec moi, mais moi ce n'est pas de ma faute si j'ai mal. » Une pause et Severus déglutit face au souvenir évoqué. « Cependant si tu te blesses et que tu aurais pu l'éviter, alors tu as intérêt à bien te comporter. Sinon pourquoi serait-elle aussi dure avec les joueurs de Quidditch, hein ? Ils pourraient éviter de se faire mal s'ils arrêtaient de jouer. » Remus sourit.
« Tu es horriblement bavard ce soir, Lupin. »
« Ca fait deux jours que je me repose dans ce lit. Je commence à m'ennuyer et tout ce que je peux faire c'est dormir. Tout ça pour guérir. Bien sûr, au milieu de la nuit, je suis complètement réveillé. Tu es simplement le pauvre malheureux qui vient au milieu de la nuit au moment où mon livre devient barbant. »
Severus le regarda avec des yeux noirs.
« Alors pourquoi es-tu là, Snape ? »
Une part de lui savait que le moyen le plus rapide pour terminer cette conversation indésirable était de répondre tout simplement à sa question, alors Severus repoussa le désir de lui dire d'aller se faire voir, et s'obligea à répondre. « Potion pour dormir. »
« Une potion pour dormir ? J'étais persuadé que tu étais là à cause de ton bras. Tu le frottais quand tu es arrivé et tu le fais sans arrêt depuis plusieurs jours. T'es-tu fait mal ? »
« Ce ne sont pas tes affaires, Lupin. »
Remus ignora le ton coupant. « Je suis désolé d'essayer de faire la conversation, Snape. J'essayais simplement d'être poli. » Remus reprit son livre, l'ouvrit et feuilleta les pages, mais Severus l'entendit marmonner. « Ce n'est pas étonnant que Sirius ait mis fin à votre camaraderie aussi rapidement. »
« Laisse-moi deviner. » La voix de Severus était froide. « A cause de mon amitié avec Lucius et d'autres Serpentards dont il aurait préféré oublier l'existence. Comme Regulus. »
Le regardant par-dessus son livre, Lupin secoua la tête. « Non. Il n'aime pas Lucius et il ne supporte pas son frère pour toutes sortes de raisons, mais il pensait vraiment que tu étais intéressant. Au moins au début. »
« Au début ? Bien sûr, comment puis-je oublier que dès que Black se lasse – ce qui arrive très souvent – il devient un connard qui s'amuse à torturer les autres. »
« Pas vraiment. Il ne se moque pas de toutes ses anciennes connaissances, juste de certaines. Ce n'est pas l'un de ces traits de caractère les plus agréables. »
« Si on admet qu'il en a d'agréables. »
« Il en a. Mais il n'a pas mis fin à cela parce qu'il était fatigué de toi. »
« J'en doute, mais pour le bien de la discussion, je suppose que j'accepterai la possibilité. Ses amis. Vous tous, vous ne pouviez pas me sentir. »
« Ce n'est pas non plus tout à fait vrai. James ne peut pas te sentir. Au cas où tu ne le savais pas. Je te tolérais ainsi que Peter. J'ai choisi de continuer à le faire. Tu n'es pas aussi méchant que tu l'étais lorsque tu étais plus jeune, même si ton côté âne bâté semble revenir. »
C'était la seule personne du groupe de James qui avait recours aux mots plutôt qu'à la violence. Lupin était le seul du groupe qui savait comment échanger des piques, même s'il n'était pas aussi bon que lui, songea Severus. C'était dommage qu'il n'ait personne d'intelligent avec qui s'entraîner. « Alors dis-moi pourquoi le noble et l'honnête M. Black n'a plus rien voulu avoir à faire avec moi après si peu de temps. »
« Tu ne lui parlais jamais. »
« Nous parlions. »
« D'après Sirius vous ne parliez que de sujets insignifiants. Vous ne discutiez jamais de rien d'important. Alors il s'ennuyait. C'est toi qui as dit qu'il se lassait vite. Est-ce étonnant ? »
« Et pourquoi aurais-je dit à cet ignare quelque chose d'important ? Si j'avais voulu que mes secrets soient connus de toute l'école alors peut-être lui en aurais-je confié certains. »
« Sirius n'est pas comme ça. Il ne nous a jamais dit de quoi vous parliez ou si vous parliez. En général vous vous disputiez. Sirius garde les secrets qu'on lui confie. »
« Vraiment ? »
« Ce n'est arrivé qu'une fois. »
« Si tu le dis. » Severus haussa les épaules. « D'après moi, il n'y a de place dans son petit esprit que pour un seul secret et c'est là où se trouve le tien, Lupin. Le reste passe directement de son cerveau à sa bouche. »
Remus le regarda fixement, les yeux emplis d'une pitié dont Severus ne voulait pas et dont il n'avait pas besoin. Au moment où il ouvrait la bouche pour le lui dire, Remus prit la parole. « Tu as vraiment besoin d'apprendre à faire confiance à quelqu'un Severus. Sinon à qui vas-tu te confier lorsque la pression deviendra trop forte ? » Sans attendre de réponse, Lupin se retourna et tira les couvertures sur sa tête. Il grommela un 'nox' et le cercle de lumière disparut.
Severus regarda encore un peu la silhouette sur le lit avant de se secouer et de partir, en oubliant sa potion pour dormir. La conversation avec Lupin lui avait donné matière à réfléchir. Il n'était plus question de dormir.
Il ne s'aperçut jamais qu'à la fin, Remus avait utilisé son prénom.
