Attention, rien ne m'appartient. Les personnages appartiennent à J.K Rowlings et l'histoire à DragonLight
Résumé: En mission dans le passé pour Dumbledore, Harry voit son amant sous un nouveau jour, celui de professeur.
Ratings : R
Correctrice : AnthaRosa et Ishtar.
Attention, c'est un slash: SS/HP
Chapitre seize : Je parle mais tu n'écoutes pas
Le Futur : Vers la fin de la septième année de Harry
Severus observa la porte après qu'elle se soit refermée derrière Harry, puis détacha son regard de la planche de chêne et, des yeux, fit le tour de la pièce, s'arrêtant sur tout. Les draps en bataille, les deux verres sur la table, les chaises, la pile de copies qu'il n'avait pas encore corrigées, un livre qu'Harry n'avait pas terminé, la plume qu'Harry continuait à 'oublier' et qui lui servait d'excuse pour revenir. Tant de petites choses qui n'étaient pas à leur place.
Le lit devrait être fait ; il était un peu plus de minuit et Severus ne se couchait jamais aussi tôt. Il ne devrait y avoir qu'un seul verre sur la table ; Harry ne devrait pas boire pendant l'entraînement. Les copies devraient être corrigées depuis des heures. La plume de Harry et son livre ne devraient pas traîner dans ses quartiers.
Mais il ne voulait rien changer à cela. Il aimait qu'Harry semble appartenir à ses cachots. Et ça le dérangeait. Un homme à la fin de la trentaine ne devrait pas aimer qu'un jeune garçon de dix-sept ans trouve sa place dans sa vie.
Il n'aimait pas la manière dont Harry s'était insinué dans sa vie. Dans son cœur. Et pourtant ce gamin l'avait fait. Et pire, Severus l'avait laissé faire.
Severus avait abandonné. Il avait besoin d'être avec une personne qui le comprenne, qui comprenne à la fois l'obscurité qui recouvrait son âme et la lumière dans laquelle il se tenait. Harry le comprenait et même mieux, il ne le jugeait jamais.
Severus se demandait s'il devait autant s'investir émotionnellement avec une personne de seulement dix-sept ans. Le cœur est étrange à cet âge ; il est inconstant.
Il se leva, se dirigea vers le bureau, prit une plume, s'assit et commença à corriger les copies qu'il avait laissées de côté quand Harry était arrivé. Après un moment, il remarqua que la plume qu'il utilisait n'était pas une des siennes, droite, rigide, de corbeau. Elle était flexible, colorée et le bout en avait été mâchonné. Chose que Severus ne faisait jamais, mais Harry si.
Il ferma les yeux et tapa du poing sur la table. Il ne pouvait pas lui échapper.
Il se leva lentement, quitta le bureau, les copies et les restes de la plume et s'enferma dans son laboratoire.
Hpsshpssh
« Monsieur le directeur ? » Severus entra dans le bureau d'Albus. Il était vide.
« Dans le cabinet, Severus. » Changeant de direction, Severus entra dans le salon puis dans la salle d'étude. Albus était assis à un bureau massif sur lequel étaient posés des jeux d'échecs de tailles et de formes variées. Certains flottaient au-dessus des autres ou étaient inclinés en des angles étranges. Aucune des pièces, qui ne ressemblaient pas à des pièces d'échecs, ne tombait. Un charme fixatif, sans doute. Personne, par contre, ne savait comment jouer à ce jeu et Albus n'expliquait jamais les règles. Parfois on pouvait surprendre le directeur bouger l'une des quatre-vingt pièces d'un côté à l'autre.
« Du thé ? » Une seule tasse flotta vers eux. Sachant qu'il était inutile de refuser, Severus attrapa la tasse.
« Je ne suis pas venu pour prendre le thé, Albus. Je suis venu vous présenter ma démission. »
Albus leva les yeux de son jeu. « Comment se déroule l'entraînement de M. Potter, Severus ? »
« Bien. » Claqua-t-il. « M'avez-vous entendu, Albus ? »
« Avez-vous dit quelque chose ? »
Severus serra les lèvres en une fine ligne et le regarda avec des yeux noirs. Albus faisait exprès d'être difficile. Une fois de plus. Il l'observa prendre une pièce noire et la déplacer. « J'ai dit que j'étais venu vous présenter ma démission. » Répéta Severus en articulant chaque mot comme s'il parlait à un mal entendant. Ce qui semblait être le rôle qu'Albus jouait.
« Harry montre-t-il les signes ? » Albus le regarda les yeux écarquillés, trop innocents pour être honnêtes. « Signes de quoi, mon cher enfant ? »
« Potter n'a rien à voir avec cette discussion. »
« Comment pouvons-nous parler de l'entraînement de Harry sans parler de lui ? »
Severus ouvrit la bouche pour répondre mais s'obligea à la refermer lorsque Albus reprit la parole.
« Sirius trouve qu'il se débrouille très bien. Le jeune M. Malfoy aussi. » Albus s'arrêta suffisamment longtemps pour reprendre sa respiration mais pas assez pour que Severus puisse l'interrompre. « Son entraînement magique se passe-t-il aussi bien, Severus ? »
« Oui. Je crois vous l'avoir déjà dit, Albus. Ce qui montre que vous n'écoutez pas. »
« Mon ouïe est parfaite. Vous êtes venu me parler de l'entraînement de Harry. »
Severus pouvait sentir tressaillir sa joue droite, un tic nerveux. L'image de ses mains se resserrant autour de la gorge d'Albus lui traversa l'esprit. « En fait, Albus - »
« Il y a un problème avec l'entraînement de Harry ? » Albus parut déconfit. « Je voulais l'envoyer en mission pendant les vacances de Pâques. Il serait d'une aide inestimable quand nous essaierons de prendre la forteresse de Voldemort. »
Ce commentaire surprit Severus et le sortit de son rêve éveillé d'étrangler Albus. « Quoi ? » Albus ne pouvait pas envoyer Harry faire face à un danger pareil. Non - « Il n'est pas prêt, Albus ! »
Le regard d'Albus se posa sur Severus. Albus fit venir un plateau de biscuits. « En voulez-vous un, Severus ? Les elfes de maison les ont faits spécialement pour moi. »
Severus secoua la tête pour refuser. « Albus, Ha - Potter n'est pas prêt à être envoyé sur le terrain, pas pour une telle mission. »
« Sirius semble penser qu'Harry est prêt. »
Severus releva sa lèvre en signe de dégoût. « Ce n'est qu'un bon à rien de bâtard galeux. »
« Qu'avez-vous dit ? » Les yeux de Albus étincelaient d'amusement. « Je n'ai pas très bien compris. »
« Oh, vous m'avez très bien compris. Vous avez dit vous-même que votre ouïe était irréprochable. » Dit Severus d'une voix coupante.
Des miettes tombèrent sur la barbe d'Albus tandis qu'il mangeait un gâteau. « J'ai décidé qu'Harry devrait faire sa première vraie mission. »
Severus soupira. Cela ne cesserait jamais de l'étonner : Albus pouvait parler de quelque chose de très sérieux et avoir l'air ridicule. Du thé dégoulinait sur son menton et se mélangeait aux miettes. « Je suis certain que Sirius et Remus peuvent garder un œil sur lui. »
« Ces deux canins ? » De l'amertume commençait à s'entendre dans la voix de Severus. « Ils risquent de le faire tuer plus qu'autre chose. »
« Severus. » Le ton d'Albus était chargé de reproche. « Vous savez parfaitement bien que Remus et Sirius ne feraient jamais rien contre ce garçon. » Il fit tomber les miettes de sa barbe et appuyant ses coudes contre les bras de la chaise, il entrelaça ses doigts. « Harry fait des progrès extraordinaires. » Il fit un geste en direction de la chaise vide près de lui, pour inciter Severus à s'asseoir.
Severus secoua la tête.
« Asseyez-vous. »
Et Severus le fit. Il avait toujours l'impression d'être un petit garçon lorsqu'Albus utilisait ce ton et il détestait ce sentiment.
« Alors Severus, pourquoi ne me dites-vous pas comment il s'est débrouillé hier soir. Je crois que vous travailliez sur les boucliers. »
« Il métamorphose ses boucliers bien mieux qu'avant. Ils apparaissent avec fluidité et de façon presque impeccable. »
« Bien. Je suis content qu'il soit arrivé jusque là. » Albus s'arrêta pour croquer dans un autre gâteau. « L'entraîner n'a pas été un problème ? Il a dit que vous aviez été un peu… rude avec lui la semaine dernière. Lorsqu'il avait des problèmes à métamorphoser ses sorts ».
Severus ne répondit pas immédiatement. Il ne savait pas quoi dire ; il avait perdu le contrôle de la conversation à la seconde où Albus avait ouvert la bouche. Il but son thé chaud et essaya de répondre.
« Severus ? »
« Non, Harry n'a pas été trop difficile. La journée avait simplement été longue. Ce que vous lui avez dit avant notre dernière cession l'a marqué. Il a été capable d'apprendre beaucoup plus rapidement. »
Albus écarquilla les yeux. « Je lui ai simplement montré quelques petits trucs. Harry, Severus ? »
Severus sourit d'un air satisfait. « Oui. Harry est le prénom de M. Potter, non ? »
Albus mâchonna un biscuit et le regarda. « Je ne m'étais pas rendu compte que vous étiez en si bons termes avec le jeune Harry. Il était temps, je dois dire. »
« Harry et moi en sommes venus à nous comprendre. » Severus fit disparaître sa tasse et les restes de thé froid qu'il restait. Réussir à faire changer Albus de sujet était un miracle. « Maintenant, je suis venu vous parler de ma démission. »
« Le thé n'était pas à votre goût, Severus ? »
« Albus » Grogna Severus.
« Désirez-vous une autre tasse ? » Albus avait déjà fait venir à lui une nouvelle tasse et la remplissait de thé.
« Non, Albus. Ma démission. » Severus chercha quelque chose dans sa robe. « J'ai ma lettre ici. » Il sortit une enveloppe et tenta de la donner à Albus. Le directeur ne la prit pas.
« Rangez-la, Severus. » Le ton tranchant de Albus se métamorphosa la seconde suivante en une expression joyeuse. « Voulez-vous du pudding avec moi ? »
Severus secoua la tête.
« Un bonbon au citron alors ? »
Encore.
« Pourquoi ? »
« Mon intégrité ne me permet pas de continuer à enseigner ici. »
« Pourquoi pas ? Dites-lui de se taire. »
« Albus, soyez sérieux. »
« J'aime être Albus Dumbledore, merci bien. Je n'ai pas l'intention de devenir Sirius Black. » Albus lui sourit.
« Cette blague circule depuis ma première année, Albus. Ne pensez-vous pas qu'elle est un peu vieillotte ? »
Il fronça le nez. « Je suis un peu vieux. La blague est assez neuve pour moi. De plus je l'aime bien. Je la trouve drôle. »
« Ma lettre, Albus. » Il lui tendit une nouvelle fois la lettre. Albus l'ignora. « Pourquoi ne la prenez-vous pas ? »
« Vous ne m'avez pas dit pourquoi. »
« En toute conscience, je ne peux plus enseigner. »
« Voulez-vous vous expliquer? »
« Tout est dans ma lettre. » Il poussa la lettre vers Albus.
« Je touche cette lettre et vous vous dirigerez directement vers la porte. Je vous connais, Severus. Il y a une raison à cela. » Severus observa Albus réchauffer son thé et prendre un biscuit qu'il lui tendit. « Qu'est-ce qui vous trouble, mon garçon ? »
« Rien. » Severus prit le thé et se détourna d'Albus.
« Regrettez-vous d'être devenu le mentor d'Harry ? »
« Plus que vous ne le saurez jamais. » Dit-il à haute voix sans le vouloir.
« Comment donc ? »
« C'est un gamin impertinent qui ne sait pas respecter ses aînés. » Severus cracha chaque mot les dents serrées.
« Vraiment ? Je l'ai toujours trouvé extrêmement poli. »
« Peut-être n'avez-vous pas passé suffisamment de temps avec lui. » Il se leva et se dirigea de l'autre côté de la salle. Il ne voulait pas parler de cela avec Albus. Il ne voulait pas en parler du tout.
« Je ne pense pas que quelques heures d'entraînement de magie avancée dans la semaine soit beaucoup vous demander. »
« C'est me demander bien plus que vous ne le pensez ! Harry a sa manière - »Severus ferma brusquement la bouche et croisa les bras. Albus savait vraiment comment l'atteindre. Comme Harry.
« Sa manière de quoi ? Severus ? »
« Rien, monsieur le directeur. Prenez la lettre. »
« Non. Je ne vous laisserai pas quitter cette école. Vous partirez et votre vie sera en danger. » Albus le regarda avec des yeux noirs. « Les informations que vous fournissez à Voldemort sur 'ma petite armée' est la seule raison qui le retient de vous tuer. » Severus détourna les yeux. Le vieil homme poursuivit. « De plus, je ne pense pas qu'Harry aimerait vous voir mort. Je pense qu'il vous apprécie, Severus. »
« Un peu trop. »
« Je vous demande pardon ? »
Severus déglutit. C'était le seul moyen de s'en sortir. « Il m'apprécie un peu trop, Albus. Je ne suis pas de pierre. »
Albus sourit avec satisfaction. « Bien sûr que non, Severus. Vous ne pourriez pas bouger si vous étiez de pierre. Ni enseigner. »
« Vous faites exprès d'être obtus. »
« Severus, je comprends que l'affection du garçon vous déstabilise. Expliquez-lui que vous n'êtes pas intéressé. Repoussez-le, durement si vous en sentez le besoin. Harry est résistant. Il rebondira. Comme un canard en caoutchouc moldu. »
Severus ne voyait pas comment un canard en plastique pouvait rebondir. « Il est trop tard pour cela, j'en ai peur. » Il se retourna pour regarder Albus en face.
« Je vois. » Il n'entendit pas une seule once d'émotion dans la réponse d'Albus.
« Alors vous comprenez les raisons qui me poussent à vous présenter ma démission ? »
« Je comprends que vous m'utilisez pour échapper à vos problèmes. »
Severus fit face à Albus.
« Je ne la prendrai pas. » Severus ne pouvait pas lire l'expression du directeur. « Vous vous êtes mis dans cette situation et vous pouvez vous en sortir. » Il y eut une légère pause. « Si vous le voulez, bien sûr. »
« Albus - » Il s'arrêta lorsque Albus leva la main.
« Je vous suggère d'en parler avec Harry. Faites-le rapidement. Il est assez occupé à préparer son départ. »
« Son départ? »
« Oui, Harry partira en Roumanie à la fin de l'année. Il veut travailler avec les dragons pendant un temps. Nous avons tout arrangé avec Charlie Weasley. » Albus s'arrêta pour prendre un biscuit et redevint excentrique. « Il ne vous en a pas parlé ? »
« Non. » Il y avait un vide quelque part dans sa tête ou dans sa poitrine. Un flou qui n'était pas là un instant auparavant.
« Eh bien, je suis certain qu'il allait le faire. »
« Bien sûr. »
« Pourquoi ne retournez-vous pas travailler, Severus? Je suis certain que vous avez des rouleaux et des rouleaux de parchemin à corriger. » Albus le congédiait, retournant à son jeu d'échecs. Il prit une croix grise et la posa à côté d'une des pièces blanches dont Severus ne put pas voir la forme.
Severus posa sa tasse, ignora le bruit causé par le tremblement de sa main et partit.
A mi-chemin des cachots, il se rendit compte que la visite toute entière avait été atroce. Il avait toujours ce qu'il ne voulait pas – sa lettre de démission – et devait accepter de perdre ce qu'il voulait – son Harry.
Hpsshpss
Quand il eut atteint ses quartiers, Severus avait donné trois retenues, enlevé un total de 175 points aux trois autres maisons et avait même réussi à faire dégager un groupe de Serpentards de son chemin.
Mais le bruit de la porte qui claque était encore plus plaisant.
Harry partait. Severus se dirigea directement vers le bar et se servit un verre de brandy, ignorant tout le reste. Penser qu'à la fin de l'année il serait seul lui suffit pour avaler deux verres. Il s'en versa un autre et s'assit pour broyer du noir.
Il s'était dit que les enfants de cet âge étaient inconstants. La preuve lui en était jetée en plein visage.
Harry ne lui avait pas dit qu'il partait. Il allait, apparemment, partir sans lui en parler. Severus avait posé la question et Harry lui avait toujours dit qu'il ne savait pas ce qu'il voulait faire quand il partirait de Poudlard. Il lui avait laissé entendre qu'il resterait et travaillerait avec l'Ordre parce que c'est ce qu'on attendait de lui.
Severus détestait l'entendre prononcer de telles paroles. Harry était jeune et devrait pouvoir sortir et expérimenter la vie. Voir que le monde a d'autres choses à proposer que des meurtriers fous obsédés par sa mort. Il le lui avait dit. Souvent. Mais penser qu'Harry ne lui en avait pas parlé avant de prendre la décision – et ne le ferait peut-être pas du tout - le gênait. Le faisait souffrir. Harry continuait à dire qu'ils avaient une 'relation'. Les gens qui ont une 'relation' ne sont-ils pas censé discuter de ces choses-là ?
Plus jeune, il n'avait pas eu beaucoup de petits amis, en fait, il n'avait fréquenté personne au cours de sa dernière année à Poudlard. Il avait été trop occupé à essayer de racheter ses pêchés. Il le faisait encore d'ailleurs.
Il avait passé sa septième année à apprendre à espionner le Seigneur des Ténèbres. Bien sûr, il n'aurait pas eu besoin de le faire s'il n'avait pas pensé le faire par amour.
Harry pensait-il être amoureux de lui ? Il le lui avait dit, mais Severus savait qu'il ne pouvait pas s'y fier. Il le savait parce qu'il avait autrefois pensé être amoureux de son professeur. Il s'était trompé.
Son cœur qui se serrait avec nervosité lorsque Tyler était près de lui, ce n'était pas de l'amour, même s'il l'avait cru pendant de nombreuses années. Tyler n'avait été que l'imagination folle d'un jeune homme qui croyait à l'amour poétique. Ça n'avait pas été un amour réel ou même proche de ce qu'était en vérité l'amour. En fait, Severus n'était toujours pas sûr que cette 'magnifique' émotion l'était. Il savait par contre que ce qu'il avait partagé avec Tyler était certainement une pâle imitation de ce qu'il avait avec Harry.
Sa relation avec Harry était loin d'être parfaite. Ils criaient, et parfois se détestaient vraiment. Il avait même menacé de tuer le gamin une fois ou deux. Harry souriait simplement d'un air satisfait.
Mais il sacrifierait sa vie pour Harry et il savait que le jeune homme ferait la même chose pour lui. Il n'était pas certain que ce soit de l'amour, mais c'était quelque chose et peu importe ce dont il s'agissait, c'était plus fort que ce qu'il avait eu avec Octavian Tyler.
Il lui était plus facile maintenant de comprendre son ancien professeur. Harry lui avait fait des avances comme lui l'avait fait avec Tyler. A la fin, une sorte de relation s'était développée. Elle s'était terminée par des mots et des gestes durs. Et une dure rencontre avec la réalité.
Il ne savait pas si la relation qu'il avait maintenant avec Harry était similaire à celle qu'il avait eue avec Tyler. C'était certainement différent. Il y avait des moments où il avait eu l'impression que Tyler le détestait, qu'il voulait le voir mort. Et il y avait les moments où il avait vu… quelque chose dans l'autre homme.
Peut-être avait-il confondu l'affection avec quelque chose de plus. Peut-être avait-il simplement pris ses désirs pour la réalité. Mais s'il y avait eu quelque chose, ça n'avait pas été pour Severus.
Ses yeux se posèrent sur la porte. D'une certaine façon, il espérait qu'elle s'ouvrait et qu'on viendrait le sauver, l'empêcher de penser. Eh bien, n'importe qui, sauf Black. Ou Albus. Ou un des autres professeurs. Il ne pensait pas pouvoir les supporter. Il ne voulait pas entendre les questions incessantes de Remus ou les plaisanteries de Drago qu'il considérait comme vaines. Harry… il pourrait supporter la présence d'Harry.
Harry s'asssierait dans sa chaise – Severus ne savait pas quand la chaise dans laquelle le jeune homme s'asseyait toujours était devenue sienne – et ne parlerait pas. Il lirait, travaillerait mais ne le dérangerait pas. Il serait simplement là. A sa connaissance, la seule personne capable de faire ça.
Mais bientôt il n'aurait plus ce sursis. Maudit gamin. Et maudit soit sa nature maladroite.
Il prit le verre qu'il avait posé sur la table et frôla un morceau de papier qu'il n'avait pas remarqué. Il le prit et reconnut l'écriture brouillonne de Harry. N'apprendrait-il donc jamais à écrire proprement ?
/Sev,
Je suis venu te parler. J'ai finalement décidé ce que je voulais faire après Poudlard. Tout est prêt. Albus – je veux dire le directeur – et moi travaillons dessus depuis des semaines. Nous avons finalisé les derniers détails hier. Je ne peux pas attendre pour tout te raconter. Tu avais raison, je devais partir d'ici. Je reviendrai tout à l'heure.
Harry
P.S. J'ai vu ma plume. Tu m'en dois une neuve./
Severus renifla. Peut-être devrait-il réévaluer son opinion sur la nature de Harry. Mais peut-être que non. Il aurait pu attendre son retour.
hpsshpss
Le passé
« Cinq points en moins pour Serpentard, M. Snape. Ce travail est loin de celui que j'attendais. »
Severus leva la tête de sa copie. Le professeur Tyler se tenait devant son bureau et regardait son travail. Son travail qu'il pensait impeccable et bien ordonné. « Mais, monsieur - »
« Vous répondez, Snape ? J'enlève dix points à Serpentard. » Le professeur Tyler retourna à son bureau et s'appuya dessus. Le regardant, Severus oublia complètement sa copie. « Vous ne faites pas attention à votre devoir, M. Snape. Je pense que cette inattention mérite cinq autres points en moins pour Serpentard. »
Un morceau de parchemin frappa sa tête, mais Severus ne se retourna pas. Tyler lui enlèverait certainement encore des points, l'accusant de tricher. Ou pire, déchirerait sa copie et l'enverrait voir son directeur de maison. La journée ne se passait pas aussi bien qu'il l'avait espéré. Lorsque le cours fut terminé, il soupira de soulagement.
Trop tôt.
« Votre cravate est mal nouée, Snape. Et elle est un peu trop lâche. Les règles de l'école exigent que je vous enlève quinze points pour port d'uniforme irrégulier. » Tyler sourit plaisamment et se retira derrière son bureau.
« Je ne sais pas, Snape. Ta chemise ne me semble mal boutonnée. Qu'a dit le professeur Tyler à propos des uniformes irréguliers, Remus ? Quinze points, hein ? En tant que préfet, il est de ton devoir d'enlever ces points. » Black sourit à Severus.
« La ferme, Black ! Personne ne t'a demandé ton opinion! »
« M. Snape, on ne doit pas crier dans les couloirs. Cela vous vaudra une retenue et cinq autres points en moins. » Tyler n'était pas resté à son bureau mais était sorti pour suivre l'altercation. Ou peut-être l'altercation l'avait-elle attirée. « Attendez-moi dans ma salle de classe. »
Potter et Black se regardèrent, et l'inquiétude se lisait dans leurs yeux. Tyler était en général juste et ne supportait pas les rivalités entre Maisons.
« Vous avez l'air d'aller bien, les garçons. » Le cœur de Severus se mit à battre plus vite.
« Oui, nous allons plutôt bien, professeur. Et vous ? » Potter, comme toujours, parlait.
« Je vais très bien, merci de poser la question. Ma journée s'est améliorée. » Tyler leur fit un clin d'œil. L'estomac de Severus se nouait, comme son cœur. « De si bonnes manières méritent cinq points. Ne pensez-vous pas, M. Snape ? »
Potter et Black rayonnaient. Même Lupin derrière eux, sourit légèrement. « Merci, professeur ! »
Black ricana puis se tourna pour regarder Severus d'un air satisfait. Le jeune homme se tenait devant la porte. Severus donna un coup dedans et entra dans la salle en boitant.
« Dix points en moins pour Serpentard pour avoir endommagé la propriété de l'école, M. Snape. » Tyler sifflait en parcourant la salle.
Severus bouillonnait. Il plissa les yeux alors que Tyler s'asseyait derrière son bureau. Son seul espoir était que le professeur Tyler avait accepté son mot et décidait de continuer leur relation. Ça pourrait expliquait pourquoi il perdait autant de points. C'était une couverture. Et une retenue -
« Vous ferez votre retenue demain soir à 21h. » Le cœur de Severus s'accéléra. « Vous irez au bureau de Rusard. Il vous donnera du travail. Sans magie. » Puis redescendit, atteignant le plancher.
« Rusard ? »
« Rusard. Bonne journée, M. Snape. »
Severus tressaillit en voyant le sourire démoniaque du professeur Tyler. Peut-être la lettre n'avait pas été une très bonne idée. Il avait toujours eu le tort de vouloir avoir le dernier mot. « Merci, monsieur. J'espère que vous passerez vous aussi une bonne journée. »
Tyler le harcelait depuis des jours.
« Vous ne m'avez pas rendu votre devoir à l'heure. Vous deviez me le rendre il y a cinq minutes. Dix points en moins pour Serpentard, M. Snape. »
« Mais. Professeur. Le cours vient de se terminer et tout le monde n'est pas encore sorti de la salle. » Severus soupira.
« Ne répondez pas. » Tyler prit sa plume. « Allez voir Rusard pour votre retenue, à la même heure que d'habitude. »
Et à la fin de la semaine, alors que Severus et Lucius couraient dans le couloir, en retard pour une réunion de préfet, ils rencontrèrent Tyler.
« On ne court pas dans les couloirs. Cinq points en moins pour chacun de vous. » Tyler les regarda des pieds à la tête. « Vos chaussures sont abîmées, Snape. Uniforme irrégulier. Encore quinze points en moins. »
Severus ouvrit la bouche pour répondre mais Lucius le tira par le bras. « Tais-toi. » Siffla-t-il les dents serrées. « Ou tu auras une autre retenue. La quatrième cette semaine. » Il le lâcha et se tourna vers le professeur Tyler. « Bonne journée, professeur. »
Tyler acquiesça simplement. Puis se retourna et se dirigea de l'autre côté.
« Qu'as-tu fait pour l'énerver autant? »
« Je ne pense pas que tu veuilles le savoir. Reposes-moi la question plus tard. »
Mais même suivre les règles à la lettre ne fonctionnait jamais.
Severus tapota des doigts contre une table, à la bibliothèque. Il travaillait un devoir qu'il devait rendre en Histoire de la Magie. Les causes de la Révolution des Gobelins de 1500 quelque chose. Il y avait vraiment trop à dire. Malheureusement, c'était un sujet qui obsédait le professeur Binns.
« M. Snape, c'est une bibliothèque, pas une salle de concert. Arrêtez de rêvasser. » Murmura le professeur Tyler à quelques mètres de là.
Il s'arrêta immédiatement et serra tant le poing que ses phalanges blanchirent.
« Oh, j'avais presque oublié. Cinq points en moins pour avoir fait du bruit. »
hpsshpss
Severus s'arrêta devant la porte. A quelques mètres de lui se trouvaient les professeurs Tyler et MacGonagall.
« Allons, Octavian, ne prenez pas mal ce que je dis. Je veux que Gryffondor gagne la coupe des Maisons, mais n'êtes-vous pas un peu dur avec Severus Snape ? »
Il haussa un sourcil. « Le pensez-vous, Minerva ? Je ne sais pas. »
« Ce garçon a perdu cent points en cinq jours. Et a eu quatre retenues ! »
« Ah, oui. » Tyler soupira. « M. Rusard me disait justement que les trophées et les coupes n'avaient jamais autant brillé. » Il sourit.
« Octavian, je n'ai jamais eu aucun problème avec Snape. Il est l'un des garçons les plus brillants de son année et il se comporte vraiment très bien. »
« Mais il est vaniteux. Tout le monde a besoin d'être remis à sa place de temps à autre. »
« Il est un peu égocentrique, mais tout le monde a ses défauts. » MacGonagall secoua la tête. « Je ne pense pas qu'il faille punir les élèves simplement parce qu'ils existent. »
« Ne vous inquiétez pas, ce n'est pas ce que je fais. » Sa voix était coupante.
« Les raisons que vous utilisez sont mesquines, Octavian ! »
« Vraiment ? Et que pensez-vous de celle-ci, alors ? » Tyler se retourna et le regarda. Severus sut qu'il avait été pris. « Snape, arrêtez de vous cacher, vous avez suffisamment écouté la conversation comme ça. Vos parents ne vous ont-ils pas appris qu'il est impoli d'écouter aux portes ? »
MacGonagall se retourna brusquement pour le voir. Elle leva la main pour empêcher les paroles de Tyler et soupira. « Dix points en moins pour Serpentard, M. Snape. J'ai peur que le professeur Tyler n'ait raison. On ne doit pas écouter les conversations des professeurs. » Elle secoua la tête et partit.
Snape essaya de s'esquiver pour se cacher dans une salle de classe en attendant le départ de Tyler mais le professeur fut plus rapide et le prit par le bras avant qu'il n'ait la possibilité de partir. « Vous vous en sortez trop facilement. Pour avoir écouté ma conversation, vous aurez une retenue. Allez voir Rusard à 21h. »
« Oui, professeur. » Severus leva la tête après le départ de Tyler. Sa vie était un enfer et le professeur Tyler faisait en sorte qu'elle le reste.
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Harry posa sa plume loin du parchemin. Il appuya son dos contre sa chaise et inclina la tête pour regarder le plafond. Il n'était pas enchanté comme celui de la Grande Salle mais les craquelures du vieux château lui permirent de se focaliser sur autre chose que sur le parchemin.
Il avait terminé. Après neuf mois de traduction, il avait terminé. Le plus triste était que la moitié du rouleau ne contenait que des bêtises. S'immerger dedans avait été difficile, très ennuyeux et pour une grande part, inutile.
Inutile parce que travailler sur les détails de chaque attaque ressemblait à chercher une baguette bien particulière chez Olivander – c'était possible, mais quand on était pas Olivander, il fallait des jours, des mois voire des années. Il avait découvert l'attaque contre les Weasley juste à temps mais il venait de commencer la traduction. Il y avait eu des attaques contre des Aurors, des Ministres, des membres de l'Ordre et d'autres personnes.
Il espérait juste qu'en ayant connaissance des attaques, il ait été possible de les arrêter.
De toutes celles qu'il avait traduites, quelques-unes lui tenaient à cœur. La première avait été celle contre les Weasley. Penser que Voldemort avait essayé de les tuer lui avait coupé le souffle, l'obligeant à haleter pour respirer. Les jumeaux, Ron et Ginny, aucun d'eux n'étaient encore nés. Harry avait presque perdu sa famille adoptive avant même d'avoir la chance de les connaître.
La seconde avait été celle dirigée contre son grand-père. Il ne l'avait jamais rencontré, mais une part de lui avait toujours pensé que peut-être son grand-père l'avait connu. Mais ça n'avait pas été le cas. Il était mort longtemps avant sa naissance. L'ironie de la situation l'avait bouleversé pendant des jours. Son grand-père, de qui il tenait son prénom était mort parce qu'il n'avait pas fait confiance à la traduction de son petit-fils. Il est vrai qu'il n'avait pas su que l'homme qui traduisait le rouleau était son petit-fils mais Harry ne pouvait s'empêcher de se demander si ça aurait fait une différence. S'il l'avait jugé parce qu'il était Fourchelangue et qu'il possédait un don associé au mal, alors ça n'aurait probablement rien changé. Depuis ce jour, il ne pouvait plus parler Fourchelangue devant Ron et la plupart des Weasley sans qu'ils réagissent de façon excessive. Il avait trouvé une ironie plus grande encore : son père lui avait donné le prénom de son grand-père sans savoir que son fils allait retourner dans le temps et être responsable de la mort de son homonyme.
Harry remua. Penser à ces attaques, une réussite et un échec lui fit penser à ce qu'il venait de traduire. La fin du rouleau détaillait une autre attaque, d'une grande ampleur. Le massacre en masse d'un groupe d'enfants : Voldemort pensait ainsi démoraliser la communauté sorcière. Il voulait détruire l'idée que les parents pouvaient envoyer leurs enfants à l'école en les sachant en sécurité. Il voulait détruire le Poudlard Express pendant que les enfants étaient dedans. Harry ne savait pas comment on l'arrêterait et il ne le saurait probablement jamais à moins qu'il ne pose la question à l'Albus du futur. Il n'était pas le bienvenu pour discuter stratégies avec l'Ordre de ce temps.
Et s'il n'avait pas tout traduit dans les temps ? D'après ce qu'il savait, il pouvait retourner dans son temps et trouver tout changé. S'il n'avait pas donné cette information à Albus alors Severus, son père, Remus, Sirius et tous les autres enfants qu'il avait appris à connaître seraient mort dans ce train. Et lui-même ne serait pas né. Voldemort serait toujours puissant. Le poids de cette mission pesait sur ses épaules. Il s'affala un peu plus sur sa chaise et soupira.
S'il le pouvait, il se précipiterait vers Albus immédiatement. Mais c'était inutile. Il était quatre heures du matin et Albus était certainement au lit. Enfin Harry pensait qu'il était quatre heures du matin. Il regarda autour de lui, la pièce dénuée de fenêtres. Il n'y avait rien sur les murs, aucun autre meuble que deux chaises et une table.
Il aurait encore du temps au matin. Ils étaient seulement à la mi-mai. Le train ne partirait avec sa cargaison humaine qu'à la mi-juin. Il leur restait un mois pour trouver une solution.
Ce qui signifiait aussi qu'il ne lui restait qu'un mois avant de savoir ce qui allait advenir de sa vie. Une vie qui lui semblait partir en morceaux.
La dernière fois que son Severus était venu lui revint en mémoire. Il avait voulu lui parler, lui expliquer que c'était une erreur. Qu'il n'avait pas voulu coucher avec lui. Enfin, avec son jeune lui. Seigneur, il était si confus. C'était presque comme s'ils étaient deux personnes différentes mais il pouvait voir en lui les qualités qui faisaient que les deux Severus n'étaient qu'une seule et même personne.
Il savait qu'il était différent de ce qu'il était lorsqu'il avait eu seize ou dix-sept ans. Il avait grandi et inconsciemment, il savait que Severus devait aussi l'être. Mais il avait vu Severus jeune et vulnérable, faible et ça l'avait désarçonné.
Severus avait un caractère fort qu'Harry avait toujours remarqué même lorsqu'il lui criait après à l'âge de treize ans. En grandissant, il en était venu à admirer cette qualité chez son professeur. L'admiration qu'il éprouvait pour lui couplé au fait qu'ils aient dû faire équipe l'avait conduit à le respecter et finalement à l'aimer.
Lorsqu'il voyait le jeune Severus Snape Harry ne pouvait s'empêcher de voir une personne jeune et naïve dont l'idéal était puéril mais qui grandirait et finirait par devenir beaucoup plus avisé. Il avait aussi des qualités qui attiraient Harry vers la jeune version de son amant. Sa vulnérabilité en était justement une.
Severus Snape à seize ans était une personne sur qui il pouvait naturellement compter. Il avait des doutes, il n'était pas sûr de tout ce qu'il faisait et parfois, Harry pensait qu'il pouvait voir de la témérité en lui. Toutes ces choses qu'il n'associait jamais avec le Severus adulte.
Et il devait admettre que c'était quelque chose qu'il voulait même si ce n'était que temporaire. Dans cette relation, il était le plus fort. Le partenaire sûr de lui. Il était l'adulte. C'était un sentiment grisant que d'être celui que l'on recherche.
Sa relation avec Severus n'avait jamais été ainsi. Au début, il avait recherché Severus. Severus était plus vieux que lui et avait plus d'expérience. C'était l'une des raisons qui l'avait poussé à partir après Poudlard. Il avait besoin d'acquérir de l'expérience. De vivre sans un fou mégalomane pour le poursuivre et essayer de le tuer.
Lorsqu'il était revenu, sa relation avec Severus avait changé. Après une année passée loin de lui, il n'était plus dépendant de son amant. Il avait appris à se débrouiller seul. Ce qui ne voulait pas dire que leur relation était simple et facile. Son départ avait à la fois affaibli et renforcé leur relation.
Il l'avait affaibli parce qu'il était parti. Ils ne s'étaient pas du tout vus durant l'année. Severus lui avait envoyé des lettres, mais elles étaient bien souvent dépourvues d'émotion. Severus le laissait partir pour qu'il puisse grandir. Il avait grandi. Ce fut aussi l'année pendant laquelle sa relation avait Drago s'était transformée en amitié. Ils ne pouvaient pas s'entretuer par lettre, de toute façon. Albus avait confié à Drago la responsabilité de l'informer de ce qui se passait dans l'Ordre et c'est ce qui avait été le point de départ de leur amitié. Elle avait grandi à partir de là.
Il se souvenait d'une lettre de Severus plus que de toutes les autres. Il lui parlait de Drago. Charlie, avec qui il vivait, avait remarqué le nombre de lettres qu'il recevait de la part du blond et avait dit à ses parents qu'ils avaient une liaison. Severus l'avait d'une manière ou d'une autre découvert - certainement par Sirius ou Remus qui n'étaient pas au courant de leur relation à cette époque – et lui avait écrit un gentil mot lui faisant savoir qu'il était libre de ses choix et de la relation qu'il voulait entretenir. Qu'il ne s'opposerait pas à son bonheur. Harry avait quitté la Roumanie un mois et demi plus tôt à cause de cela.
C'est ce qui leur avait montré que leur relation s'était renforcée. Harry était revenu, et parler à Severus, lui dire qu'il avait tort ne fut pas sa première démarche. Il avait d'abord invité Drago à dîner…
hpsshpss
Pour la seconde fois cette nuit-là, Harry se trouva en train de frapper à l'une des portes de Poudlard. Cette fois il n'y avait personne aux alentours et il frappa et frappa jusqu'à ce que la porte s'ouvre.
Sans donner à Severus l'occasion de placer un seul mot, il entra et jeta sa veste sur le canapé. « A quoi pensais-tu lorsque tu m'as envoyé ces foutaises ? »
La porte se referma et Severus retourna au bureau sur lequel il travaillait.
« Ne commence pas à corriger tes copies. Je suis revenu de Roumanie pour discuter avec toi. »
« Et aller au Trois Balais pour te soûler avec Drago. »
La douceur de sa voix apaisa quelque peu le vent de colère qui emportait Harry, mais sa colère revint lorsqu'il se remémora la raison pour laquelle il était parti dîner au pub avec Drago.
« C'est de ta faute. Je l'ai emmené dîner parce que je savais que si je revenais ici et que je te disais que tu n'étais qu'un connard tu m'aurais répondu quelque chose du genre 'comment peux-tu en être aussi sûr ?' Eh bien j'en suis sûr. Absolument sûr. »
« De quoi précisément ? » Il n'y avait aucune expression sur le visage de Severus et ça mit Harry encore plus en colère.
« Que tu n'es qu'un connard ! »
Severus ferma les yeux et serra le bout de son nez entre son pouce et son index. « Harry -»
« Je suis content que tu ne sois pas revenu au Potter ! Au moins je ne suis pas obligé de t'appeler monsieur. Je n'étais pas certain de pouvoir le faire de façon naturelle. » dit Harry d'une voix qui claqua sèchement.
« Tu vas te taire ! »
Harry croisa les bras sur la poitrine et le regarda avec colère. « Pourquoi ? Pour que tu me dises que j'étais un complet idiot de partir ? J'en avais besoin, Severus ! Je ne pouvais pas rester ici et attendre de mourir. Mais je pensais… » Sa voix baissa d'un ton et devint triste. « Je pensais que tu comprendrais. Je pensais que tu serais toujours là. Même si tu ne m'aimes pas, je pensais que tu te souciais un peu de moi lorsque tu disais… »
Harry s'arrêta. Severus détourna le regard.
« Je suis un idiot. De t'avoir cru, je pense. D'avoir penser que t'aimer serait suffisant. » Les mots revenaient et il ne pouvait pas les arrêter. « Tu penses certainement que je ne suis qu'un enfant stupide qui ne sait pas ce qu'il veut. Mais je le sais. Je ne veux pas Drago. Je ne veux pas vivre avec les dragons à la Réserve. Je te veux. » Il soupira. « Mais on dirait que tu ne veux pas de moi. »
« Qu'est-ce qui t'as donné cette idée ? »
« Ta lettre. » Harry regarda le sol et frappa du pied.
« Remus m'a dit que ça devait vraiment être difficile pour toi d'être séparé de ton 'petit ami' – Merlin, je déteste ce terme – et l'espace d'un instant, j'ai pensé que tu lui avais parlé de nous. Je cherchais déjà une réponse cinglante à t'envoyer quand il a dit que toi et Drago deviez être ensemble depuis des mois, » Dit Severus.
« Remus ne sait que dalle. Je ne lui ai rien dit. Seigneur, il ne m'a écrit que deux fois pendant que j'étais là-bas. En général, ce n'était qu'un mot à la fin de l'une des lettres de Sirius qui me disait la chance que j'avais de vivre dans le monde extérieur, et m'assurait que ne pas être enfermé dans des cachots froids et humides avec une personne telle que Severus Snape était une bonne chose. » Harry inspira profondément. « Et qu'importe le nombre de fois où j'ai voulu lui dire que j'aime passer mon temps dans des cachots humides et froids avec toi, je ne pouvais pas parce qu'il aurait perdu l'esprit, t'aurait tué et je l'aurais haï pour toujours, et je ne le veux pas ! »
« As-tu terminé? »
« Non ! » Il se passa les doigts dans les cheveux et fit les cents pas. « Et puis quand je crois que rien ne peut être pire entre Charlie qui m'a frappé à cause de cette histoire - je t'en ai parlé -, Drago qui m'assure que rien ne va comme il le faudrait ici, et les attaques de Sirius contre toi, tu décides de ne pas m'écrire pendant trois mois alors que je t'envoie une lettre toutes les foutues semaines, avec celle destinée à Drago. »
« Et maintenant ?"
« Non. Puis tu as l'audace de m'écrire une lettre de rupture pour que je trouve le bonheur avec cet abruti de Malfoy ! Merde, que se passe-t-il Severus ? Quelles toxines t'ont mangé le cerveau pendant que j'étais parti ? »
« Les jeunes sont --»
« Si tu as l'audace de dire que je suis inconstant, je te jette un sort. »
« — facilement influençables. »
Harry serra le poing et se rua sur Severus. « Merde. Pourquoi insistes-tu pour me repousser encore et encore ? Penses-tu que je vais simplement t'abandonner ? » Une main s'enroula autour du biceps de Severus. « Ne réponds pas. »
« Alors pourquoi poses-tu la question? »
Il ferma les yeux et se les frotta avec le dos de sa main puis grogna sans jamais lâcher le bras de Severus. « Maudis sois-tu. Pour l'instant, je suis si en colère contre toi que je suis tenté de faire quelque chose d'horrible, mais je ne le ferai pas. »
Il ouvrit les yeux et regarda Severus qui regardait les doigts de Harry s'enfoncer dans son bras.
« Ne joue pas les martyrs, Sev. Si tu ne veux pas de moi, dis-le et je partirai sans me retourner. Tu n'es plus responsable de moi, tu n'es plus mon mentor. »
« Je devrais toujours être responsable de toi. »
« Je ne veux pas que tu le sois. » Harry posa sa main sur la nuque de Severus. « Ne penses-tu pas qu'il est temps que je m'occupe de moi tout seul ? Que je te prouve que tous les cours que toi, Albus et Sirius m'avez donnés ne sont pas entrés par une oreille et sortis par l'autre ? »
« J'aimerais. »
« Severus, ce n'est pas si difficile,-- »
« Être responsable de toi ne me dérange pas. »
Harry plissa les yeux, ses doigts relâchèrent leur pression sur le bras de Severus. « Ne peux-tu rien dire facilement ? Ce serait plus facile si tu disais, 'Harry, je ne veux pas que tu partes parce que je me suis attaché à toi.' Ce sui ne comporte aucun de ces mots qui ont un rapport avec l'appréciation, l'intérêt — ou même — l'amour. »
« Tu es un gamin immature. »
Harry sourit, se déplaça et appuya son visage contre le cou de Severus. Severus ne voulait pas qu'il parte. Harry soupira lorsqu'il sentit les mains de Severus se poser sur son dos. C'était bien. C'est ce qui lui avait manqué l'année dernière.
Hpsshpss
Harry laissa le souvenir s'échapper et soupira.
C'est ainsi que tout avait commencé. Harry avait changé. Il ne changeait plus d'avis aussi facilement. Il avait commencé à grandir, et ne réagissait plus comme un enfant. A partir de là, Severus avait commencé à le traiter davantage en adulte. Ils sont devenus plus égaux et ont pu construire leur relation là-dessus. Ni plus forte ni plus faible que l'autre.
C'était une relation qu'il chérissait. Même en cherchant bien, il n'avait pas été capable d'en trouver une semblable. Elle le comblait plus que le reste de sa vie. Avec Severus il n'était pas 'Celui Qui a Survécu' ni un chef des Aurors ni un membre de l'Ordre du Phœnix ni le fils de James ni aucun de ces titres qu'on lui donnait. Il était juste Harry.
Et Severus était Severus et ce, qu'importe l'époque. Peu importe que Severus l'énerve, il l'aimait. Et maintenant, il lui manquait. Il lui manquait tant qu'il cherchait son Severus dans un jeune homme de seize ans. Et il y avait retrouvé son amant jusqu'à un certain point. Ce n'était pas l'homme mûr qu'il associait avec Severus mais l'essence de son Severus était là.
Harry l'avait pris avec toutes les autres choses qui l'attiraient chez le jeune Severus Snape quand il les lui avait offertes. Sachant que c'était mal mais sans s'en soucier.
En y réfléchissant, Harry vit tout. Il savait que ce qu'il faisait était en un sens, mal. Il savait pourquoi il le faisait. Mais cela ne serait pas valable quand il devrait faire face à son Severus : il serait sur la sellette. Quand il retournerait à son époque, il aurait beaucoup de choses à expliquer. A une personne qui souffrait et était en colère contre lui.
Et en cet instant, il ne voulait rien de plus que de retourner auprès de son Severus. Le jeune Severus n'était pas celui dont il avait besoin. Il avait besoin de son Severus. De l'égalité, de la compréhension et de l'amour qu'il ne pouvait trouver qu'avec lui.
Il jura qu'il quitterait Poudlard dès qu'il le pourrait. Maintenant qu'il avait accompli sa mission pour l'Ordre, il voulait partir. Et il savait exactement comment faire.
Hpsshpss
Harry grommela le mot de passe et attendit que la gargouille se déplace. Alors qu'il s'approchait de la porte il repensa à tout ce qu'il avait l'intention de dire au directeur. Heureusement, il pourrait le faire la conscience tranquille. Enfin, la conscience presque tranquille. Il allait frapper lorsqu'il entendit une voix traverser la porte. « Entrez Octavian. »
Il ouvrit la porte et entra dans le bureau. Il était étonnamment semblable à celui que le directeur avait dans le futur. Seules quelques petites choses étaient différentes. « Monsieur le directeur ? »
« Je suis juste là, prenez un siège mon garçon. » Harry s'assit près du grand bureau de Dumbledore. Il tourna la tête et remarqua que Fumseck lissait ses plumes. Il avait toujours aimé le phénix de Dumbledore. Et pourtant le Fumseck de cette époque l'ignorait. Albus lui avait dit de ne pas trop s'en inquiéter.
Albus entra dans son bureau par la porte du fond et s'assit. Il fouilla dans une pile de papiers avant de se tourner vers Harry. Il prit un petit bol et le lui tendit. « Un bonbon au citron ? »
Harry éclata presque de rire. Albus ne lui en avait plus proposé depuis qu'il avait menacé de colorer sa peau en rouge pour une semaine s'il lui en offrait à nouveau. Mais ça avait été dans le futur. Cet Albus ne savait pas à quoi il s'exposait en lui proposant un bonbon au citron. « Non, merci, Albus. Je n'apprécie pas vraiment les bonbons au citron. »
« Des biscuits ou du thé alors? »
« Non, je vous remercie. Je suis ici pour vous parler du rouleau. J'ai terminé la traduction. »
« C'est très bien, mon garçon. » Harry observa Albus. Il faisait signe à Fumseck de venir vers lui. Le phénix déploya ses ailes et se posa sur le bras de la chaise de Albus.
« Je pense que vous voulez savoir ce qu'il dit. »
« En temps voulu. Je suis certain que ce n'est pas très urgent. » Albus caressa la tête du phénix et le regarda, les yeux pétillants. « Comment allez-vous ? »
« Bien, Albus. Je pense que vous devriez entendre cela. »
« J'en suis sûr. Vous m'en parlerez dans une minute. » Albus gratta légèrement le bec de Fumseck et le phénix ronronna. « Comment se passent vos cours jusqu'à présent ? »
"Bien. Albus, je pense que vous devriez entendre cela. » Poursuivit Harry avant d'être interrompu. « Voldemort complote pour faire exploser le train. »
« C'est bien, Octavian… » Albus se tut. « Faire exploser le train ? Quel train ? »
« Le Poudlard Express. »
« Et quand a-t-il prévu cela? »
Harry aurait voulu hurler. Quand pensait-il que Voldemort pourrait vouloir faire exploser le train ? Enervé, il en devint sarcastique. « Quand tous les élèves seront dedans, bien sûr. »
« Je ne vous suis pas, Octavian. »
« Sur le chemin pour aller à la gare de King Cross le dernier jour du semestre. »
« Ce n'est pas une très bonne nouvelle. Pourquoi ferait-il cela ? Je sais qu'il cherche à recruter des élèves dans l'enceinte de l'école. Il ne voudrait pas qu'ils soient pris dans l'explosion, si ? »
« Je ne pense pas que Voldemort s'en soucie, Albus. Dans le rouleau, il dit que la destruction d'une génération vaut bien la perte de quelques partisans potentiels. Cette action paralysera le monde sorcier tout entier. »
« Oh mon dieu. A-t-il dit comment il comptait s'y prendre ? »
« Non, c'était plutôt vague. Il n'y a qu'un détail signifiant : il compte le détruire entre ici et Londres. Il veut employer une sorte de bombe magique.
« Ce n'est vraiment pas bon. » Dumbledore caressait toujours les plumes de Fumseck, une expression songeuse sur le visage. « Mais je pense qu'il est possible d'éviter cette situation. »
Harry écarquilla brièvement les yeux avant de reprendre son masque d'impassibilité. « Vous seul, Albus. » Le directeur le regarda avec interrogation et il élabora. « Vous seul pouvez prendre la destruction potentielle d'un train rempli d'élèves aussi calmement. » Rien ne fut dit l'espace d'une minute. Albus ne fit pas de commentaire sur ce qu'avait dit Harry. « Alors qu'allez-vous faire ? »
Albus ne répondit pas immédiatement. Il continua à caresser le phénix. « A mon avis, une série complexe de charmes d'illusion devrait fonctionner. Nous retarderons la fin de l'année, je pense. » Albus déplaça sa main de l'oiseau à sa barbe, s'emmêlant les doigts dans la longueur. « Bien entendu, les élèves ne seront pas mis au courant. Nous trouverons une excuse le matin du départ et nous ferons en sorte que les élèves ne contactent pas leurs parents. »
« Gardez-les enfermés par Maisons. Ne les laissez pas quitter leurs Salles Communes, fermez les réseaux de cheminée ainsi que toutes les fenêtres. »
« C'est un peu radical, ne pensez-vous pas ? » Albus essaya de démêler ses doigts de sa barbe. « Je pensais plus à envoyer tous les hiboux au loin. Après tout, nous ne voudrions pas que l'on se pose des questions. »
Harry leva les yeux vers le plafond. « Comme si la disparition soudaine des hiboux n'allait pas éveiller les soupçons. » Il laissa échapper un profond soupir. « Je reste persuadé que ma suggestion est la meilleure. Bien entendu c'est à vous et à l'Ordre de déterminer ce qu'il faut faire. »
Albus acquiesça et chercha à terminer la conversation. « Est-ce tout, Octavian ? »
Harry ne bougea pas ; ses mains se resserrèrent sur les bras de la chaise. « Je voudrais discuter avec vous d'une dernière chose, monsieur le directeur. »
« Vous disiez que vous aviez terminé le rouleau, avez-vous autre chose à me dire à ce sujet ? »
« Non. C'est tout. Maintenant que j'y pense, le rouleau se termine plutôt brutalement. C'est certainement la raison pour laquelle tant de détails restaient vagues. »
Ayant finalement libéré ses doigts, Albus enroula le bout de sa barbe autour de l'un d'eux. « C'est une possibilité. » Il prit sa baguette et fit un geste distrait. Une théière apparut sur le bureau avec deux tasses et deux soucoupes. « Mais j'y repenserais plus tard. De quoi vouliez-vous me parler, Octavian ? » Avant qu'il n'ait le temps de répondre, le directeur lui proposa du thé. « Du thé ? »
« Non merci Albus. » Harry déglutit et continua. « J'ai besoin d'être mis à la porte. »
Albus cligna des yeux plusieurs fois tout en remuant son thé. Quelques minutes s'écoulèrent en silence avant qu'Albus ne réponde. « Je suis désolé, Octavian, mais je ne vois pas pourquoi je voudrais vous jeter une porte. »
Harry savait que l'ouïe d'Albus était parfaite. Le vieil homme choisissait simplement d'entendre ce qu'il voulait entendre. « Non Albus. Mettez. Moi. A. La Porte. »
« Non, je ne pense pas non plus qu'il soit approprié de vous jeter contre la porte. Je suis certain que vous avez étudié les charmes de lévitation pendant vos études. » Albus but calmement son thé, observant le jeune homme de ses yeux pétillants.
« Albus, vous ne comprenez pas. Vous devez me mettre à la porte. Mais puisque vous ne comprenez pas le concept -»
« Je comprends très bien le concept. » Albus parut outré. « J'ai étudié les différents charmes de lévitation lorsque j'étais élève. »
Harry grogna. Il le faisait exprès. « Pour le dire autrement. » Il inspira. « Vous devez me 'laisser partir', ou me virer. Quelque chose dans ce genre. »
« Vous laissez aller où ? » Albus lui sourit avec bienveillance. « Avez-vous besoin de quelques jours de congé ? Je peux m'arranger avec les autres professeurs pour vous remplacer quelques jours. »
Harry était à bout de patience. « Essayons une dernière fois, Albus. Mettez fin à mon contrat d'embauche à l'Ecole de Sorcellerie de Poudlard. »
« J'ai peur de ne pas vous suivre. »
« Qu'y a-t-il à suivre ? «
« Et bien, le professeur Augustin construit un labyrinthe pour ses cours de Soin aux Créatures Magiques. Les élèves doivent entraîner un boursque à atteindre la sortie. Nous pouvons toujours en suivre un. »
Harry ne savait pas s'il devait rire ou pleurer. Discuter avec Albus était un moyen indéniable d'attraper la migraine. « Albus je sais que vous comprenez ce que je vous demande. Avez-vous une raison de faire comme si vous ne compreniez pas ? »
Albus ne lui répondit pas immédiatement. Il remplit sa tasse et fit venir à lui un plateau de biscuits. « Un gâteau ? »
Harry voulait hurler. Il détestait discuter avec Albus. C'était frustrant, interminablement frustrant. « Bien. J'aimerais que ma démission soit immédiate. » Albus le regarda simplement, les yeux écarquillés, une expression confuse sur le visage. Ça allait être une longue conversation. « Voulez-vous une lettre de démission officielle ? »
"Cela n'a pas de sens, mon garçon. Vous n'avez aucune raison de démissionner. Vous êtes un merveilleux professeur, les élèves vous adorent. » Harry grogna. Il n'était pas certain que tous les élèves l'adorent. Albus l'ignora et continua. « De plus, nous sommes déjà à la mi-mai. Le semestre se termine dans à peine plus d'un mois. Je suis certain que vous pouvez tenir jusque là. »
« Là n'est pas la question, Albus. J'ai fait quelque chose d'impardonnable. »
« Aucun élève ne s'est plaint de ce que vous ayez essayé de jeter un sort Impardonnable sur eux pendant les cours. »
Harry ferma brièvement les yeux avant de les rouvrir pour regarder Albus. « J'ai eu une aventure avec un élève. »
« Partir à l'aventure avec un élève ? Je ne vois pas ce qu'il y a d'impardonnable. Hagrid m'en a parlé. »
Harry secoua la tête, confus. Il avait encore une fois perdu le fil de la conversation. « Hagrid ? »
« Oui, il a dit que vous aviez aidé une Serdaigle de première année, Mlle Tavers je crois à se rendre à l'infirmerie quand elle est tombée et qu'elle s'est esquintée le genou. C'était assez chevaleresque de votre part. »
Il se souvenait à peine de cet incident. « Bien sûr. »
« Vous voyez, vous n'avez aucune raison de démissionner. C'était un comportement exemplaire si vous voulez mon avis. »
Harry ramena la conversation au sujet initial. « Ce n'est pas ce que je voulais dire en parlant d'une 'aventure.' » Avant qu'Albus ne puisse s'éloigner du sujet, il poursuivit. « J'ai eu une relation avec un élève. »
« Bien entendu, mon garçon. » Albus croisa ses mains sur le bureau et sourit.
« Ça ne vous dérange pas ? »
« Pourquoi cela me dérangerait-il ? Tous les bons professeurs nouent des relations avec leurs élèves. » Le sourire d'Albus ne vacilla pas une seule seconde.
Il fallut un moment à Harry pour retrouver ses esprits. Certaines images qui avaient traversé sont esprit étaient dérangeantes. « Pas ce genre de relation. »
« Quel genre ? »
Harry savait que pour terminer rapidement la conversation il devait exposer les faits tels quels, il ouvrit la bouche, mais fut interrompu avant d'avoir pu placer un mot.
« Une autre tasse de thé ? »
Harry secoua la tête.
« Un sandwich alors, je suis affamé. »
« Non, Albus - »
« Une tarte ? J'ai toujours aimé la tarte à la crème de citron préparée par les elfes de maison. C'est délicieux. Avez-vous -»
« Arrêtez de jouer avez moi, Albus. J'ai couché avec un élève. Je pense que je devrais être viré mais puisque vous refusez de le faire, je vous présente ma démission. » Harry prononça ces mots aussi vite que possible. Il soupira lorsqu'il vit Albus renvoyer l'elfe de maison qu'il avait fait venir. Enfin.
« Je vois. Eh bien voilà ce que j'ai à dire à propos de cette situation. Il n'y a rien qui l'interdise dans le règlement de l'école. » Albus leva une main pour empêcher Octavian de l'interrompre. « Ce n'est pas contre le règlement mais ce n'est pas considéré comme convenable. Cependant, je n'ai pas à vous renvoyer à cause de cela et je choisis de ne pas le faire. » Il s'arrêta pour reprendre son souffle avant de poursuivre. « Quant à votre démission, c'est assez simple. » Harry se sentit beaucoup mieux en entendant ces mots. Albus n'avait plus qu'à lui dire quoi faire. « Je ne l'accepterai pas. »
« Quoi ? »
« Je ne l'accepterai pas. Nous sommes à la fin de l'année. Je ne pourrai jamais trouver un autre professeur pour vous remplacer. Vous êtes un professeur remarquable. Vous maîtrisez votre sujet bien mieux que bon nombre de vos prédécesseurs. C'est comme si vous aviez été élevé dans la Défense Contre les Forces du Mal. » Albus s'arrêta un instant pour poser des papiers devant lui. « Je ne vois rien qui vous empêche de terminer l'année. Si vous regrettez ce que vous avez fait, je vous suggère de ne pas le refaire. »
Harry leva son coude du bras de la chaise et le prit dans sa main. « Je ne pourrais pas vous faire changer d'avis ? »
« Non. Pour ce soir, je vous suggère de retourner dans vos quartiers, de vous servir un verre et de vous détendre. Vous avez eu une dure journée. »
Harry savait qu'il était congédié. Il se leva pour partir. Il n'allait certainement pas faire ce qu'Albus lui suggérait, même s'il était tenté.
Hpsshpss
Vingt-cinq minutes plus tard, une série de bruits dans son bureau alerta Albus. Il leva la tête et vit apparaître des bouteilles, les unes à la suite des autres. Albus fut surpris de voir une telle variété d'alcools. Un mot apparut finalement devant lui.
/Albus,
J'aimerais éviter de me comporter encore comme un idiot, alors acceptez s'il vous plaît en cadeau mon stock d'alcool tout entier.
Octavian Tyler/
Albus secoua la tête. Ce jeune homme le laissait perplexe. Il reposa le mot et se demanda comment Octavian Tyler était parvenu à passer à travers les barrières qui protégeaient son bureau pour lui envoyer ces bouteilles.
Vingt minutes plus tard, il cherchait encore la réponse. ♦
