Attention, rien ne m'appartient. Les personnages appartiennent à J.K Rowlings et l'histoire à DragonLight

Résumé: En mission dans le passé pour Dumbledore, Harry voit son amant sous un nouveau jour, celui de professeur

Ratings : R

Correctrice : AnthaRosa et Ishtar

Attention, c'est un slash: SS/HP

Chapitre vingt et un : la confusion, je connais

Harry marcha à côté de Severus, descendant le couloir désert qui menait aux cachots. Aucun des deux n'avaient ouvert la bouche depuis qu'ils avaient quitté le bureau de Remus. En général, le silence ne dérangeait pas Harry, surtout lorsqu'il était avec Severus. Mais aujourd'hui ce silence lui semblait de mauvais augure.

Severus n'avait pas l'air en colère. Il agissait comme d'habitude. Mais Harry ne savait pas si c'était pour masquer sa colère ou pas. Severus avait déjà été furieux contre lui dans le passé, mais il était parfaitement capable de le cacher. C'était dans de tels moments qu'Harry aurait aimé que Severus ne puisse pas aussi bien lire ses émotions.

Il détestait ce silence, mais ne voulait pas le briser. Il lui donnait un faux sentiment de normalité, de sécurité.

Il ne savait pas si les choses allaient redevenir normales. Il avait appris beaucoup trop de choses sur l'homme qui se tenait à côté de lui, grâce à un jeune homme de seize ans. Avait appris des choses que Severus ne lui aurait jamais dites autrement. Harry ne parlait jamais des tortures qu'il avait subies aux mains de Voldemort et Severus ne parlait jamais de ses jeunes années de mangemort. Et maintenant Harry savait.

Il connaissait la vérité au sujet de son grand-père. Les mots de cette lettre étaient ancrés dans son esprit. Il savait que Severus avait toujours cette lettre, même s'il ne l'avait jamais vue. C'était la dernière chose que son grand-père lui avait envoyée avant sa mort. Severus avait alors vingt ans. Lors de la succession, il avait été surpris de découvrir qu'il avait hérité de tout, passant avant son père. Il n'était jamais retourné au Manoir. Une nuit, il avait amèrement dit à Harry que c'était certainement seulement parce qu'il était le moins pire des deux. Harry avait donc toujours pensé que son grand-père détestait Severus. Qu'il avait été déçu que son seul petit-fils ait été un bâtard.

Mais il s'était trompé. Severus avait été heureux avec son grand-père jusqu'à ce qu'il décide de devenir un mangemort.

Et c'est Harry qui en était entièrement responsable. Même s'il savait que Severus devait devenir ce qu'il était, il ne s'était pas le moins du monde attendu à être la raison qui l'avait poussé à se joindre à eux.

Et Severus le savait mais il voulait toujours être avec lui. Ou attendait-il qu'Harry soit revenu, qu'il provoque l'enchaînement des faits pour pouvoir mieux lui expliquer pourquoi ils ne pouvaient plus être ensemble ?

Il posa sa main gauche sur son poignet droit, ses doigts sur la marque de leur lien. Il inspira profondément.

« As-tu prévu de faire une potion, Potter ? La seule chose qu'il y a plus loin est mon laboratoire privé de potions. Mais je pensais qu'après neuf ans, tu le savais. »

Harry s'arrêta et regarda Severus. Il se tenait devant la porte de leurs quartiers. Leurs quartiers à tous les deux.

Harry haussa les épaules. Il ne pensait pas pouvoir dire quelque chose sans avoir l'air encore plus idiot que d'habitude. Il passa devant Severus et entra dans le salon.

Hpsshpss

Severus le regarda fixement. Ce n'était pas comme si on pouvait les voir. Le voir regarder Harry. La dernière fois qu'il l'avait vu, il était accompagné de Black et ils étaient dans le passé. Il avait alors décidé de ne pas discuter avec lui. Il ne savait pas encore à l'époque ce qu'il ressentait par rapport à ce que Harry avait fait.

Mais pendant les deux semaines qui venaient de s'écouler, il n'avait rien fait d'autre que d'y réfléchir. Il voulait toujours connaître ses raisons, mais il n'en avait plus vraiment besoin. Il n'avait pas besoin de connaître les raisons qui l'avaient poussé à avoir une aventure avec son jeune lui. Avec lui.

La logique lui avait permis d'accepter le fait que 'Octavian Tyler' et Harry Potter étaient la même personne. Il avait étudié sa relation avec Tyler sous tous les angles auxquels il avait pu penser. Sortir avec lui n'avait pas été amusant. Mais cela lui avait aussi permis de devenir l'homme qu'il était.

Il avait fait des choix fondés sur ce qu'il avait vu de Tyler et entendu sur lui. Son choix de rejoindre les mangemorts. Son choix de les quitter. Pendant de nombreuses années après le départ de Tyler, il avait été en colère. En colère contre Tyler, en colère contre lui. Mais la colère avait disparu. Et il avait appris à apprécier ce qu'il avait appris. Et il avait notamment appris ce qu'était l'amour.

Tyler avait eu raison en disant qu'il était tombé amoureux de ce qu'il pensait avoir vu et non de ce qu'il y avait vraiment.

C'était à ce moment-là qu'il avait ajouté Harry à l'équation. Maintenant, il pouvait voir tout ce que 'Tyler' avait caché à ses élèves. Il l'avait vu quand il était allé le voir. Il le savait parce qu'il connaissait Harry.

Harry laissa tomber son sac et donna un coup de pied dedans pour le pousser contre le mur. C'était une habitude que Severus trouvait généralement des plus énervantes. Mais pour une fois, elle était la bienvenue. Harry était à la maison.

Il lui avait manqué.

Severus rétrécit la distance qui les séparait. Le dos de Harry lui faisait face. Severus ne le toucha pas. Au lieu de ça, il regarda les muscles se crisper et Harry se redresser.

Il était évident pour Severus que lorsqu'il était arrivé dans le bureau de Remus, Harry n'avait pas été certain de son accueil. Il était capable de voir son sentiment d'insécurité depuis sa première année. Et même s'il le cachait en ce moment derrière la bravade et la détermination, Severus le voyait.

Harry était encore trop nerveux pour entendre le discours que Severus avait prévu. Ce n'était pas le temps des mots mais celui des actes.

Il entoura de ses bras la poitrine de Harry et attira le dos du jeune homme contre lui. Celui-ci ne se détendit pas du tout. Severus baissa la tête pour pouvoir lui murmurer à l'oreille.

« Tu es mien. Tu t'en rends compte ? Je ne partage pas. »

Harry soupira. « Je sais. Sev -»

« Chut. » Severus le fit se retourner tout en le gardant dans ses bras. Il prit son visage dans ses mains et regarda les yeux verts. Douleur, culpabilité et amour étaient cachés dans les ombres de ses yeux. Il passa son pouce sur sa joue. Harry ferma mes yeux.

« Arrête. » La voix de Harry était douce..

Severus haussa un sourcil, même si Harry ne pouvait pas voir son expression.

« Juste - non. Je -»

Son pouce glissa pour caresser la lèvre inférieure de Harry. « Du calme, Potter. »

Harry mordit sa lèvre inférieure, empêchant Severus de le toucher. Severus bougea légèrement sa main et appuya sur le coin de sa bouche jusqu'à ce que le jeune homme libère sa lèvre. Puis Severus baissa la tête et l'attira pour l'embrasser.

Alors qu'il mettait fin au baiser, Harry tourna le visage. Severus le libéra et se recula.

« Tu es impossible. Mais une fois encore, tu l'as toujours été. » Severus se dirigea vers le canapé.

« Tu es en colère. »

Severus grogna évasivement. « Je ne veux pas en parler maintenant, Harry. »

« Bien sûr que non. » Harry se posta devant lui et le regarda avec des yeux noirs. « Tourmentons Potter. C'est ton jeu préféré, après tout. »

Severus haussa un sourcil. « Vraiment ? Je ne m'en souviens pas. Je dois admettre que ça a l'air drôle. »

Harry s'écroula. L'indignation disparut et seule la confusion demeura. Severus tira Harry par le bras jusqu'à ce qu'il soit assis à côté de lui.

« J'insiste. Je ne veux pas en parler tout de suite. »

« Le devons-vous ? »

Severus soupira. « Parfois certaines choses se passent pour une raison. » Il suivit de son doigt la cicatrice sur sa joue. « Elle s'efface. Elle est plus belle que lorsque tu es parti. »

Harry repoussa la main de Severus. « Je déteste quand tu fais ça. Ne pouvons-nous pas en finir avec cette conversation ? »

« Les mots ne peuvent atteindre leur but qu'à un certain moment. » Severus se pencha, rapprochant leurs visages. « N'es-tu pas d'accord ? »

Harry lécha sa lèvre inférieure. Il ne dit rien. Severus non plus.

Ils ne bougèrent pas.

Harry plissa les yeux et le regarda. Severus ne sut pas ce qu'il y vit mais la tension dans le corps de Harry se dissipa légèrement. Severus se leva et lui tendit la main.

« Tu as besoin d'un bon bain chaud. »

Harry ne bougea pas.

« Pour te détendre. »

Harry se leva et se dirigea vers la salle de bains. Severus s'assit derrière son bureau.

Il ne voulait pas parler de ce qu'il s'est passé. Pas encore. Il voulait juste lui prouver que rien n'allait changer. Ce qui s'était passé entre eux au cours de sa sixième année l'avait affecté et il avait appris à le gérer et à continuer sa vie. Harry ferait de même. Il s'adaptait aux situations. Il était à moitié Serpentard, après tout.

Severus prit une pile de copies. Il lut rapidement celle qui se trouvait en haut du paquet avant de la noter et la posa sur le côté. Tout en corrigeant ses copies, il écoutait les bruits venant de la salle de bains : il entendit Harry ouvrir l'eau, la fermer, puis l'eau couler. Severus posa alors sa plume et entra dans la chambre.

Il se tenait dans l'encadrement de la porte quand Harry sortit de la salle de bains, une serviette autour des hanches. Severus avait toujours apprécié son corps. Il laissa son regard s'attarder sur les courbes de son corps, sur son os iliaque, sur la courbe de sa clavicule, les courbes de son visage.

Le jeune homme regarda autour de lui. Severus se dit qu'il devait se sentir bizarre d'être à nouveau ici après avoir vécu seul une année entière. Les deux fois où Harry avait déménagé, il lui avait fallu au moins une semaine pour retrouver ses repères. Severus se dit qu'il allait à nouveau lui falloir du temps.

« Que cherches-tu? »

Harry sursauta. « J'essaie de me rappeler ce qu'il y a dans les différents tiroirs. »

« Ah. » Severus entra dans la chambre et ferma la porte derrière lui. Il déboutonna sa robe. Lorsqu'il vit le regard de Harry, il haussa les épaules. « Il est tard. J'ai corrigé assez de copies pour cette nuit. »

Harry acquiesça mais ne bougea pas. Severus se mit devant le bureau, sans robe.

Il l'observa danser d'un pied sur l'autre. « Qu'est-ce qu'il y a ? »

« Rien. » Répondit Harry trop rapidement. Il fit un pas en avant mais s'arrêta.

Severus posa sa robe et sa chemise sur le dos de la chaise puis se tourna vers Harry. « Veux-tu arrêter de gigoter ? »

Harry acquiesça.

Severus soupira. Ca devenait ridicule. Il s'avança vers Harry et le prit par les épaules. « Rien ne va changer. Pas ce soir en tout cas. Je n'ai pas l'intention de parler d'Octavian Tyler ou de quoi que ce soit d'autre maintenant. » Sa colère se dissipa aussi rapidement qu'elle était apparue. Il relâcha son épaule. « Détends-toi, merde. »

Harry tendit la main vers Severus et repoussa une mèche qui lui tombait sur les yeux. « Je ne sais pas si je le peux. »

« Je suis sûr que si. »

Harry ferma les yeux. Severus posa ses lèvres près de son oreille et murmura, « Es-tu mal à l'aise ? »

Harry ne bougea pas mais le maître des potions sentit une secousse parcourir sa colonne vertébrale. Il posa une main sur le dos du Gryffondor et caressa de haut en bas les bosses de sa colonne vertébrale. Il y en avait beaucoup plus qu'avant, ce qui prouvait une fois de plus que le passé avait du être éprouvant pour Harry. Il toucha du bout des doigts son tatouage, retraçant parfaitement les lignes qu'il ne pouvait pourtant pas voir.

Il savait qu'Harry avait vu trop de choses. Et il ne savait toujours pas quel impact il avait eu sur ses proches. Après l'aveu de Remus d'être Rupert Knight, il avait entendu d'autres histoires dont Harry était directement ou indirectement responsable. Il était certain qu'il finirait par en entendre parler. Mais pour l'instant, il voulait qu'Harry ait un peu de tranquillité.

Il continuait à caresser son dos. Il le sentit remuer sous lui, envelopper sa taille de ses bras et appuyer son visage contre son épaule. Les souffles d'air chaud se transformèrent en légers baisers. Harry l'embrassait la bouche grande ouverte. Severus expira et agrippa d'une main les cheveux toujours mouillés d'Harry. Le jeune homme releva la tête, surpris.

« Désolé. » Severus desserra sa prise et Harry ferma les yeux, se collant contre sa poitrine. Severus soupira et se pencha en avant, mordillant le lobe de son oreille. Il lécha les gouttes d'eau qui tombaient des cheveux mouillés.

Harry frissonna dans ses bras et Severus sourit de satisfaction. Il cherchait à atteindre un point érogène derrière l'oreille de Harry. Il respira l'odeur de bois de santal provenant de son savon et suivit la veine de sa nuque, la suçant gentiment, savourant les gémissements qui s'échappaient de la bouche de Harry et la manière dont il bougeait contre son corps. Il savait qu'Harry n'avait pas conscience d'émettre ces sons, de faire ces mouvements et ça rendait tout cela encore plus doux.

Harry passa une main dans les cheveux de Severus, ses ongles égratignant son crâne alors qu'une main de son amant se resserrait sur sa taille, l'attirant plus près, poitrine contre poitrine. Severus prit plaisir à sentir les muscles glisser sur sa peau, les mains masser son crâne, son dos, caresser ses bras avant que des lèvres ne recouvrent les siennes pour un baiser fougueux.

La langue de Harry attaqua sa lèvre inférieure et il ouvrit la bouche. Leurs langues glissèrent l'une sur l'autre. C'était plus une bataille de dominance qu'un baiser : ils se poussaient l'un l'autre, essayant d'avoir le dessus, sans qu'aucun ne soit certain de gagner. Severus prit la lèvre inférieure de Harry entre ses dents et mordit mais pas suffisamment pour la faire saigner. Les ongles de Harry s'enfonçaient dans son dos, le faisant frissonner. Il arqua le dos en les sentant le griffer, s'arrêtant quand ils arrivèrent à hauteur de son pantalon.

Harry tourna la tête et Severus, privé de ses lèvres, s'attaqua à son cou, léchant et mordillant, laissant de petites marques rouges. Harry remuait sans relâche contre lui, ses doigts s'arrêtant pour détacher son pantalon.

Severus fut perdu dans les sensations de la peau douce sous ses doigts et sous sa bouche. Il caressa et embrassa, toucha partout tout ce qu'il pouvait atteindre de ses lèvres et de ses mains sans s'arrêter lorsque Harry remua pour s'éloigner, essayant d'attirer son attention sur autre chose. Il s'arrêta lorsque l'air froid des cachots caressa son corps, provoquant des frissons qui furent apaisés par les mains et les lèvres de Harry. Severus se débarrassa de son pantalon, enveloppant de son corps celui de Harry.

De ses mains, il recommença à parcourir le corps de son amant, ses doigts frôlant la peau plissée et dure des cicatrices, ce qui le fit gémir et haleter. Son pouce caressa ses mamelons et il regarda, ravi, la langue rose lécher ses lèvres, les yeux assombris de désir, presque noirs. Sa main descendit et s'arrêta lorsqu'il atteignit les poils élastiques qui entouraient l'érection de Harry. Celui-ci arqua le dos, essayant de se rapprocher de ses mains, les dents serrées. Il haletait.

Passage NC17

Il enfouit son visage dans les cheveux de Harry et inspira profondément. Il était chez lui.

« Harry, je -»

« Chut, Severus. » Et les mains de Harry massèrent son dos. Il essaya de s'éloigner, mais Harry l'enlaça, le tenant fort contre lui et Severus s'abandonna et ferma les yeux.

Hpsshpss

Harry roula sur le côté et regarda Severus qui dormait à côté de lui. Son visage était toujours crispé. Même dans son sommeil cet homme ne se détendait pas. Harry tendit la main pour lui toucher la joue mais n'acheva pas son mouvement.

La nuit dernière n'avait pas été normale pour eux. Même si ça n'avait pas été nouveau. Le sexe n'était en général pas aussi possessif entre eux. Ce qui lui venait à l'esprit était le confort, pas la possession.

Ils étaient certes tous les deux possessifs. Ca se manifestait autrement. Comme par leur lien.

Harry remua afin de se mettre sur le dos. Il n'avait pas pu dormir plus d'une heure depuis qu'il était au lit.

Il repoussa les couvertures et mit ses jambes sur le côté du lit. Il ne voulait pas réveiller Severus. Il était suffisamment confus comme ça et écouter Severus ne ferait que renforcer son trouble.

En rentrant, il ne s'était pas attendu à ce que son amant refuse de parler de ce qui s'était passé l'année précédente. Un an s'était écoulé pour lui, même si cela avait été moins long pour Severus.

Harry regarda le lit. Severus se tourna sur le côté, le dos face à lui. Il voyait la trace de ses doigts sur le dos de Severus : ils s'étaient laissés de légers bleus. Lui aussi en avait sur les épaules, à l'endroit où Severus l'avait tenu. Il avait également des égratignures qu'il avait gagnées quand ils étaient par terre.

Il posa une main sur son cou et parcourut la pièce du regard. Il n'avait pas l'impression d'en faire partie. Intellectuellement il savait qu'il vivait là, après tout, ses affaires traînaient à leur place habituelle. Mais cette histoire avec Severus… Les deux.

Il ne pouvait même pas les différencier. Ils étaient tous les deux Severus. Un vieux et un jeune. Mais c'était le même homme. L'un deviendrait finalement l'autre.

C'était si confus.

Du temps au loin. C'était de ça dont il avait besoin. Il ne pouvait pas rester ici. Il y avait d'autres chambres dans le château. Il y avait les quartiers qu'Albus lui avaient donnés quand il était venu enseigner quatre ans auparavant - le vieil homme savait très bien qu'Harry n'avait jamais eu l'intention de les utiliser.

Avant qu'il ait conscience de ce qu'il faisait, il avait déjà fait venir à lui sa malle et commençait à jeter des vêtements, des livres et d'autres objets dedans. Il s'arrêta aussi rapidement qu'il avait commencé.

Il ne pouvait pas faire ça. Il ne pouvait pas partir s'installer ailleurs. Mais il ne pouvait pas rester là, réveillé, à se demander ce que signifiait la nuit dernière. Et il refusait de réveiller Severus.

Il n'avait pas envie de mourir quand même.

Et il ne voulait pas non plus un mal de tête pire que celui qu'il sentait poindre.

Il mit quelques vêtements et sortit de la chambre, puis du salon et se retrouva dans les couloirs des cachots.

Il avait besoin de réfléchir.

Hpsshpss

Harry appuya la tête contre la fenêtre. Il avait oublié que c'était le début de la saison des pluies quand il était parti. Il pleuvait, le ciel était aussi noir que si la nuit allait bientôt tomber. Alors qu'il était à peine midi.

Il venait de passer plus de quatre heures à discuter avec Remus. Il ne savait pas non plus ce qu'il ressentait après cela. Il avait cru que la seule vie sur laquelle il avait eu de l'influence avait été celle de Severus. Remus lui avait prouvé à quel point il s'était trompé.

Il se demandait si cela n'était pas un autre exemple de changement. Son monde semblait se modifier. Lui qui voulait une vie stable !

Une vie qui ne serait pas affecté par sa propre existence. Dans le passé.

Les ombres autour de lui remuèrent et il vit un autre reflet à côté du sien. Il avait les cheveux roux. Il se redressa et regarda son meilleur ami.

« Je t'ai manqué ? »

Harry sourit. « Comme l'air que je respire. J'ai l'impression que ça fait une éternité, Ron. »

Ron lui tapota le dos. « Pas tout à fait, mais presque. »

Ils se dirigèrent vers le bureau de Hermione.

« Quand es-tu arrivé ? »

« Hermione m'a appelé hier pour me dire que tu revenais à la maison. Je me suis dit que tu serai occupé avec, euh, tu sais. » Ron grimaça. « De toute façon, j'ai pensé que je pouvais passer dire un petit bonjour. Oh, peu importe ce que tu fais, ne dis surtout pas à Maugrey que je suis là. Je lui ai dit que j'étais malade. »

Harry ne put s'empêcher de sourire. « Je suis sûr que c'est à moi que Maugrey posera la question en premier. »

« On ne sait jamais. » Ron ouvrit la porte du bureau de Hermione et ils entrèrent. « Je t'avais dit que je le trouverai, Hermione. »

« Il t'a fallu sacrément longtemps, oui. Qu'est-ce qui t'a pris aussi longtemps, Weasley ? »

« Que fais-tu ici, Malfoy ? »

« Dumbledore est passé par ici alors que tu venais de partir à la recherche de Harry. Il pensait qu'il serait bien que nous 'rattrapions' tous les quatre le temps perdu. » Hermione accentua certains mots et les assaisonna de sarcasme.

« Qu'est-il arrivé à la paix que vous aviez tous les deux conclue ? » Harry s'assit sur une chaise pendant que Ron se perchait sur un coin du bureau de Hermione.

Drago et Hermione se montrèrent du doigt. « C'est de sa faute. »

« Ca fait peur. J'aurais dû rester à la maison. Qu'est-ce que t'en pense, Harry ? »

« Je crois que je me suis habitué à leurs disputes. »

« Je ne me dispute pas avec elle. » Drago se pencha en avant. « Alors où te cachais-tu ? Je n'ai pas l'impression qu'il te manque des monceaux de chair, alors je présume que Severus a choisi de ne pas t'utiliser comme ingrédients de potions. »

« Je ne me cachais pas. »

« Remus a dit que tu t'étais arrêté pour lui parler. Que s'est-il passé ? » Hermione se tourna vers Ron. « Veux-tu t'asseoir sur une chaise ? Tu mélanges mes papiers. »

« Nous avons discuté. J'ai appris beaucoup de choses. »

« Comme quoi ? » Seule Hermione pouvait montrer autant d'enthousiasme quand il s'agissait d'apprendre.

« Saviez-vous qu'il avait écrit des livres ? »

« Bien sûr. » Sous le regard perçant de Harry, Drago poursuivit. « Pendant que tu étais parti, certains d'entre nous avons décidé de voir quel effet 'Octavian Tyler' avait eu sur nos vies. »

« Octavian Tyler ? Celui qui dresse les dragons ? »

« Où as-tu entendu cette histoire, Ron ? »

« Bill a commencé l'école quelques années après le départ de Tyler. Mais l'histoire n'a jamais arrêté de circuler. Les élèves les plus âgés en parlaient aux plus jeunes pour leur faire peur. 'On ne sait jamais, le professeur Tyler pourrait revenir.' Quand Bill en a parlé à Charlie, Charlie s'est mis à lire tout ce qu'il a pu sur les dragons. C'est ainsi que son obsession a commencé. »

« Non ! »

« Si. Mais pourquoi s'intéresser à un professeur qui enseignait à l'époque où les parents d'Harry étaient à l'école ? »

Hermione regarda Ron, un sourire sur le visage. « Harry est Octavian Tyler. »

Le regard de Ron oscilla de Hermione à Harry, la bouche légèrement ouverte sous le choc.

Harry se prit la tête entre les mains. « Dites-moi que c'est une blague. »

« Je le souhaiterais. »

Harry soupira.

« Le professeur Tyler et ses, » Drago s'éclaircit la gorge. « 'punitions sadiques' est la raison pour laquelle mon père n'a jamais laissé aucun sorcier lui couper les cheveux, ni les miens. C'est le seul moment où il laissait un moldu l'approcher. Essaye de comprendre ça. Veux-tu m'expliquer ? »

« Le dois-je ? »

« Eh bien tout ce qui fait sourire aux dépends d'un Malfoy devrait être divertissant. Surtout si tu t'arranges pour que ce Malfoy soit humilié. »

« La ferme, Weasley. »

« Oblige-moi à le faire, Malfoy. »

Hpsshpss

Harry regarda le bureau de Dumbledore. Il paraissait différent de la dernière fois où il l'avait vu. Heureusement, la dernière fois, il était des années dans le passé.

Il fit le tour du bureau qui se trouvait dans le salon. La grande table sur laquelle était posée la myriade d'échiquiers se trouvait contre le mur. Mais il n'y avait pas le moindre signe d'Albus.

Il prit une pièce et la mit dans sa poche. Il changea au hasard la position de nombreuses pièces. L'une d'elle tomba et il conjura un petit drapeau blanc. Il prit une pièce noire et l'entoura de pièces blanches. Il conjura également un drapeau blanc.

Il se recula et admira son travail. Il décida qu'il ne pourrait rien faire de plus pour le jeu. Il s'assit confortablement dans un fauteuil.

« Harry, je suis surpris que tu sois là. Je ne pensais pas te voir aujourd'hui. »

« J'ai pris ma journée. »

Albus se dirigea vers la table aux échiquiers et regarda les pièces mélangées. « Harry, qu'as-tu fait de Voldemort ? »

« Voldemort ? »

Albus acquiesça. Harry se leva et s'approcha d'Albus. Il désigna la pièce noire encerclée de pièces blanches.

« Très drôle, M. Potter. Ce n'est pas parce que tu comprends ma stratégie que tu peux venir ici et jouer avec les pièces. » Le scintillement des yeux de Dumbledore démentait son ton coupant.

« Ca ne se reproduira plus, je vous le promets. »

Albus se détourna des échiquiers. « La dernière fois que j'ai vérifié, tu ne m'avais pas battu Harry. »

Harry soupira et releva la pièce qu'il avait fait tomber.

Albus tendit la main.

« Quoi ? »

« Rends-la-moi. »

« Vous rendre quoi ? »

« Severus. »

« Comment voulez-vous que je le fasse. Je ne suis pas certain de savoir où il est. »

« Sa pièce, Harry. »

Harry mit sa main dans sa poche et sortit une petite croix grise qui représentait Severus. « Le dois-je vraiment ? »

« Oui. »

Harry ouvrit la main et Albus prit la pièce qu'il remit sur la table. D'un geste de la main, l'échiquier reprit la forme qu'il avait avant qu'Harry n'entre dans le bureau.

Harry retourna sur sa chaise et Albus s'assit en face de lui. Quelques minutes après, tous deux avaient une tasse de thé entre les mains.

« Pourquoi es-tu là ? »

« J'espérais que vous pourriez me rassurer. » Harry posa sa tasse et croisa les bras.

« A quel sujet, mon garçon ? »

« Me dire que je n'ai pas un effet sur toute chose. Que je suis juste Harry Potter. Que… »

« Que ta vie n'a pas été aussi nécessaire dans le passé que dans le présent? »

« Peut-être. »

Albus inspira et expira. « Harry, tout arrive pour une raison. »

« Severus a dit quelque chose comme ça la nuit dernière. »

« C'est un homme très intelligent. Toi aussi. Tu sais que je ne peux pas te rassurer. »

« Vous pourriez au moins me dire qu''Octavian Tyler' ne vous a pas changé. »

« Pourquoi penses-tu qu'une seule personne n'aurait pas d'effet sur moi ? »

Harry rit presque. « Rien ne peut vous affecter. »

« Tu sembles oublier que je ne suis qu'humain, Harry. »

Harry soupira. « Alors que vous ai-je fait ? Je collectionne les histoires. »

Dumbledore ricana. « Combien en as-tu ? »

« Remus, Drago et Charlie. Et je ne parle pas de tous les Weasley, de ma famille, de Severus… »

« Tu es là. » Albus fit venir un plateau de gâteaux. Il le lui tendit et le laissa en prendre un avant de se servir à son tour. « Tu te souviens quand j'ai commencé à t'enseigner le sort de racines, Harry ? »

« Bien sûr, il m'a aidé lorsque je m'entraînais à produire des boucliers. Sans parler des bases de la magie sans baguette. »

« Et que t'ai-je fait faire pour que tu apprennes à utiliser ce sort ? »

« Vous m'avez fait baisser puis remonter les barrières qui entourent votre bureau. Vous m'avez dit qu'il était nécessaire que je comprenne que les sorts combinés sont complexes avant que je puisse apprendre à les transformer. »

« Exactement. Et maintenant tu peux le faire sans réfléchir, même si je les change régulièrement. Peu de personnes peuvent traverser mes barrières et seulement de temps à autre. Et ceux qui le peuvent doivent me connaître depuis très longtemps. »

« Et ? » Harry reprit sa tasse et but.

« J'ai toujours ces bouteilles d'alcool que tu m'as si gracieusement envoyées. »

Harry se mordit la lèvre pour s'empêcher de rire.

« Je me suis demandé pendant très longtemps comment une personne que je connaissais à peine avait pu traverser mes barrières. Du coup, je les ai renforcées. J'ai fait la même chose avec celles entourant Poudlard. Tyler m'a obligé à vérifier si je n'avais pas de points faibles.

« En avez-vous trouvés ? »

« Pas beaucoup, mais il y en avait tout de même quelques-uns. Je dois admettre que j'étais trop confiant à l'époque. Nous étions en train de gagner la guerre ; Voldemort passait son temps à se cacher. C'était une bonne chose. »

« Ca ne me rassure pas vraiment. »

« Alors je ne te parlerai pas de mes barrières personnelles. »

Harry le regarda fixement.

« Sais-tu combien de temps il faut pour redonner leur forme d'origine à une centaine de mèches de cheveux transformées en lumière scintillante. »

Harry sourit d'un air satisfait. « Quatre jours, j'imagine. »

« A peu près, » Dit Albus en riant. Il posa sa tasse et regarda Harry par-dessus ses lunettes en demi-lune. « Il n'y a qu'une chose qui me vient à l'esprit quand je pense à Octavian Tyler. »

Harry regarda Albus par-dessus sa tasse. Il haussa un sourcil.

« La malédiction du poste de Défense Contre les Forces du Mal. »

Harry s'étouffa.

« Est-ce que tu vas bien, mon garçon ? »

Essayant de respirer, Harry ne fut capable que de sortir un seul mot. « Quoi ? »

« Je te demandais si tu allais bien. »

Harry le regarda avec des yeux noirs.

« Oh, la malédiction de ce poste. Eh bien, 'Tyler' fut le premier professeur à ne rester qu'une année. Par la suite, j'ai eu du mal à garder un professeur plus longtemps. Jusqu'à ce que tu reprennes le poste. »

« Alors vous me rendez responsable de la malédiction et de sa fin ? »

Albus acquiesça joyeusement et croqua un biscuit.