Réponses aux reviews :

Churchyard : Merciiiiiii ! Ce message m'a fait très plaisir, surtout quand tu m'as dis que tu aimais le chapitre 4 (j'étais pas très sûre de mon coup là…). Enfin, j'espère que la suite te plaira !

Kazuza : Merci pour cette review, je suis trop contente que cette histoire te plaise ! J'espère que tu aimeras ce chapitre et les suivants tout autant !

Titre : L'absent- chapitre III

Auteur : Kestrel21

Base : X/1999

Genre : Yaoï, à priori pas trop OOC, quelques spoilers mais rien de bien méchant et… je crois que c'est tout !

Résumé : Après son combat avec Fuma, Subaru a perdu la mémoire (j'ai toujours eu le don des résumés !).

Disclaimer : Aucun des persos de X ne m'appartiennent et c'est tant mieux comme ça tout le monde peut en profiter (quoi que je dirais pas non si on me proposait Subaru ou Seïshiro !) ! Ah, j'oubliais, les pensées des personnages sont entre guillemets !

La porte était légèrement entrouverte, Kamui hésita un instant avant de jeter un œil dans l'embrasure.

Debout devant la fenêtre, Subaru observait avec un intérêt certain les allées et venues des élèves du Campus Clamp.

- Je peux entrer ? demanda finalement Kamui après quelques instants.

Subaru eut un léger sursaut et s'écarta de la fenêtre.

- … Oui.

Kamui poussa complètement la large porte et fit quelques pas dans la pièce inondée de soleil.

- Tu as besoin d'aide pour t'installer ?

L'exorciste secoua la tête en signe de négation et jeta un nouveau regard à l'extérieur.

- C'est grand…, murmura-t-il. C'est là que tu vas au lycée ?

- Oui.

Kamui se demanda un instant si il devait lui dire que Subaru y était lui même inscrit en tant qu'élève de fac mais décida que non. Le jeune homme semblait suffisamment désorienté comme ça. Et Sorata avait déjà dû en avertir Imonoyama.

- Je ne vais pas tarder à y aller, fit le jeune homme en se rappelant soudain le but de sa venue. J'étais venu te dire que… si tu as besoin de quoi que se soit, n'hésite surtout pas à me demander… et aux autres aussi d'ailleurs ! ajouta-t-il avec précipitation.

Subaru le regarda, puis hocha la tête.

- D'accord.

Kamui sentit ses lèvres s'étirer en un sourire et contempla quelques instants Subaru qui regardait à nouveau au dehors, apparemment fasciné par ce qu'il voyait.

Ne sachant trop que faire, le plus jeune dansait nerveusement d'un pied sur l'autre lorsque la voix de Sorata le héla du premier étage :

- Kamui ! Descends, on va bientôt partir et tu n'as encore rien avalé ! Dépêche-toi !

L'interpellé hésita un instant, il n'avait vraiment pas envie d'aller en classe. En fait, il ne voulait pas quitter le manoir, il voulait rester ici avec Subaru. Il était rentré au manoir la veille en fin d'après-midi en sa compagnie et celle de Sorata et avait fait ainsi connaissance avec les autres Dragons du Ciel et découvert cet univers qu'il avait oublié.

Peut-être que Sorata comprendrait…

La porte s'ouvrit soudain, les faisant sursauter alors que le moine apparaissait dans l'encadrement.

- Ah ! s'exclama-t-il en apercevant Kamui. Je me doutais bien que je te trouverais ici ! Tu penseras à descendre j'espère !

Se tournant vers l'exorciste, son sourire s'élargit.

- Content de te voir réveillé ! Alors, bien dormi ?

Subaru acquiesça.

- Tu veux quelque chose à déjeuner ?

- Heu… je n'ais pas très faim pour le moment… mais merci quand même ! fit Subaru précipitamment, de peur de paraître impoli.

- C'est à toi de voir, répondit le moine. Mais n'oublis pas de te nourrir tout de même ! Et toi, tu viens avec moi ! fit-il en se saisissant du bras de Kamui pour l'entraîner à sa suite. A tout à l'heure et surtout, fais comme chez toi !

Subaru les salua et la porte se referma.

Une fois dans le couloir, Kamui se dégagea de la poigne du moine de Koya.

- Sorata, est-ce que je… ne pourrais pas rester ici aujourd'hui ?

- Et en quelle honneur ? demanda le sollicité avant que ses lèvres ne s'étirent en un sourire entendu. Ah, j'y suis ! Je me doutais que tu allais me demander ça à un moment où à un autre !

Kamui sentit une désagréable chaleur venir s'amasser dans ses joues.

- Je suis désolé de te décevoir mais il n'est pas question que tu sèches les cours, même pour Subaru. Bien que je me doutes que ce soit une raison suffisante, continua le moine avec toujours ce sourire en coin qui acheva de faire ressembler Kamui à un tomate bien mûre.

- C'est bon, je te taquines ! s'exclama le plus grand. Et tu n'as pas à t'inquiéter, il ne restera pas seul bien longtemps, Karen sera bientôt là !

Subaru descendit les grands escaliers de marbre.

Le manoir semblait désert, il ne croisa pas âme qui vive jusqu'à la lourde porte en bois menant vers l'extérieur.

Il quitta l'enceinte du manoir et traversa les innombrables allées du campus, désertes à cette heure où la plupart des élèves se trouvaient enfermés dans leurs salles de classe.

Le campus était encore plus impressionnant que ce qu'il en avait aperçu de la fenêtre de sa chambre.

Des arbres de toutes sortes poussaient à perte de vue et encadraient de larges allées de pierres.

Au loin, il apercevait les bâtiments scolaires qui étaient parfaitement proportionnés par rapport au complexe et à la hauteur des ambitions de leur directeur, c'est à dire gigantesques, impressionnants.

Il se demanda un instant combien d'élèves à la fois ce genre de bâtiment pouvait accueillir lorsque une bonne centaine des élèves en question envahirent les allées jusqu'ici tranquilles et silencieuses du parc.

Déboussolé, Subaru tenta de fuir vers un endroit moins fréquenté mais se heurta à une foule d'élèves peu encourageante.

Une voix plus forte que les autres, criant à son attention apparemment, parvint à ses oreilles.

- Sumeragi-san !

Une main lui attrapa le bras et l'extirpa du groupe.

Reprenant son souffle, Subaru baissa le regard vers son sauveur, un jeune homme blond à l'air enjoué. Les yeux bruns du garçon pétillaient de malice.

- Content de voir que vous êtes sorti de l'hôpital, Shiro me l'a appris ce matin ! s'exclama-t-il. Il sembla remarquer le bandage recouvrant son œil mort. En tout cas, je vois que ce n'était pas pour rien !

Subaru le fixait, mélange d'incompréhension et d'étonnement.

- J'espérais que ça rende Shiro plus joyeux, vous l'auriez vu ces derniers jours, un vrai zombie ! Bien sûr, il a tout de même l'air d'aller mieux mais j'ai l'impression qu'il y a autre chose. Il s'inquiète vraiment pour vous, vous savez !

- Shiro, il s'agit bien de Kamui ? demanda Subaru, lui coupant la parole.

Le blond s'arrêta à l'instant.

- Bien sûr que je parle de Kamui ! fit-il, un peu surpris. Vous connaissez beaucoup de Shiro vous? Ce n'est pourtant pas un nom si courant…

Une autre voix retentit soudain, coupant court au bavardage du jeune homme.

- Subaru ?! Mais qu'est-ce que tu fais ici ?

Kamui accourut vers eux, essoufflé. Il se planta devant l'exorciste et le fixa de ses yeux mauves.

- Je… je regardais simplement, fit Subaru, sentant que le plus jeune désirait une explication. Il ne fallait pas ?

Kamui le regarda un instant, déconcerté puis souffla.

- Si, si, murmura-t-il. J'avais cru que… mais ce n'est pas important. Au fait, fit-il en se tournant vers son camarade. Je te présentes Keïchi Segawa, c'est un ami.

- Mais nous nous connaissons déjà ! s'exclama le-dit Keïchi, surpris.

Mais il le fut plus encore lorsque Subaru le salua, courtois, comme si ils venaient de se rencontrer.

- Je t'expliquerais, lui chuchota Kamui.

- Heu… d'accord, fit le blond en se grattant le crâne. Bon, moi je vais en permanence, on se retrouve à la pause ?

Kamui acquiesça et Keïchi s'éloigna en les saluant de la main.

- Tu ne voulais pas aller avec lui ? demanda l'exorciste une fois qu'ils furent seuls.

Kamui, surpris, ne répondit pas tout de suite.

A vrai dire, cela ne lui était même pas venu à l'idée. Pourquoi aurait-il désiré rester avec Keïchi alors qu'il avait l'occasion de passer du temps avec Subaru ? Son état d'esprit devait se lire sur son visage car le magicien n'insista pas.

- Tu viens avec moi ? demanda finalement Kamui en sortant de ses pensées.

Il commença à avancer.

- Où allons-nous ?

Kamui nota l'emploi du « nous » et en ressentit un certain plaisir.

- C'est… un endroit que j'aime bien, fit-il en guise de réponse. Subaru sembla s'en contenter.

La première idée du lycéen avait été de l'emmener sur le lieu où le magicien l'aidait à faire ses devoirs jusqu'à avant son accident, avec l'espoir inavouable que l'endroit lui rappelle des souvenirs. Depuis l'annonce de son amnésie, il se raccrochait à n'importe quoi pour se rassurer et gardait l'illusion que sa mémoire reviendrait. Il essayait parfois inconsciemment de faire rejaillir des souvenirs enfouis avec des paroles, des gestes ou des lieux comme ce petit patio où Subaru et lui travaillaient auparavant.

- C'est joli ici, apprécia le magicien en regardant autour de lui, il prit place sur le banc.

Kamui refoula la déception qui commençait à lui nouer la gorge, s'installa courageusement face à Subaru et posa sa petite sacoche de cuir sur la table.

Spontanément, il commença à sortir ses manuels, comme il le faisait à chaque fois qu'il se retrouvait ici avec l'amnésique.

Subaru le regarda faire un instant.

Il n'était pas aveugle aux efforts du garçon, le simple fait de l'avoir amené ici n'était pas innocent. Apparemment, la perte de sa mémoire l'attristait plus que tous les autres.

Il songea que Kamui et lui avait probablement été très proches avant, la tristesse qui se lisait dans les yeux du jeune homme parlait d'elle-même. Il était possible qu'il ait tenté de stimuler sa mémoire en l'emmenant ici, lieu qui semblait lui être familier.

Subaru était désolé que cela n'ait pas provoquer une quelconque réaction, aussi décida-t-il de dire quelque chose, tout était préférable à ce regard de chiot abandonné que Kamui posait sur lui.

Voyant le lycéen sortir ses livres scolaires, il saisit l'occasion au vol.

- Ce sont tes cours ?

- Oui, fit le plus jeune en semblant recouvrer un semblant de vie.

- Tu as des devoirs à faire ?

Kamui hocha la tête.

- Des exercices en anglais et du japonais.

- Tu es bon en classe ?

Le jeune homme fit la grimace.

- Pas tellement, concéda-t-il. D'ailleurs, Sorata m'aide souvent pour mes devoirs.

Subaru se rappela les avoir vu faire la veille.

- Mais le problème, c'est qu'il fait autant de fautes que moi, si ce n'est plus. C'est vraiment gentil de sa part et je ne sais pas si j'y arriverais mieux seul. Mais je ramasse souvent des mauvaises notes.

- Tu veux que j'essaye de t'aider moi ? demanda l'exorciste.

Kamui parut surpris puis une lueur s'alluma au fond de ses yeux. Subaru supposa que sa proposition n'était pas si anodine qu'elle en avait l'air au premier abord.

- J'aimerais beaucoup, fit Kamui qui paressait plutôt enthousiaste. Mais… j'espère que ça ne te gênera pas.

- Au contraire, fit l'exorciste. Je n'ais rien à faire de mes journées et je pense que cela arrangera Sorata.

Kamui sourit.

- Fais moi voir tes exercices.

- Pfiouu ! souffla Kamui après un moment. Je ne penserais pas que ça irait si vite ! Mais ça me paraît beaucoup plus simple quand tu expliques.

Il se redressa et fixa Subaru.

- Tu t'es souvenu de tes cours ?

- Heu… pas vraiment, mais ça me paressait plutôt facile. Jusqu'où suis-je allé à l'école ?

Lui-même fut surpris de sa question. C'était la première fois qu'il demandait une information sur sa vie avant l'accident et cette constatation le plongea dans une profonde perplexité.

- Tu m'as dit avoir quitté l'école alors que tu étais à peu prés au même niveau que moi actuellement, lui apprit Kamui.

Subaru ne répondit pas. Le plus jeune se demanda un instant si c'était sa réponse ou sa propre question qui le troublait comme cela.

Le silence s'installa, au grand désarroi du leader céleste.

Alors qu'il cherchait quelque chose à dire, son regard se posa sur le petit cendrier de plastique continuellement posé sur la table.

- En tout cas, tu ne fumes plus maintenant, commença-t-il, à défaut de trouver autre chose à dire.

Subaru sortit de ses pensées et regarda Kamui, surpris.

- Je fumais ?

- Oui. Tu m'avais dit un jour que tu en avais besoin si tu voulais vaincre le Sakura…

Le reste de sa phrase mourut sur ses lèvres alors que ce qu'il venait de réaliser faisait lentement son chemin à l'intérieur de lui.

Bien entendu, il le savait, en théorie mais n'avait pas encore réfléchi à tout ce que cela représentait et impliquait, trop obnubilé qu'il était par ce que la perte de la mémoire de Subaru allait entraîner pour eux et signifiait pour lui.

Lorsqu'il avait revu Subaru pour la première fois depuis l'annonce de son amnésie, quelques jours plus tôt, la première chose qui l'avait frappé était qu'il était différent, de façon inexplicable, il ne parvenait pas à mettre un nom sur ce changement apparent qu'il ne pouvait définir avec précision.

Maintenant, il le voyait, c'était même si évident qu'il s'étonnait de ne pas l'avoir compris plus tôt.

Son regard, le miroir de son âme, avait changé. Il s'était départi de cette constante et triste mélancolie, de cette haine, dissimulée mais pourtant bel et bien présente, de cette impression qu'il supportait tout le poids du monde sur ses épaules.

Et ce, pour la simple raison qu'il avait oublié jusqu'à l'existence du Sakurazukamori et de la façon dont l'assassin avait détruit sa vie, le plongeant dans l'enfer et la solitude pendant neuf longues années où Subaru, malgré son désir de vengeance, n'avait songé qu'à lui, et pour des raisons toutes autres que sa rancœur.

- De qui parlait-tu ? demanda soudain l'exorciste.

- Hein ? Quoi ?! s'exclama Kamui, sorti brutalement de ses pensées.

Se reprenant, il baissa les yeux vers son manuel d'anglais.

- De personne…, marmonna-t-il en espérant que Subaru ne pousse pas plus loin ses investigations.

Le silence s'installa jusqu'à ce qu'une voix connue ne s'élève juste derrière eux.

- Hé ! Shiro !!

Kamui ne put s'empêcher de sursauter. Il se retourna et aperçut Keïchi.

- J'espère que je ne vous dérange pas ! s'exclama ce dernier en regardant Subaru en particulier, lequel le fixait avec un étonnement poli.

Le leader céleste avait envie de répondre par l'affirmative mais Keïchi lui souriait si gentiment qu'il n'en fit rien. Mais il se demanda un instant pourquoi le blond insistait toujours tant pour déjeuner avec lui. Kamui aurait préférer rester ici avec l'amnésique mais il n'avait à présent plus l'excuse de l'aide aux devoirs. Il se leva donc et rassembla ses livres. Puis il leva les yeux vers le médium.

- Vas-y, ne t'inquiète pas pour moi, murmura celui-ci.

Kamui sourit puis s'éloigna en compagnie de son camarade, après un petit signe de la main à Subaru.

Ils cheminèrent jusqu'à un petit banc dissimulé par un bosquet ombrageux, Keïchi meublant la conversation comme à son habitude, Kamui répondant distraitement, perdu dans ses pensées.

- Dis Shiro… ?

Kamui, surpris, se rendit soudain compte que le jeune homme avait cessé son babillage et le dévisageait maintenant avec circonspection.

- Oui ?

- Si ça t'ennuyait que je déjeune avec toi tous les jours, tu me le dirais n'est-ce pas ?

Le brun en resta coi, il ne s'attendait pas à cette question !

- Heu… non, finit-il par répondre. Pourquoi ?

- Je ne sais pas, fit Keïchi en détournant les yeux. Tout à l'heure, tu ne semblais vraiment pas content que je vienne te chercher. Tu aurais peut-être préférer rester avec Sumeragi-san.

- Non, non, fit Kamui en ayant l'impression d'être sincère. Et puis de toutes façons, je crois que ça l'aurait dérangé…, ne put-il s'empêcher de rajouter avec une légère amertume dans la voix.

Le blond sourit, un peu tristement et n'ajouta rien. Kamui se sentit soudain mal à l'aise.

- Bon, à part ça, fit Keïchi en retrouvant le sourire. Tu as apporté quoi à déjeuner ?

Le téléphone sonna.

Karen se saisit du combiné et l'approcha de son oreille.

- Manoir Imonoyama, j'écoute ?

Ce fut une voix de femme froide et sèche comme un rude hiver qui lui répondit.

- Bonjour. Pourrais-je parler à Subaru Sumeragi ?

La jeune femme se raidit.

- De la part de qui est-ce ? demanda-t-elle finalement.

- Annoncez-lui le douzième chef du clan Sumeragi. Je suis sa grand-mère.

Karen manqua de laisser tomber l'appareil.

- Heu…, balbutia-t-elle en se reprenant tant bien que mal. C'est à quel sujet ? demanda-t-elle en espérant ne pas commettre d'impolitesse.

Il y eut un silence au bout du fil et la vieille femme finit par répondre, d'une voix agacée prouvant qu'elle la gratifiait d'un immense honneur en lui révélant la raison de son appel.

- J'ai du travail à lui confier, une affaire délicate. Êtes-vous l'un des sept Sceaux mademoiselle ?

- Oui, répondit celle-ci, un peu dérouté par ce brusque changement de conversation. Je m'appelle Karen Kasumi.

Nouveau silence. La jeune femme avait la vague idée de l'occuper en lui parlant mais elle ne se faisait que peu d'illusions : la grand-mère de Subaru ne semblait pas le genre à se laisser distraire par des propos anodins sur la pluie et le beau temps.

- Pourrais-je parler à mon petit-fils, je vous pris ?

- A vrai dire, il est absent et j'ignore où le trouver. Mais peut-être que…

La porte s'ouvrit soudain sur Sorata et Arashi, de retour du lycée.

Karen se retourna vers les nouveaux arrivants et ceux-ci comprirent instantanément qu'il y avait un problème.

La femme rousse reprit le combiné et les deux jeunes gens tendirent l'oreille.

- Oui. Peut-être est-il chez lui, je ne possède pas son numéro mais… oui, d'accord. Au plaisir bien sûr ! Au revoir madame Sumeragi.

Sans jeter un regard au deux Dragons du Ciel, elle raccrocha lentement le combiné sur son socle.

- Elle va appeler chez lui n'est-ce pas ? demanda Sorata, brisant le silence tendu qui s'était installé.

- Oui, répondit Karen d'une voix sans timbre.

- On est mal, recommença le moine. Elle va forcément rappeler ici tôt ou tard et on ne pourra pas lui cacher éternellement ce qui est arrivé à Subaru !

Karen se posa un doigt sur les lèvres.

- C'est évident, fit-elle, pensive. Et elle m'a dit que c'était pour lui donner du travail, une affaire délicate, ajouta-t-elle, reprenant les mots de la vieille femme.

Sorata soupira.

- Ça, le clan Sumeragi risque de traverser une période difficile mais pas moins que nous, c'est certain. Surtout qu'il ne peut plus se servir de la magie !

- Et nous ne lui avons pas parler de la Prophétie ou d'autres choses, acheva Arashi. Mais au fait, savez-vous où il est ?

Sorata la regarda et se gratta le crâne, semblant réfléchir. Karen prit la parole.

- Pour être honnête, je n'en ais pas la moindre idée.

- J'espère seulement qu'il n'a pas quitté le Manoir seul…

Le moine fut interrompu par le grincement de la large porte de chêne.

Les trois jeunes gens firent volte face et leurs regards convergèrent vers le nouvel arrivant.

- Ah, Kamui ! Tu tombes bien ! Tu n'aurais pas vu Subaru par hasard ?

Une voix basse s'éleva de dehors au moment où Kamui ouvrait la bouche.

- Je suis ici.

Il y eut un silence et celui-ci demeura jusqu'à ce que la porte ce fut refermer derrière le magicien.

- Où était-tu ? demanda Arashi en espérant ne pas avoir prit ce ton trop dur qui lui était pourtant coutumier et qui était celui qu'elle employait généralement pour s'adresser à Sorata, un mélange d'âpreté et d'indifférence qui semblait peiner le moine de Koya malgré sa bonne humeur et son optimisme apparent.

D'habitude, elle se fichait des sentiments que ses actions et paroles faisaient naître dans le cœur des gens mais depuis quelques temps, elle sentait qu'elle commençait à s'en soucier davantage.

La proximité des autres Sceaux avait dû aider et les paroles de la Miko d'Isé lui revenaient régulièrement en mémoire.

« Tu rencontreras beaucoup de gens. Des gens qui auront de l'affection pour toi, d'autres qui te seront hostiles et aussi des gens qui t'aimeront. »

Lorsqu'elles avaient été prononcées, ces affirmations avaient jeté un grand trouble dans son esprit, trouble qui se semblait pas vouloir s'effacer. L'affection et l'amour était deux formes de sentiment bien distinctes, les autres Dragons du Ciel l'appréciaient-elle parce qu'elle se battait pour leur cause ou bien pour elle même ? N'étant pas expansive de nature, elle ne s'était jamais intéressée à la palette extraordinairement vaste des sentiments humains et manquait par conséquent d'expérience en la matière, elle ne parvenait pas à trancher et cette indécision constante l'empêchait de leur témoigner de la gentillesse ou même tout simplement de l'intérêt.

Même avec Sorata, surtout avec Sorata en vérité.

L'amour, le véritable, celui que le moine disait éprouver pour elle, n'avait toujours été qu'une suite de lettre sans signification, ou quelque chose de si grand et inconnu qu'il en prenait une dimension presque mystique.

Peut-être aurait-elle pu croire qu'il était sincère si il n'y avait pas eu cette « déclaration » pour le moins inhabituelle.

Comment pouvait-on choisir quelqu'un de cette façon pour la seule raison qu'un vieil halluciné lui avait un jour prédit qu'il donnerait sa vie pour une femme ?

Et les blagues ou remarques plus ou moins douteuses qu'il sortait à longueur de journée comme si tout cela n'était qu'une grosse farce et qu'elle ne comptait pas plus à ses yeux que comme le Sceau qu'elle était.

« Si les gens sensés m'aimer le feront de la même manière que lui, je ne vois vraiment pas l'intérêt de leur témoigner de l'affection ! » lui arrivait-il de penser parfois.

Mais avec Subaru, elle avait réagi différemment. Cela pouvait paraître étrange mais elle se l'expliquait avec facilité.

Du fait de sa perte de mémoire, il n'était plus concerné par leur cause et elle était persuadée que Subaru les prenait pour des gens normaux, pas pour des « demi-dieux » luttant pour le salut de la terre.

Avant elle réagissait pareil avec lui qu'avec tous les autres mais maintenant… ce n'était plus la même chose. Il lui paressait beaucoup plus innocent, plus enfantin, il n'avait plus ce masque d'indifférence, il ne cachait plus ses émotions.

Si un jour, en se posant sur elle, son regard exprimait de l'affection, elle savait que ce ne serait pas feint.

Et c'est pour cette raison qu'elle ne voulait pas le blesser d'une quelconque manière car il était maintenant le seul à pouvoir l'aimer et l'apprécier comme elle désirait l'être.

Sincèrement.

- Je… j'étais allé me promener dans le parc, bredouilla Subaru, sentant tous les regards posés sur lui. Et j'ai rencontré Kamui…

- Il m'a aidé à faire mes devoirs ! s'exclama soudain Kamui avec précipitation.

- Tu… comment ?! fit Sorata. Tu veux dire que… tu t'es souvenu de tes cours ?

Subaru ne put s'empêcher de sourire à cette question, elle était mot pour mot la même que celle de Kamui quelques heures auparavant.

- Je me suis beaucoup aidé de ses manuels scolaires mais j'avoue que les exercices m'ont parus plutôt faciles.

Rêvait-il ou bien le moine semblait déçu ? Peut-être voulait-il conserver sa place d'aide auprès de Kamui ou bien pensait-il que ses souvenirs revenaient en lui et regrettait finalement que ce ne soit pas le cas.

Décidément, les gens qui se disaient ses amis avaient des réactions bien étranges mais après tout, comment leur en vouloir, ils avaient cru revoir un ami et s'étaient retrouver avec un quasi-inconnu. Malgré cette pensée, il ne put s'empêcher de se sentir quelque peu énervé. Et de savoir que cette idée était des plus égoïstes ne faisait que renforcer son agacement.

- Où sommes-nous ?

- Heu… je ne sais pas…, reconnu le jeune homme en observant les alentours.

Il se trouvait dans un immense champ d'herbe verte ondoyant sous une brise légère. Au dessus de lui, le ciel se teintait de bleu pâle alors que les dernières étoiles mouraient, cachées par la lumière beaucoup plus vive des premiers rayons du soleil qui commençait à apparaître à l'horizon.

Il regarda autour de lui une nouvelle fois et aperçut au loin une petite butte, sur laquelle poussait un cerisier solitaire recouvert de feuilles vert tendre.

La silhouette gracieuse de l'arbre commençait à peine à se découper à contre-jour devant le soleil naissant et des rais de lumière filtraient faiblement à travers son feuillage dense.

- Je ne sais pas où nous sommes mais en tout cas, c'est très beau ! s'extasia la personne non loin de lui.

Il reporta son attention sur elle et la détailla un instant, il s'agissait d'une jeune femme d'environ son âge, aux cheveux d'ébène coupés courts, elle portait d'amples vêtements blancs et son regard émeraude pétillait de joie de vivre.

S'étirant, elle inspira avec délice et fourragea dans l'herbe de son pied nu.

- Cette herbe est vraiment douce ! s'exclama-t-elle. Et, sans préambule, elle s'y laissa tomber, les bras en croix, un air heureux sur le visage.

- On dirait un rêve…, murmura-t-elle après un instant d'écoute des petits pépiements d'oiseaux. Remarque, fit-elle en se redressant sur les coudes. C'en est sûrement un !

Elle se laissa retomber et caressa l'herbe du plat de la main. Bientôt, une petite coccinelle courrait entre ses doigts.

- 1… 2… 3… 4… 5 ! compta-t-elle à voix haute. 5 points, le nombre d'années dans lesquelles je célèbrerais mon mariage !

Perplexe, le jeune homme la fixait et finit par s'asseoir aux côtés de la jeune femme allongée.

Souriante, celle-ci souffla légèrement sur sa main et la petite bête rouge et noire s'envola dans le ciel mauve de l'aube.

Elle la regarda disparaître puis soupira de bien-être en tournant la tête vers lui.

- En tout cas, je te félicite ! Ton rêve est vraiment très agréable, Subaru !

L'interpellé sursauta.

- Comment connaît-tu mon nom ?!

- Ne t'inquiète pas ! lança-t-elle. Il n'y a rien d'étonnant à cela !

Elle se tut un instant puis reprit doucement, une note de tristesse transparaissant dans sa voix.

- Et il n'y a rien d'étonnant non plus à ce que tu ne me connaisses pas…

Subaru s'aperçut de la soudaine mélancolie qu'exprimait son visage et s'en sentit très malheureux, sans qu'il ne sache trop pourquoi.

Mais sa compagne retrouva bien vite le sourire. Son regard embrassa le paysage autour d'eux.

« Et dire que ce cerisier aurait dû être en fleurs… », ne put-elle s'empêcher de songer.

Le silence s'était installé entre eux, léger et agréable. Du coin de l'œil, elle observait Subaru.

Les genoux ramenés sous lui, il contemplait le ciel qui s'éclaircissait, semblant perdu dans ses pensées.

Un souffle balaya soudain le pré, faisant danser les innombrables brins d'herbes et les hautes feuilles de l'arbre.

La jeune femme se redressa et murmura :

- Le vent se lève… je vais m'en aller.

Déjà, elle s'était levée et commençait doucement à s'éloigner.

- Tu… tu t'en vas ? murmura Subaru. Où ?!

Elle lui sourit avec tendresse mais ne répondit pas.

- Est-ce que… on pourra se revoir ? finit-il par demander, anxieux.

- J'adore cet endroit ! répondit-elle. Nous nous y retrouverons à nouveau, ne t'en fais pas !

Elle était à présent en lévitation dans les airs, suivant le tracé d'un chemin invisible qui montait vers les nuages cotonneux.

Alors qu'elle commençait à disparaître, Subaru sembla sortir d'une sorte de transe dans laquelle la scène l'avait plongé.

- Attends ! s'écria-t-il. Dis moi ton nom, s'il te plaît !

Elle s'évapora à cet instant alors que le soleil commençait déjà à réchauffer le corps du rêveur et envoyait des reflets d'argent sur cet océan de verdure.

Il flottait.

Dans de l'air, dans de l'eau, ailleurs…

Comment savoir avec les rêves ?

Lui-même avait appris depuis longtemps à ne plus s'en soucier. Il ne sentait même pas le sol sous ses pieds, le haut et le bas étaient, comme le ciel et la terre, devenues des notions abstraites et sans sens.

Il ne faisait ni chaud ni froid, ni même tiède, tout était noir et nébuleux.

Etait-il aveugle, sourd ? Il lui arrivait fréquemment de se le demander… avant quand il ne voyait pas ses bras pâles pourtant tendus devant lui et n'entendait pas le battement de son propre cœur.

Mais le monde immatériel du sommeil et des songes faisait fi des lois élémentaires régissant le monde terrestre.

D'ailleurs, le pays des rêves lui était beaucoup plus familier et connu que celui des humains et il lui arrivait souvent de le préférer à l'autre.

Ici, il était capable de se mouvoir sans l'aide de personne et d'aller où bon lui semblait alors que, dans la « réalité », il était condamné à rester allongé dans un lit entouré d'épais rideaux de laissant filtrer aucune lumière et ne survivait que grâce à des dizaines de perfusions lui permettant de se nourrir.

Une onde traversa soudain l'espace, faisant vibrer l'air autour de lui. Il baissa les yeux et aperçut des rides se formant dans une sorte de lac noir d'encre dont il pouvait maintenant distinguer la plénitude et l'immensité.

Comme une goutte d'eau tombant dans cette étendue liquide et calme, en brisant l'immobilité et l'ordonnance parfaite.

Mais cette surface plane et sombre redevint bientôt lisse comme un miroir.

Seulement, il savait ce que cela signifiait.

Comme en apesanteur, il descendit lentement et sentit soudain la surface dure comme de la pierre et froide comme la glace sous son pied nu. Il s'agenouilla sur le « sol » et, posant ses mains à plat devant lui, il se baissa jusqu'à laisser ses cheveux blonds balayer l'étendue glaciale.

Ses yeux d'un bleu limpide fixait obstinément le sol à présent comme si son seul regard avait le pouvoir de le faire fondre.

Durant un moment incalculable, il ne distingua rien mais bientôt, des formes et des couleurs apparurent, légèrement déformées par la glace sur laquelle il reposait.

Un immense pré où l'herbe verte ondoyait sous la brise, reflétant la lumière du soleil levant.

L'herbe était très fournie et paressait si douce… il aurait tellement voulu pouvoir la fouler de son pied ou s'y allonger comme le faisaient le garçon et la fille là-bas, au pied de la butte.

Mais il lui était impossible de traverser cette barrière aussi dure et transparente que le verre, marquant la frontière entre ce rêve et lui. Comme toujours, il ne pourrait que le « lire »…

Ce rêve appartenait au jeune homme, l'un des sept Sceaux vraisemblablement, de sa prison de glace, il pouvait ressentir une importante concentration de pouvoirs.

Quant à la jeune femme, il comprit bien vite qu'elle faisait partie intégrante du songe.

Etait-ce une morte ? Oui, probablement bien qu'il n'ait pas l'air de la reconnaître, ou même de la connaître tout court.

Ce qui étrangement, ne semblait pas être le cas pour elle.

Le vent se mit soudain à souffler avec plus de vigueur, bien que lui ne sente rien, la jeune femme se redressa et commença à s'éloigner, en lévitation dans les airs avant de disparaître complètement, se fondant dans les nuages.

Après son départ, son compagnon resta debout pendant un long moment, les yeux levés vers l'endroit de sa disparition.

Ce fut la dernière image qu'il put voir, bientôt le rêve se brouilla, s'effaça et reprit sa couleur originelle, celle qu'il voyait toujours, celle qui lui laissait tout imaginer, celle qui lui faisait sentir le poids de sa solitude.

Le noir.

Il avait l'impression de marcher sur une étendue d'eau liquide, des ondes se formaient sous ses pas.

Kakyo ne l'avait pas entendu.

Il était couché non loin de lui, ses cheveux blonds argent ramenés sur son visage et ses amples vêtements blancs déployés autour de son corps fin et pâle qui donnait l'impression qu'il se briserait à la moindre pression comme le cristal le plus pur.

Il regarda autour de lui puis baissa les yeux à l'endroit où l'image idyllique de la prairie s'effaçait définitivement.

Il releva la tête et regarda le liseur de rêve gisant comme mort par dessus ses petites lunettes de soleil.

- Qu'as-tu vu ?

Kakyo ne l'entendit pas.

Le nouvel arrivant s'avança, le prit délicatement dans ses bras et le souleva de terre. Il sentit alors les mains fragiles et enfantines s'accrocher à son cou et le corps léger comme une plume se presser contre son torse.

Lentement, le leader terrestre s'agenouilla et le serra contre lui, comme il le faisait généralement à la sortie des rêves, pour le consoler ou le rassurer. Il était comme un petit enfant qui accueillait avec bonheur les bras protecteurs de sa mère après une nuit peuplée de cauchemars et de monstres terrifiants.

Mais ici, Fuma ne sentait pas son petit corps agité de soubresauts ou de sanglots étouffés, juste un apparent besoin de contact et de chaleur.

Les longs ongles de Kakyo s'enfonçaient dans la chair de son dos tandis qu'il enfouissait son visage pâle comme la lune dans le creux de son cou et que son corps entier se lovait contre son large torse.

Ils restèrent longtemps ainsi, jusqu'à ce que le yumémi ne relève la tête et ne pose sur lui ses grands yeux bleus, presque transparents, reflétant comme toujours une infinie tristesse.

- L'un des Sceaux a rêvé, fit-il d'une voix épuisée.

- Qu'as tu vu Kakyo ? demanda Fuma d'un voix douce.

- Un champ d'herbe verte, murmura le liseur de rêve en se souvenant des reflets argentés dans cet marée de verdure et du soleil apparaissant au loin, derrière le cerisier. Il était avec une morte qu'il ne reconnaissait pas… qu'est-ce que cela signifie ?

Fuma ferma les yeux un instant , paressant réfléchir. Kakyo laissa aller sa tête sur son épaule, exténué.

- Je crois qu'il s'agit du rêve du treizième chef du clan Sumeragi, qui a récemment perdu la mémoire.

Le yumémi tressauta légèrement.

- Mais… alors… ?

- Il n'est plus capable de créer un kekkaï, son souhait a été emporté avec ses souvenirs.

Kakyo ne dit rien, se contentant de remuer ses pieds pensivement.

Un choc. Une pierre tombant dans ce lac si sombre et si tranquille qu'il en paraît recouvert de glace.

Fuma embrassa Kakyo sur le front et le remit doucement sur ses jambes, le liseur de rêve trembla sous le contact du sol froid et le départ soudain de la chaleur de l'Ange.

- A tout à l'heure, murmura ce dernier avec un doux sourire.

- Monsieur, monsieur !!

Une petite main le secouait, il ouvrit les yeux et la lumière éblouissante du soleil de cette fin d'après-midi l'aveugla un instant.

Il embrassa du regard la large place découverte de la galerie marchande d'Ebisu et la propriétaire de la main qui agitait son épaule, une petite fille avec des couettes.

- Si tu dors ici, tu vas attraper une insolation ! Et en plus, on ne sait jamais quand un tremblement de terre va se déclencher, il ne faut pas trop s'attarder !

Il sourit et se redressa.

- C'est pour ça que tu m'as réveillé ?

- Oui !

A suivre…

Ouf ! Enfin la fin du chapitre 3 ! J'ai cru qu'il ne serait jamais prêt à temps celui-là !

Encore un chapitre pour rien, pas d'actions, aucune importance pour l'histoire mais bon… Faudra vous y habituez !

Sinon, je sais que la scène avec la petite fille se passe aux alentours du volume 14 mais il y a eu pas mal de bouleversements question chronologie dans cette fic par rapport à la série, vu que Subaru est sorti de l'hôpital plus tôt, bien avant la destruction de Shinjuku. Donc j'espère ne pas froisser les puristes !

Et encore merci de me lire !

A bientôt pour le chapitre 4 !

K21