Réponses aux reviews :

Kazuza Contente de voir que cette histoire te plaît toujours ! Mais ce chapitre était exceptionnellement long, les autres ne le seront pas autant (normalement !). Et pour ce qui est d'une nouvelle rencontre Subaru/ Seïshiro, c'est pour maintenant ! J'espère que tu aimeras !

Roxane : Rassure toi, il ne vont pas cacher ça bien longtemps à Lady Sumeragi, c'est l'affaire de quelques chapitres ! C'est sûr que ça aurait été beaucoup plus simple de lui dire dés le début mais enfin… et non, pas de remède miracle contre l'amnésie, ça serait trop simple ! J'espère que tu aimeras ce chapitre !

Churchyard : Ne t'en fais pas, j'avais bien compris que tu parlais de ce chapitre-ci, celui ou Seï-chan retrouve Subaru ! Alors je t'ais remercié pour celui-là ! J'espère que la suite te plaira !

Titre : L'absent- chapitre IV

Auteur : Kestrel21

Base : X/1999

Genre : Yaoï, à priori pas trop OOC, quelques spoilers mais rien de bien méchant et… je crois que c'est tout !

Résumé : Après son combat avec Fuma, Subaru a perdu la mémoire (j'ai toujours eu le don des résumés !).

Disclaimer : Aucun des persos de X ne m'appartiennent et c'est tant mieux comme ça tout le monde peut en profiter (quoi que je dirais pas non si on me proposait Subaru ou Seïshiro !) ! Ah, j'oubliais, les pensées des personnages sont entre guillemets !

C'est dingue comme le simple fait d'avoir des lecteurs donne envie d'écrire la suite ! Je remercie donc chaleureusement Naëlle pour son gentil message et Karura pour ses encouragements !

« … je suis absent pour le moment, veuillez me laisser un message après le bip, je vous rappellerais dés que possible. »

Bip.

- Subaru, vous êtes là, j'en suis sûre… répondez-moi.

Mais à l'autre bout du fil, il n'y avait toujours que le silence.

Elle soupira.

- Où êtes-vous, Subaru ? Répondez, je vous en conjure…

Mais il restait sourd à ses appels, il le restait toujours. Maintenant qu'elle y pensait, cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas entendu la voix de son petit-fils…

- Je sais que vous êtes ici, décrochez ce téléphone !

Elle se rendit compte avec une légère inquiétude que sa voix, reflétant comme toujours son attitude et son maintien inébranlable, avait à peine tremblé.

Mais à peine, c'était déjà trop.

Il était probablement sorti, elle allait laisser un message avec le lieu où il devait se rendre pour son travail ainsi que des instructions particulières.

Comme d'habitude.

- Il s'agit d'une affaire importante, je désire que vous vous rendiez au village de Shukugawa (1), je vais vous indiquez l'adresse…

Sans savoir pourquoi, elle se tut, incapable de prononcer un mot de plus.

- Allons, ne faites pas l'enfant ! s'exclama-t-elle soudain pour dissimuler son trouble. Répondez-moi, je sais que vous êtes ici !

Mais son injonction fut sans effet, tout comme les précédentes.

Se reprenant, elle baissa les yeux sur le morceau de papier qu'elle tenait en main, les coordonnées du client de son petit-fils.

Ces informations lui parurent soudain si futiles, tellement sans importance… elle sentit la colère l'envahir sans qu'elle put en déceler l'origine. Elle s'empêcha de justesse de déchirer la précieuse feuille sous l'effet de sa rage.

Pourquoi donc se sentait-elle si mal tout d'un coup, pourquoi cette conversation à sens unique la mettait-elle dans cet état ?!

Elle se détestait de s'abandonner ainsi à cette tristesse qui l'habitait pourtant depuis neuf longues années, de laisser ainsi ses émotions l'envahir même si personne ne pouvait la voir. Cette impuissance qu'elle ne s'imaginait pas posséder l'emplissait d'un mépris sans bornes pour sa propre personne.

Elle secoua la tête, refusant de penser à cela même si il s'agissait également là d'un signe de faiblesse inacceptable.

Elle regarda à nouveau son feuillet et d'une voix égale, calme, posée, normale, ne trahissant en aucun cas son état d'esprit, elle dicta l'adresse, donna les instructions et se tut à nouveau.

C'était étrange, même si elle n'avait plus rien à dire ici, elle ne pouvait se résoudre à reposer le combiné et à retourner vaquer à ses occupations. Elle gardait malgré tout l'espoir d'entendre au bout de la ligne le bruit sec du téléphone qu'on décroche et que ce silence oppressant soit remplacé par la voix du jeune homme…

Mais elle espérait en vain, comme d'habitude.

- Subaru, je vous en supplie… prenez soin de vous…

Le combiné retomba sur son socle avec violence.

Le feu passa enfin au vert, faisant stopper net la longue file de voitures qui encombrait le boulevard, dans un concert de crissements de pneus et de coups de klaxons.

Les mains dans les poches, Subaru se dépêcha de traverser le passage piéton.

Décidément, il avait mal choisi son heure, songea-t-il une fois encore alors qu'il se frayait un chemin tant bien que mal au milieu d'une foule de plus en plus dense de travailleurs qui sortaient par centaines des immenses buildings et se faisait aspirer par les bouches de métro. Le soleil commençait déjà à disparaître derrière les bâtiments dont il ne parvenait même pas à voir le sommet sans en avoir le vertige

Il soupira. Cet endroit lui était décidément bien familier… pour la bonne raison qu'il était déjà passé par là un quart d'heure plus tôt. Il préférait ne pas savoir depuis combien de temps il tournait en rond mais une chose était sûre, être perdu dans Tokyo à l'heure de pointe n'était pas forcément la meilleure des choses, d'autant qu'il n'avait prévenu personne de sa sortie improvisée.

Et tous étaient plutôt du genre à rapidement se faire du souci pour lui, et tout particulièrement Kamui.

Ce jeune homme lui paressait vraiment des plus intriguant lorsqu'il y réfléchissait.

Il était clair que c'était celui que son amnésie semblait avoir le plus chamboulé. Bien entendu, les autres aussi en paraissaient ébranlés mais le cas du garçon aux yeux améthystes était encore différent. Il semblait vraiment être animé de sentiments particuliers à son égard, chose qu'il ne relevait pas chez les autres. A chaque fois que Kamui le voyait, son visage exprimait beaucoup de joie mais cette gaieté apparente était ternie par une pointe de mélancolique tristesse qui, bien que quasi indécelable, serrait le cœur de l'amnésique. Il lui semblait que Kamui attendait quelque chose de lui, quelque chose qu'il n'était pas en mesure de lui donner. Ou bien n'était plus en mesure de lui donner.

Les questions sur l'étrange comportement de l'adolescent étaient celles qui lui revenaient le plus souvent. Généralement, il ne questionnait jamais les autres sur ses vingt-cinq ans de vie partis en fumée, c'était souvent indépendamment de sa volonté qu'il apprenait de nouvelles choses, comme cette ancienne habitude qu'il avait de fumer par exemple.

Voilà encore un mystère qu'il ne parvenait pas à s'expliquer, il n'éprouvait pourtant jamais aucune gêne ou malaise lié au manque de nicotine malgré son arrêt brutal dû à son séjour à l'hôpital. Mais ce séjour avait-il été si court ?

Comment pouvait-il le savoir alors qu'il ne se souvenait qu'à partir de son réveil ? Sa tentative de fuite qui semblait tant avoir choqué le personnel hospitalier ne s'était en aucun cas rappelée à sa mémoire, au point qu'il s'était demandé si ceux-ci n'affabulaient pas.

Il secoua la tête, sentant l'énervement le gagner. Ce n'était pas le moment de s'interroger sur cela, il devait trouver un moyen de regagner le Campus.

Il n'avait pas de plan, aucun sou en poche pour prendre le métro mais peut-être trouverait-il une âme charitable qui consentirait à lui indiquer un chemin, songea-t-il en regardant autour de lui les hommes et les femmes pressés qui couraient en tous sens.

- Excusez-moi !

L'homme interpellé, un sémillant trentenaire à fines lunettes et chapeau de feutre enfoncé sur le crâne, s'arrêta et regarda autour de lui, se demandant probablement si cet appel lui était destiné.

Décidant de lui-même que non, il reprit sa route sans plus tarder, laissant un Subaru interdit à quelques mètres de lui.

Ne se laissant pas abattre, l'exorciste avisa un homme à la carrure imposante passant prés de lui, il l'interpella aussitôt.

- Excusez-moi !

L'individu interrompit sa marche et baissa la tête vers l'amnésique, le fixant de ses petits yeux noirs.

- Pourriez vous m'indiquer un chemin pour le Campus Clamp, s'il vous plaît ?

L'homme le dévisagea un instant sans mot dire puis sourit, révélant une dent en or sur le côté droit.

Sans trop savoir pourquoi, Subaru sentit un curieux mal-être l'envahir mais il fit de son mieux pour n'en rien laisser paraître.

Comme l'autre ne pipait mot, le jeune médium s'apprêtait à réitérer sa question lorsque son vis-à-vis le coupa.

- Vous êtes perdu ?

Subaru avait envie de répondre que cela ne le concernait en rien mais répondit néanmoins, de peur de paraître impoli.

- Oui. C'est la première fois que je viens à Tokyo. Alors, pouvez vous m'indiquer… ?

Le sourire du personnage gagna encore quelques degrés.

- La première fois…, répéta-t-il d'un air pensif. Effectivement, cela arrive régulièrement quand on ne connaît pas l'endroit. Et puis Tokyo est une ville immense.

Il posa une main affable sur l'épaule de Subaru.

- Si vous le voulez, je peux vous y déposer, ma voiture n'est pas loin.

L'amnésique haussa un sourcil, étonné et légèrement méfiant devant tant d'altruisme.

- Je préférerais que vous m'expliquiez comment m'y rendre, si ça ne vous dérange pas.

- Vous êtes attendu ?

- Heu… oui.

- Dans ce cas, on ne vous y verra pas avant un moment, l'endroit que vous cherchez se trouve à l'autre bout de la ville. Pourquoi ne prenez vous pas le métro ?

- Je n'ais pas d'argent.

Subaru était perplexe devant les propos de l'homme. Avait-il donc parcouru tant de chemin en l'espace d'un après-midi, au point d'avoir traversé la capitale d'un bout à l'autre ? Il en doutait.

Mais peut-être se faisait-il de mauvaises idées quant aux intentions cachées derrière cette bienveillance, peut-être était-il tout simplement devenu paranoïaque ?

Le souvenir des autres s'affolant complètement lui revint soudainement en mémoire, il contempla encore un instant le personnage debout devant lui, dubitatif. Mais après tout, si il se tenait sur ses gardes, que pouvait-il bien lui arriver ?

- D'accord, finit-il par répondre.

L'homme sourit et, faisant tinter une paire de clefs sortie de la poche de son pantalon, le guida jusqu'à une voiture grise et reluisante.

Subaru prit place sur le siège passager, claqua sa porte et la voiture ne tarda pas à démarrer.

Peu après, l'homme prit la parole, faisant sursauter Subaru qui avait jusque-là concentré son attention sur le paysage urbain défilant derrière la vitre.

- Au fait, quel âge avait-vous ?

- Vingt-cinq ans. Pourquoi ?

- C'est étonnant. Je vous en aurais donné dix-huit.

Devait-il prendre cela pour un compliment ? Il s'apprêtait à poser la question mais le conducteur répliqua sans préambule.

- Les jeunes hommes de moins de vingt ans étaient toujours les plus beaux que j'ai transporté dans cette voiture… Cette explication vous convainc-t-elle ? demanda-t-il avec un étrange sourire.

Mal à l'aise, Subaru ne prononça aucun mot et sentit soudain la main de son voisin effleurer son genou puis remonter sur sa cuisse. Il la repoussa d'un geste mais elle revint immédiatement à sa place.

- Pourriez-vous me lâcher ? somma-t-il d'un ton sec.

- Donnez-moi une bonne raison.

Estomaqué, l'amnésique ne répondit pas et s'aperçut soudain que le véhicule ralentissait, la voiture finit par se garer devant une petite aire de jeu déserte.

Le conducteur enclencha le frein à main d'un geste brusque. Subaru n'avait aucune idée de l'endroit où ils se trouvaient mais une chose était sûre, il préférait cent fois continuer à pied, du moment qu'il quittait cette voiture.

Il tenta d'ouvrir la portière pour prendre la poudre d'escampette au plus vite mais l'homme ne l'entendait visiblement pas de cette oreille.

Refermant son poing sur le bras de Subaru au moment où celui-ci passait la porte, il lui fit prestement réintégrer le véhicule avant d'attirer le jeune homme à lui.

Paniqué, le médium se retrouva écrasé contre le torse massif du conducteur et tenta de se dégager, se débattant comme un beau diable bien que son agresseur fasse au moins le double de son poids.

D'un geste presque machinal, l'homme lui bloqua les bras et, saisissant ses deux poignets dans sa seule main droite, les leva au dessus de la tête de Subaru, plaquant rudement celui-ci contre le siège alors qu'il se débattait avec toute l'énergie que lui fournissait la panique.

Posant sur lui un regard que l'on pouvait aisément qualifier de libidineux, l'homme se pencha vers l'amnésique prisonnier et murmura :

- Tu sais sûrement que ce serait bien plus agréable pour toi si tu te laissais faire.

Devant le regard qui se voulait haineux de sa victime, il eut un petit sourire amusé.

- Mais ce n'est pas grave après tout… Je sais comment apprivoiser les méchants garçons comme toi…

Une onde de peur fit vibrer le corps de l'exorciste, il sentit soudain la bouche répugnante de son tortionnaire se poser sur son cou.

- Allons, je suis sûr que tu aimeras ça…, l'entendit-il murmurer.

La portière s'ouvrit soudainement, avec une telle force qu'elle en parut arrachée de ses gonds.

-Comment savoir…, grinça une voix inconnue.

Un poing s'abattit brutalement sur le visage de son agresseur, manquant le sien de peu

et le nouveau venu empoigna l'homme par son manteau et le tira hors de la voiture.

Les coups se mirent à pleuvoir alors que les cris de douleur se mêlaient aux insultes et hurlements de rage.

Mais cela s'acheva si vite que Subaru n'eut même pas le temps d'apercevoir l'altercation. Il resta enfoncé dans son siége, comme paralysé. Bientôt, il n'y eut plus aucun bruit jusqu'à ce que l'inconnu ne monte à la place du conducteur, ne claque la porte et ne fasse démarrer la voiture.

Subaru sentit soudain une peur panique l'envahir et il constata avec horreur que le véhicule avait déjà prit trop de vitesse pour qu'il puisse le quitter.

- Calme-toi, murmura soudain l'homme sans quitter la route des yeux. Je ne te ferais aucun mal.

- Mais pourquoi m'avez-vous sauvé ?! s'écria Subaru, sentant une étrange colère le gagner et prendre le pas sur sa peur.

Il y eut un silence.

- … Il m'a semblé que c'était la meilleure chose à faire… mais peut-être aurais-tu préféré que je te laisses aux mains de ce type après tout…, répondit le conducteur d'une voix si calme qu'elle en paraissait indifférente et désintéressée.

Malgré tout, son ton était doux, il inspirait confiance mais Subaru ne se départit pas de sa méfiance pour autant.

Profitant que son voisin était concentré sur la route, il détailla longuement ce singulier individu.

Les épaules aussi larges que le possesseur de la voiture qu'il conduisait, de nombreuses mèches noires lui tombant sur les yeux, eux-mêmes cachés par des lunettes de soleil, un grand manteau de tissu gris (2) lui descendait jusqu'en dessous des genoux. Il dirigeait le véhicule d'une main sûre et calme, respirait la force brut et imposait le respect.

Portant soudain la main jusqu'à son visage, l'inconnu retira ses lunettes et tourna la tête vers Subaru.

Celui-ci eut un choc en constatant qu'il avait perdu un œil. Le droit, qui était d'un blanc laiteux, contrastait avec le gauche, couleur miel, qui le fixait avec intensité.

Presque inconsciemment, le médium porta la main à son propre œil droit, toujours recouvert par un bandage. Etait-ce un simple hasard… ? La voix du conducteur s'éleva :

- Dis moi, que t'est-il arrivé ?

Sa voix, polie et sans tonalité, avait quelque chose de désagréable. Subaru répondit néanmoins.

- Je n'en sais rien, fit-il, présumant que l'inconnu lui demandait de l'éclaircir sur les circonstances de l'accident.

Etrangement, son interlocuteur sembla se satisfaire de cette absence totale de réponse, il se contenta d'un « Tiens… ? » impersonnel en guise de commentaire, comme si il se fichait totalement de sa probable réponse et l'avait questionné uniquement par courtoisie. Ce qui après tout était peut-être le cas.

Le regard asymétrique de l'homme passait régulièrement de la route à Subaru, fixant celui-ci par le biais du rétroviseur.

- Je crois que ton problème est que tu fais confiance aux gens trop facilement. Pourtant, tout le monde n'est pas comme toi, animé des meilleures intentions du monde…

Il avait prononcé cette phrase d'une voix basse et calme, presque sur le ton de la conversation, comme si tout cela était parfaitement naturel.

Subaru, lui, en resta coi. Il aurait pu être totalement interloqué par le culot dont l'homme ne manquait apparemment pas mais que l'inconnu sache tout cela de lui était, à son sens, beaucoup plus surprenant.

- …Comment savez-vous cela ? balbutia-t-il.

L'interpellé eut un sourire sans joie et continua de le regarder au travers du rétroviseur, occultant délibérément sa question.

L'amnésique ne put rien en tirer de plus. Il lui semblait d'ailleurs que l'aura de l'inconnu avait changé, trop subtilement pour qu'il puisse comprendre en quoi, mais le malaise qu'il éprouvait en sa présence s'était soudain mué en angoisse.

Il s'aperçut soudain que la voiture avait stoppé. Surpris, il regarda au dehors et reconnut le large portail du Campus Clamp.

Médusé, il fixa un instant le conducteur qui, les yeux fermés en une expression détendue, allumait négligemment une cigarette sortie de la poche de son manteau.

Le médium se résigna à ne demander aucun détail quant à sa connaissance de sa destination, devinant que l'individu n'y répondrait pas.

Il le remercia donc et, ouvrant la portière, il s'apprêtait à sortir lorsqu'une main le retint, agrippant son poignet.

Il eut un sursaut, rêvait-il ou bien l'histoire se répétait ? Si cet homme avait réellement les mêmes intentions que l'autre, lui n'aurait cette fois aucune chance de s'en sortir.

Mais il n'en fut rien. Au contraire, lorsqu'il se retourna, l'individu souriait, légèrement moqueur.

- La prochaine fois que tu te promènes seul à Tokyo, évite de faire confiance à n'importe qui ainsi, je ne serais pas toujours là pour te sauver la mise. Alors fais attention, c'est une ville dangereuse….

Subaru, un peu désorienté, acquiesça, et quitta la voiture.

Celle-ci ne tarda pas à démarrer et l'inconnu regarda l'exorciste pénétrer dans l'enceinte du Campus jusqu'à ce que celui-ci fut hors de vue.

- Surtout en ce moment…, murmura-t-il pour lui même en exhalant la fumée de sa cigarette.

Assis au sommet d'un immeuble, les jambes pendant dans le vide et une glace au caramel recouverte d'éclats de chocolat (3) encore intacte à la main, Fuma regarda la voiture grise s'éloigner en direction du centre-ville et finalement disparaître au détour d'un boulevard.

Il eut un petit sourire de tendre tristesse.

- Qui eut pensé que tu étais si maladroit pour tout ce qui ne concernait pas la mort, Seïshiro…

Kamui monta rapidement les marches et poussa la lourde porte de l'entrée principale du Manoir. Il n'eut pas le temps de laisser tomber son sac que Karen s'était précipitée sur lui.

- Kamui ! s'exclama-t-elle avec une légère panique dans la voix. Tu n'aurais pas vu Subaru ?!

- Pourquoi ? demanda l'adolescent. Il n'est pas ici ?

- Non. Lorsque je suis arrivé, il avait déjà disparu. Tu l'as vu aujourd'hui ?

- … oui. Il est venu m'aider pour mes devoirs et après il est parti. Je pensais qu'il était revenu ici… Karen se posa sa main sur sa bouche, considérant ce que venait de lui dire son jeune leader.

- J'espère au moins qu'il n'a pas quitté le Campus… qui sait ce qui pourrait lui arriver seul dans Tokyo…

Kamui ne répondit rien et, laissant tomber son cartable, il fit demi-tour et ouvrit la porte.

- Où vas-tu ? s'exclama la jeune femme rousse en le voyant sortir sur le perron.

- Je vais le chercher. - Mais… comment veux-tu… - Depuis combien de temps est-il parti ? - Je suis arrivé ici en début d'après-midi, il avait déjà disparu. Le lycéen hocha la tête et sortit.

- Shiro !!

Kamui se retourna et aperçut Keïchi accourir vers lui.

Pendant un instant, il eut envie de l'envoyer balader, il n'était vraiment pas d'humeur à entendre le blond lui parlait de la pluie et du beau temps. Il était beaucoup plus important de rechercher Subaru.

- Que fais-tu ici ? Je croyais que tu étais rentré chez toi ?

- Je l'étais, répondit Kamui en essayant de ne pas laisser l'énervement le gagner. Mais Subaru a disparu, je suis à sa recherche.

- Sumeragi-san ? Je l'ais vu tout à l'heure en allant en classe, il sortait du Campus.

Le leader céleste eut un sursaut et fixa son ami avec des yeux ronds, hésitant de la marche à suivre. Devait-il l'embrasser pour lui avoir révéler qu'il ne se trouvait plus au Campus ou lui envoyer une gifle pour ne l'avoir laissé sortir ?

Il dépassa soudain Keïchi et se précipita vers la sortie.

- Shiro, où vas-tu ?! s'exclama le blond en le voyant s'éloigner.

- Merci Keïchi ! A demain, en cours !

Assise dans un des fauteuils du salon du Manoir, Karen rongeait son frein. Ne pouvant plus demeurer ainsi, elle se leva et se dirigea vers la fenêtre. Elle tapota légèrement la vitre d'un doigt nerveux puis se retourna et resta debout un moment sans savoir quoi faire car il était certain qu'elle ne pouvait pas retourner s'asseoir.

Elle ne préférait pas penser à ce qui pouvait arriver à Subaru si il était effectivement sorti seul dans Tokyo. Et dire qu'elle avait été assez idiote pour laisser Kamui partir à sa recherche.

Elle frissonna. Même si les 7 Anges n'avaient pas donné signe de vie depuis la destruction du kekkaï d'Ikebukuro, ils rôdaient assurément toujours dans les environs. Et pourraient sans aucun problème profiter de la présente vulnérabilité du médium.

Mais une question lui revenait fréquemment en tête, se pouvait-il que leurs ennemis aient déjà eu vent de leur mésaventure ? Elle n'en savait trop rien, ceux-ci étaient pleins de ressources mais si c'était le cas, il était probable qu'ils le laisserait passer son chemin sans encombre, elle devait le reconnaître, les Dragons de la Terre possédaient trop de sens de l'honneur pour s'attaquer à Subaru alors que celui-ci était vulnérable.

Cela la rassura quelque peu mais si ce n'était pas le cas, l'exorciste était perdu, sans aucune chance de secours car, incapable de créer un kekkaï, ses amis ne pouvaient le localiser et, en admettant qu'ils parviennent sur les lieux du combat, il serait certainement déjà trop tard…

D'un geste nerveux, elle consulta sa montre. Et eut un faible sourire en se souvenant que Seïichiro ne devait pas tarder à arriver. Le journaliste, pourtant peu enclin à faire des heures supplémentaires, ne sortait jamais très tôt de son lieu de travail et, de ce fait, ne se montrait que rarement au Campus. Mais aujourd'hui, il leur avait promis de passer, peu de temps bien entendu, afin de rendre compte de la situation. Puis il repartirait s'occuper de sa famille.

Elle soupira. Quelque part, elle enviait le maître du vent, d'avoir une vie si stable malgré sa condition de Dragon du Ciel. Il arrivait parfois à la jeune femme de se demander comment aurait été sa vie si elle avait eu une vraie famille, comme son coéquipier.

Peut-être aurait-elle eu quelqu'un pour se soucier de son sort au moins…

Elle secoua la tête, refusant de se laisser aller à de sombres pensées comme cela lui arrivait souvent avant de rencontrer les autres Sceaux.

La porte s'ouvrit soudain et les voix de Sorata, Arashi ainsi que Yuzuriha lui parvinrent dans le hall. Elle se leva brusquement et les rejoignit.

- Bonjour Karen ! la salua le moine. Kamui n'est pas encore là ? Il m'avait pourtant dis qu'il finissait tôt aujourd'hui. et Subaru ?

- Subaru a disparu. Kamui est parti à sa recherche.

Sorata resta un instant interdit.

- Quel idiot ! s'écria le moine. Si encore ils n'avaient pas quitté le Campus !

- Si c'était le cas, ils seraient déjà là depuis longtemps, constata Arashi avec fatalité. Que faisons-nous ?

- C'est pas bon tout ça ! s'exclama Sorata. A par attendre, nous ne pouvons rien faire si ce n'est attendre ! Si d'aventure Kamui se faisait attaquer, nous n'aurions aucun mal à le localiser mais quant à Subaru…

- Peut-être Kamui aura-t-il eu de la chance, qui sait…, murmura la collégienne.

- Mais avec des « Qui sait », on peut aller très loin, c'est là le problème ! répliqua la maîtresse du feu.

C'est à ce moment précis que la porte s'ouvrit en grinçant.

- Kamui ?! s'écria le jeune moine en se retournant.

Mais ce ne fût pas lui qui répondit.

Kamui bondissait d'immeuble en immeuble, ressassant de sombres pensées. Subaru était introuvable, il avait ratissé la ville à la recherche de l'amnésique mais il n'y avait aucune trace de son ami.

Le jeune garçon accéléra l'allure, espérant que le vent qui lui fouettait le visage emmène avec lui ses idées noires. Il ne voulait pas penser à ce que Subaru risquait seul à Tokyo, surtout maintenant que le soleil avait totalement disparu derrière les buildings.

Autant chercher une aiguille dans une botte de foin.

Tout au long de cet après-midi de recherches infructueuses, il avait sans cesse craint de tourner au coin d'une rue et d'apercevoir une ambulance, toutes sirènes hurlantes, amenant le corps inerte de l'exorciste.

Rien de tel ne s'était produit mais l'angoisse lui serrait le ventre, comme un étau de métal.

Si par malheur, Subaru avait croisé le chemin d'un Dragon de la Terre…

Le Campus était en vue. Kamui arrêta sa course au sommet d'un édifice, ce qui lui permit d'admirer un instant ce morceau de la baie de Tokyo, et l'espace en forme d'étoile à cinq branches que formait le quartier général des Sceaux.

Que n'aurait-il pas donné pour retrouver Subaru, là-bas…

Subaru entendit la porte s'ouvrir et vit Kamui s'avancer vers lui. Il se leva et ouvrit la bouche et sentit deux bras enserrer sa taille et un corps se presser contre le sien.

Kamui s'écarta brusquement, le rouge aux joues alors que les autres pénétraient dans la pièce.

Faisant mine de ne pas s'apercevoir de la teinte plus qu'écarlate du visage de son jeune leader, Yuzuriha prit la parole :

- Subaru est revenu il y a à peu prés 2 minutes. Avec de la chance, vous vous seriez croisés à l'entrée du Campus…

Elle souriait, pour tenter d'adoucir l'atmosphère mais celle-ci était trop lourde pour souffrir une quelconque plaisanterie. Elle ne saurait dire quel était le sentiment qui dominait dans le groupe. Elle sentait de la gêne émaner de Subaru bien que son visage demeurât sans expression.

Kamui, au contraire, baissait les yeux et ne s'était toujours pas départi de sa rougeur, qui ne devait d'ailleurs pas être dû qu'aux regards qu'il sentait braqués sur lui.

Ce fut Subaru qui brisa le silence qui semblait lui peser d'autant plus qu'il en était en partie la cause.

- Je ne pensais pas qu'il était aussi interdit de quitter le Campus, personne ne m'avait rien dit à ce sujet et… Je sais que je n'aurais pas dû mais ne dites rien à Kamui, il n'est en aucun cas responsable!

L'adolescent leva un regard étonné autant que courroucé sur Subaru mais celui-ci lui enjoignit discrètement de se taire.

Etonnement, Sorata sembla se détendre soudain, ses épaules s'affaissèrent et il eut un petit soupir.

- Non, c'est vrai, concéda-t-il tout en sachant pertinemment que si Subaru avait songé à en parler, jamais aucun d'eux n'auraient accepté.

Il s'approcha et contempla Subaru de pied en cap avant de sourire.

- Bon, au moins, il ne vous est rien arrivé de fâcheux, c'est déjà ça !

Ce fût à ce moment là que la porte s'ouvrit sur Seïishiro et que les deux jeunes hommes se trouvèrent être un peu moins le centre des toutes les attentions.

Subaru, quant à lui, était perplexe, à les entendre il avait dit qu'ils avaient eu peur qu'il n'ait rencontrer le chemin de quelques monstres. Mais ses compagnons ne s'en inquiétaient que pour lui, tous avaient le droit d'aller et venir comme bon leur semblait.

Il se promit de les interroger sur cet étrange état de fait et de remercier Kamui de s'inquiéter autant pour lui…

En attendant, il était décidé à ne révéler aucun des détails de sa virée. Il ne s'était jamais perdu, n'avait jamais croisé le chemin d'un violeur et ne s'était jamais fait sauver par un homme étrange qui semblait connaître beaucoup de choses de lui… même si cela l'intriguait au plus au point.

Kamui, de son côté, observait l'exorciste du coin de l'œil. Même si il n'avait pas vraiment eu l'occasion de parler avec Subaru depuis leur retour au Manoir, il avait l'impression que quelque chose n'allait pas. Peut-être s'était-il passé quelque chose qu'il avait volontairement tu. Il croisa le regard de Sorata et ne put que constater qu'il n'était pas le seul à le penser.

Qu'avait-il bien pu se passer qu'il ne voulait révéler ?

A suivre

Ouf, il est fini ! Ce chapitre m'a pris la tête à un point qu'il est difficile de concevoir (au point d'en avoir raté la MAJ!), surtout la scène de l'arrivée de Seïshiro ! J'en avais écrit au moins 4 versions différentes, imaginé un nombre incalculable et aucune ne me plaisait. Bon, j'ai fini par choisir celle-ci mais je ne suis pas satisfaite pour autant. En bref, ce chapitre ne me plaît pas (du tout) mais si vous l'avez aimé (ou pas), n'hésitez pas à m'écrire !

Pleins de bisous et encore merci de me lire !

A bientôt pour le chapitre 5 (en espérant qu'il ne me prendra pas deux mois!) !

K21

Les inévitables notes de l'auteur :

(1) Village cher à Amélie Nothomb dans son livre Métaphysiques des tubes (l'une de mes Bibles !).

(2) Ça change un peu (même si c'est moins classe, je vous l'accorde).

(3) J'avais envie d'écrire ça (et pourtant, je déteste le caramel)!