Titre : L'absent- chapitre VI

Auteur : Kestrel21

Base : X/1999

Genre : Yaoï, à priori pas trop OOC mais par contre, SPOILERS du tome 13, vous êtes prévenus !

Résumé : Après son combat avec Fuma, Subaru a perdu la mémoire (j'ai toujours eu le don des résumés !).

Disclaimer : Aucun des persos de X ne m'appartiennent et c'est tant mieux comme ça tout le monde peut en profiter (quoi que je dirais pas non si on me proposait Subaru ou Seïshiro !) ! Ah, j'oubliais, les pensées des personnages sont entre guillemets !

Un grand merci à Nana lala pour sa sympathique review, j'espère que ce chapitre te plaira !

- Kamui est parti ?

Arashi hocha la tête alors que Sorata s'emparait de quelques assiettes vides pour les déposer dans l'évier.

- C'est sympathique de la part de Daïsuke d'avoir accepté de l'accompagner pour voir cet homme… Comment s'appelle-t-il déjà ?

- Le professeur Tojo, le renseigna la prêtresse. Celui que Kamui avait tenté de sauver lors de l'effondrement du Sunshine 60.

- Je me rappelle, le président de cette énorme entreprise pharmaceutique, non ?

-Oui.

Sorata sourit, un sourire sans joie.

- Et je suppose que cela lui pèse gros sur le cœur… Mais de le savoir vivant doit déjà soulager sa conscience.

Ils s'entreregardèrent un bref instant puis soupirèrent de concert.

- Yuzuriha t'as dit qu'elle était parti en ville en emmenant Subaru ? interrogea soudain la lycéenne.

- Oui. J'ai trouvé que c'était une bonne idée. Tant qu'il ne lui fausse pas compagnie, ça va lui faire du bien de sortir un peu.

Arashi resta silencieuse. Surpris, le moine s'approcha.

- Qu'y a-t-il ? Tu n'es pas inquiète tout de même ? Avec elle, il ne risque rien.

- Je sais, je sais… Mais ce n'est pas ça. Ne crois-tu pas qu'il trouve cela étrange ? Que l'on lui permette de sortir en compagnie d'une collégienne alors que, seul, il n'en a pas le droit ?

Sorata se tut, indécis. Visiblement, il n'avait pas songé à cela.

- Tu as raison. Il doit trouver cela terriblement injuste, fit-il en souriant.

- Et pour cause, ça l'est ! Mais tout de même, il n'a plus l'âge de ce genre de réflexions. J'ai vraiment l'impression que vous le considérez tous que comme un enfant ! s'indigna-t-elle.

- Ne te fâche pas…, murmura le moine d'une petite voix d'enfant battu en essuyant une larme fictive.

Reprenant son sérieux, il tenta de s'expliquer.

- Tu n'as pas tort… mais je ne sais vraiment pas comment m'y prendre avec lui, concéda-t-il. Il est tellement différent du Subaru que j'avais appris à connaître. Il était froid, distant, énigmatique, toujours de mauvais poil… C'est au antipodes de ce qu'il est devenu. Il est timide, il rit, on lit en lui comme dans un livre ouvert.

- C'est vrai, acquiesça la jeune fille. Maintenant que j'y pense, il connaît la même évolution que Kamui.

Sorata sourit.

- Pas étonnant que ces deux-là s'entendent si bien !

- Oui, bien sûr que Kamui te le présenteras ! Tu verras, c'est un garçon vraiment très gentil ! Moi, c'est grâce à lui que j'ai rencontré Seïishiro, c'est son neveu, même si ça faisait quelques temps qu'ils ne s'étaient pas vu !

Yuzuriha s'interrompit un instant et leva les yeux vers Subaru.

- Pourquoi tu ne dis rien ? Tu es fâché ?

Subaru tressaillit et, confus, se passa une main sur la nuque.

- Excuse-moi, je… Je ne t'écoutais pas…

Croisant le regard de la fillette qui souriait, il continua :

- C'est très gentil de m'avoir emmené, au fait, je te remercie.

- Il n'y a vraiment pas de quoi, tu dois certainement t'ennuyer à rester seul toute la journée alors j'ai pensé que ça te ferait plaisir de sortir un peu !

Acquiesçant, Subaru crut soudain voir venir l'opportunité d'aborder le sujet qui l'intéressait.

- A propos, je voulais savoir… Y a-t-il une raison particulière pour que vous m'interdisiez ainsi de sortir ?

La collégienne cligna plusieurs fois des yeux et détourna les yeux. Visiblement, le sujet semblait plus délicat encore que ce qu'il avait crû, cela ne fit que renforcer sa curiosité et il espérait pouvoir profiter de cette excursion pour lui tirer les vers du nez.

Yuzuriha se taisait, Subaru s'arma de patience et se tût également, attendant.

- Et bien…, commença la fillette, marchant sur des œufs. Je ne sais pas si… Ne crois pas que je me défile mais je pense que Sorata et Arashi seraient certainement mieux pour t'expliquer… Mais enfin, je ne sais pas trop…

S'immobilisant subitement, elle ouvrit grand les yeux, un soudain sourire aux lèvres.

Attrapant le bras de Subaru, elle força celui-ci à s'arrêter et s'exclama :

- Tu veux bien m'attendre ici ? J'en ais pour 5 minutes, ne t'en fais pas !

Le jeune homme la fixa quelques secondes, surpris puis finalement acquiesça.

- Merci ! A tout de suite !

Accélérant, la fillette fendit la foule et quelques instants plus tard, Subaru la perdit de vue.

Il poussa un petit soupir las, songeant qu'il attendrait certainement plus longtemps encore.

- Attendez !

Incapable de courir au milieu de tout ce monde, la collégienne sautait sur place et agitait la main, dans l'espoir de se faire remarquer.

La foule s'éclaircit soudain et Yuzuriha se mit à courir à toute allure, les yeux fixés sur cette large et haute silhouette bien connue.

Un soudain choc. Elle poussa un petit cri alors qu'elle se sentait partir en arrière.

Mais deux mains puissantes attrapèrent ses épaules, lui permettant d'atterrir sur le trottoir pavé avec plus de peur que de mal.

Reprenant ses esprits, la fillette fixa un instant sur le garçon penché au dessus elle un regard éperdu.

Celui-ci la dévisageait avec douceur par dessus ses petites lunettes rondes.

- Ça va ? Tu ne t'es écorchée nulle part ?

Gênée tout autant que ragaillardie, Yuzuriha sauta sur ses pieds et s'écria :

- Tout va bien, ne vous en faites pas pour moi !

Se redressant à son tour, le jeune homme lui adressa un sourire éblouissant avant de reprendre sa route après un amical signe de la main.

La collégienne le fixa un instant puis se frotta les yeux, déroutée.

Non, elle avait dû mal voir… Et pourtant, ce sourire si bienveillant, ces yeux si pleins de gentillesse, cette expression ouverte…

- Ça alors ! Qu'est-ce qu'il ressemble à Kusanagi !

Adossé à une cabine téléphonique, Subaru observait avec plus ou moins d'intérêt les allées et venues incessantes des passants, attendant avec patience le retour de Yuzuriha.

Enfin, avec assez peu de patience pour tout dire. Depuis le départ de la collégienne, il se sentait étrangement mal à l'aise, peut-être était-ce parce qu'il ne s'était encore jamais retrouvé qu'une seule fois dans cette situation, qu'il avait depuis tenté de faire disparaître de sa mémoire sans pour autant y parvenir.

Car mine de rien, cette étrange rencontre l'avait beaucoup plus troublé qu'il ne l'aurait crû. Il se passait rarement plus d'une nuit sans qu'il se surprenne à penser à cet homme singulier. Plus il y réfléchissait, plus il avait du mal à croire à une simple coïncidence. Peut-être aurait-il était capable de s'en tenir à cela si l'homme n'avait pas eu cette attitude pour le moins surprenante, qui impliquait qu'il semblait bien le connaître.

En tout cas suffisamment pour ne pas ignorer sa destination ni l'un de ses principaux trait de caractère.

Mais pour Subaru, c'était déjà beaucoup trop, et cela finissait presque par l'inquiéter.

Pour arriver ainsi, au moment même où il se trouvait en danger, depuis combien de temps au juste le pistait-il ?

Pendant un instant, son regard scruta avec attention les alentours mais aucun des passants ne ressemblait de prés ou même de loin à son homme.

Il en ressentit un stupide soulagement, surtout qu'il le savait très éphémère.

- Attendez-moi ! Kusanagi !

A l'appel de son nom, le militaire fit volte-face et sourit en apercevant la fillette courir vers lui, essoufflée par sa course folle et un grand sourire aux lèvres.

A bien y réfléchir, il l'avait rarement vu avec un visage exprimant autre chose que le ravissement ou la joie de vivre.

Yuzuriha se campa devant lui, reprenant son souffle. Souriant, l'homme passa une main amicale entre les oreilles de l'inugami, qui plissa le museau de plaisir.

- Bonjour toi… Comment vas-tu Yuzuriha ?

- Bonjour Kusanagi ! Excusez-moi, je ne vais pas pouvoir vous parler trop longtemps, j'étais avec un ami et quand je vous ais vu, je me suis précipitée pour vous dire bonjour ! Mais je ne devrais pas le laisser seul trop longtemps !

Kusanagi sentit son sourire se crisper légèrement. Peut-être Yuzuriha s'en aperçut car elle s'exclama, le visage soudain rosissant :

- Mais ce n'est pas du tout ce que vous croyez ! D'ailleurs, Subaru a presque 25 ans !

Le Dragon de la Terre rit et se passa une main sur le crâne, gêné.

- Non, ne vous en faites pas, je ne pensais pas à cela !

Yuzuriha sourit, ses oreilles de chat frémissantes.

L'homme fendait la foule. Comme poussés par une force invisible, les tokyoïtes s'écartaient prestement de son passage, comme s'ils craignaient d'entrer en contact avec lui involontairement.

Le personnage n'était pas mécontent de cette situation. Ces humains ridicules le répugnaient tant, tous aussi laids et grouillants que des cancrelats et aussi nocifs que des virus. Mais cela allait bientôt changer, c'était certain et personne jamais ne pourrait rien y faire.

Comment pouvait-on donc désirer protéger tous ces hommes et ces femmes, que souvent, très peu de choses attachaient encore à leur vie miteuse et insignifiante ? Leur existence était aussi inutile qu'empoisonnante. Oui, empoisonnante, c'était le mot adéquat. Ils empoisonnaient la planète, empoisonnaient les autres et s'empoisonnaient l'existence.

La terre souffrait à cause d'eux, ils souffraient à cause d'eux-mêmes et certains poussaient le vice jusqu'à parvenir à être heureux.

Mais tout cela serait bientôt terminé, il souhaitait le changement, la terre souhaitait le changement.

Il avançait rapidement, regardant droit devant lui lorsque soudain, ses yeux s'étrécirent et il ralentit légèrement l'allure.

A quelques mètres à peine de lui se tenait un autre Dragon du Ciel, le second en l'espace d'à peine 5 minutes. Il sentait son aura, il sentait une grande concentration de pouvoirs et un petit sourire naquit sur ces lèvres alors qu'il reconnaissait celui qu'il tenait désormais comme le membre le plus intéressant du groupe qui s'opposait à lui.

Subaru Sumeragi. Pour ce jeune homme debout non loin de lui, ce nom n'était qu'un nom semblable à cent mille autres noms, et non pas celui de la famille d'exorciste la plus puissante et la plus réputée du Japon. L'évocation de la fin du monde ne lui arracherait certainement qu'un petit sourire amusé, celui de l'homme pour qui cette prédiction paraît totalement ridicule alors, qu'ironie du sort, il en était l'un des principaux protagonistes.

Affichant un air affable jugé de circonstance, il s'approcha du jeune homme.

- Quelle est la cible aujourd'hui ?

Une pluie de chiffres binaires envahi soudain la totalité des écrans immenses.

La jeune fille sourit alors que des centaines de connectiques pénétraient sa peau, provoquant d'agréables chatouillements.

- Shinjuku… parfait.

Les dizaines de milliers de 0 et de 1 cédèrent la place à une vision panoramique du quartier, noir de monde à cet heure-ci.

- Allons-y… Beast…

- Drôle d'idée de choisir Shinjuku comme lieu de promenade… surtout un jour comme aujourd'hui… Vous ne trouvez pas ?

Subaru fit volte-face et fixa avec autant de méfiance que lui permettait sa surprise l'adolescent de haute taille qui venait de l'aborder.

- Que voulez-vous ?

L'autre sourit avec nonchalance, un petit sourire aux lèvres.

- Ne soyez pas si méfiant, après tout, je ne faisais que vous posez une question. Alors, ne trouvez vous pas ? Moi personnellement, je trouve ça étonnant, décider de parcourir ce quartier un jour pareil, voilà une idée bien digne des humains.

- Pourquoi dites-vous cela ? s'enquit l'exorciste, à présent étonné par cet étrange monologue.

L'adolescent le contempla un long moment sans un mot. Puis, semblant décider que cette question était finalement recevable pour mériter une réponse, il murmura :

- La plupart de ces gens n'envisagent certainement pas de mourir aujourd'hui, c'est vrai que cela paraît difficile à concevoir lorsqu'on y songe…

- Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? demanda Subaru, agacé.

- D'ailleurs, si j'étais vous, je ne m'attarderais pas ici. C'est une question de confiance, ajouta le jeune homme avec un sourire charmant.

- Allons, c'est ridicule ! s'exclama Subaru, en détournant un instant les yeux. Comment se peut-il… ?

Mais lorsqu'il chercha de nouveau à rencontrer le regard du jeune homme, il ne vit que du vide, plus personne ne se tenait à ses côtés.

- Oui, je vous assure ! Ce garçon vous ressemblez beaucoup ! Enfin, pas vraiment physiquement…

- Pas physiquement ? Que veux-tu dire ?

Yuzuriha rit, embarrassée.

- C'est vrai, c'est idiot… Mais son expression était si chaleureuse, il avait votre sourire.

Kusanagi fronça les sourcils et eut un petit rire dépourvu de joie.

- Ça, ce n'est pas vraiment bon signe…

La collégienne parut stupéfaite.

- Pourquoi dites-vous cela ? Vous connaissez ce garçon ?

Le militaire soupira.

- Peut-être…

Yuzuriha s'apprêtait à répondre lorsque, se raidissant imperceptiblement, elle balaya les alentours d'un regard inquiet.

- Que t'arrives-t-il ? demanda l'homme, percevant son trouble.

- Vous n'avez pas entendu ?

- Entendu quoi ?

La fillette paressait angoissée à présent.

- Je ne sais pas…, murmura-t-elle, sentant sa nervosité augmenter d'un cran. Un cri, un cri très aigu, comme une plainte…

Ce fut à ce moment précis qu'elle sentit le sol se mettre à vibrer sous ses chaussures, d'abord peu, puis avec de plus en plus de violence.

Cela cessa aussi soudainement que c'était arrivé mais la rue si animée il y avait quelques secondes encore était à présent aussi silencieuse qu'un tombeau. Les gens osaient à peine respirer, dans l'attente apeurée de ce qui allait suivre.

Et lorsque la terre trembla à nouveau, beaucoup plus vigoureusement cette fois, elle prit la décision d'écourter au maximum les adieux.

- Vous m'excuserez Kusanagi ! s'exclama-t-elle soudain avec son plus beau sourire. Il faut que j'y aille ! Dépêchez-vous, partez vite !

L'homme la fixa comme si elle avait soudain perdu la raison.

- Attends ! Qu'est-ce que tu… !

Trop tard, déjà la collégienne avait fait volte-face et courrait à toute allure dans le sens opposé à la foule en proie à la panique la plus vive.

Quelques secondes plus tard, elle disparaissait et le militaire jura.

- Subaru ! Où est-tu ! Subaru !

Tentant désespérément de garder son calme, la fillette scrutait frénétiquement les environs. Mais aucune trace de l'amnésique au milieu de tout ce monde. Elle essaya de se raisonner comme elle le pouvait, l'absence de Subaru était plutôt un bon signe, de son côté, elle ne devait en aucun cas céder à la panique.

Prenant son élan, la collégienne bondit dans les airs et atterrit avec souplesse sur le toit du building le plus proche.

Se redressant, elle scanna rapidement les alentours. Là-bas, l'épicentre du séisme était tout proche.

Elle sentit soudain Inuki se presser contre sa jambe, comme pour tenter de l'encourager.

Se concentrant, l'adolescente joignit ses mains et ferma les paupières.

Presque aussitôt son kekkaï se déploya, et engloba la quasi totalité du quartier, le protégeant d'une hypothétique agression.

« Mais pour combien de temps encore ! » songea-t-elle avec angoisse.

Ce fut à cet instant qu'elle le vit, hébété, au milieu du trottoir à présent vide de ses passants.

- Subaru !

Celui-ci se retourna vivement alors que la fillette atterrissait sur le sol.

- Yuzuriha ! Qu'est-ce que… !

- Subaru, vas-t-en d'ici !

- Hein ! Mais, et toi ?

- Subaru, ne cherche pas à comprendre, il faut que tu t'en ailles et tout de suite ! Essaye de retrouver Kamui !

Subaru s'apprêtait à répondre lorsque la rue déserte fut soudain secouée par un tremblement qui se prolongea, gagnant en violence au fur et à mesure. Un énorme grondement leur vrilla les oreilles alors qu'émergeaient des entrailles de la terre, des centaines de câbles semblables à d'immondes et gigantesques serpents pythons, parcourus d'électricité.

A l'aide d'énormes pinces métalliques, ils s'amarraient aux immeubles qu'ils pouvaient atteindre et les broyaient dans un fracas abominable.

Malgré cela, Subaru parvint à entendre les cris de la collégienne, l'exhortant à s'enfuir.

- Kamui, que t'arrives-t-il ?

Le ton de Daïsuke prouvait son inquiétude mais Kamui ne l'entendait pas, totalement obnubilé par la soudaine vision qui venait de s'imposer à lui, à la fois un miracle de brièveté et d'éloquence.

- … Un kekkaï a été tendu…, marmonna-t-il. Il porta une main à son front, comme en proie à une violente migraine. Il ferma les yeux.

Le jeune maître du vent le fixait, en attente de se qui ne manquerait pas de suivre. Lui aussi percevait l'énergie que dégageait la barrière à présent, même si trop faiblement pour être à même d'identifier son créateur.

- C'est celui de Yuzuriha ! s'exclama soudain le leader céleste et, sans plus de façons, il se dirigea vers l'une des larges fenêtres bordant le couloir.

A ce moment là, une effroyable secousse ébranla le bâtiment, faisant voler les vitres en éclats.

Se hissant sur le rebord, Kamui lança un dernier regard au vieil homme alité puis, se tournant vers Daïsuke qui, visiblement, hésitait du comportement à adopter, lui cria, pour tenter de se faire entendre au milieu du vacarme :

- Je te le confie, fais en sorte qu'il ne lui arrive rien !

Le blond acquiesça, dépassé par les évènements et, s'élançant, Kamui disparut par les airs.

- Je te le demande encore une fois…

Répondre, il fallait qu'elle réponde mais les mots restaient prisonniers, refusant de franchir ses lèvres. Tremblante de panique et de culpabilité, elle leva les yeux vers la jeune femme dont la mince silhouette tressautait irrégulièrement sur l'écran géant et que ce spectacle ne semblait pas émouvoir.

Sa voix, froide et désintéressée, retentit alors, brouillée par la distance et la question tomba, tel un couperet :

- Alors ? Pourquoi ne devons-nous pas tuer d'êtres humains ?

- Mais… Parce que…

Impuissante, la collégienne contemplait avec désespoir sa tortionnaire, qui la dévisageait avec autant d'indifférence que de pitié.

- Alors… Tans pis, murmura Satsuki pour elle-même et aussitôt, des dizaines de connectiques jaillirent de nulle part, s'apprêtant à transpercer cette fillette pleurnicharde.

Mais lorsqu'elle se redressa pour contempler son œuvre, ce ne fut que pour constater que ce n'était pas son ennemie qui gisait à terre, moribonde, mais un immense et superbe chien blanc.

Kamui s'immobilisa soudain. Là, devant ses yeux, le kekkaï cylindrique de Yuzuriha commençait à se désagréger, se dissipant dans les airs comme de la fumée balayé par le vent.

« Le kekkaï s'effondre. Cela signifie… que ce Dragon du Ciel est moribond… »

Dieu qu'il la haïssait, cette voix glaciale qui venait de résonner dans sa tête…

Et soudain, le bâtiment s'écroula dans un fracas épouvantable, entraînant d'autres immeubles dans sa chute, soulevant un nuage de poussière.

Il fendait les airs à toute vitesse, serrant contre lui un petit corps frêle secoué de sanglots.

Il sentait dans son cou la rivière intarissable de ses larmes dégringoler sur sa peau et imprégner son tee-shirt.

Et une petite voix de hoqueter.

- Inuki… Mon Inuki… Au secours…

Il passa une main rassurante dans la chevelure tachée de sang et agitée par le vent.

- Chut… Tout est fini…

- Partez d'ici, ça devient dangereux !

Mais il avait eu beau hurler, personne ne semblait l'avoir entendu, tant la panique s'était propagée rapidement à travers le personnel hospitalier s'affairant autour du vieil homme.

Tentant dans la mesure du possible de garder la tête froide, Daïsuke s'apprêtait à réitérer son avertissement lorsque un brusque éclat de lumière le fit se retourner.

Médusé, il contempla au travers de la fenêtre dépourvue de vitre l'immense éclair à la vague forme de dragon qui montait vers le ciel, la gueule béant en un rictus cruel.

Il disparut aussi rapidement qu'il ne s'était montré seulement le blond savait ce que cela signifiait, il sentit la frayeur le prendre à la gorge.

Se tournant à nouveau, il présuma que personne ne remarquerait plus son absence à présent. D'un bond, il franchit la fenêtre et se laissa tomber dans le vide.

Atterrissant avec souplesse sur les trottoirs pavés, il ne put que constater avec effroi qu'un épais nuage de poussière s'échappait du plus haut building de Shinjuku, voisin de l'hôpital.

- Les Dragons de la Terre…, murmura-t-il pour lui-même, hésitant de la marche à suivre à présent.

Et quelle ne fut pas sa surprise lorsque, provenant de derrière lui, une réponse lui parvint.

- Pas « les »… Celui qui a commis ça était seul…

Le jeune maître du vent se retourna vivement et contempla, hagard, l'adolescent au sourire serein à quelques mètres de lui.

- Qui êtes-vous ! s'exclama-t-il en tentant de ne pas laisser transparaître sa peur.

Le sourire de l'autre s'agrandit encore.

- Mais nous nous sommes déjà pourtant rencontré pourtant.

Daïsuke plissa les yeux et fixa son vis-à-vis alors que ce visage lui revenait soudain en mémoire, lui glaçant le sang dans les veines.

« Le Kamui des Dragons de la Terre ! »

il sentait déjà l'air affluer autour de ses poings, s'y enroulant à toute vitesse, créant de véritables tornades miniatures mais il savait d'avance que cela ne suffirait pas.

Kamui le contemplait sans mot dire, une lueur amusé dans le regard. Il déclara alors, avec calme :

- La personne la plus importante pour toi… est la princesse yumémi vivant dans les sous-sols de la Diète, n'est-ce pas ?

- Sorata, le kekkaï disparu à Shinjuku était celui de Yuzuriha !

Le moine s'efforçait de garder son sang-froid mais avec l'inquiétude qu'il lisait sur le visage de sa compagne habituellement si silencieuse, il comprit qu'il ne pourrait s'y résoudre.

- Yuzuriha et Kamui vont bien, j'en suis certain.

Prenant la main de sa compagne en une tentative de réconfort qu'il savait dérisoire, il continua, d'une voix aussi calme que possible :

- Nous devons leur faire confiance !

La prêtresse hocha la tête et soudain, s'exclama :

- Mais… Et Subaru ? Qu'allons-nous faire pour Subaru !

- Viens avec moi !

L'immeuble était silencieux. Les secousses sans cesse amplifiées avaient fait fuir ses occupants. C'était d'ailleurs une bonne chose, songea-t-il mais il y avait plus urgent, Yuzuriha semblait s'être volatilisé et devait certainement être au plus mal. Quant à Subaru, qu'il avait vu quitter le manoir en compagnie de la collégienne tandis que lui-même attendait Daïsuke… Où pouvait-il bien être ? Allait-il bien ? Comment le savoir ? Il n'avait trouvé aucune trace du jeune homme dans le champ de ruines qu'était devenu Shinjuku, peut-être avait-il fuit, peut-être avait-il trouvé un endroit où s'abriter.

Peut-être que non…

Il lui fallait l'aide de Daïsuke, ils ne seraient pas trop de deux pour espérer les retrouver.

- Saïki, où est-tu ! Yuzuriha et Subaru ont disparu ! Il faut absolument que…

Il s'immobilisa et le reste de son appel mourut sur ses lèvres tandis qu'il fixait, incrédule, les murs, les pavés éclaboussés de sang et, au centre, la tête de…

- Saï… Saïki…

Comme un zombie, il s'avança à pas lents et, se baissant, il tendit une main tremblotante vers la joue ronde et rouge.

Tellement rouge…

Un bruit sourd de chute vient troubler l'horrible tranquillité du lieu, suivit peu après par des sons, un voix humaine, une série de mots qu'il entendait à peine.

- … Trop tard.

Il leva les yeux. Au dessus de lui, Fuma le toisait, le dominant de toute sa hauteur.

Incapable de faire le moindre geste, Kamui le vit couler un regard méprisant vers le corps décapité du neveu de Seïishiro.

- Je viens de finir…

A présent, de grosses larmes roulaient sur les joues du leader céleste mais la colère se mêlait maintenant à la tristesse.

- Fuma…

Il se redressa lentement, très lentement et fixa sur son ennemi un regard noir de rage.

L'air se mit soudain à vibrer autour d'eux alors que des tremblements de plus en plus violents agitaient par vagues successives le corps de Kamui. Armant soudain son poing, qu'une étrange lueur faisait maintenant briller, il se jeta sur Fuma. La facilité avec laquelle celui-ci esquiva prit Kamui de court et son attaque ne rencontra que du vide et vint frapper la terre, formant une gigantesque crevasse qui s'étira longuement tel un effroyable serpent.

Aveuglé par la rage, sourd au fracas monstrueux que ses attaques créaient, Kamui ne pouvait songer qu'à une chose : lui faire du mal, quel qu'en soit le moyen. Il attaquait à l'aveuglette, ses déflagrations de pouvoir s'amplifiant sans cesse.

Lorsque, mû par une soudaine impulsion, il s'arrêta et contempla, hagard, l'immeuble dont il ne restait plus guère que quelques ruines fumantes, carbonisées par ses soins.

Et, face à lui, Fuma qui souriait.

- Pourquoi donc t'arrêter en si bon chemin, Kamui ? murmura la voix basse et doucereuse.

Alors Kamui voulut tenter de le blesser, vite, pendant qu'il en avait l'occasion mais lorsque la large main de Fuma se referma sur la sienne, crispée sur son sweet-shirt au niveau du cœur, il sentit soudain ses forces l'abandonner.

Le lycéen semblait fixer désespérément le palpitant de son vis-à-vis, comme si son regard eut pu transpercer les chaires.

De sa main libre, Fuma saisit le menton du jeune homme et le leva vers lui, afin de croiser son regard trempé de larmes.

- C'était pourtant si simple Kamui…, murmura-t-il.

Resserrant soudain sa main autour du cou du leader céleste, Fuma le souleva dans les airs et le plaqua rudement contre une roche taillée en pointe de flèche saillant du sol.

Etrangement, elle évoqua à Kamui la forme d'une pierre tombale…

Resserrant avec rudesse sa prise autour du cou fin, Fuma entendit avec un plaisir certain la respiration du garçon aux yeux améthystes devenir erratique. Et dire que Kamui aurait certainement pu le blesser, voir le tuer, si seulement il avait osé lever la main sur lui…

Ces sentiments que Kamui éprouvait pour lui, qu'il éprouvait pour son ancien lui, qu'ils étaient embarrassants… Si seulement il avait pu s'en défaire, même s'ils étaient l'une des seules choses qui le raccrochait à la vie, s'il avait pu les oublier, rien que pour un combat.

Cela commençait à ne plus être drôle.

Plaquant avec force son ennemi contre la roche, il enfonça avec méthode deux morceaux de verre dans les paumes ouvertes du jeune garçon pour le maintenir immobile.

Il sentait contre lui le corps de Kamui se convulser de douleur et sa poitrine se soulever au rythme de sa respiration saccadée.

Et soudain, quoique plus faible, une autre lui parvint en écho, provenant de derrière lui.

Un petit sourire mesquin joua un instant sur ses lèvres alors que lentement, il se redressait et se retournait pour faire face au nouvel arrivant.

Il cligna des yeux.

Encore une fois.

Mais lorsqu'il les rouvrit, la scène cauchemardesque n'avait pas disparue, bien au contraire, elle lui apparut comme encore plus horriblement réelle.

Il ne pouvait détacher son regard du visage blafard de Kamui, la peur lui nouait le ventre, Kamui ne bougeait pas, il ne voyait pas sa poitrine se soulever au rythme de sa respiration, seul le vent jouant dans ses cheveux poissés par le sang donnait un semblant de mouvement à son corps inerte.

Tout cela le dépassait mais il n'y pensait pas à cet instant alors qu'il se précipitait vers Kamui et que, comme dans un état second, il arrachait ses entraves en l'appelant pour tenter de le faire revenir à lui.

Les paupières du jeune garçon se mirent soudain à papillonner et celles-ci s'ouvrirent sur un regard voilé par la douleur.

- … Subaru ? murmura-t-il faiblement.

- Ne t'inquiète pas, tenta de l'apaiser le médium avec cependant plus d'assurance qu'il n'en possédait à cet instant.

Tentant de ne rien laisser paraître de sa peur, il releva le lycéen avec l'intention de la charger dans ses bras lorsqu'une voix lui parvint et qu'une main se posait sur son épaule, le faisant frissonner d'horreur.

- Te voilà enfin, mon cher Subaru…

Son corps semblait devenu de plomb, il ne pouvait faire aucun mouvement, il ne pouvait que fixer, tétanisé, le filet de sang qui s'écoulait de la tempe de Kamui, songer à cette main qui agrippait avec douceur et fermeté son épaule, à cette voix effrayante de sérénité qui résonnait dans sa tête.

- Je constate avec plaisir que tu as suivis mes conseils, tu as quitté Shinjuku, tu as couru sans te retourner…

Subaru sentit la prise se raffermir sur son épaule, comme pour monter qu'il eut facilement pu la broyer, une main effleura sa gorge, caressante.

Totalement paralysé, il ne pouvait esquisser un geste, que se fut pour tenter de faire front ou même de s'enfuir.

Il sentit sur sa nuque le souffle chaud du personnage, faisant à peine se soulever ses cheveux.

Derrière lui, Fuma eut un horrible sourire que Subaru ne put voir mais qu'il imagina sans peine, alors que le Dragon de la Terre chuchotait :

- Et bien, puisque tu es là, amusons-nous…

Mais à peine avait-il prononcé ces mots que l'obscurité se fit tout autour d'eux.

Fuma poussa un petit soupir, puis, levant les yeux au ciel, murmura, faussement exaspéré :

- Décidément, il faut toujours que tu viennes tout gâcher…

A suivre…

Ouf ! 'a y est ! Oui, je sais, un seul chapitre après tant de temps, j'en suis d'ailleurs désolée mais bon, je ne connais aucun remède sûr contre la flemme, le manque d'inspiration, les profs acharnés du boulot, les ordinateurs peu coopératifs, j'en passe et des meilleurs…

¤ soupir retentissant accompagné d'un affaissement des épaules qui la projette le nez sur son clavier ¤

Normalement, le prochain devrait me prendre moins de temps (du moins j'espère !) et une fois encore, je remercie avec effusion toutes les personnes qui lisent cette histoire et, pour les reviews, surtout n'hésitez pas, j'adore ça !

BizouX !

K21