Réponses aux reviews :

Churchyard : Chef, oui chef ! Voilà la suite ! J'espère qu'il te plaira !

Roxanne : J'ai suivi ton conseil, j'ai mis tous mes guillemets en italique, j'espère que ça marchera ! Oui, Yuzuriha est décidément trop ingénue pour son bien et ça n'a pas l'air de vouloir s'arranger ° ! Et puis, bah, ne t'inquiète pas, Subaru va bien réussir à se sortir des griffes de ce sadique de Fuma… D'une manière ou d'une autre ! J'espère que tu aimeras ce chapitre !

Allie de Zilpa : Voilà la suite, voilà la suite ! Merci beaucoup pour ta review, j'espère que tu aimeras la suite !

Titre : L'absent- chapitre VII

Auteur : Kestrel21

Base : X/1999

Genre : Yaoï, à priori pas trop OOC, quelques spoilers mais rien de bien méchant et… je crois que c'est tout !

Résumé : Après son combat avec Fuma, Subaru a perdu la mémoire (j'ai toujours eu le don des résumés !).

Disclaimer : Aucun des persos de X ne m'appartiennent et c'est tant mieux comme ça tout le monde peut en profiter (quoi que je dirais pas non si on me proposait Subaru ou Seïshiro !) ! Ah, j'oubliais, les pensées des personnages sont entre guillemets !

Et, comme toujours, merci à Flubb et Zaz, ainsi qu'à Karura pour leurs commentaires et leurs encouragements !

- … Shinjuku anéanti, Yuzuriha dans la nature, Subaru blessé, Kamui anémié et inconscient… Décidément c'est la totale, il y a de quoi être fier !

- … Ne laissez pas tout retomber sur vos épaules Sorata. Pas alors que nous avons tous notre part de responsabilités.

Un coup sourd, le moine venait d'abattre son poing contre le mur.

- Ce qui est fait est fait, personne n'est capable de remonter le temps, se lamenter ne sert à rien.

- Taisez-vous Karen, où vous allez finir par parler comme la princesse Hinoto !

- … Avouez que c'est tentant.

- Je ne trouve pas ça drôle !

La jeune femme soupira.

- Non, vous avez raison… Mais qui donc se chargera d'alléger l'atmosphère si vous ne vous en occupez pas ?

Ces paroles semblèrent avoir un effet calmant sur le moine de Koya.

- Oui, vous avez raison.

- Je me rends bien compte que ce rôle est de loin le plus ardu à jouer, surtout dans ce genre de situation.

Sorata sourit, un peu jaune et se tut.

- Comment va Kamui ?

- Il est toujours inconscient. Pas étonnant vu la quantité de sang qu'il a perdu… Ses blessures sont superficielles pour la plupart mais suffisamment nombreuses pour entraîner l'anémie.

- Le choc psychologique doit également beaucoup jouer.

- Oui, effectivement, c'est toujours comme ça avec lui.

- Il s'en sortira.

- Comme il s'en est toujours sorti, avec plus ou moins de marques.

Ils se turent à nouveau, un silence pesant s'installa alors jusqu'à ce que Karen demanda, sans préambule :

- Subaru dort-il toujours ?

- C'est très probable. Ses blessures ne sont pas aussi alarmantes que nous l'avons crû, mais il a été sacrément secoué.

- Qui ne l'aurait pas été à sa place ?

- C'est d'ailleurs étonnant qu'il s'en soit sorti aussi bien après une rencontre avec Kamui… Probable qu'il l'ait ménagé en s'apercevant qu'il ne pouvait pas se défendre. Il avait fait nettement moins de sentiments la dernière fois…

- Vous êtes comme Arashi, vous ne pensez pas qu'il aurait pu y être pour quelque chose…

- Elle vous a raconté, à ce que je vois. Mais peut-être qu'il y a erreur, après tout, dans le feu de l'action, il y a beaucoup d'occasion de se tromper !

- D'après la description d'Arashi, j'en doute.

- Vous êtes bien pragmatique.

- Et vous trop léger.

Il y eut un petit silence tendu.

- Quand je pense que nous avons été assez stupides de penser pouvoir le garder en dehors de tout ça… Malgré son amnésie, il reste un Sceau…

Sorata se rembrunit mais acquiesça néanmoins.

Cette conversation, Subaru la suivait d'une oreille à travers la porte fermée, réveillé de son demi-sommeil agité quelques minutes auparavant. Il repoussa du pied le drap et d'un mouvement, tenta de faire basculer ses jambes dans le vide, dans l'idée hypothétique de se lever, avant d'être arrêté dans son élan lorsqu'une douleur fulgurante lui traversa le corps. Il retomba sur le matelas en serrant les dents et attendit quelques instants avant de malgré tout se hisser sur les coudes. Voir son corps à nouveau blanc de pansements à bandages lui donna une désagréable impression de déjà-vu bien que cette fois-ci, la manière dont elles étaient apparues était plus que présente dans son esprit.

/ Flash-back/

- Bien…, murmura la voix odieuse de sérénité à son oreille. Puisque tu es là, amusons-nous…

Les doigts passaient et repassaient sans cesse sur sa gorge, légers et caressants mais chaque effleurement le faisait frissonner d'horreur. Inconsciemment, il resserra son étreinte autour du corps de Kamui, dont il ne pouvait déterminer l'état de conscience. Le flot de sang dégoulinant sur sa tempe n'était toujours pas tari.

- Ta gentillesse est remarquable, Subaru-kun mais si tu ne l'abandonnes pas, tes chances de t'en sortir s'amenuisent encore, j'espère que tu en es conscient…

Incapable du moindre mouvement, Subaru ne put que renforcer sa prise sur le corps immobile de l'adolescent. Cela parut beaucoup amuser son tortionnaire.

- Bon et bien, dans ce cas…

Mais à peine eut-il prononcé ces mots que l'obscurité se fit tout autour d'eux.

Fuma poussa un petit soupir, puis, levant les yeux au ciel, murmura, faussement exaspéré :

- Décidément, il faut toujours que tu viennes tout gâcher… Mais enfin, ça ne fait rien.

En une fraction de seconde, ses doigts se firent étau sur la gorge du médium, lui faisant étouffer un cri de douleur, et il le souleva de terre, aussi aisément que s'il eut été un chaton.

Incapable de reprendre sa respiration, Subaru se débattit avec autant de force que lui permettait son corps privé d'air, au point que Fuma dut nouer autour de son cou sa seconde main.

Puis soudain, estimant que la plaisanterie avait assez duré, le leader terrestre le lâcha brutalement. Subaru tomba à terre, suffocant et, levant les yeux, blêmit en apercevant son bourreau poser son pied sur le corps de Kamui, tombé à terre. Il appuya, jusqu'à ce que Kamui se débatte faiblement et gémisse, visiblement amusé par le spectacle de l'exorciste tentant de se relever pour se jeter sur lui.

- Tu es si amusant, Subaru-kun…

Délaissant Kamui, le jeune homme s'approcha de Subaru à pas nonchalants, un sourire amical aux lèvres, et fondit soudain sur lui, tel un énorme oiseau de proie, pour le saisir à bras-le-corps et le plaquer rudement contre une roche saillant du sol, dans une position semblable à celle où Subaru avait trouvé Kamui, quelques minutes auparavant. Se saisissant comme qui rigole des bras qui se tendaient pour le repousser, il les plaqua brutalement au dessus de la tête de son prisonnier. Jugeant amusant de pousser plus loin encore la comparaison avec Kamui, il envoya son genou dans le ventre de Subaru qui se plia en deux sous le choc. Ne lui laissant pas le loisir de reprendre son souffle et le maintenant toujours solidement d'une main, il pressa sa main tendue contre le flanc de Subaru et taillada brusquement ses chairs, lui arrachant un cri douloureusement étranglé.

Son sourire s'agrandit à la vue de Subaru se mordant les lèvres jusqu'au sang comme pour contrer la douleur et il ramena à son visage sa main couverte de sang pour la lécher avec un plaisir évident.

- La souffrance te va si bien…, murmura-t-il en connaisseur. Mais je ne m'amuserais pas à te marquer une nouvelle fois au visage.

Mais étrangement, cette promesse ne semblait pas s'adresser uniquement au médium.

Avec une douceur incongrue, Fuma commença à lentement défaire le bandage cachant l'œil blessé de son prisonnier alors qu'un vent violent et froid se mettait soudain à souffler, faisant s'envoler des nuages de poussière et claquer les pans de son manteau.

Mais il s'y mêlait à présent d'étranges formes flottant dans les airs, aussi légères que les plumes d'un oiseau. Elles étaient de plus en plus nombreuses, d'un blanc semblait-il, immaculé et l'air charriait à présent un entêtant parfum de fleur, recouvrant jusqu'à l'odeur de fumée et de sang.

Sous l'injonction brutale de Fuma, le bandeau céda et fut aussitôt emporté par la bourrasque. Cela sembla sonner comme un signal car, sans aucune raison apparente, une faille se profila dans de sordides craquements sur le sol. Elle passa sous les pieds du Dragon de la Terre et sépara la terre en deux, le forçant à s'écarter de Subaru. La faille devint ravin, le ravin devint fossé et il en jaillit de gigantesques éclats de verre, affûtés comme des lames de rasoir, qui se dressèrent vers le ciel opaque.

Sentant la poigne du Dragon de la Terre sur ses poignets disparaître soudainement, Subaru s'écarta prestement de son échafaud et chercha Kamui frénétiquement des yeux, sans se préoccuper de l'odeur de fleur de plus en plus présente, du vent rugissant et des pétales plus nombreux que jamais.

Lorsqu'il se retourna, il aperçut Fuma qui le regardait avec tranquillité au travers des éclats déformants. Il le vit distinctement lever la main, pointait son doigt dans sa direction… Et il se sentit soufflé par une explosion. Comme déconnecté de lui-même, il se vit partir dans les airs et retomba brutalement sur le sol recouvert de gravats.

Sonné, il ouvrit les yeux mais ne distingua rien, machinalement il leva la main et la passa lentement sur son œil valide.

Il n'eut pas le temps de se rendre compte qu'elle avait brusquement rougie qu'un autre choc le secoua, le projetant brusquement à terre, lui donnant l'impression brutale d'être soudain coupé en deux.

Il entendit vaguement qu'un autre explosion avait eu lieu et que la terre avait violemment tremblé. Mais il l'avait senti jusque dans les moindres fibres de son corps meurtri, le faisant hésiter à ouvrir les yeux, redoutant ce qu'il y verrait probablement.

Un son aigu, de plus en plus fort, comme des dizaines de milliers de cris.

Il entrouvrit son œil valide, à demi fermé par le sang coagulé, mais ce fut suffisant pour apercevoir une nuée d'oiseaux aussi noirs que le ciel plombé au dessus de lui.

Il les vit fondre sur leur cible, qu'il ne pouvait apercevoir dans cette position.

Puis un éclair fendit l'air, illuminant brièvement d'une lueur crue le contour des objets. Les cris stridents se turent aussitôt, comme absorbés par la déflagration.

Il souffrait. Terriblement. Mais il ne pouvait dire de son corps elle provenait, tant elle était diffuse.

Il tenta de se redresser, il fallait qu'il s'éloigne d'ici, la terre tremblait de plus en plus fort, l'atmosphère était lourde et électrique, les explosions plus fréquentes et violentes encore.

Et… Kamui ! Où pouvait être Kamui !

Ayant tant bien que mal réussit à se hisser sur ses jambes flageolantes, il porta d'instinct sa main à sa hanche, tentant maladroitement d'arrêter l'épanchement de sang.

Clignant des yeux dans l'obscurité presque totale, uniquement troublée par des éclairs aussi brefs qu'aveuglants, il essaya de repérer l'adolescent blessé lorsque le sol se déroba sous ses pieds et qu'un souffle puisant le projeta face contre terre.

Tentant de reprendre ses esprits et de ne pas céder à la panique, il sentit soudain une main se refermer sur son épaule et la serrer avec douceur. Une autre main s'enroula autour de son torse et le retourna sur le dos, de façon à ce que Subaru put voir le visage de son possesseur.

- Tu n'aurais pas dû te lever, Subaru-kun…, murmura l'homme au dessus de lui. Tu offres une cible facile.

Ceci disant, l'homme porta une main à son visage, retira ses lunettes opaques, et le regard bicolore ainsi révélé transperça aussi sûrement qu'une lame le jeune homme blessé, tant sa froideur jurait avec le sourire doux et chaleureux.

L'homme avait troqué son manteau gris contre un autre, de cuir noir et lui descendant jusqu'aux chevilles, pour l'heure moucheté de tâches d'un rouge sombre et luisant. Sa voix doucereuse s'éleva alors qu'il murmurait avec amusement :

- Tu as décidément le don de te mettre dans les situations les plus complexes. Il me semblait pourtant t'avoir prévenu que je ne serais pas toujours là pour te permettre de t'en sortir…

L'ironie de la situation fit largement sourire l'homme en noir, au contraire de Subaru.

Mais l'homme n'eut pas le loisir de poursuivre car, d'un pas tranquille, un sourire amusé aux lèvres, Fuma s'approchait déjà.

- Tu sais pourtant que je n'aime pas interrompre nos petites 'discussions', Seïshiro-san…

L'interpellé le gratifia d'un regard noir.

Fuma sourit et son regard passa lentement de l'assassin à Subaru.

- Oh, ainsi j'aurais marché sur tes plates-bandes… Tu m'en vois navré.

Tendant soudain le bras devant lui, il murmura quelques mots et une masse d'énergie pure parvint sur eux.

Se levant à toute vitesse et se plaçant en rempart devant le corps de Subaru, Seïshiro parvint tant bien que mal à la repousser en joignant les mains devant son visage.

Les deux sources d'énergie luttèrent férocement entre elles pendant quelques instants, créant une incroyable explosion de lumière. Puis elles parurent s'absorber l'une l'autre et disparurent dans le sol, y creusant un cratère dans un vacarme assourdissant.

Recouvert de poussière et ses mèches noires collées à son front par la sueur, le Sakurazukamori se retourna aussitôt vers Subaru qui, les yeux écarquillés par la peur, tentait de se relever pour s'enfuir.

Sentant la colère le gagner, l'assassin lui saisit alors le bras sans douceur, les dents serrées.

- Est-ce ta façon de me remercier pour t'avoir sauvé la vie ! grinça-t-il, une menace sous-jacente dans la voix qui n'échappa pas à Subaru.

- Lâchez-le tout de suite, espèce de salopard !

Surpris les deux hommes se retournèrent d'un même mouvement vers l'origine de la voix. L'homme en noir sourit, amusé.

- Vous êtes bien téméraire, Kamui-kun, murmura-t-il tandis que le visage de l'exorciste se décomposait devant l'effort visible de Kamui de cacher sa souffrance.

Malgré la précarité de sa situation, Kamui espérait ne pas montrer sa faiblesse à ce tueur goguenard, alors même qu'il se sentait à nouveau au bord de l'évanouissement.

Il n'était pas question qu'il le laisse à nouveau s'approcher de Subaru !

Alors qu'il réfléchissait à toute vitesse au moyen de combattre Seïshiro dans son état, il sentit soudain l'énergie d'un kekkaï sur le point d'être dressé et ses épaules s'en trouvèrent débarrassées d'un grand poids.

Et visiblement le tueur le remarqua également. Aussi lâcha-t-il le bras du médium, qui tremblait de tous ses membres et réussissait on ne sait comment à demeurer debout.

Tout autour d'eux, le mirage commençait à se dissiper, se désagrégeant dans les airs, laissant le ciel gris réapparaître par endroit.

Dans une ondulation de toile noire, le Sakurazukamori disparut alors dans les airs.

Ce fut la dernière image qu'ils aperçurent alors que, sous eux, la tour s'écroulait et que le brouillard envahissait leurs esprits, les faisant plonger dans le noir.

/ Fin du flash-back /

Enfoncé entre ses oreillers, Subaru fixait l'immense fenêtre aux volets entrebâillés et le mince filet de lumière filtrant au travers de la mince ouverture pour venir s'éparpiller sur le sol.

Les yeux dans le vague, il s'amusa un instant à compter les minuscules grains de poussière scintillants, cette activité ayant l'avantage certain de l'empêcher de penser à autre chose.

Il tendit l'oreille et ne distingua aucun bruit, le Manoir était aussi silencieux qu'un tombeau.

Quelle heure pouvait-il bien être ? Probablement très tôt, à en juger par la pâleur du fin rayon luminescent.

Ce fut alors qu'une sorte de petit grattement se fit entendre, infime tout d'abord puis de plus en plus prononcé. Il tourna la tête vers la large porte de bois, estimant ici son origine.

Il vit alors la poignée s'abaisser avec lenteur et la porte s'ouvrir craintivement, juste assez pour laisser entrer une mince silhouette par l'embrasure. Celle-ci referma aussitôt la porte avec les mêmes maladives précautions, craignant visiblement d'être vu.

Puis, à pas feutrés, elle s'approcha du lit où reposait le médium.

- Subaru ? murmura une voix anxieuse. Tu dors ?

L'amnésique sourit alors que le nouveau venu s'asseyait sur l'extrême bord du lit et que son visage pâle et abîmé par la fatigue fut révélé.

- Peut-être aurais-je fait semblant de dormir si ça avait été quelqu'un d'autre…, répondit-il.

Kamui eut un maigre sourire. Sa blancheur faisait presque peur à voir.

Subaru se redressa avec précaution, constatant avec soulagement que la douleur était moins vive que prévu. Il se mit sur son séant, de façon à être à la même hauteur que l'adolescent.

- Tu as encore mal, n'est-ce pas ?

Subaru acquiesça avec un légère grimace. Cela ne servait à rien de jouer les héros.

Il entendit distinctement Kamui prendre sa respiration et attendit sans bouger qu'il parle.

Mais rien ne vint.

- Yuzuriha n'a toujours pas été retrouvé, pas vrai ? fit l'exorciste, histoire de meubler le silence.

Kamui secoua la tête en signe de négation.

Il y eut quelques secondes de silence puis le lycéen leva ses yeux lavandes vers Subaru et demanda, apparemment peu sûr de lui :

- Je… Je suppose que tu te poses beaucoup de questions, non ?

- Au secou… !

Elle ne se rendit pas compte tout de suite qu'elle avait parlé à voix haute, ni même qu'elle s'était soudain assise dans son lit.

La seule chose dont elle avait conscience était que sa poitrine l'élançait douloureusement.

Au niveau du cœur.

Et que sa bouche était emplie d'un acide arrière-goût.

Repoussant les couvertures, elle apprécia un instant la fraîcheur de l'air sur sa peau en sueur et à présent découverte et tourna lentement la tête pour apercevoir les chiffres luminescents du radio-réveil posé sur sa table de nuit. 5 heures et demi… Il était encore trop tôt pour songer à se lever et partir pour le lycée du Campus.

Ses longs cheveux se collaient désagréablement à son corps, elle tenta d'un geste de les étaler sur l'oreiller pour découvrir sa nuque et finalement, se leva, enfila son kimono pour voiler sa nudité et quitta la chambre à pas de loup.

Elle traversa lentement le long corridor baigné de lueur matinale et entra dans la salle de bain.

Elle se remplit un verre d'eau qu'elle avala d'un trait, tentant de faire disparaître ce détestable arrière-goût qui envahissait sa bouche et lui piquait la gorge puis s'aspergea le visage d'une giclée d'eau froide.

Levant les yeux vers son visage qui se reflétait dans la glace, elle contempla quelques instants avec mépris son visage blanc contrastant avec sa chevelure éclatante de noirceur, et les profondes cernes marqués sous ses yeux rougis.

Elle ne se souvenait pas de son rêve, de son cauchemar plutôt, qui semblait s'être évaporé à son réveil. C'était d'ailleurs sans doute pour le mieux.

Agrippant ses mains au lavabo et fermant les paupières, elle tenta malgré tout de se souvenir de certaines images, de certains sons, de certaines sensations qu'elle croyait s'être échappés.

Mais la seule chose qui lui revint fut l'image de deux grands yeux, agrandis plus encore par la peur et l'effroi.

L'un de ces yeux était étrange, sans regard, d'un blanc laiteux, contrastant avec le second, d'un vert fabuleux et luminescent.

Et, comme pour compenser l'absence d'expression de l'œil sans pupille, on aurait dit que le second montrait l'horreur pour deux.

Elle frissonna. Tant de terreur, tant de blessures, cela la bouleversait plus encore qu'elle ne l'imaginait.

Elle s'aspergea à nouveau, appréciant la fraîcheur de l'eau sur son visage, comme si elle eut pu emmener avec elle tous ses problèmes.

Lorsqu'elle sortit de la pièce, son regard s'arrêta sur la porte close de la chambre de Subaru. L'image de son visage aux yeux écarquillés lui revint alors, la chamboulant de la tête aux pieds.

Presque sans réfléchir, elle s'approcha de la porte et résista à l'envie de l'ouvrir, de constater de visu que ce n'était qu'un délire de son imagination.

Mais la peur de le réveiller l'en empêcha. Au lieu de cela, elle tendit l'oreille et crut un instant percevoir un léger bourdonnement, ressemblant à des chuchotements mais probablement était-elle encore en train de rêver.

Aussi décida-t-elle d'aller s'habiller et de descendre se préparer un bol de chocolat, se sentant absolument incapable de se rendormir à présent.

Kamui se tut et leva un regard rendu brillant par les larmes vers l'exorciste qui n'avait pas dit un mot ni esquissé un geste depuis le début de son récit. Kamui prit une profonde inspiration, tentant avec difficulté de contenir son émotion, qu'il avait douloureusement étranglé à l'évocation de Kotori et Fuma.

Constatant la présence du regard doux de Subaru sur lui, il détourna la tête avec honte et s'essuya prestement les yeux d'un revers de main.

Il entendit alors la voix murmurante de Subaru s'élever, pour la première fois depuis que Kamui avait pris la parole :

- … Tu sais que tu peux pleurer, je ne te considérerais pas comme faible, surtout après ce que tu m'as raconté.

L'adolescent leva vers lui ses yeux larmoyants.

- Tu… Tu me crois, n'est-ce pas.

Subaru lui désigna son bras bandé et la bande de gaze qui entourait son ventre.

- Sans tout ça, j'aurais peut-être eu plus de mal à te trouver crédible, avoua-t-il.

Kamui eut un maigre sourire, il s'approcha encore de Subaru et les larmes jusqu'alors prisonnières de ses cils roulèrent sur ses joues.

- Quand je pense… Que je savais, et pourtant…

Ne sachant trop comment réagir face à Kamui qui pleurait à présent ouvertement, Subaru ne put qu'ouvrir ses bras pour accueillir le lycéen secoué de sanglots inaudibles.

Il sentit les mains de Kamui passer dans son dos et s'accrocher avec désespoir à sa chemise et ses larmes venir mouiller son épaule et dévaler sa peau.

Il resserra encore son étreinte sur le corps frêle et encore amaigri par sa convalescence contre lui et passa une main hésitante dans les cheveux ébouriffés.

Ils restèrent longuement ainsi, même après que les larmes de l'adolescent ne se furent taries.

Il sentait le souffle de Kamui se faire plus régulier et son corps se détendre peu à peu au fil des minutes qui s'écoulaient.

Il ignorait combien de temps ils auraient pu rester ainsi enlacés si Kamui ne s'était soudain détaché de lui, les joues un peu rouges.

- … Merci beaucoup, murmura l'adolescent, une certaine gêne faisant vibrer sa voix. Mais… Enfin… Tu n'étais pas obligé.

- Ça t'as fait du bien non ? demanda Subaru.

Kamui haussa la tête, un fantôme de sourire flottant sur ses lèvres.

- Alors c'est tout ce qui compte, murmura l'amnésique.

Le silence s'installa, léger et agréable, où ils se contentèrent de se regarder.

Il se prolongea jusqu'à ce que Kamui ne chuchote, un peu coupable :

- Il faudrait peut-être que je regagne ma chambre…, fit-il en tournant la tête pour fixer la porte.

- Quelle heure est-il ? demanda alors Subaru, curieux.

- Je ne sais pas, avoua Kamui en parcourant la pièce du regard, à la recherche d'un hypothétique réveil ou horloge. Très tôt en tout cas et je devrais être dans mon lit.

- Tu veux te coucher ici ? proposa alors Subaru en tapotant l'espace libre de son lit du plat de la main.

S'en apercevant, Kamui remercia le ciel que la chambre fut si sombre, ainsi avait-il peut-être une chance que Subaru n'ait pas remarqué que son visage avait soudain viré au rouge brique.

- Mais… Heu… Je… Tu… ! balbutia-t-il sous l'effet de l'émotion. Tu es sûr ? ça… Ne te dérangera pas ?

- Tu n'étais pas censé te lever mais tu es pourtant venu jusqu'ici pour me parler de tout ça…

Kamui se demanda un instant si le médium était aussi calme à l'intérieur qu'en apparence.

- Et que tu sois couché ici ou dans ta chambre, du moment que tu l'es, continua Subaru, comprenant que les efforts qu'avait déployé le lycéen pour lui raconter tout cela avaient été considérables.

Tentant de paraître plus détendu qu'il ne l'était en réalité, Kamui se mit alors à quatre pattes sur le lit et s'allongea aux côtés de Subaru, raide comme un piquet et tendu comme un arc.

Mais il sentit soudain sa gêne être balayée alors que l'exorciste rabattait le drap sur son corps avec un doux sourire.

L'ancien Subaru se serait-il permit une telle familiarité avec lui ? L'aurait-il autorisé à l'approcher de si prés, aurait-il eu droit à cette chaleur sans cet incident ?

Il ne pouvait s'empêcher d'en douter, même s'il savait que cette amnésie n'avait fait que mettre à jour une autre facette de lui.

La partie de son être qui n'avait pas été corrompue par le Sakurazukamori.

Il n'avait pas mentionné Seïshiro dans son récit des événements. Il ne s'en était pas senti capable. Il était probable que Subaru ait trouvé étrange de n'entendre parler nulle part de cet homme inquiétant qui l'avait protégé des assauts de Fuma sans aucune raison apparente et qui semblait le connaître bien plus que Kamui ne le pourrait jamais.

Mais il n'avait posé aucune question à ce sujet.

Qu'avait-il bien pu penser en apprenant la situation qui était la sienne avant son accident, leur situation à eux tous, celle de la terre…

Il crût soudain sentir la main de Subaru écarter de son front ses mèches épaisses, caressant ostensiblement ses cheveux. Il se raidit brusquement et ouvrit des yeux confondus autant que effarouchés par cette seule perspective sur Subaru. Celui-ci le regarda, étonné, et Kamui aperçut sa main bien calée sous son oreiller.

- Qu'est-ce qui ne va pas ? demanda-t-il, étonné.

- … Rien, murmura Kamui, confus, se demandant ce qui pouvait bien le mener à imaginer ça.

Se rallongeant, il poussa un profond soupir et tenta de s'endormir, resserrant sa prise autour de son oreiller. Il se sentait si bien tout à coup…

Le visage de l'adolescent était à présent totalement détendu, il avait suffi de quelques minutes pour qu'il ne sombre dans le sommeil.

Parler l'avait appartement apaisé, s'il en jugeait par son visage à présent parfaitement serein.

C'était donc tout cela la cause de cette expression ravagée qu'il arborait parfois, alors qu'il croyait n'être remarqué par personne, cette douleur infinie qui luisait dans ses yeux…

Et après de telles confessions, Subaru serait-il capable de trouver lui aussi le sommeil ?

Il quitta l'immeuble à grandes enjambées, ne se sentant aucunement l'envie de s'attarder.

Et puis les cadavres n'étaient pas vraiment réputés pour leur conversation…

S'arrêtant à quelques pas de l'entrée du bâtiment, il plongea sa main gantée dans sa poche pour en sortir son paquet de cigarette, le maculant par là-même de petites tâches de sang.

L'ouvrant, il constata avec un grognement de dépit que celui-ci était vide.

Ainsi, rien ne pourrait tenter de le calmer et de le distraire de l'énervement et de la colère qui l'habitaient depuis plusieurs jours.

Retirant ses lunettes, il s'approcha d'un adolescent qui, adossé avec nonchalance au mur de la rue sale, exhalait la fumée de sa cigarette à intervalles réguliers.

Le garçon sursauta et retourna aussitôt ses poches pour trouver l'objet de sa convoitise, impressionné par cet homme ombrageux au regard de tueur et à sa demande si directe.

Remerciant le gamin d'un signe de tête, il s'éloigna et s'empressa d'allumer le bout du bâtonnet blanc.

Mais si cela parvint à apaiser son furieux manque de nicotine, il ne parvint néanmoins pas à se calmer.

Soupirant, il quitta le quartier et fixa un instant ses mains rougies.

Il avait l'impression que même cela ne lui apportait plus guère de plaisir…

Traversant le quartier fourmillant de Shibuya, il se jucha un instant sur le bâtiment de béton faisant face au Shibuya 109, son prochain lieu « d'activité professionnelle ».

- Tiens, ton travail est déjà terminé, Seïshiro-san ?

Seul son flegme légendaire lui permit de ne pas laisser transparaître sa surprise et une froide colère l'envahit lorsqu'il reconnut la voix tranquille aux accents amusés.

Il serra les dents, ses poings se contractèrent.

- Toi…

A suivre…

Fin du cha-a-a-pi-i-i-tre ! Enfin et après un retour laborieux de l'inspiration !

N'hésitez pas à m'envoyer des reviews !

K21