Churchyard : Oui, effectivement, Fuma avait vraiment intérêt à se faire bien faire de Seïshiro jusqu'à présent mais, je sais pas pourquoi, ça me paraît un peu compromis ! Merci pour ta review !
Allie de Zilpa : La voilà, la voilà ! En tout cas, tes reviews me font toujours autant plaisir !
Roxane : Oui, c'est vrai, hein ? On se demande toujours si ce cher Kamui, outre ses pouvoirs paranormaux, est vraiment fait comme nous ! Encore un qui a rechigné à manger ses épinards quand il était petit, pas bien ça ! Enfin bon, j'espère que ce chapitre te plaira !
Naelle : J'espère que cette relecture t'aura plu en tout cas ! C'est vrai que je me demandais où tu étais passé, on s'attache vite à ses premières revieweuses ! J'espère que la suite te plaira !
Saaeliel : Merci beaucoup pour cette review ! Pour ce qui est des séparations entre les différentes scènes, je pense pouvoir les imputer à qui n'aime les petits machins que je mets d'habitude ! Mais je vais tenter d'y remédier ! Et oui, pour la scène avec Subaru accroché à son poteau, je suis contente qu'elle est aussi plaisante à lire qu'à écrire ! Ah, ce Subaru, quel bourreau des cœurs ! J'espère que tu aimeras ce chapitre !
Titre : L'absent- chapitre VIII
Auteur : Kestrel21
Base : X/1999
Genre : Yaoï, à priori pas trop OOC, quelques spoilers mais rien de bien méchant et… je crois que c'est tout !
Résumé : Après son combat avec Fuma, Subaru a perdu la mémoire (j'ai toujours eu le don des résumés !).
Disclaimer : Aucun des persos de X ne m'appartiennent et c'est tant mieux comme ça tout le monde peut en profiter (quoi que je dirais pas non si on me proposait Subaru ou Seïshiro !) ! Ah, j'oubliais, les pensées des personnages sont entre guillemets !
Le Sakurazukamori se retourna lentement et croisa le regard de Kamui, assis sur le rebord, les jambes pendant dans le vide, une glace en main, un sourire ingénu aux lèvres.
Sa seule vue donnait envie à l'assassin de se jetait sur lui dans le but non dissimulé de l'envoyer au tapis mais plus le temps passait, plus il doutait de sortir indemne d'un tel affrontement.
Il suffisait de se souvenir de la façon dont son leader avait manqué le mettre à genoux lors de leur dernier combat (1).
Dire qu'il était sensé se battre à ses côtés et non lui tenir tête pour les beaux yeux d'un jeune homme qui ne lui apparaîtrait jamais que comme un ennemi…
Mais Kamui ne semblait pas lui tenir rigueur de s'être retourné contre lui, au contraire, cela semblait l'amuser.
Mais tout en ce monde paraissait n'être rien de plus qu'un jeu pour lui et Seïshiro supportait mal de le voir s'amuser avec SES jouets en toute impunité…
- Tu m'as l'air bien pensif, Seïshiro-san, murmura son leader, brisant le silence qui s'était installé .
L'interpellé ne répondit pas mais fut incapable de faire comme s'il n'avait rien entendu.
- Tu songes à ton jouet, pas vrai ? murmura alors sardoniquement l'adolescent, paressant lire dans ses pensées.
Seïshiro se retourna brusquement, furibond, et, l'espace d'un instant, l'expression de son interlocuteur lui parût changée.
Ses yeux s'étaient faits plus doux, son expression plus enfantine, plus désespérée également. Ses yeux lui parurent plus grands, plus beaux, il y vit passer une immense tristesse et le soleil y faisait danser de doux reflets verts émeraude.
Pendant un instant, il crût voir… Quelqu'un…
Mais cela s'effaça si vite qu'il parvint par la suite à se persuader d'avoir rêvé.
Il resta néanmoins muet l'espace d'un instant alors que Kamui reprenait, son habituel sourire aux lèvres :
- Et bien, Seïshiro-kun, aurait-tu perdu ta langue ?
Le Sakurazukamori s'avança vers lui, menaçant et se planta face à son leader, le fixant méchamment de son déstabilisant regard bicolore.
- Dire que j'avais espéré ne plus avoir à te croiser pendant quelques temps mais je n'ais finalement pas eu cette chance…, siffla-t-il entre ses dents, menaçant comme un serpent prêt à mordre.
Kamui sourit avec candeur.
- Tu remarqueras tout de même que j'ai eu la délicatesse de te laisser tranquille ces derniers jours. Mais je n'ais néanmoins pas pu résister à l'envie de venir contempler ta mauvaise mine…
Seïshiro serra les poings et jura qu'il lui ferait ravaler sa superbe, avant qu'elle ne le rendre fou.
L'adolescent le regardait, visiblement très amusé par le spectacle de l'assassin achevant de perdre son calme, lui qui était réputé pour son attitude hautaine et son impassibilité à toute épreuve.
- Tu ne poseras plus jamais les mains sur lui…, murmura alors Seïshiro d'une voix tranchante après quelques instants d'extrême tension. Plus jamais…
Bien malgré lui, le leader des Dragons de la Terre sentit son calme le quitter. Il fit de son mieux pour n'en rien laisser paraître.
- Est-ce un ordre ou une maladroite tentative d'arrangement, Seïshiro ? demanda-t-il, piquant.
Les yeux du Sakurazukamori lançaient des éclairs.
- Et que se passera-t-il si, par hasard, je refuse ? acheva-t-il, prenant un plaisir pervers à enfoncer le clou.
Mais avant qu'il n'ait eu le temps de reprendre son souffle, les mains de son interlocuteur s'étaient refermées sur son col, y laissant les empreintes sanglantes de ses doigts, Kamui les sentit agitées de tremblements spasmodiques.
Seïshiro faisait visiblement de son mieux pour n'utiliser qu'une faible partie de sa force mais le jeune homme pouvait tout de même sentir son propre corps trembler au même rythme que celui de l'assassin (2).
Il avait toujours eu conscience de sa puissance phénoménale mais l'avait, en général négligée, ne s'attendant pas à la voir un jour se retourner contre lui.
Et sûrement pas en ces circonstances…
Aussi décida-t-il de n'esquisser aucun mouvement, attendant avec patience que Seïshiro retrouve son calme.
Comme prévu, celui-ci, constatant qu'il n'obtiendrait rien du leader terrestre ainsi, le lâcha, déliant à peine ses doigts crispés par la colère, et lui retourna un regard flamboyant de fureur auquel Kamui répondit par son habituel sourire « Ça-ne-sert-à-rien-de-s'énerver-tu-vois-bien ? ».
Comme pour une tentative de réconciliation, l'adolescent lui désigna son cornet de glace à demi fondu par le chaud soleil de l'après-midi.
- Cesse donc tes enfantillages ! s'exclama-t-il, sur le ton doctoral d'un professeur réprimandant son élève indiscipliné. Goûte-moi donc ça ! Parfum chocochips, c'est délicieux !
Seïshiro eu un ricanement qui se voulait sardonique mais qui fut surtout nerveux.
- Plutôt crever…, grinça-t-il en guise de réponse.
Kamui sourit.
- A ta guise, fit-il en léchant sa crème glacée. Mais crois-moi, tu manques quelque chose !
Le Sakurazukamori ne lui fit même pas le grâce d'une réponse, tourna les talons et le jeune homme le suivit des yeux alors qu'il s'envolait et rebondissait sur le toit des buildings puis disparaissait dans le lointain.
- Et bien, encore une facette de toi que je ne connaissais pas…, murmura l'adolescent, pragmatique.
¤ ¤ ¤ ¤ ¤
- On imagine pas ce qui se prépare ici lorsqu'on la regarde, comme ça…
- Non, c'est vrai…, acquiesça Kamui en pressant ses paumes contre la baie vitrée.
- Tu n'étais jamais venu ici ? demanda Subaru, les yeux fixés lui aussi sur la baie de Tokyo qui s'étendait devant leurs yeux.
- Jamais, répondit le lycéen en se retournant vers lui. Même ma mère n'a jamais pu m'y emmener. Et ça ne fait pas tellement de temps que je suis de retour ici…
Son visage s'assombrit et il ajouta :
- Même si ça me paraît des années. Et puis, quitte à mourir en l'an 2000, je suis content d'avoir pu monter au sommet de cette tour au moins une fois.
Cela s'éloignait tellement de ce que l'on s'attendait à entendre sortir de la bouche d'un adolescent que Subaru en eut un instant le souffle coupé. Et Kamui paressait si triste, ce la lui retourna le cœur.
Il voulut dire quelque chose, quelque chose de consolateur mais comment réconforter un adolescent dont le monde dépendait ? Ce n'était pas la première fois qu'il se posait la question mais la réponse lui restait cachée.
Le silence s'installa jusqu'à ce que Kamui ne consulte sa montre et ne propose, les yeux dans le vague :
- Et si on rentrait ?
Subaru acquiesça et jeta un dernier regard à la ville immense sous ses pieds.
- Ça doit certainement être plus beau encore de nuit, tu ne crois pas ? demanda-t-il, rêveur.
Kamui sourit.
- Tu voudrais revenir ?
- Bien sûr.
- Je ne sais pas si c'est permis mais c'est quand tu voudras !
Subaru sourit à son tour, heureux de voir que ce passage à vide n'avait pas duré. Il avait d'ailleurs ces temps-ci l'impression que sa propre humeur dépendait grandement de celle du jeune homme. Mais il ne parvenait pas à se réjouir de la moindre chose lorsqu'il savait Kamui accablé.
De même, comment ne pas sourire lorsque celui-ci était visiblement heureux, surtout lorsque ces moments se faisaient de plus en plus rares.
Une fois au pied de la tour et tandis qu'il se dirigeait vers la baie, il entendit Kamui le questionner soudain, d'une voix mal assurée :
- Subaru… Tout ce que je t'ais raconté, ton passé… Qu'en penses-tu finalement ?
Le médium fut pris de court et pourtant, ce n'était pas comme si il n'y avait guère pensé depuis la confession de son jeune ami, il se passait même peu de temps sans qu'il n'y pensât, tournant et retournant ses mots dans sa tête, au risque de devenir fou.
Mais c'était pourtant uniquement ainsi qu'il pourrait une idée de l'abyme de folie dans lequel l'adolescent était enfermé jours et nuits.
- Je pense que… Qu'en réalité, je ne suis pas étonné que ce soit toi qui m'ait parlé le premier de tout ça.
- Ah, pourquoi ? demanda Kamui, surpris de cette réponse, bien qu'en lui-même, il formulât déjà la probable justification de l'exorciste.
Oui, car il était Kamui, leur leader, forcément le premier concerné par toute cette sale histoire.
Bien qu'il ne se soit jamais préparé à la déception de l'entendre sortir de la bouche de Subaru.
Mais, pourtant, ce ne fut pas ceci qui vînt.
- Tu étais celui qui se trouvait être le plus proche de moi, non ? Sentimentalement parlant.
Prit de court, Kamui ne sut que répondre, ne pouvant que fixer Subaru stupidement, se demandant ce qui avait poussé l'amnésique à penser cela.
Un instant, il songea à poser la question mais la gêne le fit se taire, il détourna les yeux. Et Subaru ne tenta pas d'en savoir davantage, cela soulagea le plus jeune et à la fois l'embarrassa plus encore. Que devait d'ailleurs penser le médium à cette minute?
Probablement que ce soudain mutisme ambigu ne pouvait signifier qu'une chose, une chose que le pudique Kamui n'osait évoquer qu'à mots couverts.
Mais le lycéen ne parvint malgré tout pas à se décider à rétablir la vérité. Ne serait-ce que parce que la timidité lui nouait la gorge et que la dernière chose qu'il souhaitait était de se rendre une nouvelle fois ridicule devant Subaru, en bégayant une maladroite excuse qui n'aurait sans doute fait que le décrédibiliser davantage.
Et Subaru ne lui demandait rien, Kamui détournait les yeux et ne voyait par conséquent pas son visage, il n'entendait que le bruits de ses pas qui se détachait par dessus la rumeur de la circulation. Le regardait-il ? Quelle devait être son expression ?
La voix de l'exorciste s'éleva soudain, calme et neutre comme jamais, le faisant presque sursauter :
- N'est-ce pas le parc Ueno là-bas ?
Kamui fit glisser son regard dans la direction désignée et reconnût effectivement les hautes grilles de fer encadrant un touffu massif d'arbres, coin de verdure surgi au milieu du béton.
- Comment le sais-tu ? demanda Kamui, un rien surpris.
Subaru croisa son regard, les sourcils haussés, visiblement étonné par la légitimité de la question avant de répondre, désinvolte :
- Je suis passé devant avec Yuzuriha, la dernière fois.
Kamui sentit son cœur se serrer à la pensée de la jeune fille, dont il ne savait même pas si elle était vivante ou morte. Il se sentit mal et n'insista pas, cette dernière fois étant elle-même trop présente dans sa mémoire et proposa :
- On peut le traverser si tu veux. C'est un bon raccourci pour retourner au Campus, si je me souviens bien.
C'est à l'instant où il vit Subaru acquiescer que quelque chose le frappa soudain.
Pendant quelques secondes, ses yeux firent d'incessants aller-retour entre Subaru et les grilles du parc, ne comprenant pas l'étrange impression qui venait de s'emparer de son corps. Quelque chose en lui criait, se révoltait même, à l'idée de passer cette porte, sans qu'il puisse comprendre pourquoi. Mais une autre voix, plus forte celle-ci, la couvrait, délivrant presque le même message, l'empêchant pendant un instant de songer à autre chose.
Plus que tout, il ne devait, ne voulait pas laisser Subaru y pénétrer lui-même.
Mais cela ne l'empêcha pas de suivre le jeune homme malgré tout.
A l'intérieur, une fois passé à l'ombre des cerisiers qui affichaient en cette saison une partielle nudité, au milieu des promeneurs foulant de leurs pieds le tapis feuillu sans cesse plus épais, son sentiment de malaise allait crescendo.
Mais l'endroit semblait plaire à Subaru qui, s'apercevant que Kamui le regardait, lui octroya un petit sourire.
Cela eut un effet calmant sur le jeune Sceau, comme du vent soufflant sur son esprit, chassant et éparpillant son inquiétude latente.
Le silence s'était installé entre eux mais il ne s'y trouvait plus la moindre trace de gêne, celui-ci était bon, calme, un de ces silences doux qu'il partageait exclusivement avec l'exorciste, lui donnant l'impression qu'ils n'avaient pas besoin de mots pour se comprendre.
Les yeux levés vers la cime des arbres et le ciel achevant de se couvrir, Subaru avait néanmoins une conscience aiguë de la présence de Kamui à son côté mais, lorsqu'il le regarda, il lui sembla que l'adolescent n'était soudain plus ici, avec lui. Ses yeux étaient vagues et son expression, triste et mélancolique.
Quels souvenirs douloureux ce parc pouvait-il bien lui évoquer, il le vit soudain secouer la tête, comme pour en chasser ses réminiscences. S'apercevant que Subaru le fixait, Kamui ouvrit de grands yeux et s'excusa d'un maigre sourire.
Cela attrista le médium, de le voir ainsi tout garder pour lui…
clac
le petit bruit sec d'une branche se brisant les fit se figer et ils l'entendirent alors se répercuter une dizaine de fois tout autour d'eux, claquant à leurs oreilles et s'amplifiant sans cesse.
Et lorsque le silence se fit à nouveau, il était écrasant.
La rumeur lointaine de la circulation, celle des tranquilles conversations, le sifflement du vent entre les branches, le moindre pépiement d'oiseau, tout cela s'était tut.
A tel point qu'ils pouvaient chacun entendre la respiration de l'autre qui, au fil des secondes qui paressaient être autant de siècles, se faisait plus rapide et plus oppressée.
Ils se regardèrent un bref instant, s'arrêtant. Tout autour d'eux, le paysage paressait frissonner, trembler même, à la manière de la ligne d'horizon goudronnée un jour de canicule. Il se faisait flou…
Kamui sentit l'angoisse le prendre à la gorge.
- … Partons, fit-il au médium, les yeux fixés sur la grille de sortie maintenant apparue devant eux.
Subaru hocha la tête alors qu'un frisson lui parcourait l'échine. Lui aussi désirait soudain quitter cet endroit rapidement. Il y avait quelque chose ici qui ne lui plaisait pas.
Regardant devant lui pour tenter d'apercevoir la sortie, il s'aperçut que l'allée qui jusque là s'étendait sous ses pieds avait disparu, laissant la place à un paysage horrible de noirceur. On aurait dit qu'une dense fumée venait de l'envelopper.
« Qu'est-ce qu'il se passe ! »
Désemparé, il tourna un instant sur lui même, à la recherche de Kamui mais partout il ne voyait que du noir. Lorsque soudain, devant lui, se découpa lentement la silhouette d'un arbre immense. Subaru resta saisi de stupeur alors que l'écran de fumée qui l'entourait se révélait être des milliers de pétales rosés soulevés par une brise qu'il ne sentait pas pour autant.
L'arbre était immense, jamais il n'en avait vu de semblable. Il était amarré au sol par d'énormes racines, semblables à des serpents pythons qui jaillissaient hors de terre pour s'enrouler autour de son tronc épais.
Cette vision avait quelque chose de monstrueux et pourtant, Subaru ne pouvait s'empêcher d'être subjugué.
Quelque chose bougea au milieu des branches chargées de fleurs et Subaru aperçut une silhouette sombre et longiligne qui se découpait au milieu de cette neige végétale.
Comme mût par une force invisible, l'esprit soudain vidé, il s'approcha.
Il y avait en réalité deux personnes dans l'arbre, il leva le regard vers la cime, sans oser entrer en contact avec le tronc noueux de ce cerisier qui lui inspirait autant de fascination que de répulsion trouble.
Soudain, quelque chose attira son attention, quelque chose avait changé, une odeur âcre flottait dans l'air, lui nouant la gorge, lui soulevant l'estomac.
Son origine était un filet rouge et chaud dévalant le tronc, s'insinuant sous l'écorce, absorbé par elle…
« Du sang ! »
Il leva la tête.
Et croisa le chemin de deux yeux couleur or.
Un jeune homme d'une vingtaine d'années le fixait, adossé contre une branche épaisse, un sourire moqueur aux lèvres.
Et dans ses bras se trouvait une petite fille, inerte, comme une splendide poupée de porcelaine. Son buste pendait dans le vide et ses longs cheveux étincelants de noirceur étaient maculés de rouge.
Son visage rond d'enfant était pâle au point d'en paraître transparent et ses yeux étaient vides, tellement vides…
Du sang coulait de sa bouche entrouverte et, sur sa robe bleu ciel, au niveau de la poitrine, une tâche brune grossissait.
Grossissait.
Les mains du jeune homme étaient rouges, elles aussi.
Il les porta à son visage et, en fixant ostensiblement Subaru, lécha le fluide vital avec délectation, en maculant son menton.
« Que ce passe-t-il ! »
Un vent violent se mit soudain à souffler, accélérant la danse des pétales autour de lui. Sa vue fut bouchée. Affolé, il tenta sans succès de les disperser, la pensée de la disparition de Kamui tournant dans sa tête en une danse aussi affolée que les fleurs autour de lui. Lorsque soudain, le silence. Tellement subit qu'il en devint oppressant.
Inquiet, il regarda autour de lui, constatant le décor avait changé. L'obscurité était toujours aussi présente. Quelque chose bougea à quelques mètres de lui. Malgré la noirceur de la pièce, il distingua une personne, accroupie, la tête entre ses genoux. Il perçut après quelques instants d'écoute attentive des faibles sanglots de désespoir. Soudain, la personne releva la tête et fixa sur lui deux billes emplies de larmes. C'était une femme, ses longs cheveux noirs et emmêlés retombaient sans grâce sur son visage humide et ravagé, encore jeune pourtant. Presque malgré lui, le médium s'approcha, tout en restant malgré tout à une distance respectueuse. Qu'est-ce qui pouvait donc rendre cette femme si visiblement malheureuse... ?
- Que vous arrive-t-il ? demanda-t-il avec un calme qu'il était pourtant loin d'éprouver.
La femme le regarda soudain comme si elle venait juste de s'apercevoir de sa présence. Lentement, sans le quitter des yeux, elle se leva en s'aidant du petit meuble à côté d'elle. Elle tremblait de tous ses membres.
Elle semblait décidée à s'approcher de lui, Subaru vit sa main frémissante attraper maladroitement quelque chose sur le meuble, son poing se referma sur l'objet sans qu'il puisse l'identifier.
Quelque chose n'allait pas, il ne savait pas de quoi il s'agissait mais il sentait qu'un danger planait au dessus de lui, une épée de Damoclès prête à se détacher à tout moment. Les yeux de la femme étincelaient d'une lueur folle, malsaine, elle chancelait sur ses talons hauts. Son visage n'était plus qu'une hideuse grimace et elle brandit l'objet qui étincelât malgré l'absence de lumière alors qu'elle le dévoilait, levé au dessus de sa tête, pointé vers lui.
Son sang ne fit qu'un tour. Elle tenait un scalpel.
- … Vous… Vous, vous pourriez… lui donner… lui donner… pour mon fils…
Subaru se rendit compte qu'elle fixait son bassin avec une expression proche de la concupiscence.
Brandissant son arme, elle se précipita sur lui.
- Un rein… juste un rein… pour Yuya… pour mon fils…
Paralysé, il vit la lame dangereusement affûtée s'abattre sur lui, pour trancher sa chair, par n'importe quel moyen.
Il s'entendit hurler.
Mais il ne se passa rien.
Ouvrant les yeux, qu'il avait fermé sans s'en rendre compte, il réalisa que quelqu'un venait de s'interposer, un homme à la carrure impressionnante.
Une main forte se referma autour de son bras, comme pour le dissuader de bouger.
L'homme repoussa violemment son agresseur, lui assénant un coup capable de la tuer. Elle s'effondra à terre dans un bruit sourd et le scalpel cliqueta sinistrement en tombant sur le sol.
La poigne de l'inconnu se relâcha soudain et il se retourna vers Subaru qui, hébété, le fixait de tous ses yeux sans pouvoir s'en empêcher.
L'homme avait appliqué sa main sur son œil droit que la lame destructrice avait rencontré, pour tenter d'épancher un important flot de sang. Pourtant, il ne montrait aucun signe de douleur ou de défaillance. Droit comme un I, il fixait sur le médium son œil valide où brillait une étincelle ironique et moqueuse.
« C'est un cauchemar !»
Il attrapa soudain son épaule et, avec violence, retourna Subaru de façon à ce que le médium lui tourne le dos. Celui-ci, trop déconcerté pour éprouver de la panique, ne chercha pas à résister et retint un cri de terreur en apercevant son sauveur devant lui.
La poigne sur son épaule avait disparu et Subaru savait instinctivement que si il se retournait, il ne trouverait que du vide.
L'homme devant lui porta une main à son visage et retira sa paire de lunette de soleil en un geste lent et son regard asymétrique transperça l'amnésique aussi rudement qu'un sabre.
Le vent soufflait à nouveau mais le jeune homme ne s'en rendait pas compte, cloué au sol par l'intensité de ce regard de prédateur, à la fois calculateur, glacial et amusé de sa détresse.
Ses tempes pulsaient avec violence, il avait envie de se jeter à terre, de se boucher les oreilles et de fermer les yeux, et d'espérer que lorsqu'il les rouvrirait, tout serait fini.
« Il est temps de mettre un terme à notre pari… Subaru Sumeragi… »
- Non… laissez-moi…
Un gémissement pitoyable, un chiot qui se noie.
Maintenant il n'entendait plus rien. S'était-il mit les mains sur les oreilles instinctivement ? Tans pis, cela n'avait aucune importance.
Il se sentait bien à présent, la boule d'angoisse qui lui nouait le ventre avait disparu.
Il ouvrit les yeux.
La première chose qu'il vit fut un plafond. Blanc. Uniformément blanc.
Il se redressa comme monté sur ressort et, stupéfait, contempla la pièce autour de lui.
« C'est impossible ! »
Il se passa une main sur le visage et se leva d'un bond.
Etais-ce possible ? Complètement dérouté, il fixait la pièce autour de lui, pièce pour le moins familière étant donné qu'il s'agissait du salon jouxtant la cuisine du Manoir Imonoyama.
Sa respiration ne s'était toujours pas calmée, il porta une main à sa poitrine, sentant son cœur palpiter à un rythme infernal. Il dressa l'oreille, essayant tant bien que mal de se concentrer.
Il n'était pas seul ici, il percevait des voix dans la pièce attenante, des cris même.
Comment diable avait-il pu atterrir ici ! Et où était Kamui !
Tentant de rassembler ses esprits, il embrassa de nouveau la pièce du regard, comme espérant trouver sur les murs ou les meubles une hypothétique réponse à ses questions.
Ses yeux se posèrent soudain sur la fenêtre grande ouverte de la pièce, dont les rideaux légers se soulevaient avec la lenteur et la régularité d'une respiration sous l'effet du vent, puis sur la table basse.
Une enveloppe en papier kraft de taille moyenne s'y trouvait, posée là dans l'attente de son destinataire. Sans réfléchir, il s'en saisit et la décacheta rapidement.
Malgré sa taille, l'enveloppe ne contenait qu'une mince feuille de papier et… Subaru fut saisi de stupeur lorsqu'une minuscule et odorante fleur de cerisier s'échappa à son tour.
Les cinq gracieux pétales qui l'ornait était rouges à leurs extrémités. Et quant à son parfum, rien ne s'éloignait davantage de l'odeur habituelle de ces plantes…
Tentant de réprimer la nausée qui lui montait à la gorge, il posa avec une délicatesse qui le surprit la fleur délicate sur la table de verre et porta à hauteur de ses yeux le mince feuillet, support d'une écriture fine et serrée.
« Je suppose qu'à présent, tu serais incapable de reconnaître cette écriture qui, pourtant t'as tant marquée… »
Subaru plissa les yeux.
« Tu aimerais savoir qui je suis, n'est-ce pas ? J'en suis certain, je te connais assez pour savoir que tu es resté le même malgré tout… Mais si tu es décidé à le comprendre par toi-même, voilà une raison de plus de ne parler de ce mot ou de ton aventure du parc à personne.
Au cas échéant, je crains qu'il n'arrive malheur à la personne en question, car je serais ennuyé de te faire du mal. Et si jamais la mort de cette personne te causait du malheur, sache que je serais aussi très mécontent de voir qu'elle a pu ainsi gagner ton affection… »
La menace à peine voilée fit grincer des dents au jeune homme, il tomba assis sur le canapé.
« Mais pardonne-moi pour ceci, je sais pourtant mieux que personne que tu es trop intelligent pour que j'ai besoin de te menacer.
Au Rainbow Bridge, dans trois jours, je pense qu'il est inutile de te donner une heure.
Ne sois pas en retard.
A toi,
S.S »
Subaru leva les yeux au plafond, n'osant jeter un autre regard à la missive entre ses mains, n'osant penser à ce qu'il y avait vu écrit, à ce que cela signifiait.
Mais déjà, en un geste purement instinctif, il replia la lettre avec soin, la plongea dans sa poche avant de se lever pour faire disparaître l'enveloppe et la fleur.
Ce fut à cet instant que les cris se firent plus forts de l'autre côté de la porte.
Abaissant la poignée, il l'ouvrit à la dérobée et s'étonna de l'étrange scène se déroulant sous ses yeux. Devant lui, inconscient de sa présence, Kamui et Sorata étaient en pleine dispute.
Mais hélas, avant qu'il put en saisir la cause, ils se retournèrent vers lui d'un bloc, se taisant soudain.
En les observant qui le regardaient, visiblement gênés d'avoir été surpris, Subaru sentit soudain de la colère enfler en lui.
- … Subaru ? appela sans conviction le moine, soutenant le regard désobligeant du médium. Je… Tu… Kamui, dis-lui toi !
L'interpellé ne sembla même pas l'entendre, ses yeux fixaient Subaru avec presque de la détresse, que l'amnésique fit semblant de ne pas voir, même si cela lui coûta.
- Bon, OK, je vois…, marmonna Sorata. Subaru, il faut qu'on parle.
Subaru renifla avec mauvaise humeur, tandis que les épaules de Kamui s'affaissaient.
Il aurait voulu quitter la pièce en leur claquant la porte au nez mais l'arrivée brutale de Karen les surpris tous.
La jeune femme ne chercha pas à comprendre les raisons de ce silence crispant régnant entre les trois garçons et se tourna vers l'exorciste.
- Venez tous. Subaru, il y a quelqu'un qui… demande à te voir.
A suivre…Voilà ! J'espère que ce chapitre vous a plu ! Une petite review ? Hein ? S'iiiiil vouuuuus plaîîîîîît !
Les inévitables notes de l'auteur :
(1)Flubb : ¤ grognegrognegrogne ¤ J'aime pas quand c'est pas Seïshiro le plus fort !
(2)Flubb : ¤ soupir de soulagement ¤ Ouf, ça va mieux !
