Réponse aux reviews :

Churchyard : Oui, méchant, tréééés méchant de finir comme ça ! Mais voilà la suite ! J'espère que tu l'aimeras !

Saaeliel : Oui, c'est vrai que c'est pas trop le genre de Seïshiro de suivre Fuma comme un gentil toutou ! D'ailleurs, un grand schisme chez les Dragons de la Terre est à prévoir ! Merci de cette review !

Allie de Zilpa : Tes suppositions vont pouvoir trouver leur réponse dans ce chapitre, qui peux bien être ce mystérieux inconnu… ? Ha ha ha ! J'espère que ce chapitre te plaira !

Kyurane : Si ma fic a pu te remonter le moral, j'en suis encore plus ravie ! Merci pour tous ces commentaires que j'ai adoré ! J'espère que la suite te plaira !

Naelle : Ah haaa, te revoilà à niveau, ça m'a fait très plaisir tous ces messages ! Voilà donc la suite et j'espère qu'elle te plaira tout autant !

Roxane : Ah bon ? Ce pont est si laid que ça ? Pourtant dans le manga, ça paraît presque comme un chef-d'œuvre d'architecture (faut dire qu'il s'en passe dessus des choses intéressantes !). Bon, en tout cas, je pense que je vais garder mes illusions à son propos ! Ainsi, tu es allé à Tokyo ? Tsss, veinarde ! Merci pour cette review !

Et, sur ce, bonne lecture à toutes !

Titre : L'absent- chapitre IX

Auteur : Kestrel21

Base : X/1999

Genre : Yaoï, à priori pas trop OOC, quelques spoilers mais rien de bien méchant et… je crois que c'est tout !

Résumé : Après son combat avec Fuma, Subaru a perdu la mémoire (j'ai toujours eu le don des résumés !).

Disclaimer : Aucun des persos de X ne m'appartiennent et c'est tant mieux comme ça tout le monde peut en profiter (quoi que je dirais pas non si on me proposait Subaru ou Seïshiro !)

Mais pour ce chapitre, je fais exception pour Omi, qui est mien. Encore que, vu l'insignifiance de son rôle, je me demande pourquoi j'en parle !

Ah, j'oubliais, les pensées des personnages sont entre guillemets !

Et merci à Kokoroyume pour sa review si sympathique !

Lorsqu'ils pénétrèrent dans la pièce, précédés par Karen, leur attention fut immédiatement attirée par un jeune homme assis sur le sofa, une tasse de thé en main, face à une Arashi comme toujours imperturbable ou peu s'en faut et un Seïishiro qui n'en menait pas large.

L'inconnu se leva soudain en apercevant les nouveaux arrivants et, s'avançant vers eux, leur serra la main avec amabilité.

De taille moyenne, un sourire de circonstance bien qu'affable aux lèvres, il alliait une grande beauté à un charme équivoque.

- … A qui ais-je l'honneur ? demanda Sorata après un instant d'hésitation, déconcerté par l'agréable sourire que lui offrait ce radieux personnage.

- Mon nom est Omi Sumeragi, se présenta le jeune homme. Je suis ici sur ordre du douzième chef de la famille Sumeragi.

A ces mots, Kamui tiqua violemment tandis que Sorata se contentait de laisser sa bouche béer de surprise, Subaru ne broncha pas.

Se tournant alors vers lui, le nouveau venu sourit et se courba légèrement en guise de salut.

- Subaru-san, je présume ?

- Vous présumez bien…, répliqua le médium avec froideur.

- Mais, Omi-san, que nous vaut l'honneur de votre visite ? demanda Sorata avec appréhension.

Omi se retourna vers lui.

- Comme je l'expliquais à ce monsieur et cette jeune demoiselle, j'ai été envoyé de Kyoto pour… Enquêter sur l'étrange disparition de notre treizième chef, si je puis m'exprimer ainsi.

Ne recevant en guise de réponse que des regards ahuris, il décida de s'expliciter un peu plus.

Mais seul l'homme qui l'intéressait réellement ne semblait pas se préoccuper de son explication. A vrai dire, il ne le regardait même pas.

- Nous avons reçu des plaintes d'un important nombre de clients ayant demandé de l'aide à Subaru-san et constaté que notre chef n'honorait plus jamais ses rendez-vous. Connaissant comme nous la connaissons votre conscience au travail, cette information nous laissait perplexes. Et il nous était ardu de vous contacter. Notre douzième chef nous avoua qu'elle n'avait plus eu de véritables contacts avec vous depuis longtemps.

Bien malgré lui, Subaru laissa transparaître la surprise que de tels propos lui causait.

Omi s'en aperçut et en conçut lui aussi un certain étonnement.

Quant aux autres, leur malaise paressait s'accroître à chaque mot de l'invité.

Au point que l'atmosphère de la pièce en devienne électrique.

- Sachant que vous ne vous rendiez plus jamais à vos rendez-vous, il va sans dire que nous savions par où commencer l'enquête. Nous nous sommes tout d'abord rendus à votre appartement de Tokyo mais vous l'aviez visiblement déserté depuis quelques temps. Par la suite, un appel à la direction de ce campus nous confirma que vous aviez bel et bien emménagé ici.

Il se tut, la suite allant sans dire.

Mais Sorata, comme tous les autres ici, eût cent fois préféré qu'il continuât à parler.

Maintenant le silence s'était fait et il cherchait désespérément quelque chose à dire pour le meubler sans que le jeune homme soupçonne quelque chose.

Pourtant, et cette possibilité lui apparaissait comme dangereusement inéluctable, Omi ne pourrait quitter le Campus sans savoir ce qu'ils tentaient tous de lui cacher.

Désespéré, il fixa le visage de leur invité afficher de l'étonnement puis une méfiance croissante.

Lorsque soudain, et au moment où il s'y attendait le moins, une voix s'éleva :

- Vous m'envoyez désolé, Omi-san, mais tout ce que vous venez de dire n'a aucun sens pour moi.

Le porte-parole de la famille Sumeragi plissa les yeux et, interdit, scruta Subaru.

- Que voulez-vous dire ? demanda-t-il, interloqué.

Ignorant l'expression défaite de Sorata, le médium s'avança et se planta face à son homologue, le regardant droit dans les yeux.

- Je ne vois pas vraiment l'intérêt de vous le cacher. La famille Sumeragi dont je suis sensé être le chef, je ne connais son existence que par un récit…

Craignant que Kamui ne s'attire les foudres des autres Sceaux, il préféra ne pas dire que le récit en question venait de lui.

Mais probablement cela leur paraîtrait évident lorsqu'ils y réfléchiraient. Mais pour l'instant tous paressaient suffoqués, à part Kamui dont l'expression était indéfinissable.

- … Je vous serais gré d'être plus explicite, Subaru-san, fit Omi à qui tout cela n'échappait pas et qui avait de plus en plus de mal à cacher son inquiétude derrière ses manières surannées.

- Vous souvenez-vous du tremblement de terre qui a détruit le Sunshine 60 ?

Cette question venait de Kamui. Tous les regards convergèrent aussitôt vers lui.

Omi acquiesça, ne voyant visiblement pas où l'adolescent voulait en venir.

- Subaru y a été blessé et emmené à l'hôpital dans l'immédiat, continua Kamui, s'enhardissant. Je n'irais pas par quatre chemins, Omi-san. Quelques jours plus tard, on nous annonçait qu'il avait perdu la mémoire.

Un grand silence accueillit sa déclaration, on aurait entendu une mouche voler.

- … C'est une plaisanterie ? demanda Omi avec un rire nerveux.

- Hélas non, fit Karen, la seconde à reprendre ses esprits.

Admiratif, Subaru fixait Kamui et il ne vit pas immédiatement le regard brun d'Omi se braquer sur lui.

Celui-ci le fixa longuement, hésitant sur la marche à suivre et finalement, demanda d'une voix blanche :

- … Puis-je passer un coup de téléphone ?

- Dans le vestibule, le renseigna Arashi.

Lorsqu'il eut quitté la pièce, le silence parut s'alourdir plus encore.

Tous les regards se fixèrent sur Subaru, puis sur Kamui, à nouveau sur Subaru et se croisèrent, se concertant.

- Depuis quand es-tu au courant ? demanda brutalement Sorata, autorisant ainsi l'assaut.

Subaru se contenta de le regarder.

- Ça fait longtemps ?

- Combien de temps comptiez-vous encore me le cacher ? demanda abruptement Subaru, contre-attaquant.

Cette question eut le mérite de clouer le bec au jeune moine.

Embarrassé, il chercha du secours autour de lui mais personne ne semblait disposé à lui en fournir. Il retint une grimace de dépit.

Tous les mêmes décidément ! Ils avaient le beau rôle, à paraître planer dans des sphères qui le dépassaient, de ne pas rire et de ne parler que lorsqu'ils le jugeaient nécessaire. Bandes de lâches !

Et Yuzuriha qui n'était pas là. Jamais il n'avait aussi durement ressenti l'absence de la collégienne, dont la bonne humeur et l'indécrottable optimisme faisait tampon lors de leurs petites querelles internes.

Il sentait qu'il allait exploser sous peu lorsqu'une petite voix murmura, toute proche de lui :

- C'est moi qui lui ait tout dit…

Reconnaissant la voix de son jeune leader, le moine de Koya parvint de peu à ne pas s'exclamer victorieusement : « Ben voilà, j'en étais sûr ! ». Cela risquait de peiner Kamui et malgré l'amertume et la colère qu'il ressentait, c'était la dernière chose qu'il souhaitait.

- Personne n'avait cherché à savoir ce que Subaru pouvait bien penser lorsqu'il s'est fait attaquer par Fuma ! continua Kamui avec une soudaine hargne et même un certain dédain. Je me suis dit que c'était la moindre des choses que de lui raconter… De lui expliquer… Puisque vous ne sembliez pas décidés à faire quoi que se soit.

La culpabilité se lisait à présent sur tous les visages, plus ou moins prononcée. A peine visible sur celui d'Arashi, modérée sur celui de Karen et exacerbée sur celui de Seïishiro.

Subaru, quant à lui, était de plus en plus admiratif. Kamui avait réussi à tourner à son avantage ce qu'on lui reprochait. Il ne pensait pas l'adolescent capable d'une telle force de persuasion.

Ce fut à cet instant qu'Omi apparut dans l'embrasure de la porte. Il paressait défait. Sorata et Karen, les seuls à avoir été en contact avec la grand-mère de Subaru et connaissant par conséquent la sécheresse et la rigueur de la vieille femme, espérèrent qu'elle n'avait pas trop déchargé son acrimonie sur le pauvre garçon.

Celui-ci tourna le regard vers Subaru et dit, visiblement troublé :

- J'ai rendu compte de notre problème à votre grand-mère, Subaru-san…

Il se tut et, privée du son de sa voix, la pièce était aussi silencieuse qu'un tombeau.

- Je vais donc de ce pas rentrer à Kyoto, continua-t-il. Et vous allez me suivre.

- Pardon ! s'exclamèrent Subaru et Kamui d'une seule voix.

Mais ils furent les seuls à réagir de la sorte. A réagir tout court d'ailleurs. Au contraire, les autres paressaient s'y attendre.

Le sourire d'Omi était contrit.

- Je suis désolé mais notre douzième chef est formelle, je dois vous ramener à la maison-mère, de gré ou de force.

Subaru était révolté. Mais il le fut plus encore lorsque Seïishiro prit la parole.

- Ne vous excusez pas, Omi-san. C'est probablement la meilleure chose à faire. Il sera plus en sécurité à Kyoto…

Le regard acéré que lui décocha le médium le fit taire mais Sorata prit le relais.

- Et puis, qui sait, peut-être l'art secret du clan Sumeragi peut-il quelque chose contre les amnésies.

L'œillade meurtrière, de Kamui cette fois, ne lui fit pas regretter ses mots. Karen acquiesça et Arashi ne dit rien, signifiant par son silence et ses yeux baissés qu'elle se rendait à la majorité.

Devant ce spectacle, Subaru sentit ses nerfs s'échauffer, ses poings se contractèrent.

- Je ne vous suivrais pas ! cracha-t-il véhémentement.

Les autres, qu'une telle résistance étonnait apparemment, le fixèrent sans comprendre.

Karen était surprise. Que pouvait bien valoir cette réaction ? Un instant, son regard dériva vers Kamui, qui lui non plus ne semblait pas enchanté par cette perspective de départ, ce n'était rien de le dire. Mais elle détourna rapidement les yeux, se concentrant sur le médium dont les yeux étaient plissés de détermination.

Subaru n'avait aucune raison de vouloir rester ici, il réagissait comme un enfant.

Pour elle qui ne l'avait connu que froid, silencieux et renfrogné, ce changement surprenait autant que, quelque part, il ravissait.

Son attitude était tout à fait celle d'un petit garçon têtu se rebellant contre les adultes qui prétendaient ne vouloir que son bien.

Bien malgré elle, la jeune femme se sentit émue par cette vision et cette comparaison qu'elle jugeait si appropriée…

- Allons Subaru-san, soyez raisonnable, supplia Omi, décontenancé par cette réaction.

- Enfin, qu'est-ce qu'il te prend ! demanda soudain Sorata, plus durement qu'il ne l'aurait voulu.

L'exorciste fit volte-face et fixa le moine avec hargne, de son regard disparate que le jeune garçon jugea effrayant pour la première fois.

Il lui semblait que Subaru allait se jeter toutes griffes dehors sur lui, que sa maîtrise de lui ne tarderait pas à la trahir.

Mais lui aussi en avait assez, assez de son rôle d'imbécile heureux, assez de devoir supporter les humeurs de tous ces ingrats. Lui aussi était sur le point d'exploser et peu importait que la personne qui le défiait soit Subaru ou un autre, il était prêt à entamer une bataille dans les règles de l'art !

Mais Subaru ne fit rien, rien d'autre que de le fixer sans ciller en paressant fulminer de l'intérieur, ses poings se crispant et se décrispant comme s'il était prêt à les passer autour du cou du lycéen si c'était là le seul moyen de le faire taire.

La tension était palpable et, impuissant, Kamui ne pouvait faire que regarder sans savoir comment éviter la grêle de cris et d'insultes qui paressait inévitable.

Et pourtant, elle ne vint pas. Car soudain Subaru se détourna de Sorata comme s'il n'existait plus pour à nouveau faire face à Omi, brisant net l'intense échange de regards meurtriers qu'il avait eu avec le moine.

- Pardonnez-moi, Omi, mais je ne vous accompagnerez pas.

Le ton, bien que calme, était catégorique.

- Que puis-je faire pour que vous changiez d'avis ? demanda leur invité, son ton prouvant qu'il n'y croyait guère.

Subaru secoua la tête.

- Rien. Je ne changerais pas d'avis.

Les yeux d'Omi roulèrent un instant dans leurs orbites, Arashi devina qu'il était en train d'évaluer toutes les possibilités de faire Subaru le suivre sans trop de résistance.

Elle ne connaissait pas les moyens du jeune homme mais devinait néanmoins ses chances faibles, pour ne pas dire inexistantes.

Et Omi semblait bien trop civil et n'avait apparemment pas suffisamment peur de rentrer bredouille pour assommer Subaru et l'embarquer sans plus de façons sur son épaule.

Et visiblement, le porte-parole de la famille Sumeragi était parvenu à la même conclusion car l'œil averti de la jeune prêtresse nota un léger affaissement de ses épaules.

Désemparé, il regardait Subaru.

- Je suppose qu'il est inutile d'insister alors…

Le médium ne répondit rien.

- Bien… Dans ce cas, plus rien ne me retient ici.

Il prit alors sa veste sous son bras et salua les Sceaux d'une petite courbette.

Mais au moment de franchir la porte, il se retourna vers Subaru.

- Mais il est possible que nous nous revoyons sous peu, Subaru-san. Votre grand-mère est quelqu'un d'obstiné. En cela, vous lui ressemblez beaucoup…

Il sortit et claqua la porte derrière lui.

Le choc sortit Subaru de ses pensées, il croisa le regard de Kamui.

Celui-ci sourit, parut vouloir faire un geste vers lui mais finalement se ravisa.

Il avait l'air content d'avoir vu Subaru ainsi tenir tête à Omi et, par conséquent, le médium le fut aussi.

Mais la litanie continuait de chanter dans sa tête, sans cesse, étouffée mais néanmoins bien présente.

« … Dans trois jours… »

Trois jours. Trois jours. Trois jours, troisjourstroisjourstroisjours…

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

Est-ce que j'aurais dû la laisser partir ? En même temps, comment aurais-je pu la retenir ? Et comment aurais-je pu savoir qu'elle le rencontrerait ?

Si, j'aurais dû, j'aurais dû deviner qu'il serait là, en embuscade, le jeune chat joueur guettant l'oisillon tombé du nid, l'oisillon qui ne peut plus voler…

J'aurais dû, j'aurais dû… Comme je déteste ces mots.

Il ne faut pas qu'elle meurt. Les gens comme elle sont le sel de la terre. Et elle veut vivre, de toutes ses forces, même si elles l'ont abandonné.

Quelqu'un dont les larmes et les sentiments sont si précieux ne peut se permettre de mourir.

« Je vous aime. »

Ces mots qu'elle m'a dit, quelqu'un les avait-il déjà entendu avant moi ?

Je ne peux les sortir de ma tête, ils font parti de moi à présent.

Plus que jamais, je suis enchaîné à elle par eux, des liens dont je n'essayerais pas de me défaire, encore que je le devrais.

Mais son kekkaï a disparu, résorbé sans encombre, je l'ais senti, je l'ais vu, elle va donc bien.

Elle a peut-être retrouvé ses forces, sauf celle de vivre.

Celle-ci, elle ne l'a jamais perdu. Pas plus que l'espoir.

J'aimerais avoir encore de tels idéaux…

Est-ce que je te reverrais bientôt, ma petite Yuzuriha ?

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

Tu croyais n'être plus rien et je suis là. Tu pensais avoir perdu espoir et me voilà. Lorsqu'à nouveau tu penseras n'être plus faite pour la vie je serais là pour te rappeler combien elle est précieuse.

Je t'ai vu émerveillée en me voyant mais malgré ton effarement tu as su y faire pour que la symbiose soit parfaite comme tu l'avais déjà fait.

Tu m'as pris dans tes bras tu m'as dis que tu es beau et si j'avais pu répondre je t'aurais remercié.

Je t'ais sauvé je suis heureux de t'avoir sauvé qu'à travers moi tu en sauves tant d'autres et alors que ton cœur palpite contre mon corps que tu me dis comment vais-je t'appeler tu hésites un sourire illumine ton visage tu dis Inuki tu es d'accord oui toujours toujours si c'est toi qui le dis oui je veux bien oui

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

- Tu l'as senti, ce kekkaï… N'est-ce pas ?

- Oui.

Subaru paressait préoccupé. Se penchant en avant, Kamui tenta de capter son regard vague, sans y parvenir. Il en fût désemparé, il avait envie que Subaru lui parle…

- Comme la première fois, murmura alors l'exorciste en se tournant finalement vers lui. Comme un vent glacé qui s'engouffre dans mon corps et balaye toutes mes pensées. On ne peut plus que le voir, et voir celui qui l'a crée…

Kamui acquiesça, fit silence puis murmura :

- Enfin, elle va bien, c'est l'essentiel…

Mais malgré son soulagement apparent, ces retrouvailles avec la collégienne semblaient lui avoir laissé un goût amer dans la bouche, et ses yeux se faisaient vagues lorsqu'il en parlait.

« Ces rencontres avec le Kamui des Dragons de la Terre deviennent de plus en plus dures… » lui avait confié Sorata sans apparemment y prendre garde, inquiet pour le jeune garçon.

Subaru avait acquiescé et s'était promis de lui parler.

- Arashi m'a dit que tu ne pouvais pas créer de kekkaï…, commença-t-il, espérant le sortir de son mutisme.

Il l'entendit soupirer, visiblement peu emballé par la tournure leur conversation, Subaru en fut désemparé.

- Je ne sais pas pourquoi j'en suis incapable… Peut-être parce que je ne sais même pas ce que je veux vraiment…

Se retournant vers Subaru, il sourit, un peu tristement.

- Au début, la seule chose que je désirais était de faire revenir Fuma, peu m'importait ce que je devrais faire ou endurer. Kotori morte, Fuma parti, je me fichais de tout du moment que je pouvais revoir celui qui comptait le plus pour moi. Mais si je tenais vraiment à le protéger, qu'à part son salut rien ne m'importait, pas la terre, pas même les Sceaux…

« Et pourtant… »

Subaru l'observait, attentif.

- Alors j'aurais pu créer un kekkaï. Et pourtant, j'en suis incapable.

Cette conclusion fit s'affaisser ses épaules.

- Cela voudrait-il dire qu'au fond de toi, tu ne parviennes plus à dissocier le Kamui des Dragons de la Terre du garçon que tu as connu ? avança Subaru, jugeant cette hypothèse recevable mais appréhendant la réaction de l'adolescent.

Et celui-ci sursauta presque et s'apprêtait visiblement à démentir mais, alors qu'il cherchait ses mots, l'idée fit son chemin en lui et son expression s'assombrit. La tristesse et même un peu de honte transparût dans le maigre sourire qu'il adressa à l'exorciste.

Voyant cela, Subaru se sentit désolé.

- Kamui, je…

- Non, tu as sans doute raison…, fit le lycéen dans un souffle, son regard se faisant vaquant et se perdant sur l'horizon. C'est juste que je ne voulais pas me l'avouer.

Regardant à nouveau le médium, il soupira et son sourire se fit ironique.

- Et je ne sais pas si je dois te remercier d'avoir mis des mots sur ce sentiment.

Subaru ne sut que répondre, ne sachant lui-même trop que penser de cela.

D'un côté, voir Kamui accablé par cette déprimante conclusion lui faisait regretter ses paroles mais d'un autre, lui avoir peut-être permis de se détacher de son alter-ego, de n'être plus touché aussi durement qu'avant par ses actes et ses paroles le faisait se sentir étonnamment victorieux.

Il vit soudain Kamui fixer son regard sur lui, comme s'il cherchait à entrevoir ses pensées.

- … Je suis content que tu ne ais tenu tête comme ça à Omi, fit-il après un court silence. Je trouve même bizarre qu'il n'ait pas insisté davantage.

- C'est vrai, avoua le médium, lui aussi y ayant réfléchi. Mais comme il l'a dit lui-même, ce n'est certainement que partie remise.

Le regard de l'adolescent se fit plus perçant.

- Je peux te poser une question personnelle ?

Acquiesçant, Subaru se demanda un instant ce que Kamui pouvait bien ignorer de lui pour poser une telle question.

- Pourquoi tiens-tu tellement à rester avec nous ?

Son ton n'avait rien d'abrupte mais Subaru sentit néanmoins qu'il reflétait plus que de la simple curiosité.

- Pourquoi je… ? Et bien…

Kamui le regarda se débattre un instant avec lui-même et décida d'aller jusqu'au bout de sa pensée.

- C'est vrai, maintenant que nous n'avons plus rien à te cacher, tu sais quel danger tu risques en restant à Tokyo. Et puis… Tu n'as pas l'air particulièrement attaché à nous, je me trompe ?

Le médium resta silencieux mais ne demeura pas sans réagir. Kamui vit ses yeux s'arrondirent de surprise et l'espace d'un instant, le vert de ses pupilles sembla tout envahir et ne plus laisser la place à aucun coin de blanc.

- Qu'est-ce qui te fais croire ça ? demanda finalement l'exorciste. J'ai vraiment l'air de ne rien ressentir pour vous ?

Kamui n'osa pas dire oui mais cela dut se lire sur son visage car il vit soudain Subaru se pencher vers lui, cherchant son regard.

- C'est vrai que quand je ne savais pas ce qui vous liait tous, je me demandais ce que toi, tu pouvais faire avec eux…, avoua alors l'amnésique. Je te trouvais tellement différent, tu paressais tellement à côté de tout…

Kamui releva les yeux et le fixa, se demandant par là ce qu'il devait comprendre. Ce qu'il avait le droit de comprendre.

Il attendait avec une certaine anxiété que Subaru aille jusqu'au bout de sa pensée mais il n'en fut rien, le médium se contentait à cette seconde de le regarder, son expression était indéchiffrable.

Kamui prit alors une discrète inspiration et murmura :

- Mais après tout, ce n'est pas grave… Tu n'as pas à te justifier.

Mais son visage affichait soudain une telle déception et un doute s'empara de Subaru lorsqu'il le vit, à la fois inquiétant et qui quelque part le soulageait étrangement.

Etait-ce seulement à cause de cette lettre, dont il sentait presque la présence dans sa poche qu'il avait ainsi tenu tête à Omi, ne lui laissant même aucune chance de placer ses arguments ?

Il avait du mal à croire qu'un simple message ait pu à ce point l'envoûter et le posséder au point d'être aussi agressif avec un homme qu'il n'avait jamais vu.

Et pourtant…

Mais ce n'était néanmoins pas à cela qu'il pensait au moment où il entendait le jeune homme lui annoncer qu'il le suivrait, et peu importait ce que l'exorciste pouvait désirer à cet instant.

Il n'y pensait guère plus alors qu'il s'entendait lui-même asséner sans états d'âme qu'il ne bougerait pas d'un pouce.

Non, à cet instant, il songeait à Kamui, et avec quelle virulence déconcertante celui-ci avait prit sa défense.

Il songeait que Kamui ne voulait pas qu'il s'en aille. Et avait alors inconsciemment décidé que, quoi qu'il en coûte, il ne partirait pas.

Face à lui, de l'autre côté de la table de bois meublant le petit patio perdu entre les arbres du Campus, Kamui le regardait et Subaru aurait voulu le lui dire, qu'il sache que s'il n'avait pas été là, s'il avait été partisan de son départ pour Kyoto…

Alors il ne lui aurait resté comme motivation que cette mince feuille de papier pliée avec soin dans sa poche.

Et il ne savait si cette perspective de rendez-vous aurait été suffisante pour à tous leur tenir tête.

Il aurait voulu lui dire tout cela et pourtant, une question, une unique question, franchit ses lèvres :

- Kamui, est-il loin… Le Rainbow Bridge ?

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

Pourquoi cette question ? Pourquoi cette résistance à me donner les raisons de cette soudaine interrogation ? Si quelque chose te tracasse, pourquoi me le cacher, à moi ?

Alors que je veille, moi, à ce que tu saches tout de moi, alors que je t'ai ouvert mon cœur, du moins dans la mesure du possible… Pourquoi, hein ? Pourquoi tout ça… ?

Trois jours, trois jours que je t'ai vu disparaître dans le mirage du Sakurazukamori, que t'a-t-il dit, que t'a-t-il montré ? Ne te laissera-t-il donc jamais en paix ? Il s'attache à paraître ironique, cruel et dépourvu de sentiments mais tu l'as oublié, il ne le supporte pas, j'en suis sûr.

Tu ne sais où ce pont se trouve, je te l'ai expliqué, est-ce que j'aurais dû ? Ce pont est un kekkaï, tu le sais ? Je te l'ai dit, ça n'a pas paru t'émouvoir.

Tu comptes y aller n'est-ce pas ? Sinon pourquoi cela ? Tu as tes raisons, je le sais, et j'ai eu beau te presser de questions, tu n'as pas voulu me les révéler… Mais cela a paru te coûter, je l'ai bien vu. Avec ta mémoire s'est envolée cette impassibilité que tu t'acharnais à cultiver, et je ne t'en aime que davantage. Et je l'ais vu, tu semblais prêt à tout me révéler et pourtant, rien. Que t'a-t-il dit, t'a-t-il menacé ?

Je le hais, je le hais d'avoir encore une telle emprise sur toi…

Il va se passer quelque chose, je le sais, et tu le devines toi aussi. Il me manque une preuve tangible de tout ceci, celle qui confirmerait tous mes doutes et tu ne sembles pas vouloir me la donner.

Ce n'est pas grave, je sais déjà que je ferais de mon mieux pour que ce que je crains ne se produise pas.

Mais que crains-je réellement ? Si seulement je le savais moi-même…

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

- Il ne me voit pas, j'ai beau frapper, appeler…

Il soupira, se rapprocha avec lenteur de la jeune femme accroupie.

- Il est là, je le vois, je l'entends…

Elle se redressa soudain et le fixa avec désespoir, une expression qui n'avait pas lieu d'être sur son visage. La voir soudain si malheureuse lui retourna le cœur.

Elle ne pleurait pas. C'était presque pire.

- Il est possible… Que quelqu'un t'empêche, murmura-t-il sans assurance, moins pour chercher une explication que pour la voir enfin le regarder.

Elle ne le regarda pas, ses yeux verts émeraude étaient fixés sur la silhouette solitaire du jeune homme qu'ils devinaient au travers de cette barrière de glace infranchissable qui les séparait.

Le regard de la jeune femme se fit dur, haineux à l'entente de ces mots et une larme esseulée roula sur sa joue. Elle abattit brusquement son poing sur la matière qui les entourait.

- Pourquoi ! Pourquoi fais-tu ça ! C'est toi, je le sais, ça ne peut être que toi ! Si tu savais comme je te déteste ! Si tu savais comme je te HAIS !

Elle semblait ne s'adresser qu'au noir, qu'à ce qui faisait au dessus d'eux office de ciel sans couleur et sans étoile mais lui savait à qui était destinée cette diatribe.

Comme soudain devenue folle, elle se leva et martelât de toutes ses forces, de ses pieds et de ses poings, cette frontière glacée qui l'empêchait de rejoindre ce jeune homme.

Effrayé, il voyait ses bras et ses jambes se couvrir de meurtrissures rouges vif alors que des éclats affûtés et coupants se détachaient de la paroi pour se reformer aussitôt.

Et pourtant, c'était un rêve, non, impossible mais…

- ARRÊTE ! hurla-t-il soudain en tendant le bras pour tenter de l'attraper.

Il n'y parvint pas. Pour la première fois, il se sentait aussi impotent que dans la réalité.

Incapable de la sauver, comme dans cette réalité qu'il maudissait tant.

- HOKUTO !

Entendant son prénom, elle cessa soudain et, hagarde, tourna vers lui son regard qui ne fixait rien. Il la vit porter à hauteur de ses yeux ses bras zébrés des dizaines écorchures suintantes qu'elle s'était elle-même infligée.

Elle tomba à genoux, puis à quatre pattes et fixa le garçon dont elle désirait tant entendre la voix.

- Subaru…

Les larmes roulèrent en cascade sur ses joues, elles étaient si épaisses qu'elles s'écoulaient avec lenteur, laissant tout le loisir d'en admirer la couleur vermillon.

- Subaru, je t'en prie… SUBARU, ENTENDS-MOI ! ET TOI ! TOI ! NE LE LAISSERAS-TU JAMAIS EN PAIX !

« Je cauchemarde, tu cauchemardes… Et lui-même… »

Sous lui, il vit alors l'image de la prairie inondée de soleil se brouiller, se disloquer, comme s'il regardait au travers d'un kaléidoscope. Elle disparut, laissant place à la nuit la plus noire.

« Lui-même… Il ne rêve plus… »

Il leva les yeux et au travers des longues mèches blondes tombant en désordre sur son visage, il fixa l'espace à présent vide, la place qu'avait occupé jusqu'à cet instant, le corps rêvé de la jeune femme.

Alors, soudain écrasé par la tristesse et le solitude, il se laissa aller, tomba sur le sol, aussi mou qu'une poupée de chiffon, ferma les yeux.

Et pleura.

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

- La Princesse Hinoto vient de nous convoquer…

Le ton de Sorata était sombre.

Kamui, Arashi et Yuzuriha tournèrent aussitôt la tête vers lui, attendant la suite, Subaru détourna les yeux du spectacle qu'offrait la fenêtre.

- Elle tient à nous voir le plus tôt possible, ça semble de la plus haute importance.

Yuzuriha le fixa, serrant contre son cœur le petit chien au museau frémissant.

- Tu crois que ce serait rapport à…

Sorata l'intima au silence par réflexe, puis, prenant conscience de son attitude, se tourna vers Subaru qui, concentré sur la conversation, n'avait pas relevé.

- Certainement, soupira-t-il. Sinon, pourquoi ?

Il y eut un silence puis Arashi, repoussant sa chaise, se leva.

- Pas de raison de s'attarder alors.

L'acquiescement fut général.

- Je peux venir avec vous ? demanda soudain Subaru en quittant l'appui de la fenêtre.

Un sentiment de malaise le prit lorsque Kamui se retourna avec brusquerie et le fusilla du regard. Mais néanmoins, il se tût.

- Pourquoi pas ? Ce sera une occasion pour toi de rencontrer la princesse…

Subaru acquiesça, mais il n'écoutait pas, il ne pensait qu'au regard de Kamui dans son dos, tel deux poignards plantés entre ses omoplates.

Et à cette lettre, qu'il y a trois jours, il avait trouvé prés de lui.

Au Rainbow Bridge…

A suivre…

Je songe que ce chapitre doit être plutôt frustrant pour ceux qui attendaient la suite mais, rassurez-vous, le prochain sera… Disons, plus animé ! Et encore merci à toutes celles qui m'ont envoyé des reviews, c'est vraiment une drogue géniale qui dope plus que jamais pour écrire ! Et sans effets secondaires (visibles du moins)!

K21