Réponses aux reviews :
Je constate avec beaucoup de plaisir que les lecteurs réguliers sont de plus en plus nombreux ! Qu'il me soit permis de les remercier comme ils le méritent ! Surtout avec le temps qu'il m'a fallu pour mettre ce chapitre, double mérite !
Churchyard : Hum, oui, la fin en effet ! Bon, je suppose qu'on est fan de Seïshiro ou on l'est pas ! J'espère en tout cas que tu aimeras ce chapitre !
Kokoroyume : Du mal avec le Subaru/ Kamui ? Qu'à cela ne tienne, je t'ais inoculé le virus, une piqûre de rappel toutes les deux heures et le tour sera joué ! Bonne lecture et rendez-vous sur la planète Axslnyz !
Lie-chan : J'adore ton forum ! Et, aaaaaaaaah enfin, une fan de Subaru/ Kamui dans mes rangs, merci de montrer qu'on peut à la fois être fan de ce couple et adorer Seïshiro ! Si, j'adore Seï, je sais que ça ne se voit peut-être pas des masses à la lecture de cette histoire mais enfin… Merci pour ta review et bonne lecture !
Subakun-senseï : Oh, tu en redemandes, ça fait un sacré plaisir de recevoir une review comme ça ! J'espère que la suite te plaira !
Naelle : Bon, si malgré l'absence de Seï/ Subaru, tu continues à lire mon histoire, ça me fait très plaisir, je n'aimerais pas perdre ton lectorat pour une affaire de couple ! Tu es la première en tout cas à m'avoir parlé d'Arashi, ça me rassure de voir que ce n'est pas passé totalement inaperçu ! Bonne lecture !
Roxane : Le rythme des publications… Il a suffit que tu me le dises pour que l'inspiration fonde comme neige au soleil… Mais la voilà revenue, toujours d'attaque alors tout va bien ! Si, si, pardonne-moi, je suis assaillie de toutes parts par les fans de ton couple phare mais varions un peu, que diable ! J'espère que ce chapitre te plaira !
Maeve : Oh, une nouvelle ! Ravie de voir que cette fic te plaît, j'espère que tu aimeras la suite tout autant, malgré l'absence de Seï/ Subaru qu'on ne se lasse pas de me faire remarquer… Bonne lecture !
Titre : L'absent- chapitre XII
Auteur : Kestrel21
Base : X/1999
Genre : Yaoï, à priori pas trop OOC, quelques spoilers mais rien de bien méchant et… je crois que c'est tout !
Résumé : Après son combat avec Fuma, Subaru a perdu la mémoire (j'ai toujours eu le don des résumés !).
Disclaimer : Aucun des persos de X ne m'appartiennent et c'est tant mieux comme ça tout le monde peut en profiter (quoi que je dirais pas non si on me proposait Subaru ou Seïshiro !) ! Ah, j'oubliais, les pensées des personnages sont entre guillemets !
Ah, et spécial merci à Flubb qui a su me relancer à un moment de manque d'inspi chronique, félicitez-là !
Demain, c'était demain qu'il sortirait.
Sa convalescence s'était finalement révélée plus courte que prévu, Kamui s'était remis avec une rapidité peu commune.
C'était à cela que Subaru pensait alors qu'il prenait le chemin du Campus Clamp, rappelé à l'ordre par les autres Sceaux.
Un chemin qu'il n'eut aucun mal à parcourir, toutes ces avenues et rues parallèles trouvant à présent un récent écho en lui, il avait l'indice de les avoir arpenté de nombreuses fois par le passé.
Il s'arrêta un bref instant au milieu du trottoir, fixa ses mains tendues devant lui avec perplexité, indifférent aux regards ahuris des passants.
Il réfléchissait. Ces mains étaient-elles réellement capables de tout ceci, de ce qu'il avait pu voir, ces souvenirs aussi précis et nets que des photographies ?
Etaient-elles le réceptacle, l'exécutoire, le moyen de canaliser et d'expulser cette énergie qu'il sentait se mouvoir en lui ? Le moyen de faire que cette énergie guérisse ou tue, au gré de sa volonté ?
Les possibilités lui semblaient infinies, kaléidoscopiques, il en avait presque le tournis.
Et s'en trouvait en même temps très sceptique, comme si tout cela, toutes les bribes de souvenirs qu'il avait entrevu et gravé dans sa mémoire, ne le concernaient pas…
Il avait à ce sujet eu une longue conversation avec Kamui peu de temps auparavant. Encore une de ces conversations à bâtons rompus comme il les adorait et qui, depuis qu'ils s'étaient mutuellement avoués leurs sentiments, prenaient comme une saveur nouvelle et un sens plus profond.
/ Flash-back /
- Je vais devoir y aller.
- Je sais, et tu iras. Tu ne peux pas passer ta vie ici.
- …
- Je sors bientôt.
- C'est vrai. C'est juste que…
Kamui se redressa dans son lit, fixa le médium.
- Que… ?
- Je n'ais pas envie de te laisser. Et je n'arrête pas de penser à tout ça.
Kamui se figea, comprenant parfaitement de quoi il était question. Ce n'était pas la première fois que le médium et lui évoquaient ce qu'il s'était passé depuis le Rainbow Bridge, plusieurs jours auparavant.
- J'avoue ne pas savoir que dire de tout ça, continua Subaru. Certaines choses m'ont donnés envie d'en savoir plus. Et en même temps, je n'en ais pas la moindre envie.
Kamui non plus n'en avait pas envie mais il jugea préférable de se taire à ce sujet.
D'autant que Subaru s'en doutait peut-être. Car il le comprenait. Il l'avait toujours compris et c'était encore plus vrai aujourd'hui.
- Ce ne sont après tout que de petits fragments. Il me manque encore tellement de morceaux pour reconstituer tout ça… (il sembla à Kamui que Subaru réfléchissait à voix haute) Et je ne peux que penser qu'il en est la pièce maîtresse.
Kamui ne put s'empêcher d'être content en entendant ce « il ». car même s'il s'avait pertinemment de qui il s'agissait, il n'avait entendu aucune italique, aucun changement de ton dans la voix du médium. De même que son visage n'exprimait que la réflexion, il ne s'y peignait plus ce désespoir mêlé d'amour à la simple évocation de ce qui se cachait derrière ce petit pronom.
- Tu es vraiment sûr que c'est en le blessant que… ?
L'adolescent avait l'impression d'avoir passé son temps à poser cette question, tout en se doutant que, s'il l'avait fait, c'était uniquement dans sa tête, durant ses heures d'insomnie.
Subaru hocha la tête.
- Quoi d'autre ? Et puis, je ne l'ais pas souvent approché mais je le reconnaîtrais entre mille, il est le seul à me faire cet effet-là…
Voyant que Kamui semblait perplexe, il se hâta d'expliciter sa pensée.
- C'est très étrange. Sa présence est écrasante, je n'arrive pas à penser à autre chose lorsqu'il est prés de moi. Ecrasante, oui c'est ça. Et terrifiante aussi, il semble être en colère contre le monde entier, j'imagine sans aucun mal ce dont il est capable.
- Pas besoin d'imaginer, si tu veux mon avis. Tu l'as très bien vu, jusqu'où il peut arriver.
Malgré le fait que ces paroles soient plutôt élogieuses pour le Sakurazukamori, la haine de Kamui y était palpable.
Il y eut un petit silence.
- Mais je crois que je ne pourrais pas continuer comme ça. Malgré tout, il faut que je sache.
Kamui eut un petit sourire.
- Oui, je comprends.
Subaru se pencha, l'embrassa sur le front, sa main jouant dans les cheveux en bataille.
- Je vais y aller, sans quoi ils vont finir par me ramener par la peau du cou.
- Ils ne doivent pas avoir que ça comme sujet d'inquiétude.
- Hum hum. Aucun kekkaï n'a été détruit depuis… Fuma semble avoir disparu, personne ne doute que ce soit mauvais signe.
Subaru l'embrassa à nouveau en disant cela, puis fit volte-face pour se diriger vers la porte.
- ... Encore une chose, murmura le lycéen.
Le médium se retourna, à l'écoute.
- Pourquoi ne l'appelles-tu pas « Kamui » ?
Subaru parût surpris, comme si cette question n'avait pas de sens.
- Je ne vois pas pourquoi j'appellerais « Kamui » quelqu'un qui te ressemble si peu…
/ Fin du flash-back /
Quelqu'un le bouscula par inadvertance, le tirant brusquement de ses pensées, le ramenant sur terre.
La rumeur de l'avenue autour de lui ne semblait plus qu'un murmure et il s'aperçut soudain que l'endroit, si bondé et animé il y a peu, s'était soudain pratiquement déserté, comme si une soudaine rafale de vent avait fait s'envoler tous ses occupants.
Le hasard, dans de telles circonstances, n'avait pas lieu d'être, il l'avait appris à ses dépens. Il se raidit brusquement, s'arrêta, quelque chose dans son corps lui intimant l'ordre de se tenir prêt.
Il fixait le béton devant lui, tous les sens en alerte, immobile et tendu comme un arc.
Un froissement de toile, un mouvement ample mais discret à quelques mètres de lui. Il combattit férocement l'envie de se retourner pour faire front, de ne plus lui présenter son dos vulnérable.
Il pouvait presque sentir l'autre sourire, son regard dardé sur lui.
Le glissement furtif d'un corps qui s'avance, un serpent se déplaçant sur les feuilles mortes.
Les mains de Subaru vibraient lorsqu'il les joignit, tentant de se concentrer le plus fermement possible.
Il songea à Kamui, de toutes ses forces, si fort qu'il crût un bref instant l'avoir en face de lui, crût tenir serrées entre ses mains celles de l'adolescent.
« Déploie-toi… »
Ses mains bouillonnaient d'une énergie phénoménale, qui ne demandait qu'à faire éclater sa puissance, les yeux clos, il étendit brusquement les bras.
L'air tout autour de lui fut parcouru d'ondes et d'électricité, qu'il sentait fourmiller, se presser contre lui.
Une main agrippa brusquement son épaule, l'attira en arrière, lui fit percuter un corps musculeux.
- Joli travail…, murmura à son oreille une voix fielleuse.
Rassemblant ses forces, Subaru se dégagea brusquement et se retourna d'un bloc, faisant face à son adversaire.
Son kekkaï, de forme indistincte, s'élançait haut dans le ciel mais recouvrait peu de surface au sol, restreignant considérablement leur espace de combat.
Ce qui jouait sans contexte en sa défaveur mais il n'y pensait pas à cet instant car son kekkaï existait. Et il n'avait plus qu'à espérer qu'il tiendrait le plus longtemps possible…
Face à lui, les yeux levés vers le ciel comme s'il en appréciait la lumière, Fuma souriait.
- Je ne m'attendais pas à un tel résultat si rapidement, c'est assez impressionnant, je dois l'avouer…
Les yeux sombres du Dragon de la Terre se fixèrent sur lui, brillants d'une lueur indéfinissable.
- Tu es décidément diablement intéressant.
Et, sans préavis, il fondit sur le médium, avec la rapidité meurtrière d'un rapace.
Subaru parvint à éviter la charge au dernier instant, en une feinte instinctive mais efficace.
Mais celle-ci, loin de décourager son adversaire, sembla faire redoubler la puissance de ses attaques.
Et Subaru n'évita la seconde que trop tard, il fut projeté brusquement face contre terre.
Mais il se releva rapidement et, ignorant le sourire goguenard de Fuma, qui semblait beaucoup s'amuser, il joignit soudainement ses mains, ferma les yeux à s'en faire mal et commença sa psalmodie à toute vitesse.
Une boule de feu crépitante se matérialisa devant lui, il la précipita sur l'autre avec l'énergie du désespoir.
Celui-ci la regarda venir avec tranquillité et se déplaça à peine, comme s'il savait d'avance les dégâts qu'elle pouvait causer.
Le sort de l'exorciste sembla être absorbé par son corps, il y eut un fracas épouvantable et lorsque Fuma se redressa, Subaru s'aperçut que la chaleur dégagée avait noirci et brûlé une partie des vêtements de l'Ange et creusé une plaie béante dans sa joue droite.
Mais Fuma ne parut pas s'en formaliser outre mesure, au contraire, contemplant ostensiblement le médium, il introduisit son index entre les lèvres de la plaie, le ramena sanglant et le porta à sa bouche.
- Bon, il est temps de mettre un terme à cette mascarade…, annonça-t-il avec comme une pointe de déception dans la voix.
Subaru prit peur, tenta de rassembler l'énergie qui lui restait pour une nouvelle attaque, ou ne serait-ce qu'une tentative de défense…
Mais son adversaire se précipita sur lui, si vite que l'amnésique ne le vit pas faire le moindre mouvement et en un clin d'œil, Fuma le neutralisa jusqu'à ce qu'il ne puisse plus bouger d'un pouce.
Il passa un bras noueux autour du cou du jeune Sceau, emprisonnant ses bras dans son dos, serra, jusqu'à ce que Subaru se débatte et suffoque, le relâcha soudain et le frappa avec tant de rudesse qu'il tomba en arrière sur le sol, les bras en croix, comme un pantin désarticulé.
Subaru voulut se relever, vite, le plus vite possible mais une main de fer fut plaquée contre sa gorge, il sentit les doigts glacials serrer et malaxer sa carotide vibrante, comme s'il hésitait encore à l'arracher.
Il manquait d'air, des points rouges dansaient devant ses yeux, lui obturant la vue, faisant de Fuma au dessus de lui une silhouette indistincte et mouvante.
Qui, en un seul instant, remplit tout l'espace , lui cachant le peu de lumière qui filtrait encore au travers de se yeux mi-clos.
La prise sur son cou se relâcha brusquement, et deux lèvres entrèrent en contact avec les siennes, en un baiser qui ne méritait même pas ce nom, tant il était vorace et violent.
Une main passa derrière sa tête, agrippa ses cheveux et tira sa tête en arrière, s'allongea littéralement sur le corps du médium, lui coupant le peu de souffle qui lui restait.
Rien, absolument rien de comparable avec les doux baisers échangés avec Kamui, Fuma ne l'embrassait pas, il le dévorait.
Les lèvres qu'il avait prise de force, il les mordait, leurs dents s'entrechoquaient, il écrasait le corps du médium du sien, coupant toute retraite, comme s'il essayait de se fondre en lui.
Puis soudain la prise du Dragon de la Terre sur lui sembla s'amenuiser, jusqu'à se relâcher tout à fait. Subaru ouvrit les yeux, au dessus de lui, le regard de Fuma étincelait d'une lueur terrifiante tant elle était malsaine.
Quant à son sourire, il était étrangement condescendant.
Le pouce de l'Ange traça une ligne invisible sur le visage de Subaru, lui faisant fermer son œil mort d'une légère pression de l'ongle.
- Seïshiro est terriblement jaloux de cette blessure…, murmura-t-il, une note de fierté dans le voix. Peut-être lui rappelle-t-elle qu'il a laissé passer sa chance…
Trop déconnecté de la réalité pour réellement comprendre le sens de ces paroles, Subaru sentit pourtant son cœur se serrer.
- Tu as changé, il est resté le même. Il en va de même pour vos souhaits. Et lui n'attend que toi pour le réaliser…
Vestige des morsures vampiriques de son vis-à-vis, un filet de sang coulait le long de la lèvre de l'amnésique, tâchait son menton. Fuma l'essuya d'un geste appuyé du pouce, se pencha et aspira un instant le sang aux lèvres même de la blessure.
- C'est bon, tu n'es pas trop abîmé, constata-t-il. Je ne pense pas qu'il m'en tiendra rigueur…
Subaru ne put s'empêcher de se demander auquel de ces deux « il » Fuma faisait allusion.
¤ ¤ ¤ ¤ ¤
Pétrifié, Kamui n'osait bouger, concentré, il ne respirait même plus.
Il ne pouvait se tromper, il l'avait bien senti, faiblement encore une fois mais de part son statut de Dragon du Ciel, c'était une sensation qui lui été devenue familière.
C'était bien l'énergie d'un kekkaï qu'il sentait et qu'il était, même lui, incapable de localiser.
Et il avait à peine honte de se l'avouer, il ne se serait sans doute pas tant alarmé si ce kekkaï avait été crée par un autre.
Par une autre personne, certes de son clan mais malgré tout une autre personne que Subaru…
Et lui qui ne pouvait rien faire, qui se trouvait bloqué ici alors que Dieu seul savait qui l'exorciste avait pu rencontrer…
Il se concentra de toutes ses forces mais malgré ses efforts, il ne pouvait déterminer l'endroit où la barrière était dressée, l'énergie qu'elle dégageait était beaucoup trop faible.
Il eut une grimace de désespoir : si lui même ne le voyait pas, comment les autres parviendraient-ils à le secourir à temps !
Au même instant, il sentit soudain le kekkaï disparaître, disparaître totalement, mais de façon lente, exagérément lente, pas comme il aurait dû disparaître, se dissipant dans son esprit en petites particules, comme les atomes d'une odeur s'éparpillant après un coup de vent.
Kamui ferma les yeux.
¤ ¤ ¤ ¤ ¤
Une crevasse d'une dizaine de mètres de long avait éventré le sol, faisant alentour se fissurer le bitume, révélant les câbles rompus et les canalisations percées.
Une nuage de poussière recouvrait encore le lieu, cachant le soleil, dense comme la fumée âcre d'un incendie.
Subaru était parvenu à se redresser en position assise, adossé contre un mur craquelé, et respirait par à-coups, tentant de reprendre son souffle.
Comme il l'avait présagé, son kekkaï s'était effondré tel un château de cartes dés que la situation ne lui avait plus permis la concentration nécessaire, ce qui avait arrangé Fuma. Il avait disparu le temps d'un battement de paupières.
Mais les dégâts s'étaient malgré tout révélés moindres, autant pour lui-même que pour son environnement.
Il eut une toux douloureuse, la paume de sa main se décora de quelques gouttes de sang.
Il songea soudain que les autres Sceaux avaient dû ressentir la création de son kekkaï. Et sa destruction, qui n'avait rien de naturelle…
Il espéra silencieusement que Kamui ne s'inquiétait pas trop.
Au moment même où il songea au jeune garçon, une étrange sensation s'empara de lui, une sensation qui n'avait rien d'agréable et qui faisait battre sourdement son cœur.
Il n'était pas seul, l'épiait de quelque part, il en avait la certitude.
Ce n'était pas du genre du Kamui des Dragons de la Terre de l'observer ainsi à la dérobée, surtout après ce qu'il venait de se passer.
Et ce n'était de toute façon pas l'aura de Fuma qu'il percevait, pas ce réceptacle de magie brute et de puissance difficilement contenue, c'était beaucoup plus subtil, beaucoup plus discret que cela.
Il la connaissait cette présence, elle avait fini par devenir annonciatrice de mauvais présages.
Prostré, respirant par saccades, il tentait désespérément de deviner ses intentions, allait-il profiter du moment pour l'attaquer ou se contenterait-il simplement de jouer les voyeurs ?
Quoi qu'il en fût, il n'était pas judicieux de rester ici, aussi se redressa-t-il, non sans quelques grimaces mais en constatant avec un certain soulagement qu'il pouvait bouger tout à fait normalement.
Les poings serrés au creux de ses poches, il prit le chemin du Campus, concentré sur la présence derrière lui.
Qui s'évapora au bout de quelques minutes, si brusquement qu'il se demanda si elle n'avait pas en fait été le fruit de son imagination.
¤ ¤ ¤ ¤ ¤
- … Et lorsque je suis arrivé, Arashi et Karen s'apprêtaient à partir à ma recherche. Ils m'ont avoués avoir perdu beaucoup de temps à tenter de me localiser, ils avaient peur qu'ils ne soient trop tard.
Kamui passa pensivement son doigt sur la petite balafre qui ornait la joue de Subaru.
- C'est vrai que même moi, je n'ais pas réussi à te retrouver. Ton kekkaï était trop faible et il a disparu trop rapidement.
Il serra les poings.
- De toutes façons, je ne pouvais rien faire… Je ne crois pas m'être senti aussi mal que lorsque je l'ais senti disparaître, comme ça…
Le médium couvrit des siennes les mains crispées de l'adolescent, fit se relâcher ses doigts les uns après les autres.
- Tu sais, sans toi, il n'y aurait pas eu de barrière du tout. C'est en pensant à toi que je l'ais crée.
Les lèvres de Kamui se retroussèrent presque malgré lui.
- … C'est étonnant que Fuma t'ait laissé repartir aussi facilement.
Il n'avait fait aucun doute pour Kamui que son alter-ego n'avait pas eu d'autre ambition que de tuer l'exorciste, même si la raison lui échappait.
- Moi aussi, sur le moment, concéda Subaru, pensif. Mais son attitude était très étrange, il semblait vouloir m'intimider mais s'arrangeait toujours pour que ses attaques ne me blessent pas sérieusement…
Il n'avait pas parlé à Kamui du baiser forcé échangé avec Fuma car même si sa responsabilité dans cette histoire était minime, voir inexistante, quelque chose l'avait contraint à taire cet épisode.
- Quant à mes attaques, j'ai eu l'impression qu'il cherchait à être atteint, ne serait-ce que pour me montrer à quel point elles étaient inefficaces.
Kamui sourit, un petit sourire ironique.
- Oui, c'est quelque chose qui lui plaît.
Subaru plissa les yeux.
- Mais il me semble en y repensant qu'il n'était pas venu pour tout ça… Juste pour me parler.
« … Et lui n'attend que toi pour le réaliser… »
Kamui ne répondit pas.
Et l'espace d'un instant, alors qu'il fixait le médium, il se sentit mal alors que le regard de Subaru se faisait vague, alors qu'il le voyait se perdre dans ses pensées.
L'exorciste ne lui avait que très peu parler du Sakurazukamori depuis son retour mais l'adolescent sentait bien que cela le tourmentait. Et il en ressentait de l'amertume.
C'était une chose qu'il avait espéré révolue, de toutes ses forces, et voilà que Seïshiro paressait reprendre ses droits sur l'esprit de celui qu'il aimait.
Mais à peine cette déconvenue venait-elle de s'imposer à lui que Subaru parut revenir, le lycéen le vit se coucher, d'un seul coup, comme on tombe dans le vide. Il sentit un bras entourer sa taille et la joue de Subaru se pressa contre son ventre.
Le silence se fit, le lycéen jouait à entrelacer ses doigts dans les courts cheveux sombres, Subaru accompagnait le léger mouvement de sa respiration.
Arriva un moment où Kamui se coucha à son tour mais l'attitude du médium ne varia pas, il le garda serré contre lui.
¤ ¤ ¤ ¤ ¤
- Bonsoir.
Surprise, Karen eut un sursaut.
- Oh, c'est vous ! s'exclama-t-elle en apercevant Seïishiro sortir de l'ombre, son habituel et si affable sourire aux lèvres.
- Mais… Il est tard, constata-t-elle, étonnée de sa présence. Je pensais qu'à cette heure-ci, vous étiez rentré chez vous.
Elle espéra que son ton ne dévoilait pas trop à quel point elle était heureuse que ce ne soit pas le cas.
Le journaliste l'aida à se débarrasser de sa veste légère.
- J'allais partir, répondit-il dans un chuchotement. Mais je vous ais aperçu par la fenêtre.
Karen sourit.
- Je suis très contente de vous voir, en tout cas.
- De même mais parlez moins fort, s'il vous plaît.
La jeune femme haussa un sourcil interrogateur.
- Kamui et Subaru dorment sur le sofa, je suppose que c'est involontaire…, souffla l'homme avec un léger sourire.
Il enleva ses lunettes, se mit à en frotter distraitement les branches et les verres, ce qui chez lui relevait davantage du tic que du désir d'hygiène.
Karen eut un petit soupir.
- C'est si mignon… Et c'est sans doute ce qui pouvait arriver de mieux pour la suite.
- Je le crois aussi. Si cela peut aider Kamui à se détacher de l'autre, cela ne peut lui être que bénéfique.
- Ils ont l'air si heureux, ça me donne envie de me réconcilier avec le monde…, murmura-t-elle, songeuse.
Seïishiro parut surpris par cette réplique.
- Pourquoi dites-vous cela ? demanda-t-il en rechaussant ses lunettes. N'y a-t-il pas quelqu'un pour faire éprouvez tout cela, tout ce qui les agitent ?
Un bref instant, la jeune femme prit peur. Cette question, venant de lui, était à la fois déplacée et terriblement à propos.
Peut-être savait-il, peut-être avait-il deviné et il espérait à présent la faire réagir.
Mais l'expression du journaliste était la même qu'à l'accoutumée, au point qu'elle eut honte d'avoir douté de lui.
Naïve et pleine de gentillesse, innocente et sincère.
Comme il l'était lui-même.
- Si…, s'entendit-elle répondre.
Seïshiro sourit, comme si la réponse allait de soi.
- Comment une femme aussi belle que vous pourrait-elle rester ainsi seule ? L'un de vos admirateurs aura pu gagner votre cœur.
- Il n'est pas un admirateur…
Le regard que lui adressa l'homme était presque courroucé.
- Alors c'est un idiot. Car être un homme et vous côtoyer ne peut avoir qu'une conséquence : Etre en admiration devant vos charmes et vos grâces.
Les yeux de Karen s'arrondirent et sans doute le journaliste se méprit-il sur ce que cette réaction signifiait.
- Pardonnez-moi…, murmura-t-il, les yeux baissés sur ses doigts nerveux. Je ne sais pourquoi j'ai dit ça.
Et avant que la jeune femme ait pu dire un mot, Seïishiro s'était emparé de sa veste et sa sacoche et se dirigeait vers la sortie.
- Dormez bien, souhaita-t-il avec douceur en refermant la porte derrière lui.
La bouche encore entrouverte, Karen ne put que lui adresser un petit signe de la main.
Elle resta quelques minutes ainsi, ses pensées tournant et retournant dans sa tête, lorsqu'une voix inopinée la fit se retourner.
- Je pense qu'il était tout à fait sincère en disant cela, vous savez ?
Karen eut un petit sourire contrit.
- Désolée de vous avoir réveillé, Subaru.
Le médium eut un petit geste de la main signifiant que c'était sans importance.
- Je ne peux pas prétendre lire dans sa tête mais une chose est sûre et il l'a dit lui-même à sa façon, l'affection qu'il éprouve pour vous est rare. Je ne sais pas s'il s'en rend compte lui-même…
Karen scruta le visage de l'amnésique, à demi dans la pénombre. Son expression était à la fois douce et assurée, ce qu'elle ne lui avait jamais connu mais qui la rassurait et lui donnait envie de croire à ce qu'il venait de dire.
- Kamui dort toujours ?
- Oui.
La voix du médium s'était faite rêveuse et Karen s'en trouva émue.
- Je vais aller le coucher, je crois… Bonne nuit Karen.
La jeune femme le regarda partir, attendrie et rassérénée.
¤ ¤ ¤ ¤ ¤
- Yuto…
- Hm ?
Le susnommé releva les yeux de son journal afin de croiser le regard de la grande femme aux cheveux noirs qui venait de pénétrer dans la pièce.
- Que puis-je pour votre service ? demanda-t-il galamment en repliant sa lecture.
Kanoe semblait inquiète, aussi ne goûta-t-elle pas l'humour de l'homme blond.
- Kamui est à nouveau parti.
Yuto haussa les épaules.
- Pourquoi s'en formaliser maintenant ? questionna-t-il ingénument. Il n'a jamais été que de passage ici, que je sache.
Kanoe pinça les lèvres.
- Bien entendu ! siffla-t-elle entre ses dents. Mais aucun kekkaï n'a été détruit depuis le Rainbow Bridge… Et il est encore moins présent qu'à l'accoutumé…
- Tu te méfie donc tant de lui ? s'étonna Yuto, bien obligé malgré lui de constater qu'elle avait raison.
La femme brune plissa les yeux.
- Non… Enfin si, finit-elle par avouer, avec une expression angoissée. Je n'y peux rien Yuto. Il me répugne, il me rend malade…
« A prendre au premier comme au second degré », songea l'homme non sans ironie.
- Pourquoi ne demandes-tu pas à Satsuki de le localiser si tu t'inquiètes tant ? proposa-t-il. Je pense qu'elle s'y emploierait avec un zèle exemplaire…
- Je ne suis pas sûre d'avoir envie de le savoir ! le coupa Kanoe, les sourcils froncés.
Yuto eut une moue agacée.
- Il faudrait savoir ce que tu veux… Mais j'y pense, et le Sakurazukamori ?
Kanoe leva vers lui un regard interrogatif, comme s'il venait de poser une question particulièrement saugrenue.
- Oui. Et bien ?
- Non, je en faisais que remarquer que lui non plus n'est pas revenu ici depuis un certain temps… Et qu'il ne laisse même plus de traces dans la rubrique « Faits divers » ! fit-il en brandissant son journal.
Tout cela semblait laisser l'ombrageuse femme de marbre. Aussi Yuto se rassit-t-il dans sa position initiale afin de reprendre sa lecture là où il l'avait laissé.
- Pourquoi donc penser à ça ? demanda finalement Kanoe.
- Pour rien, répondit distraitement l'homme blond.
¤ ¤ ¤ ¤ ¤
Il n'y avait pas de vent mais les branches bruissaient malgré tout. Il n'y avait pas de vent et pourtant, il avait froid.
Il entendait derrière et au dessus de lui, les branchages qui ondulaient , s'agitaient comme en proie à une violente colère ou à la douleur.
Il pencha la tête en arrière, plaqua son oreille contre l'écorce rugueuse. Et ce qu'il entendit ne le surprit pas. Ou à peine.
Rien, il n'entendait que le vide là où aurait dû se trouver du plein. L'agonie du manque là où il ne devrait jamais se trouver que l'extase de la satiété.
Il eut un soupir désabusé.
- Si seulement nous n'étions pas si liés toi et moi… J'aurais pu te regarder mourir en toute tranquillité…
Les rameaux claquèrent comme sous l'effet d'une brise soudaine, et Seïshiro songea que c'était sans doute à la fois de fureur et de contentement mesquin.
De fureur contre lui de ne plus le nourrir, de contentement en voyant, pour autant qu'un arbre le pouvait, qu'il n'était pas le seul à faiblir.
A l'endroit où il était assis, au pied du cerisier, la terre était dure.
Cette même terre qu'il retournait pourtant si souvent pour y enterrer ses victimes, au point qu'elle était devenue plus souple et meuble que de l'humus.
Il soupira à nouveau, un sombre rictus déforma ses lèvres.
- Tu vas m'observer encore longtemps !
sa voix avait sonné lourde de colère contenue et personne ne lui répondit.
- Je sais que tu es là, montre-toi, espèce de lâche !
Un froissement de toile, léger et rapide comme le vent, une voix s'éleva, calme et plate, de l'autre côté du tronc.
- Qui donc traites-tu de lâche ?
Silence. Seïshiro remarqua que les nuages s'amoncelaient dans le ciel.
- Moi ? Ou bien ta propre bêtise ? Est-ce toi que tu maudis par ce chemin détourné ?
Le Sakurazukamori eut un reniflement dédaigneux.
- Tu n'as pas intérêt à t'approcher davantage, gronda-t-il. Je n'hésiterais pas à te mettre en pièce.
Adossé nonchalamment de l'autre côté de l'arbre, bras négligemment croisés et yeux levés vers le ciel, Kamui eut un petit rire.
- J'aurais sans doute pu m'en inquiéter si tu en étais encore capable.
Seïshiro grimaça.
- Et puis, pourquoi ne veux-tu pas de moi plus proche, n'est-ce pas que tu crains de me voir, en vérité ?
L'assassin se taisait toujours, l'autre s'autorisa à continuer.
- N'est-ce pas que tu as peur de ma vue, Seïshiro ? Oui, car tu crains trop que mon visage se transforme, qu'il prenne les traits de celui qui t'obsède tant, de celui qui t'obsède même tellement que tu le suis à la trace, que tu l'espionnes constamment, sans jamais te montrer… Oui, si tu me voyais, tu en souffrirais, tu en souffrirais tellement…
- TAIS-TOI !
Kamui eut un petit sourire victorieux. Décidément, pousser à bout le tueur était quelque chose qui l'amusait beaucoup.
Bien que, ces derniers temps, il trouvait cela un peu trop simple, ce qui étonnement, loin de diminuer l'intérêt du jeu, le rendait encore plus jouissif.
Il ne pouvait pas voir Seïshiro mais devinait sans peine son attitude à cet instant.
Et pourtant, lorsque la voix de l'assassin s'éleva, elle était d'un calme olympien.
- Je sais que me voir ainsi t'amuses beaucoup mais tu n'es pas venu uniquement pour ça, je suppose ?
L'adolescent haussa les épaules.
- Va savoir… Je voulais surtout savoir ce que tu pensais de cette situation.
Le tueur ne répondit pas, le leader terrestre poursuivit.
- Penses-tu vraiment qu'elle se prolongera encore longtemps ? Je te connais, il faudra bien à un moment que tu y mettes ton grain de sel, ne serait-ce que pour compenser tout ce temps de silence. Sans quoi, cela deviendra intenable.
- Ça l'est déjà…
La voix de Seïshiro était creuse et vide. Elle créa un long et profond silence dans le jardin, s'y posant comme une chape de plomb, étouffant le moindre souffle.
- Crois-tu réellement que j'ai attendu ta venue pour songer à tout cela ?
Kamui nota le léger tremblement qui trahissait une rage parfaitement contrôlée.
- Et contrairement à ce que tu penses, ma situation, je la connais.
Silence.
- Elle est lamentable…
Le plus jeune ne put que ravaler sa surprise.
- Soit… Qu'as-tu l'intention de faire pour y remédier ?
De l'autre côté de l'arbre, il entendit le Sakurazukamori ricaner.
- Je me suis surestimé j'ai voulu tuer celui qui t'est réservé. Je me suis armé en conséquence…
Léger silence, comme s'il tentait d'analyser objectivement son état
- J'en ais fait les frais. Ma condition est pitoyable, il me semble que je ne peux plus me servir de certains de mes pouvoirs…
Il eut un soupir, un étrange soupir où se mêlait désespoir et joie paradoxale.
- Je ne tue plus. Et tout cela, ce n'est pas ton fait. Ce n'est même pas celui de l'autre Kamui.
Silence, à nouveau.
- Ce suicide à petits feux… C'est à lui que je le dois.
Nul besoin d'étude approfondie pour comprendre qui était ce « lui ».
- Bien… (la voix de Kamui était un peu rauque) Que vas-tu faire à présent ?
- Je vais agir, sans doute.
Il se tût et lorsqu'il reprit la parole, il semblait presque heureux.
- Je vais enfin réaliser ce pour quoi je vis… Depuis neuf ans…
Kamui ne put s'empêcher de songer qu'il y avait là le plus étonnant paradoxe qui soit.
A suivre…Voilou. Pardonnez-moi pour ce retard, je vous promets que le suivant sera là plus rapidement (enfin, j'espère…) !
J'aime beaucoup écrire ces petits bras de fer entre Fuma et Seïshiro en tout cas !
Pour te répondre, Roxane, il ne me reste en effet plus que deux chapitres et un épilogue !
Review… ?
K21
