Réponses aux reviews :
Maeve Fantaisie : Merci pour ta review ! Pas de spoilers alors tu sauras en lisant si tes prédictions sont vérifiées !
Roxane : Oui, j'ai bien fait de souscrire à une prime de risque je crois, le coin s'avère plutôt dangereux ! Merci pour cette review, elle m'a fait beaucoup rire ! C'est vrai, ils ne sont finalement pas si nombreux les sains d'esprit dans ce manga, étrange de se dire que Fuma en fait partie finalement… Je me suis affolée comme j'ai pu, bac dans cinq jours, faut pas m'en vouloir ! J'espère que ce chapitre te plaira !
Kokoroyume : Hum hum… Un happy-end… Tout dépend de ta définition du mot « happy-end », je crois. D'autant que sans doute ni Seïshiro, ni toi ni moi n'avons la même ! Merci encore et bonne lecture !
Lie-chan : Merci de me soutenir, merci d'aimer ce couple ! J'espère que ce chapitre te plaira !
Titre : L'absent- chapitre XIII
Auteur : Kestrel21
Base : X/1999
Genre : Yaoï, à priori pas trop OOC, quelques spoilers mais rien de bien méchant et… je crois que c'est tout !
Résumé : Après son combat avec Fuma, Subaru a perdu la mémoire (j'ai toujours eu le don des résumés !).
Disclaimer : Aucun des persos de X ne m'appartiennent et c'est tant mieux comme ça tout le monde peut en profiter (quoi que je dirais pas non si on me proposait Subaru ou Seïshiro !) ! Ah, j'oubliais, les pensées des personnages sont entre guillemets !
Note : Vous vous en rendrez sûrement compte en lisant, j'ai pris certaines libertés avec le manga en outrepassant la marge de manœuvre des yumémis. A priori rien de grave mais bon, je le signale quand même.
- Je peux savoir qui vous êtes ?
- ça n'a pas d'importance…
La voix était aussi plate et fatiguée que le corps qui l'abritait.
Le personnage avait d'ailleurs étrange allure mais n'était pas dénué d'une certaine beauté. Mais une beauté si maladive qu'elle vous serrait le cœur.
Ses cheveux d'un blond lunaire retombaient avec grâce sur son visage émacié, sans parvenir pour autant à masquer la grandeur et la lassitude de ses yeux bleus.
La largeur démesurée de son kimono blanc le faisait paraître encore plus petit et maigre qu'il ne l'était sans doute réellement.
Silhouette claire et presque lumineuse, elle tranchait au milieu de cet espace obscur mais malgré tout reconnaissable comme un dojo traditionnel.
Debout au milieu de cette pièce inconnue, Subaru pouvait malgré tout distinguer les murs coulissants faits de fin papier et représentant alternativement des motifs floraux et des migrations de grues blanches.
- Où sommes-nous ? finit-il par demander, mal à l'aise.
Car si le décor lui était familier, quelque chose ne cadrait pas. Aucun souffle d'air ne circulait et il respirait pourtant sans difficulté, pas la moindre odeur, le moindre son en dehors de la voix monocorde de son interlocuteur.
Et il avait le sentiment trouble que s'il tendait la main vers le papier qui les confinait, ses doigts le traverseraient aussi facilement que de l'eau.
- Ne t'inquiètes pas, murmura l'autre. C'est un rêve, les lois ne sont pas vraiment les mêmes que dans le monde réel.
C'était donc ça… Subaru avait pourtant la sensation d'être parfaitement réveillé.
Comme mû par un instinct impérieux, le médium alla s'asseoir face au personnage, en tailleur et les mains posées sur ses genoux, dans une attitude d'écoute.
- Pourquoi m'avoir fait venir ici ? demanda-t-il enfin après quelques instants de silence.
L'autre soupira, sans que Subaru put déceler si ce soupir était désabusé ou simplement fatigué.
- C'est un souhait de ta sœur. Entre autre.
- De ma… Mais pourquoi n'est-elle pas ici dans ce cas ?
Il avait tant désiré pouvoir retrouver la jeune fille, il n'essaya même pas de masquer la déception que lui causait son absence.
- Je suis un liseur de rêve, commença le jeune homme de cette même voix d'outre-tombe. C'est grâce à moi qu'elle à pu te « rencontrer »… Mais je suis aussi un Dragon de la Terre.
Il leva les yeux vers Subaru et constata avec étonnement que celui-ci n'avait pas eu la moindre réaction.
Comme s'il s'y attendait.
- Continuez, proposa simplement le médium alors que son hôte se taisait.
- … Et en tant que tel, j'ai… Comment dire, certaines obligations envers mes pairs.
Subaru le fixait avec un rien de surprise, ne voyant visiblement pas où le yumémi voulait en venir.
- Cet espace est crée afin de qu'aucune présence extérieure, et donc indésirable, ne soit capable d'épier ce qui se dira ici. Votre sœur connaît bien cette loi et malgré ses pouvoirs, elle ne se risquera pas à la transgresser. Le véritable instigateur de ce rendez-vous est ainsi certain de ne pas… être dérangé.
L'expression de Subaru passa en une seconde de la perplexité à la méfiance.
- L'instigateur, comme vous dites, ne peut donc pas me rencontrer dans la vie réelle ? demanda-t-il, suspicieux.
Le liseur de rêve le fixa un bref instant puis haussa les épaules.
- Je ne connais pas ses motivations, avoua-t-il finalement. Mais j'ai accédé à sa requête. Bien que…
Silence, le regard du yumémi se durcit tandis que sa bouche s'affaissait comme sous le poids d'une incommensurable tristesse.
- … Bien que je le haïsse. De toutes mes forces.
- As-tu fini, Kakyo ?
Subaru eut un léger sursaut alors que la voix grave résonnait à ses oreilles.
Il chercha des yeux son origine et aperçut face à lui, au travers de la transparence relative du papier de riz, une silhouette massive et sombre comme lui agenouillée.
- Comment vas-tu, Subaru ?
Le médium jugea cette question déplacée et resta muet.
L'autre soupira.
- Ne pas te voir est déjà suffisamment frustrant, ne me prive pas en plus de ta voix.
Malgré la nature de la demande, le ton se rapprochait davantage de l'ordre que de la prière.
Subaru croisa le regard de Kakyo. Sans mot dire, celui-ci s'effaça afin de laisser sa place prés du paravent.
Subaru accepta l'invitation et se déplaça. Il n'était à présent séparé de l'autre que par les quelques centimètres que représentaient la panneau de bois.
- Ne trouves-tu pas ça lâche ? demanda-t-il alors en s'étonnant lui-même d'utiliser le tutoiement. De me faire venir ici plutôt que de me parler face à face ?
La silhouette de l'autre côté tressaillit alors qu'un rire sans joie se faisait entendre.
- Sans doute est-ce de la lâcheté, en effet… Mais rien ne me garantissait que tu aurais accepté de me voir, à plus forte raison de m'écouter. De cette manière, je ne m'exposais à aucun refus.
Il soupira.
- Mais crois bien que j'aurais préféré t'avoir réellement en face de moi, c'est une cruelle mais nécessaire contrepartie. Je peux ainsi m'assurer de ton écoute et faire main basse sur toi…
Une main se plaqua soudain contre le papier, à la hauteur du visage de l'exorciste.
- … Mais pas de la manière dont je l'aurais préféré, hélas.
La main s'en alla, Subaru se surprit à fixer un long moment l'endroit où il l'avait vu apparaître.
- Sincèrement, Subaru, me hais-tu ?
Le médium prit le temps de réfléchir à sa réponse.
- Te haïr… Oui, d'avoir fait ce que tu as fait à Kamui, de l'avoir blessé ainsi.
Le silence maintenu par son vis-à-vis l'incita à continuer.
- Lorsque j'ai pu te renvoyer ce sort qui aurait dû le tuer, j'ai ressenti comme un profond sentiment de victoire, terriblement enivrant. Je venais de me prouver que je pouvais protéger Kamui. Mais c'était en même temps beaucoup plus puisant…
- Une ancienne envie de vengeance assouvie ?
Le ton était aussi plat qu'une étendue d'eau lisse.
- On peut dire cela, en effet, constata Subaru. Mais de la haine… ? En te blessant, des souvenirs me sont remontés en tête et malgré le fait qu'ils soient peu nombreux, tu y étais presque toujours présent. A certains moments, j'avais l'impression d'avoir passé ma vie à te haïr. Et à d'autres…
- A d'autres… ?
Subaru releva dans la voix un léger tremblement mais ne sut à quoi le rattacher.
- C'est confus. J'ai découvert certains pouvoirs, j'ai fais des choses que je n'aurais jamais crû possible.
- Tes souvenirs !
Le ton était presque agressif, ce qui étonna Subaru sans pour autant le faire dévier de sa ligne de pensée.
- J'ai vu beaucoup de choses, bien que ce ne soit qu'une infime partie d'existence. Mais aucun de ces souvenirs ne me faisaient aller au delà de mes 16 ans.
La réaction de son vis-à-vis fut étrange. Un hoquet fit tressauter ses larges épaules, un hoquet qui claqua dans l'air avant d'être muselé de force et immobilisé, comme s'il en avait trop dit.
- Ces souvenirs ne reflètent en rien ce que je suis en réalité.
La voix semblait attristée, Subaru détourna la tête et s'aperçut que Kakyo avait disparu.
- Ils t'inquiètent car ils sont la preuve que tu n'es pas le monstre que tout le monde croit que tu es ?
De l'autre côté du paravent, Seïshiro soupçonna que Subaru en savait plus qu'il ne semblait vouloir le dire.
Et cela, étrangement, l'effrayait. Au moins autant qu le flegme de Subaru lorsqu'il l'évoquait.
Il serra les poings, l'espoir de retrouver Subaru tel qu'avant l'accident s'amenuisait encore.
L'espoir de retrouver ce Subaru qui était le sien…
- Ce masque-là n'avait rien de vrai et l'opinion de « tout le monde » m'indiffère profondément.
Le Sakurazukamori aurait voulu que Subaru pose de lui-même la question qui à cette minute était la seule qui en valait la peine
Mais le médium se taisait alors Seïshiro murmura :
- Mais je me soucie de toi car tu n'es pas « tout le monde ».
- Qui suis-je alors ? C'est comme si je n'avais plus d'identité.
- L'identité n'a aucune importance. Tu es le monde pour moi.
Un petit silence suivit la déclaration, jusqu'à ce que le tueur ne reprenne la parole.
- Ces images que tu as vu de moi, rien n'est plus éloigné de ce que je suis en réalité. Mais c'est pourtant ainsi que j'ai pu me faire aimer de toi.
Il poussa un profond soupir.
- … Une fois ces souvenirs disparus que toi, que me reste-t-il ?
- Pourquoi avoir fait cela alors ?
L'autre rit.
- Parce que je suis ce que je suis. Un prédateur né. Et si comme je le crois le destin est tracé d'avance, tu n'as été conçu que pour devenir ma proie.
- Tu penses réellement ce que tu dis ? Tu ne manques pas d'audace…
- Cela n'a rien à voir avec de l'audace, pourquoi aurais-je honte de prôner ce en quoi j'ai toujours crû ?
- Tu ne veux pas accepter ta défaite ? Je ne te savais pas si mystique.
- Tu me connais donc mieux que tu ne sembles vouloir le dire…
Subaru renifla, Seïshiro sourit sardoniquement.
- Tu te trahis. Cette amnésie t'a permis de retrouver ta confiance en ce monde.
Il soupira.
- Quelle naïveté…
- Comment avoir confiance en ce monde en sachant que tu t'y trouves ?
Le ton de Subaru était doux et n'avait rien d'agressif. Cela fit plus de mal au tueur qu'il n'aurait été capable de l'avouer et pourtant, il aima cette réponse.
- Cette phrase… Fut un temps où tu aurais été incapable de la prononcer, même avec la meilleure volonté du monde. Et tu n'en manques pas. Elle me prouve que la haine que tu me portais n'a pas totalement disparu.
- Cela te réjouis ?
- Plus que tu ne l'imagines.
Subaru n'en fut pas étonné.
- Pourquoi es-tu si différent du vétérinaire si affable que j'ai vu ? Peut-on vraiment changer à ce point ?
- Je n'ai jamais eu l'intention de changer, ce n'était qu'une façade. Tout ce que j'ai fait, c'était pour t'attirer et te garder en mon pouvoir. Mais à l'époque, je n'étais pas encore motivé par les sentiments que je te porte à présent.
Subaru se taisant, Seïshiro décida d'être parfaitement sincère.
- Et parfois, j'avoue, je le regrette. Car cela nous aurait sans doute évité bien des déboires.
- C'est toi qui a tué Hokuto, n'est-ce pas ?
- Oui. Trois personnes sont mortes ce jour-là. Ta sœur, ce si attentionné vétérinaire…
- Et moi, en quelque sorte.
- C'est vrai. J'ai définitivement tué cette part d'enfance encore si vivace en toi malgré tes responsabilités, tes pouvoirs et cette éducation si rigide dispensée par ton clan.
- C'est étrange de se faire ainsi raconter sa vie…
La voix de Subaru était méditative.
- Sache que personne ne peut se vanter de la connaître mieux que moi.
Malgré sa douceur, le ton de Seïshiro s'était fait péremptoire.
- Durant neuf années, tu n'as cessé de me poursuivre mais n'était-ce pas moi qui te poursuivait finalement ? Tu ne rêvais que de me tuer mais tu ne vivais que dans l'espoir d'un retour d'amour de ma part. Un sentiment qui te détruisait autant qu'il te portait, tu l'entretenais comme une plante empoisonnée et rarissime.
Il se tût un bref instant, de l'autre côté du paravent, l'attitude de Subaru était celle de l'écoute.
- Des preuves d'amour, j'aurais pu t'en donner des millions… Mais je trouvais cela trop facile et je n'aimais rien tant que te voir te débattre dans ce monde où tu avais si peu ta place. Parce que trop pur, trop beau, trop ou trop peu tant de choses… Tu faisais de ton mieux pour le cacher mais ces années n'ont été que souffrance pour toi. Mais si délectables pour moi que ça en est obscène, que je sois ou non proche de toi, toutes tes pensées étaient tournées vers moi, je me saoulai de cette perspective. Ma proie, la seule et unique qui m'importât jamais, je la possédais corps et âme, je m'étais infiltré jusque dans les moindres replis de son être.
- La fin du monde n'a rien changé. Cela aurait sans doute pu continuer ainsi.
- C'est ce que je pensais également. Si j'avais pu m'imaginer ce qui allait arriver…
Silence, uniquement troublé par de légères inspirations.
- Sans doute ai-je toujours su que j'allais te perdre, au fond… Mais de cette façon ? C'est si stupide. D'en être réduit à ne pouvoir te parler que de cette manière, sans pouvoir te toucher ni même te voir. Et en te forçant alors que ma visite était celle que tu redoutais et espérais le plus fort…
- Au fond, pourquoi m'avoir fait venir ici ?
Seïshiro sourit.
- Ce que j'attend de toi, tu le devines peut-être… Et tu l'as dit toi-même, comment faire confiance à ce monde si nous y cohabitons ?
- Tu te contredis. Et ces neufs dernières années ?
- Cela remonte à bien plus longtemps, cette question se pose depuis que je t'ai désigné comme ma proie. Tu aurais dû mourir ce jour-là et pourtant je ne t'ai pas tué. Dés ce moment, ta vie était en sursis et je n'ais cessé de te chercher pour y mettre un terme dans les règles de l'art. Mais tu étais également le sujet idéal pour tenter une expérience et ce n'est que pour la mener à bien que je me suis immiscé dans ton univers durant un an.
- Qu'elle était-elle ?
- Je voulais voir si le simple fait d'être de deux clans aussi diamétralement opposé nous condamnait dés le départ.
- Si tu n'avais pas fait ce que tu as fait, sans doute cela serait-il à peine entré en jeu.
- Qu'importe. Et puis ces neuf dernières années n'ont-elles été que de la cohabitation ? Tu l'as oublié mais pour nous deux, elles ont été infiniment plus que cela…
- Ça n'a plus vraiment d'importance à présent.
Seïshiro marqua un silence et lorsqu'il reprit la parole, sa voix s'était réduite à un murmure ténu.
- … Oui, le fil s'est rompu. Nous ne sommes désormais plus que des chefs de clans rivaux. Alors que j'espérais que nous serions pour toujours Seïshiro et Subaru …
Le silence plana à nouveau, chargé de pensées secrètes et de regrets in formulables.
- … Qu'attends-tu, alors ?
- Mais tu le sais, Subaru.
La voix s'était faite d'une douceur ineffable.
- Oui, tu le sais très bien…
¤
Lorsque Subaru ouvrit les yeux, ce n'était plus autour de lui ce dojo obscur et étouffant. Il n'était plus agenouillé sur un tatami mais échoué au travers de son lit.
Et ce qu'il entendait, ce n'était plus la voix de basse du Sakurazukamori mais trois coups frappés contre la porte, suivis d'une autre voix.
- Ce… C'est Kamui. Je peux entrer ?
¤
Debout devant la porte close de Subaru, Kamui dansait d'un pied sur l'autre avec nervosité.
Retrouvant un semblant de courage, il approcha sa main du battant pour le frapper mais suspendit son geste. Il recommença une paire de fois puis, agacé de sa propre attitude, il cessa son manège et se mit à réfléchir.
Etait-il vraiment certain de vouloir le demander à l'exorciste ? Oui, bien sûr, question stupide… Il lui arrivait trop souvent d'y songer pour que ce fut un simple caprice. Mais il craignait la réaction de Subaru à ce sujet, plutôt délicat à aborder.
Se décidant finalement et craignant que son courage ne l'abandonne, Kamui frappa à la porte.
- Ce… C'est Kamui. Je peux entrer.
- Oui, bien sûr.
Kamui inspira. Plus question de reculer.
¤
La porte s'ouvrit timidement.
Assis sur son lit, Subaru leva les yeux et sourit en apercevant le garçon dans l'embrasure de la porte. Constatant qu'il ne semblait pas décidé à en bouger, Subaru prit les devants.
- Tu peux entrer, tu sais ?
- Hein ! Heu… Oui.
Le médium fronça les sourcils alors que le jeune garçon s'avançait pour s'immobiliser ensuite à quelques pas de lui.
Y avait-il une raison particulière pour qu'il parût si mal à l'aise ? Subaru songea à lui poser directement la question mais à la vue de l'apparente émotivité de l'adolescent à cet instant, en choisit une un peu plus large.
- Tu veux me demander quelque chose ?
Visiblement, Kamui s'attendait à cette question. Il tressaillit pourtant et se tordit les mains, le regard fuyant.
- Oui, finit-il par murmurer.
Subaru changea rapidement de position, encore un peu sonné par son expérience mais décidé à n'en rien laisser voir. Il fixa Kamui.
- Et bien, vas-y, qu'attends-tu ? demanda-t-il avec douceur.
- C'est que… C'est délicat.
Intrigué, l'exorciste fixait sur Kamui un regard neutre, attendant la suite.
Cela sembla le mettre encore plus mal à l'aise. Songeant de nouveau à son rêve, il se demanda si Kamui n'avait pas omis de lui dire quelque chose d'important. Au point d'ainsi sans mordre les doigts.
Kamui fixait à présent ses pieds avec grand intérêt, les doigts nerveux.
Ce fut lorsque son regard croisa celui de Subaru que celui-ci s'aperçut avec surprise que ses pommettes avaient soudain rosies.
- Subaru, je…
Le médium, d'un regard, l'encouragea à continuer.
Avec appréhension, Kamui inspira et finalement, lâcha d'une voix blanche :
- Je… Je voudrais faire l'amour avec toi.
Aussitôt, il détourna le regard, les joues à présent en feu tandis que les yeux de Subaru s'arrondissaient de surprise.
S'il s'imaginait… De son côté, Kamui paressait souffrir d'une véritable auto-combustion tant il était rouge à présent.
¤
Kamui avait l'impression de brûler de l'intérieur et n'osait pas lever les yeux de peur de croiser le regard de Subaru.
Le silence du médium lui pesait atrocement, que devait-il bien être en train de penser ? Il ne parvenait pas à s'imaginer l'expression qui devait être la sienne à cet instant et n'était au fond pas si sûr de vouloir le savoir, il se sentait soudain tellement ridicule.
Dépité malgré sa gêne, Kamui s'apprêtait presque à lui souhaiter une bonne nuit, à quitter la pièce et à espérer que Subaru oublie rapidement ce pitoyable épisode lorsque la voix de celui-ci s'éleva :
- … Tu en es sûr ?
L'adolescent sursauta et croisa le regard de Subaru pour la première fois depuis son entrée.
Il inspira et hocha la tête. Subaru lui sourit et ce sourire le transporta. Il se sentait alors si heureux que la pièce parût tourner autour de lui, se faisant flou, il n'y avait plus que Subaru qu'il distinguait parfaitement, Subaru qui lui souriait.
Et alors qu'il s'approchait du médium, dans ce sourire il la vit, la différence que Subaru faisait entre Kamui et le reste du monde.
Entre son affection pour tout le monde et son amour pour lui tout seul.
¤ ¤ ¤ ¤ ¤
Une brusque rafale, qui fit bruire les branches aussi sûrement que si elles étaient vivantes.
- Tu viendras, Subaru…
Autour de lui, la nuit était plus noire que jamais.
- Oui, je sais que tu viendras…
¤ ¤ ¤ ¤ ¤
Peut-être cette jeune fille avait-elle raison, après tout… Peut-être le futur n'est-il pas encore décidé…
Encore toi ? Je te croyais détruite… Mais qu'importe, Hinoto, tu vois bien que tu te trompes. Ces deux hommes ne font qu'aller à la rencontre de ce destin prévu depuis la nuit des temps.
Peut-être… Peut-être pas… Rien de ce que je n'avais lu pour l'un d'eux ne s'est réalisé… Serait-ce là la preuve ? La preuve que j'attendais depuis si longtemps… ?
Tais-toi, espèce d'idiote ! Personne ne peut changer le cours de son destin. Quant à toi, contente-toi de t'imaginer celui que je te réserve…
¤ ¤ ¤ ¤ ¤
Assis sur le rebord de la fenêtre, Subaru parcourait la pièce obscure du regard, ses yeux passant alternativement des grands arbres qu'il voyait frémir au delà de la large vitre, au corps de Kamui dont la présence sous les draps était à peine perceptible.
Il ignorait tout de l'heure qu'il était, il lui semblait avoir dormi, peu ou trop, il ne savait pas, il n'en était même pas sûr.
Tant de choses s'étaient passées en si peu de temps, y repenser lui procurait une étrange sensation, semblable au vertige sans en être vraiment.
Il songea alors à ce « rêve », c'était la première fois depuis qu'il l'avait quitté voilà quelques heures, ce souvenir ne le lâcha plus.
Qu'attendait Seïshiro de lui ? Et lui, Subaru, qu'attendait-il, du tueur comme de lui même ?
Il ne savait trop que penser alors que l'obscurité se faisait dans son esprit, masquant toute pensée rationnelle, lui donnant l'impression de s'enfoncer dans un tunnel sans issue.
Mais la lumière était proche, quoi qu'il ne la distinguât pas encore, l'air qu'il respirait changeait lui aussi, apportant de nouvelles odeurs qui pouvaient s'apparenter autant au souffre qu'à l'encens.
La sortie était accessible, toute proche…
Il se leva commença à rassembler et enfiler ses vêtements épars, l'esprit troublé par des pensées sombres, lumineuses à la fois, tumultueuses et difficilement identifiables.
Son regard se posa sur Kamui qui, excepté le léger mouvement de sa respiration, n'avait pas remué un cil.
Son cœur battit plus fort. En le voyant, il se demanda soudain ce qu'il était en train de faire, quelle serait la finalité de tout ceci, au fond ? Il s'approcha du lit à pas lents, s'assit sur son extrême bord, observa.
Il observa sur le visage de son amant la détente, la félicité totale mais surtout l'absolue confiance, une expression qu'il y a quelques temps encore, le médium n'aurait jamais pensé voir se peindre sur ses traits.
Il posa sa main à la base de la nuque du jeune garçon, en épousa la forme avec sa paume. Puis il fit voyager ses doigts jusqu'à la gorge blanche, exerça une infime pression sur l'aorte.
Le battement lent et universel se répercuta dans sa main, parcourut son corps entier. Instantanément, il se sentit plus léger.
Kamui comprendrait… Kamui avait toujours compris… Il n'était pas comme les autres Dragons, lui ne douterait pas de ses sentiments.
Se relevant, il recouvrit le corps de Kamui de la couverture jetée en bas du lit, il se saisit de sa propre veste, l'enfila et s'approcha de la fenêtre.
Il l'ouvrit d'un geste, l'air frais et doux de la nuit s'engouffra dans la chambre.
Tournant la tête, il regarda à nouveau Kamui, intensément, comme s'il s'agissait de la dernière fois, enjamba le rebord et sauta dans le vide.
A suivre…Un chapitre de transition, donc un peu plus court que les autres… J'espère qu'il vous a plu.
Review… ?
