Chapitre 5
Lorsqu'il reprit connaissance, Mustang se trouvait nez à nez avec un rat aussi énorme qu'un chat. Il ne put retenir un cri en se relevant d'un bond pour s'écarter de la bestiole.
Il tenta de claquer des doigts pour le griller mais ses gants étaient mouillés, comme tout le reste de sa personne.
Il se releva et s'observa. Il était complètement trempé, il était sale, il puait atrocement.
« Super ! Très classe Mustang ! »
Il dénicha sa montre. Il avait perdu connaissance une bonne quinzaine de minutes, c'était fichu pour espérer rattraper le tueur.
Il se passa une main dans son cou, sa nuque le faisait souffrir, il fallait qu'il sorte d'ici et retourne dans l'immeuble où le corps de ce soldat devait toujours attendre.
A moins que quelqu'un ne se soit déjà occupé d'avertir la police.
Il réussit non sans mal à s'extirper de la bouche d'égout et à rejoindre l'immeuble où un attroupement s'était formé.
Il parvint à se glisser jusqu'au cadavre, l'odeur qui émanait de lui étant à vrai dire d'un grand secours.
Il retrouva, accroupi à côté du corps, le sergent Falman.
Celui-ci lui adressa un regard surpris mais attendit que la foule se soit un peu dispersée pour s'adresser à lui :
« Colonel ? Que vous est-il arrivé ?
« Dites moi d'abord ce que vous avez appris.
« Il s'agit du soldat Douglas. Il habitait cet immeuble, un appartement un peu plus loin dans le couloir. Il a été abattu d'une balle en plein front.
« Il habitait ici ?
« Oui. »
Mustang parcourut des yeux l'endroit. Cet homme avait été tué à l'endroit exact où on avait retrouvé Riza.
« Comment se fait-il qu'il ne se soit pas manifesté durant ces dix derniers jours ? »
Pas besoin qu'il précise sa pensée.
« Je ne sais pas. Nous ne savions pas qu'un soldat habitait ici.
« Comment se fait-il que personne ne sent soit aperçu ? »
Mustang se pencha sur le mort. Celui-ci affichait un air apeuré que la mort n'avait pas effacé.
Malgré sa propre odeur, il sentit les effluves d'urine qui émanaient du soldat.
« Il était terrorisé, il s'est uriné dessus. Il savait qu'il ne s'en sortirait pas. »
Il resta pensif jusqu'à ce qu'il entende Falman lui demander :
« Colonel, puis-je vous demander ce que vous faites là, dans cet état ? »
Mustang se releva mais évita le regard de Falman.
« J'arrivais sur les lieux lorsque le coup de feu a été tiré. J'ai vu le meurtrier s'enfuir et je l'ai poursuivi jusque dans les égouts. Je me suis fait surprendre et il m'a assommé. »
Son sergent se garda bien de lui faire remarquer son comportement imprudent et se contenta de lui demander :
« Vous l'avez donc vu ? Vous le reconnaîtriez ? »
Mustang garda le silence un moment.
« Non, je ne crois pas, je l'ai juste entraperçu. Il portait une casquette, je ne sais même pas de quelle couleur sont ses cheveux. »
Pourquoi mentait-il ? Il n'en savait rien.
Il se frotta la nuque.
« Il faut que je me fasse soigner. Je vous laisse régler tout ici et je voudrai pour demain matin un rapport sur mon bureau concernant ce Douglas. Quelque chose ne colle pas dans cette affaire.
« Bien Colonel. Je m'en charge. »
Mustang s'éloigna, mais au lieu de se rendre auprès d'un médecin, il prit le chemin de son domicile.
Le sentiment de passer à côté de quelque chose le taraudait.
Comme un automate, il ôta ses vêtements et se glissa dans sa douche.
Il se rappelait sa course poursuite dans les couloirs puis dans les rues de Central jusqu'à cette ruelle où il avait perdu la trace du tueur.
Il passa le gant de toilette précautionneusement dans son cou à l'endroit où la crosse l'avait atteint.
Pourquoi le meurtrier ne l'avait-il pas tué lui aussi ?
Et cette voix comme un souffle. Il était sûr d'avoir entendu les mots « désolé Colonel. »
Connaissait-il le tueur ? Etait-ce un intime ?
Il se rappela vaguement la casquette qui tombe et des éclats blonds…
Havoc serait-il l'homme qu'il avait poursuivi ? Non c'était impossible, il était encore au QG lorsque lui-même en était parti.
Sans compter le physique qui ne collait pas. L'homme qu'il avait poursuivi était plus petit, plus fin.
Et pourquoi avait-il été incapable de dire la vérité à Falman et donner une description ?
Roy soupira et ferma les robinets d'eau.
Il sortit de la douche et passa une serviette autour de sa taille. Il était épuisé et sa nuque le lançait affreusement.
Il passa un caleçon, prit des antalgiques et s'allongea un moment sur son lit.
Il ferma ses yeux, revoyant toujours la silhouette du tueur de dos s'éloigner.
Le sommeil ne fut pas long à le trouver.
Je n'en pouvais plus. Cette course et toutes ces émotions m'avaient mise à plat. Mes vêtements étaient de nouveaux trempés et en plus maintenant je puais.
Je regardais le ciel :
« Si c'est une blague, elle n'est vraiment pas drôle ! »
Puisant une nouvelle énergie dans la colère, je me traînai jusqu'à l'appartement de Fuery et grimpai quatre à quatre les escaliers.
J'étais bonne pour une nouvelle douche.
Je laissais l'eau me dégouliner dessus et me laver de toutes les immondices, celles des égouts et celles laissées par ma rencontre avec Douglas.
J'aurai du me sentir coupable, avoir honte ou je ne sais pas, éprouver du remord… mais rien de tout cela ne m'effleurait. Je ne ressentais absolument rien pour Douglas. Même pas du soulagement.
Je n'étais obsédée que par l'apparition du Colonel Mustang dans ce couloir en contre-jour.
Le revoir me faisait mal. Il me manquait tant, plus que tout autre sur terre.
Mon cœur se réveillait et se mettait à me faire souffrir. Je m'écriai sous la douche en le cognant de mon poing serré :
« Je suis morte, ne peux-tu pas me laisser en paix ! »
Mais rien n'y faisait, mon cœur saignait et je n'y pouvais rien. Alors je laissai ma tête reposer sur le carrelage de la douche et mes larmes couler et se mélanger à l'eau tiède.
Mustang n'avait jamais rien su de ce que je ressentais pour lui. Nous avions des rapports de supérieur à subordonné, et cela me paraissait déplacé de lui exposer tout bonnement mes sentiments.
Nous étions proches, mais à aucun moment il n'avait laissé paraître un quelconque penchant pour ma personne.
Alors je m'étais tue et chaque jour je m'étais tenue à ses côtés pour l'aider à atteindre ses buts, quels qu'ils soient.
Je l'ai vu gravir les échelons de la hiérarchie, obtenant moi-même des promotions jusqu'à atteindre le grade de Premier Lieutenant.
Combien de fois avais-je rêvé qu'il brave tous les interdits et me prenne dans ses bras ? Ou bien qu'il me susurre dans le creux de l'oreille qu'il m'aimait ?
Jamais il n'avait ne serait-ce qu'essayé de m'effleurer la main…
Alors je m'étais tue et j'étais morte en emportant ce secret dans ma tombe.
Et maintenant, plus que jamais, il devait y rester enfoui.
Je devais oublier Mustang et le laisser vivre sa vie, sans moi.
De toute façon, j'avais du pain sur la planche, une vengeance à réaliser et une ville à sauver. Tout un programme pour ne pas laisser le désespoir me gagner !
Il était tard et l'appel du lit se faisait sentir.
Demain à la première heure, il me faudrait me remettre en chasse, surtout que la nouvelle de la mort de Douglas ne tarderait pas à se répandre.
Imaginez, un deuxième soldat abattu à l'endroit exact où dix jours plus tôt un lieutenant avait trouvé la mort !
De quoi abreuver les gros titres des journaux pendant une petite semaine !
NdlA : Mustang, nu sous la douche. Une serviette autour de la taille... je vais défaillir ! Arggg, slurp (ravale la bave qui coule au coin de ma bouche). Une petite voix dans mon cerveau me susurre "Pauv' fille", mais m'en fout ! J'écris ce que je veux !
