Chapitre 6

Roy courait dans un couloir interminable à la poursuite d'une ombre, alors qu'il la rattrapait enfin et lui faisait faire demi-tour, il s'apercevait que le visage n'était qu'un trou noir d'où une voix d'outre tombe lui murmurait « Désolée Colonel ».

Il se réveilla en sursaut. Son réveil indiquait 5h45. Trop tard pour se rendormir, autant se lever et gagner le bureau.

Il espérait y trouver le dossier du meurtre du soldat Douglas et obtenir une explication sur son étrange silence des dix derniers jours.

Pourquoi ne s'était-il pas manifesté après la mort d'une collègue dans son immeuble ? C'était à proprement parler incroyable. On pouvait attendre ce comportement d'un civil, mais certainement pas d'un militaire.

Pourquoi l'avait-on abattu à l'endroit même où Riza était morte ? Et pourquoi le meurtrier n'avait-il pas essayé de le tuer lui aussi, il représentait une cible certainement plus importante qu'un obscure soldat à peine connu. Or l'assassin s'était contenté de l'assommer.

Et puis, c'était quoi ces excuses ? "Désolé Colonel".

Plus il y pensait, plus il était convaincu de le connaître.

Non, décidément, quelque chose clochait, il fallait qu'il trouve quoi.

Comme espéré, il trouva le dossier du soldat Douglas en bonne position sur son bureau à son arrivée. Il le compulsa sans trouver quoi que ce soit d'intéressant.

Douglas faisait partie des Communications depuis 5 ans maintenant. On le décrivait comme un garçon sans personnalité, timide, insignifiant. C'est à peine si ses collègues connaissaient son prénom. Personne n'avait à se plaindre de lui, il ne faisait jamais de vague. Ses supérieurs en étaient contents, il était décrit comme un bon élément.

Mustang resta dubitatif devant ce dossier pour le moins insipide.

Il convoqua Falman.

« A-t-on une explication pour le silence de Douglas concernant l'assassinat du Lieutenant Hawkeye ?

« Non Colonel. J'ai d'abord pensé que le soldat Douglas avait été absent et donc n'avait été au courant de rien, mais après enquête auprès du voisinage et de ses collègues, il semble qu'il n'ai manqué aucun jour de travail et qu'il se trouvait bien à son domicile au moment des précédents faits.

« Alors comment se fait-il que je n'ai aucune déposition de ce monsieur dans le dossier ?

« Je ne sais pas Colonel. Pourtant tous les habitants de l'immeuble et ceux voisins ont été interrogés après la découverte du corps.

« Eh bien, il faut croire que non, puisque Douglas n'a pas été entendu. Dois-je comprendre que l'enquête n'a pas été menée correctement Sergent Falman ? »

La colère retenue de Mustang depuis dix jours sourdait derrière chacun de ses mots et ne demandait qu'à exploser.

Falman se tut, attendant l'orage.

« C'est tout de même un monde je trouve que personne ne se soit aperçu qu'un soldat habitait sur les lieux même de l'assassinat d'un Lieutenant ! Et vous osez prétendre que l'enquête a correctement été menée ! »

Falman se garda bien de lui répondre qu'il n'avait jamais rien dit de tel, ni qu'en raison de leurs liens étroits avec la victime, on avait jugé plus prudent de ne pas confier l'enquête à l'équipe de Mustang, lui y compris.

Mustang avait besoin d'extérioriser sa peine, alors il laissait faire. Il comprenait.

Et Mustang craqua, d'un revers de main rageur, il balaya les dossiers sur son bureau, faisant sursauter de surprise Falman qui regarda éberlué les feuilles voler doucement dans les airs et se poser au petit bonheur la chance sur le sol.

« Je vais vous dire Falman, vous allez me reprendre tout depuis zéro dans cette foutue enquête de merde et vous allez me trouver pourquoi ce soldat n'a pas été recensé sur les lieux du crime et pourquoi il ne s'est pas signalé depuis ! Est-ce compris? »

« Oui Colonel. »

« Et je vous préviens, je ne veux plus entendre de 'je ne sais pas'. Je veux des explications et des résultats. »

« Bien Colonel. Je m'y mets tout de suite.

« Sortez d'ici. Vous devriez déjà y être ! »

Falman sortit sans ajouter mot et referma soigneusement la porte derrière lui. Laissé seul, Mustang se rassit devant son bureau dévasté.

Sa colère retombait et il regardait à présent les feuilles éparpillées partout. Il ne lui restait plus qu'à tout ramasser. Lui qui n'était pas paperasse était servi, mais après tout il n'avait qu'à pas s'énerver ainsi, surtout après Falman qui n'y était pour rien.

Il se mit donc à quatre pattes pour rassembler ses dossiers et se rassit pour les remettre en ordre.

A quoi bon, je ne trouverai rien de plus là-dedans.

Il se leva et sortit.

Quelques minutes plus tard, il se tenait devant le poste qu'occupait le soldat Douglas. Son bureau était un modèle de propreté et de rangement.

Mustang se tourna vers la jeune aide qui l'avait conduit jusqu'ici.

« Je vous remercie, je vais me débrouiller maintenant. Je veux juste jeter un coup d'œil.

« Très bien Colonel, je ne suis pas loin si vous avez besoin d'aide.

« Merci. »

Enfin seul, il s'installa au bureau et le parcouru du regard.

« Vas-y, révèle moi tes sales petits secrets. Tout le monde en a. Même un gars aussi fade que toi en a forcément. »

Il commença à soulever chaque papier, stylo, ouvrit chaque tiroir, regarda sous le sous-main… à la recherche d'un indice qui le mettrait sur la voie de la vérité.

En vain.

Ce n'est pas possible, il doit bien y avoir quelque chose ! Il n'y a même pas une photo, aucune note personnelle, aucun objet personnel. Ce type est trop clean pour être vrai.

Sous l'œil éberlué des autres occupants du service, il commença à vider les tiroirs par terre et les retirer de leurs emplacements.

Rien absolument rien !

Bon je me suis suffisamment ridiculisé comme ça pour aujourd'hui, pas la peine de continuer.

Il remettait en place les tiroirs dans leurs logements, mais celui du haut butta et refusa d'avancer plus loin.

Intrigué, Roy le retira de nouveau et se pencha sous le bureau pour voir ce qui empêchait le tiroir de glisser.

Une enveloppe était fixée par du scotch sur le bois.

Roy afficha un sourire de triomphe.

J'en étais sûr !

Il glissa sa main par l'ouverture et arracha l'enveloppe.

Il la glissa dans sa poche pour l'ouvrir loin des yeux indiscrets, et remit en place le dernier tiroir.

Il repartit après avoir signalé à la jeune aide qu'il en avait terminé avec son inspection.