Chapitre 8

Au point où j'en étais autant finir mon petit déjeuner. Je ne pouvais rien faire d'autre pour le moment pour l'appartement.

Y retourner serait de la pure folie.

Je n'avais plus qu'à me mettre directement à la poursuite de ma proie. De toute façon, plus vite je m'y mettrai, plus vite j'en aurai fini et je pourrai enfin goûter au repos éternel.

J'essayais de me souvenir de ces derniers jours, ceux entre ma mort et ma résurrection, mais rien ne me venait.

Finalement, je ne saurai donc jamais ce que cachait la mort. Bons ou mauvais, je n'en avais aucun souvenir.

Je me demandai s'il y avait déjà eu d'autres cas comme le mien et si oui, pourquoi on n'en avait jamais eu vent.

Cela dit, de mon vivant si quelqu'un était venu me dire, « je suis mort mais je suis revenu sur terre », je l'aurai très certainement pris pour un fou…Maintenant, je voyais les choses différemment.

Après tout, l'alchimie était une chose commune dans notre monde, des hommes étaient capables à l'aide d'un simple dessin de créer des flammes ou bien même de recréer un corps humain à partir d'ingrédients communs.

Alors pourquoi ne pas croire à une résurrection ? Qui plus est la mienne !

Le plus étonnant, c'est que lorsque j'étais en vie, je ne m'étais jamais posée la question de savoir s'il y avait ou non un après.

J'étais bien forcée d'admettre aujourd'hui que la réponse était « oui », sinon comment aurai-je pu de nouveau fouler cette bonne terre d'Amestris ?

Une chose me paraissait sûre, c'est que la mort plus que tout autre mystère devait rester cachée. Sinon, il se serait bien trouvé un fou pour vouloir s'en emparer.

Je repensais à Greed, qui avait cherché à percer le secret de l'immortalité. Tous ces hommes qui finalement s'amusaient à jouer à Dieu.

« Comprendre, détruire et reconstruire »

Et pourquoi ne pas laisser vivre tout simplement les choses ce qu'elles devaient vivre ? Pourquoi chercher à tout prix à en faire autre chose que ce pour quoi elles étaient là ?

Oh là là Riza, tu deviens philosophe et tu te poses trop de questions.

Parce qu'après tout, en matière de laisser vivre, je pouvais toujours parler, moi qui avais ôté la vie à tant de personnes, tient pas plus tard qu'hier.

Et à ce que j'en savais, je n'avais pas fini de jouer les Grandes Faucheuses.

Les questions continuaient de se bousculer :

Sommes nous tous des instruments dans les mains d'une puissance supérieure ? Avons-nous un rôle à jouer ? Notre histoire est-elle déjà écrite ou peut-on influer sur le cours de notre vie ?

Je soupirai, ce n'est pas avec pareilles questions que j'accomplirai ma mission.

D'ailleurs il était grand temps de m'y mettre.

Revigorée par ce petit déjeuner, je laissai l'argent nécessaire sur la table et ressortai du café et prenais la direction du Centre ville.

J'avais une adresse et un nom. Une petite visite amicale s'imposait. Heureusement, j'avais pris mon arme avec moi avant de partir ce matin. Elle serait une fois de plus mon amie la plus fidèle, et comment dire ? La plus convaincante pour délier les langues.

Je ne pus retenir un petit sourire en coin.

Pour ça, elle ne m'avait jamais fait défaut.


Toute l'équipe s'attelait à l'examen et au décryptage des documents retrouvés dans la valise de Douglas.

Mustang s'était gardé le journal que tenait le soldat Douglas. Assis à son bureau, il venait tout juste d'en entreprendre la laborieuse lecture. L'écriture de Douglas était tellement illisible qu'il fallait de grands efforts de concentration et relire plusieurs fois un même passage pour en venir à bout.

Il fallut que Fuery toussote pour signaler sa présence.

« Oui Fuery ?

« Colonel, désolé de vous déranger, mais j'ai quelque chose à vous montrer…

« Vous avez trouvé quelque chose de significatif dans cette valise ?

« Heu non, pas encore. En fait, ça n'a rien à voir avec Douglas.

« Il me semblait pourtant avoir demandé que tout le monde se concentre uniquement sur cette affaire, Sergent.

« Je le sais bien Colonel, mais ce que j'ai trouvé ce matin me turlupine vraiment, je ne sais pas quoi en penser. Je ne sais pas si c'est important ou non… »

Impatient, Mustang lui coupa la parole :

« Je ne comprend rien à votre charabia. Venez-en aux faits ! Et commencez par le début, je n'ai pas plus de temps que vous à perdre. »

Fuery déglutit, Mustang était vraiment à couteau tiré depuis la mort de Riza et encore plus depuis le meurtre de Douglas.

« Ben, ce matin avant de venir au bureau, je suis passé à l'appartement qui me sert de planque lorsque nous sommes en mission.

« Oui, je vois bien.

« J'avais à peine poussé la porte que quelque chose m'a semblé clocher. Je sentais comme une présence. Et puis il y avait cette odeur horrible… J'ai d'abord cru à un animal qui se serait introduit et qui serait mort, …

« Les faits Fuery !

« Voila, j'ai trouvé ça dans l'appartement et je jurerai que ça n'y était pas lorsque j'y suis allé la dernière fois. »

Fuery renversa le contenu du sac en papier qu'il tenait à la main sur le bureau de Mustang.

Ahuri Mustang regarda l'amas de vêtements qui se trouvait devant lui.

« Je ne vois pas le problème, il s'agit d'un uniforme militaire. En quoi est-ce étrange ?

« Colonel, regardez le bien. »

Mustang souleva la veste. Son visage perdit de ses couleurs.

« Mais…

« C'est celui du Lieutenant Hawkeye. Il n'y a pas de doute. J'en reconnaîtrais l'odeur entre mille, c'est son parfum. »

Les joues de Fuery s'étaient enflammées et il avait baissé les yeux vers le sol.

Mustang sourcilla légèrement. Fuery en pinçait-il pour Riza ? Il voyait bien que le jeune homme était impressionné par Riza, elle faisait cet effet sur beaucoup de personnes, mais il n'avait pas pensé que cela puisse être autre chose… Avait-il été aveugle au point de ne pas se rendre compte d'une possible idylle entre Fuery et Hawkeye ?

« Et vous êtes sûr qu'il n'y était pas avant ?

« Sûr et certain. J'en mettrai mes mains à couper. »

Mustang tournait le vêtement dans ses mains.

Que faisait l'uniforme de Riza dans cet appartement ? Voulait-on leur faire parvenir un message par ce biais là ? Leur faire croire que Riza était encore en vie ?

Ou bien, Riza était effectivement en vie et on avait voulu faire croire à sa mort…

Le cœur de Mustang s'emballa à cette idée. Mais il se raisonna bien vite.

C'est impossible, jamais Riza n'aurait fait cela sans m'en parler avant. Elle me faisait confiance, j'en suis certain. Et puis, j'ai vu son corps de mes propres yeux. On ne pouvait pas simuler la blessure par balle qu'elle portait en plein front, son crâne explosé, le sang partout…

La nausée le prit, ses mains étaient prises de tremblement, ces genoux allaient céder. Il se laissa tomber dans son fauteuil.

Ses souvenirs étaient trop vifs, trop réels être falsifiés.

Riza était bien morte.

Il n'y avait qu'une seule explication possible à la présence de son uniforme dans l'appartement de Fuery. Quelqu'un l'avait volé et l'avait sciemment déposé là.

Mais pourquoi ? Qui pouvait bien s'amuser à ce jeu cruel ?

La voix inquiète de Fuery l'arracha à ses pensées :

« Colonel, vous allez bien ?

« Oui, ça va. »

La porte du bureau s'ouvrit brutalement, Falman et Havoc firent leur entrée, ils semblaient survoltés, ce qui était plutôt étonnant de la part de Falman. Havoc agitait une photo en l'air.

« Colonel, je crois que nous tenons quelque chose ! Regardez. »

Mustang lui prit le cliché des mains et le regarda.

La photo était assez floue, comme prise à l'insu des deux hommes qui y figuraient. L'un d'eux leur était inconnu, mais il n'y avait aucun doute quant à l'identité de l'autre, c'était celle du chef des rebelles qu'ils poursuivaient depuis plusieurs semaines. Nasta Elbadi, celui qui se faisait aussi appeler Le Prêcheur.

Mustang ne pouvait cacher sa surprise :

« Que fait cette photo dans les affaires de Douglas ? A ma connaissance, les Communications ne travaillaient pas sur le dossier des attentats. »

Havoc renchérit :

« D'autant plus que nous n'avons jamais été en mesure de mettre la main sur leur chef. Alors comment expliquer que Douglas en ait une photo ? »

Falman dit de sa voix calme :

« Je ne vois qu'une seule raison à cela, Douglas le connaissait. Ce qui veut dire qu'il faisait très certainement partie de la bande de rebelles qui fait tout sauter en ville. »


NdlA : Je m'inquiète sans doute tardivement, mais j'espère que vous vous y retrouvez dans mon utilisation de "l'italique"... pour les parties avec Riza et les pensées de Roy ou des autres persos.