Chapitre 12
Toutes les équipes disponibles étaient sur le pied de guerre. En à peine trois heures des bataillons entiers de soldats avaient envahi Amestris, se postant à la gare, dans les hôpitaux, les grands centres industriels, les ambassades, les places de marché, ...
Des soldats procédaient à des contrôles d'identité aléatoires, et les promeneurs étaient invités à regagner leur domicile.
L'état d'alerte était à son maximum.
Mustang, Falman et Breda étaient penchés sur la carte de la ville.
Des punaises de couleur représentaient les églises, les bibliothèques, les morgues et les cimetières. Ils ne voulaient rien laisser échapper.
« Bien, nous avons recensé six églises abandonnées, une est vraiment trop en-dehors de la ville et une autre s'est complètement écroulée après un effondrement de terrain. Ce qui nous en laisse quatre. Chacun va prendre une équipe avec lui et se rendre sur place pour débusquer Elbadi. Fuery vous restez ici et vous coordonnez les communications. »
Il les regarda tous les uns après les autres.
« Pas d'acte héroïque, au moindre soupçon de la présence du tueur ou d'Elbadi, vous prévenez les autres et vous attendez les renforts. C'est bien compris ?
« Oui Colonel. »
« La nuit commence à tomber, alors c'est parti. »
La salle était comble. Comment un type pareil pouvait réussir à attirer et convaincre autant de personnes ?
Je ne comprenais pas. Certes les temps n'étaient pas faciles, mais était-ce une raison pour sombrer dans le fanatisme ?
Peut-être certains voyaient là l'occasion de laisser libre cours à leurs penchants les plus sombres. Dieu seul savait, ou plutôt le Diable, à quel point l'âme humaine pouvait regorger de recoins obscures.
J'avais moi-même à plusieurs reprises ressenti cette part d'ombre qui sommeillait en moi, animal rampant qui remontait des profondeurs pour effleurer la surface du lac de ma conscience. Chaque fois j'avais dû lutter pour ne pas céder à mes pulsions.
Depuis deux jours, j'avais bien malgré moi lâché la bride et c'est avec honte que je devais avouer que ce que j'avais éprouvé sur le moment était jubilatoire, exaltant, proche du jouissif.
Mes nausées ne venaient qu'après coup, bien tardivement.
C'était à croire que la mort m'avait libérée de tout sens moral, je ne me sentais presque plus d'interdits. Je ne me posais plus la question de savoir si ce que je faisais était bien ou non, j'agissais par pur instinct.
J'étais poussée par une force supérieure à ma conscience.
Etais-je finalement si différente de ces gens qui s'assemblaient autour du Prêcheur ? Etais-je si différente de ce monstre ?
Pas sûr.
Je restais tapie un moment dans le fonds de la salle à observer les spectateurs. Ils étaient tous absorbés par la voix de baryton du Prêcheur.
Je sentais la colère monter en moi à chacun de ses mots, chacun de ses gestes. Il m'avait abattue froidement, sans un mot, sans compassion. Juste un regard froid et indifférent. La rage que je contenais difficilement manquait de m'étouffer.
Je le haïssais. Il fallait qu'il paye, comme les autres.
Je commençai à m'avancer à travers la foule. Je savais que si je l'abattais devant tous ses adeptes, j'avais de très grandes chances de me faire lyncher. Mais qu'en avais-je à faire ? J'étais déjà morte.
L'écouteur de Mustang n'arrêtait pas de cracher.
« Equipe H en place, aucun signe suspect pour le moment.
« Equipe B en position, aucun signe de vie. Nous allons entrer faire un tour.
« Equipe F, rien à signaler non plus. Tout est calme. Demandons autorisation pour inspection. »
Roy les écoutait tous.
« Ok, autorisation accordée à tous. Soyez prudents. »
Lui-même se tenait embusqué avec quelques hommes devant l'église Notre Dame de la Compassion. Il n'y avait aucun signe de vie, aucun mouvement, rien, hormis peut-être quelques chats sauvages qui pourchassaient des rats faméliques.
Il fit un mouvement du bras en l'air en pointant l'église pour faire comprendre à la troupe qu'ils allaient entrer.
Au même moment, les quatre équipes donnaient l'assaut.
Les écouteurs se mirent à cracher de nouveau au bout d'une dizaine de minutes pour faire le même commentaire :
« Colonel. Il n'y a rien. Pas âme qui vive. »
Mustang sera les dents. Ils avaient fait chou blanc. L'opération était un échec et Elbadi comme le tueur courrait toujours dans la nature.
« On s'est planté. Bordel de merde ! »
« Que fait-on ? On remballe ? »
Le cerveau de Mustang tournait à plein régime.
« Non, ils nous restent les bibliothèques, et les cimetières. Vous vous rendez dans ceux les plus proches de votre position actuelle.
« Roger. On y va. »
Mustang se tourna vers un sergent.
« Quel est l'endroit le plus proche d'ici ?
« Y'a un cimetière à moins d'un kilomètre.
« Ok, c'est parti. »
La foule était compacte, j'avais toutes les peines du monde à me frayer un chemin à travers tous ces zombis. J'essayais de rester la plus discrète possible pour ne pas attirer l'attention d'Elbadi de peur qu'il ne se sauve.
Je n'étais plus qu'à quelques mètres de lui.
Je prenais le temps de le regarder.Il avait un visage d'ange, on lui aurait donné le Bon Dieu sans confession et pourtant je savais que derrière ce joli minois, se cachait toute la cruauté d'un démon.
Ses yeux reflétaient le mal qu'il incarnait. Une mer sombre qui vous submergeait si vous aviez le malheur de plonger votre regard dans le sien.
Mes yeux étaient rivés sur lui, mes jambes avançaient toutes seules. J'étais passée en mode automatique.
Je touchais enfin au but, étrangement plus je m'approchais et plusj'étais calme.
Il n'était plus qu'à deux mètres de moi, il était à ma portée. Encore quelques minutes, et nous serions face à face pour la deuxième fois.
« Colonel, nous arrivons. »
Rien. Toujours rien. Où pouvait bien se cacher Elbadi ?
Un grand bâtiment se dressait à côté du cimetière. Ombre menaçante dans la nuit. L'instinct de Mustang se réveilla aussitôt. Sa peau était parcourue par la chair de poule et des frissons. Tout en lui réagissait à la présence de ce bâtiment. Déjà ses pieds s'y dirigeaient.
« Quel est cet endroit ?
« Je crois qu'il s'agit du crématorium Colonel. »
La tête de mort !
« Mustang à toutes les équipes, ils sont au crématorium. Nous y allons, rejoignez-nous de toute urgence ! »
La voix de Havoc résonna dans son écouteur : « Roger. Colonel, attendez-nous on arrive ! »
Mais Mustang était déjà lancé à l'assaut du bâtiment, suivi de peu par les hommes qui l'accompagnaient.
NdlA : je m'excuse pour la piètre qualité des deux derniers chapitres, mais ils ont été écris à l'arraché, je viens seulement de finir celui-là. C'est dur de se tenir à un chapitre par jour.
Cela dit, nous sommes vendredi soir, veille de week-end, qui plus est prolongé pour cause de 15 août. Ce qui veut dire une pause de 4 jours pour moi puisque j'ai décidé de ne pas poster les jours chômés (et je ne bosse pas lundi !) Je vous dit donc à mercredi.
Ah ! je relisais vos review et je m'aperçois que je ne vous ai pas dit pour Nasta Elbadi, il s'agit d'un anagramme pour Satan et Diable. Je vous avais dit que c'était tout pourri comme jeu de mot...
