Disclaimer : MFB ne m'appartient pas.
Chapitre 2 : Début d'amitiés
Kyouya prit les uniformes soigneusement rangés dans le placard et les laissa tomber sur celui qu'il avait déjà jeté la veille. Il n'avait pas l'intention de les porter. Il n'avait pas accepté de venir dans cette académie de Beyblade pour avoir à supporter les mêmes règles débiles que dans les écoles classiques. Il était là pour pouvoir consacrer plus de temps à son entraînement et, surtout, pour affronter Ginga.
Avec une grimace, Kyouya se souvint des taquineries de Kakeru. Son refus de porter un uniforme n'avait rien à voir avec Ginga... mais il ne pouvait pas prétendre la même chose pour le reste. Il n'aurait jamais considéré la requête de la Bey-Academy si Ginga n'avait pas montré autant d'enthousiasme à l'idée d'y aller. Intrigué, il avait consulté son invitation et avait constaté que l'expérience durerait un an, possiblement renouvelable. Ça l'avait décidé. Il voulait vaincre Ginga. C'était son objectif ultime. Il était hors de question qu'il laisse son rival s'éloigner de lui une année entière. Il voulait pouvoir le défier quand il le désirait, selon ses conditions. Le meilleur moyen d'y parvenir avait été d'accepter l'invitation de la Bey-Academy.
En plus, ça lui donnait la possibilité d'affronter des bladers forts et de les écraser.
Le classement en maisons offrait des inconvénients et des avantages. L'inconvénient principal était la proximité de tant de personnes. Ils n'avaient pas intérêt à empiéter sur son espace, sinon, il ne répondrait de rien. La majorité était sans aucun doute composée de bladers de seconde zone. Pendant l'Ultime Bataille, les bladers intéressants qu'il avait rencontré pouvaient se compter sur les doigts d'une main.
L'avantage, c'était qu'il avait clairement montré à Ginga qu'il n'était pas dans son équipe et s'était positionné devant tous comme son rival.
Kyouya fourra les vêtements qu'il avait apportés dans le placard. Il en referma la porte. Il ramassa le tas d'uniformes et sortit de sa chambre. Il avança dans le couloir, ignorant les enfants et adolescents rassemblés en groupes de deux ou trois, discutant bruyamment. Il jeta les uniformes dans une poubelle, au bout du couloir.
- C'était radical !
- Je ne me souviens pas avoir demandé ton avis, marmonna Kyouya en se retournant.
Kakeru le rejoignit d'un pas léger. Il avait revêtu son uniforme – une chemise blanche avec un pantalon noir. Kyouya ne regrettait pas de s'être débarrassé du sien.
- Si je devais attendre que tu le demandes, je ne pourrais jamais le donner ! rit Kakeru.
- C'est l'intérêt.
Kakeru voulut lui donner un coup d'épaule, que Kyouya évita habilement. Les deux frères se dirigèrent vers la cage d'escaliers. Ils descendirent. Une fois au rez-de-chaussée, Kyouya aperçut une fenêtre et un morceau de forêt. Il fut tenté de sortir. Un autre inconvénient de la Bey-Academy était son éloignement par rapport au Wolf Canyon. Il ne pourrait pas s'y entraîner quand il le voudrait. Il profiterait des vacances, bien entendu, mais ce ne serait pas suffisant. Il devrait trouver un lieu adéquat pour l'entraînement de Leone sur cette île.
Kyouya accompagna Kakeru dans la salle principale, à contrecœur. Des groupes se trouvaient déjà autour des tables. Leurs voix occupaient la pièce et ne donnaient pas le moindre espace au silence. C'était à peine si on pouvait s'entendre penser.
Les Tategami se dirigèrent vers les cuisines. Ils se servirent. Chaque maison disposait d'une autonomie presque totale. Ça convenait à Kyouya. Moins il aurait à fréquenter d'adultes, plus l'expérience serait supportable. Ils avaient trop facilement tendance à imaginer qu'il devait leur obéir et les respecter uniquement à cause de leur différence d'âge. Il leur donnait tort à chaque fois et ça se passait mal – pour eux.
- On va dehors ?
Il ne se sentait pas d'humeur à supporter le reste de la maison. Il ne pensait pas qu'il le serait un jour.
- D'accord.
Kyouya et Kakeru traversèrent la salle commune et sortirent du bâtiment. Kyouya savoura la fraîche brise printanière qui caressa sa peau.
Ils s'assirent sur un banc, en bordure de forêt, et entamèrent leur petit-déjeuner.
- Bonjour Kyouya-san ! Kakeru !
Kakeru se leva d'un bond. Kyouya rattrapa son sandwich avant qu'il ne tombe par terre. Il se redressa et lança un regard ennuyé à son frère qui ne s'en aperçut pas, trop occupé à rejoindre Benkei. Il lui tapa dans la main.
- Bonjour Benkei ! Comment tu vas ?
- Super ! J'ai la chance de faire partie des Wild Fang aux côtés de Kyouya-san. Dark Bububull ! Je jure que je ne le décevrai pas !
Kakeru serra les poings d'un air décidé.
- Moi non plus. Je compte faire de mon mieux. Je me suis beaucoup amélioré depuis la dernière fois. Je pourrais atteindre le sommet du classement.
Il adressa un regard à Kyouya, lui sourit.
- Et peut-être que je vais réussir à te battre !
- Tu rêves.
Kakeru laissa échapper un rire. Il tourna les talons et revint sur ses pas. Il se rassit à côté de Kyouya et lui prit le sandwich des mains, sans montrer la moindre trace de surprise. Kyouya leva les yeux au ciel.
La porte d'entrée s'ouvrit. Kyouya releva la tête. Nile se tenait dans l'encadrement, Damure un pas derrière lui. Chacun tenait son plateau repas.
- Peut-on se joindre à vous ?
Kyouya se détourna et haussa les épaules avec indifférence. Il les vit approcher en périphérie de son champ de vision. Les adolescents prirent place sur un banc, non loin d'eux. Ils finirent de manger en silence. Leur repas terminé, Benkei se pencha vers Kakeru.
- Ça ne va pas trop te manquer la moto ?
- Je ne compte pas arrêter. J'ai lu la présentation de l'Académie en détail et monter des clubs sans rapport avec le Beyblade est encouragé. Il faut juste que je trouve quatre autres fans de sports extrêmes et nous pourrons même demander un terrain d'entraînement.
- Tu fais de la moto ? s'étonna Damure.
- De la moto acrobatique, confirma Kakeru avec un sourire. Sans me vanter, j'ai même remporté quelques compétitions aux États-Unis.
Une légère surprise se peignit sur le visage de Nile à la mention des États-Unis. Il fixait ses yeux verts sur Kakeru comme s'il était une énigme à résoudre. Kyouya n'en comprenait pas la raison : Kakeru faisait partie des personnes les plus faciles à déchiffrer qu'il connaissait. Il ne mentait jamais et ne dissimulait ni ses pensées ni ses sentiments, tout en restant poli – Kyouya ne comprenait pas comment il faisait. Il suffisait de le fréquenter quelques jours pour connaître les grands lignes de sa personnalité.
- Tu as vécu aux États-Unis ?
- L'année dernière. C'était vraiment intéressant. Je me suis fait beaucoup d'amis.
Nile haussa un sourcil. Son regard glissa légèrement vers Kyouya avant de se reporter sur Kakeru.
- Et vous, vous venez d'où ?
- D'Afrique.
Kakeru émit un sifflement admiratif.
- L'Académie a réellement convié des bladers du monde entier alors. Cette année promet d'être intéressante.
- Hm...
L'attention du groupe se reporta sur Damure.
- J'ai entendu une discussion entre les organisateurs. Apparemment, d'autres élèves nous rejoindront au cours de l'année.
- Vraiment ?
Kyouya se désintéressa de la conversation. Il porta son regard vers l'ouest, vers le territoire des Galaxy Heart, où se trouvait Ginga Hagane, son rival. Il supporterait les inconvénients de la Bey-Academy tant que ça lui permettrait de le défier... et de le vaincre. Il en avait la certitude. Le jour où il surpasserait enfin Ginga approchait. À leur prochain duel. Il avait fait tant d'efforts pour atteindre son objectif. Il n'échouerait pas.
Il se leva. Les regards se portèrent sur lui.
- On ne va pas rester plantés là toute la journée.
Ils ne risquaient pas d'avancer s'ils ne bougeaient pas. Il ne comptait pas rester statique, stagner. Il voulait évoluer, se renforcer. Lui et Leone, contre Ginga et Pegasus.
Voilà à quoi servirait la Bey-Academy.
Prépare-toi Ginga, car j'arrive. Je suis fort, bien plus que la dernière fois que nous nous sommes affrontés.
Tu m'as peut-être apporté beaucoup de choses, mais je ne te ferai pas de cadeaux.
XXX
Madoka se laissa tomber sur sa chaise, les jambes en compote. Elle ne savait pas qu'elle possédait autant de muscles dans les jambes, ni qu'ils pouvaient la tirailler autant simultanément. Sinon, elle n'aurait pas demandé à Ginga de l'accompagner la veille... surtout que ça n'avait servi à rien. Elle n'avait pas trouvé la liste des bladers et toupies de chaque maison.
Elle poussa un profond soupir.
- Salut Madoka !
Elle tourna légèrement la tête. Ginga s'assit à côté d'elle, tout sourire. Le réfectoire se remplissait peu à peu et des groupes joyeux se formaient autour des tables.
- Comment tu fais pour être aussi en forme ? marmonna-t-elle.
Le sourire de Ginga s'agrandit. Des étincelles d'enthousiasme pétillèrent dans ses yeux. Dans d'autres circonstances, Madoka lui aurait sans doute souri en retour – les sourires de Ginga étaient si francs, si lumineux, qu'il était presque impossible de ne pas les lui retourner – mais elle avait trop mal. Et elle était épuisée.
- Quand je pense à tous les combats que je vais mener, à tous les bladers que je vais rencontrer, je me sens trop excité ! J'arrive même pas à croire que j'ai réussi à dormir cette nuit.
- Tu sais que nous sommes dans une école ?
Le sourire de Ginga laissa place à un air perplexe. Ses grands yeux miel étaient arrondis. Il la dévisagea.
- Et ?
- Il y aura des cours.
- Mais c'est secondaire, non ? C'est la Bey-Academy. On est surtout là pour jouer au Beyblade, n'est-ce pas ?
Au fur et à mesure de sa phrase, Ginga perdit en assurance et se ratatina sur sa chaise. Madoka ne savait si c'était parce qu'il se rendait compte de la bêtise de ses paroles ou si c'était dû au regard exaspéré – et un peu énervé – qu'elle fixait sur lui.
(En réalité, elle le savait, mais elle avait le droit d'espérer, non ?)
Madoka se pencha et fouilla dans son sac. Elle en sortit une feuille qu'elle posa sur la table. Elle la glissa vers Ginga.
- C'est quoi ?
- Ton emploi du temps.
Ginga se pencha en avant, curieux. Il le lut attentivement. Son expression se renferma de plus en plus.
- Il ne reste pas beaucoup de temps pour jouer au Beyblade... marmonna-t-il.
Il se figea. Il afficha une expression horrifiée et se redressa brusquement, s'éloignant le plus possible de la feuille. Son dos percuta le dossier de sa chaise. Le choc fut si violent que son siège bascula en arrière. Ginga battit des bras et, avec un cri, tomba par terre. Le fracas résonna par-dessus les discussions qui se turent, l'attention générale se portant sur Ginga. Madoka se passa une main sur le visage, gênée. Pourquoi Ginga devait-il toujours se comporter de façon si immature ?
Le rouquin se releva d'un bond, faisant sursauter les spectateurs. Il pointa un doigt accusateur sur l'emploi du temps.
- Il y a des math ! s'indigna-t-il.
- Évidemment ! On est dans une école. Les math c'est important !
Le comportement de Ginga commençait sérieusement à l'irriter.
Ginga la regarda avec une incrédulité évidente. La colère de Madoka monta d'un cran. Ses poings se serrèrent.
- Les math, c'est nul.
Une veine battit à la tempe de Madoka. Et c'était ce blader qui avait sauvé le monde du Pouvoir Obscur et de la folie destructrice de Ryuuga ?
- Sans les mathématiques et la science, je ne pourrais pas réparer les toupies. Qu'est-ce que tu crois qu'il serait arrivé à Pegasus s'il était impossible de le réparer ?
L'expression de Ginga se décomposa. Tout n'était peut-être pas perdu. Si elle arrivait à lui faire prendre conscience de l'importance des sciences et de leur impact sur sa vie quotidienne...
Ginga s'empara de son emploi du temps et colla presque son nez dessus.
- Parce qu'il y a des sciences en plus ?!
Les épaules de Madoka s'affaissèrent. C'était un cas désespéré. Elle laisserait les professeurs se débrouiller avec. Ils avaient voulu enseigner à la Bey-Academy ? Tant pis pour eux. Qu'ils se confrontent à la réalité des bladers. Il n'y avait pas de raison qu'elle soit la seule à devoir les supporter.
- Bonjour Ginga. Bonjour Madoka.
Madoka arracha son regard de Ginga. Kenta s'était approché de leur table, un petit sourire sur le visage. Il tenait un beignet et une tasse. Son uniforme était adorable, très différent de celui des collégiens, avec son t-shirt blanc à marinière et son pantacourt gris sombre, orné d'une bande blanche sur chaque jambe.
L'uniforme des collégiens...
Madoka tourna la tête brusquement, ignorant le craquement de sa nuque, et darda un regard sur Ginga. Le rouquin eut un mouvement de recul. Elle le détailla mais ses yeux ne la trompaient pas. Un court gilet bleu. Un t-shirt jaune. Un jean gris. Une longue écharpe blanche.
- Ginga ?
-... Oui... ?
- Où est ton uniforme ?
Ginga jeta un coup d'œil à ses vêtements. Il fit un pas en arrière, lui montrant ses paumes.
- Et bien... je pensais que c'était pas obligatoire...
- Comme les mathématiques ?
Ginga déglutit. Madoka se contenta de le fixer, sans rien dire. Le rouquin commença à se dandiner, mal à l'aise. Il finit par hocher la tête. Madoka frappa la table du plat de la main. Il sursauta.
- Va te changer !
- Tout d'suite !
Ginga tourna les talons et se précipita hors du réfectoire. Madoka se prit la tête entre les mains, épuisée. Pourquoi avait-elle accepté de venir à la Bey-Academy déjà ? Elle y était depuis moins de vingt-quatre heures, et elle était déjà arrivée au bout de ses forces, physiques et mentale.
- Euh... Je peux m'asseoir ?
Madoka releva la tête. Kenta attendait, toujours debout à côté de leur table.
- Bien sûr. Excuse-moi.
L'enfant lui sourit.
- Ce n'est rien.
Il prit place en face d'elle. Madoka reprit l'emploi du temps et le relut. Plusieurs cours l'intéressaient – notamment les matières scientifiques – mais Ginga et elle étaient dans la même classe. C'était son ami. Elle l'aimait. Elle ne se sentait juste pas capable de le supporter vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Surtout aujourd'hui.
- Ça va aller ?
- Je suis juste fatiguée. La direction aurait pu nous laisser ce jour de libre, qu'on ait le temps de s'habituer à l'académie et de se reposer. Commencer les cours le lendemain de notre arrivée... ce n'est pas raisonnable.
Non que ça la surprenait. Des personnes qui imaginaient que réunir une année entière des bladers passionnés, de haut niveau, était une bonne idée ne pouvaient pas posséder une seule once de raison.
On aura de la chance si on survit à l'année... si on survit jusqu'aux vacances d'été, même.
Elle laissa sa tête tomber sur la table. Pourquoi s'était-elle laissé entraîner là-dessus ? Comment avait-elle pu accepter l'invitation de la Bey-Academy de son plein gré ?
Ah. Oui. Elle se souvenait. Pour les toupies. Elle espérait voir de nombreuses toupies différentes, analyser leurs composants et assister à leurs techniques de combat. Elle avait même songé qu'avec de la chance, elle aurait l'occasion de les réparer.
Quelle naïveté !
- Ginga est revenu !
Madoka se redressa. Ginga s'approchait de leur table, une grimace d'inconfort sur le visage. Une main était accrochée au col de son uniforme et le tirait comme s'il l'empêchait de respirer. Son bandeau était toujours vissé sur sa tête. Madoka songea un instant à lui faire remarquer que ce n'était pas réglementaire mais elle renonça. Elle avait besoin du peu d'énergie qui lui restait. Elle ne pouvait pas la gaspiller pour une bataille aussi futile.
Ginga prit place à côté d'elle, mécontent. Il continuait de triturer son col. Il ne pouvait quand même pas être plus gênant que son écharpe.
- Vous ne prenez pas votre petit-déjeuner ? demanda Kenta.
Ginga lâcha enfin son uniforme. Un sourire s'afficha sur son visage. Toute rancœur semblait oubliée.
- C'est vrai que je meurs de faim !
- Il faut aller aux cuisines, l'informa Kenta. Certains de nos camarades se sont proposés pour préparer les petits-déjeuners de tout le monde aujourd'hui.
- Trop sympa !
- Nous n'avons pas de cuisiniers ? s'étonna Madoka.
Kenta secoua doucement la tête.
- Pas que je sache.
Madoka prit le livret de présentation de l'Académie qu'elle avait glissé dans son sac. Elle commença à le feuilleter.
- Tu veux que je t'apporte quelque chose Madoka ?
- Je n'ai pas très faim.
- Dis pas ça. Tu vas avoir besoin d'énergie.
Madoka releva la tête, inquiète. Qu'entendait-il par là ?
- Comment ça ?
- Pour aller à l'école. Elle est assez loin. Ce serait dommage que tu manques d'énergie à mi-chemin.
Madoka mit un moment à comprendre ses paroles. Sa surprise fut telle qu'elle en lâcha son livret.
- Tu veux dire qu'on doit y aller à pieds ? s'étrangla-t-elle.
Elle ne s'était pas encore remise de ses efforts d'hier. Elle avait eu du mal à traverser sa chambre, et plus encore à descendre jusqu'au réfectoire. Elle devait déjà rassembler son courage à la perspective de marcher jusqu'à l'entrée, alors jusqu'à l'école...
Elle n'y arriverait pas. Elle ne s'en sentait pas capable.
- Bah oui, tu pensais qu'on irait comment ?
- Ils peuvent pas avoir des voitures ou des lignes de bus comme tout le monde ?!
XXX
- C'est trop génial ! s'écria Yuu. J'espère que je vais me faire plein d'amis ! Et qu'il y aura plein de combats Beyblade ! J'adore le Beyblade, et Libra aussi a envie de combattre.
L'enfant trottinait plusieurs pas au-devant des Dragon Clan, avançant sur le chemin de terre battue qui serpentait entre les arbres. Il était encore plein d'énergie, bien qu'il ait à peine dormi la nuit dernière. Si Tsubasa n'avait pas été témoin de sa force, il ne comprendrait pas qu'il puisse être un membre du Trident Obscur.
Et, pour être parfaitement honnête, même en connaissant sa force, il ne voyait pas comment il avait réussi à obtenir un tel statut.
- Gingy a raison : le Beyblade, c'est fait pour s'amuser. Et je compte m'amuser à fond cette année !
Yuu se retourna et marcha à reculons.
- Et toi Ryuuto ? Tu espères quoi pour cette année ?
L'adolescent réfléchit sérieusement à la question, là où Ryuuga se serait contenté d'ignorer l'enfant. Leurs caractères ne se ressemblaient pas beaucoup – pas du tout même. S'ils ne se ressemblaient pas tant physiquement, Tsubasa ne se serait jamais douté de leur lien de parenté.
- Découvrir des ruines antiques sur la Bey-Island et chasser son trésor.
Yuu ouvrit d'immenses yeux verts et ralentit jusqu'à s'arrêter. Il cligna plusieurs fois des yeux, dévisageant Ryuuto. Sa bouche trembla et il explosa de rire. Le front de Ryuuto se plissa. Il se semblait pas en colère, ni même vexé. Il avait seulement l'air perplexe.
- Quoi ?
Yuu le rejoignit. Il attrapa sa main et la serra dans les siennes.
- T'es super Ryuuto ! Je t'aime beaucoup, tu sais ?
-… Merci ?
Yuu le lâcha et repartit en trottinant. Ryuuto se passa une main dans les cheveux, observant sa silhouette s'éloigner, sans comprendre.
- Tu es plutôt étrange, précisa Tsubasa.
Ryuuto tourna la tête vers lui. Ses yeux étaient du même doré que ceux de Ryuuga , mais les émotions qu'ils exprimaient étaient si différentes qu'il était impossible de les confondre.
- Comment ça ?
Tsubasa se remit à marcher. Ryuuto l'imita, suivi par le reste des Dragon Clan. Comme Tsubasa l'avait pensé, le fait qu'il soit le frère cadet de Ryuuga et leur ressemblance physique incitaient les autres à le considérer comme leur chef naturellement. Ça aurait été stupide de leur imposer une personne à laquelle ils auraient dû se forcer à s'habituer.
- Tous les bladers sont venus dans cette Académie car ils veulent devenir plus forts et affronter leurs pairs. Si possible, ils veulent devenir le numéro 1. Ils ne se disent pas : "ce serait mieux de trouver des trésors et des sites archéologiques."
Ryuuto haussa les épaules.
- Ils ne savent pas ce qu'ils ratent.
Ils franchirent plusieurs mètres avant que l'adolescent ne reprenne la parole.
- Et Yuu veut se faire des amis.
- Qu'il espère affronter au Beyblade.
- Si ce n'est que ça, sache que le Beyblade est très utile pour chasser des trésors. Dragonis est mon coéquipier. Je ne pourrais en espérer un meilleur. Il m'aide à déjouer les pièges, à vaincre les obstacles, et à me défendre aussi.
- Ça a l'air d'être un excellent entraînement...
- C'est plus qu'un entraînement.
- Ça pourrait être une bonne idée, une expédition de ce genre, pour augmenter la cohésion du groupe. Il n'y a rien de tel que des activités communes pour créer et entretenir l'esprit d'équipe.
À ce qu'il paraît, se retint-il d'ajouter. Il travaillait bien mieux et parvenait à exprimer pleinement ses compétences dans les missions en solitaire. La Bey-Academy serait une épreuve d'un tout autre genre pour lui.
Les épaules de Ryuuto se tendirent. Il quitta Tsubasa des yeux et se mit à regarder droit devant lui.
- Dragonis est le seul équipier dont j'ai besoin. Je ne travaille avec personne d'autre. Ça ne conduit à rien de bon. Surtout quand...
Ryuuto se tut. Il secoua la tête. Il accéléra son allure et rejoignit Yuu qui s'exclama de joie. Sa fuite n'avait rien de discret. Il n'avait même pas tenté de changer de sujet pour brouiller les pistes – non que ça aurait fonctionné contre Tsubasa. Sa réation l'intriguait. Ryuuto ne donnait pas le même sentiment d'asociabilité que Ryuuga. Il était à l'aise en compagnie d'autres personnes et n'hésitait pas à participer pleinement aux discussions. Alors pourquoi un tel refus d'une équipe pour chasser les trésors ?
Surtout quand quoi ?
Aucune hypothèse vraisemblable ne venait à Tsubasa pour l'expliquer. Sa mission prioritaire était de rassembler des informations sur leurs adversaires pour leur assurer la victoire. Cependant, il se devait également de connaître ses alliés. Sinon, tout son travail ne serait d'aucune utilité. Une moitié de connaissances pouvait se révéler plus nocive qu'aucun connaissance. Cela donnait une assurance sans fondement, qui conduisait souvent à la défaite.
Observant le dos de Ryuuto, Tsubasa décida de garder son questionnement dans un coin de son esprit et de rester à l'affût d'indices supplémentaires. Il ne voulait pas le pousser dans ses retranchements. Il avait besoin de lui.
Sa prudence et sa patience faisaient partie des qualités qui lui valaient d'être tellement reconnu dans son travail.
Il attendrait. Ce n'était pas urgent. Il aurait de nombreuses occasions d'évoquer de nouveau ce sujet. Pour l'instant, il devait se concentrer sur les Galaxy Heart et les Wild Fang. Sur leurs meneurs, plus précisément.
La forêt qui les entourait céda enfin le terrain à une vaste place, fourmillant de monde. L'imposant bâtiment qui abritait les salles de classe se dressait de l'autre côté. La porte d'entrée était grande ouverte. De nombreux groupes d'élèves s'y déversaient tranquillement. Personne ne craignait d'être en retard. Des voix s'interpellaient, se répondaient, se mêlaient. L'excitation de la nouveauté leur avait momentanément fait oublier la rivalité qui les opposait et les futurs combats qu'ils mèneraient les uns contre les autres. Ça ne durerait pas. Peut-être même que cette ambiance s'évanouirait avant la fin de la journée.
Tsubasa se dirigea tranquillement vers l'entrée. Yuu revint vers lui en courant. Les autres membres des Dragon Clan se divisèrent en de plus petits groupes avant de se mêler aux autres Maisons.
- Dis ! Tu m'accompagnes jusqu'à ma salle de classe ?
- Pourquoi ? Tu ne sais pas où c'est ?
- Bien sûr que si ! Mais ce serait sympa, tu ne crois pas ?
- Pas vraiment.
Yuu fit gonfler ses joues, boudeur. Tsubasa avait encore plus de mal à se souvenir de son statut de lieutenant de l'Empereur Dragon, là...
- Tu es vraiment...
- C'est d'accord. Ça ne me fera pas faire un trop grand détour.
Un sourire se dessina lentement sur le visage de l'enfant.
- Vraiment ? Trop cool !
- De toute façon, je ne comptais pas aller en classe tout de suite.
- Super ! Allons-y !
Yuu recommença à trottiner, toute rancœur oubliée. Il avançait avec un grand sourire, fredonnant un air joyeux. Tsubasa le suivait à une allure plus tranquille. Il en profitait pour observer ses alentours. Il rejoignit l'entrée sans apercevoir Ryuuto, ni de traces des deux chefs de Maisons. Soit ils n'étaient pas encore arrivés – ce qui ne l'étonnerait guère, vu les deux énergumènes – soit ils étaient déjà à l'intérieur.
De la ponctualité. Voilà qui serait vraiment surprenant de leur part – surtout de celle de Kyouya Tategami.
Tsubasa entra dans le bâtiment, sur les talons de Yuu. Il se rendit dans l'aile gauche du rez-de-chaussée, où les classes de primaire étaient établies. Il y avait seulement les cinquième et sixième années. Les autres étaient considérés comme trop jeunes pour participer à cette version test de la Bey-Academy. C'était peut-être une preuve de bon sens de la part des organisateurs.
- Kéké !
Yuu se précipita vers son ami qui se tenait sur le seuil de sa classe. Celui-ci se décala et lui sourit un peu timidement.
- Bonjour Yuu.
- Tu vas bien ? J'attendais le début avec impatience, pas toi ?
- Oui, et oui.
Yuu lui sourit avant de se tourner à demi et d'adresser un signe de la main à Tsubasa.
- On se voit ce midi à la cantine, d'accord ?
- Si tu y tiens...
Tsubasa ne voulait pas créer de scandale et, de toute manière, si Yuu était décidé à déjeuner avec lui, rien de ce qu'il pourrait dire ne le ferait changer d'avis. C'était idiot de gaspiller son énergie dans des combats perdus d'avance, et dont l'issue ne présentait aucun intérêt.
Satisfait, Yuu reporta son entière attention sur Kenta. Tsubasa s'éloigna en se demandant pourquoi Yuu avait insisté pour qu'il l'accompagne. Ce n'était pas comme s'il stressait à la perspective de cette rentrée – est-ce que quelque chose avait le pouvoir de le stresser d'ailleurs ?
Tsubasa se rendit dans la cage d'escaliers de l'aile gauche. Il se rendit au premier étage, où s'alignaient les classes des premières années du collège. Il avança à grands pas dans le couloir, prêtant à peine attention à son environnement. Il traversa le hall qui séparait les deux ailes du bâtiment et se rendit dans l'aile droite. Il ralentit. Ce couloir était réservé aux deuxièmes années. Ce n'était pas réellement sa destination mais il avait décidé d'y faire un léger crochet avant le début des cours, pour entrapercevoir les leaders des Maisons rivales. Ce n'était pas seulement pour engranger des informations. Il ne les avait jamais vus dans un environnement scolaire et, pour être honnête, ça attisait sa curiosité.
Une tache vert vif attira son regard, tranchant de couleur au milieu des uniformes noirs et blancs. Kyouya Tategami. Il avançait lentement, comme si les lieux lui appartenaient, toisant ceux qui ne s'écartaient pas assez vite de son chemin. Il portait une longue veste qui s'évasait à sa taille et qui semblait presque criarde comparée aux tenues monochromes des autres. Dessous, un court t-shirt noir, aux bords déchiquetés, exposait son ventre. Son pantalon beige était maintenu à sa taille par une ceinture.
Nouvelle information au sujet de Kyouya Tategami : il n'était même pas capable de respecter une règle aussi simple que le port de l'uniforme.
- Qu'est-ce que ça veut dire ?! tonna une voix adulte.
Un homme d'une quarantaine d'années fondit vers l'adolescent. Kyouya leva un regard ennuyé vers lui, bouger la tête.
- Quoi ?
- Cette... tenue. Nous sommes dans une école ! Il n'y a pas de place pour des... délinquants de ton espèce ici.
- Vraiment ? Et vous allez faire quoi ?
L'adulte rougit de colère.
- T-tu-tu... ! bégaya-t-il.
Kyouya leva lentement la tête, dans un mouvement plein de défi et d'insolence. Il maîtrisait bien les nuances du langage corporel.
- C'est une académie pour bladers, déclara-t-il froidement. Si c'est pour suivre le même règlement que les autres écoles, ce n'était pas la peine de la fonder. Quant à ma place... j'ai été invité. Je ne me suis pas incrusté. Réglez ça entre vous.
Sans laisser à l'adulte le temps de répliquer, Kyouya se détourna. Il fit quelques pas dans le couloir avant de s'immobiliser. Il tourna la tête. Tsubasa suivit son regard. Ginga se tenait à l'autre bout du couloir. Les deux chefs de Maison échangèrent un long regard. Personne ne pipa mot.
- Kyouya...
Comme s'il s'agissait d'un signal, Kyouya tourna le dos à Ginga et s'éloigna tranquillement. Il se glissa dans une salle de classe. Le rouquin le suivit des yeux.
- Tu vas bien ? demanda Madoka, un pas derrière lui, inquiète.
Ginga secoua la tête. Quand il lui fit face, il avait l'air d'une toute autre personne. Il lui adressait un regard soupçonneux.
- Je croyais les uniformes obligatoires.
- Ils le sont !
Ginga indiqua la direction prise par Kyouya.
- Ce type n'est pas un exemple à suivre !
Ginga fit la moue. Il tourna les talons et s'éloigna.
- Où tu vas ?!
- À la maison, me changer.
- Tu plaisantes j'espère ! Reviens ici tout de suite, Ginga, et arrête de faire ton gamin !
Le maître de Pegasus continua de s'éloigner sans prendre en compte sa remarque. La colère déforma les traits de Madoka. Son visage rougit tant que Tsubasa ne se serait pas étonné de voir de la fumée sortir de ses oreilles.
- Ginga ! Si tu ne reviens pas maintenant, ne compte pas sur moi pour réparer Pegasus !
L'interpellé s'immobilisa. Il se retourna lentement, l'air inquiet.
- Tu n'es pas sérieuse... ?
Tsubasa reprit sa route, ignorant le reste de leur échange. Il se rendit au deuxième étage, dans la section des troisièmes années, et entra dans sa classe. Il s'installa à la place qui lui était attribuée, juste à côté des fenêtres. En attendant l'arrivée du professeur, il réfléchit à ce qu'il avait appris. Ces quelques paroles de Ginga Hagane et Kyouya Tategami lui avaient donné des informations... même s'il ne savait pas si elles lui seraient d'une quelconque utilité. Toutefois, quelque chose lui sautait aux yeux. Les chefs des trois Maisons, en plus de leurs forces et de leurs compétences de bladers, avaient des caractères très marqués. Un peu trop peut-être. Il se demandait ce que ça allait donner... Les bladers des catégories inférieures, bas dans les classements, les regardaient forcément comme des modèles. Certains pourraient décider de calquer leur comportement sur le leur, de se croire tout permis uniquement parce qu'ils leur étaient liés par ce système de Maisons.
Ça risquait de mal tourner. Tsubasa ne pariait pas sur la longévité de la Bey-Academy.
La salle de classe se remplit petit à petit. La cloche sonna. Le professeur fit son entrée. Son regard glissa sur les élèves. Il se détendit. Avec l'ombre d'un sourire sur les lèvres, il monta sur l'estrade et se posta devant le tableau.
- Bonjour.
Les élèves lui répondirent en chœur. Le professeur fit un petit discours de bienvenue avant de faire l'appel. Tout le monde était présent.
- Les programmes de la journée ont été modifiés. À la place des cours, nous faisons un examen général par niveau.
- Quoi ?
- C'est une blague !
D'autres murmures indignés s'élevèrent dans la pièce, de plus en plus forts. Le professeur tapota son bureau pour demander le silence.
- Nous en avons besoin pour connaître votre niveau et mettre en place les soutiens adéquats.
Tsubasa leva la main.
- Oui ?
- N'avez-vous pas reçu nos dossiers scolaires ?
Le silence qui lui répondit s'étira en longueur et le professeur laissa son malaise devenir de plus en plus évident.
Son embarras était une réponse plus que limpide. S'ils n'étaient même pas capables de conserver des dossiers, comment pourraient-ils gérer tant de bladers ?
XXX
Yuu s'étira, un grand sourire sur le visage. La journée avait été amusante – surtout les récréations et la pause déjeuner, qu'il avait pu passer avec ses amis, quelle que soit leur Maison – mais il était resté assis longtemps. Bien plus qu'il en avait l'habitude. Ses muscles lui semblaient légèrement noués.
Il quitta sa place d'un bond et rejoignit le bureau de Kéké d'un pas sautillant. L'enfant était affalé sur son bureau, le front plaqué contre la surface.
- Tout va bien Kéké ?
L'interpellé tourna la tête. Il n'avait ni grand sourire ni expression satisfaite. Les sourcils de Yuu se plissèrent d'inquiétude.
- Je suis épuisé...
- Ah bon ? Il n'y a pas eu d'épreuve de sport pourtant.
- Mentalement. Mon cerveau ne fonctionne plus.
- C'est embêtant ça...
Yuu réfléchit. Une solution s'imposa à son esprit. Il s'illumina.
- Et si tu mangeais des hamburgers ? Ça fonctionne super bien pour Gingy. Ou des glaces. Il n'y a rien que les glaces ne peuvent arranger !
Kenta esquissa un sourire.
- C'est vrai que j'ai un creux...
- Tu vois ?
Kenta se redressa.
- Et toi, ça va ? Tu penses avoir réussi ?
Yuu croisa les bras derrière la tête.
- Ça m'a semblé plutôt facile...
La mâchoire de Kenta se décrocha.
- Vraiment ?
- Ouaip.
- J'aimerais être aussi sûr de moi...
Avant que Yuu n'ait pu le réconforter, Kenta se leva. Il ramassa son cartable et sortit de la salle de classe. Yuu trottina à ses côtés.
- Tu vas rentrer à la maison des Galaxy Heart ?
- Et suivre ton conseil.
Malgré son sourire, Kenta ne parvenait pas entièrement à dissimuler son inquiétude. Yuu lui prit la main.
- Tu sais... J'ai entendu Tsubasa dire que la Bey-Academy n'avait pas choisi ses bladers par hasard. Si tu es ici, c'est qu'ils croient en tes compétences. Je suis sûr que Sagittario aussi. Alors ne t'en fait pas autant.
Le sourire de Kenta se fit plus sincère.
- Merci.
Les deux enfants sortirent. De nombreux élèves, de tous niveaux et âges, se déversaient et se réunissaient pour bavarder sur la place, devant l'école.
- Tu veux que je t'accompagne ?
- Ginga m'a promis de le faire aujourd'hui, mais tu peux venir avec nous si tu veux.
Ça semblait une excellente idée à Yuu. Passer du temps avec ses amis – et ne pas se retrouver seul – était une de ses activités préférées. Il se demandait à quoi ressemblait la maison des Galaxy Heart, comment ils étaient installés. Et, surtout, avec Ginga Hagane, il y avait toujours la possibilité de jouer au Beyblade. Il n'avait jamais trop peu de temps ou pas assez d'énergie.
Il s'apprêtait à accepter avec enthousiasme quand une silhouette attira son attention. Benben Il n'avait vu aucune de ses connaissances de chez les Wild Fang aujourd'hui. Il les avait pourtant cherchés. Il voulait voir tous ses amis aujourd'hui – même ce grincheux de Yoyo. Peut-être qu'ils s'étaient cachés... Ce serait bien le genre de Yoyo, tiens, de se tenir à l'écart de tous les trucs amusants. Et Benben de lui tenir compagnie parce qu'il était trop gentil.
- Merci, mais j'ai autre chose à faire.
- D'accord. On se voit demain.
- À demain.
Yuu regarda Kenta s'éloigner et rejoindre Madoka avant de partir de son côté. Il fendit la foule en direction de Benkei. Il se faufila entre les autres élèves, souriant à tous ceux qui lui accordaient un regard. Il toucha le poignet de Benkei.
- Salut Benben ! Ça va ?
Le géant baissa la tête vers lui, surpris.
- Yuu ? Qu'est-ce que tu fais là ?
- Je suis venu te voir quelle question !
Yuu éclata de rire. Il se mit à regarder tout autour de lui, à la recherche de Kyouya. Il n'aperçut pas sa silhouette si particulière et reconnaissable. Il reporta son attention sur Benkei.
- Yoyo n'est pas avec toi ?
- Yoyo ?
La voix rieuse attira l'attention de Yuu. Il tourna la tête. Un adolescent se tenait à côté de Benkei. Sa bouche tremblait comme s'il réprimait un sourire. Ses yeux d'un bleu profond étincelaient. Ses cheveux verts formaient deux pointes, comme des oreilles de chat. Sa peau était légèrement hâlée. Il était plus petit que Benkei, bien sûr, et que Tsubasa, mais plus grand que Madoka. Yuu ne le connaissait pas. L'uniforme qu'il portait, soigneusement boutonné et sans un pli, indiquait qu'il était en première année de collège.
- Yoyo, oui, répéta Yuu.
L'adolescent éclata de rire. Yuu le regarda, sans savoir comment réagir. Il ne savait pas s'il trouvait ça drôle, ou s'il se moquait de lui.
- Yoyo, c'est excellent !
Le visage de Benkei se plissa.
- Je ne pense pas que Kyouya va apprécier...
L'adolescent se pencha, plaçant ses mains sur ses genoux, pour mettre son regard au niveau de celui de Yuu. Il avait un sourire très doux, très gentil, qui donnait envie de lui faire confiance.
- Tu es Yuu Tendou, n'est-ce pas ?
- Oui.
- Je suis ravi de te rencontrer. J'ai beaucoup entendu parler de toi.
- Vraiment ? s'étonna Yuu.
L'adolescent opina. Son sourire s'agrandit et il lui tendit la main.
- Je m'appelle Kakeru. Je fais partie des Wild Fang mais j'espère que cela ne nous empêchera pas de devenir amis.
Yuu accepta sa poignée de main. Il lui sourit en retour.
- J'espère aussi.
- Génial !
Kakeru se redressa, tout sourire. À côté de lui, Benkei semblait toujours embêté, tout son visage plissé d'une drôle de façon.
- Je passe vraiment une bonne journée ! Il ne me restera plus qu'à fonder mon club et ce sera parfait !
- Un club ?
Kakeru lui fit un clin d'œil.
- Un club de sports extrêmes. Ça me manquerait trop si je ne pouvais pas faire de moto pendant une année entière.
- Tu fais de la moto ? le questionna Yuu, des étincelles commençant à danser autour de lui. C'est trop cool !
- Merci ! Si tu veux, je t'inviterai à certains de nos entraînements.
- Vraiment ? C'est super sympa !
- Je compte faire un goûter pour l'inauguration. Ça te dirait de participer ?
- Je veux ! s'exclama Yuu. Surtout s'il y a des glaces. Il y en aura ?
- Évidemment ! Aucune fête digne de ce nom ne peut manquer de friandises. Il y aura des glaces, des gâteaux, des biscuits, des bonbons et des pâtisseries.
La liste de Kakeru lui mettait l'eau à la bouche. Il hocha lentement la tête. Ça lui donnait tellement envie...
Son ventre gargouilla son accord. Kakeru laissa échapper un rire.
- Ça donne faim.
- Tu m'étonnes !
Kakeru ouvrit son cartable. Il en sortit un bento qu'il ouvrit et tendit à Yuu. Il contenait plusieurs petits gâteaux.
- Sers-toi.
Yuu ne se fit pas prier. Il piocha dans le bento et grignota plusieurs sucreries.
- Mon frère m'a conseillé d'emporter de quoi manger pour le goûter. Il se doutait que je resterais plus longtemps que prévu...
- Tu as un frère ?
Quelle chance !
Kakeru s'illumina, plus encore que lorsqu'il avait parlé de moto.
- Oui ! C'est une personne incroyable et un blader exceptionnel. Le meilleur de tous ! Il est fort, et intelligent, et tellement cool !
Avec un grand sourire, Kakeru tendit le bento à Benkei qui avait le regard perdu dans le vague.
- Tout va bien Benben/Benkei ? demandèrent Yuu et Kakeru en chœur.
Ils échangèrent un regard et se mirent à rire. Benkei se décomposa un peu plus.
- Kyouya-san ne va pas du tout aimer ça...
- Tu veux dire Yoyo, lança Kakeru avec malice.
Yuu explosa de rire. Entendre ce surnom dans la bouche de quelqu'un d'autre était hilarant. Peut-être que d'autres personnes le reprendraient...
Il eut un sourire machiavélique. Yoyo détesterait ça.
Les épaules de Benkei s'affaissèrent. Il semblait presque désespéré.
Kakeru referma son bento et le glissa dans son cartable. Il le ramassa et sourit à Yuu.
- Je vais voir si je peux convaincre des élèves de rejoindre mon club. À demain.
- À demain !
Kakeru se dirigea vers un groupe d'élèves. Avec un soupir, Benkei lui emboîta le pas. Yuu se demanda pourquoi il n'allait pas rejoindre Kyouya.
Bah, peut-être que Yoyo a encore disparu sans rien dire et qu'il ne sait pas où il est.
Ça se tenait.
Une ombre se projeta sur lui. Il leva la tête et se rendit compte avec surprise que c'était Tsubasa.
- Quoi ? Tu m'as harcelé pour que je te raccompagne à la maison, tu as oublié ?
- Je t'ai pas harcelé ! protesta Yuu, boudeur.
Tsubasa ne parut pas convaincu, mais il ne prit pas la peine de le contredire. Yuu ne savait s'il devait s'en vexer ou non.
- Tu as passé une bonne journée ?
Yuu pensa au visage souriant de Kakeru. Il sourit.
- Oui. Je me suis fait un nouvel ami.
Fin du chapitre
Ça faisait un moment que je voulais écrire la rencontre Kakeru/Yuu ainsi dans une fic (je suis sûre que Kyouya s'est plaint de Yuu à Kakeru et que Kakeru s'est dit Il a l'air tellement sympa celui-là xD)
