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Chapitre 7 : Réunions
Yuu tambourina à la porte de la chambre de Tsubasa. Il se balança d'avant en arrière, patientant aussi longtemps qu'il en était capable – soit littéralement cinq secondes – avant de se jeter à nouveau sur le battant.
Tsubasa en mettait du temps pour ouvrir !
Comme par hasard, au moment, où ces pensées agacées se formaient dans son esprit, la porte s'ouvrit sur un Tsubasa à l'air ennuyé – il passait trop de temps à travailler et pas assez à jouer au Beyblade.
Yuu lui attrapa la main.
- Allez ! On va être en retard !
Il tenta de l'entraîner à sa suite mais l'adolescent était très grand et très décidé à rester debout à la même place.
- En retard pour quoi ?
- Le rendez-vous avec tout le monde. T'as oublié ? C'était ton idée pourtant.
- Je ne me souviens pas avoir été invité.
Yuu cessa de tirer, sans le lâcher. Il leva les yeux au ciel. Tsubasa était cool, mais il était vraiment trop sérieux des fois.
- Je suis sûr que Gingy et Kéké vont au moins inviter Madoka. Et Benben essayera de convaincre Yoyo de venir, même si c'est pas gagné – il sait encore moins s'amuser que toi.
Yuu s'interrompit. Ses sourcils se froncèrent, dans une mimique songeuse.
- Mince ! J'aurais dû demander à Benben d'inviter Keru. Ils doivent se connaître, ce sont tous les deux des beasts. C'est trop nul !
Tsubasa ne l'avait pas interrompu. L'enfant se demanda si c'était une bonne chose ou tout simplement parce qu'il pensait à autre chose. Ça arrivait souvent à Tsubasa, quand Yuu lui parlait, même quand il lui racontait des trucs super importants comme tout ce que ses copains lui disaient ou combien de glaces il était capable de manger en une journée.
- Ce n'est pas une bonne idée.
- Pourquoi ?
- Je ne les connais pas bien...
- C'est quoi cette excuse toute nulle ? Ça risque pas de changer si tu passes pas de temps avec eux ! Et Gingy, Kéké et Benben sont super sympa, tu verras. Ils t'accueilleront à bras ouverts et c'est impossible de pas les aimer.
Tsubasa le dévisagea, soupesant ses paroles. Yuu n'avait qu'une envie : le secouer, insister au point que ça passerait pour du harcèlement. Il se retint. Rien de tout cela ne serait d'une grande utilité face à l'adolescent.
Par contre, il avait l'impression qu'il allait exploser. Il avait envie de courir dans tous les sens et de crier pour évacuer l'énergie qui l'envahissait. L'attente, ce n'était vraiment pas pour lui.
- D'accord.
- Vrai de vrai ?!
Tsubasa grimaça.
- Oui. Pas la peine de me briser les tympans, du coup. Ni de me broyer la main.
Yuu le lâcha pour faire quelques bonds joyeux. Il applaudit, un immense sourire sur le visage.
- Génial ! C'est parfait.
Ses yeux s'ouvrirent brusquement. Il se figea, ses mains l'une contre l'autre. Une autre idée lui état venue. Une excellente idée.
Du coup, la situation n'était pas encore parfaite.
- Attends-moi ici ! lança-t-il à Tsubasa avant de se mettre à courir.
- Je sais que fuir ne sert à rien, marmonna l'argenté.
Yuu progressa à toute vitesse dans le couloir, regardant les portes des chambres défiler à sa gauche. 213, 215... et là ! 217 !
Yuu actionna la poignée et ouvrit la porte d'un geste brusque, l'envoyant percuter le mur.
- Hé Ryuuto !
L'adolescent était à son bureau, affalé sur la table. En entendant sa voix, il se releva brusquement, une feuille collée à sa joue, les yeux écarquillés. Sa chaise tomba en arrière. Il parvint à maintenir son équilibre en appuyant ses paumes sur la table.
- Pilleurs de tombes !
- Loupé ! rit Yuu. C'est moi, et je ne pille pas de tombes.
Ryuuto tourna la tête vers lui, les yeux embrumés, luttant pour garder les paupières ouvertes.
- Ah... Yuu.
- C'est ça !
Ryuuto se passa une main sur le visage. Il se figea, tapota la feuille avec incrédulité avant de la retirer. Il la posa sur le bureau. Il voulut s'asseoir et se vautra avant que Yuu ne puisse l'avertir. L'enfant grimaça. Ça avait dû faire mal.
- Ça va ?
- Ouais... je crois...
Ryuuto s'assit.
- T'as pas l'air d'avoir beaucoup dormi.
- T'imagines pas. J'ai exploré l'île entière pour en faire une carte précise hier. Comme ça, je pourrais me lancer dans la recherche de trésors plus sérieusement.
- Toute l'île ? répéta Yuu, interpellé. Ça veut dire que tu es aussi allé chez les plumes et les beasts ?
Les yeux dorés s'arrondirent lentement. Leur propriétaire se pinça les lèvres, semblant se rendre compte de sa gaffe.
- C'était comment ? Leurs maisons sont pareilles que la nôtre ? Est-ce qu'ils ont des parcs ? Kéké m'a dit que les Galaxy Heart ont des stadium, mais c'est pas pareil si tu l'as vu : ça fait comme un espion. C'est trop cool !
Comme Tsubasa en fait. L'argenté s'était infiltré à la Nébuleuse Noire, où Yuu vivait, pour exposer ses plans. Yuu avait été déçu au début – ça ressemblait à une trahison ! – mais la Nébuleuse Noire avait essayé de lui faire du mal et de détruire le monde des toupies, prouvant que Tsubasa avait eu raison.
- Je n'ai pas vu leurs maisons en détail, avoua Ryuuto, mal à l'aise. Je ne me suis pas trop approché pour ne pas me faire repérer.
- Ça fait encore plus espion dit comme ça !
Ryuuto fit la moue.
- Je suis un chasseur de trésor, pas un espion.
- Je sais !
- Tu voulais me voir pour quoi, en fait ?
- Ah oui ! Je vais me réunir avec tous mes amis. Ça te dirait de venir ?
- Ça ne risque pas de déranger ?
- Mais non, soupira Yuu.
Qu'est-ce qu'ils avaient tous avec ça ?
- Il y aura Tsubasa, Kéké, Gingy...
- Ginga Hagane ?
- Oui !
Ryuuto détourna le regard. Les sourcils froncés, il semblait réfléchir – ou s'endormir, difficile d'en être sûr avec son visage fatigué.
- J'aimerais bien le rencontrer...
- C'est l'occasion !
Ryuuto reporta son attention sur lui.
- Tu as raison. Laisse-moi juste le temps de...
Il indiqua son visage pour signifier se débarbouiller.
- OK. Tsubasa et moi, on t'attend dans l'entrée.
Yuu tourna les talons et se précipita pour partager la bonne nouvelle avec Tsubasa.
XXX
- Voilà encore une belle journée !
Kakeru se décala d'un pas. Le coussin passa à côté de lui et s'écrasa contre le mur, avant de tomber dramatiquement par terre – car, oui, un coussin pouvait tomber dramatiquement.
L'adolescent fit un petit bond. Il adressa un sourire victorieux à son frère, qui le toisait avec agacement, assis en tailleur sur son lit.
- Pas de chansons dans ma chambre. Surtout pas de chansons de dessin-animé.
- Comment tu sais que ça vient d'un dessin-animé ?
Kyouya eut l'air encore plus agacé.
- Parce que tu me parles de chaque série que tu regardes. Tu me les décris avec tellement de détails que je perdrais moins de temps à les regarder moi-même. Tu me chantes même leurs chansons. Toutes.
Ses paroles étaient légères mais son ton donnait l'impression qu'il décrivait des méthodes de tortures particulièrement barbares – et qu'il les avait personnellement subies.
- C'est pas si horrible.
- C'est pire. Je ne suis pas capable de supporter une chose pareille.
Kakeru eut un grand sourire. Kyouya fronça le nez.
- Tu n'as pas... !
- Tu en es capable. Car je veux fêter ce renouveau... !
- Je n'arrive pas à croire que tu le refasse littéralement quand je suis en train de te l'interdire ! s'offusqua Kyouya très sincèrement.
- Qui va changer ton destin !
- Kakeru !
- Je veux fêter ce renouveau !
Le grognement de Kyouya fut interrompu par un claquement de langue ennuyé. Les deux frères se tournèrent vers Nile. Ce dernier était installé sur le canapé – quelle excellente idée avait eu Kakeru de le faire monter – et les regardait d'un air réprobateur, comme deux gamins qu'il aurait surpris en train de faire une énième fois la même bêtise.
Kakeru lui sourit. Son frère, lui, était visiblement tiraillé entre deux réactions : s'énerver devant ce manque de respect flagrant ou être mortifié qu'une personne extérieure à leur famille ait assisté à une scène pareille.
- Nous avons plus importants à régler que ces... histoires.
Kakeru faillit l'applaudir pour ne pas avoir utilisé le mot enfantillage, alors qu'il lui brûlait visiblement les lèvres. Il se retint. Ça faisait moins de cinq minutes qu'ils étaient réunis et il semblait déjà exaspéré. Kakeru songeait que l'épargner serait préférable.
- Tss ! Le conseil des élèves ne m'intéresse pas. Je voulais pas en faire partie à la base !
L'expression de Nile fut adoucie par le fantôme d'un sourire.
- Une chose merveilleuse que le karma, n'est-ce pas ?
Kyouya en fut bouche bée. Il n'avait pas l'habitude que les autres fassent jeu égal avec lui. D'ailleurs, Kakeru pouvait dire, d'après le récit de ses aventures, que c'était une chose qui l'avait pas mal perturbé de la part du groupe de Ginga.
Tant mieux s'il se fait des amis !
Il avait déjà Benkei, bien sûr, mais Kakeru aimerait le savoir plus entouré. Il avait pensé à Ginga mais... eh bien, c'était une autre catégorie.
D'ailleurs...
Kakeru traversa la pièce et se laissa tomber assis sur le lit, à côté de son frère.
- Tu sais que Ginga et Kenta ont invité Benkei à passer la journée avec eux ? Ils m'ont proposé de les accompagner.
- Déjà inséparables ? répondit Kyouya d'un ton monotone.
Kakeru entendit Nile soupirer et en fut désolé. Mais il était sur une mission de la plus haute importance. Le bonheur de son frère – et son futur, peut-être – était en jeu.
- Tu ne voudrais pas venir avec nous ?
Kyouya haussa un sourcil. Son regard passa de Kakeru à Nile.
- Si je comprends bien, tu me proposes d'échanger une torture contre une autre ?
Non. J'essaie de t'aider à accepter l'amour !
Sauf que Kyouya ne supporterait pas d'entendre ça, même de sa part. Ça risquait plutôt de le faire fuir dans l'autre sens. De son point de vue, l'amour était la niaiserie suprême, une perte de neurones et de temps.
- Je me disais que ça te plairait de passer du temps avec Ginga.
- C'est mon rival. Les seules fois où on a besoin de se voir, c'est quand je le défie et qu'on se bat.
Ce qui pouvait signifier des séparations de six mois... À ce rythme, non seulement ils ne finiraient jamais ensemble, mais il se pourrait qu'ils ne se rendent jamais compte de leurs propres sentiments. Ça allait être plus compliqué que prévu, et Kakeru n'avait pas imaginé que ce serait une promenade de santé.
Il aurait pu se laisser aller au découragement s'il n'avait pas remarqué un détail primordial dans les paroles de son frère. Ou, plus exactement, deux.
Premièrement, il n'avait pas refusé, et Kyouya n'avait pas peur de dire non – en fait, il s'agissait sûrement d'un de ses mots préférés.
Deuxièmement – et plus important encore – il n'avait pas dit qu'il ne voulait pas voir Ginga.
Kakeru sourit. C'était déjà un pas dans la bonne direction. Il décida donc d'abattre sa carte maîtresse.
- Pour me faire plaisir ?
Kyouya le dévisagea, les yeux plissés, les lèvres pincées. Kakeru attendit en souriant. Kyouya lâcha un soupir.
- D'accord pour aujourd'hui, mais n'imagine pas que je vais devenir ami avec eux.
- Promis !
De toute façon, ce que je veux, c'est que tu remarques tes sentiments pour Ginga.
Kakeru se tourna vers Nile. Il ne l'avait pas oublié, même si son frère était – et resterait – sa priorité.
- Tu voudrais nous accompagner ?
- Non, merci, dit Nile en se levant. Je vais en profiter pour passer une journée tranquille, avec Horuseus. À plus tard.
Sur ces mots, il sortit de la pièce. Kakeru et Kyouya fixèrent la porte qui se refermait, affichant une surprise plus ou moins flagrante.
- Mais... il avait dit qu'on a du travail pour le conseil...
- Ouh ! Il est plus rancunier que je l'aurais cru.
Ils échangèrent un regard. La perplexité et la confusion de Kyouya se muèrent en agacement.
- Ginga ? lui rappela Kakeru.
- Ginga, acquiesça-t-il.
Il sembla apaisé en prononçant le nom.
XXX
Ginga tendit la main vers Madoka, qui l'accepta avec reconnaissance. Il assura son équilibre pendant qu'elle montait puis descendait de la racine qui obstruait le chemin. Elle retrouva la terre ferme avec un soupir soulagé. Ginga avait choisi cet itinéraire, au lieu du chemin, parce qu'il était le plus court pour rejoindre l'Académie et qu'il espérait épargner les forces de Madoka. Il commençait à se demander s'il avait fait le bon choix. La forêt était un terrain tellement normal pour lui – il avait passé toute son enfance à s'y entraîner et à y jouer – qu'il avait du mal à se rendre compte des difficultés qu'elle pouvait représenter pour les autres.
- J'aurais dû rester à la maison...
- Ne dis pas ça. Ça te fera du bien de voir les autres.
Passer du temps avec ses amis était une excellente façon de remonter le moral et de puiser de l'énergie. Madoka en avait bien besoin.
Et il se pourrait que, depuis que sa colère était passée, Ginga culpabilisait un peu pour avoir causé la situation, bien malgré lui.
- Oui ! intervint Kenta, solidaire. Benkei et Yuu avaient l'air très enthousiastes. Ce sera sympa.
- Vous avez sûrement raison, soupira-t-elle.
Le trio continua d'avancer en silence. Ginga veillait à ce que leur rythme de marche convienne à Madoka. Le but, c'était qu'elle s'amuse, pas qu'elle s'épuise.
Ils sortirent de la forêt. Madoka marqua un temps d'arrêt. Ses yeux s'arrondirent quand elle se rendit compte qu'ils n'étaient qu'à quelques mètres de l'Académie.
- Déjà ?
- C'est plus rapide que le chemin ! s'exclama Kenta.
- Et ça m'a moins fatiguée...
Madoka tourna la tête vers Ginga.
- À partir de demain, on passe par là.
- D'accord, sourit Ginga.
La journée commençait bien.
Ils se dirigèrent vers la place. Quelques groupes d'élèves y traînaient. Ginga les balaya lentement du regard, cherchant des silhouettes familières.
- Gingy ! Kéké !
Il se tourna en direction de la voix. Yuu se précipitait vers eux, en agitant les bras. Son exubérance éclipsait presque les deux adolescents qui le suivaient, à une allure bien plus raisonnable : Tsubasa et un garçon que Ginga ne connaissait pas. Il avait des cheveux blancs hérissés, avec une mèche rouge qui retombait à côté de sa joue gauche, et des yeux dorés.
- Salut Yuu.
Le sourire que l'enfant lui offrit aurait pu illuminer le monde.
Les deux adolescents les rejoignirent.
- Bonjour Tsubasa et... ?
L'inconnu lui tendit la main avec un sourire. Ginga accepta sa poignée de main.
- Je m'appelle Ryuuto.
- Enchanté. Ginga Hagane.
- Je sais !
Ginga en fut déstabilisé, avant de se souvenir que l'Ultime Bataille avait été diffusée dans le pays entier – et même au-delà des frontières.
- C'est le leader remplaçant des Dragon Clan, le présenta Tsubasa. Et...
- Un chasseur de trésors.
Tsubasa lança un regard surpris à Ryuuto mais Ginga était trop intéressé par ses paroles pour y faire réellement attention.
- Vraiment ?
- Oui. J'explore des ruines, j'évite des pièges et je sauve les trésors innocents des sales mains des pilleurs de tombes.
- Mais... que fais-tu à l'Académie, du coup ? demanda Kenta.
Ryuuto sourit. Il ouvrit une boîte accrochée à sa ceinture et en sortit une toupie qu'il leur montra. Elle arborait plusieurs nuances de bleu. Son boulon représentait un dragon.
- Parce que je fais tout ça grâce à ma toupie, Omega Dragonis.
- Trop cool.
Ginga était d'accord.
- Tu es sûr que tu ne veux pas d'aide Benkei ?
- Non, ça ira.
Ginga sourit en reconnaissant les voix. Alors comme ça, Benkei avait bien pensé à inviter Kakeru et le jeune Tategami avait accepté.
Il se retourna pour les saluer et tous mots quittèrent son esprit. Son sourire s'effaça. Il ne voyait plus qu'une seule personne : Kyouya, qui avançait quelques pas derrière le duo, les mains dans les poches. Sa respiration se bloqua. Leurs regards se croisèrent et le monde lui sembla tourner rond à nouveau.
- Ginga, le salua-t-il.
Il déglutit.
- Kyouya.
Le fourmillement des discussions avait laissé place à un silence qui tentait d'attirer l'attention de Ginga. Il s'efforça d'arracher son attention de Kyouya pour la reporter sur ses amis – après tout, c'était pour eux qu'il était venu, se rappela-t-il à contrecœur.
Kakeru se tenait face au groupe. À ses côtés, Benkei portait plusieurs paquets. Ses yeux bleus passaient de Yuu à Ryuuto, puis de Madoka à Kenta. Il ne semblait pas savoir quoi faire.
Ginga fit un pas vers eux, prêt à les présenter, quand la scène se remit à jouer. Yuu poussa un cri enthousiaste et courut vers Kakeru. L'adolescent lui tendit les bras avec un grand sourire. Yuu s'y jeta.
- Keruuuuuuuuuuuu !
- Salut Yuu !
Tsubasa haussa un sourcil, l'air de dire "c'est lui le fameux Keru ?". Madoka était bouche bée. Quant à Ginga, il avait un peu honte de ne pas s'en être aperçu la veille. Un Wild Fang gentil et enthousiaste, répondant au surnom de Keru... pas besoin d'être un génie pour deviner son identité.
Kakeru reposa Yuu sur le sol. Il lui ébouriffa les cheveux affectueusement.
- Je ne pensais pas te revoir aujourd'hui.
Il se tourna vers Kenta et lui caressa la tête, ce qui le fit sourire. Il inclina ensuite la tête à l'attention de Madoka.
- Mademoiselle.
- B-bonjour.
Kakeru se dirigea ensuite vers Ryuuto. Il lui tendit la main. Ryuuto accepta sa poignée de main avec un sourire timide et se retrouva dans les bras de Kakeru. Il se crispa, les joues rougissantes. Kakeru s'écarta d'un pas.
- Une accolade, expliqua-t-il. C'est une salutation américaine. Est-ce trop familier ?
- Je... Eh bien... C'est que...
- Kakeru.
L'interpellé rit. Il revint en trottinant et se posta à côté de son frère, qui arborait une expression très renfrognée. Il adressa un signe de la main à Ginga.
- Bonjour !
- Bonjour Kakeru.
Yuu croisa les bras derrière la tête. Il affichait une moue ennuyée que démentait l'éclat malicieux qui étincelait dans son regard.
- Déjà en train de casser l'ambiance, Yoyo ?
- Ne m'appelle pas Yoyo.
Kakeru pouffa. Kyouya lui adressa un regard noir auquel il répondit par un sourire d'excuse, mais pas impressionné pour deux sous.
- J'aime beaucoup Yuu.
L'enfant s'illumina. Kyouya s'assombrit un peu plus.
- Comme par hasard.
- Tu me l'as tellement bien décrit. J'étais certain que nous deviendrions amis.
Kyouya secoua la tête, dépité. Kakeru pivota sur lui-même pour faire face au groupe. Il s'inclina.
- Je suis ravi de faire votre connaissance. Je m'appelle Kakeru Tategami.
Il se redressa en souriant.
- J'ose espérer que nous nous entendrons bien.
- T-tategami ?! crièrent Madoka et Yuu.
Kakeru opina. L'attention générale glissa vers Kyouya.
- Quoi ? grogna-t-il.
- C'est lui le frère ? murmura Madoka, sous le choc.
- Tu es sûr de ne pas te tromper Keru ? Il ressemble pas du tout à la personne que tu as décrite, à part pour le niveau de Beyblade.
- Certain ! répondit Kakeru, rieur. Nous sommes frères depuis un moment quand même. J'aurais du mal à le confondre avec quelqu'un d'autre.
Sa réplique, pleine d'entrain, accentua la confusion générale. Sans s'en préoccuper davantage, Kakeru s'approcha de Benkei et indiqua aux boîtes qu'il portait.
- Nous avons préparé des bento pour le déjeuner. Nous pourrons pique-niquer tous ensemble, qu'est-ce que vous en dites ?
- C'est une excellente idée Keru ! Il y a quoi dedans ?
- De tout. Comme je ne savais pas ce que vous aimez...
Yuu lui attrapa la main et l'indiqua aux autres.
- Vous voyez ? Je vous avez bien dit qu'il est gentil !
Il se tourna vers Kakeru et secoua la tête.
- Ils ne me croyaient pas, dit-il avec un soupir exagéré. Ils m'auraient sans doute encore moins cru si on avait su que tu es le frère de Yoyo.
- Ne m'appelle pas Yoyo. Combien de fois je vais devoir te le dire ?
- Et si on cherchait un endroit pour le pique-nique ? s'enthousiasma Yuu, sans faire attention à l'intervention de Kyouya.
- Si tu veux.
- Génial ! Venez tout le monde !
Il attrapa Kenta de sa main libre et les entraîna aux abords de la place. Kakeru les suivit d'un pas léger. Ginga vit Tsubasa et Ryuuto, puis Benkei et Madoka leur emboîter le pas. Il resta en retrait, glissant un regard vers son rival. Kyouya les regardait s'éloigner avec un air agacé. Ginga hésita un instant – il avait du mal, parfois, à appréhender Kyouya hors des combats – avant de se tourner vers lui.
- Je ne pensais pas que tu viendrais.
Kyouya tourna la tête vers lui. Leurs yeux s'accrochèrent, comme à chaque fois, et Ginga eut l'impression de distinguer à peine le monde en-dehors de ces nuances si particulières de bleu.
- Je ne pensais pas venir.
- C'est... une excellente surprise.
J'adorerais que tu passes plus de temps avec nous... avec moi. S'il te plaît. Ne t'éloigne pas. Tu es mon rival, tu veux me vaincre, je le sais, mais ça ne nous empêche pas d'être...
Ginga cessa là ses supplications silencieuses. Il ne savait pas comment les conclure. "Amis" ne semblait pas le terme approprié pour les désigner, Kyouya et lui. Ils s'étaient sauvés l'un l'autre. Ils avaient fait de l'autre un meilleur blader. Ginga ne voulait pas imaginer ce que serait sa vie s'il ne l'avait pas rencontré. Ce n'était pas vraiment de l'amitié ça, si ?
- Gingy ! Yoyo !
Ginga sortit de ses pensées avec un sursaut. Kyouya grogna. Le rouquin se tourna. Yuu se tenait à l'orée des arbres, leur adressant de grands gestes.
- Si vous venez pas, on va partir sans vous !
- Si seulement, souffla Kyouya.
Ginga lui adressa un sourire encourageant.
- On arrive !
XXX
Ryuuto ne savait pas trop comment, mais il s'était retrouvé coincé entre Kakeru et Yuu, qui passaient leur temps à se pencher pour se parler. Il leur avait bien proposé de s'installer ailleurs mais ils l'avaient regardé avec une telle déception qu'il avait immédiatement retiré ses paroles. Ça lui avait donné l'impression d'être une personne horrible – du même calibre qu'un pilleur de tombes, c'était dire ! Contrairement aux autres, il n'avait pas été surpris d'apprendre que Kakeru était le petit frère du célèbre Kyouya Tategami. Cela confirmait les soupçons qu'il nourrissait depuis leur première rencontre.
Yuu avait voulu savoir comment ses autres amis avaient connu Kakeru. Madoka, puis Ginga et Kenta, s'étaient lancés dans leurs récits. Ça avait été une manière intéressante de passer le temps avant le repas. Madoka semblait avoir encore du mal à assimiler le fait que Kakeru et Kyouya étaient frères. Son regard ne cessait de passer de l'un à l'autre.
Puis, Yuu avait claqué des mains.
- Allez, j'ai faim ! Commençons le repas.
Tsubasa glissa un regard réprobateur vers lui.
- C'est une façon de demander ?
- Euh... On peut déjeuner maintenant ? J'ai faim.
- Moi aussi ! s'exclama Benkei.
Yuu et Benkei, ainsi que Madoka et Kenta, regardèrent Ginga, attendant visiblement son intervention. Le rouquin était installé près de son groupe d'amis, mais pas trop loin de son rival, qui s'était adossé à un arbre, à l'écart, les yeux fermés comme s'il faisait abstraction du reste du monde. Il les dévisagea les uns après les autres et leur sourit.
- Pourquoi pas.
Vu leurs têtes surprises, ce n'était pas la réponse à laquelle ils s'attendaient.
Benkei entreprit de distribuer les paniers-repas, déclenchant une vague de remerciements. Quand il eut terminé, il lui en restait plusieurs.
- On ne savait pas combien on serait exactement, expliqua-t-il.
- C'est super ! s'exclama Yuu. Comme ça, si on a encore faim, on aura de quoi être repus !
- Ça a dû vous prendre beaucoup de temps, commenta Madoka.
- Pas tant que ça, répondit Kakeru. À tr...
Kyouya ouvrit les yeux pour lui adresser un regard noir.
-... deux, c'était plutôt facile, acheva Kakeru dans un sourire, comme si c'était ce qu'il avait eu l'intention de dire depuis le début. Benkei et moi formons une super équipe.
Personne ne pipa mot sur l'aide apparemment apportée par Kyouya. Ryuuto supposa que Yuu n'avait pas deviné. L'enfant adorait taquiner le blader de Leone, et il n'aurait pas manqué une occasion pareille. Ryuuto, lui, ne s'y risquerait pas. Il n'avait pas peur de Kyouya, même s'il mentirait s'il prétendait ne pas être impressionné par ses exploits. Il ne voyait juste pas l'intérêt de s'en faire un ennemi. De plus, quelque chose lui disait que Yuu avait droit à une certaine marge de manœuvre.
- En plus, c'est Benkei qui a quasiment tout fait. J'ai seulement transporté ce qu'on me demandait ici et là. Je dois avouer que j'ai perdu le peu de compétences culinaires que je possédais en allant aux États-Unis.
- Et pourquoi ?
Kakeru adressa un sourire provocateur à son frère, qui fit mine de l'ignorer, avant de reporter son attention sur Yuu.
- Il n'y a pas de cours d'entretien ménager là-bas.
- C'est quoi ça ?
- Des cours qui permettent d'apprendre différentes tâches, comme la cuisine et la couture.
- Jamais entendu parler, avoua Ginga, perdu.
- Parce qu'il n'y a que des cours de Beyblade à Koma, intervint Kyouya d'un ton acerbe.
Inexplicablement, Ginga lui sourit du plus profond de son cœur. Et Kyouya... eh bien... son expression changea. S'il avait été quelqu'un d'autre – Kakeru par exemple – cela se serait sans doute traduit par un immense sourire. En tout cas, il n'avait plus l'air énervé, et c'était déjà une sacrée évolution.
- C'est vrai qu'il y a ce genre de cours dans certaines écoles, dit Madoka d'un ton songeur.
- Certaines ? répéta Kyouya, clairement vexé.
Yuu se tourna vers lui, souriant comme le Chat du Cheshire. Cette fois-ci, il avait compris le sous-entendu.
- Est-ce que tu veux dire... ?
- Et si on commençait ? l'interrompit Kakeru. À force de parler de nourriture, je commence à avoir faim.
- Bien sûr, répondit Yuu, semblant oublier Kyouya. Bon appétit !
- Bon appétit !
Et Yuu de fondre sur son bento comme s'il n'avait pas mangé depuis une éternité. Cela ne surprit pas Ryuuto. Il avait appris à le connaître ces derniers jours. Ce qui le surprit, par contre, fut le regard éberlué que posèrent Madoka et Kenta sur Ginga. Le blader de Pegasus se conduisait bien, pourtant. Il ne se bâfrait ps.
- Tu passes une bonne journée ?
Ryuuto tourna la tête. Le visage de Kakeru ne se trouvait qu'à quelques centimètres du sien. Sa gorge s'assécha. Ses joues brûlèrent.
Ouh-là ! J'ai pas assez dormi moi. Est-ce qu'on peut avoir de la fièvre quand on manque de sommeil ?
- Je... Oui ?
Il se concentra sur son panier-repas.
- C'est différent de ce à quoi je suis habitué, mais c'est plutôt sympa.
- Tant mieux !
Ils mangèrent quelques minutes en silence puis Ryuuto glissa un regard vers Kakeru, comme aimanté.
- Tu as l'air d'aller bien. Ton projet avance ?
Kakeru réfléchit quelques instants pour savoir à quoi il faisait référence. Il lui sourit.
- Oui ! Grâce à mon combat contre Ginga. Mon frère était fier de moi, alors que j'ai perdu. Je ne demande rien d'autre pour l'instant. C'était une belle journée.
Kakeru tourna la tête, pensif. Ryuuto suivit son regard, intrigué. Ginga s'était subrepticement approché de Kyouya. À présent, les deux rivaux mangeaient côté à côté.
- Vraiment une belle journée.
XXX
Hikaru appuya sur la télécommande, mettant fin à la vidéo promotionnelle, mais parfaitement professionnelle. Elle avait été forcée de la visionner plusieurs fois, expliquant au directeur qu'il ne pouvait pas y mettre d'effets spéciaux ni y intervenir en tant que Phoenix l'Immortel. Ça avait été épuisant moralement et intellectuellement. Elle l'avait vérifiée une dernière fois avant la réunion pour s'assurer que le directeur ne l'avait pas remplacée par une autre vidéo.
- Qu'en pensez-vous ?
Hikaru se retourna. Son directeur – Ryuusei Hagane, le père de Ginga – faisait face au président de l'AMBB.
- C'est une idée très intéressante. J'espère qu'elle portera ses fruits.
- Pour qu'on puisse l'exploiter pleinement, nous aurions besoin de l'AMBB.
Le président parut surpris.
- Mais vous avez le soutien de l'AMBB. N'êtes-vous pas le directeur de la section japonaise ?
- Justement. Nous avons besoin de l'Association Mondiale du Beyblade.
- Expliquez-vous.
Hikaru et le directeur échangèrent un regard.
- L'Ultime Bataille a changé la manière d'appréhender les compétitions de Beyblade, reprit la jeune fille. Le monde entier avait les yeux rivés sur Ginga lorsqu'il l'a remporté.
- Je le sais, répondit le président en souriant. Jamais l'AMBB n'a eu autant de succès que dans les mois qui ont succédé à l'Ultime Bataille.
- La Bey-Academy fournit aux bladers un lieu où s'entraîner et combattre de tout leur soûl. Elle leur offre toutes les conditions dont ils ont besoin pour pouvoir exprimer pleinement leurs capacités.
- Mais encore ?
- Pour l'instant, elle réunit les meilleurs bladers du Japon. Nous souhaitons qu'elle réunisse les meilleurs du monde.
- Et qu'elle permette de désigner le meilleur.
Les yeux du président s'arrondirent.
- Voilà une sacrée ambition.
Ryuusei opina. Il sourit.
- N'est-ce pas ce que nous souhaitons pour les bladers ? Qu'ils aient de l'ambition ?
- En effet.
- Nous ne faisons que répondre à la demande générale, intervint de nouveau Hikaru. Les bladers désirent se mesurer les uns aux autres. Nous leur avons donné un lieu où ils peuvent le faire.
- Il ne manque que des bladers d'envergure internationale, enchaîna Ryuusei.
Le président les regarda l'un après l'autre, songeur.
- Ça prendra du temps.
- La Bey-Academy aura sans doute besoin de quelques ajustements pour convenir parfaitement aux bladers, contra Hikaru.
- Quand espérez-vous la venue de bladers étrangers ?
- Cet été, répondit Ryuusei.
- Ça laisserait tout le temps aux sections nationales de l'AMBB pour choisir ses bladers les plus méritants... dit le président d'un ton pensif.
Ryuusei hocha la tête.
- Nous avons déjà quelques bladers étrangers, mais pas assez pour faire de la Bey-Academy un lieu incontournable au niveau mondial. Aidez-nous, s'il vous plaît.
Le président leur sourit.
- Votre projet m'intéresse grandement. Je vais relayer votre demande aux sections nationales : elles s'occuperont de choisir les bladers qui seront inscrits à la Bey-Academy.
- Merci Monsieur.
Ryuusei sortit, Hikaru sur ses talons. La porte se ferma derrière eux.
- Tout s'est bien passé, soupira Hikaru.
- En effet, même si...
Ryuusei prit la pause.
- Tout se serait encore mieux passé avec l'intervention de Phoenix l'Immortel !
- Ça aurait tout gâché, oui.
- C'est méchant.
Fin du chapitre 7
Note : "Voilà encore une belle journée" est une chanson de My Little Pony, "Le renouveau" une chanson de La Reine des Neiges. J'adore écrire les moments entre Kyouya et Kakeru.
