C'est pas possible. Ca va faire un mois que Riza a disparu, et toujours aucune piste sérieuse. Je commence à désespérer. Je me prends la tête entre les mains. Il nous faudrait un miracle. Soudain, on frappe à ma porte.

" Entrez." lancé-je d'une voix morne.

" Bonjour colonel."

Cette voix ... je lève la tête, pour découvrir une tête blonde avec deux grands yeux dorés qui me regardent.

" Edward !" dis-je.

Il fronce un sourcil.

" On dirait que c'est la première fois que vous me voyez." dit-il.

L' Ultimate Alchemist ! Pour une fois il tombe à pic. Sa force est pile ce qu'il me faut. Moi qui voulais un miracle. Comme quoi, parfois il suffit de demander.

" Je vous amène le rapport de ma dernière mission." reprend-il en me tendant un bloc d'au moins trente pages.

Ce qu'il y a de bien ici, c'est qu'on ne manque pas de lecture. Je prend son rapport.

" Assied-toi Edward. J'ai à te parler." repris-je.

Il plisse les yeux, s'attendant sans doute à des remontrances. Mais je ne suis pas fou. Depuis qu'il a atteint le stade ultime de l'alchimie (1), je ne m'amuse plus à le provoquer. Il m'a déjà brisé tous les carreaux, manquant de me faire exploser la cafetière.

" Je vous écoute." dit-il une fois installé.

" Je n'irais pas par six chemins. Le lieutenant Hawkeye a disparu il y a un mois." annoncé-je.

Edward hausse les sourcils.

" Vous avez des indices ?" demande-t-il.

" Pas le moindre. C'est pour cette raison que je sollicite ton aide."

Heureusement, nos relations se sont bien améliorées depuis qu'il a joué les anges-gardiens pour moi (2).

" Entendu. Par quoi on commence ?" questionne-t-il.

Je suis soulagé. Je me lève et je précède. Dans le couloir, je croise le colonel Lyle, qui ne peut pas me piffer. Il n'a pas l'air d'avoir remarqué Ed, un peu en retrait.

" Tiens, voilà la bougie ambulante. Toujours en train de flemmarder, c'est à se demander comment t'as fait pour devenir colonel. Tu les as soudoyé ou quoi ?" lance le rouquin.

" Grrrrrrr !" entendis-je à côté de moi.

C'est Edward qui a surgi, les yeux allumés et auréolé d'or. Lyle pâlit en le découvrant. Depuis qu'il nous a fait une démonstration de ses pouvoirs en combattant sa soeur jumelle, tout le monde en a peur. Il a tellement de puissance à présent. Et aussi, tous pensent que c'est mon second garde du corps. Edward leur fait plus peur qu' Hawkeye, pourtant déjà crainte.

" Euh ... hm ! Exc ... excusez-moi Ultimate, je ne voulais pas offenser votre colonel." bredouille Lyle.

Un sphère lumineuse apparaît dans sa main gauche.

" NON NON ! Pardon !" s'écrie Lyle, les mains tendues.

" FICHEZ-MOI LE CAMP D'ICI AVANT QUE JE NE M'ENERVE !" crie Edward.

Lyle décampe aussitôt. Ed sourit et se calme. La lumière disparaît.

" Meric beaucoup Edo." dis-je.

" Pas de quoi, ça m'amuse des fois." me lance Edward.

Ce petit intermède passé, je l'amène sur les lieux où Riza est supposée s'être fait agressée. Naturellement, tout a été rangé depuis. Edward s'agenouille et examine le sol. Je le laisse faire, espérant de tout coeur qu'il trouvera quelque chose. Tout à coup, il frappe dans ses mains. Un étrange cercle de transmutation apparaît. Ed garde les mains dessus. Je vois alors quelque chose se faire attirer par le cercle.

D'où est-ce que ça sort ? Le cercle est désactivé. Edward le fait disparaître, et ma ramasser ce qu'il a trouvé.

" Qu'est-ce que c'est ?" demandé-je.

" Un médaillon." annonce Edward en me le donnant.

Je découvre un petit pendentif en argent, qui a la forme d'un papillon. Je suis sûr de l'avoir déjà vu, mais où ? Ed me demande si ça me dit quelque chose. J'acquiesce, tentant de rassembler mes souvenirs. Hélas, je suis pour l'heure incapable de me souvenir du visage du propriétaire de ce bijou.

"Comment l'as-tu découvert ?" demandé-je en portant mon regard sur l'Ultimate.

" Par le cercle que vous avez vu. En me concentrant sur le lieutenant, j'ai fait en sorte qu'il me ramène tout ce qui s'est passé ici quand elle s'y trouvait. C'est du magnétisme en fait." explique Edward.

Je ne suis pas sûr d'avoir tout enregistré. Les connaissances d'Ed sont plus vastes que celles de n'importe qui sur cette terre. Je réalise alors que nous ne savons encore pas grand-chose sur l'alchimie. Cette science recèle plus de mystères qu'on ne pense.

" Au moins toi, tu as trouvé un indice. Dès que je me saurais souvenu à qui appartient ce médaillon, nous saurons sans doute qui a kidnappé Riza." dis-je en rangeant le bijou.

Riza ouvre difficilement les yeux. Elle a tellement faim. Et son corps lui fait si mal.

" Bien réveillé petite idiote ?" entends-elle.

Son ravisseur.

" Allez vous faire pendre." réplique Riza.

Ca lui vaut un coup de poing, évidemment. Encore un. Son kidnappeur la prends pour son souffre-douleur depuis qu'elle est ici. Ca fait combien de temps que le lieutenant est là ? Elle l'ignore. Ce qu'elle sait en revanche, c'est que la personne qui l'a amenée ici en veut énormément à Roy. Riza sait pourquoi. C'est tellement stupide comme motif. Mais quand on est dingue, on l'est jusqu'au bout.

" Ton précieux colonel ne viendra pas te sauver. Il se soucie de toi comme d'un vieux trognon de pomme."

" Si vous le touchez, je vous tue." avertit Riza, sur le sol.

L'autre éclate de rire, et lui dit j'en doute. Riza s'est beaucoup affaiblie. Elle est dans un sale état. Des bleus et des contusions partout, du sang sur les vêtements, affamée ...

" Allez, je te laisse crétine. Tu comprendras bien assez tôt que tu t'es fait avoir." conclut son ravisseur.

La porte de la pièce où on la retient se ferme. Riza se retrouve seule. Elle essaie à nouveau de se libérer ses liens qui entravent ses poignets. En vain. Le lieutenant est à bout de forces, et mains sont meurtries par les cordes.

" Je sais que vous viendrez colonel. Je vous fait confiance." pense-t-elle.

Edward et moi sommes de retour au Q.G. L'inspection de la demeure de Riza n'a rien donné. Assi à mon bureau, je contemple le papillon d'argent.

" Je suis sûr que je connais la personne qui a porté ce pendentif. Je dois absolument m'en souvenir, il le faut, pour Riza." pensais-je.

Malheureusement, j'ai beau forcer rien ne me vient. Je pousse un soupir exaspéré et envoie tous les dossiers faire leur baptême de l'air.

" C'est malin." commente sobrement Edward.

Je lui lance un regard noir. Edward se lève et commence à ramasser les papiers épart. Je décide d'en faire autant. Nous les rangeons en silence. Puis Ed saisit le médaillon qu'il tends à la hauteur des yeux.

" Vous êtes bien trop concerné par cette histoire, et ça se comprend. Voyons ... ce bijou a certainement appartenu à une femme. Si vous l'avez connue, et galopeur de jupons comme vous êtes, je pencherais pour une ancienne conquête" dit-il.

" Possible." dis-je laconique.

Edward darde ses yeux couleur miel sur moi.

" Bon. Tâchons de savoir qui c'est. Vous allez commencer par vous détendre. Parce que plus vous stressez, plus ça bloque votre mémoire. Allez-y, asseyez-vous et respirez calmement." reprend-il.

" Je ne crois pas que ..."

" ASSIS !"

Ses yeux s'allument, et je m'assois automatiquement. Il reprend une couleur d'yeux normale. Puis il vient se poser sur la table en face de moi.

" Bien. Maintenant, fermez les yeux et inspirez profondément. Concentrez-vous sur votre respiration. Je vais vous aider." continua-t-il.

Je fermais les yeux avec réticence, avant d'inspirer. Ed pose se mains autour de ma tête. Je rouvre les yeux, surpris. Il fronce les sourcils, m'intimant ainsi de refermer les paupières. Ce que je fait. Je distingue un éclat doré. J'ai l'impression de m'endormir.

" Pensez à une chose agréable, qui vous plaît." fait-il.

J'entends sa voix comme si elle était assez loin. Curieux. La chose agréable à penser me vient immédiatement à l'esprit. C'est un endroit calme, accueillant, où je me sent bien. Cet endroit, c'est la maison de Riza. J'en visualise l'intéreur, et j'arrive presque à sentir son parfum.

" A présent, tâchez de voir dans votre esprit le médaillon qu'on a trouvé." fait Edward.

Image d'un papillon argenté qui volette dans l'appartement. Je le suis. La bestiole arrive au salon. Une femme est posée sur le canapé. Elle est blonde, c'est Riza. Le papillon se pose sur son cou. Non, ce n'est pas mon lieutenant. Ses cheveux sont devenus châtains, et sont mi-longs. Ca y est, je vois son visage. Des yeux noisettes en amande, les traits fins, le teint clair. Elle a du charme. Son nom ... son nom ne me revient pas ... une minute ... J'entends une voix. C'est la mienne. J'appelle cette fille.

" Jessica." dis-je.

Edward me relâche, j'ouvre les yeux. Son regard est interrogateur.

" Maintenant je sais qui c'est. Elle s'appelle Jessica Whittlefield, et c'est bien une ex." annoncé-je.

" Vous croyez que c'est elle qui a enlevé le lieutenant?"

" Ca ne suprendrait pas. Cette fille a un grain."

Ed attends patiemment la suite.

" Son problème, c'est qu'elle est d'une jalousie maladive. A un point qui peut l'entraîner loin. Jessica ne supportait pas que j'adresse seulement la parole à une autre. J'avais toujours droit à des scènes après. Au début, ce n'était pas bien gênant, je pensais qu'elle tenait à moi. Puis elle me piquait des crises de plus en plus souvent, ça a fini par me gonfler et je l'ai plaquée." raconté-je.

" Ca fait un peu léger pour kidnapper quelqu'un." souligne l'Ultimate.

" Pas quand on est capable de frapper une personne juste parce qu'elle me parle. C'est déjà arrivé." révélé-je.

" Carrément ?" s'étonne Ed.

" Oui. Mais en y réfléchissant deux secondes, je comprends qu'elle s'en soit prise à Riza. Elle la détestait, elle nous trouvait trop proches. Je crois que Jessica la jalousait terriblement."

" Ridicule."

J' hausse les épaules. Oui, certainement. Mais quand on a un problème de ce genre, ça paraît presque logique.

" Il faudrait qu'on soit sûr que c'est elle. Après tout, elle a peut-être simplement perdu ce médaillon. Ou alors ce n'est pas le sien." dit Ed.

" Je sais oui. Pour ça il faudrait la retrouver. Or je ne connais pas son adresse."

" Ca a duré combien de temps ce cir ... cette relation ?" interroge Ed.

" Trois semaines environ."

Il secoue lentement la tête, d'un air incrédule.

" Mais comment vous faites pour toujours vous attirer des ennuis avec les femmes ?" lance-t-il.

" Je me le demande." répondis-je.

En attendant, je suis plutôt satisfait. En deux coups de cuillère à pot, Edward a considérablement fait progresser l'enquête. J'en attendais pas moins de lui.

(1) et (2) : voir L'Ultimate Alchemist et L'impensable ange-gardien.