Couple d'Auteurs : Levia et Jashou (enfin à la base, parce que je reste seule maintenant, bouh !)
Bêta : Camille-Miko
Rating : M.
Résumé : Draco a détruit par le feu toute sa précieuse collection. Mais Harry est bien décidé à tenter le tout pour le tout… une dernière chance.
Chimeria obsessional
Chapitre 5 : Regarde ce que, toi et moi, nous pourrions être ensemble…
Harry était assis sur la rambarde d'un balcon.
Devant lui s'étendait Poudlard, sa cour, ses ailes aux myriades de fenêtres et ses nombreuses tours.
Celle que l'on nommait la tour d'astronomie le dominait de toute sa hauteur. Le soleil se couchait exactement derrière elle, la faisant se découper sur la toile du ciel comme une monstrueuse ombre chinoise.
Le lac était une immense vasque de poix noire, liquide et scintillante. Chaque infime vaguelette s'était revêtue d'un éclat solaire et rien ne troublait leur tendre régularité de formes.
La pelouse était sombre mais ce n'était rien face à la forêt interdite, véritable enchevêtrement organique de noirceur.
Poudlard était sa maison, il l'aimait mais qui pouvait ne pas adorer une telle école ?
Il sauta en bas de la rambarde, retournant dans les profondeurs de la demeure qu'il connaissait par cœur, laissant courir ses doigts sur les aspérités des murs en pierre.
Ce soir, il avait quelque chose à faire.
Quelque chose de très, très important. De déterminant, même.
Dans son dortoir, il se lava et se prépara comme pour un rendez-vous galant.
Personne n'osa lui faire la moindre réflexion.
Seamus et Dean restaient assis l'un à côté de l'autre sur le même lit et le regardaient choisir ses vêtements avec intérêt.
Harry les regardaient à travers le reflet du miroir, le même qu'il avait fracassé quelques jours auparavant parce qu'ils s'étaient permis de se moquer de lui.
« Qu'est ce que vous avez à me regarder ? Occupez-vous de vos fesses un peu ! »
Il était à cran et de très mauvaise humeur. Tout le monde avait compris qu'il valait mieux lui foutre la paix.
Aussi, le jeune noir et l'irlandais se détournèrent de lui sans même lui adresser la parole. Ils se levèrent et quittèrent le dortoir la main glissé dans la poche arrière du pantalon de l'autre en signe de provocation.
« Ils ne sont pas Griffondors pour rien, ces deux là. » sourit Neville, les mains croisées derrière la nuque.
Le Survivant le foudroya du regard et le petit brun aux yeux noisettes sortit, lui aussi, sans être très effrayé.
Il ne restait plus que Ron, caché derrière sa sempiternelle revue de Quidditch.
Harry s'attendait à ce que son ami lui fasse une dernière recommandation mais, comme elle ne venait pas et que c'était tant mieux, il partit.
Une fois dans les couloirs, il s'adossa à la pierre et souffla, inspira et expira avec lenteur. Il était stressé au plus haut point.
Ce qu'il s'apprêtait à faire… ce n'était pas bien.
Il déplia la carte du maraudeur et la consulta, cherchant l'emplacement du nom de Draco Malfoy.
C'était l'heure de sa ronde du soir.
Au début, le blond avait cessé de les faire. Ensuite, il les avait reprise mais avait changé chaque soir d'itinéraire. Le temps avait passé et, maintenant, il devait penser qu'Harry ne viendrait plus pour l'importuner.
Comme il avait tord…
Le bûcher lui avait, certes, foutu un coup énorme à son moral. Honnêtement, il ne pensait plus réussir.
Pourtant… il était bien décidé à tenter une ultime chance.
Pour cela, il avait fallu qu'il se penche en lui-même, qu'il pense, qu'il réfléchisse à un scénario parfait, mais pas trop. Il avait cogité des jours et des jours durant avant d'agir.
Cela n'avait pas été chose simple mais il était fin prêt et armé de la plus terrible des bombes.
Elle se trouvait dissimulé dans une fiole, bien au chaud dans sa poche. Il la sentait à chacun de ses pas mais il aimait se rassurer en la touchant.
Il s'arrêta devant une salle de classe abandonné et entra prendre la pensine dans une armoire qu'il avait lui-même verrouillée.
Il lui jeta un sort pour l'alléger et la prit sous son bras.
Il repéra le trajet qu'effectuait Malfoy, ce soir là. Il semblait à peine se diriger vers l'aile des Serredaigles. Dans dix minutes, il se retrouverait dans ce couloir-ci et lui devrait l'intercepter là.
Le plan se dressait dans sa tête. Il connaissait l'école par cœur, c'était une chance.
Il prit un raccourci et choisit une autre pièce abandonnée dans le couloir où il pensait que Malfoy arriverait bientôt. Il déposa la pensine sur un bureau du premier rang et ressortit la carte du maraudeur pour constater l'avancé du blond.
Il ne s'était pas trompé mais cela ne le satisfaisait pas plus que ça.
Il se dégoutait presque de ce qu'il allait faire. Il aurait vraiment dû aller à Serpentard s'il était capable de fomenter de telle machination.
Draco Malfoy s'approchait sur le plan.
Il replia la carte et se mit à écouter avec une grande attention.
Dans le couloir, des pas légers se firent entendre mais pas de bruits de portes. Malfoy ne faisaient que marcher, simplement.
Logique, sachant le nombre de salles inutilisées de Poudlard. Il lui faudrait trois jours simplement pour toutes les ouvrir, jeter un coup d'œil et les refermer.
Les bruits de pas se firent plus précis, de plus en plus précis et Harry sentit que le Préfet en Chef était juste derrière la porte, qu'il passait, qu'il l'avait dépassé.
Il n'hésita pas, sortit sa baguette et ouvrit la porte.
Draco Malfoy se retourna, lentement. Il semblait s'attendre à le voir, les mains dans les poches.
Pourtant, quand il vit la baguette pointée sur lui, ses yeux gris s'agrandirent de stupeur. Il ne s'était visiblement pas attendu à ça et, même si ça avait été le cas, Harry aurait été le plus rapide.
Le blond tenta de dégainer son arme mais le Survivant lui avait déjà lancé un sortilège et son corps s'écroula mollement dans le couloir.
Harry se précipita sur lui, effrayé par ce qu'il avait fait. Mais ce n'étais pas le moment d'avoir des scrupules. Il se saisit du corps du Serpentard et le traina dans la salle de cours abandonné.
Il le posa sur une chaise devant la pensine. Ainsi, il semblait dormir sur la table comme un écolier qui aurait fait une nuit blanche.
Harry ne se lassait pas l'admirer, pourtant il dû se détacher de lui pour verrouiller la salle. Puis sortit la fiole, la serra très fort dans sa main, comme une amulette, avant de verser son contenu argenté et filandreux dans la vasque.
Le liquide, qui n'en était pas un, se mit à tourner pour devenir une sorte de poix vaporeuse.
Harry se saisit de la tête de Malfoy et la fit basculer en douceur à l'intérieur de la pensine.
C'était la première fois qu'il voyait quelqu'un d'autre faire ça devant lui. En l'occurrence, Malfoy était un peu forcé à le faire mais ça revenait absolument au même : il ne savait pas comment le corps devenait en extérieur.
Mais apparemment, il ne devenait rien. Il restait simplement là.
Harry soupira, il avait peur. Il s'était donné un peu de marge quand il avait créé la pensée mais il ne fallait pas trop qu'il tarde non plus.
Il pencha la tête au dessus de la pensine et se sentit chuter dans ses tréfonds brumeux.
Quand il atterrit enfin, largement plus en douceur que dans la pensine de Malfoy, il se fit, aussitôt, attaquer par une bête féroce qui l'agrippa aux cheveux.
Il reçut un coup de poing dans la figure, des doigts restaient crispés sur ses cheveux, l'obligeant à courber le dos. Il se prenait des coups de genoux.
Il se laissa faire, ça ne faisait pas mal. Ils étaient dans une pensine, si ça pouvait défouler le Serpentard de faire ça…
Malfoy continua à le rouer de coups inutiles, enchaînant les coups de poings et de genoux. Il le flanqua à terre et lui balança une bonne dizaine de coup de pied dans le ventre en l'insultant et le traitant de tous les noms. Mais comme Harry ne marquait, ni ne ressentait, ni même ne faisait mine de parer ses coups, le jeu perdait largement de sa saveur et il s'arrêta, enfin.
Le Survivant se redressa comme si de rien n'était et Malfoy, devant lui, le contemplait avec un mépris défiant toute proportion.
« Potter, je ne vais pas le répéter vingt fois. Sors-moi immédiatement de… là ! »
« On est dans une pensine. » lui précisa Harry en mettant les mains dans les poches.
« Je m'en moque ! Je veux en sortir, tout de suite ! »
« Tu ne le peux pas, tu es évanouis. Il n'y a que moi qui puisse t'en sortir. Ou une personne externe, mais ne compte pas trop la dessus. J'ai verrouillé la salle dans laquelle on est. »
« Tu es un grand malade, Potter ! » gronda le blond en serrant les poings.
« Pas autant que toi. »
« Moi ! Est-ce que je t'ai imposé quoi que ce soit ! » s'écria-t-il.
« Je ne vais pas te violer, relax. » plaisanta Harry.
« Et qu'est ce que tu comptes faire, au juste ! »
« Je veux juste que tu regardes… »
« Me violer le cerveau, donc ! »
« C'est dommage que tu le prennes comme ça, Draco. » fit tristement Harry.
« Je ne t'ai pas permis de m'appeler par mon prénom, Potter. Et je le prends comme je veux ! Je ne veux voir aucunement tes petites pensées intimes. Je veux sortir d'ici ! Est-ce que tu es bouché ou quoi ? Je ne veux rien avoir à faire avec toi ! »
« Et pourquoi ? »
« Parce que ! Je n'en ai pas envie ! »
« Tu avais pourtant envie de collectionner toutes ces choses sur moi ! »
« Je les ai détruite, elles n'avait rien de précieux à mes yeux ! »
« Tu mens ! »
Draco se laissa un temps de réflexion avant de répondre à ça.
« Potter ! Est-ce que tu es devenu complètement fou ? Tu vois une collection sur toi et tu en déduis que tu peux me pourrir la vie immédiatement après ? Pourquoi tu ne vas pas kidnapper les frères Crivey dans ce cas ! »
« Ce n'est pas pareil. Je suis tombé a… »
« Ah, LA FERME ! » s'écria Malfoy en faisant mine de le gifler.
Harry ne recula pas mais se tut.
Le blond le fusillait du regard, sa haine semblait intarissable et Harry se sentit fléchir face à tant de détermination.
« Ecoute… Tu n'as pas vraiment le choix de toute façon. Je ne veux pas te faire du mal, tu peux me croire. Je ne suis pas un psychopathe. Je veux juste que tu regardes. Moi, quand j'ai vu… certaine chose, dans ta pensine… tout a changé à mes yeux, alors. Et peut-être que ça sera la même chose pour toi… »
L'environnement commençait à évoluer. L'obscurité incertaine s'agglomérait en des formes encore abstraite.
« Et si ça ne change rien, tu me foutra vraiment la paix ? J'en doute ! » demanda Draco un peu radouci.
« Je ne vais pas me ridiculiser à tes yeux indéfiniment. C'est ma dernière chance de te faire ouvrir les yeux, promis. »
« Mais je n'avais pas besoin de ça, Potter ! Je savais déjà que tu étais un abruti fini ! »
Harry était trop blasé pour s'énerver. Si le Serpentard avait espéré le faire sortir de ses gonds, c'était raté.
« Si jamais tu ne reviens pas sur ta position, je te placerais sous oubliette et je te remettrais dans le couloir. Tu te réveilleras sans même te rappeler de quoi que ce soit. »
« Je ne suis pas stupide, Potter ! Je verrai que l'heure n'est pas la même et qu'il m'est arrivé quelque chose ! »
« Cela m'étonnerait. J'ai très bien remarqué lorsque je fouillais dans tes rêves que le temps passait bien plus vite qu'il n'y parait dans une pensine. Au pire, tu penseras avoir eut un simple vertige. »
Les yeux de Draco étaient ainsi que deux véritables orages lançant des éclairs de haine. Ses lèvres étaient blanches, exsangues à force d'être serrées, et ses poings tremblaient de rage. Mais aussi, il était tellement beau… magnifique…
« Maintenant, regarde… » murmura Harry, doucement honteux, en lui désignant quelque chose dans son dos.
Le blond se retourna sur lui-même pour constater que l'univers s'était, en effet, tout à fait modifié.
Ils étaient dans une grande salle de cinéma : royaume du rideau et des sièges rouges par centaines, de la moquette bleue nuit sur les murs ainsi que sur le plafond et de la musique atmosphère en fond sonore.
Draco renifla de dédain et s'éloigna autant que possible du Griffondor. Il n'hésitait pas à traverser les gens et les sièges de la salle comme un fantôme.
Harry l'observa, essayant de voir s'il était surpris par le lieu. En tout cas, s'il l'était, il ne le manifestait aucunement.
Le Serpentard très énervé s'assit plus loin sur l'un des sièges de la grande salle de projection. Il ne regardait rien en particulier, à part l'écran peut-être.
Harry sourit car son plan fonctionnait. La réaction finale de Draco déterminerait sa réussite ou non.
Les gens entraient par des battants derrières lui, des Moldus tout ce qu'il y avait de plus classique qui remplissaient la salle peu à peu.
Harry vit Draco se retourner pour le fusiller d'un énième regard haineux. Il ne devait rien y comprendre. Il lui fit un petit signe de tête et lui montra l'une des portes battantes de la salle de cinéma. Le blond suivit son regard et ses yeux se rétrécirent quand il vit un double d'Harry Potter entrer en trainant par le bras sa réplique exacte, visiblement très réticente.
« Tu fais chier, franchement tu fais chier. Je suis sûr que ça va être un film de merde et, de toute façon, je n'avais pas envie de venir. Je ne comprends pas ce que tu peux trouver comme intérêt à t'enfermer dans une salle obscure avec pleins de Moldus. »
Le Draco de la pensine râlait d'une façon tout à fait exaspérante et tout à fait crédible.
« Dray... Ta gueule ! T'as parié, t'as perdu ! Alors ne te rends pas détestable à outrance, parce que ça ne marche pas ! Assume un peu tes actes ! »
« J'assume ! Mais si j'avais seulement pu choisir le film ! Je ne dis pas ! Mais là, franchement, c'est trop abusé ! Je suis sûr que tu l'as fais exprès, tu ne peux pas avoir des goûts de chiotte à ce point ! »
Ils ne criaient pas mais Harry avait imaginé la scène de telle façon que les autres n'étaient que de vagues figurants. Ou que soit Draco, il était obligé de les entendre se disputer.
« Mais qu'est ce que tu en sais que ça va être nul ! Tu n'as jamais vu un film Moldu de ta vie ! Tu ne sais même pas quel genre tu pourrais aimer ! »
« Oui, ben ! J'aurai carrément préféré le film de sciences fictions avec des effets spéciaux tant qu'à faire ! Au moins, la science Moldu m'en aurait, peut-être, mis plein la vue ! »
Ils prirent places vers le milieu de la salle.
Le rideau de l'écran s'ouvrait et une vendeuse passait avec un panier en bandoulière.
« Tu veux quelque chose ? »
« Nan ! »
Harry se leva et alla acheter un cornet de glace à la fraise. Quand il revint Draco boudait en feuilletant un dépliant publicitaire. Il regardait les bandes annonces et les publicités d'un œil morne. Ponctuant chaque scène d'une apostrophe frisant l'insulte.
« Non mais tu as vu cette pub ? La fille jouit rien qu'en croquant dans son magnum ! Même les jumeaux Weasley n'ont pas réussi à inventer un truc pareil ! »
« Dray… » prévint Harry en léchant sa glace.
« Quoi ! »
Des shhhuts intempestifs se déclenchèrent dans toute la salle.
« Oh par Merlin, ils ne vont pas s'y mettre eux aussi ! C'est les publicités ! »
« Ha oui, mais c'est tout un rituel ça. Tu ne peux pas comprendre… Tiens. »
Harry présenta la glace au Serpentard. Celui-ci la considéra d'un œil critique mais la lécha tout de même.
« Tu aimes ? »
« Ouais, ça va. Pas dégueu. »
« Bah, tiens. Prend là. »
Le Serpentard prit la glace et Harry se blottit contre lui, tranquillement. Le blond lui présentait la gourmandise entre deux lapés et le brun croquait le biscuit.
Le vrai Harry toujours debout au fond de la salle retint son souffle. La salle devint sombre et le couple s'embrassait. Il pouvait presque sentir un goût de fraise sur sa langue.
Draco Malfoy était toujours assis en bord de salle, aucun Moldu n'était autour de lui. Il avait pris un peu appuis contre le mur et Harry était sûr et certain qu'il regardait leurs doubles un peu devant lui dans la rangée du milieu s'embraser.
Harry aurait donné cher pour voir son visage en ce moment même mais il ne bougea pas, préférant laisser le blond découvrir seul et relativement tranquille ce qu'il lui avait réservé.
Le film commençait et la salle devint si sombre qu'il ne semblait plus que rester Draco, lui et les chuchotements de leurs doubles, quelque part. Tout le reste avait disparu.
Harry entendit distinctement Draco grommeler sur sa connerie et comme quoi, il allait le payer cher une fois sortie de là. Que plus jamais il ne parierait sur de pareilles choses.
« Tu dis ça à chaque fois, mais c'est toujours toi qui vient me provoquer au final. »
« Peut être. Ben, tu ne m'y reprendras plus. Cette fois, c'est sûr. »
Puis il n'entendit plus rien parce que le film débutait.
Un film où ils étaient les deux héros d'une même vie.
Pour l'heure, l'écran montrait une chambre plongeait dans la pénombre. Ils dormaient dans le même lit, se réveillant lentement.
« Harry… »
Une voix ensommeiller avait résonné.
Seul un grognement lui répondit.
« Ça fait dix minutes que le réveil a sonné. Va nous faire le petit déjeuner… »
« C'est ton tour ce matin. » fit l'autre en ramenant les couvertures sur sa tête.
Draco le redécouvrit.
« Pas question, c'est toi qui ne voulait pas d'elfe de maison, alors assume ! »
« Je suis pas ta boniche. » grogna l'endormi. « On avait dis chacun son tour. »
« Nan ! On avait dis deux fois toi et une fois moi, alors c'est encore à toi d'y aller… Bébé… »
Il y eut un petit silence puis des bruits de draps qui se froissent. La scène ne montrait pas grand-chose tant il faisait sombre mais il n'y avait pas besoin de trop en voir pour comprendre.
Finalement, Harry se leva en enfilant un caleçon. D'un claquement de doigt, les volets se mirent à glisser vers le haut, dévoilant le Londres Moldu.
Draco s'étirait comme un chat encore sous les draps parce que la lumière était trop vive. Il se leva et se dirigea vers la salle de bain. De la musique se mit à retentir.
Quand il sortit, vêtu d'une serviette, et qu'il passa la porte de la cuisine, il trouva le brun aux fourneaux. Il se coula derrière lui, lui enserrant la taille pour le regarder faire.
« Ça sent très bon. »
Harry sourit.
« Je suis un chef. »
« Je n'irai pas jusque là, tout de même. » bougonna le blond.
« Tu es jaloux parce que je suis trop doué et que toi t'es juste bon à faire des infâmes potions. »
« Les infâmes potions t'on bien sauvé la mise hier soir quand on est rentré bourrés. Sans mes infâmes potions, tu serais sans doute évanoui devant les toilettes tout imprégné de ton infâme vomi, alors la ferme. »
Harry sourit, ne disant plus rien. Il servit les œufs, le lard, les pancakes avec la confiture et le sirop d'érable. Draco, toujours derrière lui, le regardait faire.
Ils s'embrassèrent et Harry fit tomber la serviette de ses anches.
« Oups, vraiment confus. » ironisa-t-il en glissant ses mains sur les fesses du blond pour le plaquer contre lui et son maigre caleçon.
« On est déjà en retard et je ne suis ni coiffé, ni habillé. » fit remarquer le blond en prenant un pancake dégoulinant de sirop d'érable.
« Très bien, monsieur Malfoy. Je vais éviter de vous violenter sexuellement dans ce cas. » bouda Harry en s'asseyant sur une chaise.
Quand Draco voulu reprendre sa serviette tombée à terre, Harry la lui vola et la fit disparaitre dans un mouvement rapide.
« Au moins ça ? » supplia-t-il, les yeux humides.
« Pas la peine de me faire ses yeux là. » contra Draco avec un sourire narquois.
Il s'assit en face du brun en écartant les jambes ostensiblement, tout en déjeunant.
Là encore, la scène avait été montrée de telle façon qu'on ne voyait jamais beaucoup de chose. La lueur dans leurs yeux parlait pour eux.
La scène à l'écran se modifia du tout au tout. Maintenant, Harry et Draco était dans la rue, une rue Moldue. D'ailleurs, eux même étaient habillés à la façon de deux jeunes Moldus.
Pour Harry, ça ne changeait pas grand-chose mais Draco était comme transfiguré. Il restait, quoi qu'il en soit, absolument magnifique.
Une personne neutre l'aurait trouvé bien plus beau qu'en réalité. Un Moldu aurait dit que l'objectif faisait des miracles. Mais qu'aurait pu bien dire le vrai Draco en voyant qu'Harry le sublimait ainsi ?
Celui du film, en tout cas, râlait et boudait, pour ne pas changer. Apparemment, il faisait ça plus pour la forme que parce qu'il était réellement excédé.
C'était une sorte de jeu entre eux deux et, quand ils entrèrent dans une supérette, la dimension ludique prit toute son ampleur, comme si faire les courses ensemble était tout ce qu'il avait de plus amusant.
Draco fit même éclater un paquet de chips par la pensé et Harry le foudroya du regard en faisant disparaitre le forfait d'un clignement de paupières.
« Quoi ? » minauda Draco. « Ce n'est pas ma faute si mon outrecuidante puissance se déclenche sans que je ne puisse la contrôler ! »
« Dray… » fit Harry en roulant des yeux. « Toi, ne pas te contrôler ? Pitié… » Il se rapprocha du Serpentard avant de poursuivre tout bas : « Regarde, tu as traumatisé la petite vieille et le mioche t'as vu ! Tu veux juste jouer avec le feu pour que les vigiles nous foutent dehors et tu auras tout gagné ! »
Draco souriait d'une façon tout à fait chafouine.
« Moi ? Allons, R'ry, je ne ferais jamais cela intentionnellement. Je ne souhaite pas attirer l'attention des Obliators sur moi. Tu te rends compte, la presse s'emparerait du scoop et le monde sorcier saurait que je traine chez les Moldus - avec toi, de surcroit ! Ce serait le déshonneur sur mon nom, déshonneur sur mon rang, déshonneur sur ma famille, dé… »
« Ha ça va, ça va ! » le coupa le brun en glissant plusieurs paquets d'apéritifs dans le panier avant de reprendre plus tard avec un petit sourire diabolique : « Je vois clair dans ton jeu, Malfoy : tu cherches simplement un moyen pour que le monde sache pour nous deux ! Que tu es… miiiiignon ! »
Il éclata de rire et Draco se remit à bouder.
« N'importe quoi ! Est-ce que je me cache ? Est-ce que j'ai évité le sujet avec mes amis ? Nan ! Je vais même avec toi voir les belettes alors… »
« Bouh, le menteur ! Tu n'as fait que les entrapercevoir avant de te sauver ! »
« Je les ai salué ! Poliment, en plus ! »
« Et aussi froidement que la banquise, également. » se moqua Harry.
« Viens, toi. Viens avec moi voir Pansy, Mili, Vince, Greg, Blaise, Theo et les autres de Flamel ! On verra si tu fais toujours le fier. »
« Heu… Tu ne penses pas que le jus de pamplemousse est trop acide ? » s'exclama le brun soudainement intéressé par les boissons. « Le jus de pomme est mieux, non ? Qu'en penses-tu ? »
« Le jus de pomme sera parfait… Potter. » ironisa Draco.
Sur la toile du cinéma, le plan se fit sur la main du blond effleurant celle d'Harry, un geste anodin mais qui en disait beaucoup.
Harry, au fond de la salle, eut honte de tous ces détails de mise en scène. Il avait presque envie de tout arrêter et de mettre directement Draco sous oubliette.
C'était forcé qu'il le trouve complètement ridicule ! Qu'est ce qui lui avait pris, bon sang !
Mais il avait tellement envie que ce genre de chose existe entre eux…
Il avait tellement, tellement envie d'aller s'assoir à côté de lui et que ce soit le commencement de tout, que Draco le laisse lui prendre la main et l'embrasser.
Il n'osa pas.
Sur la toile, les Draco et Harry de son esprit s'embrassaient puis se séparaient. Chacun partait de son côté en se disant à ce soir.
Puis, la scène sur l'écran changea encore.
Le décor était de nouveau leur appartement et Harry était assis à l'envers sur une chaise devant une fenêtre du petit salon. Il contemplait l'extérieur d'un regard morne, le nez enfoui entre ses bras croisés. Il affichait l'air du parfait penseur mélancolique et déprimé.
Il sursauta quand le bruit d'une clef dans la porte se fit entendre mais il reprit bien vite son attitude, feintant de n'avoir rien entendu, concentré sur l'extérieur à la lumière déclinante.
Draco entra, plutôt de bonne humeur, et se mit à babiller sur sa journée, râlant tant et plus sur diverses choses en posant son manteau sur une chaise et en se vautrant dans le canapé.
Enfin, il remarqua qu'Harry n'avait pas bougé et il se redressa sur les coudes pour le regarder.
« Mais qu'est-ce que tu as ? Tu me fais la tête ? »
« C'est gentil de remarquer au bout de trois quart d'heure ! » grogna Harry.
« Hé, oh ! Ça fait même pas cinq minutes. » fit Draco en se levant pour se placer derrière le brun qui ne bougeait toujours pas. « Et pourquoi tu m'en veux, au juste ? Que je puisse étoffer ma défense ? »
« Pourquoi tu n'es pas rentré en transplanant ? »
« Quoi ? C'est pour ça ? »
Harry se retourna et le fusilla du regard et Draco répondit, un peu agacé : « C'est toi qui a choisit cet appart' parce qu'il était prés de nos écoles et que tu aimes marcher ! Et j'avais envie de faire un tour avant de rentré. Avoir une sympathique transition entre le boulot et le dodo. Je me suis acheté trois fringues. C'est un crime de faire les magasins ? »
« J'sais pas, tu pestes sans arrêt sur les Moldus et tu fais des petits tours, maintenant. Je trouve ça suspect ! »
« Alors là, j'peux pas le croire ! Tu m'en veux vraiment pour ça ! »
« Non ! » cria Harry en se levant menaçant. « Aujourd'hui, j'étais avec Ron et on est allé à Flamel pour voir Hermione et je pensais te surprendre avec tes amis ! »
« Ha ? » demanda Draco. « On vous a laissé rentrer dans la fac sans carte ? »
« Oui, on a fraudé ! Et je n'ai pas tardé à te trouver ! Mais la surprise a été de taille ! »
« Quoi ? » suspecta Draco.
« Tu avais au moins quinze filles et la moitié de mecs qui te tournait autour et ça n'avait pas du tout l'air de te déranger ! Au contraire ! Comme tu avais l'air de tant t'amuser, je n'ai pas voulu déranger ! » Il se rapprocha de Draco encore plus menaçant et jaloux. « J'ose même pas imaginer ce que tu dois bien pouvoir faire dans cette école de merde lorsque tu ne te plains pas ! »
Draco avait d'abord eut les yeux écarquillés sous la stupéfaction mais il se ressaisit bien vite et se mit à rire au nez d'Harry. Il tenta de le prendre dans ses bras mais le brun le repoussa et s'enfuit dans la chambre où il claqua la porte violement.
Il s'en suivit une scène où Draco tentait d'ouvrir la porte apparemment bloqué.
« Harry, ouvre-moi. »
« Nan. »
« Allez, ouvre. »
« Nan ! »
« Harry, s'il te plaît ! »
« Nan et nan ! »
« Je pourrais faire voler cette porte en éclat ! »
« NAN ! »
« Bon… Puisque tu peux m'entendre, dis-moi ce qu'il change d'avec mon attitude d'avant, à Poudlard ? »
« C'est évident ! Ce qui change ! C'est que je ne suis pas avec toi ! »
« Mais c'est pas ma faute si tu n'es pas assez intelligent pour entrer dans une école d'alchimistes ! »
« DE QUOI ! »
Il y eut une explosion dans la chambre et Draco soupira.
« Qu'est ce que tu as cassé encore ? »
Harry ouvrit la porte avec un air faussement penaud.
« Désolé, c'est le… vase ming tout moche mais d'une valeur inestimable que ta mère t'avait offert à Noel. »
« QUOI ! »
Ce fut au tour d'Harry d'éclater de rire et de se faire pousser par un Draco furax. Dans la chambre, il y avait des éclats brisé mais ce n'était qu'un miroir qui avait explosé. Il lança un sort de réparation et ressortit, la mine brouillée et une main sur le cœur.
« Ne me fais plus jamais une telle peur, R'ry. Ce vase est peut être moche, mais ma mère ferait une syncope si elle pensait que je m'en étais débarrassé. »
Harry prit le blond dans ses bras et l'embrassa avant de redevenir boudeur.
« Pourquoi tu es jaloux comme ça ? Tu n'as pas confiance en moi ? »
Le brun eut un petit haussement de sourcil qui voulait tout dire.
« Tu n'as pas confiance en moi ? » redemanda Draco plus durement en le serrant presque brutalement dans ses bras.
« Ce n'est pas ça… » murmura Harry, honteux. « Mais je suis jaloux quand même. Juste du fait que tu t'amuses avec eux, que tu passes du bon temps avec eux, presque plus de temps avec eux qu'avec moi chaque jour. En plus, le soir t'es même pas pressé de me voir et tu vas faire les magasins Moldus et quand tu rentres, c'est pour râler alors que c'est évident que tu t'es éclaté toute la journée. »
Draco embrassa Harry. Il le quitta et alla chercher un sac qu'il avait laissé dans l'entré et le tendis au brun qui n'avait pas bougé du salon.
« Tiens, regarde ce que j'ai mis tant de temps à acheter. »
Harry ouvrit le sac et sortit un pantalon en jeans bleu délavé « artistiquement » avec pleins de coutures zigzagantes, formant des motifs et des mots. Il y avait même des taches de peintures blanches jetées un peu n'importe comment sur les tissus.
« C'est quoi ce truc ? » demanda Harry perplexe. « On dirait qu'il est déjà usé jusqu'à la corde. Tu vas mettre ça ? »
Draco bouda en croisant les bras.
« Je l'ai acheté pour toi ! »
« Oh ! Heu… C'est très joli, Draco. Merci. »
« C'est bon, j'ai entendu ton cris du cœur. Pas la peine de te rattraper. »
Le blond indiqua encore le sac et Harry sortit avec perplexité un débardeur orange pétant avec des dessins noirs de tatouages tribaux sur toute sa surface.
« Hum… fameux ! » se moqua le Griffondor. « J'adore le orange fluo. »
« Hey ! Ce n'est pas fluo ! Essaye, pour voir ? »
Harry se déshabilla et enfila les vêtements. Il se regarda dans un miroir et fut forcé de constaté que l'ensemble lui allait à ravir.
« C'est un peu trop moulant en haut. Ce n'est pas mon genre mais ça va vraiment bien ensemble. »
« Le principe des couleurs complémentaire, tu connais ? »
Harry s'accroupit et regarda ses fesses.
« Wooh, c'est serré ! Regarde, on me verrait franchement la raie du cul, quand je me baisse comme ça, si je n'avais pas mon caleçon ! »
« Je vois ça. » apprécia Draco en souriant. « Tu viens ? »
Harry s'approcha et il lui prit ses lunettes pour les métamorphoser en lunettes de soleil très classe.
« La touche finale. » dit-il en les replaçant sur le nez d'Harry.
« Je fais vraiment fashioun victime comme ça. » râla le brun en se mirant dans le miroir. « Tu veux peut être me coiffer à la wanegen, aussi ? »
« Mais Harry, tu as déjà une coupe déstructurée de folie. Y'a rien à toucher de ce côté-là. » murmura Draco en salivant, visiblement.
Harry se prêta au jeu et le snoba de derrière ses lunettes teintées. Il prit une voix pédante et sûr de lui à outrance. Un parfait p'tit trou du cul qui se la pète et cela finit sur le canapé par un enchevêtrement de membres, par des baisers mouillés et des murmures salaces. Apparemment, il n'était plus question de se disputer.
« Tu veux qu'je garde mes lunettes ? » demanda Harry en déshabillant Draco dans des gestes précipités.
« J'm'en tape. » grogna le blond en lui arrachant le fameux débardeur moulant.
Ils faisaient l'amour, mais ça ne se voyait pas. Ça se comprenait.
Ils étaient nus, mais Harry l'avait imaginé de telle façon que rien ne se voyait, tout était suggéré.
Même quand ils s'étaient levés pour se rendre dans la chambre, seul leurs baisers et leurs caresses avaient été visibles. Une porte qu'on ouvre dans la précipitation, des bruits de tissus et de peaux qui s'effleurent, des chuchotements s'étaient fait entendre, mais pas plus.
Les plans étaient trop rapprochés sur certaines parties de leurs corps à peine recouverts par les draps du lit. Et ça bougeait, ondulait, grognait, mais pas plus.
Tout ce qu'on comprenait, c'est que Draco pénétrait Harry sous lui, qu'ils prenaient leurs pieds tout les deux et qu'ils s'aimaient, simplement. Et c'était suffisant.
« J'ai faim. » murmura Harry, bien plus tard alors qu'ils étaient somnolant après le sexe. « Et soif, aussi. »
« Si on avait un elfe de maison, » grogna Draco avec une voix enrouée et ensommeillée. « Il te ferai apparaitre tout ce que tu veux sur la table de chevet avant même que tu n'y penses. »
« J'veux pas d'elfe de maison. Hermione me tuerait et le seul que je connaisse qui ferait ça pour un salaire est complètement invivable. »
« Alors bouge tes fesses, va te chercher c'que tu veux et laisse moi dormir. »
« Mais j'ai siiiii mal aux fesses ! » gémit Harry.
Draco soupira et se leva. Il enfila son caleçon et partir vers la cuisine sans même allumer les lumières. L'appartement était plongé dans l'obscurité à présent et quand il ouvrit le frigidaire, une lumière électrique éclaira ses abdominaux.
Il se servit un verre de jus de pomme qu'il but d'une traite puis il le remplit à nouveau pour Harry.
Quand il retourna dans le salon, il trouva le brun enroulé dans la couette sur le canapé en train de zapper pour regarder ce qu'il y avait d'intéressant à la télévision.
« Tiens. Tu veux quoi à manger ? »
« J'veux un bol de céréales avec du lait froid ! » piaula Harry comme s'il était un chaton affamé, les yeux humides et implorants.
Draco se tourna en souriant, il avait l'air de bien aimer son chaton. Il remplit un bol de pétales de maïs glacé au sucre puis versa du lait froid et le lui porta.
« Merci. »
« De rien. »
Le Serpentard se pelotonna contre Harry avec un livre qu'il lisait à la lumière d'une petite boule lumineuse flottant près de lui.
Le blond tentait de s'intéresser au film que regardait le Griffondor mais bien vite il retournait à son livre de cours.
Enfin, ils s'endormirent tous les deux sur le canapé et même la boule ensorcelée se posa sur le sol et s'éteint. Seul les lumières de la ville éclairaient encore un tant soit peu la scène dans un halo verdâtre.
Harry au fond de la salle reteint son souffle. La partie où il se dévoilait le plus allait débuter.
Sur la toile, le film changeait du tout au tout.
L'atmosphère, tout.
C'était un cauchemar, le cauchemar d'Harry. On ne le voyait pas mais on l'entendait parler. L'objectif était plaçait de telle façon que l'on voyait ce qu'il voyait.
« Arrête ! » hurlait-il. « ARRÊTE ! »
Il y avait un grand, un immense feu. Tout le reste était noir et menaçant. Draco, devant lui, jetait des choses dans les flammes. Des objets explosaient et rependaient une brume argent et rougeoyante. Des feuilles couvertes d'illustrations colorées se racornissaient puis s'envolaient comme autant de feuilles mortes.
Le blond avait le visage déformé par la haine. C'était comme s'il détestait toute chose, Harry, lui-même, ce qu'il faisait et ce qu'il détruisait. Tout !
Il était l'allégorie de la haine.
Un vif d'or les ailes enflammées sortit du brasier et s'enfuit à tire d'ailes, incendiant la forêt noire autour d'eux. Tout devint encore plus rouge et crépitant.
« ARRÊTE ! Ça ne sert à rien de tout détruire ! A RIEN ! » criait Harry.
Sa main jaillit du hors champs pour sauver une fiole encore intacte des flammes mais Draco le fit tomber en arrière et écrasa sa chaussure sur sa main.
Il y eut un bruit de cassure, une déchirure et un hurlement de douleur.
Le blond sortit tel un démon des vapeurs rouges d'un enfer et l'attrapa par les vêtements pour le remettre sur pied en l'attirant à lui. Il ouvrit la main d'Harry de force alors qu'il gémissait de douleur. Il y avait des bouts de verre plantés dans la chair d'où coulait du sang et un liquide argent.
Rouge et argent… comme le gros plan des yeux haineux de Draco à la lumière des flammes qui le regardait sur un écran large de plus de douze mètres.
« Retiens bien ce que je vais te dire, Potter. » résonna sa voix empreinte d'une rage sourde de menace. « Il n'y a absolument rien entre nous. Il n'y aura jamais rien. »
Il lui attrapa son bras blessé et le projeta dans les flammes.
Un éclat de rire dément se mêla à des hurlements déchirants.
Harry, du fond de la salle, regardait Draco et il lui sembla le voir tressaillir et s'enfoncer dans son siège.
Réveilles-toi…
« Harry, réveilles-toi ! »
La scène était revenue sur le salon de leur appartement.
Draco remuait un Harry gémissant pour le réveiller.
Quand ce fut fait, il le prit dans ses bras pour le rassurer.
« C'est rien, c'était juste un mauvais rêve. C'est fini. »
Harry essuya ses larmes et reprit une respiration calme. Draco voulu se détacher de lui mais il le retint dans ses bras.
« Je voulais juste te chercher à boire. » se justifia le blond.
Le brun acquiesça et le laissa aller à la cuisine.
« Tu as rêvé de… Tu-Sais-Qui ? »
Harry ne dit rien, mais fit signe que oui au bout d'un moment. Il se prit la tête dans les mains en délaissant le verre qu'il venait de vider d'une traite et ferma les yeux très forts. Draco le consola avec encore plus d'attention.
« Tu viens ? On va dans le lit ? » demanda-t-il, finalement.
« J'ai plus envie de dormir. » fit Harry avec une voix rauque, comme brûlée par son cauchemar.
« Qu'est-ce que tu veux faire ? » demanda l'autre.
« Je veux voler. Tu veux venir avec moi ? »
« Maintenant ? » râla le blond.
Harry acquiesça, déterminé et encore tout retourné par son mauvais rêve.
Draco sourit, titillé par le défi, et les deux garçons s'habillèrent rapidement. Harry remit les vêtements qu'il avait reçu plus tôt dans la journée.
Ils prirent chacun leur balai et montèrent sur le toit par un vasistas.
Draco tenait quelque chose dans sa main. Il souriait à Harry qui avait retrouvé une lueur amusée dans ses yeux.
Le brun tendit ses lunettes noires à Draco qui mit fin à la métamorphose.
« Tu es prêt ? » demanda le blond.
Harry acquiesça. Ils regardaient la ville s'étendre devant eux, savant mélange de toitures éclairé par la lune et de lumières électriques.
Draco tendit le bras devant lui et l'écran montrait maintenant sa main qui s'ouvrait lentement, dévoilant un vif d'or roussi qui déployait deux longues ailes brulées.
Le vif fit vrombir ses petites ailes et partit à toute allure vers le ciel.
Draco et Harry le suivirent de peu sur leurs balais.
Il s'en suivit une multitude d'acrobaties. Elles semblaient lentes vue de loin.
Quelques Moldus couche-tard levaient la tête vers le ciel en apercevant deux gros points noirs qui se poursuivaient l'un l'autre en s'entremêlant.
On aurait dit un combat ou une cour amoureuse entre deux grands oiseaux de proies. Ils montaient toujours plus haut et disparaissaient derrière les nuages.
Draco attrapa le bras d'Harry et l'obligea à ralentir sa course.
Il lui prit le visage dans ses mains et l'embrassa doucement.
Le vif d'or vint les narguer en tournant autour d'eux mais Harry le chassa en rendant son baiser au Serpentard.
« Ça va ? » demanda Draco.
Harry acquiesça et approfondi le baiser en s'accrochant à lui, presque désespérément.
« On rentre ? »
« Oui. »
« Le premier arrivé ! » s'écria Draco en faisant effectuer un fulgurant demi-tour en épingle à son balai.
« Draco ! » cria Harry, stoppant le blond dans sa course.
« Quoi ? » fit-il, presque inquiet.
Le brun se rapprocha et lui murmura trois petits mots au creux de l'oreille avant de lui voler un léger baiser et de partir au maximum de la vitesse de son balai suivi de près par le vif d'or un peu déréglé d'agir ainsi.
Draco ne bougea, songeur.
« C'est de la triche. » souffla-t-il avant de partir, lui aussi, aussi vite que le lui permettait son balai.
Que c'était guimauve…
Harry avait trop honte de lui. Il pensa à s'extraire de la pensine et même pas trois secondes plus tard, il contemplait la vasque ou tournoyait l'image trouble d'une salle de cinéma.
Le film était fini, Draco devait maintenant voir leurs doubles sortir de la salle en se chamaillant comme à leur habitude – seulement dans sa tête !
Tout devait redevenir noir comme le néant.
Peut être avait-il remarqué qu'il était seul, ou alors attendait-il sa venue ?
Harry sortit sa baguette et jeta un finite incantatem sur le corps évanoui de Draco.
Il le vit tressaillir. Il avait du comprendre qu'il pouvait sortir quand il voulait.
Harry resta assis et attendit. Une ou deux minutes s'écoulèrent avant que les mains de Draco tressaillent et prennent appuis sur la table.
Son visage se souleva hors de la pensine et son regard se posa sur lui, sans détour.
Harry retint son souffle, complètement paniqué par la future réaction du blond.
Mais l'accès de fureur ne vint pas.
Draco fouilla ses poches et trouva sa baguette à sa place, mais il ne la prit pas. Se remettant, à la place, à dévisager le brun, devant lui.
« Bon… » commença le Griffondor en se raclant la gorge, mal à l'aise. « Dis quelque chose ! C'est à toi de parler maintenant. »
« Je n'ai rien demandé. » fit remarquer Draco d'une voix atone.
Harry remarqua qu'il cachait ses mains sous la table et qu'il avait l'air d'avoir du mal à garder son calme, pourtant il n'avait pas l'air énervé.
Peut être avait-il réussit à le toucher, finalement ?
« Je sais que tu n'as rien demandé, que tu ne veux rien de moi… Mais je voulais te montrer ça, qu'entre nous ça pourrait être comme ça. Est-ce que ça ne te fait pas envie ? »
Draco ferma les yeux et les rouvrit un peu plus tard.
« Je crois que ça ferait envie à n'importe qui. » concéda-t-il avant de se rattraper vivement. « Mais ce n'est pas possible que ce soit comme ça entre nous. »
« Mais pourquoi ? Tu n'en sais rien ! Tu n'as pas envie de nous donner une simple et minuscule chance ? »
« Tu ne sais pas ce que tu me demandes. » fit le blond avec une voix un peu plus tremblante.
« Explique-moi ! Je t'écoute. »
Draco s'apprêta à dire quelque chose mais il se retint.
« S'il te plaît. » l'encouragea Harry.
Il se pencha en avant et avança ses mains sous la table pour se saisir de celle du Serpentard.
Le blond se leva brusquement comme s'il avait été brulé à vif. Le Griffondor se leva, lui aussi, et le rattrapa par les bras avant qu'il ne prenne la fuite. Draco se débâtit.
« Je t'aime ! » lui cria Harry. « Tu entends : Je t'aime ! Pourquoi ça ne serait pas possible ! Je vois bien que toi aussi tu as des sentiments ! »
Draco gémit. Il tenta de ricaner mais son rire se termina presque en sanglot. Il finit par arrêter de se débattre et Harry l'embrassa, appuyant ses lèvres brulantes de désirs contre les siennes. Mais le blond se laissa faire, trop faire.
Harry emporté par la passion le prit dans ses bras et commença à le caresser avec tendresse et à lui mordiller la lèvre inferieure quand il remarqua enfin que le blond n'opposait plus aucune résistance, qu'il fermait les yeux et se laissait simplement faire.
Cette constatation doucha Harry qui se détacha vivement de lui.
« Qu'est ce que tu as ? » demanda-t-il alarmé. Il n'avait jamais vu le blond perdre sa combativité.
« Fais de moi ce que tu veux. » murmura le Serpentard d'une toute petite voix. Il fermait encore les yeux.
« Quoi ! » s'exclama Harry horrifié.
« Prend ce que tu veux de moi et laisse-moi enfin en paix. »
« Comment peux-tu dire ça ! » s'écria le Griffondor, blessé, à vif. « Comment peux-tu dire ça après ce que je t'ai montré ! »
Il fit demi-tour et s'apprêta à partir furieux. Avant de fermer la porte, il s'arrêta et gronda d'une voix sourde : « Trouillard ! Sache que ce n'est pas dans mon lit que je te veux, Draco. C'est dans ma vie ! »
Il se retourna vers le blond qui le regardait partir, les bras ballant.
« Je t'aime et j'espère que tu l'as vraiment compris ! Parce que c'était la dernière fois que je m'acharnais à te le faire concevoir pour au final ne me prendre que ton mépris dans la gueule ! Maintenant, tu n'as qu'à détruire ça aussi ! Fais-le si ça te chante ! Tu es déjà sur la bonne voie ! »
Il claqua la porte, laissant Draco sciemment avec la pensine.
Le Serpentard resta pétrifié pendant deux bonnes minutes avant de revenir vers la vasque. Il s'effondra dans la chaise qu'il avait occupé plus tôt et enfoui son visage dans ses bras, faisant tourner ses pensées à cent à l'heure.
Harry, dans la salle commune des Griffondors, contemplait la petite étiquette portant le nom de Draco Malfoy.
Depuis des heures, elle avait à peine bougée, errant dans la même petite salle mais revenant sans cesse au même endroit.
Il priait en la regardant pour que Draco veuille bien leur donner une chance.
Le Survivant s'endormit ainsi, complètement épuisé d'avoir trop pleuré, trop espéré. Les Griffondors matinaux le trouvèrent roulé en boule dans son fauteuil, près de la cheminée.
Personne ne savait que Draco, lui aussi, s'était endormi, anéanti, sur sa chaise à force de trop se torturer les méninges.
A suivre…
NDA : Ce fut un chapitre vraiment difficile à écrire mais j'espère avoir réussi à bien rendre ce que je voulais faire passer dans les scènes imaginées par Harry et par l'attitude de Draco. J'ai bloqué pendant deux semaines, presque, sur ce long chapitre. Alors j'espère qu'il est à la hauteur de vos attentes. Niaaaaa !
J'attends vos reviews avec impatience !
Gros bisous !
Levia
PS : Merci beaucoup à toi, Camille-Miko, pour ta superbe bêtalecture ! J'espère que notre collaboration sera longue et fructueuse car tu fais vraiment du beau travail ! J'espère apprendre à mieux écrire à tes côtés !
