Couple d'Auteurs : Levia et Jashou (enfin à la base, parce que je reste seule maintenant, bouh !)

Bêta : Sinelune ( la plus belle de toutes ! )

Rating : M.

Résumé : Draco a détruit par le feu toute sa précieuse collection. Mais Harry est bien décidé à tenter le tout pour le tout… une dernière chance. Il force Draco à voir ses rêves de couple dans une pensine, mais le plan semble ne pas vraiment fonctionner – Draco semble ébranlé mais ne cède pas. Que va-t-il se passer ? Vous le saurez en lisant ce tout dernier chapitre de Chimeria Obsessional ! Yeah !

Chimeria obsessional

Chapitre 6 : Une discussion civilisée…

Draco restait allongé sur le dos à fixer le dais de son lit à baldaquin, l'esprit dans le vague. Depuis quelques jours, il était comme ça, dans le cirage. Il tentait de le dissimuler, mais il se doutait d'y avoir du mal…

Pour l'heure, il avait posé, sur son ventre, un livre ouvert, à l'envers. Il en retenait une page au hasard, avec son pouce, et cela faisait bien deux heures qu'il n'y avait pas jeté un coup d'œil, ne faisant même plus semblant de tourner les pages.

De temps en temps, il grognait, ou soupirait, se levait et faisait deux trois pas dans la chambre comme s'il allait en sortir pour prendre l'air. Il se ravisait aussitôt, faisant alors mine de fouiller dans ses affaires pour y trouver un truc quelconque et revenait à son lit.

Ses amis n'étaient bien sûr pas dupes de son manège, pourtant ils ne lui disaient rien, le laissant tranquille, comprenant bien que, lorsqu'une personne était dans cet état de stress permanent, il ne fallait logiquement pas la faire chier.

Et donc, ils ne s'y frottaient pas, lui foutant une paix royale.

A un moment, Pansy vint taper discrètement à la porte mais elle ne demanda même pas si Draco allait l'accompagner dans la ronde nuit, propre aux préfets. Il était évident, vu la tête qu'il tirait, que ce soir aussi, il ne viendrait pas…

Pourtant… lorsqu'il fit nuit noire, que minuit avait sonné depuis longtemps et que tous dormaient, Draco sortit du dortoir silencieusement. Pas pour faire une ronde de nuit, non. Mais parce qu'il avait une idée bien précise derrière la tête.

Il se dirigea dans les couloirs en priant pour que Potter le laisse tranquille, comme il le lui avait affirmé la dernière fois qu'il l'avait vu, seul à seul, dans la salle de classe abandonnée.

Derrière une vieille tapisserie représentant la dame du lac marchant sur les eaux, il y avait un passage secret qui le menait hors de Poudlard, près du lac, là où les rives était accidentée, près de la forêt interdite, là où il avait donné rendez-vous à Potter, une fois…

C'était exactement là où il voulait aller.

Lorsqu'il fut finalement à l'air libre, il respira enfin correctement.

Une petite brise soulevait ses mèches de cheveux blonds comme un voile léger et ses yeux brillaient d'une étrange lueur pâle sous la lune.

Il marchait dans l'herbe, le temps était doux. Il semblait chercher quelque chose et il le découvrit enfin au bout d'un petit moment.

Un rond de cendres noires, dans l'herbes calcinés, on n'y voyait que terre et choses fondues diverses.

Il resta là pendant un instant à le contempler, debout, bien camper sur ses deux jambes.

Si une personne quelconque l'avait regardé, jamais il n'aurait pu dire ce que Draco pensait en cet instant, pourtant, il y aurait à dire ! Les pensées se bousculaient en son esprit, comme elles le faisaient perpétuellement depuis quelques semaines…

Enfin, le jeune homme tourna son beau visage mystérieux, ainsi dans l'obscurité, vers la rangée d'arbres noirs de la forêt interdite et se dirigea vers elle…

OoOoO

Personne ne sut pourquoi, le lendemain matin, Draco avait changé subtilement de comportement. Pas qu'il n'était plus stressé, le stress chez lui était permanent, mais il se manifestait plus ou moins violemment, c'est-à-dire qu'il le dissimulait plus ou moins bien, s'acharnant plus ou moins sur son entourage et ses souffres douleurs.

Ce matin-là, donc, les amis de Draco comprirent qu'il avait cessé d'être dans sa période : je me pose cent mille questions, je les tourne, les retourne dans ma tête en cherchant une solution à mon problème ô combien compliqué, à présent, il était clair qu'il avait pris une décision et qu'il était dans sa phase : je vais mettre à exécution mon superbe plan foireux, oui foireux, car il ne semblait vraiment pas sûr de lui, ni fier, la preuve était qu'il était tellement secret à propos de ce qui le tracassait, et le mot était faible. Il restait depuis des semaines sans cesse calfeutré dans son dortoir, refusant tout net de sortir des chemins battus et des jupes de Gregory et Vincent, ces cerbères personnels.

Si la guerre n'était pas finie depuis longtemps, ses amis auraient pensés qu'il avait de grave problème de ce côté-là, qu'on le faisait chanter ou autre, mais à présent, ils n'arrivaient tout simplement pas à comprendre, à entrevoir ce qui pouvait bien le mettre dans cet état.

Quoiqu'il en soit, cela était sur le point de s'arranger, puisque Draco semblait tout à fait prêt à faire quelque chose. Quoi ? Ils ne savaient pas, bien sûr…

Il y avait quelques semaines, la même chose s'était produite mais le préfet en chef avait ensuite régressé plus encore.

Quand ils y réfléchissaient, tous s'accordaient sur un point, sans pour autant bien en comprendre les tenants et les aboutissants : Potter n'était pas étranger au nouveau comportement lunatique de Draco.

Voilà pourquoi ils ne lui posaient encore moins de question, tous savaient que Draco était un peu spécial vis-à-vis de Potter, il ne valait mieux pas lui en parler sous peine de déclencher l'une de ses célèbres fureurs empreintes de rages et de jalousie et de… tous les sentiments malsains qu'était capable de ressentir un homme à l'égard d'un autre homme…

Ils se contentaient d'observer de loin, lui prêtant main forte ou une oreille attentive, mais seulement quand il le désirait, voilà tout.

Et pour l'heure, Draco n'avait aucunement besoin d'eux.

Le jeune homme n'allait pas en cours avec Potter très souvent, mais il leur arrivait de se croiser dans les couloirs de façon plus ou moins normale, sans l'avoir véritablement provoqué, sans l'avoir non plus évité.

Ce fut le cas cette fois-ci, juste après le petit déjeuner.

Draco, Pansy allait en cours d'arithmancie, Hermione Granger également, aussi il n'était pas étonnant que le trio leur emboîte le pas, presque comme s'ils étaient amis, tous ensemble - ce qu'ils ne seraient jamais, au grand jamais !

Draco jeta un regard quasiment imperceptible vers son ennemi de Griffondor.

Harry rougit à peine, et comme si de rien n'était, ils continuèrent à marcher dans le couloir.

Draco glissa une main dans sa poche et en ressortit un tout petit bout de papier plié et replié moult fois. Il le tenait entre ses doigts, nonchalamment, et Harry lui effleura la main, sans même le regarder, il le prit avant de bifurquer vers d'autres escaliers avec Ron.

OoOoO

Les deux Griffondors grimpaient les escaliers, silencieusement depuis une minute.

Harry ne cessait de triturer le message dans sa poche, se demandant quand il pourrait le lire tranquillement, retardant l'échéance.

« J'ai rêvé ou Malfoy t'a passé quelque chose ? » demanda finalement Ron après s'être assuré que personne n'était dans les parages.

« C'était si flagrant ? » fit Harry, gêné.

« Non, non, t'inquiète pas. C'est juste que je regardais ce que vous alliez faire, c'est tellement rare quand vous vous croisez, maintenant, que c'est forcement pour une raison bien précise. »

Harry acquiesça avant de murmurer : « J'espère juste que tout le monde ne pense pas comme toi. »

Ron se mit à rire : « Désolé mec, mais y'a des chances. Et qu'est-ce que c'est au fait ? »

Harry se rembrunit mais déplia tout de même le papier devant Ron, le dissimulant à peine.

Rendez-vous au cercle de cendres, même heure que d'habitude.

« Holala, je crains le pire. » gémit Harry en montrant le mot à Ron. « S'il a choisit le même endroit, ça veut dire que je vais autant en endurer, non ? »

« Heu… » commença Ron, hésitant. « Franchement, je n'en sais rien du tout. Je ne crois pas que ça veuille forcement dire ça… »

Harry soupira en reprenant le mot pour le contempler tristement. Il haussa les épaules.

« De toute façon, il faut bien clore cette histoire d'une manière ou d'une autre… »

« Ouais… » fit le rouquin, ne sachant qu'ajouter à part une petite tape sur l'épaule de son ami. « En tout cas, plus jamais je ne penserai que les homos ont de la chance. »

« Hein ? Quel est le rapport ? »

« Bah, les filles… Je me disais qu'elles étaient compliquées et prise de tête mais comparé à Malfoy et toi, ça va comme sur des roulettes, haha ! »

« Ha, ouais… Pff… Moi aussi je pensais ça, avant. Y'a bien que les hétéros pour penser une telle connerie. Enfin… on ne peut pas vraiment dire que je sois véritablement homo, j'ai encore jamais rien fait avec un mec, à part en pensée… »

Ron pouffa mais s'arrêta vite fait devant l'air malheureux du Survivant. Il aurait voulu lui dire que ça s'arrangerait mais rien n'était moins sûr, alors il se tut tandis qu'ils montaient tous deux les escaliers vers leurs cours renforcés de défense contre les forces du mal.

OoOoO

Si la journée ne fut pas très intéressante à décrire, elle resta pour le moins stressante, douloureuse et beaucoup, beaucoup trop longue pour les deux jeunes hommes qui ne souhaitaient qu'une chose, qu'elle prenne fin.

Le soir vint, puis la nuit.

Harry et Draco ne se préparaient pas comme pour aller à un rendez-vous galant, loin de là. Harry ne tenta même pas de se coiffer, et mit un point d'honneur à mettre l'un de ses pires vieux jean's troués et élimés.

Ce fut lui qui arriva en premier au cercle de cendres, comme l'avait poétiquement décrit Draco.

Pff, celui là, alors… pensa-t-il en observant les choses brûlés à demi enfouis dans la terre, exactement comme Draco l'avait fait la veille, sans qu'il ne le sache.

Il foula la cendre du pied, les mains dans les poches et s'éloigna d'une dizaine de mètres pour s'allonger dans l'herbe, les bras derrière la tête, une jambe croisée posée sur l'autre, un brin d'herbe dans la bouche, les yeux rivés sur le lac.

Quelques minutes plus tard, il entendit des bruits de pas légers.

Il ne se redressa pas, ne fit même pas mine de l'avoir entendu approcher.

Draco s'arrêta à côté de lui, Harry tourna à peine la tête et le vit le surplomber de toute sa hauteur, tout de noir vêtu, les mains dans les poches, le visage et les cheveux si pâles ainsi dans le noir.

Le jeune homme blond tourna lentement son visage vers lui et leurs regards se croisèrent.

Harry en eut le souffle coupé tellement il trouvait les yeux de Draco époustouflant, ainsi, si pâle dans la pénombre - mais de toute façon, qu'aurait-il pu bien dire ?

Il jeta simplement son brin d'herbe mâchouillé.

Draco détourna son magnifique regard et s'assit juste à côté de lui, faisant face au lac également.

Pendant de longues minutes, aucun des deux ne parla et Harry était presque certain qu'on pouvait entendre les battements effrénés de son cœur à mille lieux à la ronde - ce qu'il ne savait pas, c'est que Draco pensait à peu de chose près la même chose.

Ce fut le blond qui enfin rompit le silence en froissant ses vêtements, fouillant dans ses poches.

Il sortit une pensine miniaturisée et la tendit à Harry.

« Tiens… »

Harry la prit et la fourra dans sa poche.

« Et le… Et ma pensée ? »

« Je l'ai détruite. » mentit le vil Serpent.

« Ho… » fit Harry. « C'est ce qu'il y avait de mieux à faire… »

Draco acquiesça, sachant que jamais il ne pourrait détruire la fiole.

Le Griffondor se racla la gorge et reprit abruptement : « Et, alors… Tu m'as demandé de venir pour ne rien dire du tout ? »

Le blond soupira et Harry eut l'impression de voir un léger sourire fleurir sur ses lèvres. Comme le visage de Draco était tourné vers le lac, il ne savait dire s'il était dans le vrai ou non, mais cela le mit légèrement mal à l'aise.

« Il me faut du courage, je n'ai pas l'habitude… » fit le Serpentard. Il soupira encore et dit plus fermement : « C'est de ta faute, tu ne comprends rien à rien. J'ai essayé de te faire comprendre les choses par la manière forte mais ça n'a rien donné, alors je tente la manière douce, on va discuter. »

Harry restait complètement interloqué. Une discussion, c'est ça qui allait suivre ? Il ne savait pas s'il devait être rassuré ou non. C'était une grande première pour eux…

« Enfin… » reprit Draco. « Avant toute chose, je voudrais comprendre, moi… »

Il y eut un léger temps de silence qu'Harry interrompit : « Comprendre quoi ? »

Les yeux gris se tournèrent impérieusement vers lui.

« Comment tu peux m'aimer ? Sincèrement… comment tu peux être tombé amoureux d'un sale type comme moi ? Avec toutes les crasses que je t'ai faites ? Tu es maso, Potter ? Ou bien tu es con, au choix… »

« Mais… » bégaya Harry. « Je ne sais pas… Je me dis que sur ce plan là, on est à égalité, moi aussi je ne loupais jamais une occasion de te faire une crasse. Et puis c'est comme ça. Je t'ai juste regardé différemment, un jour, et c'était là, voilà tout… »

« Voilà tout ? » reprit Draco en plissant ses yeux d'une manière qui ne disait rien qui vaille au Griffondor. « Non, ce n'est pas tout et non ce n'est pas si simple. Est-ce que tu te rends compte de ce qui a déclenché toute cette merde ? »

« Toute cette merde… » maugréa le brun, agacé.

« Quoi ? Ne me dit pas que tu n'aurais pas préféré que je ne te vole jamais ton balai ? »

Harry haussa des épaules : « Et ben, non. »

« Pff… » soupira le blond. « Et bien, moi oui. Ce qui est fait est fait, mais je m'en mords les doigts, et plutôt deux fois qu'une… »

« Je ne vois pas ce qui te prends tant la tête, puisque pour toi, il n'y a pas moyen. Tu n'as qu'à laisser toute cette merde, comme tu dis, de côté et arrêter de te perdre en explications. Tu oublieras… Voilà. »

Harry s'apprêtait à se lever pour s'en aller, mais Draco le retint fermement d'une main.

« Assieds-toi. » ordonna-t-il.

Le Survivant retira brusquement son bras mais se rallongea tout de même dans l'herbe avec une arrogance nonchalante.

« Potter… » reprit Draco, très sérieusement. « Réponds à ma question, est-ce que tu te rends vraiment compte du… facteur déclencheur ? »

« Oui. » répondit l'autre.

« Non, je ne crois pas. Potter… Ce que tu as vu… C'était avilissant, sale, terriblement honteux… » En disant cela, Draco se recroquevillait imperceptiblement sur lui-même, dardant furieusement son regard sur le lac, rougissant un peu. S'il avait honte, cela se voyait plus dans son attitude que dans ses mots. Harry eut pitié de lui à le voir dans cet état. Il voulut lui dire quelque chose, n'importe quoi pour le réconforter mais Draco reprit fermement : « Et c'est ce qui t'a fait changer d'avis sur mon compte, ces… choses... C'est grâce à elles que tu en viens à souhaiter fonder une véritable relation… avec moi ? Tu ne vois pas le léger problème dans toute cette histoire ? »

« Je ne trouvais pas ça si avilissant. Juste… excitant et tordu… mais pas dans un sens tellement plus négatif que d'habitude. Je savais déjà que tu étais une espèce de tordu. » Draco émit un grognement mais Harry poursuivit : « C'était la première fois de ma vie que je te mettais dans le même panier que le sexe et… j'étais en plus dans le tas… ça m'a excité, et puis… voilà… »

Draco ne dit rien pendant un moment, ne tourna même pas le visage vers lui, rien.

Enfin, il dit : « Bon… Je crois que je peux comprendre, sur ce point. Que tu ais été excité, ok. Mais quant aux sentiments, là je ne comprends toujours pas. Ce n'était pas moi dans ces… dans la pensine. Et ce n'était pas toi non plus. Tu ne sais pas qui je suis vraiment, à part une espèce de tordu. Comment peux-tu être tombé amoureux de moi ? »

« Mais t'es chiant, à la fin ! » s'exclama le Griffondor. « Tu ne sais pas que ce genre de chose ne s'explique pas ? C'est comme ça et puis c'est tout ! » Draco voulu le couper, la discussion semblait vouloir s'envenimer, mais Harry l'en empêcha, continuant sur sa lancée : « Et toi, si tu es là, à avoir une discussion civilisée avec moi, c'est qu'il y a aussi quelque chose qui t'a fait changer d'avis, non ? Et cette chose, ça ne serait pas une autre espèce d'illusion ? »

Cela eut pour effet de calmer complètement la fureur naissante du Serpentard.

Un autre silence s'installa entre eux.

« En effet… » concéda le blond dans un murmure presque inaudible.

« Alors… » reprit Harry bien plus doux. « Pourquoi tu ne veux pas admettre que j'ai changé d'avis face à tes illusions à toi ? »

« Parce qu'elles me dégoûtent… » gémit l'autre tristement. « Qu'elles me font peur tant elles sont abjectes. »

Harry le regardait et il le trouvait encore plus renfermé sur lui-même que peu avant, les bras encerclant ses genoux, le menton posé sur eux.

Le brun n'avait qu'une envie, c'était de le prendre dans ses bras, de l'allonger dans l'herbe à côté de lui et de le réconforter.

Il était sur le point de le faire lorsque Draco se remit à parler : « Ecoute… Je crois que je peux aussi admettre que tu puisses sincèrement m'aimer. Honnêtement, j'en doute, mais je peux l'admettre, le pourquoi, on s'en fiche. Comme tu dis, ça ne s'explique pas… Mais alors, je dois te dire que tu ne devrais pas m'aimer, sincèrement… »

« Pourquoi tu dis ça ? Tu t'en crois indigne ? »

« Là n'est pas la question. » pesta le blond. « C'est juste entre toi et moi qu'il y a un problème. Ce n'est simplement pas possible… »

« Pourquoi ? » murmura Harry. C'était à son tour d'avoir une voix tremblante et pitoyable.

« Parce que… » tenta Draco. « Parce que je… » Il déglutie.

« On dirait que tu t'apprêtes à m'annoncer un terrible secret, genre : je suis ton frère caché. » plaisanta tristement Harry.

« Ha… ha… Non… Mais je crois que je préfèrerais... »

« C'est quoi alors ? C'est à cause de ta famille ? »

« Non, non plus… » Draco haussa des épaules. « Ce n'est de la faute de personne, juste moi… c'est moi, le problème… »

« Ben dis ! » s'écria presque Harry, faisant sursauter Draco.

Le Serpentard prit une longue inspiration et débita : « Je suis… maladivement, désespérément et littéralement obsédé par ta personne, depuis toujours, vraiment… depuis toujours. Je peux te l'assurer, ça n'a rien de marrant. Je suis… comment dire… le pire de tes fans… le pire… je pourrais tuer, tu comprends ? Je pourrais tuer juste pour une photo, un article de journal ancien, un objet t'ayant appartenu, pour moi, c'est collector… je… c'est nul… Je suis nul… »

« Quoi ? » bégaya Harry.

« Est-ce que tu comprends ? Pour moi, tu es l'égal d'un Dieu vivant sur terre ! Chaque chose que tu touches, même si tu ne fais que le fouler du pied…, tu le transformes en or ! A mes yeux, chaque chose que tu fais, c'est... » Il reprit son souffle et ferma les yeux très fort avant de reprendre en essayant de se calmer : « Heureusement que tu es un gentil petit Griffondor parce que… Holala… Imagine que tu sois devenu un Grand Mage Noir, histoire de prendre la relève à la suite de Lord Voldemort, je me serais probablement roulé dans la poussière à tes pieds et j'en aurais été le plus heureux des hommes. Vraiment, si tu le voulais, tu pourrais faire tout ce que tu veux de moi, parce que je… je suis vraiment obsédé par toi, par le mythe du Survivant, l'Elu, la prophétie, la légende… tout ça… et toi… » Draco lui jeta un petit regard en coin mais il le détourna bien vite. Il poursuivit : « C'est ultra malsain mais c'est là, quelque part en moi et je ne cesse de me battre contre ça. C'est pour ça que je voulais devenir ami avec toi, que je suis devenu finalement un ennemi et que je fais n'importe quoi... D'un côté, je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour te porter tord, pour te montrer à quel point je te méprise et en douce, je… je faisais cette collection méprisable sur toi… Et moi, j'en étais si fier, je me disais, lorsque je la contemplais, que je maîtrisais tout de la situation… que je me soignais, en quelque sorte, comme ça… J'ai conscience que je suis un malade… cruellement conscience… Mais, en même temps, je trouvais que, jusqu'à quelques semaines, je m'en sortais plutôt bien avec ça… Lorsque je l'ai détruite, ça m'a fait du mal et du bien à la fois, parce que je détruisais un peu de mon obsession maladive. J'espérais tant détruire tes avances, dans cette action désespérée, parce que je ne pouvais vraiment plus les supporter ! Voilà pourquoi je te demande maintenant, gentiment, en y mettant les formes : s'il te plaît, s'il te plaît, Potter, ne m'aime pas... Pour moi, tu n'es qu'une chimère, une obsession… Tu vois… Tu ne peux pas, tu ne dois pas aimer quelqu'un comme moi… Tu détestes ça, non ? »

Il soupira enfin, un soupir de bien être. C'était comme s'il s'était défait d'un poids pesant sur son cœur.

Draco releva et s'apprêta à partir.

« Attends… » murmura Harry, alarmé.

Cette fois-ci, ce fut lui qui le retint par la main.

Il sentit que le Serpentard tremblait et il le ramena doucement dans l'herbe, à ses côtés.

« Je… Et si… Et si je te disais que je m'en fichais quand même, que j'avais vaguement compris la situation et que je veux toujours essayer avec toi ? Si je te disais que je pense que la réalité te guérirait mieux que n'importe quoi, que tu es plus fort que ce que tu sembles croire, que lorsque tu me verrais, tel que je suis vraiment, dans tes bras, dans ta vie, tu perdrais les sentiments que tu dis être malsains et méprisables et que, peut-être, ce que j'espère, ils se transformeraient en amour pour moi ? C'est… je pense… un peu de ça… mais tu n'as dû simplement jamais envisager cette possibilité et c'est pour ça que tu en fais des sentiments si extrêmes, si impur. Mais c'est peut-être… enfin… Au pire, tu ne sortiras que mieux de cette histoire, non ? »

Il y eut un long temps de silence. Harry n'avait toujours pas lâché la main de Draco, il ne la serrait pas, il la tenait simplement dans sa main, juste comme ça…

« C'est vrai… » murmura le blond, enfin, le regard toujours tourné vers le lac. « Je n'avais jamais, jamais envisagé de te séduire d'une quelconque manière que ce soit, jamais. Déjà, je pensais la chose totalement impossible. Maintenant que je sais que c'est envisageable, toi et moi, j'ai encore plus peur, alors c'est non, NON et non. »

En disant cela, Harry le sentit frémir. Il resserra sa main sur celle de Draco pour l'empêcher de s'en aller.

« Mais pourquoi, bon sang ? De quoi tu as tant peur ? Tu n'en as vraiment pas envie ? »

« Putain, oui, j'en ai envie. J'en meurs d'envie… Depuis que… Depuis que tu m'as embrassé dans le couloir, je n'arrête pas de repenser à tes lèvres. Depuis que j'ai vu ce que tu voulais dans la pensine, je n'arrête pas de… Tu m'as vraiment contaminé encore plus que je ne l'étais, c'est cruel de ta part – comme si j'avais en plus besoin de ça ! Je n'avais jamais songé que je puisse réaliser mes obscénités, parce qu'elles étaient dégueulasses, justement. Et toi, tu me montres quelque chose de… normal ! Tu crois que je ne le désirerais pas de tout mon cœur, dans ses conditions ? Oui, je voudrais te dire oui… Mais c'est… »

« Non ! » le coupa Harry. « Arrête. »

Il remonta sa main sur le poignet de Draco et l'attira à lui, se mettant à genoux juste devant lui.

« S'il te plaît, Malfoy… Draco… Draco… S'il te plaît… Arrête, tu ne dis vraiment que des conneries ! Tu en as envie, tu viens de me l'avouer, J'en ai envie tout autant que toi. Merde, arrête de te prendre la tête deux minutes ! Tu me veux, pas vrai ? »

« Oui. » gémit le blond en fermant les yeux très fort comme s'il avait peur d'être frappé. « Ne m'appelle pas comme ça ! »

« Draco… Draco, je te veux, moi aussi. » murmura doucement Harry en desserrant sa poigne. « Qu'est-ce qui peut réfréner ça ? Qu'est-ce qui peut te faire peur à ce point ? »

Le Serpentard rouvrit ses yeux furieusement et fusilla Harry du regard en se libérant de sa poigne.

« J'ai peur de perdre pied là dedans, de perdre toute notion, toute raison, de perdre ma fierté. Rien que cette discussion me la met en vrac, Potter ! Tu ne comprends rien, à ce que je vois ! Je vais te donner un exemple ! La pédophilie, tu es d'accord, ce n'est pas bien ? »

« Mais qu'est-ce que tu racontes ? » tiqua Harry en se reculant, effaré.

« Tu es… » fit Draco en le désignant du doigt. « Tu es un tout petit enfant merveilleux qui tente un pédophile en lui disant : Allez, allez, je le veux moi aussi. Et je suis le pédophile. » acheva-t-il en se montrant lui-même du doigt. « Tu comprends maintenant ? »

Harry secoua la tête négativement avec les sourcils froncés, méchamment.

« Mais tu racontes vraiment n'importe quoi, ma parole ! Quel est le rapport ? »

« Le rapport ! » s'écria Draco. « C'est que ce n'est pas parce que tu es consentant que s'en est pour autant moins abject ! »

« Mais… Mais ! »

Harry se rassit dans l'herbe face au blond, en pétard. Il écarquillait les yeux, furieusement, ne sachant plus comment rattraper la situation. Il porta sa main à ses yeux et les massa nerveusement.

« Tu es blessant ! Je ne comprends vraiment pas comment tu peux trouver ça tellement infâme… » finit-il par dire. « Alors que ça pourrait être tellement… tellement bien… Tu es vraiment le roi pour te prendre la tête. »

« C'est toi qui te prend littéralement la tête, là. » fit Draco, triste sous son apparent amusement. « Bon… je vais te donner alors un autre exemple et j'espère que celui-là te sera plus parlant. » Il prit une longue inspiration et Harry ne put s'empêcher de rire nerveusement.

« Après les pédophiles, je crains le pire, avec toi. »

Cela ne fit pas rire du tout Draco qui le fusilla du regard avant de se mettre à parler : « Ecoute… Imagine que nous nous mettons ensemble, ce soir. »

« J'imagine très bien. » rouspéta le brun.

« Imagine que… on s'aime, on vit ensemble, ça dure des années et des années comme ça, bien tranquillement, aucun problème. » Harry souleva un sourcil dubitatif et Draco soupira. « J'ai dis : imagine ! Bref… Imagine donc que ça dure et que ça se tasse, que ça se meurt, que ça en devienne juste… chiant. Imagine que tu te rendes compte un beau matin que tu ne m'aimes plus et que tu veuilles rompre pour partir butiner ailleurs. »

« Hey, c'est le risque que court n'importe quel couple, non ? » grogna le Griffondor. « Personne ne parle de ça avant ! Et puis, moi aussi je pourrais avoir peur que tu me laisses un jour ! »

« Non… Impossible… » fit le blond. « Enfin, là n'est pas le problème. Tu sais ce qui arriverait si tu me… si après m'avoir fait miroiter le bonheur, tu me l'enlevais ? »

Harry secoua la tête négativement.

« Et bien… » soupira Draco. « Je pense que je péterais complètement les plombs et que je ferais tout simplement un véritable massacre. Je pourrais tenter de te tuer, toi, mais j'en doute, je pense plutôt que je m'acharnerais sur tes amis, pour te faire souffrir comme tu m'auras fait souffrir, sur ton nouvel amant ou amante, et que je finirais par tuer un maximum de personnes en me faisant sauter sur une place Moldue très très passante, ce genre de chose… »

« T'es un grand malade… » grogna le Survivant après avoir cligné deux ou trois fois des yeux.

« Voilà… » concéda le Serpentard en faisant un large geste de la main. « C'est exactement ça… »

« Pff… Tu fais vraiment chier ! » s'écria le brun. « Tu ne sais pas dans quel état d'esprit tu serais dans une telle éventualité, ça se passerait dans longtemps ! Qui te dit que… Pff… J'en ai marre… On est jeune, on ne peut pas simplement s'embrasser comme n'importe quels jeunes, sans se poser de questions ? »

Draco secoua la tête doucement, un léger sourire aux lèvres.

« C'est le moment de partir en courant en me traitant de connard. » fit-il en haussant des épaules.

Harry se leva, le faisant sursauter, mais au lieu de s'en aller vers le château, il marcha vers le lac. Là, il s'arrêta à quelques centimètres de la berge, bien campé sur ses deux jambes et se mit à pleurer nerveusement. Au bout de quelques minutes, il ramassa une pierre et la jeta rageusement sur le lac pour faire des ricochets. Il en fit tant que cela l'apaisa un peu, à peine…

Lorsqu'il se retourna, Draco était toujours là, le regardant, songeur.

Le Griffondor revint vers lui, sans se presser et s'agenouilla devant lui dans l'herbe.

« Je m'en fiche. » lui dit-il en le regardant dans les yeux sans détour, d'une manière que Draco adorait.

« Ha… » répondit le blond. « Tant mieux… »

« Non, je veux dire… Je m'en fiche de ce que tu pourrais faire, que pour toi ça soit une relation abjecte. Je m'en fiche que si jamais ça tournait mal tu te mettes à dégommer n'importe qui, dans tout les sens. Et même si… même si tu dis que je fais courir un risque à mes amis, je m'en fiche... Je m'en fiche aussi que tu ne m'aimes pas convenablement parce que… tu... enfin… Je m'en fiche que ce soit malsain, entre nous, je m'en fiche… Je veux quand même qu'on soit ensembles… maintenant… »

Draco écarquilla ses yeux gris et s'apprêta à se relever mais Harry fut plus rapide que lui, il lui prit le visage entre ses mains et l'embrassa doucement.

« Je m'en fiche… » répéta-t-il. « Je te veux… »

Il glissa ses mains dans les cheveux du blond tandis qu'il tentait de le fuir en se reculant, en fermant les yeux. Il l'embrassa à nouveau, toujours aussi doucement. Il se rapprocha et pour le fuir, ou pour cesser de le fuir, Draco n'eut plus qu'à s'allonger dans l'herbe.

Harry rampa sur lui, les bras de chaque côté de son visage, à califourchon sur lui, le souffle court. Il le couvrait de doux baisers, sur ses lèvres, sur son visage, dans son cou…

Draco gémissait des arrête, s'il te plaît, arrête… mais Harry répondait toujours par un léger baiser ou par de tendres mots.

Je t'aime… Je t'aime… Je te veux, et toi ? Tu as dis que tu me voulais… Ne te pose plus de questions et embrasse-moi… Draco… Je t'aime, putain ! S'il te plaît, s'il te plaît… ne fait pas ça, je t'en prie… Laisse-nous une chance, juste une petite chance… Une infime ! Je suis sûr que ça sera mieux que bien, que l'on sera heureux, toi et moi… S'il te plaît… Moi je ne me vois avec personne d'autre que toi… Et toi ? Tu te vois avec quelqu'un d'autre ? Tu me vois avec quelqu'un d'autre que toi ?

Draco gémit encore plus douloureusement à ses mots là. Il tremblait de tous ses membres, fermant désespérément les yeux. Et Harry l'embrassait, encore et encore…

Enfin, le Serpentard leva ses mains timidement et les posa autour du cou du Griffondor. Sa respiration était erratique, Harry sentait son souffle, sa poitrine se soulever comme celle d'un animal pris au piège. Il redoubla ses caresses sur ses joues et ses tendres baisers sur ces lèvres, l'encourageant sur cette voix.

Et enfin… Draco lui rendit son baiser…

Il resserra ses bras sur son cou et rapprocha son visage du sien, entrouvrant ses lèvres pour goutter enfin son interdit avec passion, délice et confusion.

Le baiser fut doux, fragile, d'une délicate langueur qui les laissa pantelant, essoufflés chacun de leur côté mais enfin entrelacés de leurs bras et de leurs jambes.

« Ça veut dire que tu veux bien ? » bredouilla Harry avec espoir.

Draco secoua la tête négativement en resserrant désespérément ses bras sur lui.

« Je n'ai pas encore essayé de te… de te lancer un sortilège d'oubliette… » murmura-t-il.

Ils se rembrassèrent, plus passionnément encore, plus longtemps aussi. Ils ne cessaient de se repaître de la saveur de ce baiser incomparable, frissonnant, gémissant à l'unisson, blottissant leurs corps un peu plus l'un contre l'autre avec un désespoir et un désir absolu, interdit.

Comme la première fois, ils y mirent fin parce que c'était trop fort, qu'ils n'en pouvaient plus, qu'ils devaient reprendre leurs souffles, front contre front…

« Un sort d'oubliette ? » demanda Harry les yeux fermés, le nez dans le cou de Draco, les bras serrés à l'extrême sur son corps mince. « D'accord… Fais-le… si tu penses que c'est le mieux… pour toi… Fais-le… Je ne t'en empêcherai pas. »

Il le serra encore plus fort, comme un perdu, comme si c'était la dernière fois qu'il le faisait… Il pouvait vraiment bien entendre et sentir le rythme des battements du cœur de Draco, complètement emballé, absolument effréné…

Il le sentit aussi desserrer l'un de ses bras pour farfouiller dans l'une de ses poches à la recherche de sa baguette.

Il le sentit ensuite lui caresser tendrement les cheveux, gentiment, sa baguette à la main. Il la lui colla doucement contre la tempe…

« Fait ça bien… Faut que ne je me souvienne de rien du tout, ni de ton odeur, ni de… rien… » murmura Harry en tremblant, en enfouissant encore plus son visage dans le cou du blond. « Sinon, je reviendrai encore te faire chier… »

Un long, très long moment se passa suite à ses mots.

Harry fermait les yeux, attendant, frissonnant sous les légères caresses de Draco dans ses cheveux, sur sa nuque, sous ses légers baisers. Il pleurait silencieusement à chaque fois qu'il sentait le bois de la baguette lui effleurer la tempe, mouillant le cou du blond de ses larmes, priant pour qu'il abandonne son idée et se rende enfin compte comme tout était parfait quand ils étaient dans les bras l'un de l'autre, combien c'était le rêve, un véritable rêve les yeux grands ouverts…

Enfin… Il sentit Draco étouffer un sanglot, il le sentit reposer son bras armé de sa baguette dans l'herbe, il le sentit s'abandonner, enfin… pleurant tout autant que lui.

Harry rit, entre ses larmes. Il s'essuya les yeux et ceux de Draco en lui ordonnant de ne plus être triste, qu'il verrait, qu'il avait pris la bonne décision.

Le Serpentard se laissa consoler, pas très convaincu par ses paroles, mais complètement par ses étreintes amoureuse.

« Potter, t'es vraiment une plaie. Tu ne sais pas… ce que j'ai pu lutter pour finalement échouer… Tu fais chier… »

« Si ! Si, je le sais ! J'ai tout enduré, je te signale. Le mépris, la douleur physique, morale, les humiliations, les théories foireuses avec des pédophiles et des tueries… Alors je crois que j'ai autant lutté que toi, sur ce coup-là… »

« Et tu as gagné, comme toujours… »

« Pas encore… Tu ne m'appelles toujours pas Harry. »

Draco rougit et détourna le regard, ne desserrant pourtant pas l'étau de ses bras.

« Je suppose que, avec l'habitude, ça viendra… »

« D'autres choses viendront avec l'habitude. » émit le Griffondor.

Le blond acquiesça.

Un long silence s'en suivit ou Harry soupirait de bien-être et Draco de désespoir.

« Qu'est-ce qu'on fait ? » demanda-t-il.

« Tu veux dire quand ? Maintenant ou plus tard ? »

« Maintenant, je sais… On reste simplement comme ça. Mais plus tard ? Demain matin par exemple ? »

« Devant les autres, c'est ça que tu veux dire ? »

Le blond acquiesça à nouveau silencieusement.

« Je ne sais pas… » fit Harry. « Qu'est-ce que tu préfèrerais ? »

« Au point où j'en suis, je m'en moque bien… »

« Tu veux que ça reste un secret ? Ou le crier avec un sort d'amplification dans la grande salle ? »

Draco esquissa un sourire en coin.

« Ni l'un ni l'autre… On a qu'à faire comme les autres couples normaux. S'embrasser quand on veut, se prendre par la main quand on veut, s'asseoir à la table de l'autre quand on veut, faire nos devoirs ensembles… et se fritter la gueule quand on veut… » Draco se mit à rougir plus encore, il se rassura en se disant que là où était le nez d'Harry – dans son cou – il ne devait rien y voir et heureusement.

« Ça me va à la perfection… » soupira l'autre de contentement.

Le Malfoy, quant à lui, n'était toujours pas très sûr de se sentir bien, c'était même tout à fait le contraire.

Il se disait qu'il avait toute la nuit pour revenir sur sa décision et mettre discrètement le Griffondor sous oubliette.

Et la nuit, ils l'avaient devant eux, apparemment…

Ils s'embrassèrent, mais chaque baiser devenaient vite éreintant, ils ne s'y habituaient toujours pas, finissant inévitablement pantelant et soufflés comme après avoir couru à toute vitesse.

Ils parlèrent aussi, un peu, et ne se desserrèrent jamais l'un de l'autre durant des heures et des heures pour finalement s'endormir, blottit l'un contre l'autre, dans l'herbe.

OoOoO

Le soleil se leva sur le lac et des milliards d'aiguilles de lumières vinrent effleurer les eaux.

Harry se réveilla, étonné, se demandant ce qu'il faisait dehors et ce qu'il faisait dans les bras d'un Draco Malfoy endormi, presque serein dans son sommeil, presque…

Une fine pellicule de sueur couvrait son front et une très légère barre se plissait entre ses sourcils.

Un cauchemar ? se demanda le Griffondor, s'apprêtant à le réveiller lorsqu'un éclair de lumière plus vif que les autres attira son regard, le surprenant.

Un vif d'or, ici ! se demanda-t-il.

Le vif était posé dans l'herbe un peu plus loin, étendant ses ailes brûlées et frémissante de toute leur petite envergure.

Harry poussa une exclamation et tendit le bras brusquement pour s'en saisir. Le vif fut plus rapide et s'enfuit. L'attrapeur le suivit du regard, se rappelant de la terrible nuit ou Draco avait tout brûlé juste devant lui et que son premier vif d'or s'était enfui à tir d'aile entouré de flammes.

Un grognement étouffé le ramena à la réalité. Draco se réveillait.

Harry paniqua un peu, ne sachant ce qu'il devait faire, aussi, il ne fit strictement rien, se contentant de le regarder ouvrir les yeux bien grands sous le coup de la surprise, ses beaux yeux gris…

« Hé oui… » fit Harry, penaud. « Ce n'était pas un cauchemar. Ça c'est bien produit. »

Draco, papillonnant des paupières, se redressa pour se frotter les yeux.

Ils n'osaient plus se parler, la magie de la nuit semblait passée.

Comme toujours entre eux, cela allait être laborieux.

« Tu sais… J'ai revu le vif d'or… » fit Harry pour casser l'ambiance tendue.

« Quoi ? » demanda Draco, interloqué.

« Le vif d'or de… de ta collec'… Il était là, » fit-il en désignant l'herbe. « Près de ta tête. J'ai voulu l'attraper mais il s'est enfui. »

Le Serpentard parut pensif.

« Moi aussi je l'ai revu, il y a deux nuits. J'ai voulu le retrouver, il est quasiment venu à moi, mais je n'ai jamais réussit à l'attraper… Je m'étais dit que c'était un signe… »

« Ha ? » demanda Harry ne sachant trop qu'en penser. « Et alors, le fait qu'il soit revenu de lui-même, c'est un bon signe ? »

Draco haussa des épaules.

« Oui… » répondit-il avec un air beaucoup trop distant pour être crédible.

Harry sourit et se releva en s'époussetant. Il tendit la main à Draco qui l'accepta finalement.

« Et si on allait se laver avant le début des cours ? »

Draco acquiesça encore.

« Pas très bavard. » fit remarquer le Griffondor, ce qui eut pour effet de faire soupirer le jeune homme blond.

Ils marchèrent en silence vers le château et chacun de son côté approcha sa main de celle de l'autre, s'entrelaçant enfin, timidement.

Harry sourit et Draco fut mortifié de sentir son cœur s'emballer à ce point pour si peu.

Encore une fois, il se dit qu'il pouvait toujours y mettre fin, avant que ce ne soit trop tard et qu'il soit irrémédiablement accro - si cela était seulement possible. Puis il ajouta intérieurement que ce serait pour plus tard.

Oui, plus tard…

Dans le château, ils allaient se séparer pour aller chacun à leur dortoir respectif pour se changer avant le début de la journée et Harry ravit un baiser à Draco.

« A toute à l'heure… » fit-il, simplement.

« Ok. » répondit le Serpentard en reprenant un autre petit baiser en rabe, puis un autre, puis...

Il rougit et s'en alla derechef en se disant qu'il était fichu, irrémédiablement fichu…

OoOoO

La suite, celle qui raconte comment Draco et Harry s'habituèrent l'un à l'autre - s'apprivoisèrent serait un terme plus juste - n'est pas importante car ils y arrivèrent.

Certes, ils se jaugèrent tout d'abord dans les couloirs, ne sachant que faire, intimidé par leur passé de haine étrange. Mais, bien vite, ils n'eurent plus de scrupules à s'embrasser tendrement entre les cours et le soir, et même devant tout le monde, et même si certains élèves étaient choqués, et même si les professeurs leurs faisaient des réflexions sur le savoir-vivre.

Ils allèrent à Pré-au-lard lorsque vint le week-end de sortie. Ensemble, aux yeux et aux sus de tous. Ils s'achetèrent leurs premiers présents.

Bien vite, ils n'eurent plus honte de passer le cap des baisers et de se toucher, l'un l'autre, intimement, timidement.

Ce n'était pas un jeu, c'était très sérieux et surtout… ils en avaient tellement, tellement envie…

Seulement quelques semaines plus tard, ils firent l'amour ensemble et ce fut un déchirement de sensations voluptueuses et de passion impétueuse.

Draco, Harry…

Ils adorèrent s'aimer, ils recommencèrent, encore et encore.

Harry disait souvent à Draco qu'il l'aimait mais jamais Draco ne lui répondait en mots.

En baisers, oui.

En embrassades câlines, oui.

Mais jamais il ne lui disait je t'aime ou moi aussi…

C'est qu'il ne savait pas s'il était guéri, s'il était amoureux d'Harry ou s'il était toujours victime de son obsession. Il avait si peur… que ce ne soit qu'un rêve… qu'un jour l'illusion cesse…

Parce qu'Harry avait eu raison : ils étaient heureux, foutrement heureux, ensemble, tous les deux...

Draco était toujours là, tenant Harry dans ses bras lorsque les années Poudlard s'achevèrent.

Il était toujours là, lorsqu'ils emménagèrent ensemble et lorsque leur vraie vie de couple presque normal débuta.

Bien sûr, Draco – et Harry dans une moindre mesure, parce qu'il ne pensait tout simplement pas à ce genre d'éventualité - aurait peut être toujours peur que cela s'achève, un jour…

Mais ceci est une autre histoire…


FIN


NDA : Voilà, Chimeria Obsessional c'est aussi fini mais, comme pour Parchemess, un petit épilogue tout pitit vous attend. J'espère que vous avez aimé cette histoire autant que j'ai aimé vous la faire partager – surtout qu'au début, j'écrivais avec mon Jashou. J'aime bien ce chapitre : Draco se prend bien la tête, le petit chou, mais impossible de résister à un petit Ryrry tout suppliant qui fait des bisous, hihi.

Enfin bref ! S'il vous plait, vous me laissez une petite review ? Histoire de se quitter sur une note que je vénère - raaaah, les reviews, j'aime ça !

Dites moi ce que vous avez pensé de ce dernier chapitre et de la fic en général, merci.

Bisous !

Levia