Plus d'une semaine avait passé depuis la séance de l'AD à laquelle le Professeur Marty avait participé. Au grand soulagement de Harry, rien de fâcheux n'était arrivé et les élèves de cinquième année présentaient ce jour-là leur oral en cours d'Histoire de la Magie.
Comme Dolores Ombrage assistait également à la séance, tous se sentaient d'autant plus tendus par la situation, et le trio notamment n'en menait pas large.
Harry avait également une raison supplémentaire de s'inquiéter : ce soir-là en effet il aurait une leçon d'occlumencie avec Rogue et il redoutait plus que tout de trahir la présence de la jeune femme aux réunions clandestines. Il savait déjà que Rogue savait, même s'il n'avait rien laissé filtrer jusqu'à présent… Mais s'il se rendait compte qu'un professeur prenait part à la chose... Il préférait ne pas y penser.
Aussi c'est avec l'énergie du désespoir que Harry s'était entraîné ces derniers jours mais, s'il lui avait semblé que cela lui permettait de vider son esprit de la vision de la porte, il n'arrivait pas à gommer les écarts de l'association étudiante clandestine de ses souvenirs. D'autant que le souvenir du professeur Marty peinant franchement à exécuter le moindre sortilège le perturbait sérieusement.
Or, si Rogue s'en apercevait… Harry ne donnait pas cher de sa propre peau ou de celle de la jeune femme. Elle n'était vraiment pas de taille à se défendre face à un fou pareil !
Voilà pourquoi il se sentait à présent si stressé et, pour ne rien arranger, il fallut qu'Hermione fasse du zèle et elle, Ron ainsi que Harry passèrent en premier au tableau, sur Castelobruxo.
Harry tenta de maîtriser ses tremblements. Cependant, c'est Ron qui commença à parler après avoir foudroyé son amie du regard. Heureusement, depuis que le jeune homme avait appris le nom de leur objet d'étude, il avait eu le temps de s'y faire :
- Castelobruxo est l'école de magie d'Amérique du Sud la plus illustre et elle se trouve au Brésil, commença t-il d'une voix qu'il s'efforçait de rendre assurée. Son bâtiment principal est un immense édifice de pierre dorée en forme de pyramide à degrés et avec une base carrée. Elle possède quelques annexes qui ont la même forme. L'école est située en pleine forêt tropicale. Son existence est connue depuis très longtemps par les sorciers Européens qui l'ont découverte en même temps que le Brésil et elle aurait inspiré le mythe de l'Eldorado.
Harry respira un bon coup car son tour arrivait. Il poursuivit :
- Pour les Moldus aujourd'hui, le château n'est qu'un tas de ruines, exactement comme Poudlard en fait et on ne sait d'ailleurs pas lequel des deux établissements est à l'origine de l'idée. On sait que Castelobruxo a des origines plus anciennes que Poudlard, pratiquement cinq cent ans de plus. En revanche on sait qu'au départ elle n'était pas dissimulée et il semblerait même qu'elle ne l'ait été qu'à partir de la colonisation de cette région du monde par les Européens. Comme ceux-ci étaient catholiques, ils détestaient plus que tout la Magie et ce qu'ils prenaient pour des temples païens. Ils s'évertuaient donc à les détruire. Poudlard en revanche a été protégée pratiquement dès sa création car les persécutions existaient déjà à cette époque. Cependant, on n'est pas sûrs que les sortilèges d'origine aient été conservés.
Harry crut entendre Dolores Ombrage marmonner quelque-chose et il se sentit un peu mal-à-l'aise. Cependant, il s'efforça de l'ignorer afin de pouvoir poursuivre :
- L'école de Castelobruxo et ses alentours sont également protégés par des Caipora. Ce sont des créatures anciennes et très malicieuses qui veillent sur les élèves ainsi que sur les créatures magiques de la forêt, même si elles ont tendance à se montrer parfois perturbatrices.
Il lui semblait qu'il ne se débrouillait pas trop mal mais il se sentit néanmoins soulagé lorsque Ron reprit la suite avec sa deuxième partie :
- Les élèves de Castelobruxo viennent de toute l'Amérique latine, du Mexique au Chili et à l'Argentine en fait. Certains sorciers du Sud des États-Unis qui sont hispanophones choisissent même de faire étudier leurs enfants là-bas plutôt qu'à Ilvermorny, pour des raisons culturelles.
Nouveau commentaire marmonné par Dolores Ombrage, nouveau changement de sujet et Harry reprit la parole même s'il commençait à se sentir sérieusement mal :
- La botanique et la magizoologie sont deux grandes disciplines enseignées à Castelobruxo et leurs élèves sont très avancés dans ces deux domaines. L'environnement s'y prête aussi beaucoup à vrai dire. D'ailleurs, les grands noms de ces disciplines viennent souvent de cette école et pratiquement tous y ont étudié au moins un an.
Il respira un grand coup pour reprendre son souffle et poursuivit :
- Les robes de l'école sont vert clair et elles sont très adaptées au travail manuel et en plein air. Elles sont confortables, assez longues pour protéger les élèves des moustiques mais aussi imprégnées d'un charme limitant la sensation de chaleur. Le bas est constitué d'un pantalon depuis environ cinquante ans pour les garçons et depuis dix ans pour les filles. C'est beaucoup plus pratique ainsi.
Cela dit, jusqu'au début du vingtième siècle il n'y avait pas d'uniforme et les élèves portaient tous la tenue traditionnelle de leur pays.
Harry soupira de soulagement en arrivant à la fin de son laïus. Enfin, c'était au tour d'Hermione qui s'était réservé ce qu'elle estimait être la partie la plus importante et la plus difficile à traiter.
Comme à son habitude, elle commença à parler d'une voix assurée quelque-peu exaspérante et sur le ton de quelqu'un qui sait de quoi il parle :
- L'école de Castelobruxo possède un très bon programme d'échanges pour les étudiants étrangers d'Europe qui veulent étudier la faune et la flore d'Amérique du Sud, dit-elle. Celui-ci est actif depuis 1946 pour la plupart des écoles d'Europe, sachant que depuis longtemps de nombreux espagnols et portugais s'y rendaient déjà pour étudier, souvent sur la totalité de leur scolarité.
Aujourd'hui, les élèves étrangers sont acceptés à partir de quinze ans mais la plupart préférant terminer leur cursus ordinaire avant de se lancer dans ce programme, il n'est pas rare que les échanges aient plutôt lieu lorsque les élèves ont fini leur scolarité. En tout cas, il est possible de candidater pour une année d'études à Castelobruxo jusqu'à l'âge de 25 ans. Pour cela, il faut contacter directement les représentants de l'école dans chaque pays où des programmes d'échange sont prévus. Chez nous c'est le professeur Chourave qui gère les relations avec Castelobruxo, même pour les anciens élèves qui auraient fini leurs études. Des voyages plus courts sous forme d'échanges inter-écoles sont également possibles certaines années et, à Poudlard, on a une année d'échange massif tous les dix ans à destination des élèves à partir de la troisième année. Cela fait qu'un élève sur deux a la possibilité durant sa scolarité d'aller là-bas.
Comme à son habitude, Hermione reprit son souffle juste après avoir fini de parler. Harry, lui, échangea avec Ron un regard amusé. Ils avaient enfin terminé et Dolores Ombrage, au soulagement de Harry, ne fit pas d'autre commentaire.
Le professeur Marty en revanche avait des choses à leur dire, même si cela Harry le redoutait beaucoup moins :
- C'est bien, le travail est très complet, commença t-elle. Vous avez fait une petite erreur mais celle-ci est très courante.
- Laquelle ? S'inquiéta aussitôt Hermione.
- Castelobruxo ne se trouve pas dans la Forêt amazonienne, mais dans la péninsule du Yucatan au Mexique. C'est un ancien site maya pour tout vous dire, et sans doute l'école de magie la plus ancienne au monde même si elle a considérablement évolué depuis ses premiers jours. Mais ne vous en faîtes pas, l'erreur est très commune car l'école elle-même entretient volontairement la confusion.
Hermione rougit d'agacement et Ron étouffa un petit rire qui lui valut un regard assassin. Ce qu'elle pouvait être mauvaise face à l'imperfection !
Écopant d'un E, Harry et Ron estimèrent qu'ils s'en tiraient très bien et Hermione, dont le professeur Marty avait remarqué l'implication supplémentaire mais aussi quelques défauts d'expression orale, obtint un E+ qui la satisfit également même si elle râla sur l'erreur de recherche des deux garçons.
Ron soupira d'exaspération mais ne répondit rien. Harry, lui, n'y fit pas vraiment attention. Il avait remarqué en effet le regard mauvais que leur lançait Dolores Ombrage et, un instant, se demanda si elle non-plus ne pouvait pas lire dans leurs pensées. Rien qu'à cette idée, il frissonna.
A présent, Neville, Seamus, Zacharias et Dean présentaient leurs recherches sur Beauxbâtons et se montrèrent très élogieux à l'égard de cette école. Il était vrai en même temps que l'enseignement supérieur de Beaubâtons était extrêmement réputé et que les élèves de Poudlard en entendaient parler pratiquement depuis leur première année.
- L'académie de magie Beauxbâtons est une école de sorcellerie française, expliqua Neville. La directrice actuelle de Beauxbâtons est Madame Olympe Maxime que nous avons d'ailleurs vue l'année dernière.
Dolores Ombrage tenta alors d'intervenir :
- Elle a d'ailleurs été très abs…
- Professeur Ombrage, répliqua sèchement le professeur Marty. Vous n'avez pas la parole et je vous prierai donc de vous taire.
Harry, lui, en était resté muet d'indignation. Si Dolores Ombrage allait jusqu'à dénigrer Olympe Maxime, il fallait se faire du souci. Heureusement que le professeur Marty était intervenu à temps et lui avait coupé le sifflet. Dean poursuivit sur l'exposé :
- Beauxbâtons est située en France, beaucoup pensent que c'est dans les Pyrénées ou sur l'arc méditerranéen mais son emplacement exact est inconnu encore aujourd'hui. L'académie ne veut pas révéler publiquement son emplacement exact pour que personne ne puisse voler ses secrets, notamment ses charmes de dissimulation qui sont parmi les plus efficaces du monde.
Harry remarqua que le Professeur Marty esquissait un petit sourire et se souvint qu'elle leur avait dit y avoir étudié… Il y avait donc fort à parier qu'elle en connaissait un rayon dans ce domaine et sûrement même avait-elle le fin-mot de cette histoire de localisation.
Mais Dean poursuivait déjà, ignorant lui aussi un marmonnement de Dolores Ombrage :
- On sait en tout cas que l'école se situe probablement dans le Sud de la France : les robes des élèves sont très fines et plus adaptées à un climat plus chaud. De plus, de nombreuses coutumes méditerranéennes leurs sont familières. Il y a plusieurs hypothèses possibles mais de nombreux sorciers pensent que l'école se trouve plus exactement dans les Pyrénées, éventuellement du côté de Villefranche de Conflans ou à ses pieds dans la région de Salses le château.
En tout cas, les lieux de l'académie font probablement l'objet de protections très spéciales : le lieu est rendu incartable et on utilise un sortilège Repousse-Moldu comme à Poudlard… Le reste est en revanche mal connu.
Dolores Ombrage se montra plus attentive lorsque Dean arrêta de parler et pour cause, c'était à présent le tour de Zacharias de prendre la parole et il était de notoriété publique qu'elle le dépréciait un peu moins que les autres Poufsouffles :
- Si l'académie reste très secrète sur bien des points, déclara t-il d'une voix ampoulée. On sait en revanche beaucoup de choses sur son architecture et elle se situe dans un palais qui a beaucoup évolué au fil des siècles. Aujourd'hui, c'est un superbe château bâti sur le modèle de celui de Versailles, bien qu'une petite partie ait conservé un style médiéval, entouré de jardins à la française qui ont été découpés par magie dans le relief montagneux environnant, d'où l'importance qu'il reste caché aux yeux des moldus. Dans le parc, on trouve une magnifique fontaine qui posséderait des pouvoirs de guérison et portant le nom de Flamel, en l'honneur de Nicolas et Pernelle Flamel, tous deux anciens étudiants de Beauxbâtons, et qui ont en très grande partie financé les rénovations successives de l'académie grâce à leur or alchimique. Comme dans le château de Versailles qui lui a servi de modèle lors de la création de ses jardins, on trouve des miroirs d'eau et un immense canal qui part en direction de la mer avant de se jeter dans un fleuve côtier. Cette confluence est elle-aussi cachée aux yeux des moldus et c'est une réserve magique très importante pour les êtres de l'eau dans toute la région.
Harry était sûr qu'il avait pompé tout son texte dans un livre mais il s'efforça de ne rien montrer, se contentant de remarquer que le Professeur Marty elle-même semblait avoir quelques doutes. Enfin, Seamus Finnigan présenta sa partie :
- L'académie existe depuis plus de sept cents ans, dit-il beaucoup moins assuré. Elle aurait été fondée par Saint Louis et son fils Philippe le Hardi, tous les deux rois de France et dont tout indique qu'ils étaient également tous les deux sorciers.
Dolores Ombrage émit un grognement auquel personne ne fit attention tandis que Seamus poursuivait :
- L'école de Beaubâtons fait partie du Tournoi des Trois Sorciers depuis sa création en tout cas. Elle entretient de bonnes relations avec Poudlard malgré leur rivalité lors de compétitions comme le Tournoi des Trois Sorciers. Beauxbâtons l'a remporté soixante-deux fois, contre soixante-trois fois pour Poudlard depuis l'an dernier.
Nouveau grognement, le professeur Marty lança à l'importune un regard d'avertissement mais sans interrompre le jeune homme qui n'aurait sans doute pas été capable de repartir si elle l'avait fait :
- Même si elle a été rénovée, poursuivit Seamus. L'école de Beaubâtons a gardé certains aspects de l'époque médiévale et il y a notamment des statues de nombreux rois de France dans le parc et sur les murs des bâtiments. Le blason de l'académie n'a pas changé depuis 1270 et représente deux baguettes d'or croisées, chacune lançant trois étoiles, sur fond bleu-roi.
Seamus s'écarta du tableau, soulagé d'être arrivé au bout de sa mission, et Neville reprit la parole pour la conclusion :
- L'académie de Beauxbâtons accueille en majorité de jeunes sorciers français, mais également des espagnols, des portugais, des néerlandais, des luxembourgeois et des belges, plus quelques-uns d'autres pays car l'école est ouverte sans distinction de nationalité ni de statut du sang et c'est très bien.
Ombrage sembla s'étrangler mais elle n'émit aucun son, Neville poursuivit avec un sourire un poil satisfait :
- Les effectifs de l'école sont plus élevés que ceux de Poudlard. L'uniforme de l'école est une robe en soie fine et une cape bleu clair. Il a considérablement évolué au fil des siècles.
Les élèves passent leurs premiers examens, similaires aux BUSE, en sixième année et non en cinquième année comme à Poudlard. Après cela, ils peuvent encore suivre plusieurs années d'études qui sont ouvertes aux étudiants étrangers à condition de maîtriser le français, car tous les cours se font dans cette langue, et de voir son dossier validé par le Ministère de la Magie français. Les filières étudiées sont soit des approfondissements dans les matières courantes, durant un ou deux ans, soit des disciplines très théoriques comme l'histoire et la sociologie de la Magie, les sciences politiques, les langues anciennes… Il y a aussi une formation pour les secrétaires magiques, très prisée dans toute l'Europe et le Bassin méditerranéen.
Comme s'il stressait à l'idée de terminer son oral ou qu'il tremblait d'avoir défié Ombrage, Neville avait bredouillé sur les dernières phrases, ce qui n'empêcha pas le professeur Marty de donner à tout le groupe un E qui satisfit tout le monde, du moins une fois qu'elle eut questionné plusieurs fois Zacharias Smith qui ne se démonta pas et brilla par ses connaissances.
Les garçons avaient donc très bien travaillé et elle leur reprochait simplement d'avoir un peu cantonné la question de l'enseignement supérieur à la marge de leur exposé alors que celle-ci était importante et qu'il leur aurait été relativement aisé de faire quelques recherches supplémentaires. Elle ne fit aucun commentaire sur l'oral cependant, visiblement consciente que les incivilités de Dolores Ombrage rendaient la chose difficile.
Le Professeur Marty leur apprit également que l'école se trouvait à quelques kilomètres de la ville de Grasse, contrairement à ce que sa réputation pyrénéenne laissait entendre. Mais là encore, la confusion était savamment entretenue par l'école elle-même et ses accès eux-mêmes pouvaient prêter à confusion… Cela dit, elle n'était pas autorisée à en dire plus, étant liée par un serment magique.
Pour Harry, le mystère restait donc à peu près entier.
Eloise Migden, Sally-Ann Perks, Lavande et Parvati avaient de leur côté pioché l'école allemande du Blocksberg et cela les avait beaucoup intéressées puisque cet établissement, un peu plus marginal que les précédents, était entièrement féminin.
Cette fois-ci, Dolorès Ombrage ne fit aucun commentaire mais sa désapprobation était visible et elle se contenta de foudroyer du regard les quatre jeunes filles qui ne se démontèrent pas pour autant. Harry trouva même qu'elles affrontaient crânement ses tentatives de les déstabiliser.
Lavande Brown assurait l'introduction et elle fut la seule à avoir un peu de mal à garder son sang-froid :
- L'école du Blocksberg se trouve en Allemagne, au cœur de la Forêt Noire, dit-elle au départ d'une voix plutôt assurée. Elle accueille majoritairement des élèves allemandes, mais aussi quelques suisses, autrichiennes et même des Luxembourgeoises… Elle propose trois cursus supérieurs et il est possible d'y accéder simplement avec les BUSES. C'est un tout autre système de formation et cette école est très particulière...
- Pourquoi donc ? Demanda le Professeur Marty qui avait remarqué que la jeune fille bafouillait après avoir reçu un regard assassin de l'Inquisitrice.
Lavande se reprit immédiatement et répondit après avoir respiré un grand coup :
- En fait, l'école du Blocksberg accueille des élèves qui ont entre six et vingt à vingt-et-un ans, voire même davantage. Elle est divisée en plusieurs… sous-écoles ?
- On peut le dire, oui, commenta sobrement le professeur Marty.
Rassurée, Lavande poursuivit :
- Déjà, il y a la petite école de six à dix ans où les élèves apprennent peu la magie mais travaillent un peu comme à l'école primaire moldue… Ensuite il y a la grande école qui dure six ans et qui ressemble à ce que l'on fait à Poudlard… A la fin de leur sixième année, les élèves passent un examen qui se nomme l'épreuve du grimoire…
Elle perdait à nouveau pieds et Parvati se porta à son secours :
- L'épreuve du Grimoire est un examen qui se passe à l'oral. Il est mené par ce que l'on appelle traditionnellement l'Assemblée des Maléfices. C'est un jury composé de sorciers et sorcières de la région, aux qualités reconnues, qui interroge chaque élève séparément et lui demande de réaliser des enchantements. Longtemps, l'examen s'est pratiqué sans baguette et à l'aide de formules traditionnelles car c'était ainsi que les jeunes sorciers étaient éduqués dans la région. Mais depuis 1928, les baguettes sont autorisées et le choix est laissé aux élèves pour chaque exercice demandé. On n'a pas le droit de leur imposer ou de leur interdire la baguette pour quelques exercice que ce soit depuis 1990, date à laquelle chaque élève a obligatoirement été doté d'une baguette magique dans cette école.
La tirade de Parvati était un peu confuse mais, au moins, l'idée y était. Sally-Ann Perks prit le relais :
- Après l'épreuve du grimoire, trois types de formations sont disponibles : Vivernière, herboriste-magizoologiste et enchanteresse. Elles durent entre trois et quatre ans en général mais c'est assez souple et certaines étudiantes travaillent un peu ou voyagent avant de revenir compléter leur cursus. Les élèves du Blocksberg sont aussi énormément envoyées en stage à l'étranger, avec notamment trois mois obligatoires avant d'entamer des études supérieures.
- Et la contrebande de baguettes magiques… On en parle ? Marmonna Dolores Ombrage d'une voix suffisamment intelligible pour être entendue de tous.
Le professeur Marty se leva, furieuse, attrapa l'Inquisitrice et toutes les deux sortirent de la Salle avant de refermer la porte.
- Aouch… Marmonna Ron, couvrant en partie quelques éclats de voix. Ça va barder…
L'altercation ne dura pas longtemps et seuls quelques éclats de voix leur en parvinrent, bientôt les deux femmes rentrèrent sur une phrase du professeur Marty :
- … Cela ou vous quittez les lieux !
Aucun doute, la jeune femme était très en colère. D'ailleurs l'Inquisitrice n'en menait plus aussi large et elle alla se rasseoir sans un mot, le visage fermé :
- Excusez-nous, dit le professeur Marty au groupe de filles qui était resté figé au tableau. Pouvez-vous reprendre je vous prie ?
Harry se sentit soulagé lorsqu'elles acquiescèrent et Héloïse Migden, qui n'avait jamais eu la moitié d'un caractère, assura la conclusion sans se démonter après avoir à son tour foudroyé du regard Dolores Ombrage :
- L'école est un peu sur le fil du secret magique pour les raisons suivantes, expliqua t-elle. Ses autorités encouragent les lieux « semi-sorciers » et donc le contact avec les moldus, tout en s'affichant clairement anti- secret magique dans certains domaines. Les élèves et les enseignants ont donc beaucoup de rapports avec des moldus tolérants, beaucoup de sorciers de la région ne dissimuleraient pas, ou volontairement mal, de nombreuses échoppes magiques. Souvent d'ailleurs, elles sont tenues par les anciennes étudiantes qui ouvrent des « boutiques ésotériques » ou des « magasins écologiques » dans les villes et les quartiers moldus, se contentant de dissimuler plus ou moins bien leurs articles les plus sensibles sous couvert d'un magasin moldu un peu hippie. Malgré les amendes infligées par le ministère allemand, la pratique perdure.
De manière générale en fait, ce sont les habitants de cette région d'Allemagne qui, culturellement, ont toujours eu tendance à ne pas se conformer entièrement au Secret magique qu'ils considèrent comme abusif, inutile, voire dangereux. On trouve par exemple un nombre très élevé de mariages mixtes, des habitats sorciers dans les zones moldues, souvent simplement camouflés derrière un étiquetage « personne originale » et c'est ce mode de vie que l'école du Blocksberg défend.
Dolores Ombrage n'avait pas dit un mot mais son expression en disait très long sur le fond de sa pensée et Harry se rendit compte qu'elle et Héloïse s'affrontaient du regard :
- Bref, acheva Parvati. L'école se veut novatrice et cela ne plaît pas à tout le monde. En tout cas, depuis une dizaine d'années, elle s'est mise à rayonner un peu partout en Europe et attire des étudiantes étrangères. Mais avec sa notoriété nouvelle, les polémiques qui l'entourent vont croissant. D'ailleurs, plusieurs de ses enseignantes et anciennes étudiantes ont déjà été convoquées collectivement devant la Confédération Magique internationale, puis sommées de se conformer aux directives.
L'article 28 du Code du Secret magique stipule en effet que : « Lorsqu'ils se mêlent à des Moldus, sorcières et sorciers doivent adopter des tenues respectant strictement les usages vestimentaires moldus, en se conformant de leur mieux à la mode du moment. L'habillement doit être adapté au climat, à la région géographique et aux circonstances. Devant les Moldus, on ne doit rien porter qui présente des ajustements ou des éléments vestimentaires originaux. » Or les femmes du Blocksberg, et beaucoup d'autres sorciers allemands d'ailleurs, sortent sans prendre ces précautions et estiment que les moldus ont la capacité mentale de s'adapter à la différence. D'autant que selon eux, les mœurs en changeant autorisent à prendre davantage de libertés.
- C'est vraiment bizarre… Souffla Ron Weasley malgré lui.
- Les sorciers allemands se sont majoritairement ligués du côté de l'école et ont soutenu la démarche des prévenues, poursuivit Parvati sans relever son intervention. Que ce soit pour cette raison ou pour d'autres, l'Allemagne et surtout son sud restent des zones grises pour la Confédération Magique internationale. Et c'est d'autant plus clivant que les pays d'Europe du Nord et de l'Est voient également surgir le même type de communautés sorcières qui revendiquent le droit de s'intégrer aux moldus et de vivre avec eux.
Elle hésita un peu, visiblement indécise sur la nécessité de poursuivre et le professeur Marty répondit d'une voix douce à son regard interrogateur :
- C'est un débat très complexe qui agite toute l'Europe. Mais je crois qu'en parler davantage nous ferait complètement quitter notre sujet.
Le professeur Marty semblait satisfaite du travail des quatre jeunes filles et, après avoir un peu plus questionné Sally-Ann et Parvati, attribua à la première sui semblait avoir un peu moins travaillé un A, et à la seconde un O. Les deux autres récoltèrent un E et Lavande aurait sans doute eu la note maximale si elle avait présenté les informations de manière plus structurées.
Mais bon, après leurs premières déconvenues en Histoire de la magie pour cause de manque de travail, les progrès étaient largement sensibles.
Enfin, le dernier groupe composé de Ernie, Hannah, Susan et Justin présentaient leur oral sur l'école de Uagadu et Harry sentit immédiatement sa curiosité se piquer. En effet l'école africaine avait une sacrée réputation !
- Uagadou est une école de magie africaine située en Ouganda dans le site magique des Montagnes de la Lune, commença Ernie d'une voix tellement bien posée que cela faisait un peu artificiel. Très ancienne, c'est l'école plus célèbre d'Afrique et la seule qui a su résister aux épreuves du temps, jusqu'à acquérir une réputation internationale. Mais ce n'est pas la seule et elle est liée à d'autres écoles sur tout le continent.
Susan poursuivit, au moment où Harry remarquait que Dolores Ombrage semblait avoir du mal à se contenir :
- Les visiteurs parlent de l'école comme d'un énorme édifice sculpté à flanc de montagnes dont le bas est caché par plusieurs nappes de brume, de sorte que ceux qui le voient ont l'impression qu'il flotte dans les airs…
Elle s'interrompit un instant, soudain mise mal-à-l'aise par une mimique discrète de l'Inquisitrice, mais elle se reprit rapidement et poursuivit sans presque bégayer :
- En fait, il s'agit de sortilèges primitifs de dissimulation. L'école les a laissés en place pour montrer à quel point sa magie est ancienne. En effet, Uagadou a été fondée il y a plus de mille ans, comme Poudlard et ils se disputent le titre de première école de l'histoire avec Castelobruxo.
Susan n'avait pas démérité, pourtant elle sembla soulagée de pouvoir passer le relais et Justin prit la suite sans hésiter :
- Les élèves de Uagadou viennent de toute l'Afrique. Il s'agit de la plus grande école de magie au monde parmi les onze qui existent et qui ont une renommée importante. En outre, Uagadou possède une méthode de sélection des élèves unique au monde. En effet, les enfants prennent connaissance de leur inscription à l'école par le biais d'un Messager des rêves, envoyé par le directeur ou la directrice en fonction. Celui-ci apparaît aux enfants lorsqu'ils dorment et laisse une pierre gravée qu'ils trouvent dans leur main à leur réveil. Sans cette pierre, impossible d'accéder à l'école car c'est sa possession qui les guide jusqu'à elle.
L'astronomie, l'alchimie et la métamorphose font partie des disciplines enseignées à Uagadou. Les élèves apprennent notamment à se transformer eux-mêmes et nombre d'entre eux deviennent des Animagi.
Enfin, c'était à Hannah de parler :
- A Uagadou on enseigne une pratique de la magie très particulière qui n'est pas sans rappeler celle du Blocksberg. En effet, la baguette magique est une invention européenne. Celle-ci n'a donc commencé à être utilisée par les sorcières et les sorciers africains qu'à partir du vingtième siècle, surtout après les années 50, et son usage ne s'est jamais totalement généralisé. Aujourd'hui encore, elle n'est considérée que comme un simple outil utile.
Dolores Ombrage émit un grognement peu discret que personne ne releva, Hannah pâlit un peu mais poursuivit :
- Ainsi, les étudiants de Uagadou apprennent à utiliser la magie en remuant les doigts ou avec des mouvements de la main, ce qui leur donne une bonne excuse lorsqu'ils sont accusés d'avoir violé le Code international du secret magique.
Lors d'un récent colloque international des Animagi qui se tenait à New York, l'équipe de l'école de Uagadou a aussi beaucoup attiré l'attention lorsque leur démonstration de transformation synchronisée a failli déclencher une émeute. En effet, beaucoup de sorciers et de sorcières se sont sentis menacés lorsqu'ils ont vu des élèves de quatorze ans capables de se transformer en éléphants ou en guépards. Une plainte officielle a d'ailleurs été déposée par Adrian Tutley, le Manitou américain, auprès de la Confédération internationale des sorciers…
Dolores Ombrage interrompit alors la jeune fille et tout le monde se retourna vers elle, étonné voire effrayé par sa soudaine virulence :
- Cette… école, dit-elle avec colère. Et comme le Blocksberg d'ailleurs, est régulièrement en butte avec la Confédération dont elle brave parfois les directives pour des raisons prétendues culturelles… Professeur Marty, je m'étonne que vous enseigniez ceci à vos élèves...
Le professeur Marty ne se démonta pas. Elle adressa à l'Inquisitrice un regard glacial et répliqua aussitôt :
- Professeur Ombrage, je vous rappelle que rien ne vous autorise à perturber une séance de cours.
- Rien sauf un cas de force majeure ! Répliqua Dolores Ombrage. Et nous sommes dans ce cas puisque le contenu de cette séance est inacceptable !
Harry frémit d'angoisse. Cette fois-ci Ombrage qui semblait bien détester l'école de Uagadou débordait complètement. Elle se leva de son siège et vint se planter devant le professeur Marty, à présent franchement menaçante. Pourtant, cette dernière ne se démonta pas et répondit :
- Rien dans ce que j'enseigne n'est inacceptable. Et pour des raisons qui me semblent évidentes, je vais vous demander de quitter les lieux immédiatement.
Elles se défièrent du regard durant un moment qui parut une éternité. Puis complètement furieuse, l'Inquisitrice céda soudainement et quitta la pièce, claquant violemment la porte derrière elle.
Le professeur Marty soupira avec accablement, elle semblait totalement sur les rotules et s'adressa au groupe qui présentait Uagadou :
- Je suis désolée de cet incident. Voulez-vous repasser la prochaine fois ?
- Non ça ira Madame, répondit Hannah qui n'en menait pourtant pas large. J'avais fini de toute manière…
Un peu secouée, le professeur Marty leur accorda un E à chacun.
Elle présenta ensuite rapidement les écoles restantes : Ilvermorny, Durmstrang, Mahoutoukoro et Koldovstoretz.
Harry n'eut aucun mal à comprendre qu'elle connaissait assez peu Ilvermorny (en même temps elle ne le leur cacha pas) et détestait Durmstrang presque autant que Mahoutoukoro, trouvant les deux écoles très dures et très clivantes pour leurs élèves.
En revanche, elle semblait beaucoup plus apprécier la dernière et la moins connue des écoles qu'elle leur présenta :
- Koldovstoretz, dit-elle avec un sourire plutôt enthousiaste. Est une école russe possédant de nombreuses ramifications dans tout le reste de l'Europe, notamment à l'est et au sud. C'est un institut de formation qui n'accueille que des étudiants en enseignement supérieur et les forme à des métiers techniques souvent en rapport avec la nature : élevage de dragons, bûcheronnage magique et charpenterie magique, géologie magique et minéralogie, agriculture et agronomie magique.
Harry remarqua aussitôt que plusieurs élèves de Poufsouffle semblaient très intéressés. Et d'ailleurs ils n'étaient pas les seuls. A la surprise générale, Ron leva la main :
- Oui Monsieur Weasley ? L'interrogea le professeur.
- Je connais très bien cette organisation, répondit le jeune homme assez fier. Car c'est pour eux que mon frère Charlie travaille. Il est maître-éleveur de Drago en Roumanie.
Ce n'était pas une question ni même une intervention pertinente et Hermione leva les yeux au ciel. Le Professeur Marty en revanche sembla impressionnée, mais avant qu'elle n'ait pu répondre à Ron, Zacharias Smith qui sentait visiblement bien le moment venu de faire une boulette demanda d'une voix doucereuse s'il était vrai que les étudiants de l'institut pratiquaient le Quidditch avec des troncs d'arbres.
Harry écarquilla les yeux sous l'effet de la surprise. Cependant le Professeur Marty lui répondit, non sans ajouter une petite pique.
- C'est un cliché qui perdure malheureusement, du moins dans certains milieux assez peu au courant ou rechignant à s'informer correctement.
Ce n'était pas courant chez elle, mais Zacharias Smith n'en était pas à son coup d'essai et Harry comprenait aisément que le professeur en ait marre.
Il y eut un léger éclat de rire dans la classe et elle poursuivit :
- Les apprentis bûcherons de Koldovstoretz pratiquent bien un sport avec des troncs d'arbres qui implique de voler dessus. Cependant il ne s'agit absolument pas du Quidditch mais du Luchevoy boy, autrement dit « combat de poutres ».
Ce sport consiste à s'élever sur un tronc d'arbre préalablement ensorcelé et à aller tenter de désarçonner son adversaire qui a fait de même. Cela peut se jouer à deux ou plusieurs joueurs, en équipes ou non et avec des variantes… On peut même voir des matches qui opposent plus de deux équipes. C'est un sport dangereux qui demande un énorme dextérité magique et une grande maîtrise des sortilèges.
Elle devança le sourire narquois de Zacharias en précisant que ce n'était pas pour elle, et sans doute pas beaucoup plus pour eux non plus.
- Au départ, ajouta t-elle une fois que les quelques rires se furent calmés. C'était un genre de « sport de voyou » mais les règles se sont codifiées et, depuis une quinzaine d'années, un championnat a lieu tous les ans dans le monde des bûcherons et charpentiers magiques. C'est très prisé en Europe de l'Est même si la discipline est dangereuse et qu'il y a régulièrement des morts.
- Et ce sport est autorisé ? S'étonna Lavande.
- Par la force des choses, oui. La Confédération magique internationale, bien qu'elle n'ait jamais approuvé sa création, n'a pas réussi à l'interdire. C'était trop populaire.
- De toute manière, répliqua Zacharias Smith avec une moue satisfaite, la Confédération internationale des Sorciers n'a aucun pouvoir ! C'est juste un ensemble de pantins…
- Mais quel idiot… Soupira alors Hermione que les remarques désobligantes du Poufsouffle avaient totalement exaspérée.
- Qu'est-ce que tu as dit Granger ? Répliqua le garçon en se levant.
Le professeur Marty lui mit la main sur l'épaule et le força à se rasseoir, mais elle adressa aussi un regard réprobateur à Hermione qui ne se démonta pas pourtant.
Elle toisa le Poufsouffle et répliqua :
- J'ai dit « Mais quel idiot », Smith.
- Allons du calme, ordonna le professeur Marty. Modérez un peu vos propos, l'un autant que l'autre.
Bon gré, mal gré, les deux ennemis se contentèrent d'échanger des regards en chien de faience.
- Vous pensez vraiment que la Confédération sert à quelque-chose ? Demanda alors Justin à la surprise générale.
Il avait le ton déprimé d'une personne désabusée qui ne croit plus aux miracles, ce qui n'était guère étonnant dans le contexte où se trouvait le monde magique et avec son propre vécu familial (aux dires, sa famille était de plus en plus tendue par rapport à la magie, ce qui lui faisait beaucoup de mal). Ernie qui était un de ses meilleurs amis lui répondit pourtant sans manifester le moindre doute :
- Bien sûr que oui, elle sert à quelque-chose ! C'est grâce à elle que les moldus et les sorciers vivent en paix et qu'on est protégés de mages noirs comme Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom... Albus Dumbledore lui-même l'a dirigée durant de nombreuses années.
- Mais à présent il n'y est plus, fit remarquer Zacharias d'une voix doucereuse.
- Il ne tardera pas à y revenir, j'en suis convaincu, répliqua Ernie. Le Ministère ne va pas le bloquer longtemps. Et puis, il a toujours du poids… Après-tout cela fait des mois que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom est revenu et il n'a pas encore repris ses crimes… Enfin à part tuer Cédric…
L'ensemble de la salle se rembrunit et les Gryffondor respectèrent l'instant de silence pesant qui s'était installé parmi les Poufsouffle, le Professeur Marty comprit. Même Zacharias semblait avoir perdu un peu de sa superbe et de son arrogance.
- Clair, murmura simplement Seamus.
Les élèves questionnèrent ensuite le professeur sur la Confédération magique internationale :
- La Confédération internationale des Sorciers est une organisation du monde magique semblable aux Nations Unies des Moldus, répondit le professeur Marty. Elle est dirigée par un Manitou suprême et son but principal est d'empêcher des conflits ou des persécutions entre sorciers et moldus, que ce soit dans un sens ou dans l'autre. Il faut savoir que quelques moldus et cracmols en font également partie et assurent la liaison avec le monde moldu.
Parvati Patil leva alors la main :
- Qu'est-ce que c'est un Manitou suprême ? Demanda-t-elle.
- C'est un chef, répondit Ernie.
Le Professeur Marty l'arrêta avec douceur :
- Pas tout à fait, répondit-elle. La Confédération magique internationale est une instance collégiale. Le Grand Manitou en est le président. C'est lui qui dirige les réunions mais, s'il a de nombreux pouvoirs, il ne peut pas prendre seul les décisions qui sont débattues et votées.
- C'est un peu un parlement alors ? Demanda Lavande.
- Un peu oui, répondit l'enseignante.
- Depuis combien de temps existe la confédération ? Demanda Parvati.
- Depuis 1890, du moins sous la forme actuelle car les prémices datent en réalité du XVI° siècle.
- Est-ce qu'ils imposent les lois qu'ils veulent aux différents ministère ? Demanda Seamus.
- Sur la gestion du Secret magique, c'est largement vrai dans la plupart des pays du monde, répondit le professeur Marty. Depuis plusieurs siècles la confédération a imposé ses décisions dans la plupart des territoires magiques. Mais pour le reste c'est plus mitigé. Par exemple en 1899, Pierre Bonaccord, premier Manitou suprême de la Confédération internationale des sorciers qui était français a voulu déclarer illégale la chasse aux trolls et leur donner des droits.
Toute la classe pouffa de rire, Harry le premier, tandis que le professeur poursuivait :
- C'est pourquoi le Liechtenstein qui rencontrait alors des difficultés avec une tribu de trolls des montagnes particulièrement féroce refusa d'y adhérer dans un premier temps. Ils ne s'y sont joints qu'en 1945 après la capture de Grindelwald, lorsque les sorciers du pays ont intégré le ministère suisse. C'était encore sous Sidley Smirk Platter, un sorcier qui occupé le poste de Manitou suprême et qui a ensuite été nommé Enchanteur-en-chef.
- Enchanteur-en-chef ? L'interrogea alors Harry.
- C'est un titre honorifique, répondit le professeur Marty. Un manitou qui quitte ses fonctions est nommé enchanteur.
- Et Albus Dumbledore ? L'interrogea Ron. Il a été démis cette année, c'est bien cela ?
- Oui, répondit l'enseignante. Albus Dumbledore a été nommé Manitou Suprême en 1946, mais il a été démis de ses fonctions par le ministère de la Magie cet été à cause de ce qu'il a dit sur le retour du Seigneur des Ténèbres. C'est Babajide Akingbade a succédé à Albus Dumbledore, c'est un conservateur pour ne pas dire autre-chose.
A la surprise générale, Lavande Brown leva la main, visiblement curieuse ce qui lui arrivait rarement :
- Oui ? Demanda le professeur Marty.
- Je ne comprends pas professeur, dit-elle. Si la confédération est internationale et que le professeur Dumbledore la dirigeait… Comment le Ministère de la Magie anglais a t-il pu le destituer ?
Harry qui suivait la conversation avec beaucoup d'intérêt remarqua aussitôt que le professeur Marty semblait apprécier la question. En effet elle sourit avec douceur et répondit :
- La Confédération magique internationale est une institution « internationale » comme son nom l'indique. Ce qui veut dire que chaque ministère nomme ses représentant. Les sièges britanniques à la Confédération sont ainsi choisis par le ministre de la Magie, sous réserve de l'approbation du Magenmagot qui peut également destituer un représentant avec l'approbation du Ministre. C'est précisément ce qui est arrivé à Albus Dumbledore cet été. Le Magenmagot l'a démis de ses fonctions, décision validée par Cornelius Fudge.
Il y eut un léger frémissement dans la salle, Lavande Brown posa encore une question :
- Donc le Ministère est extrêmement lié à la Confédération magique internationale ?
- Exactement Miss Brown, répondit le professeur Marty. Le bureau britannique de la Confédération internationale des sorciers est d'ailleurs situé au Département de la coopération magique internationale, l'instance qui gère les affaires étrangères… Et les relations avec les dirigeants moldus d'ailleurs, depuis environ trois ans.
A son tour, Ernie Macmillan leva la main et sa question déclencha les rires :
- J'ai vu que sur la carte de chocogrenouille de Dumbledore, le terme utilisé est "Confédération internationale des Mages et Sorciers", d'ailleurs c'est le même qui apparaît dans ses titres sur la lettre de Poudlard. Pourquoi dîtes-vous Confédération magique internationale ?
Harry soupira et ne put retenir un sourire amusé. Ernie vouait vraiment au directeur une adoration sans faille, qui se vérifiait jusque dans des détails aussi insinifiants que celui-ci. Toujours est-il que le professeur Marty lui répondit :
- La confédération a changé de nom de nombreuses fois, expliqua t-elle. Depuis 1815, elle s'appelait comme vous venez de le dire et cela a été le cas dans le monde britannique jusqu'à il y a trois ans, même si le terme « Confédération magique internationale » lui a souvent été préféré, ou celui de « Confédération internationale des sorciers » qui était celui d'origine. En 1692, c'est sous ce nom que la Confédération a débattu de la décision de vivre cachés, sept longues et douloureuses semaines de discussions qui ont finalement abouti au secret magique, grandement renforcé en 1815. L'accord conclu finalement décrétait que vingt-sept espèces devaient désormais être cachées aux yeux des Moldus.
- Je croyais qu'il y en avait plus, souffla Zacharias.
- Il y en a bien davantage aujourd'hui en effet, répondit l'enseignante. Le nombre a été augmenté depuis, jusqu'à atteindre plusieurs centaines, en comptant de nombreuses sous-espèces et catégories. Et au fur et à mesure, la confédération devient de plus en plus procédurière et codifiée également. Cela n'aide pas forcément à la rendre efficace d'ailleurs.
Ernie Macmillan avait encore une question et il leva la main, le visage soudain tendu :
- Professeur ? Demanda t-il, non sans une certaine gravité.
- Oui ? Demanda la jeune femme.
- Vous…
Ernie hésitait un peu et son regard croisa une seconde celui de Harry :
- Vous y croyez vous, au retour de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom ? Demanda-t-il finalement.
Le professeur Marty sembla surprise d'une telle question, mais cela ne dura que le temps d'un battement de cils :
- Oui, répondit-elle finalement avec fermeté. J'y crois. De toute façon, cela ne devrait pas vous étonner.
Harry entendit en effet Zacharias marmonner, juste derrière lui :
« En même temps elle est du côté de Dumbledore, c'est logique... »
Mais au moins c'était dit, et pour Harry c'était même un véritable soulagement car il s'était posé la question à de nombreuses reprises ces dernières semaines.
Lorsque le cours se termina enfin et qu'il ramassa ses affaires, le bilan était très clair à ses yeux : Premièrement le Professeur Marty n'avait pas peur d'afficher son opposition au Ministère et cela risquait fort de lui attirer des ennuis.
Deuxièmement, Dolores Ombrage avait critiqué sans vergogne plusieurs écoles mais s'était sérieusement faite rembarrer par le professeur. Fallait-il considérer ceci comme de bon augure ? Rien de sûr mais cela avait quelque-chose de réconfortant pour le jeune homme de penser que quelqu'un osait tout de même s'opposer à cette harpie.
Aussi c'est le cœur plutôt léger que Harry quitta la salle de classe, mais non sans remarquer l'air très soucieux du Professeur Marty, qui rangeait ses affaires bien trop lentement pour que l'altercation ne l'ait pas ébranlée.
Vraiment cette femme était particulière. D'ailleurs Harry se rendit compte qu'il n'était pas le seul à le penser :
- Vous avez vu ? Dit soudain Hermione alors qu'ils remontaient le couloir. Le Professeur Marty appelle Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom « Le Seigneur des Ténèbres »…
Harry s'en était également rendu compte, mais jusqu'à ce que son amie l'évoque, cela ne l'avait guère choqué. Elle, au contraire semblait complètement déstabilisée, scandalisée et même un peu inquiète.
Ce fut Ron qui lui répondit d'une voix qui semblait se vouloir appaisante :
- Ce n'est pas étonnant, dit-il. Elle vient d'une famille de sang-purs, les Selwyn si je me souviens bien. Beaucoup de gens comme elle l'appellent ainsi, c'est très courant chez les conservateurs et cela ne veut pas du tout dire qu'ils sont mangemorts si c'est ce que tu crains. Certains aurors du Ministère l'appellent aussi de cette manière d'ailleurs…
Harry frémit. Il préférait ne pas remettre immédiatement en cause les paroles de son ami, mais tout d'un coup il pensait à un détail particulièrement troublant :
- Rogue aussi l'appelle comme cela, souffla t-il, soudain franchement mal-à-l'aise.
- C'est un ancien mangemort, répondit Hermione que la perspectiive ne semblait pas du tout rassurer. C'est normal pour lui… Mais tout de même, chez quelqu'un comme le professeur Marty, c'est plutôt surprenant… Enfin, je n'aurais pas pensé que...
Ron cependant ne semblait toujours pas étonné et il la tempéra :
- Lors du premier règne de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, Charlie m'a dit que beaucoup de monde l'appelait comme ça, même parmi ses ennemis. Ce n'est qu'après que ce nom est devenu un peu… Disons mal-vu en société. Mais il me semble que le Professeur Marty vivait déjà parmis les moldus à cette époque… Sûrement n'a t-elle pas changé sa manière de le nommer si personne ne lui mettait la pression…
- Il y avait vraiment beaucoup de monde qui appelait Voldemort « Le Seigneur des Ténèbres ? L'interrogea Harry que ce point commençait à franchement inquiéter.
- Oui, répondit Ron. La plupart des gens qui osaient parler de lui… Je me rappelle même que mon père l'appelait comme ça lorsque j'étais petit… Oui. Maintenant que je me souviens… Je crois bien qu'il a arrêté quand Fudge est arrivé au pouvoir. Il disait que le nouveau ministre ne supportait même pas ce nom… Oui, je crois bien que c'est cela.
- Fudge est vraiment un lâche, marmonna Harry avec accablement. Je n'arrive pas à croire qu'il ait imposé cela au Ministère !
Hermione cependant lui mit la main sur le bras et le fit taire d'un regard d'avertissement. Un peu plus loin dans le couloir en effet, Dolores Ombrage était en train de patrouiller, la mine féroce.
