Némésis ferma son armoire en soupirant, fit glisser sa valise sous son lit d'un coup de pied, puis s'étira le dos.
Ses bras retombèrent contre son corps alors qu'elle jetait un regard à la pièce vide, dont les trois lits n'accueilleraient personne tout au long de l'année.
De nouveau seule avec elle-même... Heureusement qu'elle était suffisamment narcissique pour apprécier sa propre présence.
Némésis sortit sa baguette de sa poche, la fit tourner dans sa main, puis la pointa vers l'âtre personnel que possédait sa chambre. Le feu partit, et elle retourna à ses livres, satisfaite.
Soudain, la lumière disparut. Némésis grommela dans sa barbe, pointa de nouveau sa baguette vers la cheminée, alluma un feu... Qui s'évanouit une seconde plus tard.
Une veine de colère marquant son front, la jeune fille essaya une nouvelle fois, aussi infructueuse que les deux précédentes.
-Ils m'ont mis quel bois encore, ces petits lutins d'employés ? Grommela-t-elle en s'avançant d'un pas.
Némésis se baissa puis toucha le bois du doigts, humide sous sa peau. Un grognement mécontent s'échappa de sa gorge alors que, d'un simple mouvement de la main, elle faisait partir une flamme si grande et incandescente que même l'humidité ne put l'empêcher de bruler.
La mâchoire serrée, Némésis se recula d'un pas, toisant son ouvre d'un air critique. Si ce n'était que le feu...
Elle fit de nouveau passer son regard sur sa chambre, dont même les peintures, les plantes, ou encore les objets ne pouvaient cacher le triste vide. Il régnait là ce même sentiment de solitude, de tristesse et de néant qui l'avaient accompagné toute sa scolarité, et qui l'accompagnerait sans doute jusqu'à la fin de sa septième année. Némésis était seule, et même si elle pouvait être pleinement dans son environnement, elle savait qu'elle risquait de s'ennuyer fortement.
Némésis alla dans son lit, se déchaussa, et s'enfonça sous les couettes, un livre à la main, son pyjama sur les os.
Un soupire s'échappa de ses lèvres. Un soupire, mélange de colère et d'amertume.
Elle s'y était faite avec le temps, il fallait dire qu'elle n'avait eu d'autre choix, mais elle se souvenait encore très clairement du profond sentiment d'injustice qui s'était encré en elle, lorsqu'en première année, pleine de rêve et d'espoirs, l'âme blanche et une forte envie de n'apporter aucun problème, on l'avait placée dans une chambre à part sous la demande des parents, qui, rien que pour son nom, ne voulaient pas que leur enfant soit lié à elle, pas pour les protéger, mais pour qu'on ne les accuse jamais d'avoir un quelconque lien avec Gellert Grindelwald.
Elle le haïssait tellement.
Lui, ses actions, son héritage.
Le pire était sans doute d'entendre ses camarades l'envier d'avoir une chambre rien qu'à elle ! La bonne blague ! Elle n'était ni récompensée, ni adulée, mais bien et simplement punie. Encore et toujours punie. Punie de porter le nom Grindelwald. Punie d'être née. Punie d'être ce qu'elle était.
L'herbe et toujours verte ailleurs. Non?
De toutes façons, elle n'en avait plus rien à faire de ce qu'ils pouvaient penser désormais.
Némésis fut tirée de ses pensées lorsqu'on toqua à sa porte. Elle pinça les lèvres, tirée du fantastique roman qu'elle posa sur sa table de chevet, s'extirpant des draps chauds. Qui venait encore la déranger ?
De mauvaise grâce, elle ouvrit la porte, et écarquilla les yeux en voyant qui se tenait derrière.
-Titania? S'étonna-t-elle, incrédule.
-Ils m'ont placée avec toi, ricana la brune, gênée. Ça ne te dérange pas ?
Némésis cligna les yeux. Titania lui demandait si elle avait un problème ?! La brune passa une main derrière son oreille pour remettre une mèche, de gêne. Sa minuscule valise à ses pieds, son uniforme fraichement accordé aux couleurs de Serpentard, Némésis eut du mal à douter de son honnêteté.
-Et toi ? Grinça-t-elle. Ça ne te dérange pas d'être avecmoi?
-Pourquoi ça me dérangerait ?
Le regard calme et doux de Titania passa sur son visage. Elle savait très bien ce que signifiait cette question, mais Némésis devait bien comprendre qu'elle n'avait que faire de ces stéréotypes sorciers.
Némésis resta immobile quelques secondes, proche de faire tourner sept fois sa langue dans sa bouche pour être sûre de ce qu'elle allait dire.
Elle lâcha la porte, l'ouvrant en grand, se reculant d'un pas, puis laissa un sourire égayer son visage en voyant que Titania restait sur le pas de la porte.
-Tu n'entre pas ?
La brune lâcha un grand sourire en trainant sa minuscule valise derrière elle. Titania marqua un temps d'arrêt à l'entrée de la chambre, admirant toute la décoration spéciale que Némésis avait faite.
Comme la salle commune, il régnait dans la chambre un ambiance calme et reposante. Elle pourrait paraître étouffante, mais c'était loin d'être le cas. Némésis laissa à son tour ses yeux se balader sur la pièce. Les murs étaient faits d'une pierre noire lisse, sans imperfections. Le sol était en bois assez clair, tellement bien ciré et propre qu'on pourrait y voir son reflet. Il y avait trois lits dans la chambre ronde. L'un près du lourd battant de la porte et deux autour de la grande alcôve. Dans le renfoncement trônait une magnifique vitre d'où ce dégorgeait une hypnotisante lueur verte, venue tout droit du lac. C'était incroyable, magique, hypnotisant. Trois grandes armoires vernies se tenaient devant chaque lit, ainsi que des commodes ornées d'objets en tous genres. Au plafond se tenait une lampe que Némésis n'utilisait jamais.
Des plantes pendaient des murs, dessinant leurs motifs verts sur le noir profond du boit. Sur les lits, du lierre venait décorer les poutres. Du plafond, de grandes peintures luisaient de leurs belles couleurs. Paysages, personnages mythologiques, histoire et future, tout se mélangeait dans les arabesques et les courbes. Titania les regarda, figée. Était-ce sa colocataire qui avait peint tout ça ?
-Et tes parents ? Cela ne va pas les gêner ? Demanda Némésis, stupéfaite qu'il n'y ait aucun souci.
Titania marqua un temps d'arrêt, alors que ses yeux bleus semblaient se voiler.
-Non, aucun risque.
Heureuse comme jamais, Némésis haussa les épaules, tourna sur elle-même, puis se plaça devant la fenêtre. Le feu crépita, sans doute partageant sa joie. C'était la première fois que quelqu'un d'autre qu'elle mettait ses pieds dans cette chambre, et cette inhabituelle nouvelle la comblait de joie. Tellement de joie que ce fut elle qui mit l'autre à l'aise lorsque, presque espiègle, elle déclara :
-Tu veux quel lit ? »
« Alors ?
Tom baissa le regard vers ses camarades de chambre, plus particulièrement vers le beau blond qu'était Abraxas Malfoy.
-Elle est puissante. Considérez-la comme aussi dangereuse que Grindelwald. Même si cela m'écorche la langue de le dire, leur intelligence est bluffant, à toutes les deux. Grogna le « prince de Serpentard » en prenant place sur son lit.
-Vraiment ?
Tom se tourna vers Orion.
-Noir. J'ose espérer que tu ne doutes pas de mes capacités ?
Orion serra les dents, en proie à une pression habituelle dans le crâne.
-Je ne risque pas de douter de vos capacités, grogna-t-il en se tenant la tempe, mais il est dur de croire qu'elle puisse être agressif.
-Elle ne l'est pas, le coupa Jedusor. Du moins, pas pour le moment...
Tom fit tourner sa baguette dans sa main, relâchant la pression qu'il exerçait sur Orion Black. Le septième année laissa un soupire lui échapper.
Le brun se leva soudain et se dirigea vers l'étagère de leur chambre, en sortit le seul livre d'astronomie qu'il possédait et le posa sur la table, l'ouvrant lentement jusqu'au chapitre des centaures.
-Ne devrions-nous pas leur mettre un coup de pression ? Grogna Avery. Une sang de bourbe, qui plus est, une femme, ose nous défier ! Elle ne mérite pas d'être à Serpentard ! Elle ne mérite pas de fouler le sol magique !
Il eut de nombreuses approbations dans la chambre. Lestrange siffla une messe basse à Zabini qui hocha la tête avec accord.
-Cela ne devrait pas être si dur, ricana Lestrange. Que pourrait faire une femme contre nous ?!
-Ramper ? Suggéra Zabini.
Il eut de nombreux rires dans le groupe de sangs purs, qui, à peine revenus des vacances se languissaient déjà de sang et de pleurs. Abraxas pinça les lèvres, amenant son verre d'eau à ses lèvres alors qu'il jetait un regard furtif à Tom. Il sut qu'il eut raison lorsque le brun referma sèchement son livre, ramenant toute l'attention sur son visage froid. Lui, il ne trouvait pas cela amusant du tout.
-Elle maitrise parfaitement les étoiles, commença-t-il d'une voix trainante, si...
Des ricanements prirent le groupe, le coupant alors que le brun serrait la mâchoire, ulcéré.
-les... Étoiles ? S'esclaffa Avery. Que pourrait-elle bien faire avec une telle capacité. Nous prédire l'avenir ?!
Les rires redoublèrent mais soudain un cri de douleur résonna parmi l'effervescence.
-Imbécile ! Aurais-tu oublié les malédictions de Grindelwald ?! Pourquoi crois-tu que nous la nommons la « Noire du Sort » ?!
Avery se tint la tête en serrant les dents, un gémissement de douleur au fond de sa gorge alors que Tom se relevait. Le brun les toisa tour à tour, chacun de ses « amis ».
-Sachez, reprit-il d'une voix sombre, que chaque capacité et affinité peut être exploité jusque-là moindre parcelle. La magie peut être la pire des armes, voyez ce que peut faire un peu de legilimancie, déclara le brun en pointant Nott qui serrait les dents, Grindelwald est une devineresse à un si jeune âge. Pensez-vous que son pouvoir est ridicule ! Pensez-vous être capables de rivaliser avec elle ! Non. Car elle maitrise parfaitement son don, et même au-delà. Là où certains n'auraient aperçu qu'une simple banalité, elle a réussi à le transformer en poison mortel. Il refit une pause, passant son regard sang dans chaque paire d'yeux autour de lui. Nous l'avons vu, si elle n'avait pas levé sa malédiction il y a trois ans, Mulciber et Carrow seraient morts. Et elle n'était qu'en première année. Rien ne dit que Dragya n'est pas comme elle. Rien ne dit qu'elle n'est pas aussi dangereuse. Rien ne dit que son don n'est pas tout autant mortel. Et, rien ne dit que, même s'il ne l'est pas maintenant, il en sera toujours ainsi. Il en est pareil pour tous les inconnus. Et elle... Elle n'a rien d'une sang de bourbe ordinaire.
Un silence lourd passa alors qu'Avery se redressait, le souffle court, une pellicule de sueur recouvrant son front. Tom lui jeta son regard impartial, avant de reprendre la parole :
-Je ne sais plus comment vous le dire, siffla-t-il. Les femmes sont plus redoutables que vous. Savez-vous pourquoi ? Car vous ne vous méfiez pas d'elles. Il resta un instant silencieux, la pression de sa magie parfaitement dosée pour faire son effet, avant de reprendre : Orion, en compagnie de Walburga, je veux que tu surveilles Dragya, et Grindelwald si possible. Je ne pourrais pas toujours le faire. Vous vous approcherez d'elle et essaieraient de devenir ses amis.
Orion Black déglutis avant de déclarer :
-Jedusor... Comment dire... Ma cousine... Enfin, Walburga... Risque de ne pas apprécier. Lorsque vous faisiez la visite, elle hurlait à tout bout de champ que... Dragya était une... Une sang de Bourbe. Termina-t-il difficilement.
-Sang de Bourbe dis-tu ? Un rire s'échappa de sa gorge, alors nous lui ferons passer le test, tout simplement.
-Le test ? Répéta Lestrange incrédule.
-Oui, notre test, susurra Tom en faisant tourner sa baguette dans sa main droite, Nous saurons si oui ou non elle mérite sa place à Serpentard.
Tom se débattait violemment, son cri se perdant sous la surface. Un poids l'aplatissait contre le sol tranchant. On le frappait brutalement et on lui enfonçait sauvagement la tête sous l'eau. Incapable de riposter, l'enfant n'avait à peine le temps de respirer que sa gorge s'emplissait de nouveau de l'eau glaciale et boueuse de la petite jument.
Il entendait des voix à ses oreilles, entrecoupées par la flaque et ses cris. Il tentait vraiment de se débattre, agitant ses petits bras maigres et vides de forces. Mais rien n'y faisait. Sa joue lui brulait et son souffle lui manquait.
On le tira brusquement de l'eau boueuse, et c'est à peine s'il eut le temps de respirer qu'il plongeait de nouveau. Les larmes ravageaient ses joues et se noyaient dans la mare. Sa pommette ensanglantée se perdait dans la peur que ressentait son corps entier. Pourquoi on lui faisait ça ?! Qu'avait-il fait !? Pourquoi ? Pourquoi ?
On le tira férocement de l'eau.
-Bah alors ? Il dit quoi le monstre ? Ricana une voix impitoyable au-dessus de lui.
Il eut de nombreux rires tout autour de lui alors que Tom se débattait pour se boucher les oreilles. Il ne voulait plus les entendre ! Il ne voulait pas les entendre !
-Elle est où ta mère ? Ah oui, c'est vrai... Ta catin de mère est morte !
-LA FERME ! Hurla Tom.
La personne qui le tenait ne lui laissait même pas le temps de souffler qu'elle lui plongeait si sauvagement la tête sous l'eau qu'il se cognait violemment le front contre le sol de pierre. Tom hurla ! Hurla dans l'eau à s'en déchirer la gorge. Il était proche de l'évanouissement ! Il sentait ses poumons douloureux se serrer, son cœur s'affoler, sa tête lui tourner. Il ne voyait plus rien, plongé dans la douleur de cette effrayante brusquerie.
-Qu'avait-il fait pour mériter ça ! Pourquoi on lui infligeait toute cette torture ?! Pourquoi ?! Pourquoi ! Dans l'eau boueuse et étouffantes de la mare, gelée dans la nuit, il fut frappé par la cruauté de son monde.
On lui faisait ça car il était différent.
Un nouveau cri s'échappa de sa gorge, et mourut dans les bulles d'eau. Mais il n'avait rien à voir avec ses pauvres cris d'enfant apeuré.
C'était des hurlements de rage.
Tom se releva brusquement, le cœur battant à tout rompre la mélodie de sa rage. De justesse, il parvint à empêcher sa magie de réveiller ses camarades qui fronçaient les sourcils, en proie à sa fureur destructrice.
Le brun s'éjecta de ses draps, couvert d'une pellicule de sueur, et se dirigea vers la salle de bain attenante dans laquelle il s'enferma d'un mouvement de main négligé. Haletant, il se posa devant le miroir et jeta un regard sanglant à son reflet fiévreux et maladif. Sa peau transpirante était plus pâle que d'habitude et ses cheveux en bataille collaient son front.
Ulcéré, le brun se servit un verre d'eau qu'il avala d'une traite avant de le remplir de nouveau.
Il n'était pourtant plus à l'orphelinat pourtant. Le bâtiment vieux et lugubre Wool était loin, il ne serait plus agrippé au col, trainé sur le sol comme un vulgaire sac, ne serait plus battu et injustement insulté. Il n'en avait même plus rien à faire de ces cloportes.
Et pourtant une haine sans nom brulait encore en lui.
C'était risible. Ces vieux souvenirs d'enfance continuaient à s'inviter dans ses rêves, comme des parasites ou des virus dont il ne pouvait se débarrasser.
Son poing lui démangea lorsqu'il plongea es yeux dans leurs reflets, d'un rouge pareil à celui du sang.
Poudlard et la vue es sangs de bourbe avaient ravivé en lui une haine indescriptible, et comme chaque année, après chaque été, il était un peu plus sûr à chaque fois qu'il haïssait les moldus de tout son cœur.
Tom porta sa main à son front. Lorsqu'il serait immortel, qu'il serait invincible, qu'il dirigerait le monde sorcier, il pourrait enfin se débarrasser de cette identité qui le collait comme une mauvaise peau, son passé, et les honteux souvenirs qui allaient avec.
Némésis s'étira de toute sa longueur, laissant son dos craquer alors qu'elle se retenait ardemment de bailler. La Blanche frissonna et se passa une main dans les cheveux, pour les démêler mais abandonna bien vite lorsque ses doigts se coincèrent dans ses mèches.
Elle enfila ses pantoufles puis refit son lit d'un simple geste du doigt, bougonnant un :
-Tu as bien dormi ?
Titania qui lisait, assise sur le rebord interne de la fenêtre principale, releva ses yeux mi-amusés mi-irrités vers elle.
-C'est courant de ressentir une magie sombre qui donne la migraine à Serpentard ?
Némésis grommela en enfilant son pull.
-Cela arrive lorsque cet insomniaque d'idiot de Jedusor est particulièrement de mauvaise humeur.
-Si on t'écoute, cela arrive souvent, ricana Titania en allumant le feu.
Némésis tourna vers elle ses yeux étonnés par cette innocente attention.
-Il est toujours de mauvaise humeur, bougonna-t-elle, mais cette nuit a dû être particulièrement rude. J'ai mal partout !
Titania hocha la tête, tournant son regard vers l'extérieur. Assise dans l'alcôve de la chambre, sur un banc aménagé de coussins et de draps, elle avait eu tout le temps de penser à la suite des évènements, et Tom Jedusor semblait être une véritable personnalité de la maison Serpentard, même après avoir passé une longue heure à ses côtés le soir précédent, elle ne parvenait toujours pas à deviner sa manière de penser. Et avec du recul, Némésis, derrière ses farces et ses airs honnêtes était un peu de la même trempe.
- Que lis-tu ? Lui demanda la blanche en s'asseyant à ses côtés.
Titania ferma les livre pour lui montrer la couverture.
-Un livre de métamorphose sur les animagus.
Némésis hocha la tête d'un air connaisseur, à moitié fictif.
-Un sujet passionnant !
Titania hocha la tête avec enthousiasme. Némésis admira un instant son visage, lisse de toute fatigue, coiffée parfaitement. C'était fou ce que La Blanche se sentait bien dans sa chambre. Comme s'en avait rarement été le cas.
Soudain, Némésis grimaça face à une vague de douleur qu'elle cacha difficilement. Comme chaque matin, son corps la lançait. La crise passée, elle se laissa tomber contre la vitre qui laissait des rayons verts pénétrer la pièce, son souffle se fit silencieux, se mélangeant à celui de Titania jusqu'à ce qu'elle se mette à bailler. Son amie lui jeta un regard amusé, elle, absolument pas épuisée.
-Tu es matinale, soupira Némésis en passant sa main dans ses cheveux emmêlée, une grimacer plaquées sur le visage.
-Pas vraiment. Je ne dors que très peu.
-On ne le dirait pas à te voir ainsi, fit remarquer la Noire du sort.
-Ce n'est pas une insomnie, mon corps n'a simplement besoin que de peu de sommeil. C'est ainsi. Je peux laisser mon livre là ? Demanda Titania en désignant le rebord.
Némésis pencha infimement la tête sur le côté. Un corps qui n'a besoin que de peu de sommeil ? Elle ignorait pourquoi Titania la détournait de la vérité, mais elle savait qu'elle aurait tout le temps de réfléchir aux secrets que semblait cacher sa colocataire.
-Fais, grommela-t-elle sans réfléchir. Mais quoi qu'il en soit, tu peux continuer à lire, à l'heure qu'il est, la salle commune ne doit abriter que les premières années trop soucieux de leur rentrée pour réussir à dormir, lâcha Némésis en s'étirant. Le couve-feu n'est toujours pas terminé.
Titania jeta un regard amusé au sac qu'elle avait déjà parfaitement préparé.
-Je ne peux pas leur en vouloir, ricana-t-elle.
-Tu parles, ils trépignent comme des puces.
-Et je pourrais en faire de même.
Némésis laissa un petit rire lui échapper.
-Si je n'avais pas pris l'habitude de rester calme en toutes circonstances, précisa Titania en levant l'index.
-Un point ce ?
-Et bien, oui. Rit doucement Dragya amusée de la candide stupeur de sa camarade. C'est ma première rentrée tout de même.
Némésis haussa les épaules et attira ses vêtements vers elle d'un mouvement de doigt.
-Pourtant je n'ai jamais été angoissée pour quelque-chose de tel, ricana-t-elle pensivement.
Némésis tourna les talons et se dirigea vers la salle de bain. Comme toujours, accordée avec les couleurs de Serpentard. Elle posa ses vêtements sur le meuble prévu à cet effet, puis jeta un regard aux rangements avant d'hausser les sourcils.
-Tu es réveillée depuis quelle heure au juste ? Demanda-t-elle.
Les rangements étaient optimisés, prenaient peu de place et étaient propres, la salle de bain semblait avoir été de nouveau nettoyée, et il n'y avait pas d'eau dans le fond de la douche. En d'autres termes, Titania était lavée depuis bien plus qu'une petite demi-heure.
-Je ne sais pas, avoua Titania depuis la chambre, on ne voit pas les étoiles malheureusement, mais si tu veux, ça fait deux heures, vingt-trois secondes, et quarante-huit secondes. Quarante-neuf maintenant.
Némésis fronça les sourcils. Il y avait un certain amusement dans la voix de son amie, mais aucune tâche de plaisanterie. Elle était non seulement sérieuse, mais aussi absolument sûre d'elle. Lorsque la Blanche jeta un Tempus, elle fronça les sourcils. Titania Dragya n'avait presque pas dormi.
Perplexe, la jeune ville retira son ample haut gris puis son vertement noir. Elle s'engouffra dans la grande douche carrelée de noire et de vert, l'entourant dans une sombre étreinte, comme l'isolant du reste du monde.
Némésis aimait l'eau pour cette sensation de calme, de solitude, de sérénité... C'est aussi pourquoi elle louangeait tant son créateur de maison pour l'incroyable idée de placer sa salle commune sous le lac.
En réalité, elle pouvait être aussi sereine qu'intrépide. Seule ou avec une poignée de personnes, elle devenait aussi tranquille que l'eau, en compagnie de Peeves et ses blagues, elle devenait une foudre surchargée d'électricité. Elle réunissait deux pôles opposés, la terrifiante noblesse et la candide douceur.
Némésis pouvait être comparé à la météo. Froide et dure, mais chaleureuse et douce. Elle était tempête, ouragan destructeur, orage grondant, ras de marrés époustouflants. Elle décimait et créait comme elle le souhaitait.
Et puis, il y avait son héritage. L'héritage de sa mère. Les pouvoirs des Fortuna.
Sa voix résonnait comme une sentence irrévocable, irréductible, et divinement dangereuse. Elle pouvait maudire à jamais une vie, rendre une existence malheureuse, prédire un futur destructeur, l'éviter, ou l'utiliser.
L'eau chaud vient enflammer sa peau comme un brasier liquide.
Un soupire lui échappa, manquant de se mélanger à un gémissement de douleur. Elle apporta sa main à sa poitrine, tentant de calmer ses poumons douloureux.
S'il y avait une chose que Némésis exécrait, c'était bien la fatigue, et elle était mentalement épuisée. Pas des regards, pas de la haine, pas de l'école, ni de la solitude, mais bien de sa propre magie. C'était insoutenable.
Elle supportait la chute d'un paradoxe datant d'avant sa naissance. Elle supportait une ombre du passé, une accumulation de souffrance et de répréhension. Elle supportait à elle seule des générations de magie, et de morts. Elle supportait à elle seule les blessures de centaines de vies.
Ainsi était l'héritage de sa mère.
L'eau s'arrêta et Némésis pris son savon pour le passer sur son corps strié de cicatrices blanches qui apparaissaient et disparaissent aléatoirement. Cela arrivait lorsqu'elle laissait aller sa magie.
Némésis se rinça, calmant son souffla alors qu'elle laissait tomber sa tête en arrière, sous le jet d'eau. Ses pupilles se fermèrent d'elles même.
Soudain, elle sortit de l'eau et se vêtit d'un coup de baguette, se brossa les dents puis démêla rapidement ses longs cheveux neige. Apprêtée, la blanche sortit de la luxueuse salle de bain et se dirigea vers Titania.
Celle-ci releva la tête de son livre puis se mit debout, reposant définitivement le bouquin.
"On peut descendre dans la salle commune, on a vingt minutes avant la fin du couvre-feu. Tu pourras rencontrer nos camarades respectifs de cette manière.
Némésis se mordit la lèvre. Elles feraient bien de prendre de l'avance.
-La plupart des Serpentards sont levés ? Il n'est pourtant que 07h20. S'étonna Titania.
-Oui. Ce sont des lèves-tôt ici-bas.
Titania vit ses cils tressaillir, comme s'il y avait un non-dit.
-Némésis ?
-Nous verrons en descendant, la coupa la Blanche.
-C'est grave ?
-... Descendons.
Titania lui jeta un regard suspect, puis finit par acquiescer, calme, mais inquiète.
Les deux jeunes filles arrivèrent dans le couloir sombre et lugubre du dortoir féminin, puis le traversèrent rapidement, se rendant ainsi aux devants de l'escalier. Elles descendirent puis bifurquèrent dans un autre corridor qui lui, débouchait sur la salle commune.
Titania fut subjuguée, hier elle était totalement vide, désormais, elle était pleine. Certains étudiants lisaient sur les sofas près du feu, d'autre près de la bibliothèque, une grande partie des élèves conversaient gaiement avec leurs camarades dans une jovialité étonnante.
La brune promena son regard sur toute l'assemblée et aperçu Jedusor assis sur un des canapés au devants de l'âtre, un livre sur les genoux. Un grand silence prit place lorsque tous remarquèrent les jeunes filles. Rien, personne ne parlait. Même, la plupart lançaient des regards haineux envers la nouvelle.
Tom vit soudain Walburga se lever, ulcérée.
-Voilà donc la nouvelle vermine qui vient souiller le sol de Serpentard !
Titania fronça les sourcils.
-C'est à toi de jouer, lui souffla Némésis en s'éloignant.
La brune lui jeta un regard reconnaissant. Si c'était bien ce qu'elle pensait, Némésis faisait bien mieux de la laisser se débrouiller seule.
-Tu ne réponds pas ? Siffla Walburga avec rage. Le rat aurait-il perdu sa langue.
Titania soupira lentement, puis se retourna vers la sixième année. La Black fulminait sur place, en proie à une véritable colère.
-Me traiterais-tu de sang de bourbe ?
-Je vois que l'impure est stupide, ricana Walburga en s'avançant d'un pas.
Un éclair s'alluma dans les yeux d'eau de Titania, mais disparu bien vite. Tom fronça les sourcils. Nul doute possible, sous ses longs cils noirs, c'était bien de l'intrigue qu'il avait lu. Il ignorait ce que cette lueur signifiait, mais elle éveilla immédiatement mille et une questions.
Lestrange s'avança à son tour de l'ombre, un rictus assombrissant son beau visage.
-Allons, allons, Walburga, susurra-t-il en passant sa main dans ses cheveux corbeau, pourquoi t-embêtes-tu à mettre en garde ce parasite.
-C'est vrai, renchérit Avery, adossé à un canapé quelques mètres plus loin. Regarde-la... Si pitoyable.
Tom resta sur le qui-vive, dans l'ombre, s'attendant à la plus infime trace de colère dans les yeux de Dragya, s'étonnant de la voir parfaitement calme.
-C'est donc votre seul argument ? Ricana-t-elle brusquement sous les regards haineux. La pureté du sang...
-Je comprends que tu nous envie, siffla Walburga en s'avançant d'un pas, sous les rires cruels de ses amies. C'est vrai que tu dois être si démunie.
-Démunie ? Répéta calmement Titania. Envier ? Envier des sangs purs qui sont contraints de se mettre à plusieurs pour défaire les petits nouveaux ? Vous me permettrez de ne pas vous envier.
Les deux jeunes filles se toisèrent du regard, alors que toute la salle de Serpentard retenait son souffle. C'était bien la première fois qu'on voyait quelqu'un tenir si calmement tête à Walburga Black, et l'élève adulée de cette maison, connue pour sa beauté et préfète se laissait peu à peu aller à la colère.
Sentant la situation déraper, Titania soupira :
-Écoutez... Je ne souhaite ni la guerre, ni quoi que ce soit d'autre... Je veux juste vivre ma scolarité en paix, apprendre la magie, connaitre ce monde... et vivre.
-Apprendre la magie ! Ricana Walburga en éclatant de rire, comme si elle venait de raconter la plus amusante de fables. Encore faudrait-il que tu le mérites.
Némésis pinça les lèvres. Elle, plus que quiconque dans cette salle, avait du mal à rester silencieuse, à se taire. Elle aurait volontiers affirmé que Titania méritait bel et bien l'apprentissage, que sa passion et ses connaissances en valaient la peine et que le personnage avait parfaitement le droit de respirer l'air de Serpentard. Mais comme Orphée Bulstrode, elle se taisait. Car elle savait pertinemment que c'était une étape obligatoire si la jeune fille voulait gagner sa place.
-Qui vous dit que je ne le mérite pas ? Dit Titania calmement, diplomate.
-Les Moldus ne le méritent pas, s'exclama Lestrange.
Walburga serra les lèvres jusqu'au sang pour garder son calme. Sa main lui démangeait. Voir cette vermine, au combien belle, parler aussi noblement la répugnait.
-Je n'en suis pas une, leur rappela doucement Titania.
Si elle voulait un jour s'adapter, il fallait avant tout qu'elle comprenne, pour mieux se défendre. Elle n'était pas face à des adultes, mais face à des enfants. Des enfants qui pourraient changer.
La pression augmentait, palpable, elle affolait les cœurs. Des gouttes de sueur perlaient sur les fronts, on retenait son souffle et on s'empêchait de parler. Le silence était pesant, et l'air électrique. À tout moment, il exploserait.
Soudain, Walburga s'écria :
-Comment oses-tu ?! Salle sang de B-
Tom se redressa brusquement, en colère. Il venait définitivement de perdre patience. En plus de désobéir à son ordre, Walburga Black venait de transgresser les lois de Serpentard.
-Suffit Walburga.
Pour la première fois de sa vie, Némésis fut heureuse d'entendre la voix de Tom Jedusor. Une seconde de plus, et elle aurait été obligée d'intervenir. Titania lui jeta un regard en coin, plein de recule et de calme. La Blanche du bien avouer être admirative d'un tel self-contrôle. Toute la salle de Serpentard l'observait se faire dévorer dans la fausse aux serpents, avide de son sang et de ses pleurs, et elle restait calme, diplomate.
-Mais, Jedusor, c'est une indigne... Bégaya Walburga.
Pourquoi lui disait-il de s'arrêter ? Lui qui exécrait tant les sangs de Bourbe ? C'était vide de sens !
Tom amena sa main à son menton alors qu'il s'avançait. La tension s'apaisa, et c'est l'excitation qui prit place. Les Serpentards étaient reconnaissants. Il remettait les choses à leur juste place.
-Aurais-tu tout oublié des règles de Serpentard, Walburga ? Fit-il menaçant, tout en roulant les "r" .
-Non... Mais... Balbutia Walburga d'une voix éraillée.
-Mais ? Ton insubordination me déplait.
Walburga se ratatina sur place, rouge de honte.
-Elle ne fait que défendre notre honneur, Jedusor, tonna une voix masculine depuis l'entrée de la salle commune.
Tom pinça les lèvres, une bouffée de colère emplissant ses veines alors qu'il se tournait vers le préfet en chef de Serpentard. Alaric Abbot était adossé à la porte, sa chevelure rousse détonant sur son visage des plus nobles.
-Elle ne suit pas nos règles, siffla Tom en laissant une part de sa magie s'échapper, faisant imperceptiblement reculer les élèves autour de lui.
-En attaquant une sang de bourbe ?
Les deux garçons se toisèrent. Tom avait l'ascendant magique et populaire. C'était lui le plus fort. Le plus doué. Le plus incroyable. Tout le monde le savait, seulement, Alaric Abbot avait son nom, son influence, et étant descendant et héritier d'une longue lignée de sang purs, il avait la parole très importante, et l'avis essentiel.
Némésis se redressa. C'était à elle d'intervenir maintenant.
-Tu ne souhaites donc pas voir l'épreuve de Serpentard ? Demanda-t-elle. Je vois que tu t'es adouci.
Sa voix amena toute l'attention sur elle. Tom la foudroya du regard, sans doute car il savait pertinemment que son intervention était importante. On souffla, on l'admira aussi. C'était très rare. Très très rare que Némésis se mêle de la vie de Serpentard. Sa parole était donc deux fois plus marquante. Même si elle était isolée, Némésis Grindelwald était sans doute la figure féminine de Serpentard. Même plus que Walburga.
Alaric Abbot se pinça les lèvres. Alors qu'il réfléchissait, pris au piège, une voix cristalline s'éleva au-dessus de l'assemblée.
-Quel test souhaiteriez-vous me faire passer ?
Titania se redressa. C'était maintenant ou jamais. C'était le moment de prendre sa place. Elle venait de passer de l'explorateur au conquistador. Comme pour toutes les fois tout au long de sa vie, elle allait devoir se battre pour obtenir sa place.
-Tu acceptes donc de le passer, susurra Tom en se tournant vers elle.
-En aura-t-elle seulement l'étoffe, ricana Alaric.
Si la situation n'avait pas été aussi précaire, Titania lui aurait bien répondu qu'il était fort présomptueux pour quelqu'un qui n'avait que son nom et son physique pour lui.
-Je suppose que c'est mon "impureté" qui est à l'origine de l'accueil désastreux que j'ai reçu. Je suis déterminée à me faire une place, expliqua sagement la jeune fille. Et je suis prête à passer ce test qui ... Sera très certainement un test d'aptitudes magiques ?
La brune demanda confirmation à sa colocataire d'un regard en coin.
-En effet, confirma Némésis, nous allons t'aveugler avec un bandeau, ensuite, il te faudra riposter à chacun de nos sorts. Je m'explique, continua-t-elle devant le regard inquisiteur de son amie, chacun de nous, déclara la blanche en désignant la salle, te lancera un seul maléfice. Toi, tu devras mettre hors de combats dix personnes. Les premières années participent.
Jedusor hocha la tête, satisfait. Némésis avait parfaitement bien expliqué, et Titania avait tout enregistré. La tension atteignait son point culminant. La plupart des premières années se regardaient paniqués par toutes ses lois et la crainte de devoir passer eux aussi ce test.
-Et, c'est assez évident mais je le dis tout de même. Les sortilèges de magie noire sont fortement interdits, et je ne veux personne de vraiment blessé, d'accord les enfants ? Ajouta Némésis, un poil insolente.
Tom la foudroya du regard
-C'est vrai que c'est assez évident, lâcha-t-il. On nous attend pour huit heures au petit déjeuné, enchaîna-t-il en jetant un regard sur le Tempus qu'il venait de lancer, nous avons une demi-heure. Il faut commencer maintenant.
On écarquilla les yeux face au sortilège, jeté sans baguette. Les plus jeunes regardaient le jeune homme d'un air admiratif alors que les plus vieux se mordaient la lèvre, tantôt jaloux tantôt impressionnés. Némésis souffla sur une des mèches qui obstruaient sa vue, de mauvaise grâce. Toujours aussi irritant le Mr Parfait.
-Cela demande une mise en place ? Questionna Titania en ignorant les regards noirs.
-Non, ne t'en inquiète pas, fit Abraxas Malfoy dans le silence, si le mobilier est abimé, nous serons tous à le réparer.
Titania hocha la tête, son calme s'envolant pour laisser place à un mélange d'excitation et d'appréhension. Son cœur battait fort dans sa poitrine, ramenant avec son gong le compte à rebours avant le début de l'épreuve. Une épreuve qu'elle savait qu'elle réussirait haut la main. Mais qu'elle ne pouvait s'empêcher d'appréhender.
-Allons, commençons, conclu Tom avec autorité, sans compter la grimace de Némésis et le regard noir de la nouvelle.
Comme promis, Titania se retrouva avec un bandeau sur les yeux. En réalité, avec ses pouvoirs, elle aurait pu voire malgré tout, cela n'aurait pas été tricher puisque le test évaluait la magie, mais la brune décida de jouer le jeu et de se priver de ses sens ultra développés, ne les gardant qu'a l'efficacité humaine.
C'était maintenant ou jamais, elle était au bord du gouffre et on lui demandait de sauter, sans corde ni parachute. Elle sombrait, restait à savoir si elle parviendrait à ses réceptionner, ou à s'envoler. Elle était au centre des regards, entourée, en danger. Les sorciers... Son souffle se détendit alors qu'elle se préparait à riposter. C'était maintenant à elle de briller sur la piste. Elle allait se faire sa place, quitte à la graver de force. Elle le jurait.
"Je donne le signal.
La voix de Jedusor résonna au-dessus de l'effervescence, hypnotisante, ramenant instinctivement toutes les attentions sur lui.
-Un.
Titania frémit d'impatience, sa magie sortant d'elle dans une protection dissuadante.
-Deux.
La brune raffermit sa prise sur sa baguette, changea de position et fronça les sourcils. Elle était prête.
-Trois."
Un premier sort fusa.
Sous les cris de stupeur, il passa juste à côté du corps immobile de la jeune fille, frôlant sa joue sans la toucher.
Némésis haussa un sourcil. L'aura de la nouvelle enveloppait toute la salle, captant le moindre mouvement, le moindre sentiment, la moindre magie. C'était impressionnant.
"Expeliarmus ! "
Un second sort.
Un infime mouvement pour l'éviter.
Et un échec.
"Petrificus Totalus !"
Un troisième.
Une esquive presque invisible.
Et un troisième élève disqualifié.
Puis un quatrième sort, et un quatrième échec.
Tom fronça les sourcils. A quoi jouait-elle !? Il ne la voyait à peine bouger. Elle avait la tête vers le sol et ses membres ne semblaient à peine contractés.
Un cinquième sort. Un sixième. Puis deux autres en même temps. Un neuvième. De nouveau trois simultanés. Toujours aucun mouvement.
Puis un sort. Silencieux. Sortit de la baguette de Titania. Et un septième année propulsé violemment sur le mur.
"Wow." Se contenta de faire Némésis. Cette fois c'était définitif : Titania Dragya était puissante.
Titania sourit. Plus que neuf.
Cette fois, ce fut une pluie de sorts qui s'abattit sur elle et, comme sortie subitement d'un état amorphe, Titania riposta par magie. Elle esquivait à droite, à gauche, se baissait, puis attaquait. Elle visait les points d'équilibre, feintait, éblouissait, trompait...
Titania était partout et nul-part à la fois. C'était elle qui était privée de vue, pourtant, elle était celle qui se repérait la mieux.
Un éclair rouge fendit alors l'air tandis qu'une pression intense s'abattit sur les Serpentards. Orphée prit l'Expeliarmus de plein fouet. Il rejoignit son camarade sur le mur et Titania récupéra habillement la baguette du septième année tout en s'excusant mentalement.
Alors les sorts redoublèrent.
Titania se laissa porter par sa magie. Elle répondait par instinct, sous les méandres de ses entrainements, dans les réminiscences de sa vie. Les incantations défilaient dans sa tête et les pensées la visitaient si vite que presque tous en auraient eu la migraine. Elle combattait ainsi : comprendre le sort, le bloquer, puis le rendre à l'envoyeur trois fois plus fort.
Dragya avait déjà vaincu dix personnes, mais tous n'avaient pas encore joué.
Tom fronça les sourcils. Un peu en retrait, il croisait les bras, regardant d'un œil critique la brune riposter à la moindre attaque avec un calme insolent. Ses gestes étaient fluides, discrets, furtifs et imprévisibles. C'était impressionnant à voir. Sa souple et fine carrure lui donnait vitesse et précision. Elle maitrisait parfaitement ses sorts, et c'était ce qui faisait la totalité de sa force. Une maitrise et une confiance absolue en son corps.
Elle méritait sa place à Serpentard. C'était indéniable. Tom regarda le sol où un éclat de verre s'était enfoncé. Ca l'énervait presque de rester immobile.
Tom releva les yeux, puis eut un rictus. C'était à son tour maintenant.
A son tour, le prince de Serpentard lança son sort.
Titania enchaînait les sortilèges simples de défense, lorsque soudain, une magie éclipsa toutes les autres.
Elle se retourna en sursaut et attaqua elle aussi.
Les deux sorts se rencontrèrent dans une explosion de couleur. Vert contre vert. Ce n'était pas des sorts de morts, mais Inanis est connu pour sa puissance.
Les lumières s'éteignirent et tous les élèves reculèrent dans des cris de peur. La salle commune de Serpentard n'était alors éclairée que par la magie dangereuse des deux quatrièmes années. Ils étaient tous deux concentrés au possible, les muscles contractés à l'extrême, les yeux lançant des éclairs. Un duel venait de s'engager.
La rencontre des sorts provoquait des ondes puissantes, les meubles furent reversés, les élèves propulsés, les lampes tanguaient dangereusement. Plusieurs étudiants tombèrent, ils se réfugièrent derrière les pans de mur, partagés entre la terreur et l'admiration.
Némésis admira le spectacle, statique. Lequel des deux allait gagner ? Elle se baissa pour éviter une table volante. Y aurait-il un vainqueur ? Rien n'était moins sûr.
Les murs commencèrent à trembler et les élèves à crier, mais soudain, les sorts disparurent, laissant les deux combattants face à face, dans un silence pesant, se toisant du regard, Titania avait une profonde entaille sur la pommette.
Les élèves restèrent silencieux, bouche-bée, Jedusor avait gagné. Puis, à la stupéfaction de tous, Titania s'inclina, le visage serein. Tom la regarda stupéfait. Que faisait-elle !
« Pourquoi m'as-tu laissé gagner ?
-Les autres élèves sentaient notre combat, soupira Titania avec en petit sourire en épongeant le sang de sa pommette, ceux des autres maisons, j'entends. Les professeurs aussi.
Tom loucha sur sa blessure, figé. Venait-elle vraiment de se blesser volontairement pour défendre la maison de Serpentard ? Elle était prête à tout pour atteindre ces objectifs, comme il l'était. C'était clair maintenant.
-Tu es folle. Murmura-t-il.
-La vie n'est rien sans un brin de folie. répondit Titania dans un rictus amusé.
-Peut-être. »
Et, sans même comprendre son mouvement, Tom s'inclina en retour.
