Salut tout le monde ! Ceci est ma première fanfiction (ou pltôt la première que je publie, parce que j'en ai déjà plusieurs dans des cahiers) et j'espère qu'elle vous plaira. Ce n'est qu'un bref épisode de ce que je voudrais écrire (l'histoire d'Eldarion depuis sa naissance jusquà sa mort) et j'aimerais beaucoup que vous me disiez si ça vaut la peine de la continuer.
Principaux personnages :
Arwen-Aragorn : ai-je vraiment besoin de les présenter ?
Elladan et Elrohir : jumeaux, les frères d'Arwen. Eldarion : le fils aîné d'Aragorn et Arwen. Il est né deux jours avant le mitan de l'année VII du Quatrième âge. Dans cet épisode, il a 8-9 ans.
Ailiniel : deuxième enfant du roi et de la reine, sœur d'Eldarion, de un an sa cadette. Ils sont très proches et se ressemblent beaucoup.
Dervorin : un des meilleurs amis d'Eldarion.

-Eldarion ! Viens voir ça ! Voronwë est en train de battre Turgon !

Eldarion courut rejoindre Dervorin sur la place. Il y avait déjà un attroupement d'enfants qui hurlaient des encouragements à chacun des deux combattants. Eldarion se joignit à eux, criant à Voronwë d'écraser son adversaire. Voronwë et Turgon étaient tous deux âgés de quatorze ans et étaient ennemis depuis leur enfance, pour une raison assez obscure. Chacun d'eux avait son « clan » et ils se battaient assez régulièrement. Eldarion admirait beaucoup Voronwë pour sa ruse et son agilité, tandis qu'il méprisait Turgon pour sa brutalité et sa stupidité. Il était toujours prompt à provoquer quelqu'un et à l'assommer aussitôt. Généralement, Voronwë évitait de répondre aux provocations de Turgon car il savait qu'il aurait difficilement le dessus. Mais cette fois-ci, il semblait nettement supérieur à son adversaire. Eldarion continua d'encourager Voronwë quand il entendit une voix narquoise derrière lui.

-Tiens tiens ! Regardez qui est là ! Le petit bâtard aux oreilles pointues !

Dervorin se retourna en même temps qu'Eldarion, trouvant en face de lui Menelcar et deux de ses amis. Tous trois étaient issus de familles nobles et celle de Menelcar était apparentée à celle de Denethor. Elle avait vu d'un fort mauvais œil le retour du roi, car elle méprisait les rôdeurs du Nord, estimant qu'ils avaient perdu toute dignité et grandeur et n'étaient plus rien que les descendants en haillons d'une lignée déchue. Menelcar avait hérité de cette antipathie et, de plus, trouvait profondément dégradant qu'Eldarion soit plus proche de gens du peuple que de certaines familles nobles. Et il ne manquait jamais une occasion pour le railler à ce sujet ou à propos de son ascendance elfique. Car par dessus tout, la famille de Menelcar méprisait les Elfes, pensant que la race des hommes leur était largement supérieure et que leur départ pour les terres immortelles était la preuve qu'ils reconnaissaient les Hommes comme tels.

-Et toi tu devrais faire attention à ce que tu dis, siffla Dervorin, tu parles au futur roi !

-Vraiment ? reprit Menelcar. Et bien moi ça m'étonnerait que l'on veuille comme roi un bon à rien comme lui !
Eldarion sentit la colère monter en lui. Il serra les poings et s'approcha de Menelcar.

-Répète ce que tu viens de dire !

-Tu es sourd ? J'ai dit que ça m'étonnerait beaucoup si un jour tu devenais roi parce que personne ne voudrait d'un bon à rien aux oreilles pointues comme toi. Il est déjà assez surprenant de voir qu'un vagabond en haillons venu du Nord puisse être sur le trône aujourd'hui et qui plus est marié à une elfe !
Dervorin essaya vainement de retenir son ami mais il était trop tard. Eldarion se jeta sur Menelcar et ils roulèrent à terre, se rouant de coups de poings. Rapidement, le cercle qui entourait Voronwë et Turgon se déplaça autour d'Eldarion et Menelcar et bientôt même les deux garçons abandonnèrent leur combat pour se joindre à eux.

Alcarin discutait avec l'un de ses amis, Cirion, lorsqu'il entendit une clameur au bas de la rue. Se doutant de ce qui était en train de se passer, il descendit la rue à grandes enjambées, suivi de près par Cirion et atteignit la place.

-J'ai bien envie de les laisser s'assommer, au moins nous aurions quelques heures de tranquillité, se dit-il. Mais il s'avança et écarta l'attroupement d'enfants faisant cercle autour des deux garçons.

-Il suffit ! Cria-t-il. Mais ce fut sans effet. Menelcar était à présent juché sur Eldarion et le frappait au visage. Soudain, Eldarion dégagea ses mains, attrapa la tête de son assaillant et projeta la sienne contre son front. Menelcar vacilla et roula sur le côté. Eldarion en profita pour lui sauter dessus à son tour et s'apprêta à lancer son poing lorsqu'une poigne de fer saisit son bras et celui de Menelcar et les sépara. Eldarion se retourna pour voir qui l'avait interrompu alors qu'il commençait à avoir le dessus.

-J'ai dit que ça suffisait ! Cria Alcarin, furieux. Il ne se passe pas deux jours sans que je doive venir vous arrêter ! Quand donc cesserez-vous ? Nous aimerions beaucoup pouvoir jouir d'un peu de calme de t…

Il ne put continuer car les deux garçons s'étaient dégagés et s'empoignèrent à nouveau. Cette fois, Cirion s'en mêla et attrapa les bras de Menelcar et le tira en arrière tandis qu'Alcarin saisissait Eldarion par le col de ce qui lui restait de chemise.

-Cette fois c'en est trop ! s'écria-t-il. Cirion, ramène celui-là chez lui et veille à ce que ses parents soient informés de la situation. Je m'occupe de celui-ci. Tandis qu'ils quittaient la place, Menelcar se retourna et cria :

-Tu ne t'en tireras pas comme la dernière fois ! Mon père en entendra parler et il ne le tolérera pas !
Eldarion se retourna à son tour.

-U nauthannen boe le adar veriad le lyg ! Dan maeth lîn na faer! cria-t-il en Sindarin, sachant que Menelcar comprendrait car le parler des hommes de Gondor différait fort peu de celui des Elfes.

En effet, Menelcar comprit car il tenta de se dégager de la main de Cirion mais celui-ci le retint et l'emmena, tandis qu'Alcarin remontait la rue, tenant toujours le bras d'Eldarion.

-Tu peux me lâcher Alcarin, dit-il, je ne vais pas partir en courant, je ne m'appelle pas Menelcar !

Alcarin ne répondit rien et ne lâcha pas son bras. Il continuait d'avancer à grandes enjambées, si bien qu'Eldarion devait courir un peu pour rester à sa hauteur.

-Pourquoi tu ne dis rien ? Reprit Eldarion. Menelcar n'a eu que ce qu'il méritait, c'est bien fait pour lui. Et puis où est-ce que tu m'emmènes ?

-Tu n'as pas écouté ? Je te ramène chez toi. Mais avant nous allons voir ton père.

-Ah ? Tu n'as pas de chance, il est sûrement au conseil des capitaines, ça va être difficile de le voir, il est très occupé tu sais et…

-Eldarion, ça ne sert à rien de me raconter des sornettes. Tu sais aussi bien que moi que le conseil est toujours le matin et en plus, il avait lieu hier.

-On pouvait toujours essayer, marmonna Eldarion.

Ils continuèrent de remonter la rue et arrivèrent au palais. Il entrèrent par l'un des côtés du bâtiment, traversant le couloir qui menait jusqu'à la pièce où Aragorn avait l'habitude de travailler lorsqu'il ne siégeait pas dans la grande salle. Alcarin s'arrêta devant la porte et lâcha le bras d'Eldarion pour frapper à la porte. Un serviteur l'ouvrit et Alcarin demanda l'autorisation de parler au roi. Le serviteur s'esquiva et revint quelques secondes plus tard, les faisant entrer dans la pièce. Aragorn quitta la table où il était occupé à lire un rapport venant d'Ithilien et ordonna au serviteur de les laisser.

-Alcarin, que me vaut le plaisir de ta visite ?

-Pouvons-nous en parler dehors ? demanda Alcarin.

Aragorn remarqua à ce moment que son fils se trouvait là également. Il soupira en voyant dans quel état il se trouvait. « Attends ici, Eldarion » dit-il. Et il sortit de la pièce avec Alcarin, refermant la porte. Eldarion s'approcha des grandes fenêtres pour contempler les champs qui s'étendaient sous la cité. De là où il se trouvait, il pouvait voir les larges méandres de l'Anduin ainsi que la ville d'Osgiliath à l'Est, qui était en train d'être partiellement reconstruite afin qu'elle retrouve un peu de sa splendeur d'antan. S'il forçait un peu sa vue, il arrivait même à apercevoir le scintillement des chutes de Rauros, où il s'était déjà rendu plusieurs fois. Comme il aimerait s'y trouver à cet instant ! La ville l'oppressait et il se sentait enfermé dans ces grands murs de pierre, qu'il aimait pourtant. Mais certains jours, comme aujourd'hui, le vent d'Ouest l'appelait et il avait un grand désir de liberté. Il se trouvait en fait dans le même état qu'Aragorn aux premiers mois de son règne ; son instinct de rôdeur reprenant parfois le dessus.
Le bruit de la porte qui se refermait le tira soudainement de sa rêverie.

-Viens ici Eldarion, lui dit son père.

Il se retourna et approcha lentement. Aragorn le regarda puis le souleva, l'assit sur la table et examina son visage. Il essuya le sang qui avait coulé de son nez et de sa bouche et tâta doucement l'œil qui commençait à prendre une couleur légèrement bleutée.

-Tu as mal quelque part ? demanda-t-il.

-Un peu ici, répondit Eldarion en montrant le côté qui avait heurté une bordure.
Aragorn ôta ce qui restait de la chemise et examina le côté. « Rien de cassé, heureusement. C'est juste une contusion. » Il releva la tête et planta son regard dans celui de son fils.

-j'imagine que Menelcar doit se trouver dans le même état que toi…

-Oui, et il l'a bien cherché, répondit Eldarion sans détourner les yeux. Parce que c'est lui qui a commencé.

-Je ne veux pas savoir qui a commencé ni pourquoi, dit Aragorn. Demain tu iras lui faire des excuses.

-Ah ça jamais ! cria Eldarion, sautant bas de la table. Il n'y a aucune raison pour que je le fasse ! Tout ça, c'est de sa faute ! Il n'avait qu'à pas me dire…

-Là n'est pas la question ! l'interrompit Aragorn.

-Si justement ! répliqua Eldarion, des larmes montant dans ses yeux. Il n'avait encore jamais osé répondre à son père de cette manière, mais son chagrin et sa colère avait fait sortir les mots de sa bouche. « Mais tu ne veux jamais savoir ! continua-t-il. Tu t'en fiches qu'il me traite de bâtard ou de bon à rien ! Tu t'en fiches qu'il se moque de moi et qu'il me dise que je ne serai jamais roi ! Et en plus, tu ne veux même pas que je me défende ! Mais moi, je ne veux pas qu'on pense que je suis un lâche ! Alors oui, je lui ai sauté dessus et je l'ai frappé ! Et je n'irai pas m'excuser ! »
Sur ce, il courut vers la porte, l'ouvrit et sortit à toutes jambes, filant entre les mains des gardes qui essayaient de l'arrêter. Aragorn sortit à son tour en courant, sous les yeux stupéfaits des serviteurs et des gardes qui se demandaient ce qui se passait.
Aragorn ne put rattraper Eldarion, mais il savait où il s'était réfugié. Et effectivement, il le retrouva dans le jardin jouxtant les appartements royaux, assis entre les racines de l'arbre qu'il affectionnait tant, la tête posée sur ses genoux et le corps secoué de sanglots. Les racines semblaient l'envelopper pour le consoler. Il s'approcha et s'assit à côté de lui.

-Eldarion, dit-il doucement, si tu me racontais ce qui s'est passé ?

-Tu veux bien m'écouter maintenant ? répondit-il en relevant la tête.

-Oui.

-Pourquoi ?

-Et bien parce que j'ai eu tort, je ne pensais pas que c'était si important. Tu veux bien m'expliquer ?

-D'accord, répondit Eldarion en passant sa main sur son visage pour essuyer les larmes. Et il lui raconta toute l'histoire. Lorsqu'il eut fini, Aragorn soupira et regarda Eldarion.

-Eldarion, dit-il, ce qu'a dit Menelcar est tout à fait inadmissible, je suis bien d'accord, mais ton comportement l'est tout autant.
Eldarion ouvrit la bouche pour protester, mais son père l'arrêta.

-Est-ce que tu te rends compte que c'est déjà la troisième fois que tu te bats avec lui cette semaine ? Je ne peux pas te laisser continuer comme cela, tu comprends ?
Eldarion soupira. Il savait ce que cela signifiait. Aragorn avait laissé passer les deux premières bagarres mais celle-ci était celle de trop.

-Oui, répondit-il.

-Bien, reprit Aragorn. Alors pour commencer, demain tu présenteras tes excuses à Menelcar pour l'avoir attaqué…

-Mais…

-Laisse-moi continuer. Et il devra aussi t'en présenter pour t'avoir insulté. Je les convoquerai lui et son père demain dans mon bureau et je veux que tu sois présent également. Eldarion hocha la tête. « Ensuite, dès que nous serons rentrés, tu iras dans ta chambre et tu y resteras jusqu'au souper pour réfléchir un peu à d'autres manières de te défendre que par les poings. »

-D'accord… dit Eldarion.
Ils restèrent sans parler pendant quelques minutes, contemplant le jardin qui s'étendait devant eux jusqu'à ce qu'Eldarion brise le silence.

-Ada ? dit-il timidement.

-Oui ?

-Est-ce que c'est vrai que je ne serai jamais roi ?
Aragorn se retourna, surpris.

-Eldarion, pourquoi dis-tu une chose pareille ?

-C'est ce que Menelcar a dit. Et puis Hiorlas a dit que si je voulais être roi un jour, je devais arrêter de faire des bêtises. Et moi j'en fais tout le temps, ça c'est toi qui l'a dit…

-Tu ne dois pas faire attention à ce que dit Menelcar et ensuite, Hiorlas est un vieil imbécile. Cette remarque fit sourire Eldarion. « Les rois apprennent à ne pas faire d'erreurs, et même, cela peut encore leur arriver, personne n'est infaillible. Et puis, tu es jeune, on fait toujours des bêtises quand on est jeune, c'est comme cela qu'on apprend. »

-Moi je suis sûr que tu n'en a jamais fait, dit Eldarion.

-Bien sûr que si ! Mais peut-être pas autant que toi au même âge, ajouta-t-il avec un sourire.

-Tu me racontes ?

-Une autre fois ! Maintenant, nous allons rentrer et tu vas commencer par mettre une chemise sinon tu vas attraper froid. Et je ne veux plus que tu penses des choses stupides comme celle-ci, d'accord ?

-D'accord, répondit Eldarion. Il se leva et Aragorn le serra dans ses bras.
Ils regagnèrent le palais et Eldarion se rendit dans sa chambre tandis qu'Aragorn rejoignit son épouse dans leurs appartements pour lui expliquer ce qui était arrivé.

Eldarion regardait par la fenêtre de sa chambre, réfléchissant à ce qu'il pourrait bien répondre à Menelcar si celui-ci l'insultait encore, quand il entendit une voix derrière sa porte.

-Eldarion !
Il s'approcha et colla son oreille sur le bois lisse.

-Ailiniel ?

-Oui. Ouvre-moi !

-Je ne peux pas, je suis puni.

-Pourquoi ?

-Je me suis battu avec Menelcar.

-Ah. Il y eut un silence. « Et tu as gagné ? » Eldarion était content que quelqu'un s'intéresse enfin à l'essentiel de l'histoire.

-J'allais gagner, murmura-t-il, mais Alcarin est arrivé et il nous a séparés.

-Dommage…

-Ailiniel, tu ne sais pas si maman est au courant ?

-Je pense bien, je l'ai entendue parler de toi avec Ada.

-Et elle était fâchée ?

-Au début oui. Mais après, il lui a répété ce que Menelcar avait dit et là, elle l'était déjà beaucoup moins. Ou plutôt, beaucoup moins contre toi.

-Ca va alors.

-Bon, je ne vais pas rester, il vaut mieux qu'on ne me voit pas. Tu es puni jusque quand ?

-Jusqu'au souper.

-A tantôt alors…

-A tantôt.

Il entendit le pas léger de sa sœur s'éloigner rapidement. Juste à temps car à peine avaient-ils disparu que d'autres approchaient. Eldarion s'écarta de la porte, s'assit sur son lit, le dos contre le mur et regarda sa mère entrer dans la chambre pour venir en suite s'asseoir à côté de lui.

Arwen passa sa main dans ses cheveux, écartant les boucles brunes de son front.

-Je veux que tu saches, dit-elle, que je suis fière que tu aies défendu ta famille. Mais pas de la manière dont tu l'as fait. Se servir de ses poings n'est pas la première solution à laquelle tu dois avoir recours lorsque quelqu'un s'oppose à toi.

-Je sais bien, répondit-il, mais c'est plus fort que moi. J'ai essayé de ne pas le frapper, je te le jure…

-Je te crois, et je sais que c'est difficile. Mais j'aimerais beaucoup que cela n'arrive plus et que je ne te retrouve plus dans cet état. Je n'apprécie pas du tout que quelqu'un fasse du mal à mon fils.

-Oh, ne t'inquiète pas pour ça, dit-il, Menelcar parle beaucoup, mais une fois qu'il faut agir, il a les mains aussi maladroites que les jambes d'un poulain qui vient de naître.

-Peut-être, mais as-tu vu dans quel état tu es ? Ou dois-je supposer que ce n'est rien en comparaison de celui de Menelcar ?

-Euh… Il eut l'air ennuyé. « Je crois bien que l'on peut dire ça comme ça. »
-Il faut que tu réfléchisses aux conséquences avant de te lancer dans de telles querelles. Sers-toi de ta tête !

-Oh mais je l'ai utilisée ! fit-il en montrant l'endroit de son front qui avait heurté celui de Menelcar. Je l'ai presque assommé ! ajouta-t-il en souriant.

-Et il n'y a pas de quoi en être fier, jeune homme, répondit-elle, en le regardant sévèrement. Le sourire d'Eldarion disparut.

-Alors, dit-il, qu'est-ce que tu veux que je fasse ?

-Que tu continues à chercher d'autres solutions que la violence. Et que tu t'excuses demain, comme Ada te l'a demandé.

-Ca, ça va être difficile…

-Peut-être, mais il faut que tu le fasses, et Menelcar aussi, dit-elle en se levant et en regagnant la porte.

-Tu me laisses ici ? demanda Eldarion.

-Il me semble que tu es censé y rester jusqu'au souper non ?

-Oui, mais je croyais que tu n'étais plus fâchée…

-Ce n'est pas parce qu'Ailiniel t'a dit que je ne l'était plus que je vais lever la punition, répondit-elle avec un léger sourire, et elle sortit, laissant Eldarion à ses réflexions sur les Elfes et leur maudit sixième sens.

Quand enfin la cloche annonçant le repas du soir retentit, Eldarion courut hors de sa chambre, dévala les escaliers et entra dans la salle à manger où se trouvaient déjà sa mère et Ailiniel, ainsi que son père, qui parlait à un homme de grande taille, aux cheveux noirs et vêtu d'un habit de voyage. Lorsqu'Eldarion entra, il tourna la tête vers lui.

-Et bien ! Il était temps, je commençais à avoir faim !

-Mae govannen, Elladan ! répondit Eldarion en saluant son oncle. Puis il fit le tour de la salle du regard. « Elrohir n'est-il pas là ? », demanda-t-il en voyant que le deuxième jumeau ne s'y trouvait pas.

-Si, mais il est allé se rafraîchir. La route est longue depuis Imladris.

-Et tu devrais en faire autant, dit Elrohir en rentrant dans la pièce. « Mae govannen, Eldarion ! » ajouta-t-il. Eldarion le salua à son tour puis, après le Silence Debout, tous s'assirent à la grande table, couverte de plats.

-Alors, Eldarion, dit Elladan, comment se fait-il que nous ne t'ayons pas vu plus tôt ? Tu es le premier d'habitude à accueillir les hôtes !
Eldarion eut l'air embarrassé.

-Il n'aurait pas pu, il était puni, répondit Ailiniel à sa place.

-Oh je vois, dit Elrohir. Et peut-on savoir pourquoi ?

-Heu… Parce que je me suis battu, marmonna Eldarion.

-Pour la troisième fois cette semaine, ajouta Arwen.

-Ah, évidemment, cela fait beaucoup, dit Elladan. Mais parlons de choses plus gaies ! ajouta-t-il pour mettre fin à l'embarras dans lequel se trouvait son neveu. « Nous avons rapporté quelques petites choses de Fondcombe qui vous plairont beaucoup ! » Et il sortit d'un sac deux livres recouverts de velours noir et en tendit un à Ailiniel.

-Ceci est l'histoire de Beren et Luthien Tinùviel. J'ai pensé qu'il te plairait de connaître l'histoire de tes ancêtres.
Ailiniel le prit et caressa du doigt les caractères argentés de la couverture. « Merci, » dit-elle.

-Et pour toi, voici le récit des exploits de Maedhros le Grand, fils de Fëanor, dit Elladan en donnant le livre à Eldarion. « Mais s'il-te plaît, n'essaye pas de l'imiter ! » ajouta-t-il.

-Je ferai de mon mieux, répondit Eldarion en riant.

-Vous allez déménager toute la bibliothèque d'Imladris ici, si vous continuez à rapporter des livres à chaque fois que vous venez ! s'exclama Arwen.

-Non, Erestor ne le permettrait pas, répondit Elrohir en souriant, il tient plus à ses livres qu'à sa vie, je pense, et je n'ai aucune envie de le tuer. Nous avons encore besoin de lui, Elladan est vraiment un trop mauvais dirigeant !

-Hé ! je ne suis pas si mauvais que ça !

Ils éclatèrent tous de rire.

La soirée passa, les jumeaux racontant les aventures qu'ils avaient eues étant plus jeunes (et les ennuis dans lesquels elles les avaient parfois menés), jusqu'à ce qu'Eldarion et Ailiniel ne purent plus cacher leurs baillements et furent envoyés au lit, bien qu'ils continuassent à prétendre qu'ils n'étaient pas fatigués.

U nauthannen boe le adar veriad le lyg ! Dan maeth lîn na faer… : Je ne savais pas que tu avais besoin que ton père te protège ! Mais tu te bats si mal…