Cette fanfic reprend le jeu vidéo "Sherlock Holmes : Chapter One"
ENEMY
Année 1887
« Sherlock, je voulais te prévenir que Mary et moi allons-nous marier. »
C'était peut être à ce moment que Sherlock avait réalisé que John n'était pas de son imagination et qu'il était réel. Il avait une vie, il était libre, les gens le voyaient et il n'était pas fou. Oh, non, loin de là. Lui qui avait toujours cru qu'il avait hérité de la folie de sa mère. Mais à peine avait-il réalisé cela, qu'il se rendait compte qu'il allait à nouveau le perdre, du moins, le croyait-il. Il savait que John serait toujours son ami et pourtant, quelques choses au fond de lui, semblait se briser.
Installé dans le canapé du salon, il se recroquevilla, laissant vagabonder ses yeux sur la tapisserie et sur les trous brulés des balles, qui avaient formés un si jolie VR. Il ne savait quoi penser actuellement. Le Dr Watson, son meilleur ami, allait se marier et il se morfondait tout seul dans cette appartement si désespérément vide. Il avait bien vu que son ami restait de moins en moins à Baker Street, il avait bien remarqué qu'il faisait de plus en plus attention à son apparence, il avait noté que John revenait avec une odeur qui n'était pas la sienne.
Tant de signes qui indiquaient une relation, mais Sherlock n'avait jamais voulu l'admettre.
Il s'étira, soupirant longuement. Il n'avait jamais compris les relations amoureuses, n'en voyait pas l'intérêt et était certain que cela affecterait son esprit déjà si désordonné et complexe. Il dériva vers d'anciens souvenirs, des affaires qu'il avait partagé avec le Dr Watson. Ce dernier s'était mis en tête d'écrire toutes ses aventures et peu à peu, malgré lui, Sherlock Holmes s'était fait un nom à Londres. On murmurait son nom dans les rues sombres de la capitale anglaise, on craignait sa présence, on se méfiait de lui. Sherlock Holmes était une célébrité aussi crainte qu'un criminel mais aussi aimé qu'un héros.
« Oh, Monsieur Holmes, regardez-moi tout ce désordre. »
Il ouvrit les yeux. Il ne s'était pas rendu compte qu'il les avait fermé. Il tourna la tête pour voir une dame proche de la soixantaine traversait son salon, d'un air outré. Le pan de sa robe effleura de nombreux livres à terre, ainsi que des vêtements, des dossiers non identifiables. Elle se précipita pour ouvrir les rideaux et le soleil éblouit brusquement Sherlock qui dut se cacher dans son bras, grommelant dans sa barbe.
« Mme Hudson, marmonna-t-il agacé, laissez-moi.
- Hors de question, jeune homme, savez-vous quelle heure est-il et combien de temps, vous êtes restés cloitrés dans votre…appartement ? termina-t-elle avec une grimace.
Il cligna des yeux, croisant le regard furieux de sa logeuse. Son chignon bien haut lui donnait un air sévère mais il savait combien elle ne pourrait pas rester très longtemps dans cette état.
- Je me repose, dit-il seulement.
- On ne se repose pas trois jours, s'écria-t-elle, oh, regardez-moi ça. »
Elle se précipita sur la table à manger et découvrit avec horreur des aliments qui n'étaient plus comestibles et qui avaient crée de nouvelles êtres vivants à l'odeur répugnant.
Sherlock cacha son énervement face au comportement de Mme Hudson, il se redressa de son canapé, se frottant les tempes, hésitant entre fuir dans sa chambre ou bien ordonner à la femme de sortir d'ici.
« Mme Hudson, s'il vous plait, laissez tout cela ainsi, cela me permet de mieux me concentrer, déclara-t-il en espérant la convaincre.
- Vous concentrer ? Depuis que le Dr Watson a quitté l'appartement, c'est devenu un dépotoir, autant vivre dans une poubelle, Mr Holmes.
- Comment ça « quitter l'appartement » ? releva-t-il surpris.
- Eh bien, il s'est marié, pensez-vous que cela serait convenable qu'il reste encore ici ? »
Sherlock se leva cette fois, le cœur battant à toute rompre. Il ne comprenait pas, quand et comment John avait-il pu se marier sans le prévenir.
« Il s'est marié, répéta-t-il ahuri.
- Oh, Mr Holmes, il s'est marié la semaine dernière, l'avez-vous oublié, vous avez même été son témoin et vous êtes rentrés à moitié éméché, paragouinant que vous étiez si heureux pour lui, dit-elle avec émotion tout en portant sa main à sa poitrine, comme si cela était un souvenir inoubliable pour elle.
- Je…m'en souviens pas, bredouilla Sherlock les lèvres tremblantes.
Mme Hudson ne l'entendit pas et continua à mettre un peu d'ordres dans son salon. Finalement, il abandonna de la renvoyer et se réfugia dans sa chambre, qu'il ferma à double terre. Enfin seul, il inspira fortement et tenta de calmer sa soudaine panique. Son esprit lui jouait encore des tours, il avait effacé involontairement le mariage de son meilleur ami pour une raison qu'il ignorait.
Comment pouvait-il oublier une chose aussi importante !
Tu sais très bien pourquoi.
« Non, non, c'est faux ! s'exclama-t-il à haute voix.
- Monsieur Holmes ? s'interrogea Mme Hudson derrière sa porte.
- Je suis désolé, je parlais tout seul.
- Oh. »
Il se mordit les lèvres, soulagé qu'elle soit retournée à sa tâche. Cela faisait trop longtemps qu'il n'avait pas eu ce genre d'illusion. Mais ce n'était que auditive, tout ira bien. Il irait bien. Il va bien.
Tu as besoin de moi.
Il se gifla. Il devait rester sain d'esprit, il devait combattre son démon intérieur.
Sans moi, tu seras faible.
Non, c'est faux. Il était sa partie la plus sombre de son esprit. Il n'avait pas le droit de le laisser exister, ce serait faillir à ce qu'il était.
« Tu n'es pas réel, tu n'es pas là, tu n'es que ma création, souffla-t-il en fermant les yeux comme pour méditer, tu n'es pas réel. »
Il glissa le long de sa porte, s'asseyant au sol, les mains dans ses cheveux, répétant ce mantra qu'il espérait marcher. Il refusait de céder à son esprit, il ne serait pas comme sa mère, il vaincrait ses démons.
Sherry.
Oh non. C'est faux, je t'ai tué, tu n'es plus là.
Sherry, ouvre les yeux.
Non, non, c'est faux, tu n'es pas là. Ce n'est pas toi.
Sherry, s'il te plait. Ouvre les yeux.
Il obéit malgré lui. Et il était là. Devant lui, agenouillé comme un enfant, les yeux pétillants, les traits légèrement vieillissement. Contrairement à John Watson, il n'avait pas de favoris, il était imberbe, à son image. Son sourire infantile et contagieuse s'étirait et son bonheur était visible.
Des larmes coulèrent des joues de Sherlock, incapable de croire ses yeux et même s'il se répétait que ce n'était qu'une hallucination de son cerveau malade, une émotion nostalgique et mélancolique l'envahit. Il était à la fois terrifié et heureux de voir ce fantôme de sa jeunesse.
Bonjour, Sherry.
Oh, Jon.
