Bonjour! Voici le chapitre 7, soit une page de journal. Je préfère prévenir, je me suis un peu emballée donc c'est un peu plus long que d'ordinaire...

J'espère qu'il vous plaira! Bonne lecture.


Chapitre 7 : sécurité

OoooooO

Je restai quelques secondes les bras ballants me demandant si ce n'était pas une mauvaise blague du destin. N'importe quel vampire aurait pu se trouver dehors et il fallait que ça tombe, premièrement sur un aîné, et deuxièmement sur Viktor qui est celui que je déteste le moins.

Le ciel devenait clair et il fallait agir très vite si je ne voulais pas me retrouver avec un homme carbonisé, j'aurais certainement eu beaucoup de mal à expliquer aux gardes pourquoi Viktor aurait été plus grillé encore qu'un gigot. Je me m'approchai donc de lui et me rendis compte qu'il était conscient, sonné mais parfaitement conscient. C'était vraiment ma veine aujourd'hui…

Il me fixa et je détournai le regard, je n'avais aucune envie de discuter et il fallait vite que je lui trouve un abri, et vu l'heure ce serait le mien. Ça ne m'arrangeait pas vraiment qu'il connaisse ma planque mais je n'avais guère le choix.

Je lui tendis la main pour qu'il puisse se relever et il la saisit, je faillis tomber avec lui lorsqu'il s'affala dans la neige en poussant un gémissement de douleur. Je jetai un coup d'œil à sa jambe : de sa cheville à sa hanche aucun os ne semblait être intact. Il ne pouvait pas marcher et son cheval avait filé depuis longtemps, il m'était impossible de le rappeler. Je fixai l'aîné d'un air excédé, il grimaça en comprenant la gravité de sa situation.

Je lâchai un soupir avant de prendre la décision de me transformer, il n'aurait qu'à grimper sur mon dos et à bien s'accrocher. Il sembla comprendre, qui je suis et ce que j'allais faire lorsque je fis tomber ma chemise et mon pantalon sur le sol. Je vis un air surpris passer sur son visage et même légèrement apeuré même s'il devait tout faire pour ne rien laisser paraître. Il ne dit rien lorsque je lui lançai l'intégralité de mes affaires, j'essayais de ne pas laisser paraître ma gêne d'être complètement nue devant lui, ce n'était pas le moment d'être pudique, mais je ne pense pas avoir été extrêmement convaincante.

« _ Ça ne me plait pas plus qu'à vous ! » Lui indiquai-je en me préparant à changer.

Il ne répondit rien. Une fois mes muscles un peu déliés je me projetai en avant et moins d'une seconde plus tard j'étais loup. Il eu un mouvement de recul lorsque je m'approchai de lui. Puis une fois la première peur passée, il posa presque timidement sa main sur mon encolure, je grognais, je suis un loup d'un mètre cinquante au garrot… Pas une peluche ! De plus je ne suis pas vraiment quelqu'un qui apprécie ce genre de contacts physiques spontanés.

Je lui fis signe de monter sur mon dos et, comme s'il n'avait pas encore compris où je voulais en venir, il ouvrit des yeux ronds. Il resta un instant interdit à me fixer, j'avais plus qu'envie de lui mettre une baffe pour le secouer et le raisonner. Je sais pertinemment que les vampires ont une haine viscérale des loups mais s'il ne souhaitait pas mourir il valait mieux pour lui qu'il mette ses préjugés de côté, de surcroît j'étais très certainement le seul loup qui lui sauverait la vie plutôt que de la lui ôter. J'avais très envie de lui dire qu'on n'avait pas toute la journée mais, au moment où j'allais le saisir par le col pour le trainer il se décida enfin à grimper sur mon dos.

Il se cramponna à mon cou, m'arrachant quelques poils au passage. Il n'avait pas l'air très à l'aise; un point partout pour la situation gênante.

Je commençais à marcher un peu pour qu'il trouve la meilleure position pour sa jambe et pendant qu'il tentait de s'installer, je me posai pour la première fois la question : Mais que faisait-il seul dans la forêt si près de l'heure du lever du soleil ? Au bout d'une minute je perdis patience, on avait déjà suffisamment tardé, et je partis en courant, le poids et le tiraillement que je ressentais provenant de mon dos m'indiquèrent que je n'avais pas perdu ma cargaison durant mon accélération. Viktor ne disait rien mais je le sentais un peu crispé, il devait certainement souffrir…

D'habitude ça m'aurait laissé totalement indifférente la souffrance de quelqu'un qui d'ordinaire la provoque chez autrui, seulement il s'agit de Viktor, et je ne saurais expliquer pourquoi son cas est différent.

Nous arrivâmes dans ma clairière alors qu'un petit point orangé trouait le ciel noir d'encre, je fis descendre le vampire de mon dos et il s'effondra par terre, il n'avait pas commencé à se régénérer et ça ce n'était pas bon signe. Je repris forme humaine et lui arrachai mes vêtements des mains, je les enfilai rapidement et me précipitai vers l'aîné. Je lui tendis de nouveau la main et l'aidai à se mettre debout, il titubait et je vacillai sous son poids. Je réussi à caler son bras autour de mes épaules pour lui servir de béquille et nous nous dirigeâmes aussi vite que possible vers l'arbre dans lequel j'avais choisi d'élire domicile.

Lorsqu'il vit la hauteur que représentait notre proche escalade il grogna, je faillis lui dire que s'il n'était pas satisfait il pouvait toujours rentrer par ses propres moyens chez lui, mais je me reteins et de ma main libre, celle qui n'était pas passée dans son dos, je fis descendre mon monte charge. Je n'avais jamais hissé quelque chose, ou en l'occurrence quelqu'un, d'aussi lourd qu'un vampire en armure et j'espérai que la corde tiendrait bon.

Elle teint et je remerciai le ciel pour ce miracle. Je rejoignis assez vite mon invité qui avait rampé à l'intérieur de ma modeste cabane lorsque les rayons du soleil avaient commencé à l'indisposer. Je l'aidai à s'allonger dans la pièce qui sert de chambre et entrepris d'examiner un peu plus ses plaies.

Il reteint mes mains lorsque j'entrepris de lui ôter ses mailles mais je lui fis comprendre, d'un regard noir, qu'il était dans son strict intérêt de se laisser faire. Il se rallongea en grommelant quelque chose que je ne compris pas et je le déshabillai en prenant garde à ne pas le blesser encore plus qu'il ne l'était déjà. Il se laissa docilement faire mais m'interdit catégoriquement de le défaire de son pantalon. Qu'importe, je le lui déchirai au couteau malgré ses protestations vigoureuses. Il voulut m'empêcher de continuer en m'emprisonnant les poignets de ses mains mais je fus plus rapide et donnai un léger coup dans sa jambe meurtrie, il siffla de douleur et se laissa retomber sur son lit de fortune; message transmis.

Après un bref examen je commençai à m'occuper des ses plaies qui saignaient. J'entrepris de désinfecter l'ensemble avec une bouteille d'alcool que je garde pleine dans cette optique, il ne broncha pas. Il ne bougea pas plus lorsque je bandais ses blessures. Il fut un peu plus tendu cependant lorsque j'entrepris d'immobiliser sa jambe avec deux morceaux de bois plats dont j'espérais faire une attelle convenable.

Malgré ses capacités de régénération, il allait devoir rester un moment allongé à cause de sa jambe brisée. Quelques jours au moins, sans bouger et certainement d'autres de convalescence, il ne pourrait pas rejoindre les siens de si tôt ! Il avait l'air épuisé, il me faisait presque pitié à cause de son état. Et je savais qu'il lui fallait une chose pour qu'il se sente mieux, seulement je n'avais ni la force, ni l'envie d'aller chasser et saigner du gibier pour mon invité imprévu.

Je décidai donc de faire quelque chose que j'étais absolument certaine de regretter et je pris un couteau propre. Je m'approchai de lui et il me lança un drôle de regard. Je fis une légère grimace en m'entaillant le poignet et Viktor me regarda hébété, je lui mis mon bras sous le nez et comprenant où je voulais en venir me repoussa doucement, j'insistai et pour la première fois il prit la parole.

« _ Tu en es sure ? Demanda-t-il en me retenant au dessus de lui.

_ Vous voyez une autre solution je suppose ? Fis-je avec sarcasme.

_ Je risque de voir certaines choses que tu préférerais certainement garder pour toi, mais tu dois le savoir… Insiste-t-il.

_ Ecoutez, je fais certainement une ânerie en vous aidant, mais, même si ce petit sacrifice n'excusera jamais tout ce que j'ai pu faire par le passé, j'y tiens. Et je me fiche de ce que vous y verrez, vous savez très bien qui je suis alors je doute que vous soyez vraiment surpris… La seule chose que je vous demande c'est de ne pas me mordre, j'ai encore beaucoup à faire dans le monde des humains. » Concluais-je.

Il hocha la tête et approchant mon poignet sanguinolent de ses lèvres. J'aurais très bien pu essayer, par je ne sais quelle technique détournée, de faire en sorte de bloquer certaines informations mais au contraire je décidai de m'ouvrir en lui montrant explicitement l'étendue des dégâts que les siens avaient commis en massacrant ma famille. J'essayais de me concentrer uniquement sur ma haine, malheureusement au fur et à mesure qu'il buvait mon sang je sentais la fatigue me submerger et des larmes se mirent à couler sur mes joues lorsque je repensais à Ili et Zán. Je tentai de me défaire de sa prise et il le comprit, il me relâcha et je tombai sur lui en pleurant. Je pensais qu'il allait me repousser après ce qu'il avait du voir, je l'espérais tout du moins, mais il n'en fit rien et au contraire s'assit pour me prendre dans ses bras, il me cala contre sa poitrine et me laissai bercer par les battements de son cœur. Sur le moment cette situation me paraissait presque normale, comme si je l'avais déjà vécue… Lorsque je pris conscience qu'un aîné des vampires était tout bonnement en train de m'étreindre je me dégageai en m'excusant et en maudissant ma faiblesse. Il m'adressa un regard triste, je l'ignorai et lui recommandai de dormir. Il s'exécuta et depuis maintenant deux bonnes heures il ronfle pendant que j'écris en me demandant ce que je vais bien pouvoir faire de lui.

J'ai un certain nombre d'obligation et il va falloir que je parte retrouver Olek sans trop tarder. J'ai un peu d'appréhension à le laisser seul 'chez moi', il n'y a que peu de personnes qui connaissent l'emplacement de ma planque, mais nous ne sommes pas à l'abri d'un curieux !

Mais après tout, si jamais quelqu'un vient, il sera en mesure de se défendre tout seul. Malgré le peu de sang qu'il ait ingéré, il doit déjà avoir retrouvé des forces. Oui, je vais faire comme cela, je vais le laisser seul, et s'il dort encore lorsque je partirai rejoindre mon cousin je lui laisserai un mot, s'il n'est pas trop stupide il le lira et obéira sans faire d'histoire, sinon, tant pis pour lui ! On ne pourra pas dire que je ne l'aurais pas prévenu !

Je vais aller dormir quelques heures à présent, avant de me mettre à pleurer dans les bras de quelqu'un d'autre… Trop de sentiments pour aujourd'hui, il va falloir que je me reprenne, je ne peux pas me permettre d'être faible, pas maintenant que j'ai trouvé un moyen pour rétablir la justice et punir les traîtres ! Pas maintenant qu'Ili a besoin de moi pour la protéger ! Pas maintenant que Zán est menacé ! Non, je dois être forte et sans pitié et faire en sorte que Viktor parte vite de mon repaire et en sache le moins possible sur mes activités plus qu'illicites.

Je dois pourtant bien avouer que sa présence ne me déplait pas tant que ça pour une raison que j'ignore parfaitement…

oOo

23 Février 1207,

Je me réveillai environ six heures après m'être écroulée sur mon couchage, c'était trop, bien trop, Olek allait commencer à s'inquiéter. Mon invité respirait profondément et calmement, signe qu'il dormait encore, je me relevai et me rendis compte qu'une couverture me recouvrait, ça ne pouvait être que Viktor, une autre personne, comme mon cousin par exemple, m'aurait probablement secouée pour me sortir du sommeil. Je me sentis un peu redevable de cette gentille intention mais me ressaisis vite car après tout rien n'indiquait qu'il ne me ferait pas du tord par la suite. Une fois levée, je jetai un coup d'œil rapide à ses blessures, la cicatrisation semblait bien avancée, ce qui était bon signe.

Je lançai un regard dehors et m'aperçus que la neige avait une fois de plus recouvert l'ensemble du paysage, mes traces de pattes avaient disparues sous au moins une bonne vingtaine de centimètres de poudreuse. Je m'emmitouflai et avait de sortir restai quelques secondes pour observer le vampire, j'avais un doute sur le fait qu'il puisse vraiment dormir. Me disant que c'était probablement idiot mais ne prenant pas grand risque à me ridiculiser je chuchotai en sa direction.

« _ Tachez de ne pas faire trop de bêtises pendant mon absence… ah… et… merci pour la couverture. »

Je n'attendis pas une hypothétique réponse en sautai directement de l'entrée à la branche la plus proche. Je descendis rapidement du grand arbre et pris la direction du village, j'espérais pouvoir croiser Aurél avant de rejoindre Olek pour mettre au point un plan d'action suite à mes trouvailles de la veille. Je me mis donc en marche, pas de transformation aujourd'hui, on ne sait jamais mes 'amis' les vampires pourraient trainer dans le coin, car sans nouvelles de l'un de leurs aînés.

Je mis une bonne heure pour atteindre la place centrale avec toute cette neige fraîche, d'ordinaire, en courant il ne me faut pas plus d'une vingtaine de minutes, il faut dire que je cours assez vite pour une, presque, humaine. Le froid glacial s'infiltrait dans mes vêtements élimés tandis que je franchissais le pont enjambant les douves du château du seigneur Árpád. Je pénétrai dans la cour et fus surprise par le silence qui y régnait, je visais la fenêtre de mon mentor et ami avec une petite pierre, comme à mon habitude mais personne ne vînt ouvrir. J'attendis la moitié d'une heure avant de finalement parvenir à la conclusion qu'ils devaient être partis avec leur père dans un des fiefs voisins, certainement en visite.

Je repris donc le chemin de la familière et rassurante forêt. Il me fallut une bonne heure supplémentaire pour venir à bout des chemins tortueux qui mènent au repaire des rebelles. En donnant le mot de passe requis de la semaine, je saluai certaines connaissances et interrogeai un garde du père d'Ili, ayant rejoint notre cause, à propos de celle-ci et de son frère. Il ignorait totalement où ils pouvaient être et s'excusa avant de repartir s'entraîner avec un groupe d'hommes.

Goran m'interpella et je fis, pour une fois, l'effort de lui répondre sans chercher à m'enfuir le plus loin possible de ses vaines tentatives pour me mettre dans son lit. De plus, aujourd'hui il n'avait pas l'air d'être d'humeur à me faire des avances et je jubilais intérieurement en pensant à ma future tranquillité. Il me demanda juste, non sans s'autoriser quelques gestes désagréables, si j'avais du nouveau sur les documents que j'ai 'emprunté' aux vampires et également si j'ai un plan d'attaque pour libérer nos compagnons prisonniers dans leurs cellules. C'est cela le grand projet de Goran, faire sortir une bande de mercenaires, car ceux qui sont vendus comme esclaves au château sont tout de même généralement loin d'être des enfants de cœur, de chez les vampires, en en tuant le plus possible au passage cela va de soit.

Le fait qu'il soit au courant de l'existence des ses chimères n'est, pour une fois, pas de mon fait. Il en a juste capturé un une fois pour l'interroger et a été plutôt surpris de le voir brûler au lever du jour. Malheureusement pour le partisan de Markus je ne suis pas arrivée à temps pour faire comprendre à mon imbécile de prétendant que ce n'était pas une bonne idée de l'attacher dehors, à un arbre, en plein mois de juillet. Ainsi, depuis qu'il sait ce que sont les habitants du château, il ne rêve que d'une chose les vaincre. Personnellement je trouve, aujourd'hui, cela complètement stupide. D'une part ce n'est pas avec des fourches qu'ils risquent, lui et sa bande, de faire reculer les aînés, et d'autre part, pour une fois, j'ai la preuve qu'ils ne sont que peu responsables de la misère qui s'étant sur nous. Je me verrais très mal, aujourd'hui, tuer des innocents dans le seul but de punir quelques individus aux intentions malsaines. Il y a des femmes et au moins deux enfants, ceux de Markus, dans la grande demeure de pierre, tous ne sont pas des guerriers et certains n'ont sans doute jamais tenu une épée de leur vie, si longue puisse-t-elle être.

Je répondis, en essayant d'être polie, que je n'avais pas eu le temps de vraiment creuser. Inutile de lui dire maintenant qui je suis et qui sont 'les 30'. Il fulmina en me faisant remarquer que je pourrais faire preuve d'un peu plus de bonne volonté au vu de l'importance capitale de ce projet à ses yeux. Je faillis lui dire que j'étais un peu trop occupée à me faire fouetter, hier, pour m'en charger, mais il m'empoigna les épaules et je préférai donc ne pas l'énerver davantage. Je lui dis que j'allais y consacrer ma journée et ma nuit, en espérant qu'il me lâcherait, mais c'était peine perdue, il continua de me hurler dessus et de me secouer comme une poupée de chiffon. J'aurais pu, malgré mon manque de musculature, le mettre à terre en quelques secondes, mais je ne fis rien, me contentant de serrer les dents, il finirait bien par se lasser et irait crier sur quelqu'un d'autre.

Lorsqu'il me redéposa sur le sol, m'effleurant volontairement les hanches au passage, j'avais une folle envie de lui mettre une baffe avant de retourner en courant, sous forme de loup, chez moi. Et tant pis pour le vampire ! A bien y réfléchir, je pense que je préfère encore la compagnie de Viktor à celle de mon 'frère' adoptif. Il s'éloigna finalement, me laissant seule au centre du campement, tous les regards braqués sur moi. Je les ignorai et repartis d'un pas rapide vers ma tente.

Celle-ci était vide, singulièrement vide. Je m'installai à la table et repris la lecture des parchemins, en me demandant quelle solution miracle à tous mes problèmes j'allais y trouver. Mon cousin fit irruption, tel un étourneau dans une cheminée, à l'intérieur de notre abri en regardant autour comme s'il avait peur d'être suivi.

Je le questionnai sur la raison d'une telle excitation et en entendant sa réponse je me sentis plutôt idiote, même si son air de moineau tombé du nid n'entrainait qu'à rire.

« _ Je peux savoir depuis quand tu as ouvert une auberge pour vampires ? Je suis venu te chercher, j'avais peur qu'après la journée que tu as eue, tu ne fasses certaines bêtises… Mais celle là, je ne l'ai pas vue venir ! Tu m'expliques ce que fait Viktor chez toi ? J'ai faillit faire une syncope en le voyant ! Non mais sérieusement, qu'est-ce-qui t'a pris Ilona ? Tu ne crois pas que l'on vit suffisamment dangereusement? Et puis, le pire de tout c'est qu'il m'a salué et m'a indiqué, comme si nous étions de vieux amis, que tu étais partie il y a vingt minutes en direction du village ! Il m'a même souhaité une bonne journée ! Non mais, ça t'arrive parfois de prendre conscience de tes actes ? Je pensais pourtant que ''ne pas ramener de vampires à la maison'' était une règle suffisamment implicite pour qu'elle ne nécessite pas d'être écrite ! Me disputa-t-il.

_ Bonne journée ? Vraiment… je comprends que tu sois étonné. Me moquai-je.

_ Il n'y a rien de drôle Ilona ! Cesse de rire ! » Grogna Olek en faisant de grands gestes.

Malheureusement pour lui, j'étais partie dans un bon fou-rire, la scène devait juste être grandiose ! Il soupira et se laissa tomber dans un fauteuil, en grommelant que j'étais décidément très compliquée à vivre, avant de se laisser gagner lui aussi par l'hilarité. Nous ne retrouvâmes notre sérieux qu'une bonne dizaine de minutes plus tard et nous remîmes chacun de notre côté à fouiller les documents de Tanis.

Une idée finit par me venir, et je m'approchai de mon cousin pour lui en faire part. C'est à cet instant que je compris, en lisant par-dessus son épaule ce qu'il était en train d'écrire, qu'il n'était pas aussi concentré que moi sur la tâche que Goran nous avait confiée. Il allait encore le traiter de bon à rien… J'hésitai à le disputer car ce que je lisais était plutôt attendrissant, c'était une lettre, une magnifique lettre, à l'orthographe et à la grammaire hésitants mais très belle tout de même. Olek n'avait jamais vraiment été très littéraire de toute façon.

« _ Helén a de la chance… Murmurai-je à son oreille et prenant appuis avec mes coudes sur ses épaules.

_ Si c'est pour te moquer de moi, Ilona, tu peux aller te rassoir. Rétorqua-t-il.

_ Je ne me moque pas. Je suis sérieuse, c'est très beau ce que tu écris, bon ce cher Tanis ferait certainement des bonds en la lisant mais le contenu est sincère. Et si j'étais une fille normale, comme Helén, ça me ferait énormément plaisir de recevoir ce type de message de la part d'un jeune homme. Répondis-je pensive.

_ Tu le penses vraiment ? Parce que même si 'Ilona le glaçon' fond en lisant ces lignes c'est que je dois vraiment avoir fait un travail digne d'un grand poète ! Dit-il en riant.

_ Donne lui. Tu verras bien si elle te répond ! L'encourageai-je. Tiens, si tu veux, j'accepte même de te relire, ainsi ce sera vraiment parfait. Hé, je t'y verrais bien toi, de supporter sans rien dire que les mains de Goran prennent la liberté de se poser sur certaines parties de ton anatomie sans te demander ton accord ! Je ne suis pas froide, c'est juste que pour moi, l'amour est une perte de temps, ne désespère cependant pas, il n'est pas dit que je ne changerais jamais d'avis… Mais libre à toi de courtiser Helén, je suis certaine qu'elle en sera ravie !

_ Merci Ilona ! Tu sais, il y a certains jours, où, si tu n'étais pas ma cousine, je t'épouserais volontiers ! Déclara-t-il en me prenant sur ses genoux en faisant semblant de vouloir m'embrasser.

_ Arrête un peu espèce de grande andouille ! Tu m'étouffes ! Jette plutôt un coup d'œil à ma lettre à moi pour me dire ce que tu en penses ! » Dis-je en m'écartant.

Il saisit le bout de parchemin et le parcouru de long en large en écarquillant les yeux par moment. Il la reposa sur la table et après un instant de réflexion me regarda comme si j'étais encore plus folle que d'ordinaire.

« _ Tu comptes vraiment envoyer cela au Roi de Hongrie ? Demanda-t-il.

_ Oui, parfaitement, je crois que c'est ce que ferait mon père. Il faut taper haut et fort pour qu'ils tombent. Et il est bien précisé que seul l'un des '30' peut se servir de ces documents. Mon nom figure sur la liste, c'est le seul moyen que j'entrevoie.

_ C'est tout de même assez… enfin… ce n'est pas rien Ilona ! Rien ne dit qu'il recevra ta lettre un jour et surtout qu'il la prendra en compte ! M'expliqua-t-il.

_ Oh, ne t'en fais pas, il la lira ! Je signerai de mon nom complet, il ne pourra pas l'ignorer, je te le garantis ! De plus il se posera certainement la question de comment j'ai pu mettre la main sur les documents que je vais lui joindre sous forme de copie, ce qui impliquera les vampires. Ne t'en fais pas pour cela, il réagira, s'il est vraiment aussi juste qu'il le prétend il enverra quelqu'un. »

Olek acquiesça et nous nous remîmes au travail en silence.

La journée s'acheva beaucoup trop tardivement à mon goût et je filai chasser avec mon cousin le plus vite possible afin de pouvoir rentrer me reposer tranquillement chez moi.

Nous avons fait une bonne chasse, Olek est parti les vendre au marché nocturne. Pour ma part, je suis rentrée directement m'allonger. Viktor est en train de lire, il ne m'a pas adressé un mot depuis que je suis rentrée, on dirait qu'il a compris que je ne suis pas très loquace, je lui en suis d'ailleurs très reconnaissante.

Ah, voilà qu'il bouge, peut-être veut-il me parler, on ne sait jamais, pour plus de précautions je vais cesser d'écrire, je suis assez reposée comme cela. Qui sait ce qu'il me réserve ?

OoooooO


Le prochain chapitre sera issu d'une nouvelle rubrique, intitulée: Les notes de Viktor, qui j'espère vous plaira!

N'hésitez pas à laisser votre avis sur ce chapitre, je vous répondrais par mp, et si vous êtes trop timide pour laisser une review publique, demandez-moi mon adresse mail ou envoyez-moi un mp! :D